Maison du Souvenir

Un concours de circonstances favorables nous fait connaître un imprimeur!

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Un concours de circonstances favorables nous fait connaître un imprimeur !

       En 1943 les réquisitions pour le travail obligatoire en Allemagne ont pour conséquence un afflux de réfractaires auxquels il est de moins en moins aisé de fournir à la fois un abri sûr et nourriture, et les services de l’Abwehr, la Gestapo et la Feldgendarmerie aidés par d'ignobles individus à leur solde leur font une chasse permanente. Dans la Résistance on tente de réagir de différentes manières. La plus radicale est la répression menée par certains groupes expéditifs comme le Groupe Zorro ou celui de Jean de Jehay qui font la vie dure aux dénonciateurs. Une autre méthode consiste a aider chaque réfractaire en lui fournissant des timbres de ravitaillement et des cigarettes et une allocation mensuelle. Encore faut-il s'en procurer les moyens ce qui provoque des prélèvements à main armée, lesquels peuvent donner lieu a des abus ! Enfin le meilleur moyen consiste à leur trouver du travail chez un fermier en leur fournissant une nouvelle (fausse) identité et certificat de travail.

       Dans ce domaine Aramis voudrait pouvoir disposer de documents d'identité vierges de certificats de travail ,de laissez-passer, d'attestations de services officiels ou protégés, de cartes d'accès mais les possibilités sont trop limitées et ce serait plus aisé si on pouvait les imprimer. Il est bien connu que toute imprimerie pouvait être identifiée par ses caractères et leurs anomalies, comme ce fut le cas à Bruxelles où l'imprimeur Wellens réalisa 50.000 Faux Soir en novembre 1943, pour le compte du Front de l'Indépendance mais sera identifié arrêté et déporté en concentration pour y mourir. L'idéal serait une imprimerie qui a cessé toute activité mais cela c'est sans espoir.


Armand Gathy dit « Aramis » Comd. Les Guérillas du Refuge Marsouin. – Né à Clavier le 29 novembre 1918. Tombé glorieusement le 24 janvier 1945, au retour d’une mission de renseignement derrière les lignes allemandes et au profit des Américains.

       Un concours de circonstances favorables va pourtant nous mettre sur la piste d'une solution inespérée au printemps 1943.En effet, un des subordonnés d'Aramis, (Armand Gathy de Villers le Bouillet),est le brave Jef Briers, courageux fils de fermier flamand habitant Dreye, dont le beau-frère Jules Désir de Warnant est fonctionnaire de l'Administration des Postes et fait des remplacements dans des bureaux dont le percepteur est absent malade ou en congé.

       Lors d'un remplacement à Wasseiges, il a sympathisé avec le Percepteur, Mr Pierre Decoquebus qui lui a révélé qu'il était entré à la poste après la guerre 1914·1918, grâce à sa qualité d'ancien combattant mais que son premier métier était imprimeur. Il disposait toujours de son matériel et d'une réserve de papier. De plus les sentiments qu'il avait exprimés permettaient d'espérer qu'il soit disposé à nous aider. Rapidement informé, Armand Gathy souhaite une confirmation urgente, et comme je suis subordonné à Jef Briers et courrier, je suis chargé de me rendre à la Poste de Wasseiges et demander au Percepteur de réaliser une première commande.

       Pour moi c'est une vraie promenade, de Fallais à Marneffe puis suivre la Burdinale jusqu'à Burdinne puis par Acosse retrouver la Méhaigne à Wasseiges, avec un texte sous enveloppe enroulée et dissimulée à l'intérieur de mon guidon. C'est bien plus relax que d'aller distribuer aux responsables les liasses de timbres de ravitaillement et de billets de 1000 francs mensuels destinés aux réfractaires de l'endroit, surtout quand l'envoi est accompagné d'un GP 9mm ! Seul petit souci : Comment ce Monsieur que je ne connais pas, va-t-il m'accueillir ?

       A destination, la seule évocation du nom de Jules Désir rassure le percepteur qui m'introduit dans son logement pour être plus à l'aise pour parler, ses enfants sont à l'école. Sans hésitation il se déclare enchanté de pouvoir se rendre utile à la Résistance et lorsque j'aborde le prix de son travail. Il déclare avec force qu'il n'acceptera pas la moindre rétribution car il considère que c'est son devoir. Par contre si je pouvais lui procurer lors de l'enlèvement quelques kilos de farine cela serait le bienvenu car la nourriture de sa famille de « Dix enfants »  lui pose quelques problèmes. Accord, conclu et rendez-vous fixé pour prendre livraison je reprends la route vers Fallais et Dreye où j'irai faire rapport à mon chef et demander à Jef Briers de prévoir dix kilos de farine pour la semaine suivante.

       L'enlèvement ne posera aucun problème car le travail sera toujours prêt pour la date prévue et le colis soigneusement emballé dans un journal favorable à l'occupant. Ces missions se répèteront dans les mêmes conditions et me furent confiées, pour éviter de multiplier les personnes au courant. Je suis aujourd’hui incapable d'en préciser le nombre mais l'une d'entre elles m'est restée en mémoire.

       Cela se passe au cours de l'hiver 1943-1944, Aramis a commandé des affiches de format assez grand entourées d'une large bande aux couleurs nationales, le texte est rédigé en allemand et attire l'attention des occupants sur les cuisants revers subis par la Wehrmacht, en Russie et en Afrique ainsi que sur les bombardements incessants que subissent leur famille et qui annoncent une défaite prochaine et inévitable. Le bon sens devrait les inciter à mettre un terme à cette lutte qui ne peut déboucher que sur des morts des destructions et des sanctions ultérieures.

       Il est clair qu'un tel colis est difficile à dissimuler et qu'en cas de découverte sa nature aurait des conséquences tragiques pour le porteur. De plus le matin même il a neigé et la route sera difficile. Je demande l'avis de mon voisin Antoine Ghenne, élève de l'Ecole Royale Militaire qui assumera le commandement de notre compagnie et nous décidons de commun accord de faire la mission ensemble, prenant à tour de rôle la fonction d'éclaireur et de transporteur. Le trajet aller est pénible avec l'envoi de farine habituel, mais le retour est épuisant dans la neige fondante, surtout dans la montée d'Oteppe vers Marneffe. Nous sommes à bout de force, on avance à pied et nous nous décidons à frapper à la porte d'une maison isolée pour nous reposer.

       Je me souviens que la dame qui ouvre s'appelait Hélène, elle est méfiante mais finit par nous offrir une boisson chaude et une tartine de tête pressée et nous reprenons la route vers Dreye pour livrer notre encombrante marchandise.

       Dès le 6 juin nos nuits furent occupées par des sabotages de voies ferrées et de lignes téléphoniques et après la Libération engagé à la brigade Piron en Hollande puis en occupation en Allemagne je perdis le contact avec Mr Decoquebus. Quelques années plus tard, comme officier, je convoyais à moto une colonne automobile rentrant d'un exercice de Marche en Famenne vers Lierre via Andenne et Bierwart, j'ai quitté l'itinéraire pour faire un crochet à Wasseiges et saluer Monsieur Pierre. Avec toute sa famille, l'accueil fut chaleureux, les échanges animés bien que trop courts et lorsque je lui ai demandé s'il avait sollicité sa reconnaissance de Résistant Armé, il m'a répondu que les distinctions honorifiques de 14-18 lui suffisaient pour savoir que la plus belle est celle qu'on porte en soi, la « La satisfaction du Devoir accompli ».

       Au vu de l'admiration et de la fierté de ses enfants, j'ai compris qu'il n'avait pas tort !

Avec mon témoignage admiratif.

LINSMEAU  J.  Col e.r.

LINSMEAU Joseph Charles Ghislain né à Fallais le 08/06/1924

Etudes : Humanités Gréco-Latines à l'Athénée Royal de HUY 1936-1942.

               Candidature en Sciences Naturelles et Médicales à l'U.L.G. 1942-1943.

Activités combattantes : Résistant Armé reconnu du 01/06/1941 au 15/10/1944 Refuge MARSOUIN

               Secteur HUY-WAREMME Zone IV de l'Armée Secrète. Liaison ARAMIS.

               Volontaire de Guerre incorporé en décembre 1944 à la Brigade Piron 2e Campagne de Hollande.

Carrière Militaire : Nommé Sous-lieutenant à la date du 26 février 1946.

               Colonel de la Logistique admis à la retraite le 01 avril 1980.

Distinctions Honorifiques :

               Commandeur de l'Ordre de Léopold

               Commandeur de l'Ordre de la Couronne

               Officier de l'Ordre de Léopold II avec palme.

               Croix de Guerre 1940-1945 avec palme.

               Médaille de la Résistance.

               Médaille du Volontaire Combattant. Etc.

Activités aux Associations Patriotiques :

               Président de la Fraternelle A.S. MARSOUIN de 1980 à 2005

               Administrateur et Trésorier de l' U.R.F.A.S. de 1981 à la dissolution.

               Administrateur et Trésorier de la Fondation A.S.

               Administrateur de l'Union Royale des Croix de Guerre Belges.

               Secrétaire de l'Amicale des Officiers Combattants Volontaires 1940-1945.

               Membre du Comité d'Action de la Résistance.

               Membre de la Fraternelle de la Brigade Piron.

Participation :

               A participé en qualité de porte parole de la Résistance Armée aux réunions de la Commission Centrale en compagnie de Mr Pilate et ensuite Mr Jean Bracke.



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