Maison du Souvenir

Rénovation de la stèle « A l’Empereur » à Virton.

point  Accueil   -   point  Comment nous rendre visite   -   point  Intro   -   point  Le comité   -   point  Nos objectifs   -   point  Articles

point  Notre bibliothèque   -   point  M'écrire   -   point  Liens   -   point  Photos   -   point  Signer le Livre d'Or   -   point  Livre d'Or   -   point  Mises à jour   -   point  Statistiques

Rénovation de la stèle « A l’Empereur » à Virton

Devoir de Mémoire

       En mai 2019, les classes de l’Ecole d’Enseignement spécialisée de Saint-Mard, de Madame Norah Flammang et de MM. Anthony Chapellier, Didier Giltaire, Benoit Gillardin et de Nicolas Lequarre ont répondu à un appel à projet du War Heritage Institute (Bruxelles) intitulé le « Train des 1000 ». Ce projet pédagogique est basé sur le travail de mémoire. Parmi 75 projets en lice, seuls 22 ont été retenus, dont 2 seulement pour la province de Luxembourg !
Soutenu dans ce projet par leur directeur M. Fiévet, l’école a donc décidé de transposer la problématique de la Shoah dans notre époque, tout en sensibilisant les élèves aux faits passés. Ils sont en effet partis du principe que les guerres font malheureusement partie de l’Histoire et qu’elles se poursuivent à travers le temps.

       Norah Flammang : « Afin de sensibiliser notre groupe à la Shoah et de plonger au cœur de la Seconde Guerre mondiale, nous sommes partis visiter l'Ouvrage de la Ferté en France, l'un des points les plus célèbres de la ligne Maginot qui fut attaqué par les Allemands et où 107 hommes de la garnison furent tués. Après cette visite bouleversante, riche et intense, nous avons marché à travers bois, entre Florenville et Jamoigne, pour rejoindre le Château du Faing. Nous avons pu découvrir l’incroyable histoire des 87 enfants juifs, cachés entre 1943 et 1945 et sauvés de la déportation. Le lendemain, nous avons retracé l'épopée des résistants franco-belges, pour achever notre exode en traversant une partie des bois du Maquis du Banel.

       En un second temps, nous avons décidé de sensibiliser nos élèves à l'exode, à la résistance, aux persécutions vécues par les enfants et jeunes adultes de notre province et de nos villages, tout en continuant notre sensibilisation face à l'actualité d'aujourd'hui.
C’est ainsi qu’il nous a semblé intéressant de rénover la stèle au lieu-dit « A l’Empereur » à Virton à la mémoire de « Jean Bonbled et à ses camarades de combat » par la pose d’une seconde plaque et de retracer son histoire ».

Qui étaient Jean Bonbled et ses amis résistants ?

       Le 16 février 1944, en soirée, le Saint-Mardois Jean Bonbled et cinq autres résistants transportent une cargaison d’armes à bord d’une camionnette. Au bas de l’Avenue Bouvier à Virton, le véhicule s’immobilise. Une patrouille allemande l’intercepte alors et arrête les six hommes à son bord.

Il s’agit de deux Belges :



Jean Bonbled

       Jean BONBLED (12/03/1920-1944), manœuvre, cheminot à l’atelier de Latour, entré au chemin de fer le 25/01/1941. Réquisitionné pour le travail obligatoire en Allemagne. Réfractaire, il rejoint le village de Suxy, refuge de résistants. Il incorpore le « Front de l'Indépendance » (F.I.), groupement des résistants armés. Domicilié au 16 rue de Lacman à Saint-Mard.

       Willy-Léon MOREAUX (1923–1944). Ouvrier agricole. Résistant PA. Domicilié à Suxy.

De trois Français :

        Camille CLAUDION (1926-1944). Réfractaire au travail obligatoire et évadé du camp de Jeunesse à Charency-Vezin. Domicilié à CharencyVezin.

       René DESCHELL (1916 ?-1944). Soldat nord-africain dont l’identité réelle n’a pu être établie. Evadé du camp de Jeunesse de Charency-Vezin. Sans domicile fixe.

       Marcel FOSTINELLI (1925-1944). Cuisinier au camp de Jeunesse de Charency-Vezin. Nom de guerre : René Pecheur. Domicilié à Nancy.

Et d’un Marocain :

       Roger PERNET (1924-1944). Evadé du camp de jeunesse de Charency-Vezin d’où il était domicilié.

       Tous sont transférés dans la nuit à Arlon. Ils sont de retour à Virton le lendemain, dans les locaux de la Feldgendarmerie où s’installe un tribunal de campagne. Les six prisonniers sont sommairement jugés et condamnés à mort pour détention d’armes.
Trois poteaux sont alors plantés au pied d’un talus au lieu-dit « La Fontaine de l’Empereur », à la sortie de Virton. A la lueur des phares des camions allemands, tenus à distance par des sentinelles, quelques témoins Virtonnais assistent impuissants à cette opération de guerre.
Le 17 février 1944, vers 19 heures, deux salves retentissent. Ils sont sauvagement fusillés tous les six par les Allemands. Leurs dépouilles furent transférées à la citadelle de Liège.



L’Enclos des fusillés

       Virton libéré le 11 septembre 44, une première cérémonie en leur mémoire s’est déroulée à l’endroit même de leur exécution où six croix blanches furent plantées entre trois sapins. Ce lieu conservera le nom « L’Enclos des fusillés ».

*          *          *

      


Plaque commémorative érigée le 27 septembre 1982

       A la suite de la construction du contournement Est de Virton et de la voie rapide du Val d’Away (en face du magasin Delhaize), une stèle en pierre avec une plaque commémorative a été érigée en reconnaissance à ces 6 résistants fusillés. Elle a été inaugurée le 27 septembre 1982, jour de la fête de la Wallonie, par les édiles communaux de l’époque.

       C’est ainsi que les élèves de 4ème année de la section technique de l’Enseignement spécialisé de Saint-Mard ont conçu et réalisé une seconde plaque en tôle.  

       Un mur de soutènement a été construit par les agents du Service technique de la Ville de Virton ainsi que les abords immédiats de la stèle, du nettoyage de la pierre, et de la confection de deux pieds en granit qui la soutienne façonnés sur mesure par Fabrice Lauer du Service technique.



La stèle rénovée

       Cette seconde plaque a été inaugurée le 17 février 2020, en présence de Madame la Députée Nathalie Heyard, le commandant du Centre d’instruction de Stockem, le Major Pascal Laurent, des autorités communales de la Ville de Virton, de la Direction de l’Ecole d’Enseignement spécialisé de Saint-Mard et de leurs professeurs, de 14 portes drapeaux des Associations patriotiques, des membres du Souvenir français, et d’une vingtaine d’élèves de l’école.

       Saluons le devoir de Mémoire entrepris par ces élèves, soutenus par leurs professeurs, leur directeur et le collège communal de Virton, qui mirent tous ensemble leur énergie afin qu’aboutisse ce beau projet de rénovation.
Et M. le maire François Culot de s’adresser aux jeunes en ces termes :


« …Soyons aujourd’hui dignes de ces résistants et résistantes qui ont donné leur vie pour l’honneur de leur pays. N’oublions jamais leur sacrifice et celui de ceux qui payèrent le prix du sang pour que se lève à nouveau le soleil de la liberté.

N’oublie pas qu’ils avaient ton âge, ceux qui tombèrent pour que tu naisses libre. Et n’oublie pas que la liberté ne mourra jamais tant qu’il y aura des hommes et des femmes capables de mourir pour elle ».

Paroles de Maurice Druon, écrivain français, résistant, auteur des paroles du Chant des partisans, qui deviendra l'hymne de la Résistance.

Michel DEMOULIN

 

Sources :

Archives SNCB, Farde de presse et discours prononcés
Raymond Draize, Qui sont ces personnages qui ont donné le nom à des rues et à des places de Saint-Mard, pp 49-50
Crédits photographiques : Fond Jean-Claude Herman, Norah Flammang

 

 

 



© Maison du Souvenir. Tout droit réservé. ©