Maison du Souvenir

AUSCHWITZ... Usine de la mort !

point  Accueil   -   point  Comment nous rendre visite   -   point  Intro   -   point  Le comité   -   point  Nos objectifs   -   point  Articles

point  Notre bibliothèque   -   point  M'écrire   -   point  Liens   -   point  Photos   -   point  Signer le Livre d'Or   -   point  Livre d'Or   -   point  Mises à jour   -   point  Statistiques

AUSCHWITZ... Usine de la mort ![1]

       Le 27 janvier vers quinze heures, les soldats russes de l'Armée du Premier Front Ukrainien libèrent le Konzentrationslager (KL) Auschwitz-Birkenau. Ils y découvrent environ 7.000 kilogrammes de cheveux emballés dans des sacs en papier. C'est l'excédent que la direction du camp n'a pas eu le temps d'expédier dans des usines de Bavière. Ils y sont vendus 50 pfennigs le kilo et on les transforme en toile de crin et en matelas !

       Du 17 au 19 janvier 1945 (soit quelques jours auparavant), devant l’avance rapide de l'Armée Rouge et par quinze degrés sous zéro, les SS avaient emmené environ 60.000 prisonniers, hommes et femmes, en marche forcée vers l'Ouest, vers d'autres camps de concentration.


Porte principale

       En octobre 1939, la ville d'Oswiecim (germanisée en Auschwitz) et sa région sont incorporées au Troisième Reich. Dans les semaines suivantes, l'idée d'y créer un camp de concentration naît dans les bureaux de l'Oberkommando SS et de la Gestapo de Wroclaw. Le SS Oberfuhrer Wigand, inspecteur de la Gestapo et officier subalterne du SS-Gruppenführer Erich von dem Bach Zelewski, dépose le projet.

       Le 27 avril 1940, Himmler donne l'ordre de fonder le KL (camp de concentration) d'Auschwitz. Trois jours plus tard, Rudolf Hëss y arrive en compagnie de cinq autres SS et prend la direction des travaux d'aménagement. Ces derniers sont effectués par 300 Juifs désignés par le maire de la ville. Dès le mois de mai, le Rapportführer Palitzsch amène 30 « criminels » du camp de Sachsenhausen. Ils sont enregistrés sous les numéros 1 à 30.

       En juin-juillet de la même année, les SS procèdent à l'évacuation de quelque deux mille personnes et font démolir plus de cent maisons par les prisonniers eux-mêmes. Leur but est de créer un no-man 's land autour du camp afin de l'isoler de la population polonaise.

      Un premier convoi de 728 détenus politiques polonais (à qui le camp est initialement destiné) arrive à Auschwitz le 14 juin1940. Ils sont marqués des numéros 31 à758. Dès juin 1941, des hommes, femmes et enfants de toutes nationalités sont incarcérés dans le camp.


Poste de garde

 Auschwitz II

       La « solution finale » au « problème juif » ainsi que les génocides tzigane et slave exigent l'agrandissement d'Auschwitz. Dès octobre 1941, le camp s'étend au village de Brzezinka (Birkenau), situé à trois kilomètres au nord-ouest. Plus tard, il est nommé Auschwitz II. Sa capacité initiale doit dépasser 100.000 prisonniers, pour ensuite atteindre 200.000. 250 baraques y sont construites suivant le modèle des écuries militaires. Destinée à 52 chevaux, les SS entassent de 800 à 1.000 détenus dans chaque baraque. Au début du mois de mars 1942, les premiers détenus et prisonniers de guerre soviétiques arrivent à Birkenau. Ils logent dans des blocs non achevés, sans sanitaires ni conduite d'eau.

Auschwitz III

       En 1942, le camp de Monowitz voit le jour non loin d'Auschwitz et de Birkenau. Nommé Auschwitz III, une quarantaine de camps auxiliaires (répartis principalement sur le territoire de la Silésie) lui sont subordonnés.

       Dans les années '43-'44, Auschwitz I compte environ 13.000 détenus ; Auschwitz II à peu près 120.000 hommes et femmes, et Auschwitz II avec ses succursales silésiennes environ 25.000. L'effectif  le plus élevé est donc de 150.000 prisonniers et prisonnières.

       En plus d'occuper la plus grande superficie (environ 42 kilomètres carrés), Auschwitz est le camp le plus monstrueux et inhumain par suite de l'étendue et de la sorte des crimes commis. Dans le système fasciste-policier appliqué sous le Troisième Reich, Auschwitz possède une double fonction.

       D'abord, c'est un camp de concentration où l'on réalise au fur et à mesure l'extermination des prisonniers par leur anéantissement physique et psychique. Les détenus malades, faibles et inaptes au travail y sont mis à mort par injections de phénol administrées dans le cœur ou du gaz cyclon B (acide cyanhydrique). La pendaison et la fusillade y sont également monnaie courante.


La potence

       Ensuite, c'est un camp d'extermination où l'on gaze simultanément des milliers de personnes aussitôt après leur arrivée au camp.

Les expériences médicales

       Outre les prisonniers inaptes au travail et envoyés dans les chambres à gaz, d'autres servent de cobayes à la « recherche médicale » nazie. Ils sont sélectionnés régulièrement parmi les malades séjournant trop longtemps à l'hôpital afin d'éviter les épidémies dans le camp.

       Les pseudo-expériences ont pour but la vérification des réactions de l'organisme à certains médicaments, ou tout bonnement l'expérimentation sur le corps humain. L'ablation de muscles, la castration, la stérilisation, l'inoculation de maladies, la création de plaies infectées, les brulures au phosphore ne sont pas rares.

       Parmi les expériences les plus criminelles et inhumaines entreprises :

  1. celles entreprises par le professeur Carl Clauberg et le docteur Horst Schumann dans le bloc 10 d'Auschwitzl. Elles ont pour but l'élaboration d'une méthode biologique d'extermination rapide des Slaves. Les recherches de ces « scientifiques » s'orientent également vers la mise au point d'un procédé de stérilisation féminine ;
  2. les expériences sur le cancer effectuées par le docteur Eduard Wirths ;
  3. les expériences du docteur Joseph Mengele sur les enfants juifs et tziganes. Ces expériences sur les jumeaux visent à trouver le moyen de reproduire rapidement la race aryenne « pure » ;
  4. les expériences avec différents médicaments de la maison Bayer effectuées par le docteur Helmuth Vetter à la demande de IG-Farbenindustrie ou de Scheringwerk.

       Au cœur du camp d'Auschwitz I, le bloc 11 ne diffère pas extérieurement des autres blocs. Appelé « bloc de la mort » par les détenus, il est isolé et toujours fermé. Un SS y est d'ailleurs de faction en permanence. Sa cour close d'un haut mur et les caissons de bois placés sur les fenêtres du bloc 10 (bloc voisin) empêchent l'observation des scènes s'y déroulant. La terre de cette cour est imprégnée du sang de 20.000 prisonniers fusillés au « mur de la mort ».

« Le bloc de la mort »

       Le personnel de la prison et les individus incarcérés dans l'attente d'un jugement du tribunal auprès de la Gestapo à Katowice logent au rez-de-chaussée. Les audiences du tribunal à procédure sommaire se tiennent à peu près une fois par mois. Le chef de la Gestapo de Katowice, le docteur Rudolf Mildner, et le chef de la section politique du camp, Maximilien Grabner y sont présents. Durant deux à trois heures, le tribunal prononce jusqu'à 200 arrêts de mort. Les condamnés doivent se déshabiller et sont conduits deux par deux au « mur de la mort » où on les tue d'une balle dans la nuque. Les détenus du camp sont abattus de la même façon, bien qu'au début, un peloton d'exécution se chargeait de cette mission.

       Les cellules se trouvent dans les caves. On en distingue trois types d'aspect et de destination différents. Les prisonniers soumis à enquête sont placés dans les cellules ordinaires. Les détenus condamnés à une punition sont enfermés dans les cachots (d'une superficie de sept mètres carrés chacun). Ne recevant ni nourriture ni boisson, ils y restent toute la nuit, et le matin on les envoie au travail. Après plusieurs jours de supplice, ils meurent de faim. Les prisonniers repris pendant leur évasion sont incarcérés dans les cellules verticales. Ces dernières sont divisées en quatre compartiments de moins d'un mètre carré. Les détenus y entrent en rampant par un trou au ras du sol, comme dans une niche. Quatre prisonniers doivent s'y serrer. Ne pouvant ni se coucher ni même s'asseoir, ils étouffent à cause du manque de ventilation, la seule source d'air étant un petit orifice de cinq centimètres sur cinq. Le matin, les survivants sont envoyés au travail, et le soir, on les enferme à nouveau dans la « cellule ».

Le processus d'extermination

       Les plans techniques non-détruits des chambres à gaz et des fours crématoires, les ruines de ces installations d’extermination et les dépositions de l'ancien commandant du camp Hoss ont permis de reproduire exactement le processus d'extermination.


Chambre à gaz

       Après une rapide sélection sur la rampe de la voie du chemin de fer, on assure « les condamnés au gazage » qu'ils vont être conduits au bain. Des douches factices sont aménagées dans le plafond de la chambre à gaz, ce qui donne effectivement l'impression d'une salle de douches.

       Après s'être déshabillées, environ 1.500 victimes entrent dans la chambre à gaz d'une superficie de 210 mètres carrés. On fait entrer de force ceux qui résistent. Une fois les portes verrouillées, le cyclon B est envoyé par les lucarnes du plafond. Sous forme de cristaux et d'une action extrêmement rapide, le cyclon B est un poison des plus puissants. La mort est produite par asphyxie accompagnée d'angoisse, de vertiges et de vomissements.

       Après quinze à vingt minutes, les portes sont ouvertes, les dents en or retirées aux cadavres, les cheveux des femmes coupés, les boucles d'oreilles et les bagues arrachées. Ensuite, les cadavres sont transportés aux fours crématoires. Les pièces d'identité des victimes sont également détruites.

       C'est le 3 septembre 1941 que le premier essai d'extermination en masse par le gaz a lieu dans les caves du bloc II. Le lendemain, les SS constatent qu'une partie des condamnés vit encore et déversent une nouvelle dose de cyclon B. 600 prisonniers de guerre soviétiques et 250 détenus de l'infirmerie du camp y perdront la vie.

       La première chambre à gaz est construite fin 1941 à Auschwitz I. Avant la construction de quatre grandes chambres à gaz et crématoires à Auschwitz II, les gazages ont lieu dans deux fermes aménagées à ces fins.

       Les cadavres sont généralement incinérés dans les fours crématoires, et les cendres restantes enterrées ou versées dans les rivières et étangs environnants. Par la suite, le nombre de victimes devient trop considérable et elles sont enterrées dans des fosses communes ou incinérées sur d'énormes bûchers.

Le camouflage des atrocités

       Le processus d'extermination et le régime du camp sont tenus dans le secret le plus strict. Certains détenus choisis dans un convoi fraîchement arrivé sont désignés par les SS pour le travail dans une équipe spéciale dite Sonderkommando. Leur travail consiste à extraire les dents en or des cadavres, à couper les cheveux des femmes, à vider les chambres à gaz et à brûler les cadavres. Après un certain temps, ils sont eux-mêmes envoyés au gazage, et des détenus choisis dans un nouveau convoi sont désignés à leur place.

       Tous les SS doivent signer un engagement affirmant que, pendant leur service au camp aussi bien qu'après leur déplacement dans une autre unité, ils ne parleront sous aucun prétexte des activités et installations du camp.

       Les dents en or et les fausses dents en métaux précieux étaient d'abord coulées en lingots par les dentistes SS avant d'être envoyé au Centre Sanitaire SS. En été 1944, durant la période d'extermination intensive, douze kilos d'or étaient obtenus... chaque jour !

L'échec du plan de Moll

       Suite à la libération du camp de concentration de Maidaneck les 23 et 24 juillet 1944, les autorités SS élaborent un plan de liquidation totale du KLAuschwitz (dit plan de Moll).


Fours crématoires

       Des raisons principalement économiques auxquelles vient s'ajouter la contre réaction du mouvement de la Résistance du camp empêchent la réalisation de ce plan. Avant de battre en retraite, les autorités SS se limitent au camouflage partiel des traces des crimes et à l'évacuation massive des prisonniers. Dès les derniers mois de 1944, l'administration du camp entreprend le démontage de quelques installations d'extermination et de certains baraquements.

       Au cours des six derniers mois de l'existence du camp, les SS évacuent environ 120.000 prisonniers dont plus de 65.000 par chemin de fer. Après le départ des derniers convois, 8.000 détenus restent à Auschwitz et dans ses camps auxiliaires. Pour la plupart, ce sont des malades intransportables et totalement épuisés. Les SS avaient réellement l'intention d'exterminer ces témoins gênants, car en plus, ils représentaient un fardeau inexploitable en tant que main-d'œuvre dans les camps de concentration du Troisième Reich. L'explication affirmant que les SS n'ont pas supprimé les prisonniers faute de temps n'est pas pleinement justifiée. Le relâchement de la discipline chez les SS, la désorganisation générale voire la panique de l'armée allemande y ont également joué un rôle important !

 

 



[1] La Rédaction du Bulletin 4/95 de l’Union des Croix de Guerre Belges (section provinciale de Liège) remercie Monsieur J. PETlT, Editeur de l'excellent "BRISCARD" de mai 95, n° 321, de nous autoriser à reproduire l'article suivant, dû à la plume de Monsieur Frédéric RENARD. Ces trois pages nous permettent, une fois de plus, de nous souvenir.
(Récit extrait de l'hebdomadaire VOX n° 9503 et recueilli et adapté par J. Petit.)



© Maison du Souvenir. Tout droit réservé. ©