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A Woluwe les familles Jonnart et Breuer s’entraidèrent pour sauver le jeune Ralph Mayer

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A Woluwe les familles Jonnart et Breuer s’entraidèrent pour sauver le jeune Ralph Mayer

       En 1943, la Gestapo fut irruption au domicile de la famille de l’avocat Albert Jonnart qui abritait un jeune juif, Ralph Mayer. Albert Jonnart était un avocat très connu installé à Woluwe. Son diplôme en poche, il était parti en 1912 au Congo belge pour y organiser la cour d’appel d’Elisabethville. En août 1915, il rejoint le Havre et s’engage comme volontaire de guerre. Il termine la guerre avec le grade de commandant et la Croix de guerre et l’Ordre de la Couronne avec palmes. Il fonde un journal « La voix de Woluwe » et milite dans de nombreuses associations. Quand la Deuxième Guerre éclate, il agit en faveur des réfractaires du travail en leur fournissant de faux documents avec l’aide du secrétaire communal et du chef du bureau de la population. Il cache aussi chez lui un jeune homme juif, Ralph Mayer. Mais le 13 juillet 1943, la Gestapo fait irruption chez lui. Ralph a juste le temps de s’échapper par les toits mais son protecteur, Albert Jonnart est arrêté.



Albert Jonnart durant la Première Guerre mondiale


Albert Jonnart et son épouse Simone

       Emprisonné à la prison Merksplas, il est transféré en France à Watten dans un camp de prisonniers chargés de construire la base de lancement de V2 d’Eperleques. Il mourut d’épuisement le 15 mars 1944.

       Pierre Jonnart, le fils d’Albert, était ami avec Jean Breuer, un des quatre fils du Conservateur du musée du cinquantenaire, Jacques Breuer. Les deux jeunes gens, avec Ralph, fréquentaient le collège Saint Michel et la même troupe de scouts. Les trois garçons avaient à cette époque autour des 17 ans. Ayant récupéré Ralph peu après sa fuite à travers les toits, c’est vers la maison de son ami Jean Breuer que Pierre Jonnart se dirigea. Le père de Jean, Jacques Breuer va bien vite accepter de donner un nouvel abri à Ralph.

Jacques Breuer, grand-père paternel d’Annick

       Mais présentons Jacques Breuer. Fils d’un armurier liégeois, il avait obtenu en 1913 une licence en sciences commerciales à l’ULG et s’apprêtait sans doute à rejoindre l’entreprise de son père quand la Première Guerre mondiale éclata en donnant à sa vie une tout autre orientation. Jacques avait en effet tenté de rejoindre l’armée du roi Albert abritée derrière l’Yser en passant par la Hollande. Mais ayant lui-même des grands-parents d’origine allemande, les Hollandais ne lui permirent pas de quitter leur pays. Désœuvré, le jeune homme passa alors son temps dans les musées et c’est là qu’il se prit de passion pour l’archéologie. De retour en Belgique, en 1919, il se marie avec Germaine Raick qui avait fait partie d’un réseau de renseignements durant la Grande Guerre et recommence des études, cette fois une licence en Histoire et Archéologie qu’il obtint en 1924. Deux ans plus tard, il sera engagé aux Musées d’Art et d’Histoire et rapidement dirigera le service des fouilles.

       Jacques s’occupera notamment de la mine de silex de Spiennes, du fortin de liberchies et de la chaussée romaine Bavay-Tongres. Tout en travaillant, il poursuivra ses études et obtiendra encore un doctorat en histoire en 1935, ce qui lui permettra d’enseigner aussi à l’université de Liège. Quand la deuxième guerre mondiale éclate, Jacques Breuer est maintenu à son poste par les Allemands, ce qui lui permet de garder intacts les réserves de son musée. En 1940, Jacques, son épouse, leurs quatre fils et leur fille habitaient au square Marie-José, au n° 1.

       Mais les présentations faites, revenons à notre histoire : Jacques Breuer, à la demande de son fils Jean accepte donc de cacher Ralph. Et c’est dans les « réserves » du « cinquantenaire » qu’il va établir une cache pour le pauvre fuyard. Ralph y restera jusqu’à la libération !  Jacques aura ainsi sauvé au péril de sa vie Ralph Mayer mais hélas la guerre va lui ravir son fils Jean dans les circonstances suivantes.

       Jean Breuer et son frère André, à la libération de la Belgique, s’engagèrent en effet comme volontaire de guerre dans le « 1st Belgian SAS Regiment », régiment parachutiste fondé par le major Blondeel.



Jean Breuer en uniforme de parachutiste


Stèle élevée à Veele (Hollande) en souvenir des parachutistes belges décédés lors de la prise du pont

       Mais hélas, le 12 avril 45, Jean qui participa à l’attaque du pont de Veele pour libérer la Hollande, fut blessé par des balles ennemies et décéda deux jours plus tard.

       Les familles Jonnart et Breuer furent donc fort éprouvées pendant la guerre. Rapidement après la guerre, une avenue de Woluwe portera le nom de l’avocat Albert Jonnart. Beaucoup plus tard, hommage tardif mais combien mérité, en 2013, Albert Jonnart et son épouse furent tous deux déclarés « Justes parmi les nations ».

Ralph Mayer, sauvé par les deux grands-pères d’Annick

       Ralph Mayer, sauvé par les familles Jonnart et Breuer resta en Europe après-guerre. A la libération, il vint en larmes se jeter aux pieds de Simone Jonnart. Chaque année, à l’anniversaire de la mort d’Albert, il envoyait à Simone un bouquet. Ralph eut cependant l’immense tristesse de perdre ses parents. Cachés eux-aussi dans Bruxelles, ils furent découverts et envoyés dans le camp d’extermination d’Auschwitz.



Erich Mayer et son épouse Edith Falkenstein

       Quant à Pierre Jonnart qui perdit dans la guerre et son papa et son ami Jean Breuer, il consacra toute sa vie à sa commune comme conseiller communal puis comme échevin.

Les familles Jonnart et Breuer s’unir aussi par leurs descendants



Les familles

       Les familles Jonnart et Breuer virent leurs liens se resserrer encore quand un des fils de Jacques Breuer se maria avec une des filles d’Albert Jonnart. En 1953, ce couple donna naissance à Annick Breuer qui, en 2016, put se rendre en Israël avec plusieurs de ses cousines dont Benédicte Jonnart (la fille de Pierre) pour se recueillir devant le nom de ses grands-parents maternels, devenus depuis 1913 « Justes parmi les Nations ». Annick hérita certainement de ses deux grands-pères d’une vocation sociale. Elle fut notamment directrice de l’ASBL Collectif Logement de Hannut et, durant sa retraite, se consacra à « La maison du cœur de Hannut ». Elle décéda au mois d’août 2022 après une vie passée à aider les autres.



Bénédicte Jonnart montrant les noms de ses grands parents-paternels

Dr Loodts P.

 

Source :

Jacques et Jean BREUER

Albert Jonnart et Ralph Mayer

   



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