Maison du Souvenir

Le message du C.A.P.O.R.A.L. du mois de Février 2011

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Le Message du C.A.P.O.R.A.L.

FEVRIER 2011

« C.A.P.O.R.A.L. » signifie: Comité des Associations Patriotiques d’Oupeye pour le Regroupement des Activités Locales.

Editeur responsable: M. Laurent Antoine, rue de Hermalle, 131, 4680 OUPEYE

Le mot du Secrétaire patriotique


Chers amis lecteurs


J’admets que vous présenter maintenant les vœux de notre comité local des Associations patriotiques pour l’an 2011, c’est un peu tard. Mais comme c’est une tradition d’abord, et qu’ensuite vous attendez sûrement avec curiosité ce que sont notre attitude et nos réactions dans les circonstances actuelles, voici ce qu’en tout cas moi, je pense en ce début de février.

Je vais me permettre d’avoir, dans cette revue d’Anciens Combattants, des mots orduriers que l’on dit de « corps de garde ». Sept mois sans gouvernement, si ce n’est celui dit d’affaires courantes dans ce pays, à cause de Bart de Wever et de la N.V.A., c’est une honte ! Il ne joue pas seulement avec, il se pend autour.

Quelqu’un qui veut la fin de la Belgique pour laquelle nos pères et nous-mêmes avons combattu, et qui ose envisager de réaliser le vieux rêve des nationalistes, indépendantistes flamingants, ceux-là qui, pendant la dernière guerre avaient, nombreux, revêtu l’uniforme des nazis et collaboré avec l’occupant, celui-là ne peut être que honni !

Le président du parti qui veut rompre la solidarité nationale en manipulant la sécurité sociale au seul profit d’une partie de la population est méprisable.

Ceux-là qui, du nord du pays, emboîtent le pas des gens qui rejettent l’union de tous les Belges, ceux qui prônent le droit du sol, sont des inciviques et des traîtres à la Patrie. Ils nous font horreur.

Pour comble, des parlementaires légitimement élus viennent à nouveau de réclamer l’amnistie pour les collaborateurs du nazisme jugés après la libération et condamnés. Ils ont même osé parler d’indemnités et de dédommagements pour préjudices subis avec effets rétroactifs. Ils n’ont aucune honte ces gens-là. C’est vraiment du n’importe quoi !

Voilà qu’on conteste le régime monarchique du pays maintenant ! Là, je serai moins sévère, moins formel, ce n’est pas illégitime de se déclarer républicain. C’est un choix ! Cependant, personnellement, je soutiens notre bonne vieille majesté le roi Albert II ; il est compétent, astucieux et surtout doté d’une fameuse patience, j’admire sa sagacité et aussi son humour. Quel bon caractère ! N’a-t-il pas été d’abord le Prince de Liège ? En 1934, la bien aimée Reine Astrid a présenté son bébé à la foule liégeoise en liesse sur la place du Marché, du haut du balcon de la Violette. Je ne voudrais pas que l’on touche à notre Sire.

Je termine par mes souhaits. D’abord, que les prédateurs qui guettent notre pays en état de faiblesse n’en profitent pas. Qu’un sursaut éveille les consciences et que la raison prédomine rapidement.  J’espère qu’il ne faudra pas que les Liégeois montent à nouveau sur Bruxelles, nous l’avons fait en 1830 avec Charles Rogier et Charlier jambe de bois et cela a « bardé ».

Aux survivants, combattants, résistants, déportés, de la guerre de 1940, nonagénaires ou pour le moins octogénaires, très raisonnablement, nous souhaitons la meilleure santé possible. L’âge est là et ses misères. Le passé a laissé des traces indélébiles.

Aux veuves, aux enfants, petits-enfants, à tous nos lecteurs, que tout se passe pour le mieux.

Merci enfin à tous ceux qui sont avec nous et qui partagent notre devoir de mémoire.

Bone Annêye

Tot sôr di boneûr

A tote li k’pagnèye

Georges Antoine



Ma camionnette et moi

Souvenirs de guerre d’un cycliste frontière 1940

Par Charly Wesmael - 1er Régiment 1er Bataillon  6ème Compagnie

       Dans le Caporal précédent, nous faisions paraître ce livret en marquant nos craintes qu’il soit sous Copyright. Eh bien il n’en est rien. C’est le maïeur de Saint-Pholien, Jean-Denis Boussart qui nous informe qu’en fait, cette histoire a été écrite par l’un de ses bons amis, malheureusement décédé. Il tenait le restaurant « Charlemagne », bien connu à l’époque. Non seulement M. Boussart nous certifie que son ami aurait été heureux de voir son travail reproduit, mais encore incite-t-il notre Secrétaire patriotique, Georges Antoine à continuer à écrire son petit mot introduisant chacun de nos « CAPORAL ». Voilà qui va redonner du courage à notre brave Georges ! Si ce numéro contient bien son « Mot du Secrétaire patriotique », nous pourrons dire merci au maïeur !

Chapitre II. Pépinster.

       Le poste d’un de nos sergents se trouvait tout au-dessus de la colline ; il devait de là, avec  sa mitrailleuse légère, battre toute la route.

       Pour ne pas être repérés par l’aviation, nous empruntons le chemin qui surplombe la vallée. Large sentier pour cyclistes et piétons.

       Avec la camionnette, nous partons à l’assaut de la colline. La côte était très forte et le moteur du camion très faible.

       Cette camionnette, je ne l’ai pas encore décrite, mais si vous vous représentez ce qu’est un vieux camion Ford qui sert à un marchand de lait pour faire le « porte à porte », vous aurez une image assez exacte de ce genre de charroi. Et pourtant en a-t-elle accompli des exploits_ Brave « Joséphine » va !

       En première vitesse, elle arrive péniblement au sommet de la côte, à tel point qu’elle soufflait comme une locomotive.

       Nous déchargeons les munitions et prenons le chemin du retour.

       Monter avait été relativement facile, mais descendre devenait dangereux. Nous arrivons à l’endroit où la route est en équerre. Au côté gauche, un précipice, et je devais faire une double manœuvre pour prendre le tournant.

       A ce moment, je m’aperçois que mes freins n’ont plus d’efficacité. Je freinais à fond et le véhicule poursuivait sa course !

       Je prends mon frein à main, je tire… même résultat ! Trois mètres nous séparent du bord, deux mètres, un mètre, cinquante centimètres.

       D’en bas, les soldats qui nous regardaient fermaient les yeux pour ne pas voir la catastrophe. J’avais l’impression que les roues de devant oscillaient dans le vide. L’adjudant Hankaerts prend le frein à main que je tenais déjà et tire de toutes ses forces.

       Je revois sa figure et je ris encore : son visage était crispé et de son front coulait abondamment la sueur.

       Comme par miracle, la voiture s’arrête…

       Nous nous regardons, poussons un soupir de soulagement, mais nous veillons à ne plus lâcher les freins. A l’aide de mon talon, je parviens à remettre la voiture en marche, j’introduis la marche arrière, je débraye et le camion fait un formidable bond en arrière. J’oblique à droite, j’arrête et descends du véhicule pour me remettre de cette émotion. Quelques instants après, nous reprenons la descente et rejoignons l’état-major du régiment qui nous attendait sur la grand route de Verviers.

       Voici donc installés à leur poste tous nos soldats qui, avec leurs chefs, attendent les ordres.

       Pendant ce temps, une file interminable de réfugiés passait entre nos lignes. Notre état-major manifestait une grande inquiétude.

       Si jamais l’ennemi perçait cette colonne de réfugiés, que pouvait-on faire ?

       Notre mission était de prendre contact avec l’ennemi et le nombre de réfugiés, au lieu de diminuer, ne faisait que s’accroître. Sur la route de Verviers, la circulation était tellement dense que les voitures avaient peine à se frayer un passage.

       Derrière nous, le génie opérait des destructions.

       Cette image des premières heures de la guerre était effrayante et pourtant qu’était-elle auprès des horreurs que nous allions voir les heures suivantes !

       Pendant cette fuite inconsciente, nos soldats attendaient avec impatience le moment où la parole aurait été donnée à leurs armes.

       Mais une heure plus tard,  nous recevions des ordres qui nous stupéfièrent : les fortifications, cette ligne de défense que l’on avait dit infranchissable, ces défenses que nous avions voulu tenir pour montrer au pays et au monde combien nous aimions que l’on respectât notre neutralité, tout cela, on nous ordonnait de l’abandonner sans combat !

       Notre major et nos chefs n’y comprenaient rien. Mais puisque nous devions partir, que les ordres étaient ainsi donnés, avec discipline, nous les avons exécutés.

       Nos soldats, la mort dans l’âme, quittèrent leurs abris … emportant les armes et les munitions et on recharge ma camionnette.

       En bon ordre, nous rejoignons l’endroit que le Grand Quartier Général nous avait assigné.

       Déjà cependant la méfiance se manifestait. Nos gradés s’en étant aperçu, circulèrent dans nos rangs et nous demandèrent de faire confiance à nos supérieurs, plus tard nous saurions le pourquoi de cette manœuvre. C’est ainsi que quelques heures plus tard, nous apprenions la justification de cet abandon avec prière de la lire aux soldats.

       Ainsi finit pour nous la première partie de la guerre.

       Qu’est-ce que l’avenir nous réservait ? Dans les chapitres suivants, vous allez vous en rendre compte.

       Nous sommes le 10 mai à quatre heures de l’après-midi !

Chapitre III. Liers et Hallembaye.

       Pendant que l’arrière-garde fermait les obstructions et faisait sauter les dernières destructions, notre Bataillon de gardes-frontière rejoignait ses nouvelles positions.

       Nous faisons route vers Liège.

      Avant d’entrer dans la Cité Ardente, nous attendons l’arrière-garde qui doit nous rejoindre dès que sa mission sera terminée.

       Durant cette halte, notre lieutenant nous donne la raison d’être de notre repli.

       Le Grand Quartier Général avait été informé que l’armée allemande contournant la ligne de défense de Liège et des environs portait son effort vers le Limbourg. Notre direction devait donc être le Limbourg.

       L’arrière-garde nous rejoint et à ma grande joie, nous passons par le Centre de Liège.

       Liège est la ville que j’habite et dans des moments aussi angoissants, on doit comprendre combien il est bon de revoir son pays.

       Et puis, peut-être aurai-je la chance de rencontrer mes parents ou de prendre de leurs nouvelles. Nous arrivons place Saint Lambert et alors que ma camionnette prenait le virage de la rue de Bruxelles, j’entends qu’on m’appelle. Je reconnais la voix de mon papa qui m’avait reconnu sous mon casque. J’aurais voulu pouvoir l’embrasser peut-être encore une dernière fois, mais impossible, la colonne continuait sa marche et, comme j’étais le seul chauffeur de l’auto, je ne pouvais l’abandonner.

       Avoir vu son père de si près et ne pouvoir s’entretenir un moment avec lui avant de reprendre le combat était pénible.

       Mais en montant la rue de l’Académie, j’aperçois mon frère aîné qui courait vers moi, il monte sur le marchepied et je le questionne, j’étais avide de nouvelles. On va passer par notre quartier. A cinq cents mètres de la maison, la colonne s’immobilise. Mon frère court et va avertir les miens.

       Cinq minutes après, j’aperçois ma pauvre petite maman au ras de mon frère. Notre rencontre fut bien émouvante. Se retrouver en pleine guerre sans savoir si nous nous reverrions encore !

       Elle me demanda si j’étais en danger, si je n’avais pas froid, si je n’avais pas faim. Elle me posa enfin toutes les questions que poseraient toutes les mamans.

       Je la rassurai sur mon sort en mentant quelque peu, je lui certifiai que je ne prendrai  pas part aux combats.

       Quand une maman voit ainsi un de ses fils en danger, plus rien pour elle n’existe au monde. Elle a devant elle ce fils qu’elle a mis au monde, qu’elle a élevé jusqu’à l’âge de vingt-six ans et elle n’a même plus le droit de le retenir. Ce sacrifice que le pays demande aux mamans est terrible.

       Chez moi, c’est six fois que la patrie a imposé cet holocauste à notre maman, nous étions six garçons et tous les six nous étions en âge de servir.

       Cette demi-heure que je passe avec les miens me réconforte, la colonne reprend sa marche, j’embrasse une dernière fois ma mère et mon frère. Nous passons devant la maison. Adieu maman, vous reverrai-je encore ? Dieu seul le sait !

       Et nous arrivons ainsi à Liers où nous prenons cantonnement pour la nuit. Nous nous installons et préparons notre couchage. Peut-être pourrons-nous dormir ?

       Mais notre état-major établit ses nouvelles positions de défense ; nous déchargeons la camionnette et classons les munitions par ordre pour le lendemain. Le travail terminé, je circule dans le cantonnement et me rends ainsi compte du moral de nos soldats. J’en fus stupéfait, la camaraderie de guerre existait déjà chez eux et ils racontaient des histoires gaies. Une demi-heure après, je rejoignais mon camion où je me fais un lit et me couche pour prendre quelques heures de repos.

       Mais la nuit fut agitée ; plusieurs fois je fus réveillé par de formidables détonations. C’était énervant et lugubre. Etait-ce notre artillerie qui tirait ou celle de l’ennemi ?

       A cinq heures du matin, le premier chef s’amena pour prendre possession des armes et des munitions. La distribution se fit entre six et dix heures du matin, mais elle fut plusieurs fois interrompue par les avions qui vinrent bombarder et mitrailler les fermes où nous étions cantonnés.

       Ce fut là que pour la première fois je pus me rendre compte du désarroi que cette arme pourrait occasionner et pourtant, ce n’était rien vis-à-vis de ce que nous allions vivre.

       A deux heures de l’après-midi, notre commandant reçoit l’ordre de se porter en avant. La compagnie se rassemble et prend la direction de Houtain-Saint-Siméon.

       Arrivés dans ce petit village, nos hommes se répartissent entre les fermes et se restaurent.

       Nous, le charroi, prenons position dans un verger et camouflons nos camions. Une  heure après, on repart et cette fois pour prendre part au combat.

       Nos camarades montent à vélo. Quant au charroi, il doit rester sur place à l’exception de ma camionnette « Joséphine » promue au premier rang de char de combat. Je dois me tenir continuellement en contact avec les troupes pour les ravitailler en munitions.

       Arrivés sur les lieux de combats, notre aumônier vint me trouver et m’apprit que dans une heure ou deux, le régiment des gardes-frontières allait livrer la première bataille. On avait reçu l’ordre de repousser l’ennemi qui s’était infiltré par des ponts qui malheureusement n’avaient pas sauté.

       C’est alors que je vécus une scène très simple, mais combien émouvante. Notre aumônier était entouré de soldats qui, les uns après les autres, venaient s’agenouiller devant lui. Ces soldats, déjà braves dans les premiers jours de guerre, voulaient ainsi mourir en bons combattants. Nous allions subir le baptême du feu. Eh bien alors, nous narguions le danger et méprisions la mort.

       Mes camarades se portèrent tous en avant et toute la compagnie s’engagea dans le combat du Thier de Hallembaye, combat qui fur pour nous très meurtrier, très dur et très démoralisant.

       Nos officiers en tête, les différentes compagnies se dirigent vers Visé. Arrivés à la crête du Thier de Hallembaye, elles se déploient. Un groupe d’éclaireurs part pour prendre connaissance du terrain. Au moment où nous recevons l’ordre de nous porter en avant, arrive une escadrille de dix-huit à vingt avions. Elle se partage en deux et, pendant plus de deux heures, nous subissons un bombardement effroyable. Nos soldats sont pris de panique et les officiers ont toutes les peines à les maintenir.

       Notre major réclame l’aide de l’aviation belge. Peine perdue, pas un seul appareil ne vint à la rescousse.

       Après cette tourmente et ce fracas, j’avance ma camionnette vers la crête et je charge les blessés sur les caisses de munitions. Parmi ceux-ci se trouve le major Viatour qui avait montré jusqu’ici un courage héroïque et un admirable sang-froid.

       Je ramène un de mes amis qui était devenu complètement fou, j’aurais voulu également reprendre le corps du sergent Beaudelot mais là n’était pas ma mission. Les habitants du village nous promirent de lui assurer une sépulture convenable.

       C’est là que nous avons assisté à une boucherie occasionnée par un bombardement par avions. Nous étions tous comme des ivrognes. Nos chefs, sans perdre courage, rassemblent leur compagnie, se mettent à leur tête et continuent leur avance vers Visé.

       De mon côté, après avoir déposé les blessés, je remonte dans ma camionnette et vais rejoindre la compagnie. Alors que je descendais le Thier, j’entends au-dessus de moi un bruit formidable. Je m’arrête, à ce moment un sifflement suivi d’une explosion se font entendre. Je me cache instinctivement derrière le tablier du camion. J’attends quelques minutes, je me relève avec précaution, je sors de la voiture et en fais le tour comme un automate. J’étais entouré de fumée et de poussière.

       Que sont devenus les deux soldats qui m’accompagnaient ? Comme un fou, je me précipite dans une maison située juste en face et que vois-je ? L’un de ceux-ci se remettant de ses émotions. Il me fait asseoir, me passe la bouteille dont je vide une bonne moitié. Ceci me remet sur-le-champ et, avec mon coéquipier, nous refaisons le tour de notre « Joséphine ». Elle n’avait pas bougé ; pas de dégâts sauf les vitres, et, son moteur tournait toujours !

       Nous cherchons le troisième larron et le retrouvons, couché dans le fossé, blessé à la tête. De nouveau, nous repartons à l’arrière avec le blessé, puis revenons rejoindre la compagnie ; mais il m’est impossible de descendre plus bas que mon premier arrêt. La torpille était tombée sur la route à une cinquantaine de mètres de mon radiateur et avait creusé un trou capable d’y mettre un gros camion.

       J’attends une bonne heure et, comme la nuit approchait, je me suis obligé d’aller rejoindre notre charroi.

       De là, j’assistai au premier repli des régiments de ligne qui devaient tenir le canal Albert. Quand je revois cette retraite de soldats qui, pendant plus de dix-huit heures, avaient subi un effroyable bombardement, vivant ainsi des heures infernales, il me semble assister à une sortie d’aliénés qu’on aurait lâché tous ensemble.

       Ils passaient devant nous, criant et pleurant. Il y en avait sans veste, d’autres sans souliers, presque tous sans armes. Impossible de leur adresser la parole, ils ne répondaient qu’un mot : « Ah, N. de D. ! Les salauds !! »

       Quand les derniers furent passés, notre régiment reprit son avance mais avec plus de précautions, car à ce moment, nous arrivions en première ligne.

       La nuit du onze mai était tombée, nos soldats prirent position et attendirent l’ennemi. Ce ne fut pas long. A l’aide de fusées blanches, il avance, mais les nôtres l’accueillent avec un feu de mitrailleuses bien nourri. Notre observateur demande un  tir d’artillerie de nos forts pour établir un barrage. Ce fut très bien fait et le tir très précis.

       Vers deux heures du matin, le secteur était rentré dans le calme ; de temps en temps, pour nous tenir en éveil, un obus de nos forts. Et ainsi, nous avons attendu le lever du soleil.

       Pendant toute la nuit, nous n’avions reçu aucun ordre. Notre lieutenant Boulanger, qui remplissait les fonctions de commandant de compagnie, et qui, pour le surplus, remplaçait le major blessé, envoya à l’état-major un motocycliste qui lui servait d’agent de liaison.

       Une heure après, celui-ci nous revint tout abasourdi. Il n’y avait plus personne dans les bureaux. Tout le monde était parti ! Pendant donc que nos soldats maintenaient leurs positions, notre poste de commandement avait disparu. Celui-ci avait été repéré par l’aviation et bombardé.

       Le lieutenant, se voyant ainsi isolé, donne à ses risques et périls l’ordre de repli sur Liers. Arrivés dans ce village, où plusieurs maisons brûlaient, nous recevons l’ordre de retraite à toutes les troupes défendant le canal Albert.

       Nous devions nous rendre à Hannut. Arrivés à Ans, notre colonne se partage en deux. L’une se dirige vers Saint-Trond, l’autre vers Hannut par Bierset. Ma camionnette eut la bonne idée de prendre la direction de Bierset car tous ceux qui se dirigèrent vers Saint-Trond furent arrêtés à Oreye qui était déjà occupé.

       A Hannut, nous retrouvons notre état-major. Il nous attendait avec inquiétude. Notre colonel certifia avoir envoyé un agent de liaison. Celui-ci était revenu en disant que plus personne ne se trouvait sur les positions. Nous n’avons jamais revu cet agent de liaison.

       Pendant que nous donnons ces explications au colonel, un nouveau bombardement se déclenche sur Hannut. Ilo provoque une telle panique que tous les soldats se dispersent dans tout le pays. Les uns sont partis vers Bruxelles, les autres vers Mons et nous vers Charleroi.

       Je continuai donc le repli en direction de Charleroi, mais, arrivé à Namur, fatigué par vingt-neuf heures d’auto, je m’endors au volant. Trois heures plus tard, je suis réveillé par un bombardement. Depuis trente heures, « Joséphine » a été bombardée six fois : Ans, Bierset, Hannut, Namèche et deux bombardements à Namur. Je reprends la route de Charleroi avec cinq soldats que j’avais chargés en route et nous nous arrêtons à Châtelet où des parents nous accueillirent avec empressement. Enfin nous pourrons prendre quelques heures de repos. Je suis tellement déprimé, fatigué et sale que mon cousin ne m’avait pas reconnu. Cette halte nous fit reprendre courage. Le défilé des troupes françaises nous apporta du réconfort.

       Quatre heures plus tard, après avoir fait honneur à la table de mon cousin, après nous être lavés, rasés, nettoyés, nous repartons en direction de Mons ; nous roulons toute la nuit. A Mons, nous attendons six heures, pendant lesquelles nous cherchons le lieu de rassemblement de notre régiment. Enfin, nous apprenons que les gardes-frontières doivent se rendre à Wemmel, près de Bruxelles où des chefs reforment des compagnies et en route !

       Nous sommes le mardi matin 14 mai. Nous partons de Mons mardi après-midi et nous arrivons à Bruxelles le mardi soir. Notre état-major nous vit revenir avec joie. Il nous croyait perdus ou abandonnés. En effet, en partant de Liers, il ne nous restait plus que dix litres d’essence. Mais, comme tout soldat belge qui se respecte, nous avions tiré notre plan et Joséphine, en cours de route, avait fait son plein d’essence.

       Je conduisis le camion dans le préau d’une école où nous pûmes enfin prendre une bonne nuit de repos. C’était la première fois depuis le début des hostilités ! Le lendemain, pendant toute la journée, les gardes-frontières arrivèrent de tous les coins du pays et chaque militaire qui revenait était accueilli avec enthousiasme.

       A six heures du soir, on nous fait savoir que nous sommes libres jusqu’au lendemain matin. J’en profitai pour me rendre à Bruxelles où je rendis visite à des amis. Ces braves gens ne savaient que faire pour me donner du courage, jamais je n’oublierai leur affectueuse réception. Le jeudi matin, les deux tiers du régiment avaient rejoint le lieu de regroupement. Nos chefs en manifestèrent la plus vive satisfaction.

       A midi, il ne manquait plus que cent et vingt hommes. L’état-major en informa le Grand Quartier Général, qui décida de nous envoyer en première ligne.

       A trois heures de l’après-midi, notre colonel ayant fait savoir que nous étions prêts, un ordre arriva portant les indications pour notre nouvelle mission.


(à suivre)

 

La Maison du Souvenir d’Oupeye communique

Après les travaux de remplacement des châssis du bâtiment communal, notre exposition « La femme durant la seconde guerre mondiale » est de nouveau accessible le mercredi de 13 h 30 à 16 h 30 ou sur rendez-vous au 0474 46 64 82. Ne tardez pas car elle sera démontée dès la fin du mois de mars. Pourquoi ?

Dès le mois de mai, une nouvelle exposition verra le jour. Le thème ? La résistance, et surtout dans notre région.

SI VOUS POSSEDEZ DOCUMENTS, PHOTOS, OBJETS, ayant trait à ce sujet, si vous êtes d’accord de nous les prêter pour la durée de l’exposition, voulez-vous bien vous mettre en contact avec nous au 0474 46 64 82. ?

Exemples : brassards, tenues de résistant, documents que s’échangeaient les résistants, tracts, journaux clandestins, faux documents confectionnés par les résistants, exploseurs ou tout matériel ayant servi aux sabotages,   . .tout ce qui a trait à la Résistance dans nos régions nous intéresse. De même, des vêtements d’hommes et de femmes de l’époque sont recherchés pour habiller nos mannequins.

 

 

 

Recherche de renseignements

Il paraîtrait que des unités belges ont été engagées sur la Somme pendant la guerre 1914-1918. Nous n’en avons pas trouvé de trace dans nos documents. Mais peut-être êtes-vous au courant. Dans l’affirmative, pouvez-vous nous renseigner et nous faire savoir quelles sont les sources que vous possédez. Merci d’avance.

 

 

Mme Van Heusden, veuve de notre regretté Président de la section FNC Vivegnis, Mr Laixhay, vient de nous confier un document intéressant. Bien qu’il ne soit pas toujours lisible, nous allons essayer de vous le révéler.

 

Evasion de Belgique occupée pour rejoindre les Forces Belges en Grande-Bretagne

Effectuée par LEDENT Henri et LEROY Hubert

du 19 avril au 22 juin 1942.

ATH --- LONDRES

       Suite à des arrestations massives effectuées à Liège et environs, LEDENT Henri étant repéré, décida, sur les conseils de ses relations, de se soustraire au sort qui fatalement aurait été le sien s’il était resté.

       Nanti de quelque argent et, comme tout renseignement de ligne le Mont Kemmel (avion), ainsi qu’une adresse en France fournie par Melle VAN ROY de Vivegnis.

       Le dimanche 12 avril, Henri prit la route ou plutôt le train, direction Bruxelles.

       Repéré à la gare du Nord (Bruxelles) par un gestapiste de Liège, il parvient à le semer et trouve refuge pour la nuit chez Joseph CLOCKERS (originaire de Vivegnis), rue Sans Souci X.L.

       Le lendemain, il prend le train à la gare du Midi pour Charleroi en compagnie d’un autre repéré. Arrivés à destination, chacun descend du train par une porte différente et le malheureux compagnon de voyage de Henri se fait arrêter sur le quai.

       Un train démarre sur une autre voie. Henri n’hésite pas, saute dedans, se renseigne sur la destination et roule en direction de Haine-Saint-Paul, passant par Mons. Il arrive à Chièvres vers 13 heures, où je suis en service.

       Je le présente comme gendarme venant de Charleroi en quête de ravitaillement. Toutefois, le commandant de brigade est mis dans la confidence. Le lendemain, Henri part pour le Mont Kemmel. Il me revient deux jours après. Le renseignement s’est révélé faux.

       Nous cherchons une ferme où il aurait pu se cacher, mais aux premiers mots de notre demande et les motifs donnés, tous les fermiers hésitent, nous comprenons qu’il est inutile d’insister.

       Henri décide de tenter la grande aventure, ceci se situe le samedi 18 avril.

       Pour ma part, commençant à en avoir assez du service avec contrôleurs et autres, je décide d’accompagner Henri. Nous arrêtons la date du lendemain le 19 avril. Je dois me faire remplacer dans mon service de planton à la brigade. Je donne comme prétexte que mon collègue (Henri) retourne à Charleroi et que je voudrais le conduire à Ath. Un marié consent à me remplacer pendant deux heures. Le pauvre, il ne me reverra que deux ans et demi après.

       Dimanche 19 : départ 9h. Ath. Lettres postées. Train Tournai – Lille. 18h. départ Lille pour Paris. Métro. 23h. Gare Montparnasse, salle d’attente.

       Lundi 20 : 7h. Train pour Angers, couvent, dîner, religieuses, enfants (prières, chants).  19h30 : départ pour Saumur. Arrivée 21h30.  A pied, direction Neuillet. Halte au lieu-dit «La Ronde», auberge Madame Petit. Logement.

       Mardi 21 : Adresse Melle VANROY-NEUILLET, château de la Baronne Le Pelletier de Glatigny. Arrivés au château vers 10h. Accueil très affable ; cachés lingerie, ensuite chambre à coucher. Baronne, sa fille, femme de chambre, confidences, promenade parc clair de lune (radio Londres).

       Mercredi 21 : même situation, promenade soir, déterré 2 pistolets.

       Jeudi 21 : même situation, exercice de tir par la Baronne dans la réserve à vin (dessous du parc).

       Vendredi 22 : toujours enfermés, promenade parc.

       Samedi 23 : courant après-midi, retour Baronne visite effectuée à Saumur, papiers d’identité française. Sortis du château par une porte de service et rentrés par la grande allée comme ouvriers soi-disant envoyés de la Bourse du travail de Paris, embauchés sur le champ ; souper.

       Dimanche 24 : sortie au village, messe, promenade.

       Lundi 25 : commençons service. Henri sommelier et jardin (légumes), Hubert scier bois, scier bois, … Arrivée de la sœur de la Baronne, une comtesse plus 6 enfants, plus nurse anglaise.

       Du mardi 26 au vendredi 29 : même situation.

       Samedi 30 : Arrivée scouts dans la propriété, abbé, confession dans bois.

(à suivre)

Funérailles de Monsieur Hector COX, Dernier Président de l’Amicale Royale du Fort de Pontisse.


 

Allocution prononcée par Monsieur l’Echevin Laurent ANTOINE,

le jeudi 10 février 2011 à 10h30 en l’église d’Oupeye.

 

Merci Monsieur le Curé de me permettre de prendre la parole en ce début d'office au nom de la Commune d'Oupeye.

 

Monsieur le Député-Bourgmestre,

Monsieur le Conseiller provincial et Echevin,

Madame et Messieurs les Echevins,

Monsieur le Président National de la FNAPG, de la Fraternelle des Forts de Liège et du Groupement Régional de Liège,

Mesdames et Messieurs les Président(e)s des Associations patriotiques,

Monsieur le Secrétaire patriotique et Messieurs les Secrétaires,

Messieurs les Trésoriers,

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,

       C’est avec émotion que nous adressons ce jeudi 10 février 2011 un ultime hommage au dernier Président de l’Amicale du Fort de Pontisse.

       Le Collège communal et le Conseil communal que j’ai l’honneur de représenter, souhaitent rendre ce dernier hommage à tous ceux qui ont combattu et ont souffert pour la sauvegarde de nos libertés.

       Monsieur COX, par ses qualités d’Ancien Combattant et d’ancien Prisonnier de Guerre fait, en effet, partie de tous ceux qui ont vu leur jeunesse ternie par les horreurs de la guerre.

       Milicien de la classe 39, Hector COX était attaché au Régiment des Forteresses de Liège et a été mis en garnison au Fort de Pontisse.  Il a vaillamment combattu lors de la campagne des 18 jours.  Sa compétence lui a valu d’être nommé chef de coupole du Saillant 4 par le commandant PIRE.  Il faut savoir que le Saillant 4 fut la dernière coupole en fonctionnement au moment de la reddition du Fort.  Son comportement héroïque lui a valu la nomination officielle en qualité de brigadier.  C’est ensuite en Autriche et ce pendant 5 longues années qu’Hector COX a connu le dur statut de prisonnier de guerre.

       Je voudrais que ces quelques instants de recueillement nous permettent de méditer sur les souffrances morales et physiques que connurent Monsieur COX ainsi que tant de ses compagnons d’infortune.

       Au niveau professionnel, je me dois de rendre hommage à un homme digne, courageux et particulièrement compétent, qui a effectué une carrière complète longue de près de 40 années en qualité de chef de service aux Forges de Zeebrugge.  Sa grande conscience professionnelle suscitait l’estime générale – tant de ses collègues que de la Direction de l’entreprise.

       Je me dois de rappeler que Monsieur COX est, à très juste titre, titulaire de multiples décorations, dont une des plus prestigieuses :

       La Croix de Guerre avec Palme.

       A titre civil, Monsieur COX est titulaire de la Médaille du Travail de 1ère classe et de Chevalier de l’Ordre de la Couronne.

       La perte de Monsieur COX est très lourde pour tous ses amis de l’Amicale Royale du Fort de Pontisse qui déplorent aujourd’hui l’absence de leur dernier Président mais aussi pour les sections FNC, FNAPG et FNRI dont il a toujours été membre actif.

        La perte de Monsieur COX est très lourde pour sa famille.

        C’est vers elle que je me tourne.

       Au nom du Conseil communal, du Collège communal et de toute la population d’Oupeye et en mon nom personnel, je présente à son Epouse, sa fidèle compagne depuis presque 60 années, à sa fille unique Chantal ainsi qu’à toute la famille mes condoléances émues.

       Que la terre de notre pays et le site de la pelouse d'honneur d’Oupeye que vous avez tant aimés vous permettent, Monsieur COX, de reposer en paix.

AYONS UNE PENSEE EMUE A LA MEMOIRE DE NOS DISPARUS.

Ces derniers mois et notamment depuis la dernière parution de notre Caporal, plusieurs anciens et veuves nous ont quittés. 

Souvenons-nous plus particulièrement de : Michel DOSSIN, de Houtain ; Jean SCHRAYEN, d’Oupeye ; Pierre MARTIN, de Haccourt ; Raymond GILSON, d’Eben-Emaël ; Pierre DELPORTE, de Hermalle ; Hector COX, dernier Président de l’Amicale Royale du Fort de Pontisse dont nous venons de publier l’éloge funèbre officiel.

Parmi nos veuves, nous associons dans un même hommage 2 amies de toujours, très dévouées à la cause patriotique.  Mesdames HERMAN et SERVAIS, respectivement pour la FNAPG Herstal-Vivegnis et l’Amicale des porte-drapeaux de la Basse-Meuse et de la Vallée du Geer.

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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