Maison du Souvenir

La nouvelle république française, instaurée dans le Vercors en Juillet 1944, ne vécut que vingt jours !

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La nouvelle république française, instaurée dans le Vercors en Juillet 1944, ne vécut que vingt jours !

Les lieux du drame : le plateau du Vercors et en particuliers son village de Vassieux.



       Le plateau du Vercors, à l’est de la vallée du Rhône entre Valence et Grenoble, est de 60 km de long et de 40 km de large semblait être une véritable forteresse inexpugnable protégée par de très  hautes falaises calcaires. Forêts et montagnes la recouvrent et ne laissent place qu’à de rares villages comme le village de Vassieux qui sera au centre de notre récit.



       Sur le plateau du Vercors, approximativement en son centre, se situait  une rare vallée abritant le village de Vassieux. Cette vallée se prêtait bien à la construction d’un aéroport destiné aux alliés. (source Wikipeda)



Belle représentation de la « Forteresse » du Vercors


Sur la couverture de cette bande dessinée racontant l’histoire de la résistance au Vercors, l’on aperçoit les falaises qui isolent le massif.

Le récit du drame

       Début 1943, on instaura le S. T. O. (service de travail) obligatoire). Dès lors, de nombreux jeunes gens s’assemblèrent dans le massif du Vercors pour se cacher. Des socialistes du Vercors, en relation avec des militants grenoblois, emmenés par le docteur Léon Martin et Aimé Pupin, sous la bannière du mouvement Franc-Tireur, organisèrent alors  des camps de refuge pour les réfractaires. 

       Vint alors l’idée d’armer ces jeunes hommes et de les transformer en résistants pour être les acteurs du plan conçu par Pierre Dalloz).

       Cet architecte résistant prévoyait d’aménager des terrains d’atterrissage sur le plateau du Vercors, (surtout dans les environs du village de Vassieux) pour recevoir des troupes alliées aéroportées. Celles-ci, avec l’aide de la résistance, devaient être destinées à surprendre les arrières des Allemands fuyant la vallée du Rhône après un débarquement en Provence des alliés. Ce projet fut agréé par Jean Moulin et la France Combattante en février 1943 et pris le nom de « Projet Montagnards ».

       L’organisation da la résistance au Vercors prit un essor rapide et, en Juin 1944, le débarquement allié en Normandie lui donna toutes les raisons d’espérer de pouvoir rapidement bientôt se jeter dans la bataille. Mieux encore, le 3 juillet Yves-Farge proclama la restauration de la république dans le Vercors république qui sera dirigée par un chef militaire et un chef civil. Les lois de Vichy sont abrogées et on hisse le drapeau tricolore, flanqué de la croix de Lorraine et du « V » qui signifie à la fois « Victoire » et Vercors ».



Le drapeau de la nouvelle république

       La jeune république s’organisa rapidement en créant différents services (poste, service du contrôle des déplacements etc.) et en éditant son propre journal, le « Vercors libre » puis le « Petit Vercors ». Un service de relations extérieures avec les Alliés fut aussi créé grâce aux équipes radio.

       Le 14 juillet 1944 est fêté avec faste dans le village de Vassieux. Les hommes défilent dans les rues dont beaucoup de maisons se sont parées des drapeaux nationaux. Ce jour-là , comme pour couronner la fête, un important parachutage d’armes est effectué par les Alliés.

       Au lendemain de la fête nationale, ce n’est pas moins de quatre mille hommes dont disposait la petite république qui fut alors en mesure de reconstituer d’anciennes unités de l’armée française comme le 6e, 12e, 14e Bataillons de chasseurs alpins et le 11e Régiment de cuirassiers… Les entraînements et exercices de maniement d’armes s’intensifièrent grâce aux armes parachutées dans l’entourage du village de Vassieux. Outre les armes les alliés envoyèrent des spécialistes lors de différentes missions comme la mission « Eucalyptus » avec une équipe radio ; la mission « Justine » pour entraîner les maquisards au maniement des armes ; la mission « Paquebot » pour préparer une piste d’atterrissage à Vassieux.

       Malheureusement aucune arme lourde (comme des mortiers et des mitrailleuses) ne fut larguée, ce qui compromettra irrémédiablement la défense du plateau. La raison de ce manquement restera mystérieuse. N’existent que des hypothèses : les Alliés à Londres considéraient peut-être le plateau du Vercors comme une citadelle inattaquable, peut-être aussi, voulait-on privilégier un autre endroit (massif central) comme lieu de rassemblement des forces françaises libres. On sait que le général De Gaulle tenta jusqu’à la dernière extrémité d’obtenir le soutien américain à une opération aéroportée française, non dans le Vercors, mais dans le Massif Central. Quoi qu’il en soit, la forteresse naturelle du Vercors, sans armement lourd  possédait un tendon d’Achille qui lui sera fatal !

       Bien évidemment, le renforcement du plateau par des milliers de jeunes hommes ne passa pas inaperçu aux yeux de l’ennemi qui commençait à craindre que les résistants du Vercors puissent effectivement descendre dans la vallée du Rhône et gêner leur repli vers le nord. Les Allemands décidèrent alors de détruire rapidement la résistance du Vercors en ne lésinant pas sur les moyens. Plus de dix mille hommes furent ainsi rassemblés pour cette offensive et confiés au général Pflaum.

        Le fait que le plateau du massif du Vercors soit considéré comme inexpugnable ne découragea pas l’ennemi. Dès la mi-juillet les Allemands entourent le massif puis montent le 21 juillet à l’assaut des cols avec leurs troupes de montagne. Parallèlement aux assauts des cols, une attaque improbable et sans doute non imaginée par l’état-major de la résistance va sceller le sort de la République. Le 21 juillet et le 23 juillet, en deux vagues, des planeurs allemands atterrissent aux abords du village de Vassieux. Au grand désarroi des résistants, malgré des promesses antérieures, aucun renfort de parachutistes alliés ne vint au secours du massif et au soir du 23 juillet, le sort du Vercors est scellé. François Huet, son chef militaire donne alors l’ordre de dispersion aux hommes qui devront s’efforcer de se cacher dans les forêts. La nouvelle république avait vécu 20 jours



Des Victimes dans les décombres de Vassieux

       Les Allemands ne se contentèrent pas de cette victoire car ils voulaient extirper la résistance jusqu’à la racine. Ils traquèrent les hommes cachés et, dans leur furie, commirent des exactions et des crimes de guerre. Ainsi, le 25 juillet, ils enlèvent 16 hommes dans le village de La Chapelle-en-Vercors, situé à 10 km au nord de Vassieux, et les massacrent dans la cour d’une ferme.




Le mur sur lequel ont été fusillés les 16 jeunes hommes de La Chapelle-en-Vercors

       Le 28 juillet, ils découvrent la grotte de Luire dans laquelle avait émigré l’hôpital du maquis et massacre tous les blessés incapables de marcher tandis que le personnel médical est déporté en Allemagne.



La grotte de Luire, le jour de la pose d’une plaque commémorative le six aout 1945


       En hommage aux infirmières, saluons ici, Odette Malossane héroïne de l’hôpital du maquis du Vercors. Décédée à l’âge de 25 ans près de Ravensbrück le 25 mars 1945. Diplômée infirmière à Paris, elle avait rejoint le 10 juin 44 l’hôpital du maquis installé à Saint-Martin-en-Vercors qui se replia ensuite dans la grotte de Luire à Saint-Agnan-en Vercors.   



       Odette Mallosane, une héroïne parmi d’autres, repose dans la nécropole de Vassieux. Les sept  infirmières de l’hôpital furent déportées en Allemagne. Seule Odette y perdit la vie. Voici les noms de ces  femmes : Rosine Crémieux ("Bernheim"), 20 ans, Cécile Goldet, 43 ans, France Pinhas, 27 ans, Maud Romana (d’Argence), 24 ans, de Romans, Suzanne Siveton, 21 ans, et Anita Winter ("Wortès"), et  Odette Malossanne, surnommée "Etty", qui avait 25 ans le jour de son arrestation à la Luire.



Hiver 45, vue de Vassieux complètement détruit


La Nécropole de Vassieux où reposent 187 maquisards et civils tués pour la plupart en juillet 1944

       De nombreux résistants parvinrent cependant à se cacher et à survivre en forêt mais malheureusement un certain nombre d’entre eux tentent de quitter le massif. Les Allemands qui ceinturent le Vercors en captureront deux centaines puis les exécuteront sans pitié à Saint-Nazaire-en-Royans, Beauvoir-en-Royans, Noyarey

       Pour tout le Vercors, on dénombre plus de 600 résistants morts aux combats et une centaine d'Allemands. Concernant les civils le bilan est de 201 tués, 41 déportés. 573 habitations sont totalement détruites. Pour ce qui concerne le seul village de Vassieux, le 9 août, l’équipe de la Croix-Rouge  découvre 73 habitants et 91 résistants massacrés

       La défaite du Vercors ne sera pas totale puisque plus de 1500 hommes reprendront le combat au sein du 6e B.C.A et du 11e cuirassiers.

       Aujourd’hui un musée exceptionnel, portant le nom de mémorial de la Résistance, retrace l’aventure du maquis du Vercors. Il est construit dans la montagne surplombant le village de Vassieux qui souffrit terriblement lors de l’assaut par planeurs des troupes allemandes. Ce musée est exceptionnel par son site et son contenu. Il offre une place de choix aux témoignages enregistrés des différents acteurs et témoins.



Le mémorial de la Résistance du Vercors, dominant Vassieux fut construit en 1993 et constitue, en lui-même, une prouesse architecturale


Vue ensoleillée du mémorial


Vue du village de Vassieux depuis le mémorial de la Résistance du Vercors. Vassieux occupait une des rares vallées du plateau du Vercors.

       Similitude non signalée dans le musée : le fort belge d’Eben Emael, lui aussi réputé inexpugnable, connut le même sort que la forteresse du Vercors en étant capturé, dans les premiers jours de la guerre par les planeurs allemands !



Planeurs FS30 destiné à attaquer la Résistance au Vercors. Certains avaient déjà été utilisés lors de la prise du fort d’Eben Emael en Belgique (Photo Claude Mathevet)

Dr Loodts P.

 

 

 



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