Maison du Souvenir

Fernand Francou, décapité à Wolfenbüttel.

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Fernand Francou[1]

Industriel

Né à Marcinelle le 26 février 1883.

Décapité à Wolfenbüttel

le 29 novembre 1943.


Fernand Francou

       Au pied de la colonne du Congrès, c'est à présent la même flamme qui brille pour glorifier les victimes des deux gigantesques conflits.

       C'est le même « Inconnu » qui fait pieusement évoquer la mémoire de nos martyrs, ceux d'hier et ceux d'aujourd'hui. C'est le même grand « Inconnu » qui symbolise l'unité dans la lutte, l'unité dans la souffrance et qui, reposant sous la dalle sacrée, représente tous nos héros. Nos Héros, qui, humblement, ont fait le magnifique sacrifice de leur vie afin que la patrie soit sauvée.

       Fernand FRANCOU est de ces héros-là. Un stoïque qui ne recherchait pas les honneurs, bien loin de là, mais qui accomplissait simplement son devoir. Rien, pourtant, ne l'y obligeait, hormis les élans de sa grande âme, brûlant de patriotisme. Il n'était plus, en effet, à l'âge où le péril offre quelque attrait. Le danger est exaltant pour la jeunesse aventureuse. Pour lui, réfléchi, posé, pondéré, il pouvait s'abstenir. Il pouvait, comme d'autres, tant d'autres, attendre que finissent les années de misère. D'autres ont attendu, serrant douloureusement les poings, certes, mais las, mais vaincus.

       Fernand FRANCOU était d'une autre trempe. A cet homme, cet homme de petite taille, mais au grand cœur, il fallait de l'action. Et quelle action !

       L'autre guerre l'avait vu sur la brèche. Agent de l' « Intelligence Service » et près d'avoir à payer de sa vie un patriotisme efficient, il n'avait dû son salut qu'à l'armistice de 1918.

       Sans une hésitation, en 1940, il se remet à l'œuvre, un tumulte dans le cœur, dans ce cœur noble que le désastre n’a, pas abattu mais qui s'est cabré, farouche. Ne recommande-t-il pas à son épouse de n'entreprendre aucune démarche s'il était un jour arrêté, ne voulant rien devoir à ces gens-là !

       Il recommence donc. Oh ! rien de bien sensationnel au début : de la résistance personnelle. En octobre 40, il est agent de renseignements et d'action, puis membre du Service Zéro ; la presse clandestine a ses faveurs.

       Mais que ce soit dans l'une ou l'autre de ses périlleuses missions, Fernand FRANCOU, homme d'affaires à l'aspect bourgeois et paisible, travaille avec le même cœur. Pas d'esbroufe chez lui. Pas d'éclat. Rien de spectaculaire. Mais le modeste accomplissement d'un labeur acharné pour la bonne cause en laquelle il a placé ses espoirs.

       Jusqu'au jour où la Gestapo vint mettre un terme à sa vaillante activité. C'est le 9 juillet 1942 qu'il fut arrêté à son domicile au cours d'une de ces classiques descentes de la soldatesque hargneuse.

       Emprisonné à Charleroi et Saint-Gilles, il est transféré en décembre 42 en Allemagne pour y être jugé sous l'inculpation d'espionnage et de distribution de tracts antiallemands.

       Il a connu les camps, les prisons de Bochum, Wüppertal, Esterwegen et Wolfenbüttel ; condamné à mort le 15 octobre 1943, il fut décapité le 29 novembre 1943.

       On sait quelle force de caractère il fallait pour supporter les mauvais traitements infligés avec leur raffinement de cruauté. Fernand FRANCOU n'eut point de défaillance. Au contraire, plusieurs témoins ont rapporté, qu'en toute occasion, il soutenait ses compagnons d'infortune momentanément découragés, les réconfortant d'un mot bienveillant, d'un sourire, dune parole d'espoir, d'un geste viril, relevant, lui, sexagénaire, le moral de jeunes codétenus qui, à certaines heures, éprouvaient quelque compréhensible lassitude.

       Un religieux, qui a vécu la vie horrible du bagne nazi, déclare : « Les contacts  trop rares que j'ai eus avec M. FRANCOU m'ont fourni la conviction qu'il était un homme foncièrement croyant, ayant une conception très haute de la vie chrétienne, et qu'il puisait dans cette même foi le courage et l'énergie nécessaires pour supporter généreusement la vie d'épreuves que nous menions au camp. »

       Tenace au milieu des souffrances, Fernand FRANCOU, exécuté, n'a pas été vaincu. Comme ils n'ont pas été vaincus ses frères martyrs, frères d'espoir et de douleur, frappés comme lui en terre hostile.

       Par eux, par ces héros aimés, le sentiment du devoir, si étrangement abaissé parfois, devrait se relever dans les consciences. Par eux, malgré les tristesses les plus amères de nos malheureux temps, le souffle sacré du dévouement doit consoler et rafraîchir les cœurs.



[1] Tiré de « Cœurs Belges » du 1er Mars 1948.



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