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Les Forces
Belges Libres en Angleterre ![]() Le Padre Jourdain S.A.S Robert
Jourdain est né à Saint-Josse le 24 janvier 1897. Il est le fils cadet de Louis
Jourdain, qui avec son frère Victor, a créé pendant la première guerre mondiale
le journal « Le
Patriote »… rebaptisé plus tard « la Libre Belgique » A l’âge de
10 ans, la santé de Robert est gravement altérée par une typhoïde aigue qui provoque
une décalcification des os et oblige le jeune garçon a porté un plâtre pendant
plus de six mois. De
constitution plutôt fragile, rien ne le prédestinait à devenir
parachutiste ! ![]() Un Jésuite féru
de langues slaves. ![]() Abbaye de Tronchiennes Au terme de ses humanités, le brillant
étudiant qu’il a toujours été, décide d’entrer dans les Ordres et de s’engager
dans la Compagnie de Jésus. Il effectue donc son noviciat à Louvain et puis sa
probation à l’abbaye de Tronchiennes. (Gand). En complément de sa longue formation
religieuse, il suit aussi un cursus académique qui lui permet de décrocher un doctorat en
philosophie… et d’apprendre la langue russe. ![]() Collège ND de la Paix à Namur Il débute sa vie pastorale à Namur comme
professeur de religion au collège Notre Dame de la Paix et comme
surveillant-éducateur à l’internat Saint Georges. En 1923, à la demande du Cardinal
Mercier, particulièrement sensibilisé à la cause des immigrés slaves, les
Jésuites de Namur ouvrent leurs portes à des étudiants russes expulsés de
Turquie. Ils s’y étaient expatriés à l’aune de la révolution bolchévique. C’est donc le jeune Père Robert qui est
chargé d’accueillir et d’encadrer ces nouveaux internes. ![]() Institut Pontifical Oriental à Rome Après son ordination en 1928, le Père
Jourdain est envoyé à Rome où il est nommé procureur de l’Institut Pontifical Oriental. A la suite de quoi, en 1932, on lui
confie la tâche de réorganiser à Louvain l’accueil des étudiants eurasiens. Avec le soutien des Œuvres Pontificales,
il transforme donc petit à petit la Pédagogie Robert Bellarmin de la rue de
Malines en un Foyer Universitaire Slave… Tout heureux de retrouver certains de
ses anciens élèves russes de Namur… En mai 1940, lorsque les troupes
allemandes envahissent le bassin liégeois, le Père Robert est préfet de
discipline à l’Institut Technique Zénobe Gramme à Angleur… ![]() Institut Technique Zénobe Gramme à Angleur Comme une grande majorité de Belges, il évacue
alors vers la France où il va trouver refuge dans la communauté des Jésuites de
Bordeaux. Eu égard à sa pratique des langues
slaves, il est invité à l’Hôpital Naval de Villenave-d’Ornon au chevet de
quelque blessé polonais. Et tout naturellement, le Père Jourdain
devient, de manière éphémère, l’aumônier d’une Division Polonaise qui fourbit
ses armes en Bretagne. Il fait donc là ses premiers pas dans le
milieu militaire… Les Divisions Polonaises. Au début d’octobre 1939, alors que les
dernières divisions polonaises décimées par l’ennemi tentent désespérément de
résister à l’invasion allemande, les autorités françaises mettent à la
disposition des Polonais le Camp de Coëtquidan en Bretagne où commencent à affluer des volontaires
issus de l’immigration polonaise en France. ![]() Plus tard, en janvier 1940, le gouvernement
en exil à Paris du Général Sirkoski signe avec le
gouvernement Daladier un traité militaire prévoyant la création en France d’une
armée polonaise. ![]() C’est ainsi qu’en avril de la même
année, la Brigade des Chasseurs de Podhale participe
avec les alliés à la Bataille de Narvik en Norvège et qu’en mai, la 1ère
Division Polonaise, incorporée à la 4e Armée Française, prend part à
la Bataille de France. Même les divisions toujours à
l’entrainement montent au front sus à l’ennemi. Tous ces Polonais combattent en
Lorraine, en Champagne, en Bourgogne et dans la Loire. Le 18 juin 1940, après la débâcle de
Dunkerque, beaucoup sont fait prisonniers, d’autres s’exfiltrent en Suisse où
ils sont internés et quelques-uns décident de se replier en Angleterre dans
l’espoir de mener ultérieurement d’autres combats décisifs. Aux
jours de la libération de l’Europe, ils constitueront l’ossature de la 1DB
Polonaise particulièrement efficace en Normandie, en Belgique et en Hollande… Au moment du
repli Outre-Manche, les Polonais sans hésiter
embarquent avec eux le « Belgijska Ojciec »,… le père belge… Un éducateur
consacré à la jeunesse estudiantine. Fidèle à ses
maîtres spirituels chez les Jésuites, une fois débarqué sur le sol britannique,
le Père Robert cherche à se rendre utile dans le domaine de l’enseignement et
de l’éducation : il va aller prêter main forte au corps professoral du
Collège de Buxton et à ses confrères Jésuites chargés d’organiser la scolarité
des adolescents belges réfugiés en Albion. Le Collège de Buxton. ![]() En mai 1940, aux premiers jours de
l’occupation de la Belgique, la Grande- Bretagne doit faire face à un afflux
massif de réfugiés belges car ils sont ou moins 15.000, ces civils qui
cherchent Outre-Manche une terre hospitalière. Malgré l’hostilité d’une partie de
l’opinion publique britannique, qui estime que le Roi Léopold a trahi la cause
des Alliés, le gouvernement londonien assume ses responsabilités humanitaires
avec courage et générosité. Il crée entre autre le Service Central
des Réfugiés chargé de développer des institutions sociales, éducatives et
culturelles pour les expatriés belges. C’est ainsi que quatre collèges belges
sont fondés à Penrith, Braemar, Kingston et Buxton. La plupart des garçons fréquentant ces
établissements scolaires incorporeront tout naturellement le Corps des cadets
de la RAF. ![]() Le Collège de Buxton, cher au père
Jourdain, se trouve dans le Derbyshire, au sud de Manchester… dans ce que les
Anglais appellent alors une « Safety Area »… ![]() Entreprenant
à souhait, homme de prière convaincu, éducateur exigeant qui aimait de tout
cœur ses élèves, ce disciple d’Ignace de Loyola avait pour devise : « NE
JAMAIS DIRE NON… QUAND ON PEUT DIRE OUI ! » Un Agent
Parachuté du S.O.E. C’est très
certainement par fidélité à cette devise que le Père Jourdain accepte de se
laisser embarquer dans une mission secrète de la Section « T » du
« Special Operations Executive »…. Les Agents Parachutés belges. Ici, il est bon de rappeler ce que sont
les agents opérationnels, ces intermédiaires indispensables entre le
Haut-Commandement Allié en Grande Bretagne et la Résistance des pays occupés. La plus part de ces agents sont
parachutés sur le continent à partir de l’Angleterre… Ils s’infiltrent le plus souvent en
binôme : l’agent et son opérateur-radio. Ce sont tous des volontaires : les
uns sont destinés au service de renseignements, d’autres au sabotage, aux
chaines d’évasion, à l’action psychologique ou aux armées secrètes… ![]() ![]() ![]() ![]() Après une sélection sévère,
l’entrainement de ces agents s’effectue dans des coins isolés d’Ecosse tandis
que le training-para se déroule, en général, au centre d’instruction des
parachutistes de Ringway. Environ 7.000 agents appartenant à 19
nations différentes vont être ainsi envoyés en
territoire occupé... Ils y subiront de lourdes pertes... A
titre d’exemple, sur les 300 agents clandestins belges, un tiers n’est jamais
revenu : portés disparus parce que l’avion des parachutistes a été abattu,
morts dans un accident de saut ou sous la torture, exécutés ou envoyés dans un
camp d’extermination. La section « T », celle qui
opérait sur le territoire belge, a donc inscrit à son tableau d’honneur quelques
belles figures héroïques dont le patriotisme n’avait pas de limites : tel
les Armand Leblicq, Emile Tromme,
Henri Verhaegen, Jean Briot, Freddy Wampach, Louis Philippe, Adolphe Lheureux………
et bien d’autres... En principe, l’âge limite
pour commencer le training- para est fixé à trente-deux ans. Et pourtant, le Père Jourdain a
quarante-quatre ans bien sonnés lorsqu’en avril 1941, il se rend au centre
d’entrainement de Ringway. A l’époque, si la météo était favorable,
il fallait à peine une matinée pour être déclaré opérationnel ! Expert en cumulets Le père Robert était un brillant
orateur. Petit, noir de
cheveux, visage ouvert, conférencier à l’allure aisée, il ne ratait aucune
occasion pour raconter ses aventures de parachutiste. Rencontres, causeries et
excursus, tout était bon pour se replonger dans son passé extraordinaire. Sa distinction,
sa maîtrise du geste et du mot, jointe à l’art des sous-entendus délicats, vous
jetaient alors, sans circonvolution dans le vif du sujet. ![]() Voici donc
comment il raconte son bref séjour à Ringway…. « J’avais appris beaucoup de choses au
couvent, mais pas la pratique de la gymnastique d’assouplissement, agrémentée
de tourniquets complets, du jeu de la balançoire, du toboggan et autres
exercices plus imprévus les uns que les autres…. Un petit cours d’introduction qui vise,
parait-il à rassurer l’aspirant parachutiste vous avoue qu’on prévoit seulement
un mort pour 2000 sauts sans compter les accidents légers : commotions cérébrales
fractures de jambes ou de la colonne-vertébrale !!! Et pour la théorie, vous devez juste
savoir que vous arrivez au sol à 20 ou 30 kms/heure auxquelles s’ajoute la
vitesse de translation du vent. Après quoi, une visite s’impose à la
salle de pliage des parachutes ou de gentilles demoiselles plient et replient
avec soin la toile qui doit vous sauver la vie. Avant de quitter le hangar de pliage, on
vous invite à signer le livre d’or et on s’assure ainsi qu’en cas d’accident, vous
ne viendrez pas vous plaindre que votre parachute était mal plié !!! » Et intarissable, il décrit en long et en large les
différentes phases de son entrainement. ![]() ![]() ![]() ![]() A la fin de son
exposé, avec le même émerveillement qu’un enfant qui déballe ses jouets, le
conférencier exhibe alors quelques gadgets d’agent secret : la ration de
survie des paras, la petite scie multifonctions et la carte de géographique
dessinée sur un mouchoir en soie… ![]() C’est donc à l’aumônier Jourdain que
revient l’honneur d’avoir été le premier
breveté de la future compagnie parachutiste belge… Deux mois plus tard, après une première
tentative avortée à cause d’un épais brouillard sur les Ardennes belges, le
père Jourdain et son transmetteur Armand Leblicq
s’embarquent à bord d’un « Whitley » et se
préparent à sauter sur la Famenne. Cette mission sécrète commence hélas par
un dramatique accident de saut que raconte lui-même le Père Robert… ONE MAN ON TAIL ![]() « Nous arrivons de nouveau sur la
Belgique vers une heure et demie du matin. La visibilité cette fois est excellente.
Quand la trappe du vieux Whitley est ouverte, je
distingue parfaitement les prairies, les haies et les maisons. Le signal rouge s’allume indiquant que
je dois me mettre en position de saut jusqu’au signal qui 3 minutes plus tard
sera l’ordre de sauter. Ces trois minutes me paraissent très
longues. ![]() L’avion volait à 150,200 mètres
d’altitude, se rapprochait encore puis pris dans un trou d’air
remontait. Signal vert. Des deux mains je me pousse
en avant et glisse par la trappe. Choc d’air habituel qui vous
abasourdit ! La pleine lune éclaire magnifiquement la
plaine d’atterrissage. Je me vois descendre. Je vois se profiler l’ombre de mon parachute. Je
suis dans un champ à 500 mètres d’un groupe de maisons. Rien ne bouge. L’avion revient au-dessus de moi. J’agite
mon casque en dernier adieu… Je dépose mon parachute en bordure du
champ dans un bosquet en attendant de l’enterrer. Mais avant tout, il faut retrouver mon
compagnon qui ne se montre pas spontanément comme j’aurais pu l’espérer… Je
traverse un autre champ, cherche à apercevoir le parachute qui s’est peut-être
accroché à un arbre. Rien… Un quart d’heure… une demi-heure… Serait-il
blessé ? Je suis seul. Après trois quart d’heure de recherche
infructueuses, je décide de me cacher dans un petit bois que j’aperçois à 500
mètres. Je me charge de nouveau de mon parachute… Il me faut passer des haies, traverser
des champs et des prairies. Je transpire à grosses gouttes… Il me faut
traverser la route… puis le ravin et la ligne du vicinal. Il me semble entendre quelque chose. Je me cache parmi les bosquets ayant
perdu un peu de ma complète assurance : mon compagnon Leblicq
était armé, moi pas ! Rien ne bouge… Je gagne le bois. J’y pénètre assez
profondément en grimpant la colline escarpée. M’écartant du sentier, je me cache dans
les taillis et m’étends sur mon parachute en attendant le lever du soleil… Mais qu’était devenu mon
compagnon ? ![]() En réalité, je l’appris bien plus tard, le
malheureux mourait d’une mort horrible due à un accident rare même à cette
période des premiers parachutages… Il sauta immédiatement après moi, mais
par suite d’un défaut technique, à la vitesse de 250 km/heure, il alla se
fracasser contre la queue de l’avion. Son parachute s’accrocha à la queue et
il resta pendu tandis que l’avion regagnait l’Angleterre. Malgré les efforts du personnel de
l’avion, on ne parvint pas à ramener le corps. Entrainé avec le parachute par la
violence du vent, au-dessus de la Manche, mon pauvre compagnon tomba déchiqueté
en mer »…. IN MEMORIAM Armand Leblicq
était un Ixellois de 34 ans. Caporal au 3ème
Chasseurs Ardennais, il a été un des tout premiers à rejoindre l’Angleterre et
le S.O.E. après la capitulation de l’armée belge. Un monument à sa mémoire est
érigé au cimetière de Goronne (Vielsalm) Ce 07 juillet 1941, le père
Jourdain atterrit donc seul quelque part dans la campagne d’Harsin
entre Nassogne et Marche-en-Famenne. Après une
nuit d’angoisse, il se remet en route et se voit offrir le gite et le couvert
chez les Hanin, une famille marchoise de sa
connaissance… Le Père
Robert y séjourne quatre jours dans l’attente de voir réapparaitre son
infortuné compagnon d’armes, profitant de ces heures d’expectative pour rédiger
un premier rapport sur les forces militaires allemandes en Province de
Luxembourg… Il note : « J’ai fait le relevé des forces d’occupation pour la province de
Luxembourg… On ne se croirait pas en guerre. Tout se passe aussi normalement qu’il y a
un an… Actuellement (juillet et aout 1941) il n’y aurait pratiquement pas
d’occupation allemande. Le relevé donnerait, outre le personnel allemand des chemins de fer, 165
soldats, plus quelques centaines de recrues. Ces derniers étaient à l’exercice
dans trois centres… » Dans les coulisses de la Belgique
Occupée. Mais là, n’est pas l’objectif principal
de la mission de l’Agent Jourdain… En le parachutant en zone
occupée, le gouvernement en exil compte sur lui pour « sonder les cœurs et les esprits » des forces
vives en Belgique… et partant, de tester sa légitimité… ![]() Mgr Kerkhofs, évêque de Liège. Juste parmi les Nations Sur l’Ordre de Marche du
brave Père sont donc inscrits obligatoirement des contacts avec des
journalistes de la presse libre, des magistrats, des évêques, des militaires
restés au pays, des résistants, des hommes d’Etat et des hommes
d’affaires : en tout une trentaine de personnalités influentes dont
l’avis… et l’appui… peuvent être précieux pour l’avenir. Mais par-dessus tout, il doit s’approcher de la Maison du Roi et de la Maison
du Prince Charles car il est porteur de deux propositions formulées par Pierlot
et consorts. Comme son marconiste est porté disparu c’est via les résistants du « Service Zéro »
qu’il fait parvenir à son officier-traitant ses « SITREP » et un document confidentiel intitulé : « RAPPORT D’UNE MISSION EN
BELGIQUE OCCUPEE » On y parle de l’attitude de Léopold III
et de celle du gouvernement Pierlot diversement appréciées et qui divisent
profondément les Belges. ![]() Général Van Overstraeten. Maison Militaire du Roi On y décortique les jeux d’influence et
les différentes tendances dans l’entourage du Roi, qui ne peut être tenu
responsable de tout ce qui se dit ou se décide parfois à son insu. Il y apparaît que – noms à l’appui – il faut se méfier
de certains militaires royalistes envoyés à Londres pour noyauter les Forces Libres. ![]() Alexandre Galopin On y aborde la problématique
du financement de la résistance et à l’opposé celle de l’indispensable
collaboration économique avec le Reich prônée par l’industriel Galopin. Et à ce propos, il apert que les
bombardements alliés sur les usines liégeoises ont été inopérants car ils
ciblaient les intérêts belges plutôt que les intérêts allemands et surtout
parce qu’ils exacerbent la population. ![]() Hayoit de Termicourt, advocat-général Certains magistrats convaincus, comme beaucoup, que les Nazis
seront bientôt défaits y échafaudent déjà certaines stratégies pour juger les
collaborationnistes : l’un d’entre eux, suggère tout bonnement de laisser
d’abord sévir la vindicte populaire avant de lancer des poursuites judiciaires
plus officielles. ![]() Le Roi Léopold III avec Liliane Baels On y apprend aussi que l’autorité
religieuse, comme une majorité de la population, désapprouve le mariage du Roi
avec Liliane Baels et que certains curés ont même
refusé de publier les bans en chaire de vérité. Il est clair dès lors que la popularité de Léopold III
est en baisse mais que sous la botte de l’ennemi, les Belges restent globalement royalistes car la fonction
royale maintient en vie l’identité de la Belgique… Dans ce document, le Père
Jourdain, qui est aussi chargé par les « Londoniens » de proposer au
Roi une sorte de moratoire dans la guéguerre des reproches mutuels, avoue son
échec : le secrétaire de Sa Majesté a fait clairement obstacle à sa démarche. Mais cela, écrit-il, ne devrait pas
porter préjudice à un rapprochement des deux parties car, de bonne source, il a
appris que, d’initiative, le Roi vient d’envoyer à Londres « le commandant
Zéro » (Fernand Kerkhofs) pour proposer lui-même
une paix des braves. ![]() Le Prince Charles Par contre, chez le comte de Flandre,
l’accueil est plus que bienveillant et le Jésuite peut porter à la connaissance
des conseillers du Prince Charles que le gouvernement en exil le verrait assez
bien jouer un rôle prépondérant dans la réconciliation des Belges… Même si cette deuxième proposition est jugée, d’emblée,
trop risquée pour la cohésion de la famille royale !!! ![]() Enfin, Monsieur Bons-Offices
met un point final à son compte-rendu en signalant que Paul Colin, un
journaliste à la solde de l’occupant, vraisemblablement rencardé par un membre du Cabinet du Roi, a
reniflé sa piste et que les journaux collaborationnistes comme
« Cassandre », « Le Nouveau Journal » et « Le
Soir (volé) » répercutent un article dénonciateur : « Un ecclésiastique commis par Londres a tenté
d’exercer un chantage sur la personne du Roi ! Chantage qui se
résume en ces termes : Sire, nous ne parlons plus de ce que vous avez fait, si vous oubliez ce que
nous avons fait » ! *** Une fois sa mission auprès des autorités
belges terminée, le Père Jourdain n’a de cesse d’essayer de retourner en
Angleterre. Mais le voyage est périlleux et doit être bien préparé :
pendant quatre mois, il rongera son frein dans l’attente d’une opportunité. C’est à
cette époque aussi qu’il rejoint à Bruxelles le Service Zéro de William Ugeux,
Fernand Kerkhofs et Albert Hachez… ![]() Crée en juillet 1940 par Fernand Kerkhofs, directeur du bureau d’information de la Banque de
Bruxelles, ce réseau clandestin est d’abord voué à la collecte de
renseignements politiques et économiques. Puis en
1941, opérant en étroite collaboration avec le S.O.E. et la Sureté de l’Etat à
Londres, ZERO va peu à peu se diversifier dans des missions très cloisonnées de
sabotage, d’évasion et d’émission-radio. *** Fin de l’autonome 1941, comme
beaucoup d’autres avant lui, le Père Robert s’exfiltre de Belgique et via la
filière maintenant bien connue traverse la France, la Ligne de Démarcation et
les Pyrénées. En Espagne,
il est interné le 29 décembre 1941 à Miranda
d’Ebro où pendant 227 jours, il attend patiemment un laissez-passer
pour le rocher de Gibraltar, l’antichambre incontournable des Iles
Britanniques. Comme il
fête le 21 juillet 1942 dans cette geôle espagnole, il ne peut s’empêcher de
rédiger un ultime rapport qui en dit long sur l’ambiance plombée qui règne
parmi les prisonniers belges : « Le Roi, écrit-il, a perdu son auréole ! Cela se fait sentir très clairement même ici au camp de Miranda où nous
sommes trois cent Belges. Le Major Defraiteur, qui est le Chef de Groupe
Belge, avait demandé au comité organisateur de faire de cette fête une
démonstration nationale et royaliste. Mais le mot d’ordre n’a pas été suivi. Certains organisateurs avaient d’ailleurs été prévenus que s’ils voulaient
trop crier « Vive Le Roi ! », Ils risqueraient d’entendre aussi des « Vive Liliane ! » ![]() Chapelle du camp de Miranda : te Deum du 21 juillet 1942. Il sera élargi le 12 août 1942. L’aumônier des Belgians
SAS. De retour en Angleterre, le Père
Jourdain apprend que le gouvernement belge a commencé à entrainer deux unités
de forces spéciales : l’une calquée sur les Commandos britanniques chers à
Winston Churchill et l’autre sur les
Parachutistes du british Special Air Service. L’avenir lui semble donc tout dessiné :
lui qui a déjà gagné ses « wings » à Ringway sera sans
grande difficulté l’aumônier de la : « Première compagnie indépendante de parachutistes belges »
![]() Le 12 septembre 1942, à peine reposé de sa captivité, il
rejoint donc les bérets rouges du Capitaine Blondeel
qui sont en formation à Friz Hill, au sud de
Coventry… Imaginez l’impression que doit faire sur
ses nouveaux « paroissiens », l’apparition de ce religieux de 46 ans,
à l’allure discrète et distinguée qui convient mieux à un intellectuel qu’à
l’image qu’on se fait le plus souvent d’un candidat-volontaire des troupes de
choc. On peut imaginer que plus d’un éprouvent
un sentiment de commisération en pensant aux épreuves que va devoir subir leur
« padre » au milieu de cette troupe de
jeunes volontaires de guerre qui proviennent de milieux fort divers ! Mais détail très rare et intriguant pour
ces durs à cuire, cet ecclésiastique au col romain bien serré arbore aussi sur
le cœur le brevet anglais de parachutiste : privilège accordé uniquement
aux combattants qui peuvent s’honorer d’avoir effectué un saut
opérationnel-pied de guerre… ![]() Mais si le Padre
Jourdain a de l’expérience, il a aussi un caractère bien trempé et son droit
d’aînesse lui permet de défendre crânement ses hommes comme en témoigne cette
anecdote rapportée par le capitaine Blondeel en
personne… Mêlez-vous de vos
affaires, monsieur l’aumônier ! ![]() Lorsqu’en janvier 1944, il fut décidé
que la compagnie des parachutistes belges passerait à la brigade SAS en Ecosse
et que le Cdt Thise, gravement blessé dans un
accident de saut, me remettrait son commandement, une petite cérémonie fut
organisée sous l’égide du Colonel Piron…. Le Colonel fit
un bref laïus de circonstance et à la surprise de tous termina son allocution
par ces mots : « Et
maintenant, il s’agira de devenir discipliné ! » Personne ne
broncha mais certains pâlirent en serrant la mâchoire… Plus tard lors
du « drink » au mess des officiers, le padre
Jourdain demanda la parole et s’adressant au colonel lui dit : « Mon colonel, vous avez dit tout à
l’heure que ces hommes étaient indisciplinés. Je crains que si cela était
exact, ils vous auraient déjà jeté par la fenêtre. Furieux, le
colonel rétorqua : « Aumônier, mêlez-vous
donc de ce qui vous regarde, occupez-vous de vos ouailles ! » A quoi Jourdain
répondit : « C’est ce que je
fais, mon colonel, en redressant les choses ! » D’après « Les
souvenirs de E. Blondeel » ![]() Après ce choc
des titans !!!! ![]() Nous devons à Jean Temmerman, ancien SAS
belge et historien de la Compagnie indépendante de parachutistes un portrait
remarquable du Padre Jourdain. Mais au-delà de la figure légendaire du
père Jésuite, l’écrivain nous laisse découvrir le portrait-robot de l’aumônier
type tel qu’à l’idéal, tout militaire souhaite en rencontrer par bonheur dans
sa vie professionnelle. Jugez-en par vous-mêmes : L’Aumônier « Il était Père jésuite et fort brave
homme d’ailleurs. Le béret rouge mettait en valeur son visage rosé et ses yeux bleus d’outre-mer ; le col romain accentuait sa
distinction. Non qu’il fût un prêtre de salon : sa tenue impeccablement ajustée ne dénotait pas un
penchant exagéré pour les complaisances terrestres mais seulement un souci de respect pour l’uniforme.
Car contrairement à certains de ses confrères, il ne considérait pas cet uniforme comme moyen d’approcher plus facilement les âmes
qu’il fallait amener à Dieu ; pour lui, l’aumônier n’était pas en subsistance à l’unité, mais une partie intégrante
de la Compagnie. ![]() Chacun sa
spécialité : les cuisiniers à leurs fourneaux, les comptables au bureau, les
saboteurs à leurs explosifs et lui, aumônier, à la disposition de tous ceux qui
désiraient les consolations de la foi.
De ce fait, la compagnie des parachutistes belges eut été incomplète sans son pasteur enluminé d’un bon sourire… Jamais aumônier ne fut plus discret. Les
affaires de ses ouailles ne l’intéressaient que si l’on faisait appel à lui. Certes,
il accomplissait son ministère avec ardeur, n’épargnait ni son temps, ni ses
efforts pour garder les catholiques sur la route du salut éternel ; pourtant,
il respectait le quant-à-soi de chacun et ne se serait pas permis de
prosélytisme auprès des incroyants. Les fautes de ses paroissiens
n’épuisaient pas son indulgence. Sa douceur et sa modestie n’étaient pas
feintes mais toute patience à ses
limites et les larcins des uns ou des autres le plongèrent parfois en des rires
peu ecclésiastiques. Les bals qui animaient la cantine de
temps à autre ne plaisaient pas outre mesure à notre bon prêtre… mais il ne
dédaignait pas y faire apparition pour boire un verre… et en offrir beaucoup. Si effacé et si modéré qu’il fut, l’aumônier
ne manquait pas d’influence chez les croyants comme chez les incroyants. Influence absente de catégorie,
bigoterie, tartuferie ou cafardise. Les uns l’aimaient parce que, dévoué à
sa haute mission, il agissait comme il pensait, simplement, sans affectation ;
les autres l’estimaient pour sa réserve et son dévouement. Il était aussi l’agent de la Divine Providence au milieu de ces perpétuels
désargentés que sont les soldats en exil… Au reste chacun l’admirait
car chose paradoxale dans cette bande de casse-cou, seul l’aumônier était
décoré. … » Extrait du livre
« Le singe parachutiste » de Jean Temmerman « Quelque temps avant le débarquement en
Normandie, le Maréchal Montgomery rendit visite à la brigade SAS et passa les
parachutistes belges en revue. Il souhaitait en effet que chaque homme
participant à l’invasion l’ait vu… ![]() Cherchant des yeux ses anciens de la
campagne de Lybie et les quelques décorés, il s’aperçut que le seul décoré belge de l’Ordre of the
British Empire n’était autre que l’aumônier de l’unité, le Padre
Jourdain… » D’après Milo Genot dans son livre « Humour en rouge et vert » En campagne avec les Paras belges Lorsqu’arrive enfin le jour de la
libération de l’Europe, les hommes du capitaine Blondeel
sont fins prêts. Ils piaffent même d’impatience lorsqu’ils apprennent que le
soleil du DDAY s’est levé sur la Normandie
sans eux… Mais un mois plus tard, en juillet 1944,
les paras belges sont enfin engagés : ils vont participer à l’invasion et
mener campagne en France, en Belgique, en Hollande et en Allemagne… LA CAMPAGNE DE FRANCE A partir du 28 juillet 1944, trois
équipes sont parachutées en Normandie pour obtenir des renseignements sur les
convois allemands et pour harceler l’ennemi. En
effectuant leur rolling dans les plaines du Mans, le
lieutenant Ghys et ses hommes sont donc les premiers soldats belges
à fouler le sol de France. Quelques jours plus tard, trois squads atterriront près de Bourges, d’Evreux et de
Beauvais… ![]() Quelque part en Normandie LA CAMPAGNE DE BELGIQUE Du 16 aout au 09 septembre 1944,
plusieurs missions de parachutage sont planifiées dans le cadre de la
libération de la Belgique. Le lieutenant Renkin et ses équipiers ont ainsi l’honneur
d’être les premiers militaires belges en uniforme à pénétrer sur le territoire
national. Le soutien aux réseaux de résistance et
l’observation des mouvements ennemis dans les zones frontalières sont leurs deux
priorités. L’opération NOAH va se concentrer sur l’aide aux maquis de la région de Gedinne, BRUTUS
cible ceux de Durbuy, BERGANG a pour
objectif le plateau des Fagnes et la frontière allemande, CALIBAN débute sur la dropping zone de Bourgléopold et puis renseigne les positions de la Wehrmacht
le long du Canal Albert… ![]() Le Lt Renkin et ses hommes dans le maquis d’Orchimont Le padre
Jourdain qui, avec l’Etat-Major de la Compagnie,
participe à l’opération NOAH, effectue la nuit du 05 au 06 septembre son
deuxième saut opérationnel sur la Belgique…et ce à 47 ans ! Ecoutons le lieutenant Verbois, résistant depuis mai 1940 et cheville
ouvrière du maquis d’Orchimont raconter comment en ces jours de guerre la manne est tombée
du ciel. « GORDITS EST
UN LABOUREUR QUI DEVIENT ROI ! » « Depuis mars 1944, nous avions vécu
plusieurs parachutages mais notre plus beau souvenir est sans conteste celui du
parachutage du Capitaine Blunt, (nom
de code du capitaine Blondeel) et de sept SAS belges,
le 29 aout 44, quelque part près du petit village de Rienne. Le grand capitaine tombe vraiment à mes
pieds, se débarrasse de son parachute et est prêt au combat. Je le rassure en
lui disant qu’il est entouré de 350 maquisards. Et
mes hommes alors le conduisent dans la hutte qu’ils
m’ont fabriquée. ![]() Après avoir dégusté une tasse de café bien
chaud, le capitaine s’étend sur mon lit et je le trouve quelques secondes plus
tard dormant du sommeil du juste, ses grandes jambes passant à travers les
barreaux… *** « Le plus beau spectacle eut lieu dans
la nuit du 05 au 06 septembre. Cette
nuit-là, l’ordre d’avertissement nous était
parvenu de Londres sous la forme du message codé « Gordits est
un laboureur qui devient roi »... ![]() Mes 350
maquisards étaient donc aussitôt partis pour sécuriser la plaine de Bourseigne-Neuve. A minuit,
un premier avion « Stirling »,nous
largue quatre hommes dont le Lt-Médecin Limbosch
et le Padre Jourdain ainsi que
22 containers et 3 paniers. » *** « Mais notre ébahissement n’est pas
terminé : à 02hr 30, deux avions tournoient de nouveau et on ne sait plus
où récolter… 2 jeeps, 12 containers, 4 paniers, 4 hommes dont deux chauffeurs… Incroyable…
devant nos yeux éberlués, les dispositifs amortisseurs des colis-jeeps, pesant 300 kg au moins sont enlevés
en un tour de main…les mitrailleuses parachutées séparément par
containers sont récupérées
et montées illico sur les jeeps… et déjà les moteurs
vrombissent…Cela a duré à peine 15 minutes ! » ![]() Le Lt Verbois pose devant les containers vides. LA
BATAILLE DES ARDENNES En octobre
1944, sur le sol belge enfin libéré, l’escadron se reconvertit en unité de
reconnaissance sur jeeps semi-blindées… Cette
reconversion est à peine terminée que nos paras sont engagés dans des missions
qui visent à contrer l’Offensive Von Rundstedt . C’est ainsi
que le 19 décembre, une colonne de 24 jeeps quitte Tervuren pour aller vérifier
l’état des ponts sur la Meuse entre Liège et Givet… Puis, fin
décembre, les SAS mènent des patrouilles
sur l’axe Halma-Chanly-Tellin-Bure-Saint Hubert et
en liaison avec les SAS français basés à Libin
assurent la protection du flanc droit des Britanniques de la 6th Airborne Division. Hélas, au
cours de cette opération, baptisée Opération REGENT, trois Belges tombent sous le feu ennemi : à Bure, le
31 décembre 1944, le Lieutenant Renkin et ses deux équipiers, C.de Villermont et E.Lorphevre, sont
mortellement touchés par un obus qui pulvérise leur véhicule. ![]() ![]() ![]() ![]() LA
CAMPAGNE DE HOLLANDE En prélude de
l’Opération « MARKET GARDEN »
de septembre 1944, deux squads de reconnaissance sont largués dans la région
d’Arnhem mais conséquemment au fiasco de l’opération, ces neufs belges
séjournent six mois derrière les lignes ennemies, transmettent des centaines de
messages de renseignements et avec l’aide de la résistance hollandaise,
permettent à des dizaines d’aviateurs de rejoindre les lignes alliées… Fin
novembre, le SAS Holvoet en mission auprès des
maquisards bataves est hélas capturé et fusillé…. *** Plus tard en
avril 1945, le Major Blondeel et son régiment reçoit un
nouvel Ordre de Marche dans le cadre de l’Opération « LARKSWOOD ». Cette
mission vise à couper les Pays-Bas en deux, suivant l’axe sud-nord, de façon à isoler
les troupes allemandes bloquées à l’ouest du pays et à accélérer le retrait
vers le Rhin de celles positionnées à l’Est. Cette fois, les
Belges sont chargés d’opérer comme éléments de reconnaissance et d’assaut au
profit de la 4e Division
Canadienne. ![]() En attendant de saisir et tenir le Pont de Veele Le 12 avril,
nos SAS lancent une attaque sur le Pont de Veele,
solidement tenu par des soldats de la Kringsmarine…Au
cours de cet engagement, bon nombre d’ennemis seront mis hors de combat mais
les Belges déplorent aussi la perte de trois des leurs : P. Rolin, E. Hazard et J. Breuer. Le Padre Jourdain qui a suivi ses hommes partout dans la
Campagne de Belgique et lors de la Bataille des Ardennes est aussi en Hollande
en ces jours tragiques. Il est même
mis à contribution… à en croire le récit de Jean Temmerman : Vendredi 13 avril 1945 : Le jour naissant dévoile les traces du
combat : des ruines noircies, certaines encore fumantes, et surtout des
cadavres de soldats allemands rangés sur la berge… « Aller donc voir dans le
tranchées et les maisons détruites s’il n’ya pas d’autres corps à enterrer »
dit le Major Blondeel à
l’aumônier Jourdain… Un Hollandais avait remarqué un cadavre
dans une tranchée où il conduit l’aumônier. Plus de cadavre : il a
peut-être déjà été emporté… Resté seul, l’aumônier parcourt le
terrain et découvre un corps dans une tranchée. Le Padre
Jourdain se penche…et le cadavre tourne la tête vers lui… L’Allemand esquisse
le geste de prendre son revolver puis se ravise et lève les bras. L’aumônier s’empare alors des armes du
soldat, met le fusil en bandoulière, pousse l’Allemand devant lui et ramène
fièrement son premier et dernier prisonnier au PC. Surpris par ce spectacle, le
docteur Sevens arrête de tasser la cigarette qu’il
tapotait sur son étui et s’écrie : « NOM DE D… !!!… Si
l’aumônier se met à faire des prisonniers, moi, je vais devoir entendre les
confessions ! » ![]() Un prisonnier allemand Pendant dix
jours, dans les provinces de Drenthe et de Groningue, le régiment belge opère
en collaboration avec la Division Blindée Polonaise…Nul doute que le Padre Jourdain y aura retrouvé quelques vieilles
connaissances du temps de son séjour en France et de son évacuation vers
l’Angleterre. Le 15 avril,
les Belges libèrent Winschoten et continuent leur
progression vers Beerta et Finsterwolde.
Le 1er Sgt Maj Devignez
y laissera sa vie. COUNTER
INTELLIGENCEEN ALLEMAGNE Après la
défaite du Reich, en mai 1945, les bérets rouges sont désignés pour mener la chasse aux dignitaires nazis. ![]() Répartis
en une vingtaine d’équipes motorisées, ils appuient les Anglais dans cette
traque implacable de fin de régime. L’Escadron B participera entre autre à
l’arrestation de Von Ribbentrop et des membres du gouvernement de Flensburg mis
en place, tel le chant du cygne, par
l’Amiral Dönitz. ![]() ![]() Un ami trop tôt
disparu. Le Padre Jourdain est démobilisé le 17 septembre 1945. Il rejoint
alors pour quelques mois la communauté des Jésuites de Namur puis reprend ses
fonctions à l’Institut Technique Zénobe Gramme à
Liège. ![]() Défilé à Liège : 21 juillet 1946 Dans
l’immédiat après-guerre, le Père Robert continue à entretenir des liens amicaux
avec le Régiment des Parachutistes caserné à Tervuren et puis à Bourg-Léopold. A la demande
et toujours avec grand plaisir, il accepte de venir parler aux recrues de son
passé glorieux d’Agent Parachuté et de SAS. Tout aussi régulièrement, il se
rend à Poulseur pour célébrer la messe au camp d’entrainement
des SAS. Malgré une
constitution fluette, malgré une santé fragile, malgré son âge, le Père Robert
n’a jamais ménagé ses efforts… ni à l’entrainement, ni en mission, ni en
campagne, ni dans son travail de pasteur ou d’enseignant. ![]() Alors, usé d’avoir
tout donné, le cœur du brave religieux perd peu à peu ses forces : pendant
trois ans, le padre connait la souffrance de
violentes crises cardiaques dont la dernière le terrasse le 29 septembre 1952… à
l’âge de 55 ans. Il est inhumé
dans la concession des Jésuites de Liège au cimetière de Wihogne et ses anciens
compagnons d’armes ont eu soin de rehausser ce caveau communautaire tellement austère d’une Stèle
à la mémoire de leur illustre aumônier. ![]() Jo Henry
qui l’a bien connu à Gramme au temps de son adolescence et pour qui le préfet
de l’établissement scolaire était à la fois un père et un héros a constitué avec
opiniâtreté et une immense gratitude une
collection de souvenirs - que dis-je : un petit Musée – qui entretient envers et contre tout
la mémoire du Padre Jourdain, le premier aumônier des
Paras belges. *** L’Aumônier
Jourdain est titulaire de plusieurs distinctions honorifiques belges,
françaises et anglaises… dont la Croix
des Evadés, la Croix des Prisonniers
Politiques… et bien-sûr la médaille d’Officier de l’Ordre de l’Empire Britannique. ![]()
Padre Michel Quertemont
en collaboration avec
Jo. Henry
et J. Louis Marichal |