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Le Message du
C.A.P.O.R.A.L. FEVRIER 2010 « C.A.P.O.R.A.L. »
signifie: Comité des Associations Patriotiques d’Oupeye pour le
Regroupement des Activités Locales. ![]() Editeur
responsable: M. G. GOESSENS, Av. reine Elisabeth, 35, 4684 OUPEYE – HACCOURT Le mot du Secrétaire
patriotique Les comités, tant
des Associations patriotiques d’Oupeye que de Elle en imposait cette petite bonne femme qui avait un sacré caractère, je dirais même que Jeanne Froidmont a impressionné de grands hommes, auparavant, pendant les années d’occupation et encore maintenant. Elle est morte à l’âge de 87 ans, et ses obsèques solennelles ont eu lieu le 14 janvier avec un office à la chapelle de Hallembaye, un cortège important avec une bonne cinquantaine de drapeaux tricolores précédant le corbillard, jusqu’au cimetière de Haccourt. Elle a eu droit à
plusieurs discours qui ont rappelé la vie et les mérites de celle qui aura été En 1941, alors qu’elle venait d’avoir 18 ans, elle propose déjà ses services à des responsables d’un mouvement belge de résistance à l’occupant nazi : l’Armée Secrète (A.S.). Ici aussi on peut rappeler le dicton qui dit que la valeur n’attend pas le nombre des années ; souvenons-nous d’un récent « CAPORAL » où André Pirson rappelle le cas de la jeune Josette Biertho d’Heure-le-Romain. Elle fut arrêtée
par Comme sous son nom de guerre : « Blanche-Neige », qui garantissait son anonymat, notre résistante haccourtoise se verra d’abord confier des missions d’estafette, donc elle transmettra des directives et des ordres. Elle distribuera la presse clandestine. Elle ravitaillera des réfractaires au travail obligatoire en Allemagne. Elle va aussi convoyer des prisonniers de guerre évadés, des aviateurs alliés abattus au cours de missions et qui sont tombés sur le territoire belge ou aux Pays-Bas. Elle va transporter des armes et des éléments de postes de radio émetteurs-récepteurs à l’usage des agents de renseignements. Cela est certifié par un major de l’armée belge et mentionné dans le beau livre écrit par Messieurs Jacques Hardy et Jean-Claude Lambrecht : « Haccourt et la vie des Haccourtois au vingtième siècle ». Ce qui m’épate,
c’est qu’ayant été arrêtée avec un groupe de saboteurs près d’une ligne
ferroviaire qu’ils devaient faire sauter, elle parvient à fausser compagnie aux
Allemands et dès lors, se verra contrainte de vivre dans la clandestinité sous
différents déguisements et identités pour tenter d’échapper à Il faudra traverser et retraverser nuitamment le canal et le fleuve sur des barques et se risquer sur un territoire défendu par l’arrière-garde de l’armée allemande composée de soldats aguerris, suspicieux et particulièrement nerveux, prêts à tout. C’était risqué ! Elle en avait du cran cette jeune femme qui n’avait pas encore 22 ans, mais était-elle bien consciente du danger ? Pour avoir pensé ainsi, pour avoir osé l’écrire surtout, si elle le pouvait encore, elle me sauterait à la gorge, elle m’arracherait les yeux. Là où tu es, Jeanne, je ne risque rien, mais tu étais quelqu’un de brave ! Qui pourrait en douter quand on remémore ta guerre ! Au nom de tous les amis, nous sommes contraints, chère « Blanche-Neige », de dire un adieu définitif à la bonne patriote que tu as été toute ta vie. Merci aussi de ton
grand dévouement à la cause des Anciens Combattants et assimilés. On évoquera
encore ta mémoire lors de l’inauguration prochaine, à Autre chose sera l’exposition consacrée à deux héros de la bande dessinée pendant la première guerre mondiale. Cela ne fait pas de bruit, pas de dégâts, pas de blessés, pas de morts. C’est juste beaucoup de talent, beaucoup d’imagination, un régal quoi ! Dans ce bulletin, mon bon copain Robert Latet s’adresse à ceux qui restent de la garnison qui se trouvait dans le fort d’Eben-Emael le 10 mai 1940. Cette forteresse moderne qui avait été ajoutée aux anciennes fortifications de la ligne de défense de Liège, en constituait le joyau. On l’a comparée aux meilleurs ouvrages de la fameuse Ligne Maginot des Français. A la veille de
l’invasion, elle était réputée imprenable. Elle se situe à Mais le 11 mai à midi, soit 32 heures après une attaque inédite, impensable pour l’époque, avec des planeurs, des lance-flammes, des charges creuses qui ouvraient même des brèches dans l’acier des coupoles au milieu desquelles des planeurs chargés de troupes aéroportées devaient atterrir, le Major Jottrand faisait sortir le drapeau blanc, toute résistance s’avérant impossible. Je salue amicalement
mon ami Robert Latet qui ne se contente pas d’écrire,
mais se consacre beaucoup aux Associations patriotiques à Oupeye, mais aussi à
Visé et à Herstal. Il œuvre également à Les grands planeurs
de Je salue également le 23e Bataillon du Génie belge qui paracheva la destruction du pont de chemin de fer à Visé. Les gardes-frontière, après avoir fait sauter le pont de Visé, s’en étaient pris au « pont des Allemands », mais cela n’avait pas donné les résultats espérés. Il n’empêche que le Régiment des Gardes-frontière a été une unité d’élite et polyvalente. Les soldats du Génie ont obturé les portes de l’écluse de Lixhe à l’aide de sacs de ciment en jute qu’ils ont lancé dans l’eau tandis qu’attaquaient en piqué, sirènes hurlantes, les Stukas. Mitraillés de la sorte, la mission accomplie a été un exploit. Les forts de Pontisse, Aubin-Neufchâteau et Barchon avaient reçu l’ordre de tirer sur Eben-Emael des obus à fragmentation pour tenter d’atteindre les pionniers. Les Stukas plongeaient eux sur le fort et bombardaient pour que ne se soulèvent pas les tourelles. C’était dantesque ! Même le 14e Régiment d’Artillerie de campagne installé à Houtain-saint-Siméon, Heure-le-Romain, Bassenge s’y est mis pour essayer de décourager les assaillants. Il n’y a rien eu à faire. Les artilleurs aussi ont été harcelés par les bombardiers en pique Stukas qui mitraillaient pareillement, tandis que le mugissement de leurs sirènes semait l’effroi auprès des hommes et des chevaux autant que les bombes. Au moment où j’écris ce billet, nous ne sommes pas encore le 28 janvier. C’est lors d’un Conseil Communal, ce jour-là, et on le qualifie d’historique, que Monsieur Guy Goessens, ancien bourgmestre de l’entité d’Oupeye, premier Echevin, Echevin des finances, en charge des Relations Publiques et des Associations Patriotiques, quittera définitivement l’ « Etat-Major » de notre commune. Il ne devrait donc plus être l’éditeur responsable de ce numéro du journal où j’évoque le souvenir de « Blanche-Neige ». Celle-ci est un personnage de Haccourt. C’est peut-être mieux qu’il ne cautionne pas mes élucubrations. A Guy Goessens, j’ai déjà dit à maintes reprises toute ma considération. Aujourd’hui, je résume en deux mots : MERCI – DOMMAGE ! Votre dévoué Georges ANTOINE ![]() A la journée des retrouvailles du 25 octobre 2009 Notre CAPORAL était prêt à être
imprimé lorsque nous avons appris la nouvelle du décès de
« Blanche-Neige », cette figure emblématique de Haccourt. Nous ne
pouvions évidemment pas laisser sortir ce numéro sans lui rendre un dernier hommage.
C’est par les voix du colonel DE VOS, de Guy GOESSENS, Premier Echevin et de Gustaaf DIGNEFFE, Président Provincial de l’Armée Secrète
du Limbourg au nom de l’Amicale des porte-drapeaux, que nous nous en
acquitterons. Voici les discours qu’ils ont prononcés le jeudi 14 janvier, en
la chapelle St Nicolas de Haccourt. Discours prononcé par M. Guy GOESSENS, Premier
Echevin, en charge des Relations publiques et des Associations patriotiques Merci, Monsieur le
Curé, de me permettre de prendre la parole dans cette chapelle, au nom de Notre Commune, depuis de nombreuses années, souhaite rendre un dernier hommage à ceux et celles qui ont lutté, au péril de leur vie, pour la défense de nos libertés. Ma prise de parole, en ces instants, n’a donc rien d’étonnant lorsqu’on connaît la vie et le parcours exceptionnel de Jeanne Froidmont. Aujourd’hui, une page de l’Histoire se tourne. Elle débuta près d’ici, la maison juste à côté, le 26 novembre 1922 et elle nous réunit, ce matin 87 années plus tard, dans ce lieu que Jeanne Froidmont connaissait si bien et affectionnait particulièrement. Issue d’une famille nombreuse de 9 enfants, Jeanne Froidmont a, sa vie durant, toujours accordé une grande importance à la famille. Dévouée sans compter pour les siens, et particulièrement pour son époux qui requerra des soins quotidiens pendant plusieurs années, elle était une maman et une grand-maman attentives. Elle ne fût pas épargnée par la souffrance, je pense particulièrement à la perte de sa fille cadette en janvier 1982. Aussi, c’est d’abord vers sa famille que je souhaite me tourner. A ses filles, ses beaux-fils, ses petits-enfants et à tous les membres de la famille, je présente les condoléances émues des membres du Collège et du Conseil communal ainsi que toute la population oupéyenne et tout particulièrement de Haccourt-Hallembaye. Mais la page qui se tourne aujourd’hui est liée aussi au personnage historique qu’était Jeanne Froidmont. Historique de par son engagement dans la résistance lors de la seconde guerre mondiale. Je laisserai le soin au Colonel Devos d’évoquer ces heures tragiques de notre Histoire et la détermination de celle qu’on appelait « Blanche-Neige ». Mais personnage
historique aussi pour tout ce qu’elle a pu réaliser après la guerre dans notre
commune, notre région et notre pays. Inlassablement, par tous les temps, elle
porta bien haut le drapeau belge, son drapeau, dans toutes les manifestations
patriotiques quel que soit l’endroit où elles se déroulaient. Car pour elle, Mais, outre sa
ténacité et son inlassable dévouement, Jeanne Froidmont
était aussi réaliste et voulait assurer l’avenir. C’est ainsi qu’on lui doit la
création de l’amicale de porte-drapeaux et de la manifestation qui réunit tous
les premiers dimanches de juillet, ici à Hallembaye,
des représentants des trois Communautés de notre Pays auquel elle était
profondément attachée. Elle a également participé à la création du comité
exécutif des Associations patriotiques de C’était une forte personnalité ; son caractère intrépide allié à une grande générosité et sa détermination ont marqué notre Histoire. Le souvenir de cette grande dame restera gravé dans notre mémoire. Bientôt, Jeanne Froidmont, Blanche-Neige, sera inhumée dans un lieu qu’elle
connaît bien, qu’elle a, de multiples fois, fréquenté, notamment lors des
manifestations du 8 mai, du 11 novembre, de Discours prononcé par Monsieur le Colonel DE VOS. « Chère Famille, Mesdames et Messieurs en vos titres et mérites, Ce lundi 11 janvier 2010, 20 heures venaient de sonner lorsqu’une
terrible et bien triste nouvelle me fut annoncée. Madame Jeanne
DRIESSENS-FROIDMONT « Blanche-Neige » pour nous tous, venait de
s’éteindre à l’âge de 87 ans. Aujourd’hui, c’est non seulement le village de Haccourt et la commune
d’Oupeye, mais le pays tout entier qui perd une de ses grandes résistantes, une
dame qui, aux heures tragiques de notre histoire a démontré que le courage et
l’esprit d’abnégation pouvaient aussi se conjuguer au féminin. Ainsi, en janvier 1941, alors qu’elle venait tout juste de fêter ses
dix-huit ans, elle s’engagea dans un
groupe de résistance, sous le nom de guerre de «Blanche-Neige». Elle accomplit toutes les missions qui lui
furent confiées : ravitaillement des réfractaires, des maquisards, des
familles de déportés et de prisonniers de guerre, transport d’armes et de
matériel de transmission, confection de fausses cartes d’identité, et j’en
passe. Répondant présente à toutes les
missions, elle sera arrêtée par les Allemands lors de l’une d’entre elles, mais
parviendra, par ses propres moyens, à s’échapper pour prendre ensuite le
maquis. Afin de se soustraire aux
recherches de En septembre 1944, à l’arrivée des troupes américaines sur le canal
Albert face à Visé, elle sera quasi la seule à se porter volontaire pour passer
et repasser à diverses reprises et en divers endroits à travers les lignes
ennemies, obtenant ainsi de précieux renseignements qui seront transmis aux
alliés. En guise de reconnaissance, elle
sera citée à l’ordre du jour par le Général Dwight Eisenhower, commandant en
chef de l’Etat-Major des Forces expéditionnaires
alliées, ainsi que par le Commandant de l’Armée Secrète, le Lieutenant-Général
Pire. Différentes médailles et distinctions honorifiques lui seront également
décernées. Vu mon ignorance quant à l’identification précise de certaines
d’entre elles, je me limiterai à citer ici : La marque des êtres d’exception est de rester fidèles à leurs idéaux de
jeunesse, sans compromis ni renoncement. «Blanche-Neige» fut, sa vie durant,
l’exemple même de cette fidélité. Ainsi,
ayant eu à la fois l’occasion, le plaisir et l’honneur de la fréquenter
régulièrement durant plus de 16 années, je fus toujours impressionné, non
seulement par son dynamisme, sa détermination, son sens de l’organisation et
son perfectionnisme, mais encore et surtout par son attachement indéfectible au
drapeau national, à la royauté, à A Haccourt, c’est sa petite paroisse de Hallembaye, son berceau, qui lui
tenait particulièrement à cœur. La manifestation patriotique dont elle fut, en
1992, l’initiatrice et qui, chaque année, y réunit, dans un même hommage, des
patriotes de nos trois Communautés, en est l’exemple par excellence.
«Blanche-Neige», là-haut, tu peux être fière de ton initiative et sois
rassurée, chaque premier dimanche de juillet nous serons toujours là afin de
perpétuer ton œuvre et prendre soin de ton enfant. En ce jour, nous ne pouvons donc que rendre
un hommage vibrant et unanime à cette grande dame, femme de courage et
d’honneur, femme dont la grandeur d’âme se manifesta toute sa vie durant, femme
qui désormais laisse un grand vide parmi nous.
«Blanche-Neige», en ce jour où l’émotion nous étreint tous, nous sommes
venus nombreux pour te saluer une dernière fois et te dire, ainsi qu’à ceux qui
te sont chers, que ton souvenir restera inaltérable dans nos cœurs. Aussi, c’est au nom de tous les membres de Discours prononcé par M. Gustaaf
DIGNEFFE, Président provincial de l’Armée Secrète du Limbourg au nom de
l’Amicale des Porte-Drapeaux. « Mesdames,
Mesdemoiselles, Messieurs, Chacun d’entre vous en
vos titres et qualités, Chère Famille, Nous voici réunis pour dire adieu.
Aujourd’hui c’est notre bien-aimée Jeanne FROIDMONT, mieux connue de son
nom de guerre « Blanche-Neige » qui nous quitte et nous voulons par
notre présence lui rendre un dernier hommage. Née le 26 novembre 1922, décédée le 11 janvier 2010 à l’âge de 87 ans. C’est une amie que nous avons perdue, ce qui
accroît d’autant plus notre tristesse. Sa
disponibilité, sa gentillesse, ses compétences et ses prévenances offertes à
tout un chacun sans distinction sont les témoins de la solidarité qu’elle a
pratiquée sans faillir. Blanche-Neige a servi jusqu’au bout – malgré l’âge venu et les contraintes physiques – car hélas
sa santé était déficiente – jusqu’au bout, je dis, l’idéal de Il serait trop long de retracer en détail son action patriotique, mais
qu’il nous soit permis de citer que le 1er janvier 1941 et malgré sa
jeunesse, Blanche-Neige venait d’avoir 18 ans, elle s’engage dans l’action
clandestine de Chez elle, pas de forfanterie : jamais elle n’éprouva la nécessité
de se répandre en récits de ses prouesses guerrières, ni de faire étalage des
nombreuses distinctions honorifiques et médailles de reconnaissance qui lui
furent attribuées. Mais de ces récompenses pour les services qu’elle avait rendus au profit
de ses camarades, elle n’en parlait pas et les passait volontiers sous silence. Je me limiterai donc à rappeler brièvement son dévouement sans bornes
aux valeurs morales de l’Armée Secrète auxquelles elle était attachée avec
détermination et qu’elle défendit durant de très nombreuses années. C’était son humilité, sa simplicité qui prévalaient. Aussi,
Mesdames et Messieurs, votre présence ici ce jour témoigne combien elle était
aimée et respectée. Vous tous, jeunes et anciens, souvenez-vous de Blanche-Neige et surtout
de l’exemple qu’elle vous a donné durant toute sa vie. Jeannne,
Blanche-Neige, là où tu es maintenant, tu nous vois ! Tes camarades sont rassemblés autour de toi
pour t’accompagner dans ton dernier voyage ici bas ! Sois remerciée par tous ceux à qui tu as rendu service. Ils ne l’oublieront jamais ! Ton action, ta serviabilité, ta convivialité
doivent être un exemple pour les générations de jeunes qui nous suivent ! Que ceux-ci soient les « passeurs de
mémoire » et du « devoir de souvenir » de ceux qui ont donné les
plus belles années de leur jeunesse pour combattre la barbarie et défendre
notre pays, notre population, notre liberté.
Adieu, Blanche-Neige, la mémoire de votre long investissement au service
des anciens combattants, nous accompagnera pour prolonger l’œuvre à laquelle
vous avez adhéré sans réserve. Chère famille, je vous présente mes plus sincères condoléances pour la
perte de votre chère maman et grand-maman. Qu’elle repose en paix. » Des
regrets, oui ! Des remords,
NON ! Certains d’entre vous se souviendront,
peut-être, que j’ai eu la charge d’échevin des associations patriotiques dans
la première partie des années ’90. Au cours de ce mandat, que j’ai assumé
avec beaucoup de plaisir, j’avais eu de fréquents contacts avec les anciens du
fort d’Eben-Emael. A de nombreuses reprises, j’avais senti
chez eux beaucoup d’amertume dans leurs propos, lorsqu’ils évoquaient la prise
de leur fort par les pionniers parachutistes allemands. La manière dont la
défense du fort d’Eben-Emael
fut jugulée en très peu de temps, la reddition d’un fort réputé pourtant
« IMPRENABLE » après seulement un jour et demi, sont restées
coincées dans la gorge de bons nombres d’entre eux. Cela en était même arrivé au point que,
certains n’osaient même plus dire qu’ils avaient servi au fort d’Eben-Emael, de peur,
probablement, de voir un sourire moqueur venir se marquer sur la figure de ceux
à qui ils parlaient. Lorsqu’il m’arrivait de faire le
discours traditionnel, aux obsèques de ceux qui s’en allaient discrètement pour
leur dernier voyage, je ne pouvais pas m’empêcher de faire allusion à cette
humiliation qu’ils avaient tous ressentie, dans le long cortège des prisonniers
de guerre faisant route vers les tristes camps de l’arrogante Allemagne,
présentée comme étant une race supérieure. Aujourd’hui, je réagis, parce que
l’envie me prend de leur adresser un message, même si plusieurs d’entre eux ne
sont plus là pour l’entendre. Cette envie de réagir, je l’ai
profondément ressentie après avoir lu, dans le dernier C.A.P.O.R.A.L.,
l’article consacré au commandant Victor DELCOURT. Celui-ci, ancien maréchal des
logis du fort d’Eben-Emael,
a vécu les événements de très près et il explique, au journaliste, qu’il y a eu
des erreurs. Bien sûr, c’est incontestable,
l’histoire en a témoigné, des erreurs ont été commises, doit-on pour cela en
vouloir à nos soldats ? Moi,
j’affirme que les hommes qui défendaient Eben-Emael, n’en sont pas responsables ! Des planeurs qui atterrissent sur le
toit du fort, des parachutistes qui vont placer des charges creuses dans les
embrasures des casemates pour rendre les canons inutilisables. Cet exemple des
troupes d’élite allemandes qui rendent impuissante la défense belge en moins
d’une heure, est encore, de nos jours, une tactique d’assaut enseignée dans les
académies militaires aux Etats-Unis d’Amérique. Pour l’époque, c’était l’utilisation des
armes nouvelles, parfaitement mises au point par les stratèges allemands et
bien maîtrisées par leurs troupes, alors que, dans notre pays, ces armes
nouvelles nous étaient totalement inconnues. Alors, dans ces conditions, il faut bien
se rendre compte que nos grands officiers de l’armée belge étaient davantage
préoccupés par la propreté dans les couloirs et dans les chambres troupes que
par la manière de réagir et de donner la réplique à ces nouvelles armes dont on
ignorait l’existence. J’ai grandi à Houtain-Saint-Siméon et
j’ai vécu dans la rue où habitaient les parents du soldat milicien Henri
FURNELLE. Il n’avait pas 20 ans lorsqu’il fut un des premiers tués au fort d’Eben-Emael, le matin du 10 mai
1940. Les dernières paroles qu’il a prononcées furent « des
appareils viennent d’atterrir… » lorsque sa phrase fut brusquement interrompue, par une
explosion qui l’a pulvérisé, en décapitant l’observatoire blindé du bloc IV,
dans lequel il se trouvait. Aujourd’hui, lorsqu’un ancien combattant
me dit qu’il était au fort d’Eben-Emael,
je pense encore à la tristesse qui restait marquée chez les parents d’Henri
FURNELLE. Cet événement m’a toujours fait
comprendre que les défenseurs du fort d’Eben-Emael ne s’étaient pas rendus sans combattre, moi, cela ne
m’a jamais fait sourire, j’ai toujours été convaincu qu’ils furent les
victimes d’une conception stratégique dépassée. SINGAPOUR,
bastion britannique en ASIE. Les stratèges britanniques étaient tout
à fait convaincus que, si SINGAPOUR devait être attaqué, il ne pouvait l’être
que par des forces venant de la mer. Par conséquent, tous les canons de la
forteresse étaient pointés en direction de l’océan. Aucune pièce d’artillerie ne protégeait
la forteresse d’une attaque qui viendrait par le Nord de l’île, sur leurs
arrières. Pour l’état-major britannique,
les forces indo-britanniques stationnées en Malaisie étaient suffisamment
dissuasives, pour empêcher toutes les attaques qui arriveraient par cette
région. ERREUR
DE CONCEPTION STRATEGIQUE Les Japonais se sont d’abord emparés de CORREGIDOR
aux PHILIPPINES Aux yeux des Américains, CORREGIDOR
était une île forteresse, inexpugnable, qui devait empêcher les navires ennemis
d’entrer dans Ses canons devaient effectuer des tirs
plongeant sur ceux qui approchaient, à faible distance des côtes. Mais il
aurait fallu pour cela, que les Japonais les attaquent par voie maritime, en
voulant à tout prix s’emparer de la capitale des Philippines. ERREUR
DE STRATEGIE ICI AUSSI ! C’est par le Nord et l’Est de l’île de
Luçon que tout a commencé … Prises en tenaille, les forces américaines
et la jeune armée philippine ont dû battre en retraite jusqu’à la péninsule de
BATAAN, où elles seront inévitablement vaincues, perdant au passage la
capitale, Manille . CORREGIDOR n’avait plus de couverture aérienne, le
bastion était bombardé par l’aviation nippone, et il devait aussi subir les
tirs croisés de l’artillerie lourde que les Japonais avaient installée à la
pointe Sud de la péninsule de BATAAN et à CAVITE, dans Cette combinaison des bombardements de
l’aviation, avec ce pilonnage des tirs croisés de 150 batteries de
l’artillerie, empêchait les Américains de manœuvrer de manière coordonnée, pour
donner la réplique aux Japonais, ce qui allait également permettre aux navires
de guerre de la marine nippone, de s’approcher de plus près et de mieux diriger
les canons de l’artillerie navale, pour mieux atteindre leurs cibles. Le 6 mai 1942, CORREGIDOR
capitule ! PEARL
HARBOR Ce serait prétentieux, de ma part, de
vouloir comparer Eben-Emael
avec Pearl Harbor. Et pourtant, les historiens, dans leur
grande majorité, ont estimé que la mégalomanie de l’état-major américain a
commis, à cet endroit, une erreur de conception stratégique. Rassembler, la presque totalité de la
flotte américaine dans un endroit exigu, où les navires de guerre auraient des
difficultés à manœuvrer s’ils devaient être attaqués, était une tactique
dangereuse. Même les stratèges les moins brillants
devaient bien se douter que c’était tenter le diable que d’offrir ainsi, à un
ennemi potentiel, une proie aussi vulnérable. Dans l’esprit de l’état-major américain,
cette concentration de forces à cet endroit éloigné du Japon, était une
stratégie de dissuasion qui devait décourager les Japonais d’attaquer les
Américains ! On sait aujourd’hui ce
qui est arrivé. Même si notre modeste fort d’Eben-Emael n’aura pas été un
problème de même nature, il n’en reste pas moins vrai que l’échec stratégique
est assez comparable : 1-
Sous-estimation
des forces et de l’audace de son ennemi 2-
Trop
grande confiance en ses effectifs et ses moyens propres Alors, aujourd’hui, le message que j’ai
envie de faire passer auprès des anciens du fort d’Eben-Emael, est de leur dire : « Vous
n’avez pas à rougir de votre participation à la guerre des 18 jours ! » L’histoire a bien démontré que les erreurs
de conceptions stratégiques ont été aussi commises par les grandes nations.
Dans notre pays, le fort d’Eben-Emael
est arrivé avec une guerre de retard, et ce sont les soldats du fort qui ont dû
en supporter les conséquences durant de nombreuses années. Le message que je vous adresse
aujourd’hui, j’y pensais depuis longtemps. Je regrette seulement de ne pas vous
l’avoir écrit plus tôt. J’espère seulement que mes propos auront
le mérite d’apporter un peu de soulagement à votre amertume, et que les enfants
qui liront ce message, eux qui n’ont pas
été les témoins directs de ces temps obscurs, sachent que : « Ceux d’Eben-Emael ont fait leur devoir
et que des garçons comme Henri FURNELLE ne sont pas morts pour rien ». Vous, les anciens de ce fort, vous avez
droit à notre respect. Robert LATET Ancien Echevin d’Oupeye Une cérémonie émouvante s’est
déroulée en Pologne, en présence de quelques anciens prisonniers belges du
Stalag 1A. Robert Latet a recueilli le témoignage de
l’un d’entre eux. Le voici ! Mon retour
sur les lieux de ma captivité Par Achille RIGAUX, ancien prisonnier de guerre. Né en 1920, j’appartiens donc à la classe 1940. Je suis versé au
régiment des Forts de Liège, et c’est le 31 janvier 1940 que je fais mon entrée
dans l’armée belge. Je suis alors désigné pour servir dans les effectifs du
Fort d’AUBIN-NEUFCHATEAU. J’ai donc à peine 3 mois et 4 jours de service quand la guerre commence.
Je ne vais pas refaire l’historique de notre Fort. D’autres s’en chargeront et
le feront certainement mieux que moi. Je dirai seulement que notre fort s’est
rendu après avoir pratiquement épuisé toutes ses munitions et surtout après que
nos canons, touchés par les tirs ennemis, étaient devenus inutilisables. Pris dans la tourmente d’une guerre que nous n’avons pas souhaitée, nous
traversons l’Allemagne sous bonne garde pour nous retrouver en Pologne au
Stalag 1A STABLACK (Warminsk-Mazurie). Nous parlons beaucoup dans notre petit pays de DEVOIR DE MEMOIRE. Il est
vrai que nos rangs s’éclaircissent de plus en plus et il est grand temps que
nous prenions des mesures afin que les jeunes générations se souviennent des
épreuves que nous avons traversées au siècle dernier lorsque le FÜHRERE ADOLF
HITLER avait mis l’Europe à feu et à sang. Ce que nous avons vécu pendant notre jeunesse, nous espérons avec force
que nos descendants n’auront jamais à le connaître autrement que par le
témoignage que nous devons absolument leur transmettre. Je passais paisiblement mes vacances dans le sud de Le 12 septembre à 06h30, nous
nous retrouvons à l’aéroport militaire de MELSBROEK. Nous n’étions que 4
anciens P.G. Que voulez-vous ? Le temps passe et les plus jeunes d’entre
nous ont au moins 89 ans à présent. En m’exprimant de cette manière, je crois que vous comprendrez tous
pourquoi nous étions si peu nombreux à pouvoir faire ce voyage, je n’ai pas
besoin d’entrer dans les détails. Notre délégation d’Anciens Prisonniers se
composait, en plus de mon épouse et de moi-même, de Robert CAVALIER, de
EGHEZEE ; Ferdinand VANDERVEKEN, de HEVERLEE ; Marcel VAN LAER, de
Ostende. Détail navrant : un autre P.G. de Binche Nestor PITOT avait lui
aussi reçu une invitation à se rendre en Pologne. Malheureusement, il était
décédé dans les jours qui ont précédé la réception de ce courrier. Très touchée par cette invitation, sa fille, Francine PITOT, a demandé à
le remplacer ; autorisation reçue, le couple SCHOUCKENS - ¨PITOT était du
voyage. Parmi les accompagnants, je l’ai déjà signalé, j’étais accompagné de mon
épouse et de mon beau-fils également. M.
CAVALIER était accompagné par le président de la section FNAPG d’EGHEZEE, M.
Michel LEFORT et de son fils Frédéric LEFORT. Ce dernier est le petit-fils d’un
ancien prisonnier de guerre qui était en captivité au Stalag 1A. M. VANDERVEKEN était accompagné par un ami,
M. DEMOULIN. M. VAN LAER était
accompagné par son fils, employé à la ville d’Ostende. Au niveau de la délégation officielle, j’ai
noté la présence de messieurs Rudi SCHELLINCK qui représentait M. le Ministre
Pieter DEKREM (Défense Nationale) et Jean CARDOENS, délégué représentant
l’Institut des vétérans et l’INIG. Bien entendu, ARRIVEE EN POLOGNE Nous arrivons donc avec un peu de retard à l’aéroport de GDANSK,
localité connue historiquement puisque les Allemands l’appelaient
« DANTZIG ». Après notre atterrissage, nous sommes accueillis par M. l’Ambassadeur de
Belgique, par M. B. OSINSKI qui est le représentant du VOÏVODE (gouverneur) de
POMERANIE et par toute une délégation menée par M. KAZIMERZ MONTEWKA qui est le
maire adjoint de la commune de GOROWO-ITAWECKIE qui nous reçoit. C’est sur le
territoire de cette localité que se trouve KAMINSK, lieu de notre destination. Dans cette délégation, je me dois de vous signaler que se trouvaient
également Mme Evelina STORY interprète, M. le Docteur
Zbignien SZYSZKA médecin et Mme Danuta
SZISZKA infirmière. Comme on peut le constater, nous sommes très bien entourés. Nous avons à peine marché quelques dizaines de mètres sur le tarmac de
l’aéroport de Gdansk pour prendre place dans un autocar qui nous attendait.
Nous avons alors pris la direction de Kaminsk situé à
environ La commune de GOROWO-ITAWECKIE est située le long de la frontière
russo-polonaise, elle se trouve à un peu plus de Notre car filait à vive allure, il était précédé par les trois voitures
officielles dans lesquelles se trouvaient les autorités qui nous avaient reçus
et ce convoi était escorté par la police qui nous ouvrait le passage. Nous
avons pu constater que les injonctions des policiers étaient très respectées en
Pologne, les autres usagers s’écartaient véritablement pour nous laisser la priorité.
A plusieurs reprises, notre convoi a carrément « brûlé » les feux
rouges situés sur notre route et avec autorisation et protection de la police
polonaise bien sûr ! On croirait que cela n’existe qu’au cinéma, et bien
pas du tout ! je l’ai vécu et je n’étais pas
encore au bout de mes surprises. Détail amusant :
un petit déjeuner nous avait été servi dans l’avion, mais l’organisation
polonaise n’en était pas informée. Alors des sandwiches et boissons nous ont de
nouveau été servis dans le car. A notre
arrivée à Kaminsk, une foule d’au moins 2 000
personnes nous y attendait, et à notre descente du car, nous avons été
accueillis par une véritable salve d’applaudissements. C’était à la fois très impressionnant, mais aussi très émouvant. C’est
difficile de décrire ce que l’on peut ressentir dans un moment pareil, on se
pose carrément la question : mais qu’avons-nous donc fait de si glorieux
pour être accueillis comme des héros, nous ne sommes pourtant que de modestes
anciens prisonniers de guerre qui ont beaucoup vieilli. Je pense que nous avons
tous éprouvé un sentiment de fierté mais mélangé avec beaucoup d’humilité. M. LEFORT qui est beaucoup plus jeune que nous dira après coup :
« J’ai eu l’impression d’être dans la peau d’un sportif qui était applaudi
à tout rompre pour avoir remporté une compétition de renommée
internationale ! Mais pour nous les
anciens qui sommes arrivés à cet endroit en 1940, en soldats vaincus, fusils
dans notre dos sous les vociférations et parfois les coups de crosse de la race
des seigneurs, être accueillis par des acclamations d’un public nombreux, d’un
groupe d’enfants des écoles en rangs ordonnés en tenue de circonstance, chemise
et cravate, portant fièrement drapeaux de leur nation, emblème de leur école,
je vous laisse facilement imaginer ce que cela représente pour nous de revenir
au même endroit dans cette ambiance, 69 ans après , avec les fanfares
locale et militaire qui jouent en notre honneur ! Jamais nous n’aurions pu
imaginer pareil retour à l’endroit de notre captivité. Installés aux places d’honneur, nous
assistons à l’ouverture de la cérémonie qui commence par les discours prononcés
en polonais, en anglais et en français. En
premier lieu par M. Marian PODZIEWSKI, voïvode (gouverneur) de Cette partie protocolaire était suivie par la prestation de la chorale
« ORNAMENT » et aussi par un véritable concert donné par l’orchestre
militaire de la garnison. A la fin de ce récital d’une qualité remarquable,
nous nous sommes rendus au square où se trouvait le monument qui allait être
inauguré. Ce monument est un monolithe situé à peine à quelques dizaines de
mètres de ce qui fut le siège du Stalag 1A. Du Stalag, il ne reste plus rien, plus de baraque, plus de mirador, plus
de barbelés, tout a été rasé. Il n’est donc pas question pour nous de revoir
les endroits où nous avons tant souffert ; seul le monument témoignera du
passage en ces lieux des 23 000 prisonniers de guerre belges et des 464 qui
n’en sont pas revenus. L’inauguration
commence par les sonneries au clairon, ensuite c’est un peloton composé d’une
trentaine de soldats polonais en armes qui rendront les honneurs en tirant les
salves traditionnelles. Emouvante cérémonie de recueillement marquée par le son
strident d’une sirène qui durera environ 60 secondes. L’appel en mémoire des morts
a été fait dans les 3 langues : polonais, anglais et français. Ensuite, ce
sera le cortège pour les dépôts des couronnes de fleurs au monument dans
l’ordre suivant : M. Marian
PODZIEWSKI, voïvode (gouverneur) de Je dois ici ouvrir une parenthèse pour dire que parmi les invités
belges, c’est La fin de la cérémonie sera marquée par la sortie des drapeaux et par
les remerciements de Mme Bozena Olszewska-Switaj, Maire de Nous allons ensuite être conduits vers le lieu de l’exposition réalisée
par les élèves des écoles sur ce qui avait été le Stalag 1A STABLACK. Là-bas, nos souvenirs reviennent un peu, nous avons pu revoir des photos
de l’époque, des cartes, des plans, des objets qui avaient servi dans le
campement, des tableaux avec des explications. On nous demande de signer le
livre d’or et si nous le souhaitons, nous pouvons y écrire quelques mots. Que
pourrions-nous dire d’autre que simplement : « Merci aux
autorités polonaises pour nous avoir permis de vivre cette journée de
commémoration, merci encore d’avoir pensé à rendre un vibrant hommage à nos 484
camarades disparus au cours de cette folie meurtrière dans ce stalag et au
cours de leur captivité. Merci aux écoliers et à leurs professeurs pour la
réalisation de cette belle exposition. Je vais en terminer sur une phrase prononcée par notre ami P.G.
Ferdinand BANDERVEKEN : « Jusqu’à la fin de ma vie, je me souviendrai
de cette journée. Merci pour m’avoir permis de vivre un moment
pareil ! » Notre ami P.G. Marcel VAN LAER, lui, aura eu une autre idée, grâce à son
fils qui connaît bien le bourgmestre de la ville d’Ostende, et qui a pensé à
l’informer de l’invitation qu’il avait reçue pour aller commémorer dans une
cérémonie en Pologne. LA réaction du bourgmestre a été positive, il lui a donné
un petit cadeau à remettre à sa collègue de Pologne. Cadeau symbolique qui
représente les clefs de la ville d’Ostende. Mme Francine PITOT quant à elle, a remis à Mme Bozena
Olszewska-Switaj un cadre
de son papa, ce cadre est en réalité le dessin d’une baraque du Stalag 1A
réalisé en captivité. Comme on peut le
constater, le côté protocolaire avait cédé la place à la convivialité, à la
détente, à la fraternité. C’est dans
cette ambiance que nous nous sommes rendus au restaurant NATANGIA à Gorowo Itaweckie. Je vous fais
grâce du détail de notre menu, je m’en voudrais de vous mettre l’eau à la
bouche, je vous dirai seulement que c’était copieux et délicieux. Bien sûr, cérémonie oblige, nous avons
déjeuné un peu tard, mais les deux petits déjeuners du matin nous ont aidés à
tenir le coup. Bien entendu, les journalistes présents n’ont pas manqué de nous
filmer, de nous interviewer, il paraît même qu’on nous a vus aux journaux
télévisés avant même notre retour en Belgique.
Pour ma part, j’ai esquivé certaines questions de l’un d’entre eux qui
voulait pourtant que je lui parle de la différence de traitement entre les
prisonniers de guerre flamands et ceux donnés aux prisonniers wallons. Vous
comprendrez facilement pourquoi je n’ai pas voulu entrer dans un jeu polémique
qu’il essayait de provoquer. L’Histoire est écrite, nous étions tous sous le
même uniforme, nous avons combattu ensemble contre le même agresseur. Nous
avons souffert ensemble des conséquences de cette campagne des 18 jours, et
aujourd’hui cela ne sert à rien de vouloir réécrire le passé. Notre pays a
besoin de fraternité, il a besoin d’une véritable union, pas de divisions, ni
de querelles stériles. Après le repas, nous avons repris la route jusqu’à Gdansk, la tête
encore un peu étourdie par l’émotion de cette belle journée du Souvenir. Même
en fermant les yeux, les images défilent sans arrêt, oui les épisodes de cette
cérémonie semblent nous revenir comme un film qui refuse de s’arrêter. Cela
nous aura vraiment marqué pour la suite de notre existence. Satisfaits
sûrement, heureux certainement et fatigués naturellement, nous nous sommes
salués avant de nous quitter, mais peut-être épuisés par le voyage, par la
concentration des événements, nous n’avons pas pensé à prendre nos coordonnées
avant de nous séparer. Je termine ce
récit en exprimant toute ma reconnaissance aux autorités polonaises, à la
population de cette commune et aux élèves des écoles et je souhaiterais leur
dire que ce petit bout de ruban qui m’a été donné, ruban coupé lors de
l’inauguration du monument, je le garderai jusqu’à la fin de mon existence. |