Maison du Souvenir

Justin Bloom, héros de la Résistance.

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Justin Bloom, héros de la Résistance



Le lieutenant Justin Bloom

       Sous le commandement du Lieutenant Colonel de réserve P.J. Dardenne, commandant le refuge « Vive » Zone IV section Liège de l'A.S., le lieutenant Justin Bloom dirigea spécialement le groupe de sabotage « Fabritus ». Tombé dans les mains de l'ennemi alors qu'il était en service commandé, il fut incarcéré à la citadelle de Liège, condamné à mort et fusillé le 4 septembre 1944, quelques jours avant la libération.

Le résumé de l'affaire :

« LES FAUX GENDARMES »

       Nous sommes au mois d'avril 1944. Chacun sent que le débarquement est proche et que de graves évènements vont se passer. La radio de Londres laisse entendre que la France et peut-être la Belgique pourraient être bientôt le théâtre d'opérations d'une envergure peu banale. Le moment est venu de donner aux forces de l'intérieur qui s'organisent et rongent leurs freins depuis des mois, les armes nécessaires aux combats qui s'annoncent. Le parachutage des mitraillettes, explosifs et munitions commence.

       Justin Bloom de HERSTAL, lieutenant aux unités cyclistes frontières qui commande la section de Hollogne de l'A.S. se lance avec une audace folle en plein dans la bagarre. Il s'agit d'aller prendre livraison des armes parachutées la nuit et de cacher celles-ci dans des dépôts clandestins préparés d'avance.

       Dès qu'a retentit à Radio-Londres le message attendu : « Le furet a laissé tomber sa noisette », Justin Bloom rassemble ses hommes. Ce sont tous de jeunes patriotes animés d'un cran superbe : Delvaux Gaston de Jemeppe ; Sottiaux René ; Smal Victor ; Debaeker Julien ; Ulens Théophile de Hollogne ; Rox Gui de Herstal ; Closset Henry ; Lairesse Albert de Fléron et François Albert de Montegnée.

       C'est chez Closset à Fléron que le rendez-vous a lieu. Là-bas, les hommes revêtent des costumes de gendarmes belges, montent dans une camionnette sur laquelle l'inscription « Gendarmerie Nationale ». Justin Bloom en uniforme de commandant de Brigade suit en moto-sidecar Armés de mitraillettes, les hommes se rendent ainsi dans la campagne à l'endroit convenu où le parachutage doit avoir lieu. Les patrouilles allemandes rencontrées en chemin n'ont garde d'inquiéter la « Maréchaussée » qui fait sans doute du zèle en service de nuit...

       La préparation des dépôts destinés à cacher les fûts parachutés constituait tout un travail d'organisation dangereux et malaisé.

       Cette mission était assurée par le Dr Y. Colmant, de la rue des Augustins à Liège, l'ophtalmologiste bien connu qui, au cours de la campagne 14-18 s'était déjà tout particulièrement distingué au front comme officier d’élite.

       Fin avril 1944, le Dr Y. Colmant était entré en relation avec un sous-officier des Chasseurs Ardennais, Joye, de Salm-Château, passé en Angleterre en 1940 et parachuté récemment en territoire belge. M. Samuel Motte, major de l'armée du Salut à Liège, avait servi d'intermédiaire entre les deux hommes.

       Avant d'accepter de rencontrer Joye, le Dr Colmant avait demandé que celui qui se disait parachuté consentit à radiodiffuser par la BBC trois jours déterminés et consécutifs le message suivant :  « Jeannette n'a pas peur. » Aux jours fixés, le message était donné à 19 h. 15 à l'émission en langue française. Alors seulement, les deux hommes se rencontrèrent à l'hôtellerie de l'Armée du Salut, rue Beeckman et découvrirent leur identité et le service auquel ils appartenaient déjà.

       Joye, accompagné de son collaborateur Eddy Dufrasne, expliqua que deux missions urgentes étaient à remplir en prévision de l'invasion du territoire belge par les troupes américaines : 1/ préparer l'hébergement d'un certain nombre d'agents anglais et belges qui devaient être parachutés dans la région. 2/ achever le plus rapidement possible l'organisation des dépôts d'armes et d'explosifs sur la rive gauche de la Meuse.

       Avec l'ardeur qui lui est propre, le Dr Y. Colmant se mit aussitôt à la besogne. La première mission fut remplie grâce au concours d'agents appartenant déjà à différents services.

       Au centre de Liège, les logements furent assurés par Mme Joseph Ghaye du service Rademeker-Balteau. Enfin, dans la région de Huy, par son propre frère, le Dr Joseph Colmant qui devait tomber le 6 août 1944 sous les balles des Belges au service de l'Allemagne.

       Pour l'accomplissement de la seconde mission, le Dr Colmant rencontra l'aide généreuse du Dr Marcel Delvigne, de M. Achille Brepoe1s de St-Nicolas-lez-Liège et M. Louis Vanhaeren, chef du dépôt des tramways de St-Gilles-lez-Liège. M. Vanhaeren offrit au dépôt même des tramways un emplacement idéalement camouflé pour dissimuler les armes.

       C'est vers ce dernier dépôt que devait être acheminé le produit d'un parachutage particulièrement important qui eut lieu à Villers-1e-Bouillet dans la nuit du 20 mai entre 4 et 5 heures du matin. Il comportait 2600 kilos de dynamite et 18 caisses d'armes automatiques. L'expédition eut lieu suivant le processus habituel, commandée par Justin BLOOM. Quand le tout fut chargé sur la camionnette, celle-ci emprunta la route Hannut-Liège précédée du side-car occupé par le lieutenant. Arrivée au carrefour dénommé Diérain-Patard, sur le territoire de la commune de Hollogne-aux-Pierres, la camionnette est arrêtée par un fort détachement de Feldgendarmes allemands. Le convoi stoppe, confiant dans le stratagème des uniformes de gendarmes et des fausses pièces d'identité, qui lui avait réussi à plusieurs reprises. Les Allemands, manifestement avertis, se précipitent sur les faux gendarmes, les désarment et après les avoir malmenés, les parquent dans la cour de la ferme Lerude. Après deux heures d'attente sous la menace d'être fusillé, le groupe est amené à la Kommandantur de Liège, puis à la prison St-Léonard.

       On apprenait plus tard que le 20 mai au petit jour, toutes les routes menant à la banlieue liégeoise avaient été gardées par de forts contingents d'Allemands.

       Au dépôt des tramways de St-Gilles, l'attente commençait à se faire longue, lorsque vers 9 h.30 arriva un coup de téléphone : « Justin a une appendicite sur la route. »

       C'était l'annonce du désastre.

       Les Allemands arrêtèrent encore par la suite : Lacroix désiré, Humblet Jean, Degrée Alfred et l'avocat Simon Pirmolin de Hollogne, qui avait joué un rôle très important dans cette affaire.

       Les interrogatoires furent menés avec l'énergie que l'on devine par la Feldgendarmerie au premier étage du Palais de justice, p1ace St-Lambert. Les malheureux qui se refusaient à parler étaient couchés, poignets liés, le ventre sur une chaise et pendant que le poste marchait à fond pour couvrir les plaintes, les coups pleuvaient à l'aide d'un morceau de tuyau d'arrosage.

       Le Dr Y. Colmant fut arrêté à son tour le 21 juin à 5 heures du matin par la G.F.P. Emmené boulevard Piercot, il comprit aux premières questions posées de quoi il retournait : « Qui est Melle Jeannette ? Où se trouve M. Motte ? Où et comment avez-vous rencontré M. Ernest, autrement dit le parachutiste Joye ? »

       Le 15 juillet, M. Brepoels subissait le même sort.

       Ces différents dossiers furent transmis à la cour militaire et en ce qui concerne les faux gendarmes, l'audience avait été fixée au 20 juillet, mais pour des motifs ignorés, l'affaire fut remise à une date ultérieure.

       Le cas du Dr Colmant fut différé, à son tour, et traîné en longueur avec, il faut le reconnaître, la complaisance à peine dissimulée de l'Auditeur militaire, le major Altenburg, qui ne brûlait pas d'une ardeur particulière pour le régime nazi et fit tout ce qu'il put durant son court séjour à Liège pour minimiser les faits qu'il était chargé d'instruire.

       C'est ainsi que le 7 septembre, les membres de la Résistance, en enfonçant les portes de la Citadelle, sauvèrent d'une mort certaine tous les courageux patriotes arrêtés dans cette affaire. Hélas ! quelques jours après, on identifiait au Lycée de Waha, les corps de Justin Bloom, de Joye et de l'avocat Simon Pirmolin que les Allemands avaient, avant de s'enfuir, lâchement abattus dans les fossés de la Citadelle.



       Plusieurs audiences avaient été prévues pour différentes dates du mois d'août 1944, et le rôle de la Cour militaire prévoyait même une audience au 1er septembre... Mais toutes les affaires furent indistinctement remises en raison des préparatifs du départ.

       Fin août, le Conseil de guerre pliait bagages en toute hâte et le 6 septembre tout le personnel, auditeurs et greffiers s'enfuyait précipitamment devant les premiers chars américains.

       La Cour militaire allemande de l'Oberfeldkommandantur n° 589 de Liège, entrait dans l'Histoire.

Compte-rendu de l'hommage fait au Lieutenant Justin BLOOM
Cdt du groupe de sabotage « FABRITIUS », le 10 septembre 1951

       Le 10 septembre 1951, fut inauguré le mémorial Justin Bloom. De nombreuses personnalités avaient répondu à l'invitation du lieutenant colonel Pierre Dardenne, directeur de l’école de la place Sainte-Walburge et de son personnel enseignant. Citons, en nous excusant d'oublier peut-être quelques noms :

       MM. Leclercq, gouverneur de la Province ; Drion, représentant le ministre de l'Instruction publique ; Bailly, échevin de Liège ; Picard, directeur général de l'Enseignement ; Mme Bovy, inspectrice ; Pinte, inspecteur principal de l'Enseignement; Jadin, inspecteur cantonal ; Mme Champagne, directrice de l’école normale ; MM. Laboulle, président du Conseil provincial ; Minne, commissaire d'arrondissement ; D'Heur, député permanent ; Pouret, conseiller provincial ; Philippart, vice-président permanent de la Chambre ; Andrien, bourgmestre de Herstal ; Deruisseaux, secrétaire communal de Herstal ; Genot, commissaire en chef ; Compère, receveur communal ; Destenay, député ; Bultot, président du Comité scolaire de l’école Justin Bloom, Léonard, président des Invalides ; Etienne, président F. N. C. ; l'avocat général Potvin, représentant le Procureur général : Lecrenier, procureur du Roi ; de Pierpont, Musch, Depresseux, bâtonniers ; le représentant du Recteur de l'Universtté, Martin, président du Tribunal ; Troclet, ancien ministre ; Van Belle, vice-président du Sénat ; Nihoul, sénateur ; Roschtik, chef de Cabinet du Bourgmestre ; Van Beneden, secrétaire du Bourgmestre ; De Coene, directeur régional des Postes ; Crèvecœur, auditeur militaire ; Henckaerts, directeur du « Grognard » ; Lambert, Lieutenant Général ; Gohy, général-major ; Derache, colonel ; Engels et Massart, colonels de gendarmerie ; Warland, de Marneffe, Libert, Grandjean, Dupuis, colonels ; Renson, Bologne, ancien bourgmestre ; le chanoine Voncken. Nieus et Jasselette, administrateurs du Royal Moto Club ; Verlaine, du Parrainage des Enfants de Fusillés ; Ouwerx, colonel : Marius Paulet, adjudant chef du Protocole du Monument à la Résistance ; Lambinon, major ; la baronne Anspach, Mme Peters-Olivier, MM. Brouns, sculpteur ; Fissette, président d'honneur de l'A. S. ; Wax weiler, commissaire de police ; Stévart, inspecteur des Bibliothèques. Bertrand, administrateur de l'Imprimerie Centrale et du R. A. C. Liégeois ; Pasleau et Tixhon, inspecteurs honoraires ; Donat Wagener qui lut un poème de M. Bonhomme ; les représentants des journaux « La Wallonie ». la « Gazette de Liège », « La Meuse », « La Dernière Heures », « Le Monde du Travail », « La Libre Belgique », « Le Soir », etc.

       La manifestation à laquelle participaient les parents de Justin Bloom, sa femme et son jeune enfant, fut émouvante. Elle a laissé à tous un impérissable souvenir.

       Et que soient encore remerciées toutes les bonnes volontés qui se sont unies pour qu'une idée fervente ait pu s'inscrire dans le marbre et dans le bronze : la Société Pieux Franki, les Agents communaux de la Résistance ; le Grand-Bazar ; la S. A. l'Azote et Produits du Marly ; Services Gaz et Electricité de la ville de Liège ; le Royal Moto Club liégeois ; la société John Cockerill ; la F. N. C, Liège ; la Fraternelle Armée Secrète, Comité du Soutien ; Li Bouquet R'Flori, le colonel Ouwerx, le docteur Fumet ; l’Administration Communale de Herstal, la Police de Liège ; la Fraternelle 15e Artillerie ; Mme Peters, le concert des « Vix Walons » ; M. Béguin, de l’Administration Communale ; le Personnel enseignant et les enfants de l’école Justin Bloorn, la population du quartier de Sainte-Walburge, etc.

Guillaume Van Bilzen

      



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