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Souvenirs d’une liégeoise sous les V1.

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Souvenirs d’une liégeoise sous les V1.

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Couverture du livre

Dos du livre

Un robot survole le carrefour de la rue de la Station à Ans. (Collection J. Cappelen à Ans)

Souvenirs d’une liégeoise sous les V1

Je vous présente 2 histoires tirées du livre écrit par Marie-Thérèse Hanot aux Editions Dricot. Pour plus d’informations ou pour acquérir le livre il suffit d’un clic sur Souvenirs d’une liégeoise

 

LES V1

       La joie de l'arrivée des Américains devait bientôt, dès le mois de novembre 44 et jusqu'au 31 janvier 45, se transformer en peur, tristesse et rage par l'agression dans notre ciel de ces petits monstres volants appelés V1 et surnommés « robots ».

       Les alertes étaient fréquentes et si pénibles la nuit que nous étions exténués. Aussitôt que le mugissement lugubre de la sirène résonnait, tout endormis, nous descendions dans la cave. C'est pourquoi, nous prîmes la sage décision d'y vivre comme beaucoup de Liégeois.

       Plus que les bombardements par les avions, nous étions pris de panique par ces bombes volantes, traînant derrière elles une gerbe de feu et qui s'abattaient au cœur de notre cité. Nous en avons dénombré 30 en un jour ! Leur vrombissement dans le ciel nous tenait en éveil, les nerfs à vif.

       Ah ! ce court moment de silence quand le V1 s'arrêtait... ! C'était le grand suspense. Notre cœur aussi semblait s'arrêter de battre et quel soulagement quand on l'entendait exploser dans un fracas de tonnerre. Nous l'avions échappé belle ! Mais que de victimes, de blessés, de maisons disparues, de vitres pulvérisées à la ronde sous l'effet du souffle[1] !

UN DRAME

       Je me souviens de l'alerte de cette nuit du 22 décembre 1944 quand le ronronnement d'un V1 s'est arrêté subitement au-dessus de la maison ! Si cette date reste gravée dans ma mémoire, c'est parce que j'avais fait la connaissance de mon futur époux, précisément un 22 décembre.

       Dans la cave, l'attente était pénible, affolante ... Nous savions si bien que lorsqu'un robot se faisait silencieux, c'était pour mieux foncer sur sa proie ! Blottie contre mon mari, nous nous serrions la main croyant notre dernière heure venue !

       Puis le V1 a piqué en rasant notre toit et est allé pulvériser la maison du docteur Firket, tuant sa femme et ses quatre enfants réfugiés dans la cave. L'aîné de ses fils, invité chez des amis, a eu la vie sauve.

       Le docteur fatigué d'avoir accouché une de ses patientes s'était endormi dans son fauteuil à son bureau. Il se retrouva indemne sur la rue[2].

       Cette nuit tragique devait s'achever particulièrement meurtrière. Le robot suivant s'abattit sur la maison de la famille Chabot à Fragnée, rue de Sclessin, tuant Monsieur Chabot, sa femme, ses deux enfants et leur gouvernante.

       Détail navrant, Monsieur Chabot inquiet de l'offensive Von Rundstedt avait quitté les Ardennes pour mettre à l'abri sa famille et s'était réfugié dans la maison de ses parents qui était inoccupée cette nuit-là. Hélas, le 22 décembre fut leur rendez-vous avec la mort. Quand les secours arrivèrent tous croyaient la maison inhabitée !

       La maison d'en face était celle de ma grand-mère où j'étais née. Elle fut sérieusement sinistrée.

 



[1] Sur Liège et son agglomération, de novembre 1944 au 31 janvier 45 : * 936 VI sont tombés * 1.036 personnes ont trouvé la mort * plus de 2.000 personnes ont été blessées et hospitalisées * sans compter les blessés légers qui ont pu regagner leur domicile.

[2] Le docteur Firket devait m'accoucher de Christian le jour de la Pentecôte 1948.



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