Maison du Souvenir

En 1914 dans la Région de Visé.

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En 1914 dans la Région de Visé[1]

Le Passage de la Meuse

       Le premier jour de la guerre, les Uhlans du lieutenant général Von Der Marwitz se déplacèrent de Visé vers le nord au gué de Navagne-Lixhe, même si le niveau de la Meuse était particulièrement haut pour la saison. Un peloton belge du 12e de ligne malgré un barrage soutenu de l'artillerie ennemie y resta jusqu'à 15 h. avant de repasser avec les gardes civiques vers le canal Liège-Maastricht et rejoindre Hallembaye. Le fort de Pontisse prit le relais.

       Des crédits insuffisants empêchèrent la construction d'un 13e fort, celui de Lixhe, face au gué de la Meuse sur les coteaux de la Montagne Saint-Pierre.

       Brialmont dans ses mémoires s'exclama : « Un jour, on pleurera des larmes de sang pour n'avoir pas construit le fort de Lixhe. »

       Après avoir reçu les premiers coups de feu de l'artillerie belge, la 34e brigade bivouaqua à Mouland pour la cavalerie et à Berneau pour les autres troupes.

       Le lendemain, les pionniers se mirent au travail : pas moins de 3 ponts de bateaux furent installés et chaque fois réduits en miettes par les tirs précis du fort de Pontisse. Les Uhlans pourchassèrent inlassablement les observateurs qui renseignaient utilement le fort de Pontisse sur la position de ces ponts. En fin d'après-midi, la 4e tentative de passer la Meuse fut la bonne et des centaines de soldats s'engouffrent à Lixhe, traversent le canal Liège-Maastricht et se dirigent en fin de soirée vers leur théâtre d'opération entre la Meuse et le fort de Liers, qu'il faut traverser sans faute pendant cette longue nuit.


Le pont établi sur la Meuse par les Allemands entre Navagne et Lixhe. (Centre de Documentation du Musée de Visé)

       Mais après le reflux et l'échec de toutes les brigades, le matin du 6 août, les Allemands firent abattre le château de Navagne, propriété de l'imprimeur Dessain pour que ces matériaux servent de soubassement à la route d'accès au pont... de plus en plus utilisée par les troupes se dirigeant vers la Hesbaye. Dès le 8 août, les troupes de cavalerie vont traverser la Meuse et se diriger vers la vallée du Geer, commettant aussi d'autres excès comme à Kanne. Cette cavalerie subira un revers important le 12 août à Halen.

       Le bourgmestre de Visé, Léon Meurice et le doyen Lemmens seront gardés en otage du 10 août au soir jusqu'à la fin septembre.


Le bourgmestre de Visé en 1914, Léon Meurice. (Centre de Documentation du Musée de Visé)

       « Ils couchèrent dans une annexe avec un peu de paille pour literie, on leur apportait leur pitance dans le fond d'un seau de propreté douteuse et quand les troupes passaient, on les exposait aux sarcasmes des soldats »

       D'autres visétois pris en otages durent consolider ce passage de la Meuse.

La route du feu sur la rive gauche

       Pourquoi, pourquoi cette haine ? Les Allemands refluant de la bataille de la nuit mettent le feu à 10 maisons de Lixhe. 6 civils sont fusillés peu après. L'église Saint-Lambert de Lixhe subit le même sort que la Collégiale de Visé et ceci le même jour le 10 août : la tour est incendiée et le cimetière est profané. On prend même des clichés devant l'église en ruines.

       Non loin de là, d'autres points hauts comme les cheminées des 2 cimenteries sont aussi dynamitées. A Visé, une haute cheminée propriété d'un entrepreneur allemand restera pourtant en place !

       Beaucoup de dommages et d'atrocités furent commis dans les tout premiers jours de la guerre mais dès le 14 août, les renforts prussiens dépassèrent tout ce qu'on avait déjà connu :

       Haccourt et Hallembaye étaient sur la route de Tongres : s'y arrêtèrent les 33e, 115e et 117e régiments : 50 otages sont emmenés à Hallembaye le 16 août puis libérés peu après.

       Le 18 août, le village de Hallembaye est incendié, la chapelle St Nicolas de Hallembaye dont les plafonds peints étaient l'orgueil part en fumée. Son pasteur, le curé Thielen est tué alors qu'il portait secours à ses paroissiens. 15 civils seront massacrés par la folie des hommes. Quarante Haccourtois seront emmenés en captivité. Ceux parlant flamand furent libérés rapidement, les autres dont le bourgmestre Donnay furent déportés vers Munster.

       Oupeye eut-il un sort plus enviable ?

       Le 13 août comme d'ordinaire le curé et le bourgmestre furent pris en otage. Le château de Grady, actuel centre culturel est pillé et 50 otages sont emmenés à Haccourt le lendemain. Le 15 août à croire que les soldats se sont donnés le mot le village est pillé et le lendemain, 8 maisons sont incendiées.

       La route du feu en Basse-Meuse ne s'arrêtera pas car Hermée est à quelques encablures de Pontisse : lors du reflux de la bataille de la nuit la rue Large-Voie fut incendiée et 11 civils furent tués. Les soldats allemands blessés laissés sur place furent désarmés par les soldats belges. Mais plus tard, à l'arrivée des renforts prussiens : on fit sortir les habitants sur la place le 14 août et on emmena 450 otages vers Milmort. Le village fut alors incendié. Ce n'est que le 16 août que les habitants d'Hermée pourront rentrer chez eux.

Le Fort de Pontisse

       Pour entrer à Liège, les Allemands n'avaient qu'une possibilité : l'attaque en force. Les troupes devaient rompre à des heures calculées, de manière à ce que la ceinture des forts fut franchie de nuit et que l'entrée en ville se fasse au petit jour. L'artillerie devrait le plus longtemps possible tenir les forts sous son feu. La 34e brigade avait comme objectif de percer le front Liers-Pontisse.


L’entrée du Fort de Pontisse. (photo F. De Look)

       A la fin de la journée du 5 août, elle se scinda en deux à Oupeye, une partie continua vers Hermée et vers les hauteurs de Herstal, le 7e chasseurs se dirigea vers Vottem, le 89e grenadiers atteignit Rhees et l'autre, le 90e régiment descendit la côte d'Oupeye et par Vivegnis atteignit Herstal. Il fallait en effet, contourner le fort de Pontisse.

       Ce fort de Pontisse, défendu par le commandant Speesens joua un rôle majeur : le 4 août, il retarda l'avancée des Allemands à Visé, en tirant sur la 34e brigade qui voulait contourner la place forte ; le 5 août, détruisit 3 ponts successifs lancés sur la Meuse au gué de Lixhe et puis repoussa plusieurs assauts dans les premiers jours de l'offensive. Il est à noter un incident : un avion ennemi Taube survola le fort le 5 août et s'éclipsa après avoir lancé une fusée sur le fort. Ceci déclencha un tir d'artillerie intense sur le fort... avant l'attaque de la nuit.

       Après le retrait de l'infanterie belge. Les forts restèrent seuls. Ils furent d'abord attaqués par l'artillerie classique les 9 et 10 août. Les forts étaient loin d'en avoir fini avec les projectiles des mortiers de 305 ou des batteries de côte. S'y ajoutèrent dès la fin du mardi 11 août les obus des batteries de 420 mm, arme secrète amenée à pied d'œuvre à Mortier : elles réduisirent au silence le fort d'Evegnée qui cessa le combat à 17 h.

       Le lendemain, ces batteries furent pointées vers Pontisse et le premier projectile fut tiré vers 18 h.45... ce véritable pilonnage détruisit le massif et déchaussa le fort... Le pilonnage reprit le jeudi 13 août dès 7 h. du matin.

       Le commandant Speesens fit hisser le drapeau blanc vers 12 h.30 une heure après la fin du fort de Chaudfontaine.

       On s'imagine aisément l'atmosphère au sens propre comme au sens figuré. Les canons du fort se turent, détruits par le bombardement ennemi. De gros blocs sans cesse arrachés au béton enlèvent au massif toute résistance, les voûtes s'ouvrent laissant largement passer l'air irrespirable. Sous cette carapace mal aérée, les hommes peinent, souffrent dans une atmosphère brûlante de poussières, de fumées, de gaz et de flammes. Les compagnons blessés ou qui gémissent couchés partout, les morts qui s'accumulent. Les défenseurs ne pouvaient plus rien.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



[1] Extrait du très beau livret « La Grande Guerre 14-18 et la reconstruction au Pays de Visé » présenté par le Musée Régional d'Archéologie et d'Histoire de Visé et Centre de documentation historique. Vous pouvez en faire l’acquisition au prix de 5 €.

 



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