Maison du Souvenir

« Campagne des 18 jours » du Caporal Albert SOYEZ des Gardes Frontières.

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« Campagne des 18 jours » du Caporal Albert SOYEZ des Gardes Frontières.

point  [article]
Albert Soyez en uniforme de l’armée belge. (Doc. A. Soyez)

Albert Soyez, garde-frontière à Visé, en 1938. (Doc. A. Soyez)

11e Régiment d’Artillerie de Beverloo, en 1937. Albert Soyez est le 3e à partir de la gauche. (Doc. A. Soyez)

Récit de la « Campagne des 18 jours[1] »

Par le Caporal Albert SOYEZ des Gardes Frontières.

       L'équipe du Papegaie a le grand plaisir de mettre à la disposition de ses lecteurs un témoignage exceptionnel à plus d'un titre. Notre officier Albert SOYEZ, par ailleurs doyen de notre compagnie (il est né le 17 février 1916 et a prêté serment comme officier en 1951 en compagnie de Joseph LEDER), a pris la décision de nous faire part de son vécu lors de la Campagne des 18 jours. A près de 95 ans, depuis la maison de repos Clairefontaine, il a écrit de sa propre main et bien entendu de mémoire, les premiers jours sombres de l'invasion allemande en mai 1940. Alors caporal observateur à la 6e Compagnie du 2e Régiment des Cyclistes-Frontière, Albert SOYEZ nous livre jour après jour les différents combats entre l'armée belge et les envahisseurs allemands. Depuis son poste d'observation de Visé, vous pourrez vivre le repli inévitable des soldats belges et alliés, ainsi que leur vie au quotidien.

       Vous allez donc découvrir « texto » le récit épique d'un soldat belge visétois originaire d'Ath.


Albert Soyez en uniforme de l’armée belge. (Doc. A. Soyez)

       Nous sommes le 9 mai 1940, il est presque minuit, je viens de m'allonger sur mon lit.

       La porte du baraquement où loge le P.C. de la 6e Cie du 2e Régiment cyclistes-frontière s'ouvre avec fracas. C'est le sergent Cassart qui hurle « Debout, debout! Alerte ! »

       Dans un branle-bas indescriptible, les hommes se ruent sur leur barda. Je saisis mon fusil, ma veste et je file vers mon emplacement de combat qui se trouve dans le talus de la culée du pont de chemin de fer dit « des Allemands » de la ligne de Tongres – Montzen, à une quinzaine de mètres de hauteur de la route Visé – Lixhe, quartier de la Basse-Meuse.

       Je suis caporal observateur à la 6e Cie, au poste de commandement du Lieutenant Parent, commandant la 6e Cie du 2 Rg.Cy.Fr (2e Régiment Cyclistes – Frontière).

       Depuis le 28 août 1939, nous sommes sur nos positions de combat.

       Il est une heure du matin, nous sommes le 10 mai 1940.

       Le lieutenant Parent est dans le P.C. qui est dans la culée du pont.

       Je suis seul, mon périscope est en place sur son trépied, derrière une double rangée de sacs de terre. Je charge mon fusil.

       Dans le ciel, en direction de la Hollande, dans les environs de Maastricht, des fusées blanches et de couleurs montent vers le ciel. Je préviens le lieutenant. Celui-ci se met en rapport avec le Major L'Hoir.

       On me passe le cornet du téléphone et je transmets au Major mon premier rapport. Il est 3 heures du matin à ma montre.

       Il est à présent 4 heures du matin, le jour se lève sur une belle journée. Des bruits et des éclairs proviennent de plus en plus de la Hollande. Un grondement sourd nous arrive au loin et s'amplifie de plus en plus.

       Quatre heures et demie ! Des dizaines d'avions s'approchent ! Les voilà au-dessus du fort d'Eben-Emael.

       Brusquement, à la queue leu-leu, ils plongent vers le fort, lâchent leurs bombes et remontent vers le ciel.

       C'est un véritable carrousel.

       Des petits nuages noirs éclatent dans le ciel dans un bruit infernal.

       Tous les soldats et gradés du P.C. sont sur la ligne de chemin de fer, regardant médusés, ce carrousel.

       « Si cette fois-ci on n'a pas la guerre, alors, on ne l'aura jamais ! » nous dit le lieutenant Parent.

       Et le ciel est rempli de grands cercles comme si on avait jeté un pavé dans une grande marre d'eau.

       Voilà un avion qui arrive sur nous, c'est un allemand ; il est à la hauteur du chemin de fer. Personne ne réagit, puis brusquement nous comprenons, nous sautons sur nos armes, mais il est trop tard, il part vers Berneau, en laissant derrière lui une traînée noire. Je viens de voir passer le premier Allemand.

       En bas, dans la rue, les gens s'affolent et partent avec leurs baluchons.

       Toute la Compagnie est au travail, un dernier coup de pelle.

       On prépare les munitions, nous recevons quelques bouteilles de vin et des cigarettes. Une épicerie est dans la rue, la propriétaire, avant de partir a donné les clés au 1er Sergent Rogge Louis.

       Le téléphone sonne continuellement au P.C. La bataille fait rage dans les environs d'Eben-Emael.

       Un appel : « Ici adjudant du 2e grenadier ! Sommes à court de munitions ! Pouvons-nous reculer ? »

       Le commandant transmet le message à la D.I. au général de Krake, mais celui-ci est furieux, je l'entends crier ... « Reculer ...Jamais ! Que l'on me donne le nom de cet officier ! » Mais là-bas, près du pont de Kanne, on a raccroché !

Des bruits circulent, les Allemands foncent sur Tongres et Liège ; des éléments d'infanterie se trouvent à Loën-Lixhe.

       Des soldats Hollandais sont passés, en pantalons jaunes; ils partent vers Haccourt. Le pont du chemin de fer des Allemands a sauté, mais très mal, il s'est affaissé sur le pilier se trouvant en « Basse-Meuse ».

       Le génie travaille et remet des charges en place. On fait à nouveau sauter mais le pilier résiste et la nuit arrive. Le commandant de la Cie Parent téléphone au fort de Pontisse. Il explique la situation et demande un tir d'artillerie sur la culée du pont.

       Je prends le cornet et dirige le tir des canons.

       Mais j'ai du mal à m'expliquer car les artilleurs tirent sur la culée du pont où je me trouve adossé. Les obus explosent et les éclats passent devant moi, d'un rouge blanc. Je suis plaqué contre le talus, essayant de me faire le plus petit possible.

       Hurlement de ma part ...Dans le cornet... « Vous me tirez dessus ... c'est le pilier qui est devant moi ! »

       Immédiatement, le tir est rectifié et ... coup en plein sur l'objectif. Le pont tremble, il bouge un peu, mais il reste en place.

       Nous sommes le 11 mai, le jour est venu ; la nuit a été froide, mais le soleil est là. Raoul Delwait a passé la nuit avec moi, assis derrière nos sacs de terre, nous avons bavardé toute la nuit, jetant de temps en temps un regard en direction de la Meuse. Un brin de toilette et me voilà de nouveau près de mon périscope.

       Devant moi, un vaste panorama, en bas, au bord de la Meuse, la Cie est déployée, je ne vois pas bien les hommes. Au loin, je distingue le chemin de fer de ceinture de Montzen – Visé Haut ; plus près, mais de l'autre côté de la Meuse, la route de Maastricht-Visé. Je ne la vois que du café « Musette » au pont de Mouland ainsi que le chemin de fer de Visé-Maastricht.

       Je surveille le terrain qui est devant moi à la jumelle ou au périscope.

       Vers 13h30, des hommes franchissent le chemin de fer de ceinture de Visé-Montzen ; ils sont assez nombreux, sans doute une compagnie. Il me semble qu'ils viennent de Berneau, à la limite de Mouland.

       Je suis surexcité, je le crie au commandant ; tout le P.C. accourt, tout le monde veut voir ; nous rigolons, notre anxiété est partie.

       Le 1er chef Rogge arrive, on sert une large rasade de « péket » dans notre gamelle. Le commandant de la 6e Cie, le lieutenant Parent me met en rapport avec le fort de Pontisse. Je donne la position de la compagnie allemande qui continue à progresser dans la prairie en direction de la route Visé-Mouland ou du pont-rail, où nous sommes retranchés. Je donne la position des Allemands ; ils se trouvent à 30 m à gauche de deux arbres isolés se trouvant dans la prairie. Ils sont groupés et marchent allègrement sans ne se douter de rien. Les obus se mettent à pleuvoir ... un léger flottement puis c'est la course vers la route qui se trouve peut-être à 500 mètres. Des soldats sont restés couchés sur la prairie. Un soldat à genoux se redresse, puis un autre, et encore un autre. Un soldat reste assis contre l'arbre. Je ne sais pas ce qu'il fait car il est trop loin.

       Des balles s'écrasent derrière moi dans le talus avec un bruit mat. C'est une arme automatique qui tire du bord de la route, peut-être même plusieurs car le bruit devient infernal.

       Tout le P.C. est rentré dans la culée du pont. Le téléphone sonne continuellement. Je reste seul à mon poste d'observation. Les Allemands progressent en rampant en direction du groupe de maisons où se trouve le café Musette. Tout à coup, je les vois brusquement qui se relèvent contre le pignon du café.

       - Mon lieutenant... ennemis en vue !

       - Le téléphone sonne. Ici le commandant de la Cie sergent de Taye. Envoyez une bordée d'obus de 4/7 sur le bâtiment.

       - Coup au but mon lieutenant ! Je vois des impacts sur le pignon de la maison et ... plus d'ennemis !

       - Mon lieutenant... camion en vue sur la route de Mouland en direction de Visé. Il vient de déboucher du pont. Une sonnerie – j'entends le commandant donner la position de l'engin à un fortin se trouvant au bord de la Meuse et ayant une tourelle pour arme automatique.

       - Merde, mon lieutenant... C'est une ambulance de la Croix-Rouge !

       - Trop tard ! Caporal ! C'est la guerre !

       - Cavalier en vue venant du pont de Mouland !

       Un tir ! Le cavalier tombe mais le cheval reste sur place et se met à brouter l'herbe du bord du chemin.

       Les obus continuent à arriver en miaulant. Tout le monde tire, la bataille fait rage. Les balles continuent à s'écraser dans le talus. Ils me cherchent !

       Les Allemands ont continué à progresser vers la Meuse. Mais ... que vois-je ?

       Deux Allemands juchés sur une espèce d'engin à quatre roues sur rail et manœuvrant une espèce de pompe à bras pour le faire avancer, venant de la gare de Visé et partant vers Maastricht.

       Un tir d'armes se déclenche de la cabine d'aiguillage près du pont du tunnel de la gare de Visé. Je signale l'emplacement à Pontisse, avec une précision de chronomètre. Les obus arrivent en miaulant sur la cabine, une fumée rouge des tuiles s'élève au-dessus de la cabine. Voilà maintenant un tir nourri qui arrive de l'autre côté du pont à Visé Haut. Il y a un tas de billes de chemin de fer, à l'entrée du pont. La Cie est prise sous un tir plongeant.

       Le fort de Pontisse continue à tirer, jusque dans la gare de Visé. Un incendie s'est déclaré dans la gare. Après quatre ou cinq heures, le calme est revenu dans le secteur. La nuit tombe, nous avons des blessés mais je ne sais pas s'il y a des tués ?

       J'ai mis baïonnette au canon car je suis seul dans mon trou. La nuit est venue. Il fait assez frais ; le caporal TF. Staffel J. est venu me remplacer mais je reste près de lui. On le rappelle au P.C. et le 1er soldat Delwart vient le remplacer. Malgré la fin de la bataille, nous avons les oreilles aux aguets. Les heures passent lentement.

       Beaucoup de remue-ménage dans la culée du pont. Le 1er chef Rogge en sort. « Soyez, prépare-toi ! On décroche ! »

       Toute la compagnie est prévenue, sauf le peloton de l'adjudant Lesage. Celui-ci est au bord de la Meuse du côté du village de Lixhe. Le téléphone est coupé ; les T.S. ne l'ont pas trouvé. Et il est dangereux de s'aventurer la nuit, dans un terrain inconnu, sans un mot de passe.

       L'estafette, le 1er soldat Malburny, est chargé d'essayer de prévenir le groupe de Lesage. Et voilà, notre homme sur le bord de la route, face à la Meuse, qui se met à crier à pleins poumons : adjudant Lesage, adjudant Lesage ! Sa voix résonnait d'une façon étrange dans la nuit. Mais personne ne répondit. Ils furent faits prisonniers.

       Le lieutenant Parent a quitté le P.C., le motard de la Cie, le 1er Demey, est venu le chercher.

       Je quitte le P.C. avec Stoffel, nous sommes les derniers. Je prends mon vélo et veux descendre le talus en face du canal de jonction mais mon pied s'accroche dans des ronces et me voila en bas en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Je me relève mais ma cheville me fait mal. J'ai le pied foulé !

       Jurant et gémissant, je reviens en arrière, voir à l'emplacement où mon frère Léon était comme caporal mitrailleur, mais la barbette est vide. La section du sergent Cassart est partie.

       Je reviens en courant au point de concentration dans le talus de la route, face au pont de l'écluse du canal de jonction de la Meuse et du canal Albert.

       Dans le silence le plus complet, les cyclistes, par groupes de quatre hommes, passent le pont en courant ou à vélo, chaque groupe à son tour, sans le moindre commandement.

       C'est à mon tour, mais ma cheville me fait mal ! Je saute sur mon vélo et traverse le pont en allant percuter le side-car du commandant.

       La compagnie se remet en route vers le pont de Haccourt. A Visé, plusieurs incendies rougissent le ciel.

       Près du pont, un sergent du génie crie « Dépêchez-vous, le pont va sauter ! » Je pense que nous sommes les derniers dans le secteur.

       Le lieutenant médecin Romedenne s'est porté volontaire pour rester avec les blessés à l'hôpital de campagne, allée verte à Visé.

       A Haccourt, près du cercle St Hubert, toute les Cies du 2e régiment sont là.

       Pas fumer – pas de bruit !

       Nous partons en direction de Liers ; nous passons devant l'église. A une centaine de mètres après les dernières maisons de Haccourt, des obus arrivent en miaulant, venant de la direction des hauteurs des carrières d'Hallembaye.


Albert Soyez, garde-frontière à Visé, en 1938. (Doc. A. Soyez)

       Nous sommes une dizaine de cyclistes sur le sol. Je me relève et comme on ne pouvait plus avancer je crie : « En arrière ! Aux maisons ! »

       Il était temps ! Une nouvelle salve d'obus arrive, venant de Wonck.

       Etant le seul gradé dans le groupe, je crie « En avant » et comme un seul homme, nous repartons au pas de course, en ramassant nos vélos au passage.

       De grandes lueurs illuminent le ciel. Cela doit être le fort de Liers ! Sur la route, cela devient épouvantable, une cohue indescriptible de soldats et de chariots. La 3e D.I. décroche.

       Les gardes frontières, le vélo à l'épaule remontent cette armée en traversant la prairie et les champs. Nous traversons Liers, l'incendie est un peu partout ; une drôle d'odeur plane sur le village. La rue principale est pleine de chariots et de chevaux ainsi que des trous d'obus.

       C’est le 1er bataillon du 2e cy. front. qui a tenu les Allemands à distance.

       « En avant, en avant, » crie constamment le 1er chef Rogge Louis. Nous fonçons à travers Liers, le vélo à la main. Nous voici de nouveau en selle, le side-car du lieutenant Parent est là, nous le suivons. Nous rattrapons la voiture du major Lhoir. Et durant le reste de la nuit, nous pédalons sans relâche vers l'inconnu.

       Ma roue de devant est à plat. Je m'arrête et crie, mais les autres roulent tellement vite que je me retrouve rapidement seul dans la campagne, rien que des champs. Je répare mais cela ne tient pas. Me voilà à pied, poussant mon vélo.

       Le jour est venu ; au loin, un gros bâtiment. Plein d'espoir, je me dépêche. C'est une ferme. J'entre dans la cour. Le fermier est là. On tente de réparer ma chambre à air, mais celle-ci ne vaut plus rien. Le fermier m'en donne une autre mais elle est un peu grande.

       Je repars, mais cela ne tient pas. Je coupe le pneu et me voilà reparti roulant sur la jante, dans un grand tintamarre. Après avoir roulé assez longtemps, j'arrive près d'une autre ferme. Des soldats sont assis sur un mur. Ce sont des Français. L'un d'eux me lance d'un air goguenard « T'en fais pas p'tit Belge, nous sommes là ! » J'étais heureux, c'était un régiment de dragons français.

       J'arrive sur la grand route, des coups de feu éclatent, les Allemands sont là. Je me trouve à Villers en Hesbaye. La 6e  Cie débouche, un camion s'arrête, on me charge. Nous partons vers Namur ...

       Sur la route, des milliers de réfugiés poussant des brouettes, vélos, voitures d'enfants se bousculent. La moitié de la route est prise par les militaires, l'autre par les civils. Beaucoup de femmes et d'enfants. Des régiments d'infanterie, d'artillerie, de cyclistes, tout cela part vers Namur.

       Notre camion s'arrête devant la gare de Namur. Mon vélo est réparé. Des avions survolent la ville ; une bombe tombe .à une cinquantaine de mètres. Nous nous jetons à terre, le sol tremble. On se relève ; nous sommes une dizaine de cyclistes, nous remontons en selle, direction l'école des cadets, lieu de rassemblement. Nous n'allons pas loin, les gardes-frontière refluent, l'école a été bombardée.

       La colonne se reforme, nous partons en direction de Charleroi par le pont de Jambes.

       Marchiennes au Pont, nous passons devant la maison d'un cycliste, les parents sont sur le seuil de la porte.

       Nous sommes un groupe d'une dizaine de soldats. Toute la rue est venue aux nouvelles. On nous fait entrer à la maison ; une infirmière qui était là soigne ma cheville en la massant. Elle me remet une bande ainsi que de la teinture d'iode sur les écorchures de mon visage faites par les ronces à Lixhe.

       On se rase et on se lave dans un grand seau d'eau. Ensuite, un bon repas nous attend, nous sommes heureux.

       L'heure des adieux est arrivée. En selle... et nous voilà partis pour Mons. Nous retrouvons notre régiment près de la gare. Celle-ci a été bombardée.

       Des soldats français traversent la ville.

       Rassemblement, la compagnie est au complet et nous voici en selle pour Bruxelles.

       Arrivant à un passage à niveau, des gens nous crient : « Des parachutistes, là-bas, derrière la haie ». Un attroupement se forme. Voici deux gendarmes escortant un homme habillé de blanc-gris, un calot sur la tête. La foule essaye de le lyncher, on lui crache au visage. Les gendarmes ont difficile de le protéger. Le malheureux otage se démène comme un beau diable et ne cesse de crier « Je suis le cuistot de la 11e ... Je suis Français ». Mais la foule est houleuse, elle vomit un tas d'injures.

       Les gendarmes parviennent à entrer dans la gare, cela doit être celle de Jumet.

       Le camion de ravitaillement est là. Quelques cyclistes hissent leurs vélos et nous voilà en route pour Wemmel ; nous sommes le 13 mai au soir. Nous logeons dans la grange d'une ferme avec des soldats anglais. Quelques cyclistes sont sans vélo. Le 1er chef Rogge Louis a l'autorisation du lieutenant pour réquisitionner des vélos à la consigne de la gare du Midi.

       Un camion, quelques soldats, et nous voilà à Bruxelles. Le 1er chef explique au chef de gare notre problème. Celui-ci nous dit : « Suivez-moi. » Et devant des centaines de voyageurs qui se trouvaient sur le quai, il s'avance vers la foule et, prenant un ton mélodramatique, il dit : « Mesdames et Messieurs, laissez passer les défenseurs de la patrie. » Nous nous redressons, nous sommes fiers, nous avons les larmes aux yeux. Des dames de la Croix-Rouge nous offrent des paquets de chocolat.

       Les vélos sont dans le camion et nous voilà de retour à Wemmel. Les Anglais sonnent l'alerte au gaz.

       Les Allemands approchent de Bruxelles. Rassemblement, c'est vers le 16 mai, à la nuit tombante ; nous quittons le village. En selle, direction inconnue, comme toujours. Nous roulons depuis un certain temps puis, pied à terre, nous continuons notre route sur des débris de verres dans une nuit noire. Un bruit circule : le commandant Monjardin de la Cie de Liège vient d'être tué.

       Nous sommes près du canal à Willebroek. Les Anglais sont là.

       Halte, repos, nous devons passer le reste de la nuit dans le fossé. Il fait très froid.

       Le jour se lève, rassemblement.

       Nous partons vers un petit bosquet, nous laissons nos vélos et montons vers le canal prendre position. La 6e Cie est à gauche du Pont-Brûlé. A notre droite, est installée la Légion mobile de la gendarmerie. Ce 17 mai au matin, je commande une section : quatre douaniers de Visé et trois T.S. Nous creusons nos trous dans le fossé, en contrebas du chemin du halage. Nous remplissons des sacs de terre. La section du sergent Detaille est derrière moi, un fusil-mitrailleur est en position. Pas de ravitaillement, notre roulante a disparu ainsi que le sergent avec la cantine. Le 1er chef Rogge est parti en reconnaissance et revient avec des harengs, du sucre, des cigares et des liqueurs. Il n'a pas trouvé de pain à Vilvorde. Midi, les gendarmes ont réchauffé des boîtes de « singe », ils partagent avec nous leur maigre repas. C'est une ratatouille de viande ; c'est chaud et c'est bon !

       Des voix s'élèvent sur notre droite ... « Ne tirez pas ce sont des Anglais ». De l'autre côté, sur le chemin de halage, arrive une moto montée par deux soldats. Je jette un regard, mais ce sont des Allemands. Je hurle « Tirez, mais tirez donc ! Ce sont des boches ! » Ils sont à la hauteur du P.C. ; une fusillade éclate, la moto quitte en vol plané le chemin pour disparaître dans la nature en contrebas du canal.

       Des miaulements arrivent, c'est un tir d'artillerie, cela doit être des 75 mm. Le tir est un peu court. Les obus prennent dans les branches des arbres qui bordent le canal. On est recouvert de branches. On se fait petit dans les trous. Les obus continuent à pleuvoir, c'est un enfer de mitrailles. Un blessé gémit devant moi, impossible de faire quelque chose. Toutes les armes crépitent pour empêcher un éventuel passage du canal. Vers deux heures du matin, le P.C. annonce qu'on décroche.

       Les armes automatiques de la 2e ligne resteront en place jusqu'au moment où la première ligne aura passé le ruisseau se trouvant dans le bas du terrain.

       Je file vers le bois avec Delwart et nous tombons « pile » sur nos vélos.

       Nous voici en selle, nous suivons le commandant, destination inconnue. Nous traversons la ville qui a été bombardée ; un camion brûle au milieu de la rue. Pour le dépasser, nous entrons dans un magasin et nous en ressortons par la vitrine brisée. Un pont est devant nous ; il enjambe un canal ou une rivière Les soldats du génie vont faire sauter le pont. Les Allemands ne sont pas loin.

       On a fait une halte pour attendre les retardataires. Je suis assis au bord de la route, des milliers de réfugiés continuent à passer. Pas un visage familier, pas un Visétois, pas de nouvelles de mon épouse, de mon fils et de mes beaux-parents ...personne ! Tous des inconnus !

       Voilà des cavaliers et du charroi : c'est la 11e Artillerie de Tournai. Justement c'est la 5e batterie, classe 36. C'est là que j'ai fait mon service militaire.

       Des anciens copains ... « Tiens, Soyez, que fais-tu là en cycliste ? Tu vas bien ?... » Et oui, le convoi passe !

       En selle, on se lève avec difficulté et nous voilà de nouveau en route. Plusieurs soldats sont revenus en civil. Ils ont été faits prisonniers par les blindés dans les environs de Namur, désarmés et envoyés en arrière sans escorte.

       Je roule depuis quelques kilomètres, soudain j'entends des cris, c'est le deuxième mari de ma belle-mère Barthélemy Leroy. Je saute de mon vélo, ma femme arrive en pleurs avec ma belle-mère. Mon fils Jacqui est sur les bras de Nicolas, il a un an. Depuis le matin, ma famille est là sur le bord de la route regardant passer des milliers de soldats. Mais pas de gardes-frontière de Visé.

       Ils doivent se rendre à Tielt, lieu de séjour des Visétois qui devaient évacuer. Mais devant l'avancée des Allemands, ils cherchent à partir en France. Mon épouse ne veut plus me laisser partir. Elle pleure beaucoup. Je la console en lui disant que nous allons en repos !

       Je reprends mon vélo et en voltige, je saute dessus, le cœur léger. Je rattrape la 6e Cie et nous voici à Avelghem. Plus de gourde ... le lieutenant me signe un bon de réquisition pour un bidon et une paire de chaussettes. Je lave mes pieds dans mon bassin de toile. Nous logeons dans le cinéma et je dors sur un peu de paille sur le sol. C’est la première nuit où je peux me reposer depuis huit jours.

       Le jour se lève, on se remet en selle et en route pour Courtrai ; nous traversons la ville en silence et nous stoppons à Bavikhove, face à Harelbeke. La Lys est devant nous. Nous continuons à avancer. Je dépasse le lieutenant Jacquemin. Il a mis pied à terre et a ouvert une carte. Il discute avec un groupe de sergents. Le sergent Cassard est là aussi. C'est la dernière fois que je les vois. Beaucoup de nos camarades tomberont au cours de la bataille.

       Je suis de nouveau caporal observateur de la Compagnie après beaucoup de palabre entre le 1er chef et le lieutenant Parent. On me désigne mon poste dans une ferme, face à la Lys. J'installe mon poste dans la grange qui se trouve devant la ferme. Au-dessus de l'entrée de la grange, il y a des poutres. Nous mettons des bottes de paille ; j'enlève quatre tuiles du toit. Raoul Delwart est avec moi. J.Stoffel, caporal T.S. est venu me rejoindre avec ses hommes. Ils installent la ligne téléphonique de mon poste au P.C. de la Compagnie qui se trouve à un kilomètre en arrière. Nous formons une équipe de six hommes. Chacun de nous reconnaît le terrain jusqu'au P.C. Dans la cour de la ferme, deux sections avec fusil-mitrailleur FN se sont installées. C'est le sergent Detaille qui a le commandement. Des brancardiers arrivent, ce sont des séminaristes ; ils installent le poste de secours dans la porcherie.

       Dans la cour, le fermier discute du prix des pommes de terre avec notre sergent qui s'occupe de la « roulante ».

       Un obus arrive en miaulant et explose au milieu de la cour. Le fermier prend ses jambes à son cou et file vers la cave. Tout le monde se précipite à son poste de combat. Le téléphone sonne, c'est le lieutenant Parent, commandant de la Cie. Je reçois mes dernières instructions, je suis prêt. Les obus continuent de pleuvoir. Je regarde par le trou pratiqué dans le toit. Devant moi, une grande plaine et dans le fond, les bords de la Lys. Sur mon côté gauche, dans la plaine, quelques fermes. Un chemin de terre part de la ferme et va en direction de Courtrai. Un chemin de campagne longe mon bâtiment. Les obus continuent à arriver et forment un tir de barrage. Le clocher de l'église de Harelbeke a reçu un obus qui l'a décapité. Deux fermes sont en feu ; des civils et soldats en sortent et ils se couchent à même le sol. Ma position n'est pas confortable ; les Allemands tirent avec des obus remplis de balles. Le toit devient une passoire. Je me fais tout petit.

       « Allo, mon commandant, ici le caporal Soyez. Des engins se dirigent vers notre position. Avertissez les deux sections de F.N. qui se trouvent dans la cour ! »

       Le caporal T.S et ses hommes se mettent en position de tir. Je prends mon fusil ainsi que Delwart. Celui-ci fait un trou dans le toit en cassant une tuile.

       Fausse alerte, ce sont des Utilitys ou tracteurs de canon 4/7 remplis de soldats belges. Trois engins qui se suivent entrent dans la cour de la ferme, une vingtaine de soldats en descend. Un officier, soutenu par un soldat également. Il est blessé à la jambe ou au pied.

       Le poste de secours le soigne. Un soldat a une crise de nerf tire sa veste et déchire sa chemise en disant « les salauds, les salauds ! » Ce sont des soldats du 22e de Ligne qui sont pris de panique et désertent. Les engins sont remis en marche et s'en vont vers l'arrière.

       Je reprends mon observation. - « Allo, mon lieutenant, des soldats sans arme arrivent en courant dans la plaine ! Ils viennent vers nous ! - « Caporal demandez que l'on tire des rafales devant eux ! »

       Ils ne peuvent plus reculer, ils s'allongent sur le sol.

       La bataille fait rage, nous sommes sous un tir d'artillerie violent. Pour reboucher le trou laissé par les « lignards », une contre-attaque commandée par le commandant Derache refoule pour un moment les Allemands. Mon toit s'effrite sous les coups des boîtes à balles.

       Mon téléphone est coupé, le caporal Stoffel part avec 2 T.S pour réparer la ligne. Il ne reviendra pas, il sera tué en réparant la ligne et un soldat T.S grièvement blessé. Les balles traversent la porte de la grange, le feu a pris dans la paille, nous avons réussi à l'éteindre mais une épaisse fumée se dégage et remplit la grange. L'estafette à moto, le caporal Page, vient d'être tué. Dans la ferme, c'est un véritable enfer. Les cyclistes reculent, notre position est très difficile à tenir. Les Allemands progressent dans la plaine. Ils ont franchi la Lys. L'ordre de repli arrive ; des Lanciers à moto montent vers le front.

       Bonne chance les gars ...

       Nous traversons prairies et champs et arrivons au P.C. de la Cie. Nous avions laissé là nos vélos mais hélas ...plus de vélos, ils ont disparu.

       Le P.C. est vide, je suis fourbu et j'ai faim. Nous n'avons plus rien reçu depuis quarante-huit heures.

       J'ai mangé le reste de mes biscuits de réserve. Nous continuons notre route à pied vers l'arrière. Les obus nous poursuivent. Une église, le porche est ouvert. J'entre dire une petite prière. Mais Delwart arrive en trombe avec une camionnette, c'est celle de la Cie ; nous embarquons, allongés sur des caisses de munitions…

       Nous voilà partis à travers un déluge d'obus. Pas un morceau de la route qui ne soit épargné. La camionnette va de gauche à droite pour éviter les cratères d'obus.

       La nuit est venue, c'est dantesque, toutes ces lueurs sur la route avec les obus qui éclatent.

       Je regarde par la fenêtre arrière, derrière le chauffeur. Celui-ci, par moments, a sa tête sur  le volant tellement il essaie de se faire petit.

       Cette pluie d'obus est effrayante avec ces grandes lueurs, la route est fantastique, cela n'en finit plus.

       Nous sommes enfin sortis de cet enfer, le jour est venu. Voici le lieu de rassemblement. Je retrouve le lieutenant, je me présente : « Mes respects mon lieutenant. » - « Tiens, Soyez ! Et bien caporal, cela va-t-il ? »

       « Mieux, mon lieutenant ! ». Je retrouve mon vélo ; c'est le 1er soldat Vandevelle qui me l'avait barboté.

       Nous cherchons un peu de repos et nous recevons à manger. Nous avons faim et le pain est vite englouti.

       Le jour est venu tout à fait, nous sommes le 27 mai. Rassemblement ! La 6e Cie est devenue squelettique, des tués, blessés, surtout des prisonniers car le dégagement avec les Allemands ne fut pas facile. Il manque la moitié de la Cie. Avec des éléments de plusieurs unités, on refait la 6e Cie. Je deviens chef de section d'un fusil mitrailleur et Raoul est mon caporal. Un sergent des Cantons Rédimés devient chef de peloton. Le moral est très mauvais et celui du sergent est encore pire. Il parle de se rendre au premier engagement.


11e Régiment d’Artillerie de Beverloo, en 1937. Albert Soyez est le 3e à partir de la gauche. (Doc. A. Soyez)

       Depuis 16 jours, nous reculons. Les nerfs sont à bout. Nous recevons notre armement et nos munitions. Nous allons remonter au front demain 28 mai. Nous recevons l'ordre de trouver un emplacement pour passer la nuit et de ne pas rester ensemble.

       L'école chrétienne des Sœurs est devant nous. Nous y entrons, un escalier en colimaçon monte vers l'étage. Nous le prenons et on s'installe sur le palier du 1er étage le FN braqué en direction du bas. Le sommeil nous surprend, Delwart et moi.

       Brusquement je m'éveille ! Le canon ne tire plus. Il est quatre heures du matin.

       « Raoul, la Cie est partie ! » Plus aucun bruit. Quatre à quatre nous descendons l'escalier. Dans la cour, tout le monde arrive aux nouvelles.

       C'est la capitulation, nous sommes consternés. Les Allemands seront bientôt là. Nous devons rendre les armes. Je retire le percuteur de mon FN et le jette dans l'égout. Le 1er chef comptable (Mest ?) est arrivé et partage l'argent de la Cie pour qu'il ne tombe pas dans les mains de l'ennemi. Les volontaires reçoivent une somme à valoir sur le traitement. Chacun signe pour la somme reçue.

       Nous recevons la visite des gendarmes de Visé en la personne de Bernard ( ?). Nous voici à l'hospice de Tielt. C'est à Tielt que la ville de Visé devait évacuer. Nous recevons la visite de nombreux Visétois et entre autre Hurbin, un visétois qui avait fait la guerre de 14-18 qui fut pour la 6e compagnie un très bon coursier. En effet, il nous dénicha en ville, en payant évidemment, du pain, chocolat, cigarettes, etc.

       Une page de cahier est épinglée sur une porte à l'aide d'un petit clou demandant des nouvelles des frères Soyez ! Nous dormons dans le fenil sur du foin.

       Rassemblement. Destination Zelzate. Nous sommes répartis dans de petites fermes et écoles de la région. Dans la petite ferme où je suis, il y a une dizaine de cyclistes. Les fermiers ne parlent que le flamand. Nous sommes très bien accueillis, nous logeons dans la grange. On nous fait une omelette de deux œufs pour 1 franc et la poule au pot dans un grand chaudron que nous avions d'abord récuré.

       Après quelques jours, les ordres arrivent. Nous partons pour l'Allemagne. On distribue le reste du ravitaillement au village: viande, café, farine.

       Comme nous devons remettre nos vélos à l'occupant, on échange nos plus beaux vélos contre des « riquettes» du village. Nous voilà partis pour Lokeren. Le colonel Jacques est sur le bord de la route. Nous défilons fièrement, dans un ordre impeccable.

       Ecole Moyenne de Lokeren, nos officiers nous ont quittés. Ils sont partis pour Anvers, destination l'Allemagne.

       Des milliers de soldats prisonniers français passent devant l'école, ils prennent toute la largeur de la route. Les cyclistes leur jettent des cigarettes.

       On parle dans la cour que l'on va avoir une autorisation pour rentrer dans nos foyers. Une infirmière remplit des papiers qu'elle porte à la « Kommandantur ». Mais cela devient long. Je vais sur le devant de la cour.

       La sentinelle ne dit rien. Voyant cela, je me défile en douce. Me voilà parti en direction de Gand. Delwart me rattrape avec son vélo ainsi que Demey et Van Develle. Je traverse un village, je vois un marchand de vélos, j'entre et j'achète un vieux vélo de femme. Les ponts sont gardés par des sentinelles allemandes. Elles demandent nos papiers. Une fourgonnette est arrêtée. Nous sommes trois soldats ; on demande au chauffeur s'il veut bien nous prendre pour passer le pont. Le chauffeur nous conduit à un endroit, je ne sais où, pour prendre le tram pour Bruxelles.

       Gare du Nord, la Croix Rouge m'accueille avec une tasse de café et une tartine. Après cette restauration, une infirmière va bavarder avec un chauffeur d'un camion de l'armée allemande. Je monte dans le camion, le soldat ferme la bâche et me voilà parti pour St Trond. Là, je trouve un tram pour Liège.

       Toujours en soldat et le casque sur la tête. Me voici à Liège mais pas de transport pour Visé.

       Après beaucoup de palabres, un taxi me conduit jusque Wandre. Le chauffeur ne veut pas aller plus loin à cause du couvre-feu. Je paie le taximan et me voilà en route à pied pour Visé.

       La nuit est venue. Au pont d'Argenteau, je m'arrête et j'entre dans la petite cabine du garde-barrière. Vers quatre heures du matin, je repars pour Visé. Je ne rencontre personne, pas de patrouille, rien. J'arrive devant la Renaissance, rue Haute, 11 à Visé.

       La porte des locataires est fermée et pour ne pas faire de bruit, je m'assieds sur le seuil de la porte. J'attends que mon épouse se lève ou Monsieur Dubois. Madame Nélissen sort de sa boulangerie, rue Haute pour aller à la messe du matin. Me voyant, elle vient près de moi et par ses cris elle ameute presque toute la rue tellement elle crie pour réveiller mon épouse ! Nous sommes le 16 juin 1940.

       Nos pertes pour la campagne des 18 jours furent de cent quatre-vingt trois morts et quatre cents blessés.

 



[1] Article de Monsieur Albert Soyez paru en deux parties dans « Le Papegaie », Le journal des Anciens Arquebusiers de Visé, n° 112 et 113.



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