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Historique du 3ème Régiment de Chasseurs à Pied.

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Historique du 3ème Régiment de Chasseurs à Pied.

point  [article]
Etendard du 3eme Chasseurs à Pied

Tournai – caserne du 3ème Chasseur à Pied

Capelle-au-Bois 3 septembre 1914

Les carabiniers mitraillent aux avant-postes

Le château de Linterpoort

Des Belges refusent de se rendre aux Prussiens

Ligne de soldats Prussiens

Chasseurs à pied à Duffel

Merchem

Ruines de Pervyse

Château de Vicogne

Dixmude 1914 – Les Belges arrêtant les Allemands sur le vieux pont de l’Yser

Ruines de Dixmude – L’Yser et la Passerelle

St Julien – route vers Ypres

Transport des blessés

Carte signalée dans le texte

Carte signalée dans le texte

Historique du 3ème Régiment de Chasseurs à Pied



Etendard du 3eme Chasseurs à Pied

      Avertissement : ceci est une copie d’un manuscrit prêté à la Maison du Souvenir d’Oupeye. Il n’est pas signé, mais émane probablement d’un officier du 3e chasseurs à pied. Le plus gros problème, c’est le nom des localités nommées dans ce texte. J’ai pu retrouver certaines d’entre elles et leur donner l’orthographe actuelle. Malheureusement, d’autres me demeurent inconnues et peuvent être mal orthographiées. J’espère que vous ne m’en tiendrez pas rigueur.

 (A.Pirson)

       Les cartes jointes permettent de suivre les différents itinéraires du 3e chasseurs. Bonne lecture !


Tournai – caserne du 3ème Chasseur à Pied

       Installé à Tournai depuis 1877, le 3e Régiment de Chasseurs à pied faisait partie intégrante de la ville ; il y avait droit de cité, droit consacré par les autorités communales à chaque événement heureux qui se produisait dans le régiment. Les nombreuses marques de sympathie affirmées par la population civile avaient créé entre elle et l’élément militaire des liens d’amitié et de bonnes relations.

       De leur côté, nos chefs de corps ne manquaient jamais d’inviter la population civile aux cérémonies militaires : le moral patriotique ne pouvait qu’y gagner.

       En 1902, lors du 25e anniversaire de son arrivée dans la garnison, le Régiment fut reçu en grande pompe au milieu de l’allégresse générale ; les autorités militaires furent accueillies en grande cérémonie par le conseil communal qui manifesta à cette occasion des marques profondes d’attachement à nos chasseurs.

       C’est dans ces sentiments réciproques que le Régiment atteint par la mobilisation, quittant Tournai pendant les journées troublantes du début d’août 1914, l’exaltation patriotique de la population et des soldats était à son comble devant les horreurs d’une guerre sans merci.

       Le 31 juillet, le 3e Régiment des chasseurs à pied compose avec le 6e Régiment des chasseurs à pied (dédoublement du 5e chasseurs) la 17e brigade mixte sous les ordres du général-major de Stein d’Alstenstein.

       Le 4 août à 0 heure, le régiment, alors sous les ordres du colonel « A.B.M » Huquoy, quitte Tournai par chemin de fer après avoir été l’objet d’ovations enthousiastes pendant la traversée de la ville.

       Le voyage dura toute la nuit et le débarquement se fit à Grand-Leez (Brabant) pour aller cantonner à Méhaigne et environs : des jours terribles allaient commencer pour nos braves combattants.

       Dans la nuit du 4 au 5 août, le régiment (moins 3 compagnies), auquel est adjoint une batterie d’artillerie et les mitrailleuses, est mis à la disposition du commandant de la D.C. et y reste jusqu’au 8 août inclus.

       Il se dirige sur Merdorp où il procède immédiatement à l’organisation d’une position défensive.

       La cavalerie belge devait tâcher d’amener la cavalerie allemande sous le feu de cette position établie à la lisière Sud de Merdorp et défendue par l’infanterie et la batterie d’artillerie.

       Vers le soir, ordre est donné de se retirer vers l’ouest et d’aller cantonner à Taviers.

Nuit du 5 au 6 août.

       A 2 h 30, le régiment quitte précipitamment Taviers et se rend par Merdorp à Thisnes pour organiser, avec un détachement du génie, une nouvelle position à la lisière Nord-est de cette localité. Cette position avait le même but que celle de la veille.

       L’après-midi, lorsque l’organisation de la position était à peu près terminée, ordre est donné de se porter sur Hannut et de s’établir sur la route de Tirlemont à Villers-le-Peuplier, et la route de Namur à hauteur de la borne 2 400.

       La D.C. est massée un peu en avant à proximité de la route de Namur.

       Vers le soir, le régiment va cantonner à Hannut et à Villers-le-Temple.

7 août

       Départ d’Hannut vers 4 heures pour aller occuper la ligne Omal-Grand-Axhe. Il y a un bataillon à Omal, 1 bataillon au carrefour 1 km Sud-est de Hollogne-sur-Geer.

       L’artillerie avec un soutien entre Ligny et Omal, 1ère Cie au croisement du chemin de fer vicinal avec la voie romaine, mitrailleuses vers Brouck. Des postes à Tourinne et vers Braives (mamelon 166).

       La cavalerie explore vers Waremme, Limont, Les Waleffes, Fumal, Braives.

       Le soir, les troupes restent sur leurs positions.

8 août

       Même occupation et continuation des reconnaissances.

       La présence de plusieurs cavaliers ennemis est signalée dans la région Darion-Geer.

       Dans l’après-midi arrive du commandant de la D .C. l’ordre de préparer le détachement sur Winghe-St Georges et de s’aboucher avec le commandant de la gare de Waremme pour l’embarquement. Des cavaliers allemands ayant été renseignés aux environs de la gare, une compagnie est envoyée pour l’occuper.

       Le régiment est dirigé sur Waremme où il s’embarque pour Tirlemont et y débarque à 16 h 15. Le régiment n’est plus adjoint au commandant de la D.C., et va rejoindre la 5ème D.A à Jodoigne et environs.

9 août

       Repos à Jodoigne.

10 août

       Marche sur Lathuy, position de rassemblement au Sud-est de Lathuy et bivouac sur la position.

11 août

       Départ à 5 h 30 pour Sart-Mélin. Position de rassemblement au Nord de ce hameau. L’après-midi, ordre de se porter au bois, borne 16 de la route Wavre-Jodoigne et mise en défense de la lisière est du bois. La nuit, bivouac à l’ouest du bois, sauf une Cie qui garde la pointe Est.

12 août

       Continuation de la mise en état de défense de la position et bivouac au même emplacement.

13 août

       Occupation des mêmes positions et à 14 heures, reçu l’ordre de se porter sur le plateau ouest d’Aalst (Hoegaarden). Le régiment reste jusque 19 h 25 et va ensuite cantonner à Meldert.

14 août

       Départ de Meldert, pour être à 6 h sur la position de la veille (plateau d’Aalst)

15 août

       Départ de Meldert pour être à 6 h sur la même position. Un groupement composé du III/3e ch, 87 Cie et mitrailleuses 17e brig bivouaque dans la plaine.

16 août

       Les troupes reprennent leurs positions de la veille et le 6e Rt des chasseurs s’étant déplacé, le II/3e ch est envoyé au nord d’Aalst pour établir la liaison avec la 1ère D.A. Dans la soirée, le régiment cantonne à Meldert.

17 août

       A 6 H le régiment reprend ses positions au plateau. Le I/3e ch. est envoyé à l’est de la Gette pour protéger les travaux de la reconstruction des ponts. Il bivouaque sur sa position et le restant du régiment retourne cantonner à Meldert.

18 août

       A 6 H réoccupation de la position de rassemblement. A 9 h 30, ordre de se porter vers Lathuy, avec le 5e Rt d’artillerie, les pionniers et mitrailleurs de la 17e brigade, la cavalerie étant signalée dans cette direction.

       Départ à 10 H (les havresacs sont laissés au plateau).

       Le régiment s’établit au sud de Lathuy. Des pointes sont poussées vers le Sud-est, sur Jodoigne-Souveraine et sur Dongelberg. A 15 H, reçu ordre de se retirer et de s’établir en position de rassemblement à la lisière ouest su bois de Lathuy. A 18 H, reçu ordre d’aller cantonner à Methen, mais de repasser par le plateau d’Aalst pour aller y rechercher les havresacs. Impossibilité d’exécuter cet ordre. Retour au plateau d’Aalst et marche sur La Bruyère (hameau de Beauvechain), où le régiment exténué arrive à 23 H, il y cantonne (1ère étape vers la position d’Anvers).

19 août

       Départ de La Bruyère à 5 H pour rejoindre Methen. En cours de route, reçu ordre de se porter au nord-ouest de Leefdaal.

       A 11 H 30 pris position de rassemblement au nord de la borne 11 de la route Louvain-Tervuren.

       A 14 h 30, reprise de la marche pour gagner Peuthy où le régiment arrive à 20 h 30.

20 août

       A 0 h 15, reçu ordre de se porter sur la position d’Anvers par Houtem, Eppegem, Thisselt (Tisselt), et de prendre une position de rassemblement au nord de Breendonk où le régiment arrive dans l’après-midi. A 18 h, reçu ordre d’aller cantonner à Ruysbroeck (Sauvegarde). Le régiment prend ses cantonnements à 20 h.

21 août

       Repos.

22 août

       Le régiment reste au cantonnement mais est prêt à marcher.

23 août

       Pris position de rassemblement au nord-est de Sauvegarde face au sud-est par une pluie persistante. A 20 h, rentrée au cantonnement.

24 août

       Etat-Major de la 17e brig., les cyclistes (1ère brig.), 2e chasseurs, l’artillerie, les mitrailleuses et les cyclistes de la 16e brig., les 2e chasseurs à cheval, le 5e artillerie, 1 section d’ambulance sous le commandement du commandant de la 17e brig. Doivent exécuter une reconnaissance dans la direction du sud, suivant les instructions données au commandant de la 17e brig. Par le commandant de la 5e D.A.

       Les unités doivent être prêtes à marcher à 8 h., les 3 Cies cyclistes et le 2e Rt chasseurs à cheval, en colonnes face au sud sur la route Puurs-Londerzeel, la tête à hauteur de la borne 2 de la route.

       Le 2e chasseurs, l’artillerie et les mitrailleuses de la 16e brigade en colonne face à l’ouest sur la route Willebroek-Lippelo, la tête à hauteur du croisement à l’ouest de la borne 12.

       Le 3e chasseurs à pied, les mitrailleuses de la 17e brigade, le 5e artillerie en colonne face au sud sur la route Ruysbroek, Pullaer, Rijsrey, la tête à hauteur de la bifurcation des routes à l’ouest de Russeg.

       La section d’ambulance sur la route de Bornem à Puurs, la tête à hauteur de l’église de Puurs.

       Les troupes d’infanterie seront sans sac. Les batteries seront allégées (rien que 4 canons et 4 caissons).

       Il sera emporté des vivres pour un repas sur le terrain.

       Mission de la colonne dont fait partie le 3e chasseurs à pied : « Se porter sur Wolvertem pour reconnaître, attaquer et refouler les détachements légers adverses qui y sont signalés. Il fait partie de la colonne du centre qui doit se porter de Wol sur Slozen (sud de Londerzeel). »

              A 11 h 30 temps d’arrêt. Le régiment est disposé comme suit :

                        1Cie en position à Slozen

            IIe       1Cie en position de droite à Trappenhof

                        2 Cies en gros de garde à la borne 15 800

       IIIe et Ière en gros de la colonne au nord du chemin de fer Malines-Termonde. 1 Cie du I est chargée de la liaison avec la colonne de gauche.

       Ordre est donné à la Cie pointe centrale de bien fouiller le Leefdaal-Bos, où la présence de l’ennemi a été signalée. Le bois n’est pas occupé.

       Le commandant du bataillon renforce graduellement la pointe par ses deux compagnies restantes, sauf un peloton.

       A 12 h 25, reçu ordre de reprendre la marche sur Wolvertem et d’attaquer l’ennemi partout où on le rencontrera.

       Les 2 Cies de tête s’engagent dans Impde, et peu après les patrouilles d’éclaireurs annoncent que le château d’Impde est occupé par 2 ou 3 cies ennemies et que 500 ou 600 cavaliers sont signalés entre Den Dries et Wolvertem. Ordre est donné au commandant du IIIe d’envoyer une compagnie pour prolonger la droite du IIe et de porter les 3 autres Cies en avant en obliquant vers la gauche pour opérer la liaison avec le 2r Rt de chasseurs à pied qui doit déboucher de Nérom.

       A la 1ère Cie pointe de droite de se rabattre vers l’est de façon à prolonger le front.

       Le 3e chasseurs, sous l’impulsion de son chef, pousse de l’avant, secondé par des batteries d’artillerie qui ont pris position à hauteur de la borne 14 500.

       Le IIe est à l’avant-garde, il va attaquer de front, le IIIe le suit, il va aborder le château par la lisière ouest, ces deux bataillons sont engagés à fond.

       La 4e/II (commandant Lahaire) qui avait la première dépassé le village s’était déployée en tirailleurs face au parc du château, mais isolée, parce qu’un combat s’était livré dans le village à la lisière d’Impde, elle avait été débordée sur sa droite quand le major Sweerts, commandant le IIIe bataillon lui amène sa 4e Cie (commandant Gérard).

       Les trois compagnies bientôt isolées à cause du combat qui continue dans la localité avaient des pertes effrayantes. Les commandants Gérard et Lahaire furent mortellement blessés. Le major Sweerts expira en apprenant à ses hommes qu’un bataillon de renfort allait arriver et en ordonnant la résistance à outrance.

       Ce ne fut que vers 15 h, après une résistance d’un acharnement exaspéré que les débris de ces 2 compagnies furent écrasés et dépassés par les forces allemandes s’élançant enfin du château sur la lisière nord du hameau pour tenter d’atteindre les unités du 3ème chasseurs qui s’étaient reformées. A un moment donné, les hommes reçoivent des coups de feu dans le dos ; de plus, une auto blindée amie qui opérait isolément et dont on ignorait l’existence, fait une retraite précipitée. Elle provoque l’abandon du village par nos troupes qui prennent position au nord de la localité.

       Une action de mitrailleuses est posée à hauteur de la ligne pour la soutenir. L’ennemi fauché dès son premier élan fut bientôt cloué sur place et désespérant de pouvoir progresser, rétrograda vers le château.

       Malheureusement, au moment de l’issue heureuse de cette lutte épique, les deux mitrailleuses encore fumantes n’étaient plus gardées que par une seul servant : le lieutenant Giroul qui fut d’ailleurs tué peu de temps après.

       La colonne de gauche n’intervenant pas, le régiment prend position en arc de cercle à la lisière du bois à la hauteur de la borne 13.700.

       L’artillerie se replie sur la crête Slozen-Boskant et empêche toute action offensive de l’adversaire. L’ennemi ne renouvela d’ailleurs plus aucune tentative pour sortir du village, mais il entretint le feu contre les troupes du 3ème chasseurs dont malheureusement plusieurs compagnies avaient épuisé leurs munitions.

       A 19 h 30, le combat a cessé, les unités se reforment vers Slozen, où elles sont relevées par 2 compagnies du 2e chasseurs à pied, et le régiment rentre à Londerzeel où il prend ses cantonnements à minuit.

       Quant aux troupes allemandes qui avaient combattu à Impde, elles se retirèrent le soir vers Wolvertem.

25 août

       A 4 heures, le régiment se porte au nord de Londerzeel où il se ravitaille en munitions, puis se reporte à Impde, au bois, pour reprendre les havresacs. La veille au soir, la musique avait reçu ordre d’embarquer ces havresacs à la gare de Sauvegarde. La distribution de ces objets à la gare de Capelle au bois a demandé 2 heures et la plupart des hommes n’ont pas retrouvé le havresac qui leur appartenait. Le régiment va ensuite occuper successivement 3 positions de rassemblement :

       La 1ère à Koningsteen (2 km au sud-est de la gare de Capelle au bois (Kapelle-op-den-bos))

       La 2ème au nord-ouest de Laar

       La 3ème au sud-sud-est de Spilt où il passa la nuit au bivouac.

26 août

       Combat d’Eppegem (à l’effet de soutenir la 16e brigade en action vers Pont-Brûlé). Le régiment est prêt à marcher dès 4 h. Il quitte le bivouac à 6 h 30 pour se porter sur Eppegem et d’établit en position de rassemblement au nord-ouest de cette localité.

       A 11 h, reçu ordre d’organiser défensivement :

  1. Les lisières Sud-est et Sud-ouest du château d’Eppegem avec échelon défensif au nord-ouest de l’église (IIe bataillon)
  2. Le parc du château de Wolfslinde (IIIe bataillon avec l’Etat-Major du régiment).
  3. Les lisières ouest et sud du Katte-Meuler-Bos (Ier bataillon)

       Dès son arrivée dans le parc du château d’Eppegem, le IIe bataillon est soumis à des feux d’infanterie provenant des bâtiments du château et des tranchées allemandes établies à peu de distance.

       Les 2 compagnies de tête sont forcées d’évacuer les couverts, elles s’établissent en arrière, mais exposées aux feux de l’infanterie et de l’artillerie adverses, elles se reportent (avec la 4e Cie) plus en arrière sous la protection des troupes établies à Wolfslinde.

       La 3e Cie conserve sa position sur l’échelon défensif.

       Le 3e bataillon (Wolfslinde) est soumis à un feu continu de mousqueterie et de mitrailleuses, suivi d’un feu violent d’artillerie. Il reste en place.

       A 16 h 45, ordre, arrivé tardivement, de se retirer vers DeBist et de constituer l’arrière-garde.

       Le régiment rejoint Sauvegarde où il arrive à 23 h.

Du 27 au 31 août

       Le 3e Rt chasseurs à pied cantonne à Sauvegarde. Un bataillon est journellement envoyé aux avant-postes dans le secteur ou en reconnaissance avec un groupement de la brigade. Les autres bataillons vont pendant la journée occuper la place du rassemblement au nord-ouest de Sauvegarde.

1 septembre

       Le régiment (moins le IIe bataillon aux avant-postes) fait partie d’un groupement chargé d’opérer une reconnaissance.

Composition                 11e brigade

            du                     17e brigade

groupement                   artillerie de la 5e D.A.

 

       Itinéraire : Puurs, Oppuurs, Larendries, Opdorp, Buggenhout.

       Le 3e Rt chasseurs marche en queue de la colonne dont la tête du corps principal est à l’église de Puurs à 8 h. Une colonne de gauche comprenant la 16e brigade marche par Liezele et Malderen.

       A 13 h, le 3e chasseurs s’arrête au château d’Opdorp où il s’installe à l’abri.

       A 15 h 30, ordre de rentrer à Ruysbroeck par l’itinéraire suivi le matin. Une compagnie forme flanc-garde ouest par Jongenbriel, St Amand, Boskant.

2 septembre

       8 h, pris position à la place de rassemblement à Sauvegarde

       12 h 30, ordre d’envoyer un bataillon (Ier) avec mitrailleuses de la 17e brigade vers l’écluse n°1 du canal de Willebroek. Le IIIème bataillon relève  le 2ème aux avant-postes.



Capelle-au-Bois 3 septembre 1914

9 septembre

       Le seul bataillon restant (le IIe) se rend à la place de rassemblement. A 14 h, il va relever le IIIe bataillon aux avant-postes. Le Ier bataillon est resté à Capelle-au-Bois avec une Cie de mitrailleuses et une batterie d’artillerie dans le but de protéger l’écluse n°1 du canal de Willebroek, contre les tentatives de destruction par l’adversaire jusqu’à ce que soient terminés, vers Tisselt, les travaux devant annuler les effets de cette destruction.

       Une Cie (la 2e) est en position à l’écluse, la 1ère Cie au viaduc immédiatement à l’est de la station, la 4e Cie au viaduc à l’ouest de la station, la 3ème est soutien de batterie, la Cie de mitrailleuses est en position sur le talus de chemin de fer près de la gare, la batterie d’artillerie a pris position à l’ouest du village.

       Vers 5 h du matin, par un brouillard intense qui empêche la vue à plus de trente mètres, la 2e subit le contact d’une patrouille de flanc ennemie. Presque au même moment se présente devant la 4e Cie un chef de bataillon allemand entouré de quelques officiers, cartes en mains, auxquels il donne vraisemblablement des instructions pour l’envoi de patrouilles de reconnaissance. Une salve de dix fusils alertés à la hâte, couche par terre ce groupe d’officiers. Leurs unités sont à quelques pas d’eux. Engagées à fond, en ordre de marche, dans le terrain de combat, accueillies de front et de flanc, ces troupes savent à peine se ressaisir.

       Des salves nourries dans ces rangs indécis fauchent littéralement ces unités surprises qui ne savent plus où donner de la tête.

       Cependant, les compagnies de tête, trop près de nous pour pouvoir se dégager sont parvenues à se reformer par groupes dans les maisons bâties ça et là dans cette plaine dénudée. Le brouillard s’est dissipé peu à peu, la fusillade est toujours intense et des groupes de tirailleurs commencent à s’approcher de notre position.

       Mais fascinés par ce premier succès, nos hommes rivalisent de calme et de bravoure. Derrière leurs parapets qu’ils ont pu construire pendant 24 heures, ils s’amusent à prendre placidement la ligne de mire comme au stand de tir.

       Vers 8 h, malgré ses pertes insensées, l’ennemi devient pressant et menace de prendre nos positions d’assaut.

       Un canon emprunté à la batterie qui nous soutient est amené et placé au prix de pénibles et dangereux efforts dans le viaduc que tient la 4e Cie. Il tire à bout portant sur les Allemands dont le nombre de cadavres augmente d’instant en instant. En quelques minutes, la retraite de l’ennemi est générale, son échec est complet.

       Vers 11 h, le chef de bataillon (major Grade) avisé que des forces importantes menacent directement sa droite, poste une compagnie dans cette direction, mais menacé d’enveloppement, la bataillon reçut l’ordre de se retirer, ce qu’il fit en bon ordre en occupant des positions successives. De nombreux obus brisants tombaient sur Capelle-au-Bois et incendiaient de nombreuses maisons.

       Au début de sa retraite, le chef de bataillon avait fait connaître sa décision au quartier général de la 5e D.A. qui lui annonça des renforts. Mais ceux-ci ne purent arriver à temps et la retraite définitive se fit sur Willebroek sous une grêle de projectiles d’infanterie et d’artillerie.

       Pendant sa retraite, la bataillon perd quelques hommes par des projectiles tirés par le fort de Breendonk qui, prévenu par téléphone, allonge immédiatement son tir.

       A 17 h, le Ier bataillon rejoint le régiment et bivouaque avec le régiment sur la place de rassemblement de Sauvegarde.

       Pour sa belle conduite au combat de Capelle-au-Bois, le Ier bataillon reçut les félicitations de Sa Majesté le Roi.

       A 8 h, le IIIe bataillon est sur la position de rassemblement, à 8 h 30, rentrée au cantonnement avec ordre de se tenir prêt à partir.

       9 h 55, le IIIe retourne à la place de rassemblement.

       11 h 55, ordre d’aller renforcer le Ier bataillon engagé à Capelle-au-Bois. Le IIIe bataillon se met en marche, mais ne dépasse pas la bifurcation à 800 m au sud de la station de Sauvegarde. Des shrapnels éclatent près de la gare.

7 septembre

       Nouvelle et importante sortie de la position fortifiée, il s’agit de coopérer à la bataille de la Marne en empêchant les corps d’armée allemands d’arriver à temps pour renforcer l’aile droite en retraite sur la Marne : Sempet (Zemst ?), De Dries, Weerde sont enlevés, ce dernier par le groupement du Lt-Colonel Coquels. La prise de Weerde fut particulièrement glorieuse.

Du 5 au 8 septembre

       Cantonnement à Sauvegarde, les bataillons vont occuper la place de rassemblement, sauf celui qui fournit les avant-postes.

9 septembre

       La 5e D.A. se dirige alors sur Merchtem – Buggenhout.

       Les 3e et 6e régiments de chasseurs à pied vont occuper les tranchées.

       Le Ier bataillon du 3e chasseurs entre le fort de Breendonk et la redoute de Letterheide.

       Le III/3e chasseurs entre la redoute de Letterheide et le fort de Liezele.

       On rentre au cantonnement à 21 h après être resté sur la position jusqu'au moment du départ.

10 septembre

       La 5e D.A. se met en marche par Willebroek - Blaasveld sur Het Heiken (Hombeek).

       Le front HombeekOksdonk est organisé en 4 points d’appui.

       Le 1er organise Hombeek, le IIIe crée des passages dans les clôtures du chemin de fer. Le IIe fournit des grand-gardes sur le front château de RelegemHalversteinLaar. Bivouac sur les positions.

11 septembre

       La division reprend sa marche vers le sud.

       Le I/3 chasseurs est dirigé sur Zemst. Le II/6 chasseurs est adjoint au 3e chasseurs. Le IIe (capitaine Borlée) doit se rassembler dès qu’il aura été dépassé et constituer la réserve de brigade.



Les carabiniers mitraillent aux avant-postes

       Avec le III/6e chasseurs (commandant Merghe), le III/3e chasseurs (commandant Crabbé) et 2 sections de mitrailleuses, le colonel A.E.M. Ruquoy reçoit l’ordre de marcher sur le château de Linterpoort.

       La marche progresse lentement, vu les nombreux couverts. Le III/6e chasseurs arrive à occuper les lisières sud-est et sud-ouest du château. Le III/3e chasseurs est en réserve : 2 compagnies sur le chemin pavé Bosch – Zemst, entre dans le parc et le verger, une compagnie dans le verger à l’ouest du parc du château, une compagnie à la lisière ouest du parc à 200 mètres en arrière de la 3e, les mitrailleuses en arrière de cette Cie. Il n’y avait pas à songer à sortir du couvert. Le terrai compris entre De Dries et le parc de Linterpoort était labouré par les projectiles ennemis. Le colonel se voit obligé de reporter à 400 mètres plus au sud les 2 compagnies terrées sur le chemin pavé Bos – Zemst.

       Des troupes d’infanterie de la 16e brigade sont forcées de se replier vers Bos.

       Une section d’artillerie se porte sur le chemin pavé Bos-Zemst pour favoriser le mouvement en avant de nos troupes.

       Son intervention provoque sur le parc et sur les couverts latéraux une pluie de shrapnels, hachant les branches, forçant les cadres et les hommes à se terrer dans leurs tranchées et les fossés. Ce feu violent, bien réglé, oblige le colonel à replier ses troupes, d’autant plus qu’un avis verbal reçu de la 16e brigade lui annonçait que des troupes de cette unité auraient été retirées.

       Le colonel ordonne au III/6e chasseurs de se replier par la lisière est du parc et de rejoindre à l’ouest de Kleempoël ( ?). Il rassemble le III/3e chasseurs et les mitrailleuses et se met à la disposition du commandant de la brigade.

       Le III/3e chasseurs bivouaque sur la position et couvre l’artillerie. Le II/3e chasseurs reçoit ordre de réoccuper Linterpoort. A son arrivée, il est assailli par des feux de mitrailleuses et d’infanterie qui font disloquer les unités.



Le château de Linterpoort

12 septembre

       Le colonel reçoit l’ordre de réoccuper le château avec le III/3e chasseurs et une section de mitrailleuses. Il y est installé à 7 h 30. La canonnade la veille reprend. Les projectiles de notre artillerie battent le terrain entre Den-Dries et le château de Linterpoort. Impossible d’envoyer des éclaireurs.

       Dès qu’un groupe ose se risquer, les mitrailleuses ennemies entrent en action, malgré une observation de plus de 10 mètres d’élévation, on ne parvient pas à déterminer la position de ces engins. On les suppose sous les maisons en ruines de Den Dries. Ces points sont renseignés à l’artillerie par les contre-batteries avec efficacité. A 16 h, le colonel reçoit l’ordre d’attaquer.

       Le tir d’artillerie dure jusque 17 h, l’artillerie ennemie reportant son feu sur la lisière où les shrapnels éclatent à ½ hauteur d’homme.

       Le I/6e chasseurs (commandant Hoornaert) est mis à la disposition du colonel du 3e chasseurs. A 17 h, ce dernier demande à l’artillerie d’allonger son tir. Le III/3e chasseurs se porte vers De Dries : 2 compagnies en ligne conservant chacune un peloton en soutien ; une compagnie a pour objectif la lisière nord-ouest de Weerderhoef (?), la 4e compagnie en réserve de bataillon.

       A 17 h 20, lorsque l’attaque est partie, le colonel reçoit après que les troupes du 2e chasseurs à pied se sont repliées sur Bosch. Il laisse la section de mitrailleuses au commandant Hoornaert avec une compagnie ayant pour mission de rester à la lisière sud du parc.



Des Belges refusent de se rendre aux Prussiens

       La progression du III/3e chasseurs à pied se fit comme à la manœuvre.

       La pluie qui commençait à tomber rendait la marche sous feu très difficile. L’ennemi, invisible, dirige sur nos troupes un feu nourri de mitrailleuses et de mousqueterie.

       On y répond en tirant sur les lueurs. L’obscurité augmente. Dans le plus grand silence, nos hommes arrivent baïonnette croisée aux retranchements nordest, sud-ouest, construits depuis la route (borne 17) et passent par les ruines du moulin, transformées en véritable fortin avec abatis, fils de fer, trous, etc. Ils emportent le retranchement et gagnent la route encombrée d’équipements, bicyclettes et objets de toute nature. Il était 19 heures.

       Une forte pluie tombait et la position n’offrait aucun abri. Les compagnies se reformèrent dans le fossé de la route, les pieds dans l’eau. Le colonel fait occuper le carrefour à 200 mètres sud du moulin et y fait accumuler des défenses accessoires. Les retranchements du moulin sont occupés, des patrouilles sont envoyées vers Zemst et Weerde par Weerderhoeck.

       6 compagnies passent la nuit dans les plus mauvaises conditions, temps affreux, pas le moindre couvert. A 23 h, des coups de feu sont tirés sur l’unique maison en ruines trouée par les projectiles qui reste du hameau de Den Dries. Nos hommes répondent, mais sur l’intervention des officiers, la tuerie cesse.

       Le 12 septembre à 9h, le major Coquels avec l’Etat-Major du 6e chasseurs reçoit l’ordre de prendre le commandement d’un groupement composé de I et II/3e chasseurs, de la Cie cyclistes de la 16e brigade, de 2 sections de mitrailleuses 17e brigade, d’un peloton du génie, et de s’emparer de Weerde dont l’occupation est inconnue. Les obusiers de 105 de la 1ère D.A. sont mis à la disposition du major Coquels pour la préparation de l’attaque, de même que le groupe d’artillerie de la 17e brigade. Pendant le bombardement du village par les deux artilleries, les cyclistes en reconnaissance renseignent que le bois au sud de Weerde (Weerderhoek) est occupé par de l’infanterie et des mitrailleuses ennemies, des groupes de fantassins ennemis sont aperçus à la lisière nord du village de Weerde.

       Une batterie de 75 ouvre le feu sur le bois.

       Pendant les préparations d’artillerie, les dispositions suivantes sont prises :

       Le II/3e chasseurs, débouchant du pont du chemin de fer de la station et de Haesenhof ( ?) se déploie, face au sud, 3e Cie en ligne (2 pelotons en ligne, le 3e en soutien), la 4e Cie en réserve à la gauche.

       Le I/3e chasseurs progresse par la route Malines-Bruxelles et par le chemin pavé Zemst-Weerderhoek, il doit se rabattre vers l’est à hauteur de la borne 18, se déployer le long du talus du chemin de fer et en liaison avec le II/3e ch attaquer le village, le I/3e chasseurs est chargé de l’attaque principale. Les 2 sections de mitrailleuses prennent position à la bifurcation de deux voies ferrées près de la station de Weerde, sur le talus haut de 10 mètres environ, prêts à seconder par leurs feux la progression des deux bataillons.

       Le peloton du génie jette des passerelles sur la dérivation du Lebeek pour permettre le repli des troupes en cas d’insuccès. En cas de succès, il sera utilisé pour la mise en état de défense sommaire du village suivant les ordres donnés ultérieurement.

       La Cie cyclistes tient la liaison avec la 1e D.A. qui attaque Den-Onden-Wippendries. A 16 h, le II/3e chasseurs est déployé à 600 mètres au nord du village, mais le I/3e chasseurs soumis au tir des mitrailleuses ne parvient pas à franchir le chemin borne 18 de la route Bruxelles-Weerde.

       Le II/3e chasseurs, attendant la mise en place des troupes chargées de l’attaque principale, envoie des patrouilles pour la reconnaissance du village. Elles s’approchent à 200 mètres des lisières du village, mais ne peuvent progresser au-delà.

       A 17 h, le I/3e chasseurs ne parvenant pas à déboucher décide, vu l’heure tardive et à l’approche du crépuscule, de tenter une attaque avec le II/3e chasseurs seul.

       Les compagnies, en profitant de tous les couverts du terrain, se portent à hauteur des patrouilles, mais sont accueillies par un feu nourri d’infanterie au moment où elles se lancent à l’assaut. Surprises par l’ouverture de ce feu foudroyant, les troupes s’arrêtent, hésitent et se replient, mais les deux sections de mitrailleuses ouvrent le feu au-dessus des troupes amies et battent la lisière nord du village, les officiers se dépensent, reforment la troupe qui, dans un élan superbe, baïonnette au canon, aux cris de « Vive le Roi », aborde résolument le village, le traverse au pas gymnastique et le force à repasser la Senne et organise immédiatement la position.

       Vers 18 h, le I/3e chasseurs a pu enfin forcer le passage et est venu occuper la partie nord du village. La nuit tomba aussitôt et un violent orage, accompagné d’une pluie diluvienne, gênèrent les opérations.

13 septembre

       Les troupes passent la nuit l’arme au poing, ,le II/3e chasseurs déployé le long des berges de la Senne, le I/3e chasseurs en réserve dans la partie nord du village.

       Le feu de mousqueterie ne cesse pas de toute la nuit, les bois au sud de Weerdebrug sont occupés par l’ennemi. A l’aube, les troupes sont soumises au bombardement par l’artillerie ennemie (105) et les pertes sont assez élevées. 2 Cies du I/3e chasseurs se sont déployées entre la lisière sud de Ward et le chemin de fer immédiatement au nord de Rameerbeek ( ?).

       A 9 h, ordre est reçu de battre en retrait, le but poursuivi étant atteint.

       A 9 h 50, ordre est reçu de reprendre les positions qui venaient d’être abandonnées et qui sont occupées malgré le bombardement et les feux d’infanterie ennemie.

       Toute la matinée, le groupement tien bon et supporte stoïquement un bombardement ininterrompu.

       A 13 h, reçu ordre de battre en retraite avec toute l’armée qui rentre dans la position d’Anvers, sa mission accomplie. Le major Coquels et le groupement sont félicités par le commandant de la D.A. pour la façon énergique dont l’attaque a été conduite.

       Du côté du colonel A.E.M. Ruquoy, la fusillade recommence au lever du jour.

       Resté au milieu des hommes, le colonel se replie en rampant à 150-200 mètres nord-ouest du moulin en ruines pour attirer à lui les 2 compagnies du commandant Hoorenaert et la section de mitrailleuses.

       Du sud, de l’est, de l’ouest partent la fusillade et les feux de mitrailleuses.



Ligne de soldats Prussiens

       Les 2 compagnies Hoorenaert ne pouvaient intervenir efficacement que si elles étaient appuyées fortement à droite, mais cet appui leur manque. Grâce aux fossés profonds, les hommes s’abritent, le colonel ne voit de salut pour sa troupe que dans l’occupation forte de Weerdenhoek pour se replier au groupement de Weerde. Le colonel va communiquer ces instructions aux patrouilles de gauche du commandant Hoornaert qui étaient parvenues à environ 150 mètres de son emplacement quand il vit arriver le cavalier volontaire de guerre de Beauffort. Il lui crie de mettre pied à terre, mais le cheval, excité par le sifflement des balles, s’emballe pour venir frappé à mort à 30 mètres du colonel. Le cavalier rejoint cependant le colonel en rampant et lui remet l’ordre de retraite. « Ce fut une minute terrible pour moi », dit le colonel. Dans la situation grave où il se trouvait, la moindre intervention le sauvait, mais battre en retraite, c’était exposer ses braves soldats à une destruction complète. Une circonstance le sauva : l’ennemi, pour gagner les oseraies à 500 mètres sud-est de la lisière sud-est du château, avait créé un fossé cheminement de 0,80 m à 0,90 m de profondeur partant de la route Zemst-Eppegem jusqu’à l’oseraie est. Le colonel fait signe au sous-lieutenant d’Hespel, adjoint au chef de bataillon, de prendre cette direction.

       Le mouvement commence homme par homme, sous la protection du feu des éléments restant abrités ; le retour se fait avec ordre, les premières fractions repliées prennent position à la gauche des compagnies du commandant Hornaert.

       Le colonel rejoignit la ligne après que la 2e Cie se fut écoulée et ordonna le rassemblement du IIIe au nord du château Linterpoort. Le colonel se rendit ensuite auprès du commandant Hoornaert pour lui ordonner de se maintenir à tout prix en attendant qu’il fût relevé par le bataillon de réserve, puis auprès du général commandant la brigade pour lui rendre compte verbalement des événements survenus.

       Le bilan des pertes peu important avant l’attaque, 15 à 20 blessés avait considérablement grossi.

       Le lieutenant Leynen, commandant la 4E/III était frappé de deux balles, 2 officiers étaient cités comme prisonniers (ont su rejoindre après). La troupe comptait 12 à 15 tués, 75 à 80 blessés et 150 à 200 hommes manquaient au rendez-vous. De ces derniers, la plus grande partie rejoignit avant midi.

       A 16 h 30, ordre de rentrer à Ruysbroeck.

14 et 15 septembre

       Repos au cantonnement.

16 septembre

       La 17e brigade va relever la 16e brigade aux avant-postes, sur la position Capelle-au-Bois, Londerzeel.

       6e chasseurs à Londerzeel.

                                                                                   Ier à Capelle au Bois

3e chasseurs et artillerie 17e brigade                          II à Ramsdonk

                                                                  III et artillerie à Vinneken (nord de Ramsdonk)

17 septembre

       Même mission

18 septembre

       17 h, le régiment est relevé par le 21e de ligne et va cantonner à Willebroek

Du 19 au 21 septembre

       Repos à Willebroek

22 septembre

       La 5e D.A. exécute une reconnaissance offensive sur Buggenhout et Opwijk. La 17e brigade reste en réserve à Pullaar (sud de Sauvegarde).

       18 h, retour à Willebroek.

23 septembre

       Le régiment va relever les avant-postes

       Le I à Capelle-au-Bois

       Le II à Londerzeel

       Le III, 2 batteries et 2 sections de mitrailleuses à Ramsdonk.

24 septembre

       Même mission

25 septembre

       17 h, la brigade est relevée par la 3e D.A.

                                                           Etat-Major et 1ère Cie à St Amand

Le régiment va cantonner                  I à Opdorp

                                                           II à Mariakerke

       Le III (3 Cies) aux avant-postes avec le 6e chasseurs à Londerzeel.

26 septembre

       La 5e D.A. marche sur Buggenhout. La 17e brigade constitue le corps principal.

       Le régiment va prendre une position de rassemblement immédiatement à l’est de Buggenhout. Le III va s’établir vers km 38 du chemin de fer Malines – Termonde. Le soir, cantonnement à Opdorp.

27 septembre

       La division reprend sa marche et se porte à l’attaque. Le 3e chasseurs est en réserve au sud-ouest de Buggenhout.

       A 9 h 38, ordre au 3e chasseurs d’organiser la lisière sud du village en position de repli. Bombardement par l’artillerie allemande.

       14 h, ordre de se replier sur une position est-ouest à hauteur de St-Amand.

       20 h, ordre de cantonner à Oppuurs.

28 septembre

       4 h 30. Départ pour St-Amand à l’effet de reprendre la position de la veille. Immédiatement après, contrordre, le régiment doit se rendre à Hemiksem pour être mis au repos. Arrivée à 11 h.

       20 h, ordre de partir pour Reet, arrivée à 22 h.

29 septembre

       11h, le régiment se porte sur Duffel. Il prend une position de rassemblement au nord de Duffel et à l’est du chemin de fer Malines-Anvers. Le soir cantonnement à Duffel (environs de la gare et papeterie).

30 septembre

       Retour à la position de rassemblement de la veille. Après-midi occupation d’une seconde position de rassemblement à Roetaardstraat.

       Le soir, le régiment cantonne à Lint.



Chasseurs à pied à Duffel

1 octobre

       5h. Le 3e chasseurs est en position de rassemblement à Roetaardstraat 18 h. Le I est envoyé au pont de circonstance à 120 mètres nord-est de Duffel. Le II au pont de chemin de fer Malines-Bruxelles. Le III en réserve derrière le viaduc près du château de Duffel. On reste la nuit sur les positions.

2 octobre

       Violente canonnade toute la journée. Les troupes de la rive gauche de la Nèthe (2e ligne) repassent sur la rive droite.

       14 h. Ordre de se tenir prêts à coopérer à une attaque entre le fort de Wavre Ste Catherine et la redoute du chemin de fer.

       17 h. Ordre d’envoyer le III au pont « Onder Stad » 1200 mètres sud-ouest du clocher de Lier. Une section de mitrailleuses lui est adjointe.

       Le I doit rester au pont de circonstance.

       Le II sera mis en réserve de brigade quand il aura été relevé par la 2 D.A.

3 octobre

       Le III s’est établi entre le pont de Onder Stad et Lachenenbos. Des troupes de la 1ère brigade sont en arrière de le droite du III (vers Heteren). Le I reçoit ordre de s’étendre vers Heteren et d’y faire des tranchées.

       Forte canonnade qui se prolonge toute la nuit.

4 octobre

       Le bombardement continue ; l’après-midi il est très violent.

       13 h 30. Le II reçoit l’ordre de venir renforcer la ligne de la Nèthe. Obligé de faire une marche de flanc parallèle à la Nèthe, il s’établit entre le I et le III.

       23 h. Le 2e chasseurs vient relever le régiment qui se porte en position de rassemblement à Roetaardstraat sauf le II qui retourne s’établir au nord de Duffel.

5 octobre

       Le colonel mandé par le général de brigade pour prendre le commandement de celle-ci se rend à Kontich Casernes. Il y est soumis à un bombardement de grosse artillerie ; blessé il remet le commandement au major Grade.

       12 h, reçu ordre de porter 2 bataillons au sud-est du bois de Loverijk (nord de Lachenen) en repli des troupes en avant. 

       Le II est toujours à Duffel sous les ordres du général commandant la 20 e brigade.

       17 h,  ordre de porter les 2 bataillons en avant pour les mettre à la disposition du colonel commandant le 2e chasseurs à pied à Lachenen. Impossibilité d’exécuter cet ordre, dans le bois on tire derrière les troupes en position. Personne ne peut expliquer ce fait, on suppose que des isolés ennemis ont fait de l’infiltration et sont postés sur les arbres.

       Le commandant de brigade prévenu rapporte l’ordre.

       23 h 30, ordre est donné à toutes les troupes d’exécuter la nuit une attaque à la baïonnette pour refouler les Allemands dans la Nèthe. L’attaque doit se déclencher à 2 h , les fusils déchargés au préalable pour éviter toute surprise.

       Le 3e chasseurs fait partie du groupement de gauche (Général-major Coveliers). Il doit former position de repli pour les troupes d’attaque : le II (bataillon de droite) reste en position à la lisière sud du bois, le I doit se porter à 2 h à la lisière sud-est de Hulst pour prolonger la position de repli.

       2 h, l’attaque se déclenche. A l’instant même où le I se met en marche, éclate une vive fusillade inexplicable dans le bois. Le I exécute cependant son mouvement. Pluie continuelle.

6 octobre

       L’attaque a échoué. Le régiment resté en position de repli reçoit ordre de tenir à outrance pour protéger la retraite. Il y a de nombreux blessés et, malgré des demandes réitérées, il ne vient aucune voiture pour évacuer. On emploie tout ce qui peut être utilisé : chariots, charrettes, brouettes que l’on fait tirer par des hommes valides revenant du combat.

       10 h 30 . Les bataillons ont rempli leur mission ; ils se retirent sous le bombardement au sud de Hove et prennent une position de rassemblement au sud-ouest du château de Boechout où le II rejoint.

       16 h 30, ordre d’aller prendre position de rassemblement au château de Rattennest (sud de Mortsel).

       19 h 30, reçu ordre de se porter en colonne de marche vers la station de Vieux-Dieu.

       23 h 30, reçu ordre de se mettre en marche sur Melsele en traversant l’Escaut au pont de Burcht.

7 octobre

       6 h, arrivée à Melsele. Installation au cantonnement.

8 octobre

       5 h. Départ pour Ertvelde.

9 octobre

       Repos à Ertvelde. Le colonel reprend le commandement.

10 octobre

       4 h. Départ pour Assenede où le régiment s’embarque en chemin de fer. Les chevaux accompagnent l’artillerie par route ordinaire. Passé par Eeklo, Bruges, Roulers. Arrivée à Lichtervelde à 18 h où le régiment cantonne.

11 octobre

       Repos à Lichtervelde.

12 octobre

       7 h. Départ pour Woumen, arrivée à 11 h 30 et cantonnement.

       Le III avec une batterie et la Cie cyclistes ayant formé flanc-garde de gauche de la division.

       Le régiment atteignit ainsi l’Yser, maigre en effectif, exténué de fatigue, mais d’un morale qui s’affermissait de jour en jour et auquel se mêlait une rage sainte devant ce malheur qui atteignait la nation tout entière : l’invasion complète du territoire et les abus qu’elle devait entraîner. La ligne de l’Yser n’avait pas été choisie arbitrairement, mais dans la situation générale du moment, elle était la plus rapprochée de celle où l’armée belge espérait se souder aux forces alliées glissant progressivement vers le nord, dans ce qu’on appelait la course à la mer. Encore fallait-il déployer des prodiges de valeur et d’énergie pour réaliser ce front continu et briser les efforts ennemis dans la formidable bataille des Flandres.

13 octobre

       Le régiment construit une position au sud d’Essen, à la droite du 6e chasseurs. Rentrée à Woumen pour cantonner.

14 octobre

       Vu les pertes subies par l’armée belge, il y a fusion des 3e et 6e chasseurs pour former le 3e chasseurs à pied, auquel est joint une compagnie de carabiniers de forteresse. Continuation de l’organisation de la position, tout le secteur appartient au régiment. Le 1er de ligne fait des tranchées aux environs de Woumen.

       A 10 h, le travail cesse et le régiment doit se porter au nord de Woumen-Dixmude par une pluie battante.

       A 15 h, rentrée au cantonnement, le III à Esen.

       A 17 h, reçu ordre de partir à Houthulst où l’on cantonne, sauf le III à Terrest.

15 octobre

       6h, départ pour la forêt d’Houthulst par la grand route Klerken - Poelkapelle. Le régiment s’établit face au sud à hauteur de la clairière borne 5600.

       Le II à droite, le I à gauche, le III à 200 mètres est de la borne 6 à la lisière du bois.

       Le soir, ordre de rester sur les positions, mais autorisation de cantonner si possible. Le I fournit les grand-gardes au sud-est de la forêt.

16 octobre

       3 h. départ sur Merkem à travers la forêt, de Merkem sur Noordschote et Reninge où le régiment s’établit en position de rassemblement.

       14 h. Le 3e chasseurs est dirigé sur Drie-Grachten, il passe sous les ordres du commandant de la 16e brigade.

       Ordre est donné au régiment de mettre en état de défense la digue du canal entre Drie-Grachten et le front de Knokke. Le I à droite, le III à gauche. La 3/1 en position de repli au petit bois nord-ouest de Noordschote. Le soir, une partie des troupes reste sur la position, l’autre cantonne à Noordschote. Les Français arrivent dans la journée.

       Le II auquel est adjoint une batterie, 90 gendarmes et 25 cyclistes est chargé d’une mission spéciale avec la 4e D.A. française vers la forêt d’Houthulst.

       Il part le 17 à 5 h et va s’établir en grand-garde au sud de la forêt et organise (les 18 et 19) une position de repli pour la cavalerie française à Stadzieke, face à l’est.



Merchem

       Le 19 au soir, une vive fusillade du côté de l’ennemi, la cavalerie se retire.

       Le 20 à 7 h 30, le II reçoit l’ordre d’organiser une tête de pont en avant de Drie Grachten.

       Le 21 à 10 h, la position est attaquée par de fortes colonnes allemandes débouchant de la forêt. Le combat s’engage et dure jusque 14 h, heure à laquelle les troupes reçoivent ordre de se porter au pont de Knokke.

       Elles organisent la digue de l’Yser et leur mission avec la cavalerie française est terminée.

17 octobre

       Continuation des travaux entre Drie Grachten et le pont de Knokke. Le soir, cantonnement et bivouac sur la position.

18 octobre

       6h, les grenadiers nous relèvent à Drie Grachten et nous devons nous porter sur Lampernisse pour soutenir l’action des fusiliers marins sur l’Yser.

       Le régiment prend une position de rassemblement à St Jans Molen, ferme 1 km NNE de Lampernisse. Le soir, marche de nuit pour aller cantonner pendant 3 heures à Hoogstade à St Rijkers.

19 octobre

       Départ la nuit pour arriver à 7 h à St Jans Molen (emplacement de la veille).

       Dans la matinée, ordre de coopérer à l’attaque de Vladslo avec les fusiliers marins et les goumiers.

       12 h, arrivée à Esen.

       Ordre de marcher sur Vladslo.

       Le I forme l’avant-garde, le III la colonne principale. On doit prendre l’offensive et pousser vers le nord. A peine l’avant-garde a-t-elle dépassé le village qu’elle est soumise au feu et doit se mettre sur la défensive. Bombardement du village et de ses abords, on apprend qu’une colonne allemande débouche du bas et marche vers Bovekerke.

       Le III envoie une compagnie au sud-est de Vladslo relever les fusiliers marins, une autre est désignée pour soutenir l’artillerie établie au sud de la localité. L’attaque adverse se dessine sur notre droite, on renforce celle-ci successivement pour ne pas être enveloppé.

       Vers 17 h, la 1ère brigade prend l’offensive sur Bovekerke, vive fusillade.

       A 18 h, ordre de se retirer sous la protection des troupes de la 1ère brigade établie en arrière du canal d’Handzame.

       Le régiment va cantonner à Nieuwkapelle où il arrive à 23 h 30 sauf le 2/I (commandant Smeyers) soutien d’artillerie qui n’a pas été touchée par l’ordre de retraite et qui est restée à son emplacement au sud de Vladslo.

       Le matin du 20, ne voyant plus personne, le commandant envoie des reconnaissances qui viennent l’aviser de ce qu’une importante colonne allemande débouche de Vladslo et se dirige vers Esen.

       L’ennemi, qui ne s’éclaire pas suffisamment, ne s’aperçoit pas de la présence de la compagnie belge. Celle-ci bien dissimulée laisse défiler sur la route une grande partie de la colonne adverse et ouvre soudain un feu rapide à 45 mètres. Grande déroute chez les Allemands qui fuient en désordre sur Vladslo.

       Cependant, sous les couverts du village, les troupes allemandes sont reformées, elles se reportent en avant et ouvrent le feu. La compagnie belge se rabat vers le sud jusqu’au canal, suit la berge intérieure, passe le canal au pont route nord-ouest d’Esen et s’établit dans les tranchées creusées la veille en cet endroit.

       Elle ouvre à nouveau le feu sur l’adversaire, mais elle est bientôt obligée de se retirer, les hommes n’ont plus de munitions et de plus, ils sont soumis au feu de l’artillerie belge dirigé sur la colonne allemande.

       Elle se reporte à Esen, sert momentanément de soutien à un détachement de cavalerie occupant le village, puis se retire dans la direction de St Jacques-Capelle, arrive à l’Yser où elle retrouve par hasard son bataillon en tranchées. Son passage s’opère avec des barques.

20 octobre

       Le matin position de rassemblement à l’est du clocher de Nieuwkapelle. Ordre de creuser les tranchées le long de l’Yser depuis « de Raap » cabaret jusque 1324.

       Le soir, cantonnement à Nieuwkapelle sauf un peloton par compagnie qui reste sur la position.

       La nuit, reçu ordre que la position devra s’étendre du petit bois (19.600 de l’Yser) jusqu’au pont de Knokke.

21 octobre

       A 6 h, les troupes occupent leurs emplacements de combat. A 10 h 15, éclate une violente fusillade et le bombardement de nos tranchées commence.

       Le soir, les bataillons sont autorisés à cantonner immédiatement en arrière de leurs positions tout en gardant celles-ci.

22 octobre

       Au jour, les troupes se reportent sur la position, mais le régiment ne doit plus occuper que la partie nord du secteur, c'est-à-dire jusque de Raap cabaret. Le bombardement continue.

       A 17 h, reçu avis que la 1ère D.C. va nous relever (ordre rapporté).

       A 12 h, reçu même avis, mais la relève ne se fait qu’à 4 h et le régiment reste sur la position.

23 octobre

       A 4 h 30, reçu ordre de se porter à Pervijze sans perdre de temps ; mais il faut attendre que la relève soit faite, les premiers éléments se mettent en marche à 6 h 30 par Oudekapelle et Oostkerke. La compagnie de carabiniers de forteresse reste comme soutien d’artillerie avec la 1ère D.C.

       Arrivée en vue de Pervijze vers 9 h 30. Le village est bombardé. Ordre de se porter avec le III à la borne 6 de la route Pervijze-Schore et de se mettre à la disposition du commandant de la 2e brigade (général Lechat).

       Le I reste en réserve à la ferme Groenepoort (ouest de Pervijze). Le III va prendre position à hauteur de l’est de la borne 5.800 de la route Pervijze-Schore.

       19 h. Ordre au I de se porter en avant. Il est arrêté dans Pervijze bombardé et passe la nuit sous les armes dans le village.



Ruines de Pervyse

24 octobre

       Le III conserve sa position. A 6 h, le I est d’abord porté au chemin de fer, au sud de la gare, puis il est poussé sur le Beverdijk, face à Stuivekenskerke, il prolonge la droite du III. A notre gauche, se trouvent des volontaires qui s’appuient à la route. A gauche de la route 1 bataillon de grenadiers, sur la droite des fusiliers marins. Le colonel reçoit l’ordre de prendre le commandement de ces deux bataillons et du I/2 chasseurs à pied en réserve à l’ouest de la borne 6.

       La canonnade et la fusillade continuent.

       Arrivé au Beverdijk, le I est fortement mitraillé par le feu de l’infanterie allemande, il creuse rapidement des tranchées et ouvre le feu. La compagnie de mitrailleuses est envoyée pour soutenir le I, elle s’intercale dans le bataillon.

       L’artillerie amie tire avec précision. Les Allemands ont des pertes sérieuses et se retirent.

       Le violent bombardement des batteries adverses ne discontinue pas. L’après-midi, le général Lechat fait demander s’il est possible de prendre l’offensive. Le colonel répond négativement. Le général informe de ce qu’elle sera prise dans la nuit par 2 bataillons de ligne, mais elle n’a pas lieu.

       Vers le soir, de nouvelles troupes allemandes débouchent du château Vicogne, elles accueillies par le feu.



Château de Vicogne

       Le soir, le II/1er chasseurs est mis à la disposition du colonel pour prolonger notre droite.

       La nuit suspend le combat. Le tir de l’artillerie allemande se ralentit.

25 octobre

       Au jour, le bombardement reprend toujours avec violence. Le colonel A.E.M. Ruquoy établit son PC à 150 mètres au nord-est de la station de Pervijze et il y est blessé d’une balle de fusil à 9 h 15.

       Le major Coquels prend le commandement.

       Le tir d’infanterie dure toute la journée, tantôt lent, tantôt très nourri. A plusieurs reprises, des colonnes ennemies marchent du sud au nord, se présentent de flanc et sont décimées par le feu des mitrailleuses (hausse de 600 mètres). L’infanterie adverse fait d’énormes pertes.

       Le soir, le feu d’infanterie cesse, mais le bombardement continue. Les hommes tiennent stoïquement, bien qu’ils soient harassés et peu ravitaillés. Pour soutenir le moral, on annonce matin et soir l’arrivée de renforts français.

26 octobre

       La nuit a été très mauvaise : bombardement, pluie et tempête. Au jour, le feu d’infanterie reprend.

       Vers 11 h, mouvement dans la ligne, les troupes à notre gauche ont cédé, la ligne recule de proche en proche par échelon au fur et à mesure que chaque unité sent son flanc gauche menacé. Les mitrailleuses ont soutenu le mouvement, brûlant toutes leurs cartouches. Ils se retirent ensuite faisant leur possible pour emporter leurs pièces, mais plusieurs porteurs sont blessés et 4 mitrailleuses doivent être abandonnées. Elles sont jetées dans un fossé rempli d’eau pour ne pas les laisser aux mains de l’ennemi.

       Quelques jours plus tard, des mitrailleurs sont allés rechercher 3 de ces pièces.

       Le bataillon du 2e chasseurs prend position en arrière du chemin de fer à l’est de la route.

       Vers 13 h, les compagnies du régiment sont postées en arrière du chemin de fer au sud de la gare, elles achèvent de mettre cette ligne en état de défense. La canonnade continue.

27 octobre

       Le régiment occupe toujours le chemin de fer et il y a une canonnade ininterrompue, feux d’infanterie par intermittence. La seule mitrailleuse en état de fonctionner est placée à la gare.    

       Il existe une trouée en cet endroit.

       A 12 h, une compagnie du 9e vient s’y placer. Le bataillon du 2e chasseurs appuie jusqu’à cette compagnie.

28 octobre

       A 3 h 45, reçu ordre d’envoyer en arrière la II/1er chasseurs et d’étendre la ligne de façon à occuper le chemin de fer depuis la borne 7.300 jusqu’au Beverdijk avec les 2 bataillons du régiment.

       6 h, violente fusillade à gauche, le I/3e chasseurs continue à défendre la gare. Il doit être relevé par le 1er grenadiers.

       Lorsque ce régiment arrive, il demande que le 3e chasseurs assure la défense de la gare, 1 compagnie plus 1 peloton du III y sont envoyés. Par suite d’un malentendu entre le « e chasseurs et les grenadiers, le I/2e chasseurs n’est pas relevé.

       Le bombardement est intensif, même la nuit.

29 octobre

       5 h, le I/2e chasseurs est relevé par une compagnie de grenadiers. Il est mis en réserve dans les tranchées en arrière de la ligne.

       11 h 30. Reçu avis que les troupes seront relevées dans la nuit.

       Violentes fusillade et canonnade.

30 octobre

       3 h. le régiment est relevé. La relève se fait sous un feu vif d’infanterie. Il quitte le champ de bataille pour se  rendre par Avekapelle à Vinkem où il arrive à 10 h 20.

       A 13 h, ordre de se tenir prêt à partir.

       Le régiment cantonne cependant à Vinkem où le II rejoint.

       Le bataillon après avoir terminé sa mission avec la cavalerie française à la forêt d’Houthulst a organisé la rive de l’Yser au front de Knokke. Il a ensuite été dirigé par Lampernisse sur Oostkerke et l’Yser où il a pris part aux opérations dans les maisons du pétrolifère (Be 16 de l’Yser) avec des troupes du 2e chasseurs et du 1er. Le régiment eut donc à subir pendant 10 jours et 10 nuits les assauts des vagues allemandes, mais il récolte les lauriers de ces efforts surhumains.

       « Ces unités décimées, mais d’un moral étonnant, se cramponnant au dernier lambeau du territoire, arrêtèrent la marche sur Calais et glorifièrent à jamais l’histoire de la Belgique .»

       Beaucoup de nos chefs, dont le colonel A.E.M. Rouquoy et de nos camarades étaient malheureusement hors de combat. Beaucoup d’autres plus malheureusement encore avaient rendu leur dernier soupir dans ces plaines de l’Yser en faisant de leur poitrine une barrière infranchissable aux Teutons.

       Le 3e chasseurs fut parmi les régiments qui peuvent inscrire « Ijzer » sur leurs drapeaux.

31 octobre

       Repos.

1er novembre

       Revue par le commandant de la brigade.

2 novembre

       14 h. Ordre de se tenir prêt à partir.

       18 h 30. Départ de Vinkem pour aller cantonner à Pollinkhove. Le II cantonne à Hoogstade.

3 novembre

       6 h. Départ pour Stavele où le régiment est chargé d’organiser la défense de l’Yser.

       Le II organise une tête de pont en avant de Stavele.

       Le I profile la digue et la partie de l’est du chemin du Heek-Stavele.

       Le III profile la digue et la partie à l’ouest du même chemin.

       La 16e brigade est à notre gauche.

       16 h. Suspension du travail. Cantonnement à Leisele.

4 et 5 novembre

       6 h. Départ pour aller reprendre le travail aux mêmes endroits.

6 novembre

       Le départ pour le travail est contremandé.

       11 h. reçu avis que la 5e D.A. doit relever la 6e D.A.

       13 h. Le régiment est rassemblé au sud de Leisele.

       Reçu ordre d’aller cantonner à Alveringem.

7 novembre

       Repos

8 novembre

       A 16 h, départ pour les tranchées. La 17e brigade relève la 16e à l’est d’Oostkerke, en arrière de l’Yser.

       Le III à droite de la maison de Burg au fleuve, en couronnant le chemin pavé.

       Le II à la gauche du III au nord-est du chemin de fer.

       Le I en réserve, le long de la voie ferrée de la borne 3.500 à la borne 4.500.

9 novembre

       Même situation. Canonnade intermittente. L’inondation s’étend.

10 novembre

       Même situation. La brigade doit être relevée le soir, mais on apprend que Dixmude est repris par les Allemands et il y a contrordre pour la relève.

11 novembre

       La canonnade intermittente continue. Le pétrolifère et les maisons avoisinantes abritent toujours des Allemands, bien que ces constructions aient été bombardées.

       A 19 h, le II, relevé par le III/2e chasseurs se retire à Oostkerke en cantonnement d’alerte.

       Le I et le III permutent (le III se mettant en 2e ligne).

       Le régiment passe sous les ordres du commandant de la 16e brigade.

12 novembre

       Même situation.

13 novembre

       Même situation. Le I est relevé par un bataillon du 2e chasseurs et va en cantonnement d’alerte à Oostkerke.

14 novembre

       Même situation.

15 novembre

       Même situation. Le régiment est relevé. Départ pour Alveringem.

Du 16 au 23 novembre

       Cantonnement à Alveringem, les troupes prêtes à marcher à partir de 8 h. certains jours, un bataillon travaille aux tranchées du canal de Loo.

24 novembre

       La 5e D.A. reprend le service aux tranchées à Oostkerke.

       1 aux tranchées

       2e ch, cantonnement d’alerte

       3e ch, repos à Alveringem

25 novembre

       Même mission

26 novembre

       Le 2e chasseurs relève le 1 aux tranchées.

       Le 3e chasseurs en cantonnement d’alerte (II et III à Alveringem, le I à Oostkerke.

27 novembre

       Même mission

28 novembre

       Le 3e chasseurs relève le 2e chasseurs aux tranchées.

       Et ainsi de suite jusqu’au 6 décembre, chaque régiment allant 2 jours à la garde des tranchées, 2 jours au repos et 2 jours au cantonnement d’alerte.

6 décembre

       Le régiment est relevé par les carabiniers. Le I et le III vont cantonner à Alveringem, le II à Vinkem.

7 décembre

       Repos au cantonnement

8 décembre

       La 5e D.A. va occuper le secteur compris entre la pointe nord du bois de la borne 19 de l’Yser jusqu’au pont de Knokke, secteur qui était occupé par les Français.

       Le régiment va en 1ère ligne. La relève commencée à 17 h est terminée à 23 h 50.

       Notre droite est prolongée par des troupes françaises. Les autres troupes de la 5e D.A. cantonnent à Loo et environs.

9 décembre

       Ordre d’étendre la position au nord jusqu’à la borne 19 pour souder la ligne à la 6e D.A. qui la veille a dû prolonger son front jusque là.

10 décembre

       Une nouvelle répartition est faite entre les bataillons.

       A 8 h 55, le régiment est relevé par le 1 et va cantonner à Loo (rural).

Du 11 au 17 décembre

       Repos au cantonnement.

18 décembre

       A 15 h, le 3e chasseurs relaye le 2e ch aux tranchées.

20 décembre

       Le 3e chasseurs est relevé par le 1er chasseurs. Le II cantonne à Lo, le III à St Hicquiers.

       A 22 h 15, bombardement de Lo. Le I qui n’était pas encore arrivé à Lo va cantonner à Alveringem.

21 et 22 décembre

       Repos au cantonnement. Le I peut cantonner à Lo (rural), route d’Hazerwind.

23 décembre

       Le II relève à la tête de pont sud de la borne 19 de l’Yser le bataillon du 2e chasseurs qui a établi cette tête de pont.

24 décembre

       Le I, à 7 h 30, est mis à la disposition du commandant de la D.A. Il prend une position de rassemblement le long de la route Lo-Hazerwind. Le II est en tête de pont, le III à Sint-Rijkers.

25 décembre

       2 compagnies du III se rendent à l’Yser pour y commencer l’extension de la tête de pont vers le sud.

       Les travaux sont protégés par un bataillon du 2e chasseurs sur la rive ouest, 2 bataillons du 2e chasseurs sont restés sur cette rive. Le II/3e chasseurs est toujours en tête de pont. Les troupes sont sous le commandement du général de Steen. Le chef de corps commande spécialement celles qui occupent la tête de pont. Son P.C. est établi dans une ferme à 300 mètres au sud-ouest du clocher de St Jacques Capelle. Bombardement intermittent.

26 décembre

       Continuation des travaux.

       Le II est relevé par le I à la tête de pont. Le II s’établit plus au sud, sur la rive ouest, il est chargé de la protection des travaux. Les 2 compagnies restantes du III relèvent le 2e chasseurs au pont de Knokke.

       Bombardement intermittent.

27 et 28 décembre

       Continuation des travaux. Envoi de reconnaissances. Bombardement assez violent.

29 décembre

       Relève par le 1er, le régiment va cantonner : le I route de Pollinkhove, Alveringem, les II et III à Lo-Rural.

1915

Du 30/12 au 3 janvier 1915

       Repos au cantonnement.

       Le régiment relève le 2e chasseurs

       Le I au pont de Knokke à la borne 20.500

       Le III de la borne 20.500 à la borne 19 et tête de pont sud

       Le I tête de pont nord.

5 janvier

       La tête de pont sud n’est plus occupée le jour que par un peloton. Bombardement intermittent.

6 janvier

       Même situation. Après-midi, violent bombardement. Suppression des brigades mixtes.

7 janvier

       Le régiment est relevé par le 1. Il cantonne à Lo-Rural et Lo-Brugge

Du 8 au 12 janvier

       Repos dans le cantonnement.

Du 12 janvier au 11 février

       La 5e D.A. est au repos. Le régiment cantonne à Houtem jusqu’au 21 janvier, puis à La Panne et Bray-Dunes où les bataillons s’exercent journellement pour la défense de la côte.

       Le 18 janvier, formation du Ive bataillon.

       Le 28, le major A.E.M. Rademackers prend le commandement du régiment.

       Les 12,13 et 14 février, les bataillons et les compagnies de mitrailleuses sont dirigés sur Forthem et Alveringem. La 5e D.A. va relever la 6e D.A. dans le secteur de Dixmude.

       Le 14, le III relève le 2e chasseurs dans le S.S.N.

Du 14 février au 14 juin

       Occupation du S.S.N. de Dixmude de la borne 16 à la borne 17.350 de l’Yser.

 

                                      1 bataillon en tranchée

Jusqu’au 23 avril           1 bataillon de piquet                 1 colonel pour tout le secteur

                                      1 bataillon au repos                   de la D.A.

 

                                       2 bataillons en tranchée  

Jusqu’au 14 juin                                                              1 colonel par S.S.

                                       2 bataillons au repos                                                 

       Les bataillons au repos travaillent aux lignes de défense en arrière de la ligne principale.

       Les tranchées et les terrains en arrière sont soumis à des bombardements fréquents et souvent violents.

       La situation des hommes dans ce secteur est fort pénible surtout à partir du moment de l’établissement de la tête de pont nord de Dixmude.

       En mai 1915, lors d’une importante attaque française en Champagne, il est décidé qu’une démonstration aura lieu sur notre front.

Nuit du 9 au 10 mai

       Sous les ordres du lieutenant colonel A.E.M. Rademaeckers, le 3e chasseurs a mission de passer le fleuve et de s’installer en tête de pont au nord de Dixmude.

       Cette opération doit se faire la nuit et, dans le même nuit, la 3e D.A. doit attaquer et enlever les tanks à pétrole. Le 1er peloton des P. avait reçu l’ordre de jeter des passerelles sur le fleuve.

       Aussitôt le travail terminé, 2 compagnies doivent passer sur la rive est. Elles ont pour mission d’attaquer l’adversaire qu’elles rencontreront éventuellement, d’occuper et d’organiser les 2 fermes A et B qui se trouvent à quelques centaines de mètres en avant et d’organiser des tranchées au nord et au sud de la partie inondée de la rive est. Les fermes et les travaux doivent être conquis et il faut s’y maintenir à tout prix. Des mitrailleuses seront établies dans les fermes, pointes d’appui.

       Le III désigne E2 de ses compagnies pour exécuter l’opération (3e et 4e).

       Dès que les moyens de passage le permettent, c'est-à-dire à 21 h 40, le passage commence. Les premiers éléments s’établissent sur la rive est et ouvrent le feu contre de fortes patrouilles ennemies, pour protéger le passage des éléments suivants . Ces détachements adverses sont refoulés et l’occupation se fait avec une facilité relative et sans trop de pertes.

       Vers 23 h, les travaux d’organisation sont entamés, des fractions d’autres compagnies aident pour transporter les matériaux. Le travail devenu pénible sous le bombardement de l’artillerie ennemie est suspendu de 10 h à 3 h.

       A 3 h, le chef de corps reçoit avis du colonel du 1er chasseurs que l’attaque des tanks à pétrole par la 3e D.A. a échoué. Cet échec rend difficile la situation de nos troupes en tête de pont, qui pourraient être prises en enfilade par l’ennemi établi aux tanks.

Journée du 10 mai

       Ces compagnies en tête de pont sont dans une situation très précaire. Protégées par quelques sacs de sable, elles sont fort exposées.

       Durant toute la journée, la tête de pont et les tranchées de la digue sont soumises à un violent bombardement de pièces de tous calibres, surtout à partir de 13 h.

       Pour juger de la violence de celui-ci, il suffit de savoir que de 13 à 15 h, 235 projectiles (obus et shrapnels) sont tombés rien que sur la partie nord de la tête de pont.

       Une légère accalmie se produit jusque 19 h, heure à laquelle le bombardement reprend violemment.

       De nombreuses tranchées de combat sont bouleversées, surtout aux abords des passerelles que l’artillerie adverse cherche à démolir. La plaine en arrière est arrosée également de projectiles, ce qui rend extrêmement difficile l’arrivée des 2 bataillons qui doivent faire la relève.



Dixmude 1914 – Les Belges arrêtant les Allemands sur le vieux pont de l’Yser

Nuit du 10 au 11 mai

       Première attaque de la tête de pont.

       Un prisonnier allemand fait dans la soirée avertit qu’une attaque allemande va se produire. 4 bataillons venant de Keiem doivent s’emparer de la tête de pont.

       Vers 21 h, les premiers coups de feu sont tirés sur les troupes occupant la partie sud de la tête de pont. Notre infanterie et les mitrailleuses ouvrent le feu, une accalmie se produit.

       Des éléments du IV arrivés pour la relève sont envoyés sur la rive est pour renforcer.

       Peu après, au moyen des projecteurs, on peut voir les Allemands travailler à une tranchée ; l’infanterie et les mitrailleuses tirent sur eux, mais entretemps la ligne adverse s’est développée ; elle s’étend devant tout le front ; son effort principal semble être porté sur la ferme B (au sud).

       Le feu est d’une extrême violence, de part et d’autre. L’artillerie exécute plusieurs barrages.

       A un moment donné, les Allemands s’élancent à l’assaut, mais l’intervention de notre feu les arrête brusquement.

       Ils rouvrent le feu. Les défenseurs de la ferme B (1 sergent et quelques hommes) résistent assez longtemps, secondés par les mitrailleuses établies dans une tranchée à proximité.

       Vers minuit, cependant, ils n’ont plus une seule cartouche, le sergent est blessé et les hommes sont obligés de quitter le point d’appui que l’ennemi occupe immédiatement, pour se porter dans la tranchée des mitrailleuses qui continuent à tirer.

       L’ordre est donné à la 2e compagnie du IV de renforcer les troupes de la tête de pont et de reprendre la ferme B.

       Les tirailleurs parviennent jusqu’à ce point d’appui, tirent par l’ouverture des créneaux, ainsi que sur les Allemands qui se montrent aux fenêtres et sur ceux qui fuient.

       L’adversaire ne résiste que quelques instants. A un moment donné, un chiffon apparaît à une fenêtre et les Allemands sortent de la ferme en levant les bras, d’autres postés derrière les meules se rendent également : ils sont 37 prisonniers. Sur ces entrefaites, le jour est venu, les Allemands se sont retirés, leur attaque a échoué et nous redevenons maîtres de toute la tête de pont. Le calme se rétablit et la relève s’effectue.

Ordre du jour du commandant de la 5e D.A.

       Des forces assez importantes d’infanterie ont attaqué la nuit dernière, après un violent bombardement, la tête de pont à l’organisation de laquelle une nuit seulement avait pu être consacrée. Les troupes du 3e chasseurs à pied ont repoussé brillamment l’adversaire en lui infligeant de sérieuses pertes et lui faisant 37 prisonniers.

       Le 3e chasseurs a confirmé, en ces circonstances, les qualités de calme, de décision et d’énergie dont il avait fait preuve la nuit précédente au cours de son passage sur la rive est de l’Yser.

       Je réitère au commandant, aux officiers, aux gradés et aux soldats du 3e chasseurs l’expression de mon entière satisfaction et je ne doute pas que, s’inspirant de son exemple, toutes les troupes de la D.A. sauront, quand il le faudra, se sacrifier pour la défense de la Patrie contre l’ennemi exécré.

Se sont distingués au cours des opérations :

        Capitaine LEURS : commandant la 3e/III, blessé deux fois à la tête, conserva néanmoins le commandement de son unité.

        Le S/Lieutenant DEBAISIEUX : qui par son énergie, son sang froid, son courage, a rendu à ses hommes la confiance nécessaire pour garder une position devenue précaire. Il s’est porté résolument en avant pour aller reconnaître sous un feu très violent d’infanterie et de mitrailleuses la position occupée par l’ennemi.

        Le sergent KNAEPEN : a fait preuve d’une grande énergie et d’un réel sang froid dans la défense de la ferme B où il fut blessé.

        Le sergent VELGHE : se montra très brave au feu et assura d’une façon permanente la liaison entre sa section et son chef de peloton dont il était assez éloigné.

        Le sergent RAEDEMACKERS (4/III) avec quelques hommes : les soldats FREDERIC, CLEMENT et DESMET, s’est porté résolument sur un blockhaus, en a délogé l’ennemi et s’est comporté durant les deux nuits (9/10 et 10/11) avec une bravoure au-dessus de tout éloge.

        Les soldats BARON DE HEUSCH Fernand V.G. et NORTIER A. mitrailleurs qui, bien que blessés assez grièvement à la tête, sont restés à leurs postes pendant tout le combat pour faire le coup de feu.

Nuit du 11 au 12 mai

       Deuxième attaque de la tête de pont.

       Après la relève dans la matinée du 11, la tête de pont est occupée par 2 compagnies du IV, les autres compagnies de ce bataillon sont en arrière, à la digue, et le I est établi dans les tranchées de la digue, plus au sud.

       Pendant la journée du 11 et la nuit du 11 au 12, la 1ère et la 2ème lignes sont soumises à une canonnade presque ininterrompue et, entre 22 h 30 et 2 h 30, à un bombardement intense, qui nous cause assez bien de pertes, surtout en officiers.

       Vers 2 h, le commandant de la partie sud de la tête de pont (Lieutenant RAMBEAUX) entend l’ennemi s’approcher, mais le brouillard le masque. L’adversaire s’approche sans tirer jusqu’à 50 mètres de nos tranchées. Notre compagnie et la section de mitrailleuses l’aperçoivent seulement alors et ouvrent le feu qui dure 15 minutes environ. L’ennemi, sous un feu nourri, bat précipitamment en retraite, sauf une fraction qui parvient à s’emparer de la ferme B, malgré une défense acharnée à la baïonnette. Cette habitation est d’ailleurs bientôt reprise par nos troupes.

       Au moment où le brouillard se dissipe, il ne reste plus devant la partie sud de la tête de pont qu’une centaine de cadavres et des blessés allemands et une quinzaine d’hommes valides qui sont faits prisonniers.

       Les forces adverses qui ont attaqué sont évaluées à 500 hommes porteurs de grenades.

       A la partie nord de la tête de pont, nos troupes sont soumises à une vive fusillade, mais il n’y a pas d’attaque proprement dite. Une de nos patrouilles attaque avec succès un poste de surveillance ennemi.

Troisième attaque de la tête de pont.

       Le 26 mai vers 18 h, une vive fusillade éclate soudain à la tête de pont partie nord. On ne se rend d’abord pas bien compte de ce qui se passe : des hommes lèvent les bras.

       A la digue, les uns prétendent que ce sont des Allemands qui s’approchent dans cette attitude pour se rendre. Cette partie de la tête de pont est gardée par un peloton et des mitrailleuses. De toute façon, des Allemands tirent et c’est une attaque. Le major commandant la tête de pont ordonne au commandant qui a fourni le peloton de garde, de passer sur la rive est avec deux autres compagnies, du renfort est demandé au bataillon sud.

       Ordre est donné d’établir un barrage de feux pour isoler les assaillants.

       La compagnie chargée de contre-attaquer s’est portée énergiquement en avant, elle est soumise à une fusillade intense, perd son chef (le lieutenant Henry, grièvement blessé) et une partie de son effectif, mais parvient cependant à 19 h 15 à reprendre un élément de la tranchée.

       L’artillerie de la 3e D.A. tire sur les tanks à pétrole et au-delà, l’artillerie allemande fait également un barrage de feu.

       Les bataillons qui devaient relever sont en route.

       A la tête de pont, une nouvelle compagnie est lancée en avant ; son chef, le capitaine Van Egros, est tué.

       La fusillade est intense, les passerelles sont soumises à un tir violent d’artillerie.

       A 21 h 10, toutes nos tranchées sont reprises. Un nouveau personnel est placé avec les mitrailleuses qui étaient restées sur place. 3 Allemands sont faits prisonniers et l’un d’eux annonce qu’une nouvelle attaque allemande par 3 compagnies va avoir lieu. La fusillade n’a pas cessé.

       A 22 h 25, un tir de mitrailleuses et un tir au fusil laissent croire qu’une  nouvelle attaque se produit. On fait exécuter immédiatement un barrage de feu de 5 minutes. Le IV, qui doit relever, arrive en ce moment par petits paquets à cause du tir de l’artillerie adverse. On tient ces éléments prêts à intervenir, la 1ère Cie est postée dans les boyaux prête à contre-attaquer.

       Cependant, l’attaque ne se produit pas. La fusillade et la canonnade continuent une bonne partie de la nuit.

       La 1/IV a été chargée de l’attaque d’un poste avancé, mais cette opération n’a pas réussi.

       Vers 2 h, ordre est donné d’opérer la relève. La fusillade recommence avec intensité, mais on parvient cependant à faire la relève. Vers 3 h 40, un calme relatif renaît et, peu à peu, le combat cesse.

       En réalité, les Allemands s’étaient glissés le long de la berge intérieure de l’Yser et avaient surpris la sentinelle placée en ce point (A remarquer qu’en cet endroit, le front belge s’écartait du fleuve). D’autres groupes s’avançaient sur les tranchées et la ferme formant point d’appui.

       Les Allemands avaient levé les bras, nos hommes croyant qu’ils venaient se rendre étaient en partie sortis de leurs tranchées et s’étaient portés en avant pour les prendre, mais ce n’était qu’une ruse, et nos hommes furent pris au lieu de prendre.

Militaires qui se sont distingués au cours de cette action

       Major TASSIER, qui commandait le SSN dans la journée du 26 et qui, dès le début de l’attaque allemande, s’est rendu à la 1ère ligne, a traversé l’Yser et, de la rive est, où il était exposé à un tir d’infanterie et à un feu d’artillerie très intense, a dirigé les opérations avec un à propos, un calme, un sang-froid et une énergie dignes de tous éloges.

       HENRY H.Ch. lieutenant de réserve, décoré de la médaille du Congo, qui n’a cessé de faire preuve du plus grand courage depuis le début de la campagne, qui s’est toujours offert pour remplir des missions dangereuses, et a dirigé plusieurs reconnaissances très périlleuses.
Cet officier a été grièvement blessé en conduisant sa compagnie à l’assaut pour reprendre, à la tête de pont nord de Dixmude, une tranchée occupée par les Allemands.

       POUILLON, sergent milicien de 1914, qui a assuré lui-même l’approvisionnement de cartouches avec un poste avancé en contact avec l’ennemi. Blessé grièvement pendant un assaut a voulu immédiatement reprendre le commandement de sa section.

       SMEYERS P. capitaine-commandant, officier de grand mérite, très brave, très énergique et très décidé, qui s’est fait remarquer par sa façon de faire au cours de l’établissement de la tête de pont où il a été légèrement blessé par une balle de fusil. A contribué pour une très large part à la réussite de cette entreprise.
Désigné pour prendre le commandement des troupes de la tête de pont nord, lors de l’attaque du 26 au 29 mai, a par l’exemple qu’il n’a cessé de donner, contribué à la reprise d’une tranchée occupée par l’adversaire.

       RADEMACKERS Ch, sergent, volontaire de guerre, chevalier de l’ordre de Léopold II qui, au cours des opérations du 26 au 27 mai, s’est signalé, comme au cours des opérations antérieures, par sa belle attitude au feu.

       VAN EGEROO, capitaine au 2e, chevalier de l’ordre de Léopold, tué au combat devant Dixmude le 27 mai en lançant sa compagnie à l’assaut.

       DISEUR, lieutenant, commandant la 1ère Cie de mitrailleuses, officier qui n’a cessé de faire preuve d’initiative intelligente, de zèle et de dévouement, s’est multiplié au cours des opérations du 26 au 27 mai en dirigeant d’abord le feu des mitrailleuses à la digue, et en assurant ensuite, sans le moindre retard, le service des 2 mitrailleuses de la tête de pont nord qui avaient été abandonnées par le personnel desservant.

       CRABBE, capitaine commandant. Par l’énergie, l’audace et la ténacité dont il a fait preuve au cours des combats livrés pendant la campagne et les nombreux exemples de sang-froid, de courage et de bravoure qu’il a donné à sa troupe, et particulièrement sur l’Yser et à la tête de pont de Dixmude où il a été blessé d’une balle à la tête.

       Aumônier SPILLOES qui, assez grièvement blessé au bras par un éclat de shrapnell, a continué pendant plus de trois heures à soigner les blessés qu’il allait secourir jusque la rive est, les ramenant ensuite au poste de secours. A refusé de se laisser évacuer.

Du 27 au 28 mai

       4e attaque de la tête de pont.

       Pendant la journée du 27, les occupants de la tête de pont sont soumis à une fusillade intermittente ; la canonnade a été constante sur la tête de pont, sur la partie nord, principalement les passerelles et les tranchées de la digue.

       Tout cela fait présager une attaque pour la nuit. Néanmoins, dans la soirée, on commence la relève des défenseurs de la tête de pont. Dans la partie sud, elle se fait assez facilement, mais dans la partie nord, elle donne lieu à une recrudescence du feu d’infanterie, de mitrailleuses et d’artillerie. Une partie des troupes relevées restent dans les tranchées pour parer à toute éventualité.

       A 23 h 30, après une vive fusillade, on entend les Allemands pousser des cris divers : Kamaraden ! Vorwards ! mais un feu nourri de nos tranchées les empêche de se porter en avant. Le feu continue jusque 1 h. A ce moment, redoublement de feu, on entend encore les cris des Allemands mais ils ne peuvent avancer.

       A 1 h 30, le calme se rétablit et à 2 h 30, l’occupation normale de la tête de pont est reprise.

       Dans le courant de la nuit, on apprend qu’une attaque allemande a eu lieu également dans la direction du pétrolifère (3e D.A.)

Du 28 mai au 12 juin

       Il ne se produit plus d’attaque, amis la tête de pont et la digue sont soumis à des bombardements extrêmement violents nuit et jour ; la nuit, la fusillade est interrompue.

12 juin

       Le régiment perd son éminent et valeureux chef : le lieutenant colonel A.E.M. Rademackers, tué d’une balle au front en plein midi, à 30 mètres des Allemands, alors qu’il exaltait le moral de ses hommes..

       Il venait d’être cité pour : « A réglé l’ensemble de l’opération de la création de la tête de pont, a veillé à l’exécution de tous les ordres, a circulé dans la tête de pont pour énerver le courage de ses hommes et est resté pendant six jours consécutifs à son poste de combat.

       Dixmude, nom glorieusement lugubre dans les fastes du 3e chasseurs. Le régiment eut, pendant cette période, 23 officiers et 800 hommes tués ou hors de combat.

       Les actes de bravoure et de fidélité au devoir ne se comptent plus.

13 juin

       Le «3e de ligne vient relever le régiment qui est envoyé au repos à Bray-Dunes. 2 bataillons partent le 13, les deux autres le 15.

Du 13 juin au 4 juillet

       Repos à Bray-Dunes et garde de la côte. Le lieutenant colonel A.E.M. Detail prend le commandement du régiment.

4 juillet

       2 bataillons sont dirigés sur Alveringem, le lendemain le 3 aux tranchées de Dixmude.

5 juillet

       Relève des bataillons du 3e.

6 juillet

       Les 2 autres bataillons du régiment sont dirigés de Bray-Dunes sur Alveringem et Fortem.

7 et 8 juillet

       Evacuation du matériel de la tête de pont et installation de ce matériel à la digue de l’Yser.

Du 9 au 31 juillet

       Continuation de l’occupation du SSN de Dixmude dans les mêmes conditions, c'est-à-dire 2 bataillons en 1ère ligne, une compagnie de chacun de ces bataillons au piquet de 2ème ligne. Service tous les 4 jours.

       La situation n’est plus aussi tendue que lors des attaques de la tête de pont, mais cependant les bombardements sont fréquents et la fusillade est toujours ininterrompue la nuit.

1er août

       L’occupation est modifiée :

       1 bataillon en 1ère ligne

                                               1 Cie en 2e ligne

1 bataillon de piquet  1 Cie en 3e ligne

                                               2 Cies vers Fortem

 

2 bataillons au repos à Alveringem

5 août

       La 5e D.A. est relevée par la 6e D.A. Le régiment passe sous les ordres du commandant de la 6e D.A. et continue à occuper le SSN

17, 18 et 19 août

       Le 3e chasseurs est relevé par les Grenadiers.

Du 18 août au 3 octobre

       Le régiment est au repos à Bray-Dunes. Il assure la garde de la côte. A partir du 21 août, 2 bataillons vont travailler aux tranchées près de Furnes. Le 24 août, départ du lieutenant colonel A.E.M. Detail pour le G.Q.G. Le 30 août, le colonel A.E.M. Lefèvre prend le commandement du régiment.

Du 4 au 16 octobre

       Le régiment cantonne à Wulveringem, Vinkem et Leisele. 1 bataillon reste à Bray-Dunes pour la garde de la côte, 3 bataillons concourent aux travaux près de Furnes.

17 octobre

       2 bataillons et les mitrailleuses vont cantonner à Boitshouke pour reprendre le cantonnement du 10.

18 octobre

       Relève du 10 dans le secteur nord de Pervijze. Les deux autres sont dirigés sur Boitshouke.

       A partir du 18 octobre

       Occupation par le régiment du SSS de la 5e D.A. du km 3.300 au km 10.200 du chemin de fer Pervijze – Nieuport.

       2 bataillons aux tranchées et au piquet

       1 bataillon en ½ repos

       1 bataillon au repos.

       Le régiment reste dans ce secteur jusqu’au 23 mai 1916, puis il va successivement occuper les secteurs de Het-Bos-Boesinge jusqu’en février 1917. Nieuwkapelle jusqu’en mai 1917. Le Passeur jusqu’en mi-juin 1917. Dixmude du 13 septembre 1917 au 24 mars 1918, Merkem du 9 mai au 15 juillet, Nieuport du 30 juillet au 27 septembre départ pour l’offensive finale.

       Après le colonel A.E.M. Lefèvre, les colonels Richard, Termonia (EM) et Molitor se sont succédé dans le commandement du régiment. Après le retour du colonel A.E.M. Molitor en Afrique, le régiment fut commandé en intérim par le major Vanherck pendant 2 mois puis le major Gouze en prit le commandement le 29 janvier 1918.



Ruines de Dixmude – L’Yser et la Passerelle

       La période de 1915 à 1917 est spécialement marquée par une activité ininterrompue dans la création, l’achèvement et l’entretien des fortifications de tous genres, et par des raids dans les tranchées ennemies à l’effet de faire des prisonniers pour obtenir des renseignements intéressants et d’entretenir chez nos hommes l’esprit offensif qui devait amener la victoire finale. Au point de vue topographique, le secteur que notre armée a dû organiser est certainement des plus défavorable : plaine monotone et basse, sillonnée de nombreux cours d’eau, site complètement aquatique où l’eau gicle au moindre coup de pelle, région dénudée, parsemée ça et là de quelques bourgades et grosses fermes.

       Nos troupes doivent fournir des efforts inouïs dans le terrain où tous les travaux de fortifications se faisaient forcément en terre rapportée, cherchée parfois à grande distance. Souvent même, la nature inconstante du sol où les tirs de destruction de l’adversaire amenaient l’éboulement et la destruction de ces fortifications érigées à grand peine, transformaient ainsi la vie de nos défenseurs en un perpétuel et écrasant labeur. La plupart de ces travaux devaient se faire la nuit et bien souvent aux premières lueurs du jours, les hommes s’apercevaient que le parapet n’avait pour ainsi dire pas augmenté parce que la boue qu’ils avaient mise dans leurs sacs à terre qu’ils avaient dénommés « VADERLAND » avait pu s’échapper par les interstices, salissant et trempant leurs effets.

       « On ne s’étonne pas, écrit le commandant Willy Breton, que le souvenir des travaux exécutés au cours du 1er hiver surtout, ait laissé dans l’esprit de ceux qui durent les édifier, une impression de véritable cauchemar. La mitraille ne cessait de s’abattre autour d’eux. Les hommes travaillaient dans l’eau et dans la boue jusqu’aux genoux, mordus par le froid, cinglés par le vent et la pluie. »

       La force humaine aurait douté de son rendement possible devant l’œuvre à accomplir.

       En décembre 1916, le 6e chasseurs à pied avait été reformé au moyen des III et IV du 3e chasseurs.

       La 11e D.I. (3e,5e et 6e chasseurs) fut mise sous les ordres du général major Coppejans.

       Nous étions en pleine période de guerre de tranchées. L’héroïsme de nos chasseurs ne se départit pas un instant. Le courage, la ténacité, l’endurance sont des qualités courantes. Les actes de bravoure et de fidélité au devoir ne se comptent pas. Nous relaterons cependant un raid vers la canardière quand le régiment était dans le secteur de Nieuwkapelle.

       On demande quelques volontaires pour une patrouille la nuit. Aussitôt, plusieurs braves se présentent. Il n’en faut que 7. Ils sont choisis.

       Le sous-lieutenant Mercenier s’en va vers 22 h à la tête de cette poignée de héros reconnaître la canardière, un petit bois isolé en pleine inondation à plus de 800 mètres de nos lignes. La patrouille se fit au moyen de 2 barquettes. L’officier, le sergent Willems, les soldats Belge et Radoux occupent la 1ère barque. Il est 22 h 30, la patrouille quitte nos lignes, le temps est bien sombre, tout promet le succès. La confiance anime nos vaillants explorateurs. Ah ! si on pouvait jouer un bon tour aux boches.

       Les barques se sont avancées de 400 mètres environ quand, vers 23 h, le ciel se découvre soudain et un clair de lune superbe éclaire toute l’inondation.

       Cette visibilité est bien gênante et diminue les chances de réussite, néanmoins, n’écoutant que leur courage, nos patrouilleurs décident de continuer. Ils s’approchent de l’îlot, tout est silencieux et rien ne fait prévoir que leur présence ait été signalée. On se préoccupe de l’abordage.

       L’îlot d’ailleurs n’est peut-être pas occupé, beaucoup ont souvent supposé qu’il ne l’était pas continuellement. C’est le silence parfait de la nuit.

       L’officier donne ses dernières recommandations à voix basse, que va-t-il se passer ? Est-ce la réussite ? Tout a bien marché jusqu’ici.

       Tout à coup, une véritable grêle de balles s’abat autour des intrépides explorateurs. Fusils et mitrailleuses crépitent, les Allemands ont surpris nos braves camarades. Leur tir à bout portant est favorisé par le temps clair.

       Dans la première barque : Belge qui tirait les rames est bientôt blessé. Le sergent Willems saisit alors les rames et fait faire demi-tour à la barque. Une balle le frappe en plein front. Tué net, il tombe, lâchant du même coup les rames qui disparaissent dans l’inondation. Au même moment, le sous-lieutenant est blessé très grièvement à l’épaule gauche et Radoux a la cuisse fracassée. Voilà Belge sur cette frêle barquette, sans rames, à 800 mètres des siens et tout à fait à proximité d’une position ennemie qui veut sa perte. Autour de lui, c’est la mort impitoyable qui règne. Son sergent tué, son officier évanoui, son camarade Radoux qui se meurt. Mais notre vaillant Belge est un héros ! Il veut sauver le dépôt sacré que le destin lui a confié. Il veut que ses camarades malheureux puissent au moins reposer en paix. Employant son bras valide, et son casque lui servant de rames, il se met courageusement à la tâche surhumaine de ramener sa barque et tout son précieux fardeau dans nos lignes. Les teutons ne cessent de harceler de leur furieuse fusillade la barquette désormais glorieuse. Celle-ci n’avance que par à coup Or, elle s’est écartée de la route directe. Elle a été perdue de vue depuis longtemps par les amis de la seconde barque qui, après avoir patrouillé, sont rentrés, persuadés que leurs camarades étaient faits prisonniers.

       Belge réussira-t-il dans l’héroïque mission qu’il s’est assignée ? Sa blessure le fait beaucoup souffrir. Il sent ses forces diminuer, mais son courage semble sans limite et inlassablement, il rame. A plus de 2 500 mètres de son point de départ, après plus de 2 h 30 d’incroyables efforts, notre héros parvient à toucher nos lignes. Rendons hommage à de tels soldats, ils font honneur à notre race.

       Le 18 mars 1918, le régiment était de garde dans le secteur de Dixmude. Le I avait la garde des tranchées à cheval sur la route Kaaskerke-Dixmude depuis le canal d’Handzaame y compris jusqu’au pont du chemin de fer.

       Une forte reconnaissance d’environ 80 hommes sous les ordres d’officiers avait franchi l’Yser et était allée jusque près de l’église de Dixmude sans découvrir d’Allemands, à part quelques guetteurs qui s’étaient réfugiés dans l’abri inexpugnable de la Minoterie.

       Elle était rentrée vers 3 h 30 et était à peine dispersée quand vers 3 h 45 commence un bombardement de tous calibres et surtout par obus toxiques sur nos positions d’artillerie. Il resta violent jusque 4 h 30, puis ralentit quelque peu jusque 5 h 25, moment où se déclencha un bombardement particulièrement violent sur toute la section du régiment et la position d’artillerie en arrière. Vers 6 h, le tir d’artillerie ennemi dirigé sur la 1ère ligne fut allongé et, cachés par un brouillard intense de même que par la fumée opaque provoquée par l’explosion des nombreux projectiles tombés sur la section, les Allemands procèdent au franchissement de l’Yser : 7 à 8 barques débouchent du canal d’Handzaame, amenant environ 78 hommes ; près de la Minoterie, une passerelle sur flotteurs est jetée et livre passage à 150 hommes environ, entre la minoterie et le pont rail, une autre passerelle sur flotteurs est jetée et livre aussi passage à environ 150 hommes. Ces assaillants étaient des sturmtruppen (troupes spéciales d’assaut) armés de poignards, révolvers, grenades, mitrailleuses légères, certains portaient des bombes asphyxiantes et incendiaires. Ils ne sont vus que lorsqu’ils arrivent en avalanche sur le parapet. Malgré la défense des hommes de garde dans la tranchée, qui sont d’ailleurs mis rapidement hors de combat, ils se répandent dans toute la 1ère ligne, faisant prisonniers les blessés ou valides qui s’y trouvaient et brûlant ceux qui s’étaient réfugiés dans les quelques abris restés intacts, en laissant tomber leurs bombes par les cheminées d’aérage. Ils n’avaient cepedant pas obtenu leur succès sans pertes et avaient laissé des cadavres sur tout l’espace parcouru. La mitrailleuse installée près du pont rail avait pu faucher les 30 à 40 premiers qui s’étaient avancés sur la passerelle à proximité, malheureusement elle avait alors été enrayée par un incident de tir et avait dû être transportée dans un abri pour être remise en état.

       Les contre-attaques furent déclenchées immédiatement que la 2ème ligne fut prévenue de l’irruption de l’ennemi, mais elles furent très difficiles et lentes, les boyaux de communication ayant été démolis par le bombardement préliminaire et les vastes trous d’obus presque tangents étant remplis d’eau. Vers è h 15, lorsqu’elles arrivent en première ligne, l’ennemi achève de se retirer laissant leurs cadavres, mais emmenant nos prisonniers. Le tir ennemi ralentit et cesse vers 8 h.

       Les artilleurs, bien que fortement éprouvés, nous avaient puissamment aidés.

       Le I fut relevé aux tranchées vers 17 h par le II qui ne s’installa d’abord pas dans la ligne de combat, afin de permettre à notre artillerie d’effectuer un tir de destruction sur les tranchées ennemies proches des nôtres, dans lesquelles environ une compagnie ennemie est signalée. Vers 19 h 30, les Allemands ripostent sur toute la section par un tir d’une violence extrême (obus de tous calibres, obus toxiques, bombes et torpilles). Ce tir dura jusque 20 h 30. Le feu de barrage est demandé dès le commencement du tir ennemi, en prévision d’une attaque probable. La section de mitrailleuses du pont-rail, restée en position, avait aperçu un paquet de boches sortant des tranchées immédiatement au sud de la Minoterie et se dirigeant vers la passerelle établie en cet endroit et qui n’avait encore pu être démolie, mais le feu des mitrailleuses les avait fait rebrousser chemin.

       Vu la fréquence des bombardements de notre artillerie sur Dixmude en ce moment, les Allemands ne laissaient que quelques guetteurs dans les tranchées, ce qui explique que notre reconnaissance n’en avait pas vu, et les troupes d’assaut s(étaient portées à pied d’œuvre après le retrait de nos troupes et avant la riposte de notre artillerie.

       Au cours du 1er semestre 1918, le régiment connut les angoisses de l’avance allemande sur Merville et le mont Kemmel. Devoir abandonner l’Yser ? L’Yser qui avait coûté tant de vies et de sang ? L’Yser où étaient nées et avaient grandi tant de belles vertus civiques ?   

       L’Yser qui renfermait les corps de tant de nos glorieux soldats ? Abandonner cette région dont l’organisation nous avait demandé un labeur incessant et inouï ? Affreuse pensée ! Jamais !

       La victorieuse contre-offensive alliée, scientifiquement et vigoureusement menée vint enfin dissiper ce cauchemar horrible qui faisait frémir les plus calmes, les plus réfléchis et les plus stoïques.

       Chez nous, il fallait aussi préparer l’offensive et pour avoir des renseignements de la force d’occupation ennemie, sur le moral des troupes, de nombreux raids furent organisés dans les lignes allemandes. C’est ainsi que le commandant du 3e chasseurs fut chargé d’organiser une incursion dans les organisations ennemies en face du secteur de Merkem.  

       Cette opération doit être exécutée par les pelotons spéciaux des 3e et 5e chasseurs dans les tranchées du PC de la ferme du Petit-fils et jusqu’au poste de combat de la borne 13 de la route de Dixmude. Les tranchées étaient au sud du lac Blankaart. Ces pelotons spéciaux étaient composés de braves entre les braves qui séjournaient continuellement dans les tranchées et faisaient des reconnaissances presque journalières en avant de nos lignes, soit pour faire des prisonniers, soit pour étudier le terrain en vue d’opérations de plus grande envergure. Ils avaient répondu à l’organisation des « sturmtruppen » chez nos ennemis, mais avec cette différence que les troupes d’assaut allemandes jouissaient de larges faveurs quand ils n’opéraient pas, tandis que nos pelotons spéciaux étaient presque toujours sur la brèche.

       Ces pelotons spéciaux étaient accompagnés d’hommes du génie porteurs de passerelles pour franchir une partie de l’inondation, puis d’explosifs pour défoncer les portes des abris, des brancardiers devaient rapporter nos blessés éventuels.

       Le brave lieutenant Moyart conduisait les patrouilleurs. Après un bombardement très violent de deux minutes, le tir de l’artillerie est allongé et nos hommes qui s’étaient portés à distance d’assaut, bondissent dans les tranchées ennemies, dont les défenseurs fortement surpris n’ont pas le temps de revenir de leur stupeur avant d’être tués ou enlevés.

       Malheureusement le lieutenant Moyart qui avait abordé l’ennemi le premier était grièvement blessé.

       Le bruit s’en répandit rapidement parmi les nôtres et cette nouvelle ne fit qu’augmenter encore davantage l’ardeur des participants qui avaient pour leur chef un véritable culte. Aussi ils parcourent rapidement les organisations ennemies, massacrant environ 80 ennemis et nous ramènent 43 prisonniers et 2 mitrailleuses.

       Une fraction était allée jusqu’au poste de combat du commandant de compagnie et, après avoir tué 2 officiers, elle avait planté un drapeau belge sur lequel il était inscrit « Revanche du 18 mars 1918 ». Nos hommes ayant suivi pour le retour un autre itinéraire que celui qu’ils avaient suivi pour l’aller et par des endroits où les eaux n’avaient baissé que depuis la veille, échappèrent au violent tir d’artillerie ennemi qui ne tarda pas à être déclenché. Le raid ne nous avait coûté que la blessure du lieutenant Moyart qui échappa d’ailleurs à la mort.

LA GRANDE OFFENSIVE

       Les opérations alliées en France se déroulant normalement, le recul de l’ennemi s’accentuant de jour en jour, une offensive est décidée sur le front belge en liaison avec le front anglais.

Le 28 septembre, le régiment qui avait quitté la veille le secteur de Nieuport, occupe ses positions de départ en seconde ligne, immédiatement au nord d’Ypres et à l’est du canal de l’Yperlée.

       A 21 h 30, le bombardement des positions ennemies commence, formidable et ininterrompu.

       Les hommes ont une confiance absolue, on dirait qu’ils ont l’intuition que l’édifice allemand s’écroule et ils veulent coûte que coûte que coûte en précipiter l’effondrement. Le temps est peu favorable, les hommes sont blottis dans des trous d’obus sous la pluie. A 5 h 30, les vagues d’assaut de la D.I. qui nous précèdent déferlent vers les tranchées ennemies.

       Le régiment suit. Prisonniers et blessés allemands s’amènent vers l’arrière, le moral de nos troupes est élevé, ce début de l’offensive fait présager des résultats éclatants.

       Les bataillons vont occuper une position s’étendant derrière la crête jalonnée par Jaspers, Farm et House Trap.

       Le I au sud, le III au centre, le II au nord.

       Le II a sa gauche appuyée à la ligne Moorteeltje St Juliaan (ces deux localités non comprises), le I a sa droite appuyée à la limite sud du groupement sud.



St Julien – route vers Ypres

       A 11 h 50, le régiment fait un nouveau mouvement en avant, il se porte entre le Heenbeck et la limite sud du groupement, ma tête sur le pont Fokken Jarm Iregenburg. Les bataillons sont dans les mêmes dispositions que lors du premier bond.

       Vers 15 h, le II et le III se portent dans la direction de Otto Farm et de Docky Farm pour coopérer avec le 16e de ligne à l’attaque de centres de résistance à l’est de Graventafel.

       Dans la nuit, le I se porte à Zonnebeke à la disposition du commandant du 7.

Le 29 à 9h, le régiment rassemblé suit le 16e dans sa marche en avant. A 14 h, le III qui était en tête, marche sur Moorslede pour boucher une trouée qui s’était produite à la gauche du 7e. Il fait quelques avant-postes ennemis prisonniers. Le II reçoit l’ordre de se porter derrière le III soit pour le renforcer, soit pour boucher les trouées qui viendraient à se produire.

       A 15 h 30, le I est mis à la disposition du commandant du 17e et part pour Waterdamhoek.



Transport des blessés

       Vers 17 h, le III a repris contact avec le 16e et le 7e et reprend sa marche vers l’est suivi du II. Ces 2 bataillons traversent Moorslede à la suite du 16e. Ils s’installent vers 19 h à 1 km NE de cette localité.

Le 30 septembre, le 3e chasseurs a pour mission de poursuivre l’ennemi suivant l’axe Moorslede – Rollegem-Kapelle.

       La 12 D.I. à notre gauche, continue sa progression également. Le régiment est échelonné en profondeur dans l’ordre : II (en tête), III et I.

       Le I/11A est à la disposition du régiment comme artillerie d’appui direct.

       Au moment de l’attaque, l’axe de marche change et devient Moorslede, Koekuithoek, Vossemolen, Izege, Ingelmunster.

       A 9 h 30, les éléments de tête commencent la progression au passage de la crête est de Moorslede, les troupes sont violemment bombardées.

       Le II qui se porte à l’assaut est repoussé par un violent feu de mousqueterie et de mitrailleuses. Une 2e et 3e tentatives ne réussissent pas lieux et avis en est donné.

       A 18 h 15, le I se porte à la gauche du II pour boucher une trouée qui s’est produite entre la 12e D.I. et notre II. Le III est maintenu en réserve et une nouvelle attaque est remise au lendemain.

Le 1er octobre, une attaque montée avec le concours de l’artillerie ne peut avoir lieu parce que le ravitaillement n’a pu être suffisant par les chemins détruits et l’infanterie doit progresser par ses propres moyens.

       A 13 h 45, le III qui était en tête fait savoir qu’il est arrêté par des mitrailleuses aux environs du château de Koekuithoek, mais il doit progresser en procédant par encerclement.

       A 15 h 40, il fait savoir que le château de Koekuithoek est enlevé et qu’il a pris une mitrailleuse.

       Les éléments avancés du III occupent la drève nord du château mais ils ne peuvent plus progresser se trouvant devant une ligne ennemie parfaitement organisée. Avis en est donné.

Le 2 octobre, ordre est donné de préparer des attaques ultérieures en cherchant les points faibles de la position ennemie.

       Vers 12 h, les bataillons sont fortement bombardés par obus de tous calibres et par les M.W. allemands. De plus, les mitrailleuses ennemies battent le terrain sans discontinuer et dans tous les sens.

       Comme il n’y a pas moyen de procéder à l’attaque de la forte position ennemie, le régiment obtient l’autorisation de profiter de l’obscurité pour se retirer plus en arrière et ne laisser que des avant-postes sur les positions atteintes.

       La même situation s’est d’ailleurs présentée au nord et au sud et jusque dans la nuit du 10 au 11 octobre, le régiment tient le secteur qui lui est dévolu en essayant de temps en temps avec ses propres moyens des attaques qui ne réussissent pas vu la force de la position ennemie.

       Les unités ont fait preuve d’une bravoure remarquable et d’un complet dévouement à l’idée du devoir. Ni la pluie qui ne cesse jour et nuit, ni la résistance opiniâtre des troupes ennemies, ni les sacrifices sans nombre, ni les conditions matérielles effroyables de 15 journées terribles dans cette zone mortelle, rien enfin ne les arrête si ce n’est la fatigue, l’épuisement et la limite de leur capacité offensive. Chefs et soldats se sont dépensés.  

       Relevons quelques brillantes citations qui immortalisent les actes de bravoure accomplis pendant ces journées d’offensive.

       De Heusch Fernand, baron lieutenant est nommé chevalier de l’ordre de Léopold Ier. « Officier d’un rare mérite, poussant la hardiesse jusqu’à la témérité, exerçant un véritable prestige sur ses sous-ordres par son allant et son absolu mépris du danger. Le 30 septembre 1918, son peloton fournissant la patrouille de reconnaissance après un passage de ligne la nuit, s’est mis résolument à la tête de cette reconnaissance forçant l’ennemi à se replier et permettant une progression de 1 500 mètres en profondeur. L’après-midi, sa compagnie formant reconnaissance, s’est de nouveau portée en avant des points d’appui ennemis forçant l’ennemi à les abandonner et progressant de 800 mètres. Blessé 3 fois au cours de la campagne, a 43 mois de front. Est titulaire de la croix de l’ordre de la couronne et de la croix de guerre, a été cité à l’ordre du jour de la division d’armée pour sa bravoure. Blessé pour la 4e fois, le 1er novembre 1918 au cours de l’opération pour la possession de la rive est du canal de dérivation de la Lys. »

       PROYE Pierre, soldat 6e Cie, chevalier de l’ordre de Léopold II et la croix de guerre. « Soldat de conduite exemplaire. Au front depuis 44 mois, montrant en toutes circonstances l’exemple au plus profond mépris du danger, entraînant ses camarades par sa bonne conduite et son mordant à l’attaque. Le 29 septembre, à Moorslede, blessé grièvement aux deux jambes par des éclats d’obus, a refusé de se laisser transporter avant d’avoir reçu l’assurance que son chef de section, atteint en même temps que lui, avait reçu des soins et subi l’amputation de la jambe gauche au niveau du 1/3 inférieur.

       JOACHIM Léopold, soldat volontaire de guerre. Au front depuis 39 mois. Modèle de courage et de bonne conduite. Agent de liaison d’un zèle, d’un dévouement et d’un sang froid remarquables. Pendant les opérations du 28 septembre au 12 octobre 1918 autour de Moorslede, s’est particulièrement distingué par son audace et sa bravoure en assurant la liaison entre le chef de bataillon et son commandant de compagnie, traversant à plusieurs reprises le barrage violent d’artillerie et une zone continuellement battue par un feu de mitrailleuses très intense. A été grièvement blessé en remplissant sa mission.

       LECOCQ Paul, caporal. Décoration militaire de 2e classe et croix de guerre. « caporal très brave, au front depuis 50 mois, a été blessé une première fois au Redan, secteur du Passeur, le 30 juin 1917, une seconde fois à Dixmude, le 21 mars 1918. Chef de groupe de combat lors de l’attaque du château de Koekuithoek (Moorslede) le 1er octobre 1918, s’est posté résolument avec quelques hommes qui lui restaient pour atteindre l’objectif assigné et a organisé la position conquise sous un bombardement des plus violents. »

Le 4 octobre, l’ordre du jour de la division porte : « Le lieutenant général aide de camp du Roi, commandant le groupement sud adresse au général major Coppyans, commandant la 11e D.I. l’hommage suivant :

       « Au général major commandant la 11e DI

       Avant la fin heureuse et décisive de la bataille des Flandres, je tiens déjà à vous exprimer toute la satisfaction au sujet de la conduite glorieuse de la 11e D.I. et vous prie de transmettre aux officiers, sous-officiers et soldats sous vos ordres, mes félicitations enthousiastes. J’ai la conviction que, malgré les pertes et les privations, chacun continuera à faire tout son devoir jusqu’au bout, jusqu’à la délivrance prochaine de notre chère patrie. »

                                               Le Lieutenant-général commandant
Gl. Biebuyck

 

       « Je remercie toutes les troupes de ma belle D.I., que je suis fier de commander, de leur belle conduite qui leur vaut les félicitations du commandant du groupement sud. »

                                                           Gl Coppyans

 

       Le régiment maintient le terrain pendant 15 jours, par un temps affreux, les hommes sont trempés jusqu’aux os, et canonnés sans cesse par l’artillerie ennemie. Le moral est excellent, mais nous sommes fatigués, nos pertes sont sensibles : 14 officiers sont hors de combat, ainsi que 468 hommes.

Le 12 octobre 1918 ; le lieutenant colonel Gouze commandant le régiment lance l’ordre suivant :

       « Au moment où le régiment termine une période active de la guerre, je tiens à remercier les officiers, sous-officiers et soldats pour la vaillance, l’ardeur au combat, l’endurance et l’esprit d’abnégation dont tous ont fait preuve pendant ces dures journées. 

       Je salue nos chers morts et les assure de notre fidèle souvenir. Je prends part aux souffrances de nos blessés et leur souhaite prompte guérison. Courage, mes braves, l’heure de la libération de notre bien aimée patrie arrive. Encore un effort et nous l’aurons complètement reconquise. »

                                                           Lt Cl Gouze

 

       Hélas ! Cet effort, nous n’avons pas eu le bonheur de l’accomplir immédiatement.

Le 12 octobre dans la nuit, le régiment est relevé par des unités de la 2e D.I., lesquelles auront l’honneur d’enlever Ingelmunster et Izegem.

       Ces deux localités auraient dû être enlevées par nous, mettant un peu de gloire dans notre rôle harassant et obscur, mais l’effort était grand pour nos unités fatiguées et tactiquement désorganisées.

Le 13 octobre, le régiment est retiré du front de bataille pour aller se reconstituer à Vinkem.

Le 16 octobre à 17 h, le régiment reçoit l’ordre de s’embarquer. A 12 h 16, il est conduit à Grognies où il débarque le 17 à 2 h, puis marche sur Woumen, Esen, Vladslo, Praetbosch. Il arrive à Gistel à 19 h et y cantonne.

Le 18 octobre, la 11e D.I. continue sa poursuite. Elle prendra pied sur le chemin de fer et le canal de Bruges à Gand entre Steenbrugge et Oostkamp.

       Itinéraire : Westkerke, Bekelgem, Zerkegem, Snellegem, Loppem, Steenbrugge. A 18 h 30, la tête du corps principal atteint Zerkegem et à 20 h le 3e chasseurs reçoit l’ordre d’y cantonner. L’ennemi occupe par des éléments avancés le canal et le chemin de fer de Bruges à Gand. Les ponts-rails et route ont été détruits par l’ennemi. Un seul passage pour l’infanterie existe encore au pont route de sorte qu’il n’y a pas moyen de poursuivre ce jour-là.

       Le 19 octobre, le régiment occupe une position de rassemblement à l’est du village de Snellegem au sud de la route Snellegem-Zerkegem. Le génie répare les ponts et à 11h, la D.I. peut se porter en avant. A 17 h 30, le régiment reçoit l’ordre de cantonner à Steenbrugge rive est.

       Le 20 octobre à 6 h 40, la marche reprend.

       Itinéraire : Oedelem, sud de Kleit, Ouderdyk, Kruiput, Oostwinkel, Waerschoot. A 17 h, le 3e chasseurs atteint le Carrefour Ten Doren Kapelle entre Kleit et Onderdyke et, comme les ponts sont détruits sur le canal, ordre est donné de cantonner.

Le 21 octobre

       Nos troupes ont refoulé l’ennemi jusqu’au canal de dérivation presque partout.

       L’ennemi semble devant notre front vouloir tenir momentanément sur le canal de dérivation le long duquel une position est organisée. La poursuite de l’ennemi continuera suivant les ordres précédents. Si l’ennemi tient sur le canal, la 11e D.I. forcera cette ligne d’eau sur les points qui se présentent le plus favorablement au point de vue de la progression ultérieure.

       A 15 h, le régiment va relever le 5e chasseurs qui était à l’avant-garde. Le I va au nord vers Veldekens, le II au centre vers Langestraat, le III au sud vers Ronschestraat.

       La cavalerie fait la liaison au sud avec la 7e division. A 20 h, toutes les unités sont en place et sont violemment canonnées par l’ennemi.

Le 22 octobre

       La 11e D.I. doit réduire les nids de résistance qui existent encore sur la rive ouest du canal.

       Une opération est montée avec le concours de l’artillerie de la D.I. Après une préparation de 20 minutes sur le passage de la borne 23, le I doit s’emparer par infiltration des nids restants et border ensuite la rive ouest. Une fois l’opération réussie, on tentera la même chose pour le II, puis pour le III.

       En résumé, l’opération échoue devant le grand nombre de mitrailleuses installées dans les maisons et sur la rive ouest. A 15 h, ordre est donné aux bataillons d’attaque de rester sur leurs positions. Ils sont ensuite remplacés par un bataillon du 2e chasseurs, le régiment va cantonner à Oedelem jusqu’au 31 octobre.

Le 1er novembre, le régiment reçoit ordre de se porter vers Knuiput pour attaquer. 2 compagnies du I sous les ordres du major A.E.M. Goffin opèrent sur Veldekem. Le major Henry avec la 3e Cie et le II attaque dans un secteur compris entre une ligne à 150 mètres au sud du pont de Ronschstraat et une ligne à 1500 mètres au nord de la 1ère. Le III réserve du C.I.D.I. prend une position de rassemblement à Veldhoek au sud-ouest d’Oostwinkel.

       Un violent tir de préparation d’artillerie aura lieu.

       Ce tir sera suivi d’un tir de barrage roulant. La 12e Cie a pris position à 1 km à l’ouest de Ronselestraat, et fait du tir indirect sur la route de Ronselestraat vers Waerschoot à hauteur de Wetstraat.

       A l’heure convenue, le I se porte à l’attaque et cherche à gagner du terrain par infiltration.

       La situation de l’adversaire est forte. Le tir de notre artillerie n’a pas détruit les défenses accessoires et l’attaque ne parvient plus à progresser par ses seuls moyens. Elle est à environ 75 mètres de la position ennemie et ne peut songer à rétrograder pendant le jour pour une nouvelle préparation d’artillerie. L’infanterie reste sur la position atteinte jusqu’à la tombée du jour ; elle est ensuite ramenée à sa position de départ où elle subit une violente réaction de l’artillerie et de mitrailleuses.

       Le II fait savoir que la mise en place du bataillon a été rendue difficile par le violent tir de l’ennemi. Après les 5 minutes de tir d’artillerie précis et violent, le II (major Henry) colle au barrage et progresse sans arrêt jusque 100 mètres environ de la position ennemie dont la couverture est refoulée. Le terrain conquis est de 500 mètres de profondeur en 15 minutes.

       L’ennemi exécute un violent tir de barrage. Les hommes doivent tous porter le masque et sont mitraillés à bout portant par un feu très intense de mitrailleuses de même que soumis aux feux des M.W. et des fantassins de la digue. La 1ère ligne prit position dans les trous d(obus, puis continua la progression de trous d’obus en trous d’obus, gagnant ainsi encore une cinquantaine de mètres en deux heurs. A travers les fils de fer barbelés, la 6e Cie, au sud, est arrêtée devant deux ouvrages fortifiés puissamment occupés et défendus.

       L’artillerie exécute des tirs sur des mitrailleuses signalées à 400 mètres au sud de Langestraat.

       La progression continue difficilement et lentement dans des défenses accessoires presque intactes et à 19 h 20, le II fait savoir qu’un caporal et six hommes sont arrivés à la digue.

       L’occupation de la digue s’étend ensuite par prolongement et le 2 novembre, à 2 h15, la digue est entièrement conquise devant le secteur du II.

       Les officiers et les hommes ont fait preuve pendant cette opération d’une ténacité, d’une bravoure, d’un sang froid remarquables. Des patrouilles sont ensuite envoyées au nord et au sud et la retraite ennemie est générale.

       Le I au nord et le 6e chasseurs au sud occupent la digue. Vers 6 h, le sergent Van den Eede (5e) franchit le canal et constate l’abandon de la rive est du canal.

       Même constatation est faite devant le 6e par le soldat Van Dijcke et immédiatement les 5e et 6e passent sur la rive est au moyen de planches trouvées dans les environs. La tête de pont est ensuite élargie et l’ennemi est refoulé en abandonnant du matériel et des munitions.

       Le III/3e chasseurs et le I/6e chasseurs occupent le terrain à l’est du canal tandi que le II/3e chasseurs se reforme et passe momentanément sous les ordres du commandant du 6e chasseurs.

       A 17 h, le régiment se reforme et reçoit l’ordre d’aller installer des avant-postes vers Spiegelstraat-Kluyzen.

       Le III est en tête, puis le I et le II.

       Vers 23 h, les éléments avancés atteignent Zwaantje où la DC cantonne parce qu’elle a été arrêtée par l’ennemi vers Veldhoek-Molenhoek.

Le 3 novembre, le III est mis à la disposition de la DC pour une attaque que celle-ci doit faire dans la direction de Kluyzen.

       Le III est chargé de déborder le village vers le nors pour obliger l’ennemi à se retirer. Le I et le II se portent à 8 h 45 à Molenhoek. Vers 9 h, le III atteint la lisière est du bois de Schildegem, mais ne peut en déboucher. Le I reçoit la mission de relever les troupes de la DC dans le secteur limité au nord par la ligne croisement des chemins à 400 mètres nord de Molenhoek-Kluyzen ; au sud par la ligne Zeepaarbrug 200 mètres au nord de Wippelgem. Le bataillon prend position dans ce secteur, sa 1ère ligne établie sur un front sensiblement parallèle à la route Kluyzen-Wippelgem et à 700 mètres à l’ouest de cette route. Le III relève la DC au nord du I dans le secteur affecté à la DI. Le II est en réserve à Schoenbroeck. Le I/11A est à la disposition du régiment.

       Les Allemands résistent toute la journée dans Kluyzen et aux abords du village.

       A 16 h 40, le III fait savoir qu’il a progressé au-delà de Kluyzen.

       A 17 h 20, ordre est donné au I de se porter sur la route Kluyzen-Wippelgem, mais sa progression se fait difficilement en terrai boisé et marécageux. A 23 h, il arrive sur une ligne parallèle et à 200 mètres à l’ouest de la route et y passe la nuit.

Le 4 novembre à 7 h, le mouvement en avant continue, le III au nord, le I au sud, les troupes progressent sans réaction. A 7 h 45, les cies de 1ère ligne du I sont sur le méridien passant par Hulstjen.

       A 8 h 25, les éléments avancés du III ont dépassé Hoogstraat, à 9 h 15, le I est arrêté devant le moulin de Zandeke par un tir nourri de mitrailleuses.

       A 9 h 35, le I/11A exécute des tirs sur les mitrailleuses se trouvant à la nacelle (Kooibrug) et le pont de Tervronck. A la même heure, les éléments avancés du III sont arrêtés par des mitrailleuses au carrefour Pachtgoederen.

       Le I a continué sa progression après la destruction des mitrailleuses par l’artillerie et à 11 h 30, ses éléments avancés se trouvent à la lisière est du bois et château Ganezenhoek en liaison avec le III au nord, le 6e chasseurs au sud. A 13 h 40, ses éléments avancés ont atteint le canal et s’y retranchent.

       A 4 h 35, le III fait savoir que toute tentative de progression est brisée par des tirs nombreux de mitrailleuses venant du chemin en courbe à 500 mètres au nord du pont de Terdonck. Une attaque de flanc exécutée par la Cie de réserve du I pour s’emparer de ces mitrailleuses échoue devant le nombre de mitrailleuses et leur forte installation. A 18 h 30, une tentative de progression du III échoue encore.

Le 5 novembre, les troupes reprennent l’attaque qui, après de nombreux efforts, est reconnue impossible sans le concours de l’artillerie lourde, et les éléments avancés ont dû se relever à distance convenable sous le feu des mitrailleuses ennemies implacable et meurtrier.

       Dans la soirée, le 3e chasseurs est relevé par les 5e et 6e chasseurs qui occupent respectivement les SS sud et nord.

       On ne saurait trop rendre hommage au dévouement, à la vaillance, au mépris du danger de nos hommes, à leurs officiers et aux services auxiliaires. Tous, malgré les fatigues des opérations offensives antérieures, ont rivalisé d’ardeur, d’endurance, de foi patriotique pour mener à bien les diverses missions confiées au régiment, malgré les difficultés très grandes à surmonter.

       Le 5 au soir, le régiment est allé prendre un repos bien mérité à Waerschoot et s’y trouvait encore lorsque l’armistice fut conclu le 11 novembre 1918.

       Malgré la longueur de la campagne, les fatigues et les privations endurées, le sang abondamment versé, la cessation des hostilités ne fut pas accueillie avec énormément d’enthousiasme, car nos troupes sentaient qu’elles n’avaient pas encore fait payer assez cher à l’ennemi la violation de notre territoire, les ruines qu’il avait semées partout, les meurtres qu’il avait commis sur les nôtres et les vexations de toutes sortes qu’il avait fait subir à nos compatriotes pendant plus de quatre ans. Le régiment s’est ensuite acheminé vers l’est, étape par étape, acclamé par nos populations ayant recouvré leurs libertés grâce en grande partie à la ténacité et à la vaillance de l’armée et le 14 décembre 1918, ils arrivaient à Rheinberg pour monter la garde du Rhin sur les rives duquel flottait le drapeau belge.

 

 

 



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