Maison du Souvenir

Le « L-for Love » est tombé sur Braine-le-Comte le 30 juillet 1942.

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Le « L-for Love » est tombé sur Braine-le-Comte le 30 juillet 1942



       Passionnant est le livre intitulé « Le dernier Raid » paru aux Editions Collet en 1989 et qui concerne la chute sur Braine-le-Comte d’un bombardier Lancaster. L’auteur, Willy Felix a réalisé une enquête très complète pour restituer cet évènement dans son contexte. Son livre n’est pas un roman mais se lit comme un roman. Il restitue dans le contexte historique la chute du L for Love… Un contexte, difficile à comprendre aujourd’hui, la politique agrée par Churchill du bombardement intensif des villes allemandes pour affaiblir le moral de l’ennemi ! Cette politique, on le sait aujourd’hui, outre le fait qu’elle serait considérée aujourd’hui comme crime de guerre, n’est pas efficace. En effet, il semble bien que plus les civils sont victimes et plus ils soutiendront leurs forces armées avec l’énergie du désespoir.

       Les Anglais auraient dû être les premiers à se rendre compte de cette constatation car le bombardement de Londres durant le blitz allemand du début de la guerre ne fit que renforcer l’esprit de résistance d’Albion… Quoi qu’il en soit, les forces du Commonwealth développèrent intensément le Bomber Command de la R.A.F. tout au long de la guerre pour en faire une arme impitoyable… Une arme, notons-le aussi, qui se retourna aussi sur les civils des pays occupés quand on sait que le bombardement allié sur la Normandie occupée tua plusieurs milliers de Français. (La Bataille de Normandie a provoqué la mort de 13 632 civils dans les trois départements bas-normands, 8 000 dans le Calvados, un peu moins de 4 000 dans la Manche, un peu plus de 2 000 dans l'Orne. A titre de comparaison, les Alliés ont perdu 37 000 hommes au cours de la Bataille de Normandie et les Allemands environ 80. 000. Source

       Willy Félix dans son livre nous donne de nombreux détails sur cette guerre aérienne : la politique de l’Air Marshal Harris qui reçut son commandement de Churchill, la vie journalière d’une base de bombardiers, la réponse allemande avec les progrès des radars au sol guidant la chasse de nuit jusqu’au contact visuel avec les bombardiers alliés. Mais il nous livre aussi des détails poignants sur la personnalité des sept jeunes aviateurs du L for Love qui perdirent la vie dans leur Lancaster dont le nom était dédié à l’amour. J’ai tenté ci-dessous de vous résumer cet ouvrage en espérant que cette lecture vous décidera à lire « Le Dernier Raid ».

L’équipage du L for Love

       Leslie Foster est le pilote. Canadien, il trouvera un travail comme charpentier dans l’aéroport de Calgary. Il s’engage à la royal Canadian Air Force en août 39, un mois avant la déclaration de la guerre en Europe. Il reçoit sa formation à London, dans l’Ontario ! Après son premier vol, il subit une collision au sol. Les deux pilotes en sortent vivants mais cela ne suffira pas à Leslie, jeune homme de 18 ans, pour le faire renoncer à sa passion. Il recevra ses ailes de pilote le 12 août 1941. Après un court congé, il rejoint l’Angleterre sur un transporteur de troupes. C’est à bord de ce bateau qu’il fait la connaissance d’Allan Wyles, Australien formé comme radio-mitrailleur. Avant-guerre, Allan travaillait, comme représentant pour une firme américaine de machines agricoles. Il s’engagea à Melbourne le 5 janvier 41. Par un hasard extraordinaire, les deux hommes se retrouveront plus tard dans le même équipage. Leslie Forster fera son premier tour opérationnel dans la 420ème escadrille. Il ramènera au cours d’une mission son Hampden criblé de balles à bon port mais doit atterrir sur le ventre. L’avion prend aussitôt feu. Leslie échappe à la mort mais les trois autres membres d’équipage périssent carbonisés !



Pilote Officier Leslie Foster, Pilote Cdt de bord


Sgt Allan Wyles, Opérateur radio

       Robert Curran est un Anglais de 23 ans en 1939. Il est engagé comme représentant attitré d’une firme locale et pour faciliter son travail reçoit une moto toute neuve. Le 3 septembre 39, l’Allemagne vient d’envahir la Pologne, Robert rejoint alors son unité de la « Volunteer Reserve » où il sera affecté à la défense côtière. Il s’engage ensuite à la R. A. F. comme candidat pilote. Tout va bien jusqu’au moment où un atterrissage raté l’écarte du cours de pilotage. Il se porte alors candidat pour devenir observateur et réussit brillamment. Vif, intelligent avec beaucoup d’humour mais aussi très superstitieux. Ainsi il n’acceptera jamais d’être photographié en tenue de vol, considérant que pareille photo porte malheur.



Pilote Officier Robert Curran, Navigateur

       Alf Bowes habitait la banlieue ouvrière de Stratford, la banlieue ouvrière de Londres quand le 7 septembre 40, Londres est bombardé. Il y a 430 civils tués. Alf Bowes s’inquiète pour sa sœur Maisie et son mari Horrie Plain qui habitent à Ilford, non loin de sa banlieue. Ils sont vivants ! Alf entretiendra une correspondance avec eux durant tout son temps de guerre. Willy Felix a pu consulter celle-ci et reproduit plusieurs lettres émouvantes. En 1928, Alfred, à l’âge de 20 ans, était un joyeux trompettiste de jazz. Il s’était produit partout en Europe, notamment en Allemagne où il avait déposé ses valises durant trois ans et épousé en 1932 une jolie allemande. De retour en Angleterre, le couple finit par se séparer mais son épouse qui détestait le nazisme, resta en Angleterre. Alf retourna vivre chez sa mère. Le 24 avril 40, il décroche un contrat dans un orchestre et effectue une tournée en France dans le cantonnement du Corps Expéditionnaire Anglais. De retour au pays, il s’engage d’abord comme ambulancier et se dévoue lors du « blitz ». Il s’engage ensuite à la R. A. F. début octobre et en décembre est envoyé dans une école de radio-mitrailleur. Quelques mois plus tard, il fera son premier tour d’opérations à la 420ème escadrille. Il échappera à la mort en plusieurs occasions. Une nuit, sur la Ruhr, son appareil est atteint par le tir d’un chasseur allemand. Le moteur est endommagé, l’équipage doit sauter alors que l’avion a atteint l’Angleterre. Tout l’équipage en sort indemne ! Quelques mois plus tard, Bowes est blessé à la jambe par le tir d’un chasseur ennemi, ce qui lui vaut un séjour à l’hôpital.



Sgt Alfred Bowes, Mitrailleur arrière

       Cyril Stallard est un jeune australien de 20 ans. Ancien magasinier dans les entrepôts de David Cohen, un riche épicier, il s’engage dès 1940. Il a suivi la filière classique pour devenir radio-mitrailleur : sélection en Australie, transfert au Canada, écolage, traversée de l’Atlantique et affectation à une unité d’entraînement avant d’arriver en escadrille. Lui aussi acquiert une solide expérience dans les opérations sur l’Allemagne dans la 420ème escadrille mais sans aucun dommage.



Sgt Cyril Stallard, Mitrailleur dorsal

       Cameron Kennedy est né à Clonecurry le 14 novembre 21. Deux des frères de sa mère ont été tués en Europe pendant la Première Guerre Mondiale. Son ambition est de devenir éleveur de moutons mais il s’engage à la Royal Australian Air Force. Il deviendra radio-mitrailleur. Beau garçon, il beaucoup de succès dans la gent féminine. En décembre 41, à Leicester, tout près de sa base, il rencontre Marjorie Warwick à l’occasion d’un bal à Leicester. C’est le coup de foudre. Marjorie lui donne un ourson qui deviendra sa mascotte. Suite aux réformes introduites par Harris, il est désormais bombardier et occupera le nez en plexi du Lancaster.



Sgt Cameron Kennedy, Bombardier mitrailleur

       Douglas Ware est le plus jeune du groupe. Il est né en 1923. Il travaillait dans une usine de roulements à bille quand la guerre éclate. Il s’engage et passe de longs mois comme mécanicien au sol à la base de Honington mais l’inaction lui pèse et il est accepté comme mécanicien de bord. Quand il arrive à la 50ème escadrille, sa première affectation dans une unité opérationnelle, il se retrouve comme un bleu dans les « vieilles tiges » que sont les autres membres de l’équipage du L for Love.



Sgt Douglas Ware, Mécanicien de bord

La bataille d’Angleterre

       Le 15 septembre 40, la Lufwaffe perd soixante appareils. Dorénavant les raids de jour sont considérés par les deux ennemis comme trop coûteux : il faudra bombarder de nuit. Le 31 octobre, le débarquement allemand en Angleterre est abandonné. Depuis le déclenchement du Blitz, l’Allemagne a perdu 733 appareils avec des milliers de membres d’équipage portés disparus. Les bombardements sur l’Angleterre sont néanmoins maintenus comme celui qui dévastera Coventry dans la nuit du 14 au 15 novembre 1940 et causa 380 morts.



Visite de Churchill dans les ruines de Coventry (By Horton (Capt) - War Office official photographer - This is photograph H 14250 from the collections of the Imperial War Museums., Public Domain

       Contre toute attente, l’offensive ne sape pas le moral de la population. Les magasins continueront à afficher à leur devanture « Business as usual ». Les Anglais veulent répliquer aux bombardements subits mais le bilan de la R. A. F. pour l’année 1941 est désastreux : plus de 1704 tonnes de bombes ont été effectivement larguées sur l’ennemi mais 333 appareils ont été perdus à la suite d’accidents et 701 sont portés disparus ! La moyenne des pertes s’est élevée à 20 équipages par semaine ! Les détracteurs des bombardements sont de plus en plus nombreux.

       Malgré le peu de résultats du Bomber Command durant l’année 41, Churchill croit en la nécessité de continuer les bombardements massifs. Pour remonter le moral des troupes, le 8 janvier, il nomme à la tête du Bomber Command l’Air Marshal Harris qui était en poste à Washington. Harris a d’abord une entrevue le 22 février avec durant laquelle il explique ses intentions qui sont acceptées par le Premier Ministre.



L’Air Marshal Harris

       Harris estime qu’il faut intensifier les bombardements des centres industriels mais aussi les villes pour démoraliser l’ennemi. L’Air Marshal Harris arrivera à ses fins. Jusqu’en 1945, nuit après nuit, des centaines de bombardiers pilonneront l’Allemagne. Les bombardements iront toujours en nombre croissant puisque 83% des bombes larguées sur l’Allemagne le seront en 1944 et 1945. Berlin par exemple, devra faire face à 83 attaques représentant 9111 sorties d’avions dont 7.256 par des Lancaster. Pour parvenir à ce résultat, Harris spécialise la formation de chaque membre d’équipage. Le pilote devient le commandant de l’appareil même si un autre membre possède un grade plus élevé. Harris crée aussi une nouvelle fonction, celle de mécanicien de bord. Du côté matériel, il donne priorité aux nouveaux appareils comme le Lancaster et le Mosquito. Même le balisage des pistes est amélioré et les lampes à paraffine sont enfin remplacées par des ampoules électriques ! Pour l’anecdote, citons aussi qu’il supprimera en 1943 l’obligation pour les bombardiers d’emporter des pigeons voyageurs !        

       La 420ème escadrille possède le privilège d’être une des premières à recevoir les Lancaster, le 24 décembre 1941, en remplacement des problématiques bimoteur Hampden appelés « fying suitcases » (valises volantes). C’est dans cette escadrille que nous retrouvons Leslie Foster et Alf Bowes.



Le bimoteur Hampden

       Pour redorer le blason du bomber command, Harris organise un méga bombardement (opération Millenium) qui surviendra sur Cologne le 30 mai 42. Harris parvient à rassembler 1.046 appareils qui décollent de 53 bases. Aucun accident au décollage mais près de cent appareils devront faire demi-tour pour des incidents techniques. Le centre de Cologne est complètement dévasté : 3130 maisons sont détruites, les usines dévastées et 469 tués pour des milliers de blessés et de sans-abris ! Le Bomber Command vient de prouver que l’on peut porter des coups terribles à l’intérieur même du pays ennemi ! Le 10, juin Harris est décoré par le roi Georges VI et devient Commandeur de l’Ordre du Bain !

La 50ème escadrille avec l’histoire de son héros, le pilote Manser Leslie.

       Le 25 juin 1942 Forster, Bowes, Stallard sont mutés de la 420ème escadrille à la 50ème escadrille basée à Swinderby.



Leslie Manser venait juste d’avoir 20 ans quand il perdit la vie le 30 mai 1942

       Cette escadrille vient d’avoir acquis un « héros » lors du raid sur Cologne. Il s’agit du pilote Manser Leslie. Son avion, attaqué par un chasseur, s’enflamme alors qu’il survole la Belgique un peu au nord de Genk. Manser donne l’ordre à son équipage de sauter. Trois membres sautent immédiatement mais le quatrième, Baverstock, se rend dans le poste de pilotage pour tendre un parachute au pilote. Manser lui donne l’ordre de ne pas l’attendre car il doit maîtriser l’avion quelques secondes encore pour lui permettre un saut en sécurité… Leslie Manser est resté à son poste de pilote afin de sauver ses hommes. Son équipage s’en sortira indemne et, grâce à la résistance locale, pourra retourner en Angleterre où il témoignera du sacrifice fait par leur pilote. Leslie Manser se verra alors décerner la Victoria Cross à titre posthume. Il repose dans le cimetière anglais d’Heverlee.

Le « L for Love »

       A la 50ème escadrille, le Lancaster VN-L  baptisé « L for Love » reçoit son équipage, un Canadien, trois Anglais et trois Australiens. Parmi eux, Leslie Forster et Allan Wyles qui se retrouvent après s’être d’abord rencontrés sur le transporteur de troupes en septembre 41.  Douglas Ware est le plus jeune de l’équipage.

       Le 26 juillet, l’équipage après de nombreux vols d’entraînement est déclaré opérationnel.

       Dans la nuit du 29 juillet au 30 juillet, sur plus de 25 bases, les bombardiers décollent pour un raid de nuit sur Sarrebruck. Les Lancaster décollent les derniers car ils sont les plus rapides.

       Mais en Belgique, la Chasse de Nuit allemande veille et, particulièrement, l’as de l’aviation allemande, Reinhold Eckardt qui accompagné de son navigateur Frank. Leur Messerschmitt va abattre un Stirling au-dessus de Régniowez, à 8 km de Rocroi. Seul le sergent Hazell, mécanicien de bord parviendra à sauter. Il sera fait prisonnier.

       Juste après cette victoire, un autre pilote allemand, Bietmann prend en chasse un Wellington de la 419ème escadrille. L’avion est abattu au-dessus de Porcheresse dans les Ardennes belges. Quatre de ses occupants sont tués mais le sergent Omduff, le radio-mitrailleur parvint à sauter. Il parviendra à rejoindre l’Angleterre grâce à la résistance et fera ainsi partie du Caterpillar Club qui regroupe les pilotes abattus derrière leurs lignes et qui ont pu rejoindre l’Angleterre.

       Ce sont les deux avions abattus lors de l’aller des bombardiers sur leur cible.

       Mais, peu après, les premiers bombardiers reviennent de Sarrebruck. Les bombes ont causé 175 morts et 5.607 sans-abris mais le retour des avions ne sera pas facile. Vers 2h20, le Lancaster 4 5707 (QR) de la 61ème Escadrille est abattu à Vouziers dans les Ardennes françaises. Seul le sergent Beard, bombardier parvint à évacuer l’appareil mais il est fait prisonnier. Le Wellington BJ 882 de la 150ème escadrille s’abîme en mer du nord sans que l’on en connaisse les raisons. Le Wellington Z 1316 est abattu par l’équipage Bonin-Johrden de Saint-Trond au-dessus de Olmen. Il n’y a aucun survivant.



Reinhold Eckardt, 21 victoires, mourut à l’âge de 24 ans

       A deux heures cinquante, Eckardt abat son deuxième avion, un Halifax R 9442 au-dessus de Corbais dans le Brabant Wallon. Il n’y a pas de survivants. C’est un exploit d’avoir abattu en une seule mission deux bombardiers ! Mais un troisième bombardier se profile, c’est le L for Love. Eckardt le poursuit et ses canons frappent les réservoirs du zinc qui, en quelques secondes, plonge vers le sol et exposera avant de l’atteindre. Pour l’as de l’aviation allemande, c’est une troisième victoire en une seule mission. Une véritable performance ! Il est temps pour lui de rentrer à sa base car il n’a presque plus de carburant. Mais, sur son chemin, il rencontre une nouvelle proie et tente une dernière interception. Il se rapproche du bombardier ennemi mais, cette fois, la tourelle arrière du bombardier a tiré avant lui. Son appareil est touché et Eckardt donne l’ordre à son navigateur Frank de sauter. Ce dernier obtempère. A son tour, Eckart saute mais il commet l’erreur d’ouvrir trop tôt son parachute. Les suspentes se prennent dans l’empennage de son avion. Le pilote s’écrase avec son avion. Il sera enterré au cimetière militaire de Lommel. Son palmarès est impressionnant : 17 avions détruits au sol et 22 victoires en combat aérien.

       Le bilan du bombardement de Sarrebruck est établi par le Bomber Command. Il est mitigé. 63 aviateurs sont portés manquants, soit 3,63% de l’effectif engagé. Trois d’entre eux ont eu la vie sauve : les sergents Beard, Hazell et Ornduff. Beaucoup de bombes sont tombées loin du centre de la ville. Il y a encore beaucoup à faire, conclut le Bomber Command, pour augmenter la précision ! C’est la première attaque de la ville. Il y en aura en tout 83 dont 38 effectués par plus de dix avions. Pour la population, l’horreur ne fait que commencer !

La chute du L for Love sur la ville de Braine-le-Comte

       A Braine-le-Comte, l’émotion a été à son comble car l’avion a explosé à la verticale de la ville. Un incendie s’est déclaré à la rue Britannique. L’incendie est vite maîtrisé. Les débris du Lancaster jonchent le sol sur près d’un km carré. Monsieur Desenfant habite au 105 de la rue de la station. Il s’est réveillé avec un terrible bruit survenu dans son grenier. Avec un voisin, il y monte et découvre le toit enfoncé. Au deuxième étage, c’est le corps sans vie d’un aviateur qu’il découvre. Celui-ci, non seulement a traversé le toit mais aussi le plancher du grenier ! On ne parvient pas à identifier l’aviateur. Il faudra attendre 1946 pour l’identifier formellement : il s’agit de Cyril Stallard. L’avant de la carlingue s’est échoué dans le jardin de la famille Mathieu. Quatre corps y seront retrouvés. Un le sera dans la pelouse Roland et un dernier corps est retrouvé dans l’entrepôt Delescolle à la rue des Etats-Unis. 

       Plus loin, un des moteurs a traversé le toit de l’école moyenne qui avait été transformée par l’occupant en cantonnement. Sept soldats allemands périront.

       Le samedi 1er août, les sept aviateurs sont enterrés en grande pompe. Il y aurait eu une grande foule de Brainois venue saluer les aviateurs alliés. C’est une vraie manifestation de patriotisme. Les Allemands en tirent la leçon et ne permettront plus pareille démonstration lors de l’enterrement de pilotes alliés !




       Le lendemain, la cérémonie sur la Grand-Place en l’honneur des soldats allemands, on ne dénombre que 24 personnes ! Ils seront ensuite enterrés à Mons avant de rejoindre après la guerre le cimetière allemand de Lommel où ont été regroupés les 38.072 soldats allemands tombés en Belgique durant la Seconde Guerre mondiale. Dans le bulletin paroissial, l’abbé Renard attribue au fait extraordinaire de ne compter aucune victime civile à l’intervention de Saint Géry et de la Vierge. L’abbé Renard n’était pas un curé ordinaire puisqu’il faisait lui-même partie de la résistance. Il hébergea de nombreux Juifs et collabora à l’évasion de plusieurs pilotes alliés. Arrêté en 1944, il connaîtra les camps de concentration mais retrouvera heureusement ses paroissiens en mai 1945.

       Sept jours plus tard, un évènement unique dans la presse britannique. On y publie une photo de l’enterrement des sept pilotes, sans doute transmise par la résistance.

Conclusion

       Le nom du bombardier « L for Love » était incompatible avec la guerre. Il ne partit que pour une seule mission qui échoua mais qui entraîna dans la mort sept jeunes aviateurs alliés en même temps que sept jeunes soldats allemands. Tout un symbole !

       Pour reconstituer la triste aventure du L for Love, l’auteur Willy Felix a pu retrouver toutes les familles des aviateurs. Thomas Foster, le frère du pilote a même franchi l’Atlantique pour se recueillir sur la tombe de Leslie. Après plus de quarante ans, les sœurs de Douglas Ware ont appris comment leur frère avait trouvé la mort au cours de son premier raid. Aucun des témoignages des familles n’ont gardé la moindre trace de haine. Les aviateurs du 30 juillet 1942 ont été les victimes d’un immense gâchis, d’un épisode de folie collective écrit Willy Félix.

       Le Bomber Command perdra plus de 50.000 mille hommes pendant la guerre ce qui représente plus de 80 pour cent des pertes totales de la R. A. F. Le cimetière militaire d’Hotton, en Belgique contient la sépulture de 325 d’entre eux ! Parmi eux, le pilote adjudant M.H.P. Remy mort le 18 décembre 45 à l’âge de 24 ans.

       En 2023, une autre guerre dure depuis une année avec toujours des milliers de civils touchés par des bombardements ! Puisse les gâchis effroyables de la guerre s’éloigner rapidement de l’Ukraine, de la Russie et de tout autre pays !

Dr P. Loodts

Addendum : Notice sur l’auteur du livre « Le dernier raid, le Lancaster de Braine-le-Comte, 30 juillet 1942. Cette notice constitue la couverture arrière de son livre publié en 1989.



 

 



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