Maison du Souvenir

Joseph Patinet, maréchal des logis à la gendarmerie.

point  Accueil   -   point  Comment nous rendre visite   -   point  Intro   -   point  Le comité   -   point  Nos objectifs   -   point  Articles

point  Notre bibliothèque   -   point  M'écrire   -   point  Liens   -   point  Photos   -   point  Signer le Livre d'Or   -   point  Livre d'Or   -   point  Mises à jour   -   point  Statistiques


Joseph Patinet, maréchal des logis à la gendarmerie.

point  [article]
Dernière lettre du maréchal des logis Joseph Patinet. (col. C. Philippart)

Dernière lettre du maréchal des logis Joseph Patinet. (col. C. Philippart)

Le mortuaire

Le mortuaire

Joseph Patinet, maréchal des logis à la gendarmerie

Né le 22 septembre 1908 à Achène, le maréchal des logis Joseph Patinet est engagé à la gendarmerie le 15 avril 1930. Marié en 1933, il a deux enfants, Léopold et Marcel. En 1937, le maréchal fait mutation au district de Philippeville. Lors de la Seconde Guerre mondiale, il se met spontanément à la disposition d'un service de renseignements et d'action. Il est l'un des premiers agents fondateurs de son réseau. Il collabore notamment à l'évasion d'aviateurs anglais tombés dans l'arrondissement de Philippeville. Arrêté le 12 juin 1942 à Philippeville par les Allemands, il est condamné à mort par jugement le 11 juillet 1942 et exécuté, malgré un recours en grâce, le 26 août 1942 à Bruxelles au Tir national.

Dernière lettre, émouvante, à sa maman.

Ma Bien Chère Maman

Tu as appris par ma chère femme que je fus arrêté par l’autorité allemande et ce le 12 juin 1942, ma chère femme n’a pas voulu te faire de la peine en te disant que le 11 juillet j’ai été condamné à la peine de mort et aujourd’hui 25 j’ai reçu à 7 heures du soir confirmation de ma peine en me disant que demain matin à 6 heures je serai exécuté ; je ne doute pas ma chère maman que ta peine va à toi aussi être terrible d’apprendre cette affreuse nouvelle.

                    Toi chère Maman tu auras à subir cette peine plus longtemps que moi mais prend beaucoup de courage afin que tu restes (seule) pour la rentrée de ton cher fils René : Ah lui si loin n’aurait jamais cru que lorsqu’il rentrerait il te trouverait seule. Enfin ma chère Maman prends beaucoup de courage, il faut que toi tu restes debout pour recevoir mon cher Frère René.

                    Moi je vais rejoindre Papa, et mon frère Léopold près du Bon Dieu, je prierai beaucoup pour toi ma chère Maman et te demanderai que tu aies soin de ma femme et de mes deux petits enfants car je te l’avoue nous étions vraiment bien en ménage même trop bien car le Bon Dieu à voulu nous séparer. Je te demande ma chère Maman que René mon cher frère ne sache rien de cette triste mort que je vais subir demain à six heures du matin.

                    Pour ce qui concerne ma part dans la maison et tes biens je laisse tout à ma femme et à mes deux enfants. Je suis persuadé que ma femme fera l’impossible pour rendre à mes deux enfants une vie agréable et qu’ils pensent souvent à leur Papa :

                    Si tu as un peu de récolte de trop je te demanderais de la donner à ma chère femme…               Ne perd pas cette lettre ma Chère Maman pour que mon cher frère la relise aussi et je lui demanderai également qu’il prenne soin de ma femme et de mes deux enfants.

                    Ta femme cher frère est très gentille mais assez paresseuse car je n’ai rien à lui reprocher durant ton absence que d’avoir abandonné notre chère Maman :           Toi aussi cher Frère prend courage.

                    Donc chère Maman je te quitte pour toujours, je te dis adieu et vais rejoindre mon papa et mon frère près du Bon Dieu ! Toi cher Frère prend bien soin de notre chère Maman et je vous souhaite ainsi qu’à Aimée et le petit une longue vie remplie de joie car pour moi ma vie a été très courte.

                    Donc chère Maman, cher Frère, Sœur et notre petit, je vous embrasse bien fort et vous dis Adieu pour toujours. Ton fils qui t’as toujours bien aimé.

Joseph.

Je te demanderai chère Maman de remettre à ma chère Femme ma photo en grand merci et Adieu.

Le mortuaire


Le mortuaire

A la pieuse mémoire

de

Joseph Patinet

Epoux de Elisabeth Gatelier

Né à Achène le 22 septembre 1908, condamné

à mort par les Allemands le 11 juillet 1942, fusillé

au tir National à Bruxelles le 26 Août 1942

 

Ma Chère Petite Maman,

       Je viens d’avoir confirmation de ma peine de mort, demain je serai tué…

       Je te recommande ma petite femme d’avoir soin de nos deux enfants chéris qui perdent pour toujours leur petit papa. Prends beaucoup de courage car à toi seule est confiée le soin d’élever nos deux petits chéris. Moi je pars pour l’éternité, je te dis adieu et te recommande encore d’être courageuse. Ma peine je l’ai subie à Saint-Gilles, toi tu vas la subir avec les deux enfants. De là-haut je veillerai sur vous trois. Je te remets mes bagues, tu voudras bien les porter tout le temps.

       A vous petits Léopold et Marcel, trop jeunes encore pour comprendre le malheur qui vous frappe, je vous demande d’être très gentils pour votre petite maman, de la respecter toujours, elle le mérite bien.

       Merci à tous mes collègues qui se sont intéressés à moi, particulièrement à mon chef direct le Lieutenant Barthélemy, dont les démarches nombreuses sont restées hélas ! infructueuses !...

       Oui, j’ai subi d’atroces souffrances ! Si j’avais pu au moins vous donner mes derniers baisers.

       Mais cela m’est refusé !

       Adieu donc, ma femme chérie, mes chers petits, je vous quitte pour toujours.

       Ayez beaucoup de courage, tous mes baisers sont pour vous. Adieu !

Joseph

 

 

 

 



© Maison du Souvenir. Tout droit réservé. ©