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Liège sous les « V ».

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Liège sous les « V ».

Couverture du fascicule

Deuxième page du fascicule

Liège, rue Feronstrée, maison Van Zuilen

Liège, place du Marché

Liège, rue Mère Dieu

Liège, rue du Pery

Liège, école des Croisiers

Bressoux, rue de Cornillon

Bressoux, rue Sainte Julienne

Ougrée, rue Joseph Wauters

Rocourt, chemin du Village

Herstal, rue Croix Jurlet

Ans, rue Eugène Haudret

Seraing, rue Ferrer

Saint Nicolas, coin rue St Nicolas et rue de l’Espérance

Le fameux tunnel de Flémalle où vécurent côte à côte des dizaines de ménages ouvriers

Un abri dans les piles du Grand Pont de Sclessin

Une installation confortable où ne manquait qu’un peu d’air

Impacts des V1 ou V2

Impacts des V1 ou V2

Liège sous les « V »[1]


Couverture du fascicule


Deuxième page du fascicule

Editorial

     La guerre était perdue : l’Allemand le savait. Il n’ignorait pas non plus que Liège, cité ardente héroïque en 14-18, était à la pointe de la résistance en 1940.

     Les « robots » n’ont eu de but que de venger le Reich de la ténacité des Liégeois dans l’effort et des dommages infligés par la résistance aux plans de campagne d’Hitler.

     Punir les Liégeois de leur insoumission, de leur fierté, de leur haine, en tentant de détruire la ville et en semant le deuil dans leurs cœurs.

     Rage aveugle et cruelle que la Cité ardente, jamais n’oubliera.

     Sous les bombes volantes, la population liégeoise eut une attitude qui souleva l’admiration des soldats alliés. Elle se raidit, accepta ses peines et ses ruines comme une contribution à la victoire finale. Le martyre de Liège ennoblit son blason où brillent la Légion d’honneur et la Croix de guerre. Elle sortira de ses décombres plus belle que jamais. Les carillons berceront de leurs vieux airs le sommeil de ses morts ensevelis dans la terre des collines.

     Et leur éternel souvenir flottera dans la vallée où la brise mosane les confondra toujours avec les pensées émues et les signes des vivants...

Liège, mai 1944

Un peu d’histoire

     L’agglomération liégeoise comprend les communes suivantes : Angleur, Ans, Beyne-Heusay, Boncelles, Bressoux, Chénée, Cheratte, Embourg, Flémalle-Grande, Flémalle-Haute, Fléron, Glain, Grâce-Berleur, Grivegnée, Herstal, Hollogne-aux-Pierres, Jemeppe-sur-Meuse, Jupille, Liège, Montegnée, Ougrée, Rocourt, Romsée, St-Nicolas, Seraing, Tilleur, Vaux-sous-Chévremont, Vivegnis, Vottem, Wandre.

     L’ensemble de ces localités comprend un total d’environ 82.700 maisons.

     Neuf cent et trente-six bombes V1 ou V2 ont percuté dans l’agglomération. En voici les chiffres par commune étant entendu que l’ordre de citation ci-dessus est respecté ici : 83 – 36 – 11 – 22 – 7 – 20 – 0 – 25 – 8 – 5 – 4 – 4 – 20 – 22 – 54 – 16 – 22 – 20 – 148 – 23 – 87 – 19 – 5 – 22 – 175 – 14 – 15 – 8 – 30 – 11.

     Les taux des habitants touchés plus ou moins gravement dans leurs biens par les explosions s’établissent comme suit toujours en suivant l’ordre des communes établi ci-dessus : 49 % - 68 % - 47 % - 70 % - 63 % - 69 % - 0 % - 92 % - 43 % - 37,5 % - 71 % - 91,5 % - 87 % - 82 % - 60 % - 64 % - 69 % - 44 % - 62 % - 50 % - 95 % - 84 % - 43 % - 92 % - 68 % - 80 % - 84 % - 17,5 % - 82 % - 17,5 %

     Toujours dans le même ordre voici les taux des habitations atteintes beaucoup ou peu mais ayant en tout cas souffert des explosions : 97 % - 53 % - 62 % - 56 % - 82 % - 0 % - 84 % - 67 % - 18,5 % - 18 % - 100 % - 67 % - 34,5 % - 75 % - 51 % - 78 % - 22 % - 60 % - 56 % - 75 % - 47,5 % - 28 % - 100 % - 32,5 % - 44 % - 5 % - 63 % - 13,17 % - 100 % - 25 %

     Mille et trente-cinq personnes dans le rayon des communes citées, ont trouvé la mort. A très peu de chose près, toutes ont pu être identifiées. Voici encore selon l’ordre des communes des chiffres pris aux sources officielles. Ce sont donc en admettant un léger désaccord avec la réalité les plus proches de la réalité : 13 – 21 – 7 – 13 – 62 – 12 – 0 – 2 – 18 – 15 – 0 -3 – 12 – 40 – 99 – 3 – 43 – 18 – 374 – 22 – 97 – 6 – 0 – 32 – 78 – 3 – 44 – 0 – 5 – 10.

     Il faut également tenir compte de ce que certains habitants de l’agglomération sont décédés dans une ou l’autre commune où ils n’habitaient pas. Leur mort est enregistrée aux lieux des sinistres.

     Plus de deux mille personnes ont été blessées suffisamment pour être hospitalisées. On ne peut établir le compte de celles qui, ayant reçu des soins ont pu regagner leur domicile : elles se chiffrent nous assure-t-on par milliers en y comprenant les blessés très légers qui ne se sont pas présentés ni dans les hôpitaux ni dans les postes de secours.

     L’offensive par « V » se divise en deux périodes. La première du 20 novembre au 3 décembre 1944, la seconde du 16 décembre 1944 au 31 janvier 1945.

     Les Liégeois se rappelleront de ces jours angoissés où ils firent malgré tout bon cœur sur mauvaises jambes.

     Ils se joindront à nous pour louer les services rendus par la Croix-Rouge, les scouts, la défense passive, les citoyens courageux et la Croix-Rouge américaine.

     L’attitude des habitants et leur héroïque résistance leur vaut une haute distinction, celle des braves, que l’on ne gagne que sur les champs de bataille :

     La Croix de guerre belge orne désormais le blason de la province où elle voisine avec la Légion d’honneur.

     A juste titre les Liégeois peuvent s’enorgueillir d’une citation méritée et glorieuse qui souligne la part qu’ils ont prise dans la magnifique résistance du peuple belge aux assauts furieux et cruels du nazisme définitivement vaincu.

     A l’agglomération liégeoise, comme à l’Ardenne martyre, à la région anversoise, revient une page émouvante dans l’histoire qui écrira pour les générations à venir les phases de la lutte titanesque dont la liberté sortit victorieuse et grandie.

Le Bourgmestre de Liège à ses Concitoyens,

     Dans le silence d’une nuit lourde d’angoisse, de sinistres lueurs apparaissent à l’horizon de l’Est. Une rumeur indistincte d’abord, s’enflant bientôt en un vrombissement de tonnerre, ébranle l’atmosphère, cassant les nerfs tendus des habitants.

     Quel quartier de notre Ville comptera ses morts à l’aube livide ? Hier Amercœur a été ravagé. L’Ouest a déjà tant souffert. Aujourd’hui c’est le centre que l’arme cruelle va toucher : la place du Marché disparaît dans un flamboiement, créant le chaos, amoncelant les ruines.

     Liège, atteinte au cœur, souffre plus que les autres jours. La tristesse, la rage aussi, se lisent dans tous les yeux.

     Des mois durant, la nuit comme le jour, les armes sataniques tuent, meurtrissent, défigure le visage de la Cité qui, pourtant ne s’abandonne point au découragement.

     Elle interprète l’attaque odieuse comme une dernière manœuvre d’intimidation de l’ennemi aux abois. Pleine de confiance dans las magnifiques soldats américains, opposés à von Rundstedt, elle est sûre de l’échec allemand, précurseur de l’écroulement définitif.

     Liège, en ces jours de dures épreuves, se montra digne se son passé. Ce qu’elle fit pour les victimes malheureuses des robots, demeure inoubliable. Une solidarité agissante unit les Liégeois dans une même pensée d’altruisme.

     Les agents de la Protection aérienne passive, du Corps des pompiers, de la Police, rivalisèrent d’audace et de dévouement avec nos Libérateurs pour arracher à une mort atroce le plus possible de blessés et d’ensevelis.

     La population ne douta jamais ; sachant que son rôle dans la bataille n’était pas à dédaigner, elle voulut tenir aussi et donner à nos défenseurs un spectacle empreint de dignité.

     Aussi, Liège est sortie de ces dangers avec un sentiment de fierté accru. Elle savait qu’elle s’était comportée courageusement en 1940. Sans forfanterie aucune, elle peut se refuser, moins que jamais, le mérite d’avoir été la première à lever l’étendard de la résistance.

     Elle tire un légitime orgueil de ce qu’elle a fait pour la liberté du pays, au sein duquel elle a pris conscience de sa haute valeur morale et du rôle capital qu’elle remplit. Derrière elle se rangent, stimulées par son exemple, les valeureuses cohortes de toute la Wallonie.

     Liège a l’âme d’une capitale. Elle affirme sa volonté d’être traitée avec les égards dus à ses sacrifices et à son importance ; elle imposera, au besoin, le respect de ses aspirations.

Le Bourgmestre, P. Gruselin



Liste des victimes.



















 



[1] Editions Maurice Corombelle, 86 rue Vivegnis, Liège. « Liège et le Guerre » (Collection de M. Jean-Claude Paquay)



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