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LE PRIX DE NOTRE LIBERTE Le lieutenant WILLY ROULLON, ingénieur civil
A.I.A., enfant de Mont-sur-Marchienne, A DONNÉ SA VIE POUR ELLE. En hommage à son sacrifice, un square de son village natal
portera son nom. Pourquoi s'en souvenir
47 ans après ? Edité par la Fédération
Nationale des Anciens Prisonniers de Guerre (FNAPG) Pourquoi, 47 ans après, se souvenir ? Pourquoi, 47 ans après sa mort tragique
lors de sa troisième tentative d'évasion, faire resurgir l'acte courageux et
héroïque d'un prisonnier de guerre dont l'idéal était de reprendre le combat
contre la dictature pour la défense de la LIBERTÉ sans laquelle il n'est pas de
dignité ni de fierté humaines ? Tout simplement : - parce que meurent deux fois ceux qu'on oublie ; La
LIBERTÉ semble, pour les jeunes générations, aller de soi. C'est, dans l'esprit
de beaucoup, un dû. Hélas ! Des millions d'hommes de
Belgique, de France, d'Angleterre, du Canada, des Etats-Unis, de Pologne et de
Russie sont morts, de 1939 à 1945, pour que nous connaissions cette liberté. Le lieutenant Willy ROULLON était de
ceux-là qui méritent à la fois le respect, l'admiration et, pour les vivants
que nous sommes, le maintien du souvenir de ce qu'ils ont donné pour elle. Mais, la LIBERTÉ, ce n'est pas faire ce
que l'on veut, quand on veut, comme on veut. C'est d'abord et avant tout VIVRE
ENSEMBLE, dans la cité, harmonieusement, sans nuire aux autres. C'est pouvoir aller librement à l'école
et y être studieux pour collaborer, demain, au bien-être de tous. C'est pouvoir s'exprimer sans crainte,
que ce soit verbalement ou par écrit. C'est pouvoir, sans crainte d'être
poursuivi, aller à l'Eglise, au Temple, à la Synagogue et pouvoir afficher
ouvertement ses opinions religieuses, philosophiques ou politiques. Oui, 47 ans après la mort tragique du
lieutenant Willy ROULLON, l'amitié, la solidarité, l'amour de la LIBERTÉ, le
refus de l'oubli ont fait en sorte que ce 4 novembre 1988, un square de Mont-sur-Marchienne
porte son nom et rappelle ainsi aux passants qu'un ancien élève de nos écoles a
été abattu, dans un camp d'officiers prisonniers de guerre, à Prenzlau, en
Allemagne parce que, pour la troisième fois, il voulait retrouver la LIBERTÉ et
combattre la dictature de Hitler. Aux filles et aux garçons de nos écoles
d'aujourd'hui, il rappellera aussi qu'un instituteur d'autrefois a su inculquer
à ses élèves le sens du devoir envers la Patrie, avec l'existence de la beauté
des mots CIVISME et LIBERTÉ. Notre vœu le plus cher, c'est que les
élèves de maintenant n'oublient jamais l'exemple donné par le lieutenant Willy
ROULLON qui, à peine marié, a dû quitter son foyer pour défendre ceux des
autres. Qu'ils pensent aussi que le lieutenant
Willy ROULLON n'a fait qu'entrevoir, quelques jours, sa fille et qu'il n'a
jamais vu son fils né en septembre 1940. Dure rançon du devoir. Mais quel exemple aussi du devoir
maternel et du devoir d'épouse que celui de Madame veuve W. ROULLON qui,
courageusement, a dû élever seule ses deux enfants dans une solitude toujours
respectueuse de l'amour qu'elle vouait à son mari. Oui, notre vœu est qu'aujourd'hui aussi,
nos chers élèves des écoles de Mont-sur-Marchienne n'oublient jamais que la
guerre entraîne avec elle des larmes, des déchirements et des deuils ; des
souffrances et des sacrifices, des abnégations qui sont le dur prix de la
LIBERTÉ. De votre LIBERTÉ à tous ... Léon
WILMOTTE, Au crépuscule de notre vie, Editée en hommage au lieutenant Willy
ROULLON, abattu le 4 novembre 1941, à l'Oflag II A, Prenzlau, près de Stettin
(Allemagne), lors de sa troisième tentative d'évasion, cette plaquette est
surtout destinée à être distribuée aux élèves de toutes les classes primaires
de notre commune de Mont-sur-Marchienne. Au crépuscule de notre vie, nous
désirons, anciens prisonniers de guerre, transmettre un message à notre
jeunesse et nous espérons que la lecture du drame ci-dessous relaté, aspect
parmi tant d'autres du prix incommensurable de la liberté, confirmera nos
petits-enfants dans la certitude de l'inhumanité de la guerre. Puisse-t-elle
les inciter à prendre la relève dans la lutte constante que nous menons pour le
suprême idéal de paix ! * Chers petites amies et petits amis, Dans la première moitié de ce 20e
siècle finissant, notre pays a connu les horreurs de deux guerres mondiales. La
génération de vos grands-parents, à laquelle appartiennent la majorité des
anciens prisonniers de guerre survivants, a le triste privilège d'être née
avant ou pendant la première guerre mondiale de 1914-1918, qui fut surtout une
guerre européenne. Elle fit neuf millions de tués, c'est-à-dire presque la
population de toute la Belgique. Vingt ans après éclatait la deuxième guerre
mondiale de 1939-1945, qu'on peut appeler, elle, guerre universelle. Ses zones
de combat couvrirent trois continents: Europe, Asie, Afrique; 61 nations y
furent impliquées, totalisant environ 1 milliard 700 millions d'hommes, soit
plus du tiers de la population mondiale ! Il faut savoir : - que 100 millions d'hommes y participèrent activement,
dont 60 millions comme combattants ; Si ces 55 millions de tués défilaient en rangs par 3, à 75 cm de
distance, leur colonne s'étirerait sur 13.750 km, soit sur plus du tiers de la
circonférence de la terre ! C'est à cette guerre
démentielle – qui n'a résolu aucun des grands problèmes de l'humanité, dont,
pour ne citer qu'elle, la faim dans le monde c'est à cette guerre démentielle
qu'a participé la génération de vos grands parents. Et c'est à un héros de
cette génération, Willy ROULLON, que nous rendons ici un vibrant hommage. UN ENFANT DE CHEZ NOUS Willy ROULLON est né le 2 novembre 1914, à Mont-sur-Marchienne, rue St-Jacques, 148, d'un père traceur de métier et d'une mère couturière. Il fréquenta l'école communale de Forêt. Fils unique, il fit de brillantes études secondaires à l'Athénée Royal de Charleroi d'où il sortit en 1933 premier de la section scientifique, emportant le Prix d'Excellence avec la médaille de Vermeil, totalisant 2.094 points sur 2.460, soit plus de 85 % ; sur 11 branches, 9 prix (plus de 80 0/0) et 2 accessits (plus de 70 0/0). Durant ses études et comme il se destinait à l'Ecole Royale Militaire, il pratiqua le sport, à la section d'athlétisme du Sporting de Charleroi, avec la réussite et l'application qu'il mettait en toutes choses. Grand, bien découplé, intelligent, il était aussi prompt d'esprit que de corps. Ces qualités que complétait une volonté peu commune lui assuraient une supériorité naturelle. PREMIER DE PROMOTION En décembre 1933, à cause d'une
déficience en géographie, il entra de justesse à l'Ecole Royale Militaire,
étant classé 43e sur 45 admis. Cinq ans plus tard, il sortait
premier de promotion dans la spécialité Génie. Il fut affecté au 4e
Génie cantonné à Amay, près de Namur. IL NE VIT JAMAIS SON FILS En janvier 1939, Willy épousa Georgina
STILMANT, dont il était amoureux depuis ses premières années d'humanités. Elle
était la petite-fille de Camille STILMANT, qui fut échevin de l'Instruction
publique à Mont-sur-Marchienne de 1926 à 1932. Deux enfants naquirent de cette
union : MIREILLE, née le 5 octobre 1939, future institutrice, et GUY, le 25
septembre 1940, qui devint ingénieur technicien. Ainsi donc, Willy ne connut
que sa fille ... et encore à raison de quelques heures mensuellement durant 5
ou 6 mois. Il ne vit jamais Guy. CAMPAGNE DES 18 JOURS ET CAPTIVITÉ Le 10 mai 1940[2],
il était au canal Albert. Il fut fait prisonnier à Oostkamp, sur le canal
Bruges – Gand. Nous nous rencontrâmes à Tibor, Oflag[3]
III B situé près de Posen à la frontière de l'ancienne Pologne et surtout à
l'Oflag Il A, Prenzlau, en Prusse. L'Oflag Il A était une caserne d'artillerie
construite en 1936. Elle comprenait 4 grands blocs disposés deux à deux sur les
grands côtés d'un rectangle parallèle à la rue distante d'une vingtaine de
mètres. Ceci constituait le camp A. Gardée en permanence par une sentinelle,
une double porte pratiquée dans une simple clôture en treillis donnait accès au
camp B comprenant 5 garages oblongs d'une longueur de 20 à 30 mètres chacun,
accotés dos à dos pour les numéros 4-5 et 6-7. Entre le garage 8 et le garage
7, comme entre les garages 6 et 5, une cour bétonnée était suffisamment large
pour permettre, en occupation normale du camp par la troupe, de manœuvrer
canons et camions qui étaient hébergés dans ces garages. Une large allée
séparait le garage 4 qu'habitait Willy ROULLON, de l'enceinte extérieure du
camp. Etant donné leur total inconfort, ces garages étaient occupés par les
jeunes officiers. L'OBSESSION DE WILLY ROULLON Bien connue de ses amis dont j'étais,
l'obsession de Willy, dès les premiers jours de captivité, était de s'évader
afin de continuer la lutte contre l'ennemi. Or, s'évader d'un Oflag relevait
presque de l'utopie : le plus difficile paraissait bien de sortir du camp.
Qu'on imagine une enceinte formée par deux « murs » de fils barbelés, hauts de
3 à 4 mètres et distants l'un de l'autre de deux mètres environ. Le « mur »
intérieur s'incurvait à la partie supérieure et vers l'intérieur d'une
trentaine de centimètres. Entre les deux « murs », sur deux mètres environ de
hauteur, s'entassaient des enroulements massifs de fils barbelés. Tous les 20
mètres, les miradors[4]
étaient occupés en permanence par des sentinelles armées de mitrailleuses
montées sur pivots et disposant de puissants projecteurs. Un chemin de ronde
courait le long de l'enceinte, côté extérieur et une sentinelle arpentait ce
chemin entre deux miradors. Au-delà, un mur en béton ajouré dans sa partie
supérieure ne constituait plus qu'un obstacle mineur. A retenir que, côté
intérieur, un fil de garde placé à 50 cm du sol et à 4 mètres devant l'enceinte
ne pouvait, sous aucun prétexte, être franchi, sous peine de déclencher une
fusillade mortelle. LE TUNNEL Dans ces conditions, même l'approche de
l'enceinte était impossible. C'est ainsi que germa l'idée de creuser un tunnel
débouchant au-delà de l'enceinte. C'est ce projet qu'étudièrent notre ami Willy
et son compagnon, le lieutenant DRAPIER. Tous deux parvinrent à s'introduire à
la nuit tombée du mardi 4 novembre 1941 dans un garage inoccupé du camp B situé
non loin du garage 4 et assez près de l'enceinte. EN 1941, DEJA 2 TENTATIVES D'EVASION Peu avant ses deux premières tentatives
d'évasion qui remontent à juin et septembre 1941, Willy m'avait prié, en cas de
réussite, de prévenir son épouse, qui était voisine de mes parents; elle ne
devait pas s'inquiéter de ne plus recevoir de courrier. Willy ne m'avait
cependant pas parlé de cette reconnaissance des lieux qu'il organisait ce
soir-là. LE COUP DE FEU MORTEL C'est vers 19 h 15 qu'éclata le coup de
feu mortel... Ce n'est que le lendemain, mercredi 5 novembre, que nous connûmes
la relation des faits, basée en partie sur les déclarations du lieutenant Drapier,
en partie sur le rapport du commandant de camp allemand, et aussi sur les dires
du médecin belge qui put examiner Willy. Nos deux héros entamaient à peine leur
reconnaissance des lieux que la porte du garage s'ouvrit et qu'un ordre
allemand leur intima de se rendre. Drapier obéit. Willy se cacha dans une fosse
de visite, espérant passer inaperçu. Cette conduite lui était dictée par la
crainte, comme récidiviste, d'être envoyé dans un camp de représailles d'où il
serait plus difficile encore de s'évader. Certain que le prisonnier qui venait
de se rendre n'était pas seul, le sous-officier envoya le caporal et les deux
soldats qui l'accompagnaient fouiller le garage. Découvert, Willy dut bien se
rendre. Le caporal prit la tête de la petite colonne qui devait se déplacer
dans un étroit couloir serpentant entre le matériel entreposé. Suivaient le 1er
soldat portant la lanterne tempête, puis Willy, enfin le 2e soldat,
l'arme chargée tenue horizontale à la hanche, la baïonnette au canon pointée
dans les reins de Willy. Lorsqu'ils furent en vue de la sortie, ce dernier
tenta une ultime chance. Ecartant de la main droite la baïonnette, il jeta un
coup de pied dans la lanterne tempête. Malgré la rapidité de ce réflexe, la
balle tirée par le deuxième soldat l'atteignit dans le dos et toucha la pointe
du cœur. La perte de connaissance fut immédiate et la mort survint dans les
quelques minutes. L'APPEL SOMBRE DU 5 NOVEMBRE 1941 L'appel du matin du mercredi 5 novembre
commença par un long moment de recueillement à la mémoire du héros qui venait
de perdre la vie pour tenter de poursuivre la lutte contre l'ennemi de sa
Patrie[5].
Les Allemands observèrent aussi cet instant de recueillement. Nous étions tous
au garde à vous. L'enterrement se fit au cimetière de
Prenzlau le vendredi 7 novembre. Le convoi était conduit par un peloton
d'honneur en grande tenue, composé de 33 soldats allemands commandés par un
lieutenant. Une petite délégation de prisonniers dont j'étais put suivre le
cercueil. Les Allemands avaient offert une grande couronne de fleurs. Nous
avions, nous, pu en acheter 5 constituées de chrysanthèmes et de roses. La
messe fut dite dans la chapelle du cimetière. Notre émotion atteignit son
sommet lorsque le cercueil, un énorme sarcophage, fut descendu dans cette terre
ennemie, pendant que les soldats allemands, tournant le dos autour de la tombe,
tiraient en l'air une salve d'honneur. Le samedi 8 novembre à 9 heures, la
messe de funérailles fut chantée dans la grande salle de gymnastique, bondée et
dégorgeant largement son monde dans la cour. Le drapeau tricolore était tendu
sur l'autel. A l'issue de l'office, l'harmonium joua 1a Brabançonne. Les
Allemands présents se mirent aussi au garde à vous, respectant notre
patriotisme autant que notre grande émotion. LES CONDOLEANCES DU LIEUTENANT-GENERAL VANDENBERGHE Dans une carte que tous les prisonniers
connaissent, datée du 20 novembre, portant le cachet de la censure du 26
novembre, le lieutenant-général belge Vandenberghe, responsable belge du camp,
écrivait à Madame Roullon : « Vivement touché par la perte de notre cher
camarade, le lieutenant Willy Roullon, mort au service de notre chère Patrie,
je vous présente à vous et à vos chers enfants, en mon nom et en celui des
officiers belges prisonniers, à l'Oflag II A, mes très sincères condoléances
... » Notre héros valeureux a reposé en cette tombe du cimetière de Prenzlau jusqu'en 1947. En dépit de sa propreté fleurie, n'en dit-elle pas plus qu'un long discours ? Il n'avait que 27 ans, laissait une veuve éplorée et deux bambins privés à jamais de l'affectueuse protection paternelle ... RAPATRIÉ EN 1947 Il fallut attendre 1947 pour que les dépouilles
des 23 militaires belges décédés à Prenzlau puissent être rapatriées. Le départ
en camions et en ambulances se fit le vendredi 18 juillet, à 8 h 30. Après
différentes cérémonies en Allemagne, les corps furent rendus à leurs familles
le samedi 19 juillet. Le soir du dimanche 20 juillet, le corps de Willy Roullon
et celui d'un soldat du 4e Lanciers, André Legrand, furent conduits
en cortège à l'Hôtel de Ville de Mont-sur-Marchienne où une chapelle ardente
avait été dressée. LES FUNERAILLES UN 21 JUILLET Lundi matin 21 juillet, jour de fête
nationale, vers 10 heures, après l'interminable défilé des habitants de la
commune dans la chapelle ardente, le clergé vint procéder à la levée du corps
du lieutenant Willy Roullon. Porté sur les épaules de 4 compagnons de
captivité, dont j'étais, le cercueil gagna l'église où allait se dérouler le
service religieux et où l'attendait une foule nombreuse, tandis que les
drapeaux de toutes les associations patriotiques formaient la haie d'honneur. Après la messe, le cercueil de Willy
Roullon, recouvert du drapeau aux couleurs nationales, fut ramené à l'Hôtel de
Ville, où était resté, pour les funérailles civiles, le corps d'André Legrand.
A ce moment, retentit la sonnerie du « Garde à vous ». Puis le Président Lucien
Brasseur, au nom de la FNAPG locale ; Me Grimard, avocat, au nom de
la Fraternelle du 4e Lanciers et M. Dutilleul, bourgmestre, au nom
de l'Administration communale, prirent successivement la parole pour magnifier
le sacrifice des deux héros. Après les discours, les clairons
sonnèrent « Aux Champs » et l'Harmonie Royale de Mont-sur-Marchienne exécuta
l'hymne national. Le cortège s'achemina ensuite jusqu'au cimetière où les corps
de Willy Roullon et d'André Legrand passèrent une dernière fois entre la haie
d'honneur formée par les drapeaux et les couronnes, et, en une simplicité
émouvante, furent descendus, le premier dans le caveau familial ; le second,
dans la fosse creusée dans la pelouse d'honneur. HÉLAS ! PLUS DE 40 ANS SONT PASSÉS Hélas ! Tous ces événements douloureux
que je viens de rapporter avec fidélité et émotion datent de plus de quarante
ans ! Durant ces longues années, la veuve de notre cher Willy, Georgina
Stilmant, n'a cessé de forcer l'admiration. Epousée le 7 janvier 39, devenue
veuve le 4 novembre 41, elle n'a connu que mobilisation, guerre, brève
captivité de son mari et... des larmes, des larmes qui ruissellent encore
aujourd'hui à l'évocation du cauchemar. Les deux enfants qu'elle a donnés à
notre héros, ont été élevés par elle seule, en veuve fidèle et courageuse, dans
la plus parfaite honnêteté, dans le respect des plus hautes valeurs humaines,
dans la vénération de leur père qu'ils n'ont pas eu hélas ! le bonheur de
connaître. Ce destin cruel accabla deux êtres qui s'adoraient depuis
l'adolescence et priva deux enfants de la bienfaisante affection paternelle ...
AU MOMENT OU... Au moment où, après plus de 40 années de
luttes menées pour 10 triomphe de nos droits, une partie de ceux-ci sont
illégalement attaqués, où nous assistons, venant de l'extrême droite, à des
déclarations et des prises de position intolérables ; alors que sporadiquement
on reparle d'amnistie, nous pensons, nous, anciens prisonniers de guerre de la
section de Mont-sur-Marchienne, en communion d'idéal avec les autres
groupements patriotiques, avec l'appui de notre groupement régional de
Charleroi-Thuin Chimay et l'approbation de notre communauté des anciens
prisonniers de guerre tout entière, nous pensons qu'il est temps de rappeler à
nos descendants qu'à côté d'une fraction minime de mauvais Belges qui
collaborèrent avec l'ennemi, il y eut aussi et surtout d'excellents patriotes
qui, au mépris de leur vie, luttèrent vaillamment pour la libération de la
Patrie. Dès la première heure, Willy ROULLON fut
de ceux-là. Nous
souhaitons que son sacrifice ne soit pas vain, qu'il ne sombre jamais dans
l'oubli; mais que, au contraire, demeurant bien vivace dans toutes les
mémoires, il préserve notre héros d'une seconde mort, celle-là définitive. Aussi sommes-nous heureux
que nos mandataires communaux dans leur ensemble, et, en particulier, notre
bourgmestre J.-C. Van Cauwenberghe, notre dernier bourgmestre de Mont-sur-Marchienne,
l'échevin J.-P. Demacq, ainsi que l'échevin responsable Lucien Cariat aient
comblé nos vœux et pris une part active à leur réalisation. Ainsi, en une
cérémonie simple et émouvante, le square anonyme situé à l'embranchement des
rues du Longtry et de la Mardouille a-t-il été baptisé « Square lieutenant
Willy Roullon ». Que nos mandataires communaux en soient vivement remerciés !
Nous voudrions encore vous dire, chères petites amies et chers petits amis, à
vous qui ferez le monde adulte de demain, combien nous souhaitons que le
sacrifice de notre héros soit pour vous un inoubliable exemple et qu'il vous
insuffle un inébranlable désir de paix. Puisse-t-il vous paraître évident : que
la liberté se mérite par des larmes et des deuils; que la guerre est
monstrueuse; qu'elle n'est pas inévitable; que les pays de l'Ouest, de l'Est,
du Nord, du Sud étant condamnés à vivre ensemble, ils doivent arriver à se
comprendre et à se respecter. Pour cela, un seul remède: susciter la confiance
réciproque sans laquelle resteront inefficaces toutes les conférences
officielles de désarmement ou de coopération. Simon
DUBOIS, IMPRIMERIE ANDRÉ BERNARD MONT-SUR-MARCHIENNE [1] Camp de concentration : lieu où l'on rassemble des populations civiles de nationalité ennemie, des prisonniers politiques, etc. Pendant la seconde guerre mondiale, les nazis exterminèrent dans les camps de concentration 12 millions de prisonniers politiques, opposants au régime national-socialiste. [2] 10 mai 1940 : date de l'invasion allemande en Belgique. [3] Oflag : abréviation de Offizierlager - camp d'officiers. Nom donné en Allemagne pendant la seconde guerre mondiale aux camps de prisonniers réservés aux officiers. [4] Mirador : poste de surveillance, élevé à 4 mètres au-dessus du sol, couvert, mais ouvert à tous vents pour permettre le tir d'armes automatiques dans toutes les directions. [5] A noter que les prisonniers de guerre ont des droits reconnus par la Convention de Genève. Notamment, la tentative d'évasion est légale et la capture du prisonnier évadé ou en tentative d'évasion ne peut donner lieu à représailles physiques ou autres. Cette disposition fut rarement observée. |