Maison du Souvenir

288 Anversois déportés en 1942 dans les Ardennes françaises pour y fabriquer du charbon de bois

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288 Anversois déportés en 1942 dans les Ardennes françaises pour y fabriquer du charbon de bois !

       Ces Anversois étaient des Juifs, certains étaient belges et d’autres des réfugiés ayant fui le régime nazi. Arrêtés et emprisonnés à la caserne Dossin de Malines, ils furent sélectionnés pour partir travailler dans les Ardennes françaises dans la commune des Mazures à proximité du lac des Vieilles forges, à proximité de Revin. Beaucoup d’entre eux étaient mariés et avaient des enfants. On imagine les douleurs atroces de la séparation. On leur disait sans doute qu’ils retrouveraient leurs familles après un certain temps de travail. Femmes et enfants, après que les hommes furent envoyés en France ne restèrent pas à Malines, ils furent rapidement déportés dans les camps d’extermination allemands.

       Les hommes arrivèrent à la gare de Revin le 18 juillet 1942 et, de là, partirent à pied aux Mazures. Ils construisirent eux-mêmes leurs baraquements puis consacrèrent toutes leurs forces à récolter le bois des forêts aux alentours pour le transporter ensuite à l’usine qui jouxtait leurs baraques afin d’y être transformé en charbon de bois destiné à l’organisation Todt. Ce travail pénible accompagné de sévices, dura près de trois mois. A cette date, la « solution finale » prévaudra sur les intérêts économiques et l’on remplaça les Juifs par des prisonniers de guerre. Le 23 octobre 1942, la plupart des travailleurs forcés provenant d’Anvers furent déportés à Auschwitz en refaisant étape à Malines ! La plupart moururent sans doute en ayant compris tardivement le sort des leurs. Sur les 288 hommes déportés, 237 moururent en déportation, et 2 furent fusillés après évasion. 22 réussirent une évasion. Au total il y eut 27 survivants. On doit à l’historien belge Jean-Emile Andreux (1944-2013) d’avoir sauvé de l’oubli ces hommes victimes de la barbarie. La commune des Mazures, quant à elle, a créé un chemin de mémoire en 2016 autour des limites de l’ancien camp. On y découvre des panneaux explicatifs ainsi qu’une stèle commémorative.



En pointillés blancs : Le Chemin de la Mémoire

Légende

1 - Entrée
2 -  Poste de garde
3 -  Cuisines
4 -  Bloc sanitaire
5 -  Salle commune
6 -  Dortoirs
7 -  Voie Decauville pour la circulation des wagons de charbon de bois
8 -  Site des fours qui produisaient le charbon de bois
9 -  Vers le bois Huet
10 -  Vers l’usine Hénon

       Remarquons le courage de certains ardennais qui aidèrent les fugitifs du camp. Parmi ces derniers, il y eut Emile Fontaine, responsable de la Résistance Aisnes-Ardennes. Le titre de « Juste parmi les nations » lui fut accordé en 2007.



       Ce grand résistant, outre  ses activités de sabotage, organisa une filière d’évacuation de prisonniers de guerre français, d’aviateurs alliés et d’illégaux.

       Dans le second semestre de 1943, il fut arrêté lors d’un banal contrôle de gendarmerie, alors qu’il transportait de grosses quantités de vivres destiné à nourrir un maquis. Accusé de s’adonner au marché noir, il fut emprisonné à Rethel (Ardennes) puis interné au camp des Mazures (Ardennes). C’est là qu’il découvrit que des juifs anversois étaient prisonniers et obligés d’effectuer des travaux de carbonisation. Après sa libération en décembre 1943, il vint en aide à ceux qui parvinrent à s’évader. Mais au début de 1944, sa filière d’évacuation d’aviateurs fut infiltrée par la police allemande qui lui tendit un piège. Il fut alors abattu lors d’un traquenard tendu par la Gestapo le 30 mars 1944.

       Gardons toujours en nos cœurs quelques pensées pour les victimes de la barbarie. De cette manière, nous nous révoltons contre l’affreuse injustice de leur destinée ! 

       Puisse alors notre révolte être écoutée afin qu’un jour, d’une manière dont nous sommes sans doute incapables d’appréhender, ces hommes obtiennent consolations et justes compensations !

 

Remarque : Pour ceux qui voudraient découvrir le chemin de mémoire de cet ancien judenlager et rendre hommage aux prisonniers qui y vécurent, il est utile de savoir que le site n’est pas indiqué par des panneaux indicateurs. Le visiteur doit savoir qu’il est situé dans le zoning artisanal de la commune, autour de son stade de football. Un dépliant informatif (reproduit ici peut être obtenu à la maison communale).

Dr P. Loodts

 







 

 

 

 

Sources :

Liste des déportés

Quelques témoignages de ce que fut cette tragédie.

Jean-Émile AndreuxLe Judenlager des Mazures. Juillet 1942 - Janvier 1944, Revue Historique Ardennaise, Société d’Études Ardennaises, Archives départementales, Charleville-Mézières, tome XXXVI, années 2003-2004, pp 199–216.

Jean-Émile AndreuxEntre oubli, négation et retour à la mémoire : le travail forcé au Judenlager des Mazures. 1942 - 1944. Médecine du travail et Ergonomie. Revue de l'Association professionnelle belge de médecine du travail. Actes de la 9e journée de Médecine du Travail. École de Santé Publique. Université Libre de Bruxelles - Érasme.

 

 



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