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LENS ST REMY… Addenda « Lensois un jour, lensois toujours », telle pourrait être ma devise. Je constate que, plus j'avance en âge et plus je suis attaché à mon village natal. Mes aïeux ont partagé les mêmes sentiments A cet égard, je me rappelle avec émotion des vers significatifs d'un poème appris lorsque j'allais à l'école : « Pars, mais tu reviendras, ô mousse En disant comme tes aînés Qu'aucune terre n'est plus douce Que la terre où nous sommes nés. » Mon état d'esprit m'a incité à publier ce supplément me permettant ainsi de répondre au vœu de lecteurs intéressés par l'histoire locale contemporaine et en même temps, pour illustrer mon livre « Dans les pas de Montgomery » paru il y a quelques années déjà. Qu'on veuille bien excuser les omissions éventuelles dans les chapitres qui suivent, omissions dues à des recherches fastidieuses, parfois infructueuses… et souvent difficiles à réaliser. Sans être exhaustif, mon travail permettra, je pense, d'alimenter la mémoire collective. « Pour savoir qui on est, il faut savoir d’où on vient. » La mobilisation de l'armée belge se déroule
en quatre phases 27-9-1939 : Paul-Henri Spaak déclare : « Notre
armée magnifique est aujourd'hui le rempart de notre indépendance… » Des soldats mobilisés au corps des
transports séjournent à Lens en 1939. Un symbole… les extrêmes s'attirent… le
boxeur professionnel carolingien Pierre Charled et son ami Havet cantonnés chez
Lambert Chanet, rue de Moxhe. Le désastre de 1940. Vendredi 10 mai 1940 : c'est la guerre !
Les troupes allemandes envahissent le
Grand Duché de Luxembourg, la Belgique et la Hollande. Mercredi 15 mai :
l'armée hollandaise capitule. Mardi 28 mai : à son tour, la Belgique dépose les
armes. Après la débâcle, les réalités sont là ; il y a des morts, des blessés, des
prisonniers… « Nul ne se connaît
tant qu'il n'a pas souffert. » La campagne des dix-huit jours. Mort pour la Patrie, Maurice Withofs, soldat
au 42ème de ligne, originaire d'Avernas, tombé à Meulebeke près de
Tielt le lundi 27 mai 1940. Blessés
grièvement au cours de la campagne des dix-huit jours. Gabriel Choisis. Sur la Lys, Gabriel est
gravement blessé, atteint par une balle à la tête. Il survivra en suivant un
régime très strict. Raymond Volon, au centre sur la photo. Blessé
grièvement par bombe. Victor Volon, le frère cadet de Raymond
(photo c:i.-contre) Sergent-aviateur en 1940, il est horriblement brûlé dans
son avion le 10 mai à 4 h 30 au terrain d'aviation de Neerwinden Neerhespen.
Pendant l'occupation, il devra se présenter une fois par mois à la
feldgendarmerie de Waremme. A la fin, un coup de téléphone suffira. Soldats
belges tombés à Lens… Dimanche 12 mai, entre 7 et 8 heures, route
de Huy : Victimes
civiles. Le dimanche 12 mai, vers 8 heures, route
de Huy. Soldats
allemands… … Fauchés par l'artillerie française qui
a pris position sur la rive droite de la Méhaigne ou mitraillés par un avion
français qui sera abattu entre Blehen et Poucet, le cockpit enfoncé au milieu
de la prairie Masson. L'épave de l'avion restera longtemps sur place, sans
doute considéré par l'ennemi comme trophée de guerre. … Inhumés provisoirement à Lens : deux
tombes devant le parvis de l'église, le long de la prairie Defosse, deux tombes
dans la cour de la ferme Bourmanne, au lieu-dit « La Croix », une
tombe à l'arrêt du vicinal « Lens St Remy, station », devant la ferme
Royer, deux tombes dans les campagnes. Ouvrons une parenthèse au sujet des
pertes ennemies sur le territoire de la commune. D'aucuns ont prétendu que le
12 mai, un side-car français venant de Blehen est tombé face à face avec
l'ennemi aux environs de la ferme Royer, près du vicinal. L'adversaire veut
utiliser une arme mais un des occupants du side-car est plus prompt ; il lance
un projectile et abat l'allemand. Les combats
des 12 et 13 mai 1940. Les forces en présence. Du côté allié : Dès la violation de la frontière belge, le 10 mai au matin, la France et l'Angleterre qui se sont portées garantes de la neutralité belge répondent à l'appel à l’aide lancé par le gouvernement, de Bruxelles et portent leurs forces armées à la rencontre de l’envahisseur. C'est ainsi que la 1ère Armée française du général Blanchard comprenant neuf divisions soit environ 130.000 hommes doit venir occuper le secteur Wavre – Gembloux – Namur (position dite KW). Le gros de la 1ère Armée est précédé par le Corps de Cavalerie (2e et 3e DLM) du général Prioux qui doit s'avancer jusqu'à hauteur de la Petite Gatte et de la Méhaigne, sur l'alignement général. Tirlemont – Hannut – Huy pour couvrir le mouvement et la prise de position de la 1ère Armée. En d'autres termes, le Corps de Cavalerie doit empêcher les unités allemandes de prendre contact avec la position de défense Wavre – Gembloux – Namur avant le 14 mai à 6 heures du matin. Du côté allemand : Le 10 mai à l'aube, les parachutistes s'emparent des ponts de Vroenhoven et de Veldwezelt sur le (canal Albert et neutralisent le fort d'Eben-Emael). Dans la nuit du 10 au 11 mai, le génie construit un pont sur la Meuse à Maastricht. Le 11 au matin, la 4e division « Panzer » (324 chars) fonce sur l'axe Maëstricht – Tongres – Waremme et le 12, dans la matinée, elle se heurte au Corps de Cavalerie autour de Hannut. Dans la nuit du 12 au 13 mai, la 3e division « Panzer » (324 chars se trouve entre Waremme et Hannut et se prépare à joindre son action à celle de la 4e division. Le décor est planté. Les acteurs sont en place. L'attaque des deux divisions allemandes démarre en fin de matinée le 13 mai. C'est au cours des combats dans la région Hannut –Jodoigne – Perwez qu'eurent lieu, le fait mérite d'être signalé, les premiers engagements-char contre char- de la deuxième guerre mondiale. Le plan des
lieux. Prisonniers
de guerre Lensois. Selon le journal « La Légia »
du 8.6.1940, tous les Belges seront libérés. C'est une question de temps. Léon
Catoul Stalag 1A. Camille
Thonet (à gauche sur la photo). Jean
Deprez, stalag XIB. Libéré, rencontre à Celle (Allemagne) des soldats de mon
unité (14th belgian pioneer coy) le 19.4.45. Rapatrié le 29.4.45. Joseph
Hamande debout au 2e rang, premier à gauche. Emile Wilmotte. Stalag 17, commando 167, Sur
la photo, à droite, Jules Eisein, au centre Emile Hilmotte, à gauche, un
tourinnois. Joseph
Lime, au centre. Maurice
Paquot. Jean-Baptiste
Laruelle. Au travail. Noël
en captivité. Alfred Salmon. Au début de sa captivité. Après…
vêtu à la française, pantalon et bandes molletières. Marcel
Salmon, à gauche. Firmin Salmon, à droite. Marcel
Salmon, à gauche. Firmin Salmon, au milieu. Un autre PG à droite. Louis
Larock, stalag VIII A, 4ème sur la photo (de gauche à droite). Emile
Mincier, 3ème sur la photo (de gauche à droite). Commando
belge affecté à la construction d'un pont en Allemagne. Emile Mincier se trouve
vers le milieu. Jules
Lisein. Jean
Bossy. Auguste
Bella caporal, libéré après deux ans de captivité. Albert
Lambert, sergent, stalag XI A. Albert
Paquot. Profession déclarée en Allemagne : « bauer ». Berger… photographié devant un troupeau de moutons. La
vache et le prisonnier. La
ferme où le lensois était occupé. Joseph
Delvaux (à droite sur la 2e photo). Le plus jeune captif lensois.
Coureur cycliste avant-guerre. … Et
le plus âgé, Joseph Melin. Footballeur talentueux, affilié à l'Union lensoise, sa
réputation à largement dépassé les limites de la commune. Guillaume
Bourmanne. Joseph Lismonde, mars 1942. Clovis Bernard Armand Joassin, au premier rang sur la photo, 1er à gauche. Il est le premier PG lensois à rentrer de captivité le dimanche 15 avril 1945. Le dernier sera Jules Bourmanne qui arrive à son domicile le mardi 3 juillet 45. Autres PG lensois : Joseph Docquier, Emile Dormal, Georges Dubois, Paul Guillaume, Auguste Helia (rue du cimetière), Emile Hendrix, Auguste Laruelle, Emile Laruelle, René Latinue, Paul Salmon, Camille Streel, Fernand Uyttiebroeck. Paul
Bataille Instituteur à Lens. Président d'Honneur
de la section locale de la F.N.C. Cheville ouvrière du comité du « Colis
du prisonnier ». Il est secondé par Marcel Gilis et
Joseph Rader, deux anciens combattants de 14-18 et aidé par les employés
communaux et par les « grands » de l'école communale. Un
prisonnier pas comme les autres !! Georges Hella est mobilisé civil comme
agent des postes. Il doit se rendre initialement à Mouscron. De là, il est envoyé en France. Il doit alors effectué un périple invraisemblable
; II arrive à Arras puis a Douai. Capturé par les allemands, il est acheminé à
Cambral. Il est ensuite expédié au stalag XVII B
à Gneixendorf', au Tyrol. Il rentre au pays après trois mois de captivité pour
exercer son métier de facteur des postes. Lensois
ayant participé a la campagne des dix-huit jours et qui sont rentrés dans leur
foyer en 1940. Emile Renson, originaire d'Avernas. Emile
Larock, Herny Larock. A droite, sur la petite photo. Robert
Delvaux, au centre. Fernand
Hella. Joseph Milquet « 1er lanciers » Roger
Goessens. Régiment des « cyclistes – frontière » (A gauche sur la photo) Joseph
Wilmotte. Participe à la campagne des dix-huit
jours. Pendant l'occupation, il héberge le nommé François Schyns de Gemmenich
qui, normalement comme les jeunes gens des pays rédimés, doit entrer au service
de la Wehrmacht. François
Uyttebroeck. Autres lensois ayant participé à la
campagne des dix-huit jours ; Albert Bourmanne, Fernand Bourmanne, Joseph
Bolline, Joseph Cambron, Paul Cambron, Albert Courbois, Nicolas Courbois,
Ernest Delchambre, Marcel Delleuze, Emile Delleuze, Alfred Désiron, François
Dethier, Alfred Docquier, Jean Docquier, E:mile Gabriel, Emile Gillis, Lucien
Goffart, Fernand Hella, René Hella, Alfred Laruelle, René Libon, Auguste
Malcorps, Jean Pirard, Charles Renson, Fernand et Prosper Rock, Albert
Vandormael, Paul Volon, Auguste Gustin. (Sauf erreur ou omission). Jeunes
recrues de la classe 40. Appelés au service militaire début 1940. Dès le déclenchement des hostilités, ils sont acheminés par étapes vers le midi de la France. Certains séjourneront à Argelès sur Mer près de Perpignan. Joseph
Royer, debout, premier à gauche sur la photo. Fernand
Parent, debout, premier à droite sur la photo. Jean-Baptiste
Chanet C.R.A.B. Jeunes lensois ayant répondu à l'appel
du gouvernement les enjoignant de rejoindre un des centres de recrutement de
l'armée belge. Le groupe le plus important séjourne à
La Salvetat (Hérault) Sur
la photo, debout, de gauche à droite : Justin Gilis, Emile Roder, Georges Malcorps,
Jean Cambron, Albert Bataille et un réfugié belge inconnu. Accroupis, de
gauche. à droite : Marcel Paquot, Marcel Heine, Paul Bataille, Fernand Masset
et un réfugié inconnu. Ont également séjourné à La Salvetat : Fernand Malcorps,
Fernand Siane et Jules Uyttebroeck, XVIème
C. R. A. B.- Camp d'Agde. De tous Les cantonnements du Midi de la
France, celui d'Agde s'est révélé le plus pénible à endurer. Ont séjournés
à Agde : Marcel
Bully. Georges
Musique. René
Parent. Léon
Delvaux. Dans les Flandres, Freddy Delvaux, originaire
de Lens et un bruxellois se joignent à notre groupe. Nicolas Laruelle et Adolphe Delchambre
ont vécu à Lieurans-lez-Béziers. Adolphe et Nicolas rencontrent à la gare de
Bordeaux les Lensois du camp d'Agde qui rentrent au pays. D’autres lensois sont partis à
l'aventure… Alfred et Victor Bully ont quitté leur
domicile ensemble. A Rouen, ils sont embarqués dans un train à destination du
Midi. Arrivés à Narbonne, les deux frères sont séparés. Victor, l'ainé, pourrait
être appelé très rapidement au service militaire. Il séjournera à Bourdic
(Gard) tandis qu'Alfred restera dans les environs de Narbonne pour y
travailler. Le pharmacien Hanson a été aperçu par un
pays alors qu'il déambulait aux abords de la caserne Tallendier à Rouen. Les frères Lambrechts sont arrivés dans
le Midi. Jérôme se trouve à Bergerac (Charente-Maritime), Léon à Tarbes (Hautes
Pyrénées). Jérôme
Lambrechts La cinquième
colonne Contrôle des identités par des
militaires français, même contrô1e par la gendarmerie belge. La raison, des agents à la solde de
l'ennemi se faufilent parmi les réfugiés et la psychose de l'espionnite
apparaît. On croit apercevoir des espions partout… des curés, des bonnes sœurs
et d'autres… D'où vient l'expression 5ème
colonne ? Lorsqu’en
1938, pendant la guerre d'Espagne, le général Emilio Mola forma quatre colonnes
de troupes Franquistes pour s’emparer de Madrid, il déclara à la radio que la 5ème
colonne se trouvait déjà à l'intérieur de la ville. C'est ainsi que naquit
l'expression « cinquième colonne » pour désigner les partisans de
l'ennemi dans leur propre pays. Des retours
au foyer Mai-juin 1940 : des militaires lensois
ayant participé à la campagne des dix-huit jours rentrent à leur domicile. La
plupart d'entre eux ont revêtu un costume civil. Comment ont-ils agi ? Ils ont
quitté les colonnes de prisonniers en trompant la vigilance de leurs gardiens
ou, plus simplement, ils rentrent sans avoir été inquiétés en chemin. Par
contre, d'autres militaires ont été contraints de respecter scrupuleusement les
ordres donnés par les vainqueurs. Les malheureux ont été leurrés ; ils ont
cheminé des journées entières dans l'espoir d'obtenir un hypothétique
« cachet » qui leur permettrait de rentrer à leur foyer en toute
quiétude. Au lieu de cela, ils seront embarqués, dans des wagons à bestiaux, à
destination de l'Allemagne. Fin juillet-aôut 40 : les recrues de la
classe 40 et les jeunes gens qui ont répondu à l'appel du gouvernement rentrent
au pays après avoir séjourné dans le Midi de la France dans des conditions
difficiles. Comment retrouve-t-on le village après
la bataille ? Intact ou presque. Il y a cependant quelques tombes de soldats
allemands qui rappellent les combats des 12 et 13 mai 40.[1]
A la périphérie de la commune, l'épave presque intacte du chasseur français, abattu
entre Blehen et Poucet, restera longtemps en place, un trophée de guerre desservant
la propagande ennemie. A Villers-le-Peuplier, en face de la
maison Fissette, route de Huy, s'entasse pêle-mêle, dans une prairie d'un
hectare, le matériel abandonné au cours de la campagne et récupéré : armes, motos,
chars, chenillettes, chariots, voitures et camions civils et militaires. Quelques dégâts peu importants relevés
après la libération Automne 1944 : un V 1 (avion sans pilote) tombe au lieudit « El
May », entre Lens et Avennes. Il y a quelques carreaux cassés dans les
maisons les plus proches du point d'impact. Au printemps 45, un V 2 (missile)
tombe entre Blehen et Lens, dans « l'entre deux villes ». Dégâts :
tuiles et carreaux cassé. Déportés et
réfractaires. Le service du travail obligatoire en
Allemagne a été instauré en octobre 1942.
La plupart des jeunes gens astreints au travail obligatoire sont devenus
réfractaires après avoir obtenu un congé… Joseph Bricman. Robert
Delvaux. Obtient un congé, étant convoqué à la Werbestelle alors qu'il se
trouve déjà en Allemagne. Nicolas
Laruelle, en Allemagne. Jean
Courbois. Victor
Bully. Jean
Thirion. Fernand
Parent, Berlin le 15-05-1943. Obtient un prolongement de congé pour cause de
maladie… fausses pièces à l'appui. Achille
Fontaine. Participe à la campagne des dix-huit jours au régiment des chasseurs
ardennais. Fin1942, il est astreint au S.T.O. Autres déportés et réfractaires :
Maurice Bousmanne, Fernand Bricman, Paul Delvaux, Jean Laruelle, Charles
Libert. Lensois
arrêtés par l’occupant. Jean
Cambron. Membre de l’A.S. Présumé décède à Nordhausen (Allemagne) le 3 avril
1942. Nicolas Guillaume et son épouse. Secrétaire communal avant-guerre. Il héberge Pierre Lenaerts de Seraing qui est recherché par l'occupant. Nico1as Guillaume est incarcéré deux semaines à la prison de St Léonard à Liège. Sylvain
Debroux. Le réfractaire Léon Duchesne se cache au domicile de Sylvain, rue du
Grand Marais. Sylvain est arrêté. Il sera incarcéré trois semaines à la prison
de St Léonard à Liège. Emile Rôder. A
Pâques 1943, le lensois est pris dans une rafle à la gare de Liège Guillemins
alors qu'il revient après avoir disputé un match de football avec l'équipe du
F.C. Hannutois. Il est incarcéré une dizaine de jours à la Citadelle à Liège. Arrêtés et
incarcérés au Fort de Huy… Le bourgmestre Raymond Lambrechts et son
fils Léon en même temps que Théo et Georges Musique du 4-3 au 19-3-44. Le
bourgmestre Raymond Lambrechts. Léon Lambrechts. 1943 et 1944 ont été, pendant l'occupation, les années les plus difficiles à vivre, Cependant fin 1942 déjà, un agriculteur lensois est incarcéré quelques jours pour livraison insuffisante de viande. Le curé Léopold Dubois. Aumônier militaire en 1914-1918, le curé Dubois est un patriote qui ne cache pas ses sentiments. En chaire de vérité, il conseille à ses paroissiens de ne plus lire les journaux censurés remplis de mensonges. Une de ses ouailles, vexées par les propos du prêtre, sort de l’église en claquant la porte. Ils l’ont
échappé belle… Des compatriotes recherchés par l'ennemi
ont trouvé refuge chez des lensois qui, en les hébergeant, ont risqué leur vie…
Le commissaire de police adjoint Henri
De Schrÿver, originaire de la région bruxelloise, est condamné à mort par
contumace. Il séjourne longtemps à la ferme Bourmanne, place de la croix. Le nivellois Delestine est hébergé à la
ferme exploitée par Armand Defosse. Inscrit sous un faux nom au registre de
la population de la commune (avis de changement de résidence truqué à l'appui),
et excellent footballeur de surcroit, il lui arrive, lorsqu'il a le cafard, de
rejoindre les joueurs de l'équipe locale au terrain situé route de Huy, à côté
de la maison Hanson (propriétaire : Joseph Royer). Il faut dire qu'à partir de
la saison 1942-1943 (le travail obligatoire étant instauré depuis octobre 42),
les entrainements se déroulent toujours sur la moitié du terrain la plus
éloignée de la grand' route. On en devine la raison… Hélas ! Suite à une dénonciation ou à
des bavardages intempestifs, le nommé Delestine devra quitter son refuge pour
vivre en reclus chez Germaine Wilmotte, rue chapelle Rahier. Lorsque le 3e Reich prend la
décision d'annexer les p:ays rédimés (cantons d'Eupen, de Malmedy et de St
Vith), les jeunes gens de l'endroit sont astreint à servir dans la Wehrmacht. Voulant tempérer cette décision
arbitraire, la résistance contacte des agriculteurs lensois. Des déserteurs de Gemmenich séjournent à
Lens : François Schyns chez Joseph Wilmotte, rue
de Moxhe (actuellement rue du centenaire). François Kisterman chez Jean Hamande,
rue Ferdinand Dormal. La
libération. Lens St Remy est libéré le 7 septembre
1944 par la 1ère armée américaine. A la mi-septembre, un hôpital de
campagne est monté en un temps record entre Lens et Avennes, au milieu d'un
champ immense appartenant à Joseph Royer. Le 26 septembre, le camp est démonté et
transféré à l'Est. Peu de temps après, des prisonniers italiens séjournent à
Lens, sous tente, dans une prairie marécageuse, située, rue Emile Böder et
appartenant au fermier Armand Defosse. Des services sont installés dans la
salle du café exploité par Auguste Hella. Des « US » de couleur campent
également dans la prairie Lambrechts rue de la croix. Après la
libération, pour approvisionner les armées alliées, des munitions sont
entreposées dans les campagnes, le long des routes d'Avennes, de Lens St Servais
et de Huy. Le charroi des munitions est effectué à vive allure par des
« blacks » US tandis que les opérations de chargement et de
déchargement sont exécutées par des prisonniers allemands séjournant à Hannut. Le pays est libéré mais la guerre
continue et le gouvernement fait appel aux volontaires, puis il appelle les
miliciens… Volontaires
de guerre. Joseph
Royer. Joseph, fermier à Lens, a souscrit un engagement ; il est appelé à rejoindre la brigade Piron. D'abord affecté au déminage sur la côte belge, il est ensuite envoyé en Hollande puis en Allemagne. Autres volontaires : Auguste Doguet et Raymond Masson. Ils seront attachés à une brigade d'infanterie dépendant de l'armée américaine. Appelés sous
les armes en janvier 1945. Georges
Musique. René
Parent. René
Parent, ici de sortie à Liège, en janvier 1946, accompagné de Jean Deprez. Autres lensois appelés : Léon Delvaux, Marcel
Pirard et Eugène Pirard. Ce dernier sera démobilisé après quelques jours. Miliciens de
la classe 1941 Victor
Bully. Déporté en Allemagne, Victor rentre à
son domicile en mai 1945. Après un court répit à la maison, il est appelé au
service militaire en septembre 1945. Les autres miliciens de la classe 41 :
Frédéric Dubois, Marcel Paquot… sont embrigadés le 5 mai 45. Le 8 mai 45, la guerre finit en Europe,
l’Allemagne nazie a capitulé. « Pro
Patria semper » La devise de Colbert appelle un
commentaire. Au sens strict et noble du terme, la
Patrie est constituée d'une communauté d'individus vivant sur un même sol et
qui sont unis en vertu d'un attachement culturel, La patrie, c'est la terre qui nous a vu
naître et grandir. C'est la maison qui nous a abrités. C'est l'école qui nous a
accueillis dès notre tendre enfance et où l'instituteur nous a appris les grands
principes de la morale. C'est pour d'autres raisons, l'église du
village et la place communale, bordée de tilleuls, où nous organisions nos jeux
d'enfants. C'est aussi cette région que nous avons sillonnée et où nous avons
passé notre jeunesse. Ce sont enfin les paysages familiers qui nous marqueront
toute la vie. A cette notion généralement admise, on
peut insinuer cependant que le patriotisme exclusif qui n'est que l'égoïsme des
peuples n’a pas de moins fatales conséquences que l'égoïsme individuel. On
peut conclure : à la patrie, il faut préférer l'humanité. Autre réflexion, les
lensois cités plus haut ne furent pas tous des héros, loin s'en faut. D’ailleurs, selon Montaigne, il n'y a
pas de héros… Il n’y a que des hommes qui tiennent bon, avec peur et humilité, avec
honneur aussi, parce qu'ils sont ainsi faits ou parce qu'ils sont commandés et qu'ils
ne peuvent agir autrement. « Ceux qui portent en eux quelque
chose de grand ne doivent pas l'attacher à leur personne. » Au contraire.
Qu'est-ce qu'une personne ? Un nom, des besoins, des manies, des
ridicules, des absences; quelqu'un qui se mouche, qui tousse, qui ronfle, un objet
de femmes, une victime du chaud et du froid, un objet d'envie, d'antipathie, de
haine et de railleries ». Je cite Paul Valéry. Après ces considérations d’ordre
philosophique, il y a lieu de retomber les pieds sur terre pour s’apitoyer sur
le sort de ceux qui ont connu la misère, la souffrance et aussi la mort. Ne dit-on pas « Plutôt mourir de
franche volonté, que du pays perdre la liberté. » Si
cette assertion est acceptable, il convient d’admettre cependant qu'il y eut
parfois, en temps de guerre, des règlements de comptes, des morts inutiles, injustifiées,
incompréhensibles… Bien que d’un naturel franc et spontané,
j'ai hésité longtemps avant de relater un fait divers tragique qui eut lieu à
Lens, route de Huy en 1943, et qui a suscité une vive émotion au village. Dans une petite ferme vivait un ménage
original composé de trois célibataires d'un certain âge, Pierre, Emile et Elise
Guillaume. Emile peut être qualifié de marginal. Je
m'en explique. Lorsque les contrôleurs du ravitaillement se présentent à la ferme,
invoquant immédiatement la raison de leur visite – insuffisance de livraison de
céréales panifiables -, Emile leur dit à brûle-pourpoint
: « Moi, je veux la justice… Il y a quatre porcs dans une étable qui ne
sont pas déclarés… » Quant à Pierre, il va disparaître de
manière tragique. Selon les rumeurs qui ont circulé au
village et confirmées par le journal de l'époque « La Légia », des
bandits (peut-être des membres de l'armée blanche ?) seraient venus à la ferme
afin de réquisitionner un vélo. Qu'à cela ne tienne, les fermiers ont de
quoi se défendre. Une fourche à long manche se trouve en permanence... dans un
coin du vestibule afin de parer à toute éventualité… Lorsque Pierre ouvre la porte d'entrée,
le drame se produit. Pierre embroche un « terroriste » et la riposte
est immédiate. Le fermier est abattu sur le seuil de sa
maison… Les jours se suivent et ne se
ressemblent pas, fort heureusement. J’écrivais que, sous l'occupation, les
jours étaient souvent vides, interminables, des jours sans histoires. J’ajouterais
: « On s'ennuie éperdument quand on a vingt ans sous l’occupation. Pour
p:asser le temps, on joue comme des gosses, on court, on tape sur un ballon.
Puis, on y prend goût. C'est ainsi que naissent des clubs de football… » Le même phénomène s'est déjà produit au
cours de la première guerre mondiale. Il y eut à Lens pendant la guerre 1914-1918,
deux clubs de football : la « Foudroyante » créée en 1915 et le « Standard »
en 1916. Après le premier conflit mondial, le
goût, du sport se développa et l'« Union lensoise » naquit en 1921.
L.'appellation « union » laisse supposer qu'il y a eu fusion des deux
clubs amateurs qui évoluaient auparavant. Couleurs du club : rouge et vert. Des « chandails »
aux couleurs du club sont offerts par quelques supporters – à l'époque, - le sponsoring : n'existe pas. La jeunesse lensoise;
héritera de ces survêtements inusables. Local : Café Auguste Deprez, rue du
grand, marais. Terrain : Route de Lens St Servais. L'union lensoise abandonnera la compétition
en 1933. Quelques joueurs ayant évolué au temps
de l’« Union lensoise » Georges Catoul, Adolphe Delchambre, Jean
Delchambre, Eugène Delvaux, Jean Deprez, Maurice Fallais, Zénon Fallais, Armand
Fumal, Victor Happart, Joseph Hougardy, Charles Leruth, Cyrille Manette, Joseph
Melin et son frère Théophile, Pierre Parent, Auguste Rock et ses frères Fernand
et Prosper, Alfred Salmon, Auguste Salmon, Edgond Streel, Marcel Vincent, Auguste
Wilmotte et son frère Joseph. Mai 1941, une réunion au café Hella-Deprez
aboutit à la création d'un club de football dénommé « Jeunesse lensoise
F.C. » Couleurs du club : rouge et vert. Local : café Auguste
Hella-Deprez, rue Emile Roder. Le club évoluera sur différents terrains.
1) D'abord, route de Lens St Servais. La « Jeunesse lensoise »
cessera toute activité en 1963. Saison 1942-1943. Tour final entre les équipes de Burdinne, Fexhe le Haut Clocher, St georges et Jeunesse lensoise et montée en division II provinciale. Debout :
de gauche à droite, Auguste Hella (délégué), Julien Vandormael, Joseph Royer,
Jean Laforge ? Jean Pirard, Jean Pipeleer, Victor Siane. Accroupis :
de gauche à droite, René Parent, Nicolas Royer, Eugène Delvaux, Jean Deprez, Paul
Bully. Quelques
années plus tard… Debout : de gauche à droite, Raoul Bully, Jean Deprez, André
Bolly, Louis Kunsch, Henri Bataille, François Bousmanne, Gabriel Choisis (délégué).
Debout :
de gauche à droite, Auguste Hella (délégué), Philippe Chanet, Paul Delleur, Philippe
Delvaux, Achille Volon, Arthur Volon, Georges Delvaux. Debout :
de gauche à droite, Achille Volon (délégué), Philippe Chanet, Philippe Delvaux,
Georges Delvaux, Pierre Bolen ? Paul Delleur, Julien Jérôme. Avant
l'effort, les joueurs se relaxent sous les yeux admiratifs de fervents
supporters. Et
maintenant… Lens St Remy possède encore un club de football,
dénommé « Patro Lensois ». Le club fut créé en 1970 à l'instigation
de quelques mordus de football, des anciens de la « Jeunesse Lensoise »
(Alfred Désiront, Jean Catoul, Jean Deprez, Fernand Parent… et probablement
d'autres encore.) Au moment où je termine ces lignes, le club évolue
péniblement en deuxième provinciale .Il vient néanmoins d'effectuer un
redressement spectaculaire qui paraissait bien nécessaire à son maintien. Remerciements… A ceux qui ont bien voulu me prêter des
documents et aussi des photos de l’époque si tragique de la 2ème guerre
mondiale. Mon travail est bien sûr incomplet mais il permettra cependant aux Lensois
de ma génération de se remémorer les événements qu'ils ont vécus. Aux autres,
plus jeunes, il servira, je pense, a leur donner une idée de ce qui fut enduré
par leurs aînés.
Décembre
1997.
René Parent [1] Suivant les instructions de « Wehrmacht Graberoffizier », les tombes allemandes doivent être entourées d'une clôture en bois d'environ 50 cm de hauteur. |