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Le Message du
C.A.P.O.R.A.L. FEVRIER 2011 « C.A.P.O.R.A.L. »
signifie: Comité des Associations Patriotiques d’Oupeye pour le
Regroupement des Activités Locales. Editeur
responsable: M. Laurent Antoine, rue de Hermalle, 131, 4680 OUPEYE Le mot du Secrétaire patriotique Chers amis lecteurs J’admets que vous présenter maintenant les vœux de notre comité local des
Associations patriotiques pour l’an 2011, c’est un peu tard. Mais comme c’est
une tradition d’abord, et qu’ensuite vous attendez sûrement avec curiosité ce
que sont notre attitude et nos réactions dans les circonstances actuelles,
voici ce qu’en tout cas moi, je pense en ce début de février. Je vais me permettre d’avoir, dans cette revue d’Anciens Combattants, des
mots orduriers que l’on dit de « corps de garde ». Sept mois sans
gouvernement, si ce n’est celui dit d’affaires courantes dans ce pays, à cause
de Bart de Wever et de Quelqu’un qui veut la fin de Le président du parti qui veut rompre la solidarité nationale en manipulant
la sécurité sociale au seul profit d’une partie de la population est
méprisable. Ceux-là qui, du nord du pays, emboîtent le pas des gens qui rejettent
l’union de tous les Belges, ceux qui prônent le droit du sol, sont des
inciviques et des traîtres à Pour comble, des parlementaires légitimement élus viennent à nouveau de
réclamer l’amnistie pour les collaborateurs du nazisme jugés après la
libération et condamnés. Ils ont même osé parler d’indemnités et de
dédommagements pour préjudices subis avec effets rétroactifs. Ils n’ont aucune
honte ces gens-là. C’est vraiment du n’importe quoi ! Voilà qu’on conteste le régime monarchique du pays maintenant ! Là, je
serai moins sévère, moins formel, ce n’est pas illégitime de se déclarer
républicain. C’est un choix ! Cependant, personnellement, je soutiens
notre bonne vieille majesté le roi Albert II ; il est compétent, astucieux
et surtout doté d’une fameuse patience, j’admire sa sagacité et aussi son
humour. Quel bon caractère ! N’a-t-il pas été d’abord le Prince de
Liège ? En 1934, la bien aimée Reine Astrid a
présenté son bébé à la foule liégeoise en liesse sur la place du Marché, du
haut du balcon de Je termine par mes souhaits. D’abord, que les prédateurs qui guettent notre
pays en état de faiblesse n’en profitent pas. Qu’un sursaut éveille les
consciences et que la raison prédomine rapidement. J’espère qu’il ne faudra pas que les Liégeois
montent à nouveau sur Bruxelles, nous l’avons fait en 1830 avec Charles Rogier
et Charlier jambe de bois et cela a « bardé ». Aux survivants, combattants, résistants, déportés, de la guerre de 1940,
nonagénaires ou pour le moins octogénaires, très raisonnablement, nous
souhaitons la meilleure santé possible. L’âge est là et ses misères. Le passé a
laissé des traces indélébiles. Aux veuves, aux enfants, petits-enfants, à tous nos lecteurs, que tout se
passe pour le mieux. Merci enfin à tous ceux qui sont avec nous et qui partagent notre devoir de
mémoire. Bone Annêye Tot sôr di boneûr A tote li k’pagnèye Georges Antoine Ma camionnette et
moi Souvenirs de guerre d’un cycliste
frontière 1940 Par Charly Wesmael
- 1er Régiment 1er Bataillon 6ème Compagnie Dans le Caporal précédent, nous faisions
paraître ce livret en marquant nos craintes qu’il soit sous Copyright. Eh bien
il n’en est rien. C’est le maïeur de Saint-Pholien,
Jean-Denis Boussart qui nous informe qu’en fait,
cette histoire a été écrite par l’un de ses bons amis, malheureusement décédé.
Il tenait le restaurant « Charlemagne », bien connu à l’époque. Non
seulement M. Boussart nous certifie que son ami
aurait été heureux de voir son travail reproduit, mais encore incite-t-il notre
Secrétaire patriotique, Georges Antoine à continuer à écrire son petit mot
introduisant chacun de nos « CAPORAL ». Voilà qui va redonner du
courage à notre brave Georges ! Si ce numéro contient bien son « Mot
du Secrétaire patriotique », nous pourrons dire merci au maïeur ! Chapitre II. Pépinster. Le
poste d’un de nos sergents se trouvait tout au-dessus de la colline ; il
devait de là, avec sa mitrailleuse
légère, battre toute la route. Pour ne pas être repérés par
l’aviation, nous empruntons le chemin qui surplombe la vallée. Large sentier
pour cyclistes et piétons. Avec la camionnette, nous
partons à l’assaut de la colline. La côte était très forte et le moteur du
camion très faible. Cette camionnette, je ne
l’ai pas encore décrite, mais si vous vous représentez ce qu’est un vieux
camion Ford qui sert à un marchand de lait pour faire le « porte à
porte », vous aurez une image assez exacte de ce genre de charroi. Et
pourtant en a-t-elle accompli des exploits_ Brave « Joséphine »
va ! En première vitesse, elle
arrive péniblement au sommet de la côte, à tel point qu’elle soufflait comme
une locomotive. Nous déchargeons les
munitions et prenons le chemin du retour. Monter avait été
relativement facile, mais descendre devenait dangereux. Nous arrivons à
l’endroit où la route est en équerre. Au côté gauche, un précipice, et je
devais faire une double manœuvre pour prendre le tournant. A ce moment, je m’aperçois
que mes freins n’ont plus d’efficacité. Je freinais à fond et le véhicule
poursuivait sa course ! Je prends mon frein à main,
je tire… même résultat ! Trois mètres nous séparent du bord, deux mètres,
un mètre, cinquante centimètres. D’en bas, les soldats qui
nous regardaient fermaient les yeux pour ne pas voir la catastrophe. J’avais
l’impression que les roues de devant oscillaient dans le vide. L’adjudant Hankaerts prend le frein à main que je tenais déjà et tire
de toutes ses forces. Je revois sa figure et je
ris encore : son visage était crispé et de son front coulait abondamment
la sueur. Comme par miracle, la
voiture s’arrête… Nous nous regardons,
poussons un soupir de soulagement, mais nous veillons à ne plus lâcher les
freins. A l’aide de mon talon, je parviens à remettre la voiture en marche,
j’introduis la marche arrière, je débraye et le camion fait un formidable bond
en arrière. J’oblique à droite, j’arrête et descends du véhicule pour me
remettre de cette émotion. Quelques instants après, nous reprenons la descente
et rejoignons l’état-major du régiment qui nous attendait sur la grand route de
Verviers. Voici donc installés à leur
poste tous nos soldats qui, avec leurs chefs, attendent les ordres. Pendant ce temps, une file
interminable de réfugiés passait entre nos lignes. Notre état-major manifestait
une grande inquiétude. Si jamais l’ennemi perçait
cette colonne de réfugiés, que pouvait-on faire ? Notre mission était de
prendre contact avec l’ennemi et le nombre de réfugiés, au lieu de diminuer, ne
faisait que s’accroître. Sur la route de Verviers, la circulation était
tellement dense que les voitures avaient peine à se frayer un passage. Derrière nous, le génie
opérait des destructions. Cette image des premières
heures de la guerre était effrayante et pourtant qu’était-elle auprès des
horreurs que nous allions voir les heures suivantes ! Pendant cette fuite
inconsciente, nos soldats attendaient avec impatience le moment où la parole
aurait été donnée à leurs armes. Mais une heure plus tard, nous recevions des ordres qui nous
stupéfièrent : les fortifications, cette ligne de défense que l’on avait
dit infranchissable, ces défenses que nous avions voulu tenir pour montrer au
pays et au monde combien nous aimions que l’on respectât notre neutralité, tout
cela, on nous ordonnait de l’abandonner sans combat ! Notre
major et nos chefs n’y comprenaient rien. Mais puisque nous devions partir, que
les ordres étaient ainsi donnés, avec discipline, nous les avons exécutés. Nos soldats, la mort dans l’âme,
quittèrent leurs abris … emportant les armes et les munitions et on recharge ma
camionnette. En bon ordre, nous
rejoignons l’endroit que le Grand Quartier Général nous avait assigné. Déjà cependant la méfiance
se manifestait. Nos gradés s’en étant aperçu, circulèrent dans nos rangs et
nous demandèrent de faire confiance à nos supérieurs, plus tard nous saurions
le pourquoi de cette manœuvre. C’est ainsi que quelques heures plus tard, nous
apprenions la justification de cet abandon avec prière de la lire aux soldats. Ainsi finit pour nous la
première partie de la guerre. Qu’est-ce que l’avenir nous
réservait ? Dans les chapitres suivants, vous allez vous en rendre compte. Nous sommes le 10 mai à
quatre heures de l’après-midi ! Chapitre III. Liers et Hallembaye. Pendant
que l’arrière-garde fermait les obstructions et faisait sauter les dernières
destructions, notre Bataillon de gardes-frontière rejoignait ses nouvelles
positions. Nous faisons route vers
Liège. Avant d’entrer dans Durant cette halte, notre
lieutenant nous donne la raison d’être de notre repli. Le Grand Quartier Général
avait été informé que l’armée allemande contournant la ligne de défense de
Liège et des environs portait son effort vers le Limbourg. Notre direction
devait donc être le Limbourg. L’arrière-garde nous rejoint
et à ma grande joie, nous passons par le Centre de Liège. Liège est la ville que
j’habite et dans des moments aussi angoissants, on doit comprendre combien il
est bon de revoir son pays. Et puis, peut-être aurai-je
la chance de rencontrer mes parents ou de prendre de leurs nouvelles. Nous
arrivons place Saint Lambert et alors que ma camionnette prenait le virage de
la rue de Bruxelles, j’entends qu’on m’appelle. Je reconnais la voix de mon
papa qui m’avait reconnu sous mon casque. J’aurais voulu pouvoir l’embrasser
peut-être encore une dernière fois, mais impossible, la colonne continuait sa
marche et, comme j’étais le seul chauffeur de l’auto, je ne pouvais
l’abandonner. Avoir vu son père de si près
et ne pouvoir s’entretenir un moment avec lui avant de reprendre le combat
était pénible. Mais en montant la rue de
l’Académie, j’aperçois mon frère aîné qui courait vers moi, il monte sur le
marchepied et je le questionne, j’étais avide de nouvelles. On va passer par
notre quartier. A cinq cents mètres de la maison, la colonne s’immobilise. Mon
frère court et va avertir les miens. Cinq minutes après,
j’aperçois ma pauvre petite maman au ras de mon frère. Notre rencontre fut bien
émouvante. Se retrouver en pleine guerre sans savoir si nous nous reverrions
encore ! Elle me demanda si j’étais
en danger, si je n’avais pas froid, si je n’avais pas faim. Elle me posa enfin
toutes les questions que poseraient toutes les mamans. Je la rassurai sur mon sort
en mentant quelque peu, je lui certifiai que je ne prendrai pas part aux combats. Quand une maman voit ainsi
un de ses fils en danger, plus rien pour elle n’existe au monde. Elle a devant
elle ce fils qu’elle a mis au monde, qu’elle a élevé jusqu’à l’âge de vingt-six
ans et elle n’a même plus le droit de le retenir. Ce sacrifice que le pays
demande aux mamans est terrible. Chez moi, c’est six fois que
la patrie a imposé cet holocauste à notre maman, nous étions six garçons et
tous les six nous étions en âge de servir. Cette demi-heure que je
passe avec les miens me réconforte, la colonne reprend sa marche, j’embrasse
une dernière fois ma mère et mon frère. Nous passons devant la maison. Adieu
maman, vous reverrai-je encore ? Dieu seul le sait ! Et nous arrivons ainsi à Liers où nous prenons cantonnement pour la nuit. Nous nous
installons et préparons notre couchage. Peut-être pourrons-nous dormir ? Mais notre état-major
établit ses nouvelles positions de défense ; nous déchargeons la
camionnette et classons les munitions par ordre pour le lendemain. Le travail
terminé, je circule dans le cantonnement et me rends ainsi compte du moral de
nos soldats. J’en fus stupéfait, la camaraderie de guerre existait déjà chez
eux et ils racontaient des histoires gaies. Une demi-heure après, je rejoignais
mon camion où je me fais un lit et me couche pour prendre quelques heures de
repos. Mais la nuit fut
agitée ; plusieurs fois je fus réveillé par de formidables détonations.
C’était énervant et lugubre. Etait-ce notre artillerie qui tirait ou celle de
l’ennemi ? A cinq heures du matin, le
premier chef s’amena pour prendre possession des armes et des munitions. La
distribution se fit entre six et dix heures du matin, mais elle fut plusieurs
fois interrompue par les avions qui vinrent bombarder et mitrailler les fermes
où nous étions cantonnés. Ce fut là que pour la
première fois je pus me rendre compte du désarroi que cette arme pourrait
occasionner et pourtant, ce n’était rien vis-à-vis de ce que nous allions
vivre. A deux heures de
l’après-midi, notre commandant reçoit l’ordre de se porter en avant. La
compagnie se rassemble et prend la direction de Houtain-Saint-Siméon. Arrivés dans ce petit village,
nos hommes se répartissent entre les fermes et se restaurent. Nous, le charroi, prenons
position dans un verger et camouflons nos camions. Une heure après, on repart et cette fois pour
prendre part au combat. Nos camarades montent à
vélo. Quant au charroi, il doit rester sur place à l’exception de ma
camionnette « Joséphine » promue au premier rang de char de combat.
Je dois me tenir continuellement en contact avec les troupes pour les
ravitailler en munitions. Arrivés sur les lieux de
combats, notre aumônier vint me trouver et m’apprit que dans une heure ou deux,
le régiment des gardes-frontières allait livrer la première bataille. On avait
reçu l’ordre de repousser l’ennemi qui s’était infiltré par des ponts qui
malheureusement n’avaient pas sauté. C’est alors que je vécus une
scène très simple, mais combien émouvante. Notre aumônier était entouré de
soldats qui, les uns après les autres, venaient s’agenouiller devant lui. Ces
soldats, déjà braves dans les premiers jours de guerre, voulaient ainsi mourir
en bons combattants. Nous allions subir le baptême du feu. Eh bien alors, nous
narguions le danger et méprisions la mort. Mes camarades se portèrent
tous en avant et toute la compagnie s’engagea dans le combat du Thier de Hallembaye, combat qui
fur pour nous très meurtrier, très dur et très démoralisant. Nos officiers en tête, les
différentes compagnies se dirigent vers Visé. Arrivés à la crête du Thier de Hallembaye, elles se
déploient. Un groupe d’éclaireurs part pour prendre connaissance du terrain. Au
moment où nous recevons l’ordre de nous porter en avant, arrive une escadrille
de dix-huit à vingt avions. Elle se partage en deux et, pendant plus de deux
heures, nous subissons un bombardement effroyable. Nos soldats sont pris de
panique et les officiers ont toutes les peines à les maintenir. Notre major réclame l’aide
de l’aviation belge. Peine perdue, pas un seul appareil ne vint à la rescousse. Après cette tourmente et ce
fracas, j’avance ma camionnette vers la crête et je charge les blessés sur les
caisses de munitions. Parmi ceux-ci se trouve le major Viatour
qui avait montré jusqu’ici un courage héroïque et un admirable sang-froid. Je ramène un de mes amis qui
était devenu complètement fou, j’aurais voulu également reprendre le corps du
sergent Beaudelot mais là n’était pas ma mission. Les
habitants du village nous promirent de lui assurer une sépulture convenable. C’est là que nous avons
assisté à une boucherie occasionnée par un bombardement par avions. Nous étions
tous comme des ivrognes. Nos chefs, sans perdre courage, rassemblent leur
compagnie, se mettent à leur tête et continuent leur avance vers Visé. De mon côté, après avoir
déposé les blessés, je remonte dans ma camionnette et vais rejoindre la
compagnie. Alors que je descendais le Thier, j’entends
au-dessus de moi un bruit formidable. Je m’arrête, à ce moment un sifflement
suivi d’une explosion se font entendre. Je me cache instinctivement derrière le
tablier du camion. J’attends quelques minutes, je me relève avec précaution, je
sors de la voiture et en fais le tour comme un automate. J’étais entouré de
fumée et de poussière. Que sont devenus les deux
soldats qui m’accompagnaient ? Comme un fou, je me précipite dans une
maison située juste en face et que vois-je ? L’un de ceux-ci se remettant
de ses émotions. Il me fait asseoir, me passe la bouteille dont je vide une
bonne moitié. Ceci me remet sur-le-champ et, avec mon coéquipier, nous
refaisons le tour de notre « Joséphine ». Elle n’avait pas
bougé ; pas de dégâts sauf les vitres, et, son moteur tournait
toujours ! Nous cherchons le troisième
larron et le retrouvons, couché dans le fossé, blessé à la tête. De nouveau,
nous repartons à l’arrière avec le blessé, puis revenons rejoindre la
compagnie ; mais il m’est impossible de descendre plus bas que mon premier
arrêt. La torpille était tombée sur la route à une cinquantaine de mètres de
mon radiateur et avait creusé un trou capable d’y mettre un gros camion. J’attends une bonne heure et, comme la nuit
approchait, je me suis obligé d’aller rejoindre notre charroi. De là, j’assistai au premier
repli des régiments de ligne qui devaient tenir le canal Albert. Quand je
revois cette retraite de soldats qui, pendant plus de dix-huit heures, avaient
subi un effroyable bombardement, vivant ainsi des heures infernales, il me
semble assister à une sortie d’aliénés qu’on aurait lâché tous ensemble. Ils passaient devant nous,
criant et pleurant. Il y en avait sans veste, d’autres sans souliers, presque
tous sans armes. Impossible de leur adresser la parole, ils ne répondaient
qu’un mot : « Ah, N. de D. ! Les salauds !! » Quand les derniers furent
passés, notre régiment reprit son avance mais avec plus de précautions, car à
ce moment, nous arrivions en première ligne. La nuit du onze mai était tombée, nos soldats prirent position et attendirent
l’ennemi. Ce ne fut pas long. A l’aide de fusées blanches, il avance, mais les
nôtres l’accueillent avec un feu de mitrailleuses bien nourri. Notre
observateur demande un tir d’artillerie
de nos forts pour établir un barrage. Ce fut très bien fait et le tir très
précis. Vers deux heures du matin, le secteur était
rentré dans le calme ; de temps en temps, pour nous tenir en éveil, un
obus de nos forts. Et ainsi, nous avons attendu le lever du soleil. Pendant
toute la nuit, nous n’avions reçu aucun ordre. Notre lieutenant Boulanger, qui
remplissait les fonctions de commandant de compagnie, et qui, pour le surplus,
remplaçait le major blessé, envoya à l’état-major un motocycliste qui lui
servait d’agent de liaison. Une
heure après, celui-ci nous revint tout abasourdi. Il n’y avait plus personne
dans les bureaux. Tout le monde était parti ! Pendant donc que nos soldats
maintenaient leurs positions, notre poste de commandement avait disparu.
Celui-ci avait été repéré par l’aviation et bombardé. Le
lieutenant, se voyant ainsi isolé, donne à ses risques et périls l’ordre de
repli sur Liers. Arrivés dans ce village, où
plusieurs maisons brûlaient, nous recevons l’ordre de retraite à toutes les
troupes défendant le canal Albert. Nous
devions nous rendre à Hannut. Arrivés à Ans, notre colonne se partage en deux.
L’une se dirige vers Saint-Trond, l’autre vers Hannut par Bierset.
Ma camionnette eut la bonne idée de prendre la direction de Bierset
car tous ceux qui se dirigèrent vers Saint-Trond furent arrêtés à Oreye qui était déjà occupé. A
Hannut, nous retrouvons notre état-major. Il nous attendait avec inquiétude.
Notre colonel certifia avoir envoyé un agent de liaison. Celui-ci était revenu
en disant que plus personne ne se trouvait sur les positions. Nous n’avons
jamais revu cet agent de liaison. Pendant
que nous donnons ces explications au colonel, un nouveau bombardement se
déclenche sur Hannut. Ilo provoque une telle panique que tous les soldats se
dispersent dans tout le pays. Les uns sont partis vers Bruxelles, les autres
vers Mons et nous vers Charleroi. Je
continuai donc le repli en direction de Charleroi, mais, arrivé à Namur,
fatigué par vingt-neuf heures d’auto, je m’endors au volant. Trois heures plus
tard, je suis réveillé par un bombardement. Depuis trente heures,
« Joséphine » a été bombardée six fois : Ans, Bierset, Hannut, Namèche et deux
bombardements à Namur. Je reprends la route de Charleroi avec cinq soldats que
j’avais chargés en route et nous nous arrêtons à Châtelet où des parents nous
accueillirent avec empressement. Enfin nous pourrons prendre quelques heures de
repos. Je suis tellement déprimé, fatigué et sale que mon cousin ne m’avait pas
reconnu. Cette halte nous fit reprendre courage. Le défilé des troupes françaises
nous apporta du réconfort. Quatre
heures plus tard, après avoir fait honneur à la table de mon cousin, après nous
être lavés, rasés, nettoyés, nous repartons en direction de Mons ; nous
roulons toute la nuit. A Mons, nous attendons six heures, pendant lesquelles
nous cherchons le lieu de rassemblement de notre régiment. Enfin, nous
apprenons que les gardes-frontières doivent se rendre à Wemmel, près de
Bruxelles où des chefs reforment des compagnies et en route ! Nous
sommes le mardi matin 14 mai. Nous partons de Mons mardi après-midi et nous
arrivons à Bruxelles le mardi soir. Notre état-major nous vit revenir avec
joie. Il nous croyait perdus ou abandonnés. En effet, en partant de Liers, il ne nous restait plus que dix litres d’essence.
Mais, comme tout soldat belge qui se respecte, nous avions tiré notre plan et
Joséphine, en cours de route, avait fait son plein d’essence. Je
conduisis le camion dans le préau d’une école où nous pûmes enfin prendre une
bonne nuit de repos. C’était la première fois depuis le début des
hostilités ! Le lendemain, pendant toute la journée, les gardes-frontières
arrivèrent de tous les coins du pays et chaque militaire qui revenait était
accueilli avec enthousiasme. A
six heures du soir, on nous fait savoir que nous sommes libres jusqu’au
lendemain matin. J’en profitai pour me rendre à Bruxelles où je rendis visite à
des amis. Ces braves gens ne savaient que faire pour me donner du courage,
jamais je n’oublierai leur affectueuse réception. Le jeudi matin, les deux tiers
du régiment avaient rejoint le lieu de regroupement. Nos chefs en manifestèrent
la plus vive satisfaction. A
midi, il ne manquait plus que cent et vingt hommes. L’état-major en informa le
Grand Quartier Général, qui décida de nous envoyer en première ligne. A trois heures de l’après-midi, notre
colonel ayant fait savoir que nous étions prêts, un ordre arriva portant les
indications pour notre nouvelle mission. (à
suivre) Après les travaux de remplacement des châssis du bâtiment communal, notre exposition « La femme durant la seconde guerre mondiale » est de nouveau accessible le mercredi de 13 h 30 à 16 h 30 ou sur rendez-vous au 0474 46 64 82. Ne tardez pas car elle sera démontée dès la fin du mois de mars. Pourquoi ? Dès le mois de mai, une nouvelle exposition verra le jour. Le thème ? La résistance, et surtout dans notre région. SI VOUS POSSEDEZ DOCUMENTS, PHOTOS, OBJETS, ayant trait à ce sujet, si
vous êtes d’accord de nous les prêter pour la durée de l’exposition,
voulez-vous bien vous mettre en contact avec nous au 0474 46 64 82. ? Exemples : brassards, tenues de résistant, documents que
s’échangeaient les résistants, tracts, journaux clandestins, faux documents
confectionnés par les résistants, exploseurs ou tout matériel ayant servi aux
sabotages, . .tout ce qui a trait
à Recherche de renseignements Il paraîtrait que des
unités belges ont été engagées sur Mme
Van Heusden, veuve de notre regretté Président de la section FNC Vivegnis, Mr Laixhay, vient de
nous confier un document intéressant. Bien qu’il ne soit pas toujours lisible,
nous allons essayer de vous le révéler. Evasion de Belgique
occupée pour rejoindre les Forces Belges en Grande-Bretagne Effectuée par LEDENT Henri et LEROY Hubert du 19 avril au 22 juin 1942. ATH --- LONDRES Suite à des arrestations massives effectuées à Liège et environs, LEDENT Henri étant repéré, décida, sur les conseils de ses relations, de se soustraire au sort qui fatalement aurait été le sien s’il était resté. Nanti de quelque argent et, comme tout renseignement de ligne le Mont Kemmel (avion), ainsi qu’une adresse en France fournie par Melle VAN ROY de Vivegnis. Le dimanche 12 avril, Henri prit la route ou plutôt le train, direction Bruxelles. Repéré à la gare du Nord (Bruxelles) par un gestapiste de Liège, il parvient à le semer et trouve refuge pour la nuit chez Joseph CLOCKERS (originaire de Vivegnis), rue Sans Souci X.L. Le lendemain, il prend le train à la gare du Midi pour Charleroi en compagnie d’un autre repéré. Arrivés à destination, chacun descend du train par une porte différente et le malheureux compagnon de voyage de Henri se fait arrêter sur le quai. Un train démarre sur une autre voie. Henri n’hésite pas, saute dedans, se renseigne sur la destination et roule en direction de Haine-Saint-Paul, passant par Mons. Il arrive à Chièvres vers 13 heures, où je suis en service. Je le présente comme gendarme venant de Charleroi en quête de ravitaillement. Toutefois, le commandant de brigade est mis dans la confidence. Le lendemain, Henri part pour le Mont Kemmel. Il me revient deux jours après. Le renseignement s’est révélé faux. Nous cherchons une ferme où il aurait pu se cacher, mais aux premiers mots de notre demande et les motifs donnés, tous les fermiers hésitent, nous comprenons qu’il est inutile d’insister. Henri décide de tenter la grande aventure, ceci se situe le samedi 18 avril. Pour ma part, commençant à en avoir assez du service avec contrôleurs et autres, je décide d’accompagner Henri. Nous arrêtons la date du lendemain le 19 avril. Je dois me faire remplacer dans mon service de planton à la brigade. Je donne comme prétexte que mon collègue (Henri) retourne à Charleroi et que je voudrais le conduire à Ath. Un marié consent à me remplacer pendant deux heures. Le pauvre, il ne me reverra que deux ans et demi après. Dimanche 19 : départ 9h. Ath. Lettres postées. Train Tournai – Lille. 18h. départ Lille pour Paris. Métro. 23h. Gare Montparnasse, salle d’attente. Lundi 20 : 7h. Train pour Angers,
couvent, dîner, religieuses, enfants (prières, chants). 19h30 : départ pour Saumur. Arrivée
21h30. A pied, direction Neuillet. Halte au lieu-dit « Mardi 21 : Adresse Melle
VANROY-NEUILLET, château de Mercredi 21 : même situation, promenade soir, déterré 2 pistolets. Jeudi 21 : même situation, exercice
de tir par Vendredi 22 : toujours enfermés, promenade parc. Samedi 23 : courant après-midi,
retour Baronne visite effectuée à Saumur, papiers d’identité française. Sortis
du château par une porte de service et rentrés par la grande allée comme
ouvriers soi-disant envoyés de Dimanche 24 : sortie au village, messe, promenade. Lundi 25 : commençons service.
Henri sommelier et jardin (légumes), Hubert scier bois, scier bois, … Arrivée
de la sœur de Du mardi 26 au vendredi 29 : même situation. Samedi 30 : Arrivée scouts dans la propriété, abbé, confession dans bois. (à suivre) Funérailles
de Monsieur Hector COX, Dernier Président de l’Amicale Royale du Fort de
Pontisse. Allocution
prononcée par Monsieur l’Echevin Laurent ANTOINE, le jeudi
10 février 2011 à 10h30 en l’église d’Oupeye. Merci Monsieur
le Curé de me permettre de prendre la parole en ce début d'office au nom de Monsieur le
Député-Bourgmestre, Monsieur le
Conseiller provincial et Echevin, Madame et Messieurs
les Echevins, Monsieur le Président
National de Mesdames et Messieurs
les Président(e)s des Associations patriotiques, Monsieur le
Secrétaire patriotique et Messieurs les Secrétaires, Messieurs les
Trésoriers, Mesdames,
Mesdemoiselles, Messieurs, C’est avec émotion que nous
adressons ce jeudi 10 février 2011 un ultime hommage au dernier Président de
l’Amicale du Fort de Pontisse. Le Collège communal et le
Conseil communal que j’ai l’honneur de représenter, souhaitent rendre ce
dernier hommage à tous ceux qui ont combattu et ont souffert pour la sauvegarde
de nos libertés. Monsieur COX, par ses qualités
d’Ancien Combattant et d’ancien Prisonnier de Guerre fait, en effet, partie de
tous ceux qui ont vu leur jeunesse ternie par les horreurs de la guerre. Milicien de la classe 39,
Hector COX était attaché au Régiment des Forteresses de Liège et a été mis en
garnison au Fort de Pontisse. Il a
vaillamment combattu lors de la campagne des 18 jours. Sa compétence lui a valu d’être nommé chef de
coupole du Saillant 4 par le commandant PIRE.
Il faut savoir que le Saillant 4 fut la dernière coupole en
fonctionnement au moment de la reddition du Fort. Son comportement héroïque lui a valu la
nomination officielle en qualité de brigadier.
C’est ensuite en Autriche et ce pendant 5 longues années qu’Hector COX a
connu le dur statut de prisonnier de guerre. Je voudrais que ces quelques
instants de recueillement nous permettent de méditer sur les souffrances
morales et physiques que connurent Monsieur COX ainsi que tant de ses
compagnons d’infortune. Au niveau professionnel, je me
dois de rendre hommage à un homme digne, courageux et particulièrement
compétent, qui a effectué une carrière complète longue de près de 40 années en
qualité de chef de service aux Forges de Zeebrugge. Sa grande conscience professionnelle
suscitait l’estime générale – tant de ses collègues que de Je me dois de rappeler que
Monsieur COX est, à très juste titre, titulaire de multiples décorations, dont
une des plus prestigieuses : A titre civil, Monsieur COX
est titulaire de la Médaille du Travail de 1ère classe et de
Chevalier de l’Ordre de La perte de Monsieur COX est
très lourde pour tous ses amis de l’Amicale Royale du Fort de Pontisse qui
déplorent aujourd’hui l’absence de leur dernier Président mais aussi pour les
sections FNC, FNAPG et FNRI dont il a toujours été membre actif. La perte de Monsieur COX est très lourde pour
sa famille. C’est vers elle que je me tourne. Au nom du Conseil communal, du
Collège communal et de toute la population d’Oupeye et en mon nom personnel, je
présente à son Epouse, sa fidèle compagne depuis presque 60 années, à sa fille
unique Chantal ainsi qu’à toute la famille mes condoléances émues. Que la terre de notre pays et
le site de la pelouse d'honneur d’Oupeye que vous avez tant aimés vous permettent,
Monsieur COX, de reposer en paix. AYONS UNE PENSEE
EMUE A Ces derniers mois et notamment depuis la dernière parution de notre Caporal, plusieurs anciens et veuves nous ont quittés. Souvenons-nous plus particulièrement de : Michel DOSSIN, de Houtain ; Jean SCHRAYEN, d’Oupeye ; Pierre MARTIN, de Haccourt ; Raymond GILSON, d’Eben-Emaël ; Pierre DELPORTE, de Hermalle ; Hector COX, dernier Président de l’Amicale Royale du Fort de Pontisse dont nous venons de publier l’éloge funèbre officiel. Parmi nos veuves, nous associons dans un même hommage
2 amies de toujours, très dévouées à la cause patriotique. Mesdames HERMAN et SERVAIS, respectivement
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