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Liège sous les
« V »[1] Couverture du fascicule Deuxième page du fascicule Editorial La guerre
était perdue : l’Allemand le savait. Il n’ignorait pas non plus que Liège,
cité ardente héroïque en 14-18, était à la pointe de la résistance en 1940. Les
« robots » n’ont eu de but que de venger le Reich de la ténacité des
Liégeois dans l’effort et des dommages infligés par la résistance aux plans de
campagne d’Hitler. Punir les
Liégeois de leur insoumission, de leur fierté, de leur haine, en tentant de
détruire la ville et en semant le deuil dans leurs cœurs. Rage
aveugle et cruelle que la Cité ardente, jamais n’oubliera. Sous les
bombes volantes, la population liégeoise eut une attitude qui souleva
l’admiration des soldats alliés. Elle se raidit, accepta ses peines et ses
ruines comme une contribution à la victoire finale. Le martyre de Liège
ennoblit son blason où brillent la Légion d’honneur et la Croix de guerre. Elle
sortira de ses décombres plus belle que jamais. Les carillons berceront de
leurs vieux airs le sommeil de ses morts ensevelis dans la terre des collines. Et leur
éternel souvenir flottera dans la vallée où la brise mosane les confondra
toujours avec les pensées émues et les signes des vivants... Liège, mai 1944 Un peu d’histoire
L’agglomération liégeoise comprend les communes suivantes :
Angleur, Ans, Beyne-Heusay, Boncelles, Bressoux, Chénée, Cheratte, Embourg,
Flémalle-Grande, Flémalle-Haute, Fléron, Glain, Grâce-Berleur, Grivegnée,
Herstal, Hollogne-aux-Pierres, Jemeppe-sur-Meuse, Jupille, Liège, Montegnée,
Ougrée, Rocourt, Romsée, St-Nicolas, Seraing, Tilleur, Vaux-sous-Chévremont,
Vivegnis, Vottem, Wandre. L’ensemble
de ces localités comprend un total d’environ 82.700 maisons. Neuf cent
et trente-six bombes V1 ou V2 ont percuté dans l’agglomération. En voici les
chiffres par commune étant entendu que l’ordre de citation ci-dessus est
respecté ici : 83 – 36 – 11 – 22 – 7 – 20 – 0 – 25 – 8 – 5 – 4 – 4 – 20 – 22
– 54 – 16 – 22 – 20 – 148 – 23 – 87 – 19 – 5 – 22 – 175 – 14 – 15 – 8 – 30 –
11. Les taux des
habitants touchés plus ou moins gravement dans leurs biens par les explosions
s’établissent comme suit toujours en suivant l’ordre des communes établi
ci-dessus : 49 % - 68 % - 47 % - 70 % - 63 % - 69 % - 0 % - 92 % - 43 % -
37,5 % - 71 % - 91,5 % - 87 % - 82 % - 60 % - 64 % - 69 % - 44 % - 62 % - 50 %
- 95 % - 84 % - 43 % - 92 % - 68 % - 80 % - 84 % - 17,5 % - 82 % - 17,5 % Toujours
dans le même ordre voici les taux des habitations atteintes beaucoup ou peu
mais ayant en tout cas souffert des explosions : 97 % - 53 % - 62 % - 56 %
- 82 % - 0 % - 84 % - 67 % - 18,5 % - 18 % - 100 % - 67 % - 34,5 % - 75 % - 51
% - 78 % - 22 % - 60 % - 56 % - 75 % - 47,5 % - 28 % - 100 % - 32,5 % - 44 % -
5 % - 63 % - 13,17 % - 100 % - 25 % Mille et
trente-cinq personnes dans le rayon des communes citées, ont trouvé la mort. A
très peu de chose près, toutes ont pu être identifiées. Voici encore selon
l’ordre des communes des chiffres pris aux sources officielles. Ce sont donc en
admettant un léger désaccord avec la réalité les plus proches de la
réalité : 13 – 21 – 7 – 13 – 62 – 12 – 0 – 2 – 18 – 15 – 0 -3 – 12 – 40 –
99 – 3 – 43 – 18 – 374 – 22 – 97 – 6 – 0 – 32 – 78 – 3 – 44 – 0 – 5 – 10. Il faut
également tenir compte de ce que certains habitants de l’agglomération sont
décédés dans une ou l’autre commune où ils n’habitaient pas. Leur mort est
enregistrée aux lieux des sinistres. Plus de
deux mille personnes ont été blessées suffisamment pour être hospitalisées. On
ne peut établir le compte de celles qui, ayant reçu des soins ont pu regagner
leur domicile : elles se chiffrent nous assure-t-on par milliers en y
comprenant les blessés très légers qui ne se sont pas présentés ni dans les
hôpitaux ni dans les postes de secours. L’offensive
par « V » se divise en deux périodes. La première du 20 novembre au 3
décembre 1944, la seconde du 16 décembre 1944 au 31 janvier 1945. Les
Liégeois se rappelleront de ces jours angoissés où ils firent malgré tout bon
cœur sur mauvaises jambes. Ils se
joindront à nous pour louer les services rendus par la Croix-Rouge, les scouts,
la défense passive, les citoyens courageux et la Croix-Rouge américaine. L’attitude
des habitants et leur héroïque résistance leur vaut une haute distinction,
celle des braves, que l’on ne gagne que sur les champs de bataille : La Croix de guerre belge orne désormais le
blason de la province où elle voisine avec la Légion d’honneur. A juste titre les Liégeois peuvent s’enorgueillir
d’une citation méritée et glorieuse qui souligne la part qu’ils ont prise dans
la magnifique résistance du peuple belge aux assauts furieux et cruels du
nazisme définitivement vaincu. A
l’agglomération liégeoise, comme à l’Ardenne martyre, à la région anversoise,
revient une page émouvante dans l’histoire qui écrira pour les générations à
venir les phases de la lutte titanesque dont la liberté sortit victorieuse et
grandie. Le Bourgmestre de
Liège à ses Concitoyens, Dans le
silence d’une nuit lourde d’angoisse, de sinistres lueurs apparaissent à
l’horizon de l’Est. Une rumeur indistincte d’abord, s’enflant bientôt en un
vrombissement de tonnerre, ébranle l’atmosphère, cassant les nerfs tendus des
habitants. Quel
quartier de notre Ville comptera ses morts à l’aube livide ? Hier Amercœur
a été ravagé. L’Ouest a déjà tant souffert. Aujourd’hui c’est le centre que
l’arme cruelle va toucher : la place du Marché disparaît dans un
flamboiement, créant le chaos, amoncelant les ruines. Liège,
atteinte au cœur, souffre plus que les autres jours. La tristesse, la rage
aussi, se lisent dans tous les yeux. Des mois
durant, la nuit comme le jour, les armes sataniques tuent, meurtrissent,
défigure le visage de la Cité qui, pourtant ne s’abandonne point au
découragement. Elle
interprète l’attaque odieuse comme une dernière manœuvre d’intimidation de
l’ennemi aux abois. Pleine de confiance dans las magnifiques soldats
américains, opposés à von Rundstedt, elle est sûre de l’échec allemand,
précurseur de l’écroulement définitif. Liège, en
ces jours de dures épreuves, se montra digne se son passé. Ce qu’elle fit pour
les victimes malheureuses des robots, demeure inoubliable. Une solidarité
agissante unit les Liégeois dans une même pensée d’altruisme. Les agents
de la Protection aérienne passive, du Corps des pompiers, de la Police,
rivalisèrent d’audace et de dévouement avec nos Libérateurs pour arracher à une
mort atroce le plus possible de blessés et d’ensevelis. La
population ne douta jamais ; sachant que son rôle dans la bataille n’était
pas à dédaigner, elle voulut tenir aussi et donner à nos défenseurs un
spectacle empreint de dignité. Aussi,
Liège est sortie de ces dangers avec un sentiment de fierté accru. Elle savait
qu’elle s’était comportée courageusement en 1940. Sans forfanterie aucune, elle
peut se refuser, moins que jamais, le mérite d’avoir été la première à lever
l’étendard de la résistance. Elle tire
un légitime orgueil de ce qu’elle a fait pour la liberté du pays, au sein
duquel elle a pris conscience de sa haute valeur morale et du rôle capital
qu’elle remplit. Derrière elle se rangent, stimulées par son exemple, les
valeureuses cohortes de toute la Wallonie. Liège a
l’âme d’une capitale. Elle affirme sa volonté d’être traitée avec les égards dus
à ses sacrifices et à son importance ; elle imposera, au besoin, le
respect de ses aspirations. Le Bourgmestre, P.
Gruselin
[1] Editions Maurice Corombelle, 86 rue Vivegnis, Liège. « Liège et le Guerre » (Collection de M. Jean-Claude Paquay) |