La présence de la Reine Elisabeth auprès
des
trains sanitaires (1941-1944)
L’infatigable Reine-infirmière garda son
idéal tout au long de sa vie. La manière dont elle encouragea les infirmières
des trains sanitaires durant la Seconde Guerre mondiale fut tout-à-fait originale.
Vingt-trois trains sanitaires échelonnés entre octobre 1941 et juin 1944 se
rendirent en Allemagne durant la Seconde guerre Mondiale pour rapatrier les
prisonniers belges libérés pour raison de santé. 8.415 soldats rejoignirent
ainsi leurs foyers. A ce nombre il fait ajouter 9 trains ordinaires entre
février 1941 et Octobre 1944 qui rapatrièrent 2.671 soldats.
La Reine venait souvent encourager le
personnel de la Croix-Rouge avant le départ du convoi. Comme la famille royale
n’avait pas le droit de s’adresser à la population belge, la Reine usait d’un
subterfuge. Elle se contentait de signer un document puis sa dame de compagnie rapportait
ensuite à l’équipage les paroles de soutien de la Reine qui étaient alors
retranscrites par un membre de l’équipage sous la signature royale. Les
infirmières du train signaient alors à leur tour le précieux document.
Le train sanitaire se composait de 13
wagons dont sept avec couchettes pour les malades alités, un wagon-couchette
pour le personnel, un wagon-bureau, un wagon réfectoire, un transportant les
réserves, un réservé à la cuisine et un autre à la pharmacie et lingerie. L’équipage était composé de 5 infirmières, 6
ambulancières, deux médecins, un pharmacien, 2 secrétaires, 4 cuisiniers, 1
gestionnaire, un chef de mission, un chef-garde. Complétaient obligatoirement l’équipage
belge, un médecin et un sergent allemands. La mission durait
généralement 8 jours.
Equipage du train sanitaire n° 21
Les trains sanitaires ne se contentèrent
pas de ramener les prisonniers malades en Belgique. Déjà fin août 1940 un train
sanitaire avait pu être reconstitué dans les ateliers de Malines avec le
charroi abîmé du Service de Santé. Ce premier train servit à rapatrier les
blessés belges qui avaient fui en France. Le 19 septembre le train partit pour
une mission qui devait durer 11 jours. D’autres trains gérés par la Croix-Rouge
furent consacrés à l’envoi d’enfants belges en Suisse pour une période de trois
mois. Parmi ceux-ci des enfants juifs qui restaient alors en suisse sous
prétexte de tuberculose ou que l’on faisait passer pour décédés. Inversement,
la Belgique accueillit des jeunes Espagnols venus se refaire une santé en
Belgique. Un train sanitaire alla les chercher et les ramènera. Une œuvre crée
par la reine Astrid, s’occupa d’offrir des vacances en suède à un certain
nombre d’enfants belges affaiblis par la guerre. Un premier convoi s’en alla en
Mars 42 emportant 400 enfants vers la Suède. D’autres convois suivirent.
Pendant le terrible hiver 44, les trains
sanitaires désengorgèrent les hôpitaux du front en ramenant les soldats blessés
anglais et américains vers l’arrière. Enfin, après la guerre, les trains
sanitaires belges firent encore quelques trajets en Allemagne, Pologne et
Tchécoslovaquie pour rapatrier les déportés qui avaient été soignés sur place
de longs mois avant de pouvoir entamer leur retour.
Insigne porté fièrement par les membres de l’équipage du train sanitaire. En métal ou en tissu. (Col. L. Guillaume)
Enfin, pour terminer
cet impressionnant bilan des trains sanitaires, notons aussi sept voyages en
Tchécoslovaquie pour ramener plus de 3.000 sujets tchèques qui avaient trouvé
refuge en Angleterre.
Dr Loodts Patrick
Source :
On doit à Monsieur Lucien Guillaume d’avoir rappelé l’épopée
des trains sanitaires dans un très beau livre illustré de photos et de
documents d’époque. Cet ouvrage passionnant, « Les trains
Sanitaires », est paru aux Editions Weyrich en 2010.
Les documents et photos de cet article proviennent de ce livre.