Maison du Souvenir

La déportation de Marcel Labie en 1942.

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Ma déportation en 1942

Marcel Labie

Voici les souvenirs inoubliables des faits marquants que j’avais consignés dans des petits carnets durant toute la durée de ma déportation.

Chapitre 1 : Préface

Après mon retour de la campagne de 18 jours, entre une période de briqueterie et les travaux à la ferme, j'avais souvent des moments d'anxiété, j’appréhendais l’avenir, me demandant ce qui pourrait m'arriver et incapable de faire des projets.


Photo prise le 31 mars 1940 lors d’une permission

A cette époque, Rose et moi étions fiancés, mais, étant chacun les aînés de familles de petits agriculteurs, il était de mon devoir de trouver un emploi avant d’envisager le mariage.

Puisque j'avais suivi avant la guerre des cours de dessin industriel, j’ai sollicité un emploi aux usines Jadot à Beloeil et le 25-8-1941, je suis embauché.

Ce que je pensais être ma planche de salut, s’avéra être une des causes de ma déportation. Qui aurait pu prévoir cette issue puisque je fus le seul de mon âge à être déporté.

Lorsqu’il nous arrive de grandes épreuves, cela nous donne l’occasion de renforcer notre orientation de vie, j’optais donc pour le dévouement à mes frères, dans l’amour du Père.

Ce fut ma trame de vie dans cette épreuve, pour me rendre digne de l’amour du Père et ce qui est resté pour toujours ma ligne de conduite.

Chapitre 2 : La déportation

En date du 6-10-1942, une ordonnance de l'occupant instaurait le travail obligatoire en Allemagne, cette décision marquait le début de l’aggravation de ma situation.

Novembre 1942.

 Le vendredi 13-11-1942 : des autorités allemandes sont descendues à l'usine faire une visite de reconnaissance afin de repérer le personnel qui les intéressait. Nous étions une dizaine d'ouvriers concernés, les plus jeunes furent donc repris sur la liste pour le départ, étant le dernier embauché, je suis le premier à être repris.

Le lendemain : nous devions nous présenter à Tournai au bureau de la Werbestelle pour remplir les formalités, c’est en vélo qu’avec les copains, nous avons fait l’aller-retour.

Le lundi 16-11-1942 : vers 5h40, nous sommes sur le quai de la gare de Huissigies, Maman (Emilia Lorphèvre), Rose, et sa mère (Jeanne Durez) nous y avaient rejoints, ce fut un au revoir très émouvant. Départ par le train de 5h50 du matin avec mon parrain, Georges Labie, il m’accompagne jusqu’à la gare de Mons. C’est dans la résignation que je suis parti, de peur que mon frère et ma sœur ne subissent des représailles.
Nous étions ce jour-là les 8 premiers déportés du village : Massy Léon, Thibaut Herman, Carlier Marcel, Labie Hector, Gilgean Roger, Barbieux Paul, Dubois Emile et moi même.
Rassemblés à Mons, nous embarquons à 9h55 à bord d’un convoi exceptionnel, passant par Charleroi et Namur où de nouveaux déportés nous rejoignent. A 21h, nous sommes à Aix-la-Chapelle, les allemands nous donnent à souper dans une caserne de la ville. Ensuite, à 24h, nous repartons, nous avons roulé toute la nuit. Nous sommes arrivés à Leipzig, le mardi à 5h30, il neige, il fait froid et à 10h30, nous sommes regroupés dans un camp d’attente.

Le mercredi 18-11-1942 : Le temps est à la neige, parmi les occupants du camp, je retrouve Paul Barbieux et Léon Massy, tous les autres sont dispersés.

Le jeudi 19/11/1942 : Roger Gilgean et moi, nous sommes désignés avec 33 autres pour la même usine. C’est le patron qui est venu nous chercher et nous partons à pied avec nos bagages, en chemin, il nous fait prendre une charrette à bras pour transporter nos effets, mais il faudra la ramener. Nous arrivons à 14h30 à Bösdorf, à 10 km à l’est de Leipzig. C’est un petit village situé à quelques kilomètres de Zwenkau.
Nous y sommes hébergés dans un Kino (cinéma). On est couché sur des matelas à même le sol.


Le kino où nous sommes logés les premiers jours.

Nous sommes désignés pour travailler dans une petite fonderie d’un petit complexe industriel. Nous y étions près de 100 avec les ouvriers allemands et on y coulait des pièces pour le chemin de fer.


Place de Bösdorf avec en fond l’église (protestante)

PS : Nous sommes dans un petit village tranquille en compagnie de quelques PG (Prisonnier de Guerre) français, de notre patron (bon pépère), de l'ingénieur de l'usine et surtout des quelques responsables de l'usine et du camp qui sont plus sectaires. Les deux contremaîtres étaient plus compréhensifs, aucun d’eux n'a jamais couché dans la chambre qui leur était réservée dans le baraquement. La population est assez courtoise, même parfois sympathisante par contre, la jeunesse allemande est embrigadée à outrance par les nazis. Des colis seraient les bienvenus car on nous donne juste la nourriture nécessaire qui se compose de pains gris, de choux, d’un peu de viande et de café synthétique. Au début, nous avions un prisonnier de guerre français comme interprète, mais en son absence, pour nous faire comprendre, nous utilisions un petit dictionnaire français-allemand et ce, jusqu’à ce que nous sachions nous débrouiller. Du 16-11-1942 au 8-9-1943, il y eut 18 déportés originaires de Huissignies, puis, ce fut le tour des réfractaires.

A l’ouvrage : Les faits marquants de mon exil

            Novembre 1942.

Vendredi 20-11-1942 : Nous sommes à l'usine et là on nous dit que le régime de travail est du type « semaine anglaise » c'est-à-dire que le samedi, nous sommes en repos, que l’horaire des autres jours va de 6h30 à 17h.


Vue du cul de sac qui mène à l’usine.


Sehèque et Roger Gilgean avec les usines en fond

Me déclarant dessinateur industriel, je suis désigné pour travailler au bureau (en effet, j'avais suivi avant la guerre des cours de dessin par correspondance) et pour corroborer mes dires, je m’inscris à l’école professionnelle de Leipzig. Avec nous, l'usine comptait un effectif d’une centaine de personnes.


Me voilà installé à la table de dessin

Le dimanche 22-11-1942 : Je ne suis pas sorti. Il a fait froid toute la semaine qui suivit.

Le jeudi 26-11-1942 : C’est la première lettre que j’envoie à Rose, j’en enverrai une chaque semaine de ma déportation. Nous recevons notre première paie, 12,47 RM (Reich Mark) ce sera notre salaire hebdomadaire.

Le dimanche 29-11-942 : Il neige, mais nous allons suivre la messe dans l’arrière salle d’un café à Zwenkau, un village voisin, (pas de lieu fixe pour la messe, soit Eythra ou ailleurs). Et en fin de messe, nous récitons quelques prières ensemble.

Décembre 1942

Le mercredi 3-12-1942 : Je reçois la première lettre de Belgique, Rose me donnait les dernières nouvelles du village.

Le vendredi 5-12-1942 : Nous logeons pour la première fois à la baraque à l'arrière de la fonderie.


Vue de la baraque avec l’usine en arrière plan

Elle est subdivisée en 3 parties, une, pour les moments de la vie courante, une seconde en dortoir et la troisième est une chambre avec un lit normal pour les malades. Le camp où est implanté notre baraquement est dénommé BETRIEBSLAGER " STAUSSEE" ce qui signifie le camp du lac car au village existe une retenue d'eau sur l'ELSTER pour alimenter la ville de Leipzig en eau potable. Notre adresse est : BETRIEB MAX HELLER HARTGUSSWERK BÔSDORF ELSTER.


De bas en haut, Musin, Lestrade, R. Gilgean et Moi

Les lettres de Rose et des autres ont continué à arriver normalement, mais, il est bon de savoir que toutes nos lettres étaient ouvertes et contrôlées tout comme nos colis.

Le dimanche 19-12-1942 : Je reçois mon premier colis. Dehors, il gèle à -7°c et il grêle.

Noël 1942 : Ayant un emploi au bureau, je fus désigné responsable de la baraque. Chaque dimanche, j’ai la possibilité d'aller à la messe, mais, il n’y avait pas de lieu fixe, il fallait se renseigner. L’après-midi, avec des copains de Leipzig, nous nous rendons réciproquement visite et cela selon les disponibilités laissées par les menus travaux d'entretien personnel: raccommodage des chaussettes, fait tant bien que mal, ainsi que de légers travaux sur notre propre habillement et notre petite lessive. Pour des travaux plus importants, j'avais recours à une bonne femme occupée au restaurant et notre lessive importante était faite par le service de nettoyage de PLAGWITZ. Nous avions droit à la douche de l'usine une fois chaque semaine
Il y a un ½ jour de congé par semaine pour ceux qui vont à l’école professionnelle de Leipzig dont je fais partie.

            1943

              Janvier 1943

1er janvier 1943 : C’est vendredi, nous sommes au repos mais le moral est assez bas (J’ai le cafard).

Lundi 4-1-1943 : 50ème  jour de déportation. On place des barbelés autour de la baraque.

Jeudi 7-1-1943 : Première réunion d’un groupe de prière formé de Félix Viel (PG français), Edgard Cailleaux, Michel Rochart, Armand Musin et moi (vie chrétienne). Et ceci se répéta presque chaque semaine.

Samedi 16-1-1943 : Première alerte vers 21h. Des avions américains venus d’Afrique vont survoler Berlin, mais même chez-nous, la DCA est en alerte.

 Dimanche 17-1-1943 : Le soir à la même heure, même alerte que la veille. Les avions ne font que passer.

Dimanche 24-1-1943 : C’est mon 70ème  jour de déportation. 10 hommes doivent décharger des wagons à 7h du matin, cela arrive rarement.

Samedi 30-1-1943 : 10ème anniversaire du nazisme, moment bien triste pour la population âgée, impression que nous ressentons pour la première fois.

Janvier a été très froid, de temps à autre, un de nous était hospitalisé car c’était un hiver assez rigoureux.

              Février 1943

Le jeudi 4-2-1943 : Après la capitulation des nazis à Stalingrad (Russie), la population allemande porte le deuil pour les 200 000 hommes qui se sont soi-disant suicidés, plutôt que d'être faits prisonniers. Cela pour glorifier les victimes de Stalingrad.

Le vendredi 5-2-1943 : Nous installons le portrait du roi Léopold III et la vie continue tant bien que mal.

Le lundi 15-2-1943 : C’est mon 3ème  mois d'exil. Annonce de la chute de Rostof (autre ville russe).

              Mars 1943

Dimanche 7-3-1943 : Messe à Plagwitz près de Leipzig, le prêtre parle français.

Dimanche 21-3-1943 : Après-midi, nous allons à Leipzig visiter le monument, en souvenir de la défaite que Napoléon y a subie, le 18-10-1813, pour atteindre le sommet de cet édifice, il y avait 500 escaliers.

              Avril 1943

Le lundi 5-4-1943 : Je suis malade.

Le dimanche 11-4-1943 : Le temps est détestable. J’ai le cafard car à Huissignies, c'est la communion solennelle de mon frère Willy.

Vendredi 30-4-1943 : Pour noyer notre chagrin, ce fût une soirée d'ivrognes, on avait reçu 12 bouteilles de liqueurs à la cantine et elles y passèrent toutes.

              Mai 1943

Dimanche 2-5-1943 : 167ème jour d'exil. On va visiter le zoo et la maison Wallonne à Leipzig.

Lundi 3-5-1943 : Nous sommes obligés de nous rendre à Leipzig pour écouter de 12h40 à 13h50, un discours du Docteur Leys, c’est un chien enragé. Les belges restent assis lors de l’hymne Nazi.

Le mardi 4-5-1943 : Armand Musin apprend la mort de son grand-père. Le lendemain avec Delporte, nous l’accompagnons à la gare de Leipzig car à cette occasion, il peut rentrer au pays.

Le vendredi 7-5-1943 : Je réceptionne pour Armand une lettre recommandée ainsi que 14,96 RM, mes chefs l’apprennent et par chance je ne suis pas menacé.

Le jeudi 13-5-1943 : Je reçois pour la baraque, un second colis de JECF (Jeunesse Etudiante Chrétienne Féminine). La température dehors est de 40°.

Le dimanche 16-5-1943 : Début de notre 6ème mois d'exil, je fais une promenade au lac de Bösdorf.


Lors d’une promenade autour du lac, il y avait du monde !

Le dimanche 30-5-1943 : Armand Musin revient. Il y a une alerte la nuit et ce, 3 jours de suite.


Moi, Sehèque et Musin devant la porte du bureau à la fonderie

Le patron nous dit qu’en cas de bombardement sur l’usine, il est opportun de fuir le plus loin possible dans la campagne avec ce qu’on a de plus précieux. Et, c’est ainsi que la vie monotone s'égraine. Répétition d’alertes que nous ne prenons plus que comme de simples distractions. Et le moral est toujours au plus bas, cafard, gorge serrée et envie de pleurer.

              Juin 1943

Le mardi 8-6-1943 : Je vais chez le dentiste à Zwenkau.

A partir du samedi 12-6-1943 : Il faut une autorisation de la police pour aller à Leipzig. 

Dimanche 13-6-1943 : C’est la Pentecôte, nous allons à la messe à Grösdalwigt, un village voisin. 

Vendredi 18-6-1943 : Les chefs proposent aux PG français de signer pour devenir travailleurs civils, 4 des 6 occupés à l’usine ont signé.

              Juillet 1943

Le lundi 5-7-1943 : Réunion avec les autorités allemandes à Leipzig, le Lager fhùreur nous accompagne en train. Et en rentrant, nous sommes interpellés par la police car nous chantions.

Mardi 6-7-1943 : Toujours les idées moroses et les lettres n'arrivent plus de Belgique. Mes collègues ironisent sur notre sort, je réplique avec des propos malveillants à l'égard de l'Allemagne. Mon chef ne sourit pas. Je me suis excusé. Il me menace mais heureusement, il n’y eut aucune suite. Ouf !

Jeudi 8-7-1943 : Les PG  français qui ont accepté de travailler comme civil, viennent habiter dans une petite baraque à côté de la nôtre.


Un de ces prisonniers de guerre français.

Le vendredi 9-7-1943 : Ils nous reçoivent dans une bonne ambiance. 

Samedi 10-7-1943 : Les hommes mariés déportés retournent en permission au pays.

Dimanche 11-7-1943 : A quelques-uns, nous assistons à Leipzig à une conférence du délégué de L'UTMI (syndicat des travailleurs) pour la province, sa conférence dura 1h pour démontrer la nécessité de la victoire du Reich pour le sort de l'ouvrier. Et, il termina en demandant des volontaires pour la Légion Wallonne. Ce qui n’est pas peu de chose. Nous y faisons la connaissance des légionnaires wallons. Et, le délégué me conseille de me rendre le mardi suivant, au bureau de l’ARBEST FRONT, pour y déposer notre dossier de revendications ou plutôt de réclamations. Une charge de plus qui m’incombe dans les difficiles relations avec nos patrons. Je suis rentré en train avec la migraine.

On annonce que la Sicile est envahie. Nous n’avons plus de lettres de Belgique mais elles reviendront peut-être après.
Des femmes Russes (Ukrainiennes) sont déportées pour travailler dans les cultures maraîchères autour de Leipzig. Elles travaillent sans cesse et courent toujours, il faut voir cela, c'est un supplice pour elles car en plus, elles vivent dans la crainte.
Lors d'une réunion à Plagwitz, je fais connaissance d'un prêtre français, l’abbé Aubry, soldat de la classe 40 qui était prisonnier et faisait la messe dans les villages.


Rochard, Sehèque, Felix Viel (PG français), Caillaux et Moi au jardinet près de la baraque.

Le jeudi 15-7-1943 : Nous recevons notre nouvelle solde qui n’est plus que de 15 RM pour 15 jours.

Vendredi 23-7-1943 : Un furoncle se déclare à ma main droite. Je vais au docteur, comme ils sont fonctionnaires, les consultations sont gratuites.

Dimanche 25-7-1943 : On nous annonce qu’en Italie, le Duce Mussolini a démissionné. Un train de PG Hollandais et de troupes allemandes passe. En Belgique, à Tournai, c'est l'ordination sacerdotale de mon cousin l'abbé Maurice Leleux, grosse déception, j’aurais tant voulu y être, car, c’est exceptionnel qu’il y ait un nouveau prêtre dans une famille.

Le 28-7-1943 : Alerte à 11h du matin, on a un arrêt de travail d'une heure. De nouveau alerte le lendemain à 9h30, nous nous dispersons dans la campagne voisine. On se cache sous une meule de paille.

              Août  1943

Dimanche 1-8-1943 : Il y a une fête de la moisson au village, avec kermesse antique pour les gosses. 

Mardi 3-8-1943 : Je vais au kino (notre cuisine) pour réclamer sur la qualité de la viande. Ce fût une intervention inoubliable, le meister ne fut pas content.

Vendredi 6-8-1943 : Je reçois une attestation de mes parents comme quoi je suis fils de fermier et que ma présence est indispensable pour la moisson. Le certificat demandant une permission de retour est ratifié par le Bourgmestre.

Le samedi 7-8-1943 : Je vais à l'Arbeitsamt avec mon certificat, mais hélas, demande refusée, il n’y a pas de permission possible. Je renvoie les papiers au pays. 

Jeudi 12-8-1943 : J’ai reçu plusieurs colis dont un de Madame Didion du 30-6, c’était une fermière de Havelange (Ardennes), elle était la mère de la responsable de la JECF qui parrainait notre baraque en nous envoyant des colis.

Mardi 17-8-1943 : La guerre est finie en Sicile, elle est libre.

Dimanche 29-8-1943 : Durant la nuit, à minuit, il y a une alarme formidable, la baraque a oscille pendant 2h, la DCA crachant ses faisceaux de balles vers les avions américains qui venaient d’Italie pour bombarder Berlin.
Un fait rare: ce soir là, deux camarades, Busiaux et Lespagne rentrent à la baraque avec deux jeunes filles françaises, je leur fais remarquer que cette présence n'était pas souhaitée, je leur ai demandé de sortir. Après des discussions, les filles et nos deux copains sont partis. Je ne pouvais pas admettre de telles choses.
Parmi les déportés, ceux des pays de l’Est étaient obligés de porter un brassard distinctif OA(OST ARBEIT) et les juifs, une étoile sur le devant de leur tenue.

              Septembre 1943

Mercredi 1-9-1943 : La poste de Leipzig a été bombardée et incendiée de la nuit, que vont devenir les colis qui auraient pu y être ?

Samedi 4-9-1943 : Les anglo-saxons débarquent en Italie, ce qui est une cruelle déception pour les allemands mais, une bonne nouvelle pour nous, qu’ils continuent surtout.

 Jeudi 7-9-1943 : En rentrant d’une réunion à Leipzig, mon furoncle à la main refait mal. Je prends des bains chauds. Le lendemain, le docteur a tout nettoyé mais le 14, je dois aller le revoir.

Mercredi 15-9-1943 : Depuis 3 jours, des trains remplis de soldats italiens passent, ils arrivent d'Italie, embarqués par les allemands qui les traitent comme déserteurs.

Jeudi 16-9-1943 : 10ème mois d'exil.

Le vendredi 17-9-1943 : Je reprends le travail après 10 jours de repos.


Convalescent, je profite du soleil d’automne à l’entrée du bureau.

Mardi 28-9-1943 : Nous sommes au moins 10 à souffrir de démangeaisons et de boutons (on se gratte). Nous trouvons les responsables, les lits sont remplis de puces.

Le jeudi 30-9-1943 : grand nettoyage de la baraque pour se débarrasser de nos hôtes.

              Octobre 1943

Dimanche 3-10-1943 : Dupont commence la ronde de garde à la baraque. A la messe, nous apprenons que L'abbé Aubry a été emmené à Plagwitz comme communiste.

Mercredi 6-10-1943 : Les allemands invalides de l'autre guerre sont embrigadés par nécessité dans le service de la défense passive.

Jeudi 7-10-1943 : Discussion avec mes chefs car ils soutiennent que ce sont nous, les Belges, qui avons déclaré la guerre en 40. Je rouspète avec véhémence, mais pétard de tonnerre, la discussion s’est envenimée, finalement, cela se calma quand même.

Mardi 12-10-1943 : La femme d'Auguste Violet, le français ancien PG, arrive comme travailleur volontaire. Elle vient retrouver son mari, elle va travailler à la tannerie et ils logeront en privé.

Mercredi 20-10-1943 : Vers 20h, alarme, cela devient terrible. Nous préparons nos paquets, prêts à partir. L'électricité est coupée et cela frappe dur jusque 22h. La lumière revient à 23h. On se couche mais nous étions épouvantés.

Jeudi 21-10-1943 : Nous sommes obligés de faire nos paquets, un de vivres et un autre de linge. La ville de Böhlen est touchée ainsi que Zwenkau à 4 km de nous. Knauthain et Leipzig ont un avant goût d'une pluie de bombes.

Vendredi 22-10-1943 : Nous avons des échos d'un violent bombardement vers Halle.

Le samedi 23-10-1943 : Nous avons rencontré l'abbé Aubry revenu de Plagwitz.

Le mardi 26-10-1943 : Je retourne au docteur, pour les furoncles qui m’ont obligé à m'absenter plusieurs fois du bureau et ce depuis le 7 septembre dernier, il me confirme la fin de l’infection.

Vendredi 29-10-1943 : Une cloche de gaz explose à l'usine Grübbe, voisine de 20 m. On a eu peur.

Samedi 30-10-1943 : Nous n'avons plus de réunions de prières avec Félix car nous avons été surpris par la police qui nous interdit même de parler aux catholiques et de nous confesser à un prêtre allemand.

Dimanche 31-10-1943 : Fête du Christ Roi, après la messe, nous rendons visite à plusieurs amis à Leipzig. Nous apprenons qu'Emile Dubois et Léon Massy retournent en congé le 19 et le 12 décembre.

Depuis quelques temps, l'usine tourne au ralenti.
Voici un exemple d'un repas du soir : 200 gr de pain gris, 2 cuillères de mousse ou 10g de beurre.
Les colis ainsi que le courrier arrivent irrégulièrement et parfois dans un piteux état. Cela ne contribue pas à entretenir notre moral. Nous arrivons parfois à troquer avec des civils allemands, du tabac ou des cigarettes contre des pommes de terre ou du pain, elles devaient avoir du goût car on les cachait dans les chambres de visite des égouts.

              Novembre 1943

Lundi 1-11-1943 : C’est la Toussaint, nous travaillions et on nous annonce que Roger, Robin et Max retourneront les premiers. Pour chaque homme qui repartait, un autre de nous devait signer une déclaration comme quoi il aurait son congé supprimé au cas où le bénéficiaire ne reviendrait pas, j’ai signé pour Roger et je suis resté.

Le jeudi 11-11-1943 : Un garde arrive pour la nuit, une place spéciale lui est réservée dans la chambre, on installe une sonnette à la baraque et 3 hommes sont désignés pour le service incendie. Pour sa première nuit dans la chambre, le garde est l’objet de nombreuses farces, il n'a pas su dormir, il ne reviendra plus. Robin et Tonneau dorment ailleurs, mais où ?

Samedi 13-11-1943 : On fait notre photo à Zwenkau pour notre passeport Deutsch.

Le mardi 16-11-1943 : On annonce à Roger son départ pour le 11-12. 

Le samedi 20-11-1943 : Je suis de garde pour la chambre. On apprend que les allemands âgés de 50 à 55 ans sont appelés sous les armes pour la seconde fois. Notre restaurateur au Kino, Monsieur Albin est du nombre. Le soir, nous avons un souper extra, exceptionnel : 3 kg de pain gris, 400g de blanc et du saindoux.

Le jeudi 25-11-1943 : Sainte-Catherine, on annonce à Roger qu’il n’a pas de congé avant le 21 janvier.

Le vendredi 26-11-1943 : Le soir, première des réunions mensuelles à la maison Wallonne de Leipzig. Il y eut une alerte vers 20h 45. Nous allons nous mettre à l’abri à la gare jusque 22h 15. Nous prenons le train du retour à 23h30, on arrive au camp à 1h30. Mes copains m'avaient attendu jusque minuit puis ils sont allés se coucher. 

Samedi 27-11-1943 : Je suis allé porter le linge à laver à Knauthain.

Lundi 29-11-1943 : 3 jeunes filles viennent pour la 3ème fois à la baraque, mais cette fois, jusque dans la chambre, voir Busiaux qui malade, était au lit. Je les ai mises à la porte, Lespagne n’est pas d’accord et discute avec moi mais le lendemain c'était fini.


Le groupe dans un moment d’euphorie.

Doucement nous arrivons à la période la plus terrible, pour nous distraire, nous avons organisé à plusieurs reprises, des matchs de football contre des français ou des italiens au stade du village. Les réunions chrétiennes interdites sont reprises cette fois à Bösdorf.
Désormais le nouvel horaire de travail ne comptera plus que 8 h par jour, il n’y a plus de coke ni de briquettes pour nous chauffer.

              Décembre 1943.

Mercredi 1-12-1943 : C’est la St Eloi, les occupants de la baraque ont bu 150 verres de bières pour 3O,15 RM. Nous nous sommes couchés à minuit. Le matin, je suis de corvée cuisine au kino.

Vendredi 3-12-1943 : Réunion à Leipzig avec mon ami Robert Sehéque. Nous sommes rentrés à la baraque à minuit. Mais vers 3h30, alarme, cela frappe dur sur Leipzig, la gare et le centre ville sont visés.

Samedi 4-12-1943 : De la journée, des réfugiés passent à pied de Leipzig vers Zwenkau car il n’y a plus de train.

Dimanche 5-12-1943 : Au café, on retrouve des belges et français que l’on invite à la baraque. Vers 14h, une mère, son fils, sa fille et une autre, tous déportés, arrivent, on leur fait du cacao au lait et on leur donne des biscuits. On chante pour se réconforter. Et à 16h30, ils partent eux aussi vers Zwenkau. De la nuit, nouveau bombardement sur Leipzig, toute la ville est touchée (100.000 sans abri, une bombe incendiaire est larguée toutes les 5 minutes), le toit de la prison a brûlé, les SA (Sentinelles Allemandes) ont tués comme des bêtes les détenus politiques qui se sauvaient.

Jeudi 9-12-1943 : 3 jeunes filles dorment à la baraque dans la chambre spéciale pour les malades. 

Vendredi 10-12-1943 : Nous refusons de signer notre engagement pour la défense passive proposé le 11-9-1943. 

Dimanche 12-12-1943 : Curieux, nous allons à Leipzig pour voir les ruines, quelle désolation, c’est inouï de voir pareils dégâts. Le camp de Louis Duquesne a été très touché et sa baraque détruite, où est-il? Nous ne l’avons pas vu.

Dimanche 19-12-1943 : Avec Edgard, en allant au linge à Kwanthain, nous rendons visite au délégué Charles Leclercq (collaborateur) pour des renseignements. Le lendemain chez Dervise (autre collabo), nous rencontrons le délégué suppléant concernant la bouf (la nourriture) dont la qualité ne fait que se dégrader. Mais, nous avons été jetés à la porte avec un coup de poing dans le dos.
A présent plus de souper et seulement 350 gr de pain gris par jour ou 500 gr de blanc le samedi.

Le lundi 20-12-1943 : Je suis allé voir le Lagerfhureur, notre responsable pour la baraque. Il me dit qu'il ne me fait pas confiance ni aux délégués. Car selon lui nous sommes tous des menteurs. Il ne me donne pas l’autorisation d’aller à l’ADHF. Le soir, je vais à Grosschocher, là, je reçois le tableau de rationnement pour cette période.

Le mardi 21-12-1943 : Je vais à nouveau voir le Lagerfhureur qui refuse de me recevoir car c'est l'heure du travail. L'après-midi, nous allons à Leipzig prendre le colis express de la JOC à l’occasion de la Noël. Le délégué du syndicat devait venir jusqu’ici, nous ne l’avons pas vu.

Le vendredi 24-12-1943 : Le réveillon de Noël se passe assez bien, sauf un léger incident, l'arbre de Noël a pris feu. Et le jour de Noël, nous voilà à notre 405ème jour d'exil et nous avons eu à ce jour 25 alertes et 143 pré-alertes.

Le mercredi 29-12-1943 : On annonce que les anglais ont débarqué sur une île de la Manche.

Le réveillon du 31-12-1943 : Nous le passons avec les Russes, les Tchèques et les Polonais dans la baraque, nous nous couchons à 5h du matin.

                   1944

              Janvier 1944

Le 4-1-1944 : Je reçois un colis de chez moi datant du 25 novembre.

Le jeudi 6-1-1944 : Nous apprenons que la jeune fille qui était venue voir Busiaux et que j’avais chassée, a été tuée en ville dans un bombardement.

Le mercredi 12-1-1944 : On apprend qu'il ne sera plus possible d'écrire que 2 fois par mois.

Le vendredi 21-1-1944 : Roger retourne en congé. J'ai signé garant pour qu’il parte en congé et qu’il revienne. Sinon pas de congé pour moi.

Le samedi 22-1-1944 : Une nouvelle baraque se monte prés de la nôtre.

              Février 1944

Le jeudi 3-2-1944 : Seul Henri revient, mais pas Roger. Le plus terrible coup au moral que je n'ai jamais eu.

Le vendredi 4-2-1944 : Les autres rentrent de permission (Robert, Jules, Urbain et Victor le plus âgé de nous tous).

Le dimanche 6-2-1944 : Nous constatons une nouvelle invasion de puces dans les lits.

Le lundi 7-2-1944 : Tonneau tombe dans une crise d'épilepsie. Je dois alors faire le cuistot à sa place et ce, 1 heure par jour, je suis absent du bureau, pendant ce temps.

Dimanche 20-2-1944 : Depuis quelques jours, il neige et aujourd’hui de plus belle. Il y eut une alerte à 2h45 du matin. Des bombes tombent tantôt loin ensuite plus près (même à 300 m dans une déflagration formidable), c’est un roulement infernal pendant presque 1h., la baraque oscille, nous nous couchons par terre. Il y a plusieurs incendies dans les villages environnants. Tout l'horizon est en feu. A 10h 30, on vient nous chercher pour dîner au kino. Je pars avec 10 camarades pour aller déblayer chez notre patron à Plagwitz. A 13h encore une alerte sur Leipzig. Nous revenons à 18h. et nous apprenons que d'autres ont dû aller déblayer à Bösdorf et qu’un avion américain a été abattu, il est tombé sur le village avec beaucoup de dégâts. Deux copains sinistrés viennent dormir à la baraque.

Le lundi 21-2-1944 : A l’usine, on travaille à la réparation et à la protection, on n'a pas encore repris le travail, 9 autres camarades vont de nouveau à Plagwitz pour déblayer. A 14h, nouvelle alerte qui dura une heure. Onze villages et cinq villes sont touchés.

Le mardi 22-2-1944 : On continue les réparations à l'usine (vitres). Il y eu une alerte de 12h45 à 15h. Ces raids sont, paraît-il, les représailles pour les bombardements de cette semaine sur Londres.

Le mercredi 23-2-1944 : Les lettres et les colis arrivent de nouveau. 

Lundi 28-2-1944 : On reprend le travail au bureau. A 10h, je suis rappelé à la baraque car André est de nouveau tombé malade. Il neige toujours.

              Mars 1944

Le dimanche 5-3-1944 : 51ème alerte ce matin, comme presque chaque jour, à n'importe quelle heure.

Mercredi 8-3-1944 : Comme très souvent je vais à Leipzig chercher des colis et en même temps j’assiste aux réunions des délégués.

Jeudi 16-3-1944 : 16ème mois d'exil. Exceptionnellement, on a un gâteau pour dîner.

Voici une anecdote de la vie ici : au village, une sinistrée ne dit pas "Heil Hitler" en passant devant la fille de Fridrich, l'ingénieur de l'usine. Celle-ci l'oblige à saluer, sinon elle fait appel à la police. (Jugez donc de l’ambiance.)

Vendredi 17-3-1944 : C’est un jour malheureux pour Michel Rochart de Ath, qui pour taquiner les allemands, façonna une faucille et un marteau (emblème russe). Il est menacé d'être dénoncé à la police. 

Dimanche 19-3-1944 : Je participe avec Armand à une récollection à Wahren, de 7h du matin à 19h, avec une messe en français pour les victimes du bombardement du 20 février, discussions et commentaires. C’est une belle journée empreinte de spiritualité.

Vendredi 31-3-1944 : Notre 502ème jour de déportation. Le matin, deux gendarmes viennent arrêter Michel Rochart pour la blague qu’il avait faite 8 jours plus tôt.

              Avril 1944

Mardi 4-3-1944 : Après plusieurs crises d’épilepsies, André Tonneau retourne au pays, avec Musin, nous le reconduisons à la gare de Leipzig. Ensuite, nous allons voir le délégué de l’UTNNI pour défendre la cause de Michel. Dorénavant, je suis toujours à la baraque plutôt qu’au bureau. Il faut assurer son bon ordre ainsi que son nettoyage.  Chaque midi, je vais chercher la nourriture au kino avec une charrette à bras.


La charrette à bouf !!

Dans la nouvelle baraque, adossée à la nôtre, des déportés Tchèques arrivent.

Vendredi saint 7-4-1944 : Avec Félix et Armand, nous avons passé un après-midi de pénitence et un chemin de croix au tour du lac de Bösdorf. Le fleuve Elster est en crue, il déborde.

Le samedi 8-4-1944 : Nous avons été autorisés à rencontrer Michel à la prison Riberstrasse (rue).

Le mercredi 12-4-1944 : Avec Musin et Delporte, je vais voir Michel et lui porte un colis.

Dimanche 16-4-1944 : J’ai fait pendant 2h une promenade seul autour du lac en disant mon chapelet.

Le jeudi 20-4-1944 : Ce sont les 55 ans d'Hitler, un événement pour les allemands.

Mercredi 26-4-1944 : J’ai eu une discussion avec Zihbold, notre surveillant, (pour des aspirines), après avoir été un loup lors de la discussion, 1h après tout était changé, il était devenu un mouton, il ne donne des aspirines pour ceux qui en ont besoin). Jules Duret part à l'hôpital à Zwenkau.

Samedi 29-4-1944 : Maurice Houssiau part en congé.

Dimanche 30-4-1944 : Je rends visite à Jules Duret à l'hôpital ainsi qu’à un ami de Félix (PG). Le chef de bureau me prête désormais son vélo pour me rendre à Zwenkau.

              Mai 1944

Le vendredi 5-5-1944 : Nous avons une surprise, à 6h15 du matin, Robert Sehèque de Labouvrie rentre dans la baraque, il revient après être parti en congé il y a 3 mois. Mais nous apprenons qu’il fut ramassé lors d'une rafle et conduit dans un camp de discipline.

Mardi 9-5-1944 : Notre surveillant nous réveille à 6h pour le grand nettoyage : laver les couvertures et nettoyer les lits.

Mercredi 10-5-1944 : Je porte un nouveau colis de vivres pour Michel à la prison. Les congés sont définitivement supprimés.

Jeudi 11-5-1944 : De nouvelles couvertures nous sont apportées. A 13h, nous connaissons notre 80ème alerte. Pour la première fois, on se sauve dans la campagne en plein jour et on se réfugie sous une meule de paille. Böhlen est en feu. Le dépôt d'essence saute, cinq villes furent touchées.

Lundi 15-5-1944 : On retravaille désormais de 6h à 17h30.

Dimanche 21-5-1944 : Il y a une alerte, un chasseur américain est abattu. Ce sont les premiers que l’on a aperçus ici.

Jeudi 25-5-1944 : On va pour voir Michel à Riberstrasse, il n'est plus là.

Dimanche 28-5-1944 : Les chasseurs américains mitraillent la DCA allemande dans les environs.

              Juin 1944

Lundi 5-6-1944 : Chute de Rome.

Le mardi 6-6-1944 : A 12h, on nous annonce le débarquement américain à Cherbourg et au Havre, le soir, on nous dit qu’ils sont déjà à 80 km de St Lo. C’est une nouvelle ère d'espoir qui commence mais hélas pour peu de temps.

Le vendredi 10-6-1944 : Les allemands annoncent les bombardements de Londres avec une nouvelle arme, le V2. Avec cette annonce, leur moral est au plus haut car la semaine dernière avec le débarquement en Normandie, il était très bas.

              Juillet 1944

Samedi 1er-7-1944 : Léon Degrelle, le rexiste belge, vient faire une conférence au zoo de Leipzig. Ce fut inoubliable, un loup aux abois vociférant comme une bête fauve ! Nous avons été obligés de nous y rendre.

Dimanche 2-7-1944 : Notre ami Joseph Busiaux de Lanquesaint en promenade autour du lac s’y noie à 19h20, pourtant il était en compagnie de Georges Louis qui faillit périr aussi.

Mercredi 5-7-1944 : Le corps de Joseph est retiré des eaux.

Vendredi 7-7-1944 : Alerte de 9h à 10h45, des bombes incendiaires tombent près de nous dans le champ, un brouillard de fumée s’en dégage. La gare de Leipzig est très atteinte ainsi que les villes de Leuna et de Böhlen. Joseph est enterré au cimetière, je lui porte des fleurs.


Lespagne sur la tombe de Busiaux.

Dimanche 9-7-1944 : 600ème jour d'exil.

Samedi 15-7-1944 : Pour la première fois avec Musin, nous assistons au cours d'allemand à Leipzig.

Samedi 22-7-1944 : Armand reçoit une lettre de Michel, il est à Weimar (camp de discipline).

Samedi 29-7-1944 : Alerte pour la 100ème fois mais presque chaque jour il y a des pré-alertes. Leuna serait détruite.

Lundi 31-7-1944 : Pour la première fois, nous envoyons un colis à Michel au camp de discipline.

              Août 1944

Mardi 8-8-1944 : Les américains avancent en Europe, plus particulièrement en France : Angers, le Mans, ils sont à 220 km de Paris.

Dimanche 13-8-1944 : Messe à Eythra pour Joseph. Depuis le 28-7-1944, les chasseurs alliés viennent en reconnaissance plusieurs fois par jour.

Le mardi 15-8-1944 : Tandis que nous suivons la messe à Plagwitz, nous apprenons le débarquement français à Marseille.

Mercredi 16-8-1944 : Bombardements sérieux de 10 à 12h sur Böhlen, Zeits. Le soleil est obscurci par la fumée.

Mercredi 23-8-1944 : Paris est libéré.

La Roumanie capitule, le lundi 28, la Bulgarie cède aussi, le jeudi 31, la Hongrie et la Finlande cèdent également.

              Septembre 1944

Le dimanche 3-9-1944 : Tournai, Mons et Charleroi sont libérés.

Le 5-9-1944, c’est au tour de Bruxelles.

Dimanche 10-9-1944 : Nous avons eu une bonne réunion dans les bois avec Félix, Armand et 8 autres français. Les alertes pour les chasseurs alliés en reconnaissance se succèdent toujours. Nous sommes à notre 110ème alerte.

Samedi 16-9-1944 : Nous allons planter une croix sur la tombe de Joseph et nous lui portons des fleurs.

Dimanche 17-9-1944 : Avec Félix et Armand, nous allons voir les dégâts à Taucha.

Vendredi 22-9-1944 : Il y a un incendie terrible chez Guibbé Léopold, nos voisins, il ne fût éteint qu’à 4h du matin.

Le 23-9-1944 et le mercredi 27-9-1944 : Nous maraudons des pommes de terre, le fermier nous surprend, il nous chasse mais nous en laisse 25 kg.

              Octobre 1944

La police inspecte régulièrement plusieurs camps à la périphérie de Leipzig.

Lundi 16-10-1944 : C’est la 120ème alerte.

Mardi 17-10-1944 : Ordonnance de Degrelle, les jeunes gens belges de 19 à 20 ans sont mobilisés au service du travail.

Mardi 24-10-1944 : Edgard Cailleaux est averti qu'il doit partir au service du travail le 1-11.

A partir du mercredi 25-10-1944 : Nouvelle restriction, on ne reçoit plus à souper que 2 fois par semaine.

Dimanche 29-10-1944 : Beaucoup de trains sont supprimés.

Lundi 30-10-1944 : On annonce à Edgard qu’il doit partir à Hanovre.

              Novembre 1944

Le 1er novembre : Je conduis Edgard à la gare de Liepzig.

Le jeudi 2-11-1944 : Effroyable combat aérien, 18 chasseurs allemands affrontent 70 anglais. Ce fut le grand fracas.

Dimanche 5-11-1944 : Désormais à chaque visite à Leipzig, nous en profitons pour manger le plat du jour "stam" dans certains établissements de la ville. Une nouvelle à partir de ce jour, une garde de l'usine est organisée par la police.

Le jeudi 9-11-1944 : Nous échangeons facilement des pommes de terre contre du tabac (nous en avions une bonne réserve). Et, nous subissons notre 130ème alerte.

Le lundi 13-11-1944 : Le travail diminue beaucoup. Ceci par manque de combustible, il devient rare et n'arrive plus car les voies ferrées sont endommagées.

Le jeudi 16-11-1944 : 2ème anniversaire de notre exil, il est « fêté » avec du sirop de betterave sucrière. Des lettres continuent d’arriver.

Mercredi 22-11-1944 : Nous recevons une lettre spéciale de la croix rouge qui nous permettaient de réécrire au pays, elles repartent le 23.

Le 23-11-1944 : C’est aujourd’hui mon 24ème anniversaire. La nuit venue, je vais chercher des pommes de terre dans un silo que j’avais repéré en plein champ.

Le lundi 27-11-1944 : Il y a des combats aériens, un chasseur allemand tombe dans le lac. Un train complet de femmes soldats passe.

Le mercredi  29-11-1944 : Alerte, 17 bombes tombent presque à la même place que le 20-2-44, à 30m de nous et des obus à 5 m.

              Décembre 1944

Le 1er –12-1944 : Lors d’une réunion du syndicat à Leipzig, on a voulu nous faire signer un certificat comme délégués syndicaux, ce qui aurait été assimilé à de la collaboration.

Le 5-12-1944 : Une seconde baraque est construite contre la nôtre, mais, ce n’est que le 20-12-1944 que des hollandais y arrivent.
C’est soit disant, notre dernier jour de travail car la fonderie cesse ses activités.

Le samedi 30-12-1944 : Edgard revient en permission.

Le 31-12-1944 : 150ème alerte.

                  1945

         Janvier 1945

Le 4-1-1945 : On recommence à travailler à la fonderie.
Les 6 premières coulées depuis un mois.

Dimanche 7-1-1945 : Visite à l'hôpital à Zwenkau (secteur tuberculeux).

Le samedi 13-1-1945 : On ne peut plus voyager librement, il faut une autorisation de la police locale.

Dimanche 21-1-1945 : Je vais de nouveau en visite à l'hôpital de Zwenkau. Et, je porte la communion à certains camarades hospitalisés. Une fois de plus, les trains express sont supprimés. Donc le trafic postal est réduit ce qui veut dire plus de colis.

Mercredi 24-1-1945 : Les Russes sont à Pausem et ils avancent toujours. Ils sont à 210 km de Berlin.

              Février 1945

Dimanche 4-2-1945 : Visite à l'hôpital de Zwenkau.

Vendredi 9-2-1945 : Nous apprenons que le cabinet Pierlot (gouvernement provisoire belge en Angleterre) est renversé.

Le 11-2-1945 : Un train de prisonniers politiques passe venant de Leipzig. 40 morts sont jetés sur la voie (c’est horrible).

Le 19-2-1945 : Un train de soldats évacués et du matériel, passe venant à Leipzig.

Le 22-2-1945 : Trois civils du village, des gens d’un certain âge, sont mobilisés (soldats).

Le 23-2-1945 : Il y a une offensive américaine en Europe. Deux français et un flamand arrivent dans la baraque voisine.

Dimanche 25-2-1945 : Deux wagons de munitions sautent à la gare de Wahren.

Le 27-2-1945 : Nous avons notre 190ème alerte.

              Mars 1945

Le 1–3-1945. : La Turquie entre en guerre

Le 3-3-1945 : Avec Armand, nous allons chez Madame Thiele au village voisin. C’est une personne très sympathique que nous rencontrions souvent à la messe, son fils, soldat à la marine fut foudroyé dans une torpille guidée, Kamikaze forcé, il était seul à bord et la dirigeait sur un cuirassier allié.

 Le 4-3-1945 : Désormais, on ne sonne plus les pré-alertes. Les rations de pain sont ramenées de 960 gr à 345 gr.

Le 12-3-1945 : En allant à Plagwigtz, pour nous confesser, fait exceptionnel, nous voyons passer un train de voyageurs.

              Avril 1945

Le 1-4-1945 : C’est Pâques. De nouveau, je vais à l'hôpital de Zwenkau pour visiter les tuberculeux, ils ne sont pas beaux à voir.

Le 5-4-1945 : Depuis le début de guerre, il y a eu 319 alertes.

Le 8-4-1945 : Nous recevons plus que 225 gr de pain.

Le 10-4-1945 : Leipzig subit son 10ème bombardement, la gare est détruite.

Depuis quinze jours, le soir, les alertes n’arrêtent plus, on entend le canon. Des blindés américains viennent jusque Zwenkau, on entend leurs mitrailleuses. Hitler répète qu’il faut résister à l’ennemi, des soldats allemands nous demandent des tenues civiles. En effet, le canon tonne à Leipzig. Les usines arrêtent et la ville se déclare ville sanitaire pour être épargnée.
Les chasseurs alliés attaquent des convois de camions militaires.

Le 11-4-1945 : Durant la nuit, nous nous abritons dans l’abri creusé dans le sol près de la baraque. Quelques-uns restent dans la baraque, ils ne se doutaient pas du danger.

Le 12-4-1945 : Tôt le matin, la 236ème alerte sonne. C’est une « Panzer alarm », les tanks alliés arrivent.
Nous sentons que nous arrivons à l'une des dernières semaines de déportation, mais ce fût la plus éprouvante avant notre libération.

Le 13-4-1945 : Chacun reçoit 20 cigarettes et 2 chemises. On entend les canons et les mitrailleuses sans cesse. De nouveau, la nuit se passe à l'abri, les détonations s'amplifient. Les canons placés prés du lac nous réveillent.

Le 14-4-1945 : A minuit, l'ordre est donné aux PG français d'évacuer. Et à 3h du matin, ils partent. Le climat est très tendu. A midi, nous recevons de la nourriture et à 13h30 sur ordre de Ling Friedrich, notre chef, Zibol, le Schweirarbeit nous ordonne d'évacuer. Nous faisons nos bagages en toute hâte. Ce fut inoubliable car sur une 1h de temps ils étaient faits. On partage de la nourriture et un supplément de 1kg de pain, 300 gr de viande, 40 gr de margarine et 500 gr de sucre. A 14h, on part à pied, tous les étrangers ensemble, avec une charrette à bras, nous transportons nos bagages. A 15h, nous prenons la route de Hartmansdrof, village distant de quelques kilomètres. Nous arrivons dans une salle où avaient logé des prisonniers Russes (puces, saleté). Certains reviennent à notre baraque chercher des réserves. Toute la nuit, il y eut des alertes, on entend les canonnades près de nous à Eythra. Nous sommes enfermés et gardés toute la nuit dans la salle.

Dimanche 15-4-1945 : La FLAC (DCA) de Eythra est très endommagée. Il y a toujours des bombardements, les avions n’arrêtent plus de passer. Je reviens chercher de la nourriture au kino à Bösdorf. Par la même occasion, je vais visiter la baraque, elle est presque vide. Le soir, une voiture radio passe (pour soutenir le moral, c’est de la propagande). Nous apprenons que DRESDEN est aux mains des Russes.

Lundi 16-4-1945 : 30ème mois de captivité. Comme toujours, on entend continuellement le canon. On nous ordonne de partir pour Leipzig, on prépare les valises. On doit partir à 16h, nous discutons alors avec nos gardiens (Volkesturme), des soldats plus âgés qui restent indécis. Alors, nous décidons de nous disperser partout dans le village pour trouver du travail chez des maraîchers qui voici quelques temps, occupaient des femmes russes pour leurs travaux agricoles.
A quelques-uns, nous trouvons à coucher chez l'un de ceux-ci (H Delbwitz). D'autres trouvent un emploi ailleurs. Toute la nuit, le canon et les mitrailleuses résonnent, la Panzer alarm. Le soir, ceux qui étaient restés dans la salle sont avertis d’un départ immédiat mais comme ils ne sont que quelques-uns, ils ne doivent pas partir.

Mardi 17-4-1945 : On part toute la journée, travailler à Bösdorf, dans des couches de salades, une fillette de 5 ans s'amuse avec nous. Des bombes tombent près de nous et des éclats d'obus nous arrosent, nous nous couchons. Les combats aériens et les mitraillages entre allemands et américains sont continuels. Vers 22h, dur combat, on se réfugie dans l'abri. Puis, on revient dormir tout habillé sur une chaise dans la salle.

Mercredi 18-4-1945 : À 5h du matin, alerte générale à Leipzig (des coups longs de 5 minutes). On reste sur place car où aller ? A 6h30, un soldat américain entre dans la baraque, nous l’avons embrassé. Nous sommes ENFIN libres après 884 jours d’exil.

Hourrah !!!! nous sommes libérés !!!! Partout  les habitants sortent le drapeau blanc. Je me lève les yeux et le poignet enflés et ce sans être malade (puces, cafards, punaises). Ici à Hartnrannsdorf, le nettoyage en règle du village est organisé. Les Hitlerjunge sont réfugiés dans les bois. Après le déluge de la nuit, c'est presque le calme, seuls de petits combats continuent dans les bois de Leipzig à la chasse des derniers jeunes hitlériens.

Jeudi 19-4-1945 : L’armée américaine occupe le village et le nettoie. Nous revenons à Bösdorf drapeau en tête et vers 10h30, nous pénétrons dans notre camp, aussitôt, nous nettoyons la baraque. Les français trouvent une auto et espéraient partir, nous aussi on croyait partir, hélas !!!, les soldats américains qui sont partout la reprennent !!!

Vendredi 20-4-1945 : Les français sont partis. A quelques-uns, nous allons avec les soldats américains visiter les bureaux de l'usine. Nous recevons 3 kg 500 de jambon, une caisse de biscuits et du pain de la boulangerie locale. Nous mangeons à notre appétit mais nous sommes toujours ici. Les soldats de la troupe de choc américaine partent à 11h30 pour la bataille de Leipzig où 1400 soldats américains furent tués.

Dimanche 22-4-1945 : Nous allons à Leipzig pour trouver le bureau belge mais c’est le français que nous trouvons. Nous avons renseigné le nom des traîtres et des chefs allemands les plus sectaires de l'usine. Ici, la police américaine monte la garde : 2 soldats américains et 2 civils belges avec des brassards.

Lundi 23-4-1945 : En vélo, nous allons à Leipzig pour une réunion, où il y avait beaucoup de flamands. Le comité est bilingue, nous sommes 5000 belges ici.

Mercredi 25-4-1945 : A 8h, nous partons de Bösdorf pour Messplatz où se situe un important camp de déportés. Là, nous sommes de nouveau envahis par puces et punaises. Des camions militaires emmènent les PG français.


Au camp avec des soldats de passage.

Vendredi 27-4-1945 : Une fois encore, j’ai un œil enflé. On nous conduit en camion dans une caserne, nous y sommes rassemblés à environ 1000 belges et ravitaillés par les américains.

Samedi 28-4-1945 : L'Allemagne capitule, le soir, nous dansons avec des soldats belges incorporés dans les troupes américaines.

Dimanche 29-4-1945 : Messe à la caserne. Des soldats belges nous autorisent à aller chercher de la nourriture à la cantine, nous avons fait un bon souper.


Dans la cour de cette caserne allemande, il y avait un char factice.

La semaine se passe calmement, nous rencontrons des femmes de soldats belges. Les américains dressent une liste avec les mentions  « volontaires, déportés et prisonniers ».

              Mai 1945.

Lundi 7-5-1945 : A Reims (France), la signature de la capitulation, la reddition inconditionnelle de l'Allemagne est officielle et fut annoncée à 18h à la radio. C’est la fin de la guerre en Europe.

Mardi 8-5-1945 : Trois trains de prisonniers politiques sont partis de Leipzig, plutôt de PLAGWITZ (faubourg de la ville).

Jeudi 10-5-1945 : Jour de l'ascension, nous allons à la messe à Leipzig. Mais, nous n’avons pas encore trouvé le bureau Belge.

Vendredi 11-5-1945 : Enfin, nous trouvons le bureau belge à Leipzig. On reçoit du ravitaillement par des soldats américains. Les trains de prisonniers de guerre partent chaque jour.

Dimanche 13-5-1945 : Fête des mères, la messe en français est célébrée en plein air par un prêtre allemand.

Dimanche 20-5-1945 : C’est la Pentecôte. Chaque jour, de nombreux prisonniers sont rapatriés. Nous les travailleurs déportés, nous sommes les derniers à partir. Une décision a été prise pour que les américains qui ont libéré Leipzig se retirent pour laisser la place aux russes.

Mardi 22-5-1945 : Enfin, tous ceux de Bôsdorf, nous allons partir ensemble, excepté Fernand Delhaye (Ath), il est toujours absent, tant pis, il suivra. Le départ est programmé pour demain à 4h30.

Mercredi 23-5-1945 : Après 919 jours de déportation, levé à 3h, branle-bas de combat et à 5h, un train de wagons plats, part avec nous de Plagwitz. Nous avons croisé des prisonniers de guerre allemands et nous avons vu un camp nazi complètement détruit. 

Jeudi 24-5-1945 : Nous sommes à Fulda. Là, il y a un arrêt, désinfection et application d’un cachet sur la carte de déportés que nous avions en Allemagne, nous sommes ravitaillés. A Francfort, les usines Opel sont anéanties.

Vendredi 25-5-1945 : A Mainz, passage difficile du Rhin sur un pont provisoire de 600m, avec une voie unique car l’ancien est en ruine.


Vue de l’ancien pont détruit.

C'est la désolation partout, tout est détruit. Il pleut. Nous voyons un  grand camp de prisonniers de guerre allemands et traversons un important champ de bataille le long de la Löhe, une vue de désolation.

Samedi 26-5-1945 : Nous passons la frontière française à 14h45. Nous atteignons le Luxembourg à minuit. Nous sommes acclamés par des soldats américains.

Dimanche 27-5-1945 : Nous entrons en Belgique à 2h : Arlon 2h32, Namur 10h. Là, des soldats belges gardent des PG allemands. Nous arrivons à Jambes dans un camp de transition. Nous nous rendons dans un dépôt américain pour recevoir notre passeport et y passer la nuit.
Nous sommes à Ath le lundi 28-5-1945  après-midi. A la gare, nous retrouvons, Michel Rochart, il nous attendait, lui que nous avions perdu de vue et qui était revenu avant nous. Me voilà chez les Hainauts, à la rue de Brantignies, c'est là que l'abbé Leleux (mon cousin, vicaire à Ath), renseigné par Michel  Rochart, est venu me chercher. Et c'est là aussi que ma fiancée me rejoint, nous sommes tombés dans les bras l'un de l'autre après cette terrible séparation, ma mère et ma sœur l’avaient accompagnée. C'est Eugène Mayeur qui averti par mon père, était venu avec son auto pour me rechercher. A la maison, une fausse porte avait été dressée par les voisins pour m’accueillir et je retrouve mon père Sylva, mon frère Willy et toute la famille. Enfin, je suis chez-moi !!!


Voici LEIPZIG et les principaux bourgs où nous avons vécu.


Voilà la carte de la ville de LEIPZIG avec tous les villages que nous traversions.

En 1944, nous étions 2.120.000. Belges déportés en Allemagne.

De notre exil, quelques-uns sont revenus avec une jeune femme russe ou polonaise (des Athois, des Tournaisiens et bien d’autres). Que sont devenus ces ménages ?

Pendant les 924 jours de déportation, nous avons subi 236 alertes, au 27-2-1944, nous en avions 190, après ce fut terrible, mais jamais sanglantes pour nous. Nous étions tous, soit  Athois, Tournaisiens, du Borinage, du Centre ou de Soignies.

 Nous ne pouvons pas trop nous plaindre de notre sort, bien qu’une fois, où l'on n'avait plus à manger, on a dû tuer le chat et le manger pour nous nourrir,


C’est un souvenir du groupe et du malheureux chat que nous avons mangé.

Mais dans l’ensemble ce fût supportable en comparaison de ceux des grands camps dans les villes importantes où la discipline était plus rigoureuse.

 

 

 



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