Maison du Souvenir
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La vie de François
Nivarlet de 1940 à 1945 Par sa fille Sabine. François Nivarlet Aujourd'hui, 24 avril 2015 à 16 h, ça fait 70 ans que mon Petit Papa a été libéré de l'enfer concentrationnaire, par les soldats de l'armée soviétique ! Je vous présente mon père, François NIVARLET, né en 1926. Voici, en résumé, sa vie entre 1940 et 1945. En septembre 1941, il quitte l'école pour travailler, afin d'aider sa mère à survivre. A la fin de l'été 1943, son patron est obligé de le déclarer à la "WERBESTELLE" qui l'envoie travailler chez "PIEPER" à Herstal... mais cela ne lui plaît pas du tout ! Pour pouvoir quitter les registres de la Werbestelle, il fait semblant de vouloir s'engager à "l'organisation TODT" (construction de fortifications du mur de l'Atlantique), ce qui le libère de chez Pieper. Ce jour-là, il s'engage dans la Résistance, à l'A.S. (Armée Secrète), il loue une chambre meublée et l'A.S. lui fournit une fausse carte d'identité, car l'organisation Todt le recherche activement. Le 14 avril 1944, avec un autre résistant, il se rend, à Chênée, pour livrer des armes. A 100 m du lieu de rendez-vous, la police allemande les arrête et les fouille... Comme les armes sont découvertes, ils sont envoyés à la prison St-Léonard, après un premier interrogatoire musclé dans les bureaux de la Gestapo. Condamné à mort en "SCHNELLGERICHT" qui peut se traduire par tribunal d'exception (sans autre forme de procès), il attend d'être fusillé. N'ayant pas 18 ans, les Allemands ne le fusillent pas, mais le mettent au secret pendant près de 6 semaines (ni colis, ni visite, il est considéré comme mort). Le 20 mai 1944, il part pour BUCHENWALD, entassé avec une centaine d'autres infortunés dans un wagon à bestiaux. Ils y arrivent le 22 au soir, et sont placés dans le "petit camp", camp de quarantaine. Mon père n'est plus un homme, c'est un "STÜCK", le n° 54.343 et il reçoit son pyjama rayé. Le 8 juin 1944, il est transféré au camp de Dora, où on les accueille par : "Mort ou vivant, tout le monde doit être à l'appel ! ". Après quelques formalités, ils repartent pour un sous-camp (commando) : HARZUNGEN. De là, ils partent chaque jour pour aller creuser les tunnels où l'on construira prochainement les fusées V1 et V2. Etant myope, il a pu obtenir une "nouvelle" paire de lunettes, récupérée parmi les milliers de paires prises sur les morts de Dora ... Pendant l'hiver 44/45, les températures descendent jusqu'à -25° mais, à cette époque, les déportés se retrouvent sans vêtement, à cause des poux. Ils resteront tout nus jusqu'en février 1945... Début avril, ils repartent... destination "l'enfer de Dora" : ELLRICH. Au milieu de la place d'appel, un bûcher pour un millier de morts y est dressé, il brûle pendant 4 jours et puis on recommence (60 ans plus tard, il y a toujours des cendres sur cette place d'appel !!!) Le 7 avril 1945, les Russes approchent et ils repartent encore, une fois de plus en wagons à bestiaux vers Berlin (+/- 300km) pour un CONVOI DE LA MORT. Le voyage dure 12 jours, sans manger ni boire, si ce n'est de l'urine. Ils sont attaqués par des avions russes qui mitraillent le convoi, il y a beaucoup de morts, il n'y aura que 10% de survivants !!! Ils arrivent finalement au camp d'ORANIENBURG, pour être transférés directement aux usines HEINKEL, à Germendorf. Le coup de crosse qu'il a reçu au visage et qui lui a arraché une partie de la lèvre va le sauver... Il a de la fièvre, et est admis au "REVIER" du camp d'Oranienburg... les survivants encore valides continueront la marche vers un petit bois où ils seront abattus... Il est enfin libéré par les Russes, le 24 avril 1945 vers 16h. Les déportés ne recevront aucune aide des Russes, pour leurs permettre de survivre, ils leur donnent une arme et leur disent que manger en allemand se dit "ESSEN"... si "NICHT ESSEN..." ... on a le droit de tuer !!!??? Le 25, dès le matin, ils sortent de l'enceinte de l'usine pour rejoindre le village le plus proche... il lui a fallu toute la journée pour parcourir, tant bien que mal les pauvres 500 m qui le sépare de la plaque d'agglomération... Il faut dire qu'il était à bout de force... il ne pesait plus que 29 kg !!! Pour reprendre les forces nécessaires pour le retour, il est resté quelques jours dans le village de Germendorf, où il a obtenu une carte de ravitaillement pour le pain. Mais il n'est pas au bout de ses peines. Etant dans le secteur russe, il faut impérativement qu'il rejoigne les Américains. Il arrive finalement à Liège le 20 juin
1945. Il retrouve sa mère, qui ne croit pas aux fantômes, elle le pensait mort
depuis 14 mois, vous imaginez le choc quand elle le voit...
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