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Hommage aux frères
Blondeau et Gustin fusillés à la Citadelle[1] Nous vivons
des temps étranges où les évocations héroïques détonnent comme d’austères et
désagréables rappels. Des éducateurs chargés par l’Etat de former la jeunesse
belge n’ont pas eu honte de nous faire savoir qu’ils les désapprouvaient. Pour
ces messieurs qui n’ont jamais consenti le moindre sacrifice pour le pays, le
souvenir des Héros qui ont tout donné pour le salut de la Patrie doit s’effacer
dans un oubli définitif. Eh !
bien, non, il n’en sera pas ainsi. Grâce à l’appui de nos fidèles abonnés et
amis, les grands exemples de générosité et d’abnégation de nos Morts
continueront à être régulièrement évoqués pour contrebalancer les méfaits de l’égoïsme
et de la veulerie qui empestent l’atmosphère de notre époque. Nous ferons
entendre ici leurs chères voix. Il n’en est pas de plus autorisées. Emile Blondeau de Stavelot Fusillé
à la Citadelle de Liège, le 3 août 1943. Emile Blondeau Citadelle, le 2 août 1943 Ma très chère maman, Je viens de
savoir à l’instant que mon recours en grâce était rejeté, ainsi que celui de
Fernand François, d’André et d’Emile Gustin. Nous serons donc fusillés demain 3
août, à 6 heures du matin. Je suis en cellule avec mes trois camarades qui vont
faire le grand voyage avec moi demain : nous sommes tous très courageux et
résignés. Ma chère
maman, je ne sais si tu as voulu me rendre confiance lors de ta dernière visite ;
j’ai cru un instant qu’il pouvait encore avoir un peu d’espoir pour moi ;
tout le regret de ne pas le voir se réaliser, c’est uniquement pour vous tous
qui restez et surtout ma petite Léa, que je n’ai jamais oubliée un instant au
milieu de mes peines ici. J’offre à
Dieu ma misérable vie pour vous tous, mes chéris, puissiez jouir enfin d’une
vie plus heureuse et surtout pour que vous preniez bien courage et qu’enfin, après
cette vie si pleine de douleurs pour toi, ô ma chère maman, tu puisses venir me
retrouver auprès du Bon Dieu et que là, si cela se peut, mon unique et à jamais
fiancée Léa me retrouve fidèle, car je le lui ai toujours été ; pour qu’Yvonne,
trouve le bonheur dans le mariage avec Edmond que je considère comme un frère,
qu’elle ait de nombreux petits enfants et, si possible, un Emile, que je
pourrai surveiller de là-haut, pour qu’Armand[2]
soit bien vite libéré et que Gigi retrouve bien vite la paix en famille aves
son petit Yves, que j’ai été infiniment heureux de pouvoir voir avant de mourir ;
pour que tous mes amis et ennemis trouvent en cette vie que je quitte, le vrai
bonheur, dans la paix retrouvée, et enfin la paix éternelle auprès du Bon Dieu. Je serre
les bras, je pense encore te tenir dans mes bras, ô mon incomparable maman, toi
que je n’ai jamais cessé de chérir même si j’ai partagé cet amour avec Léa. Ne pleure
pas trop ; j’offre ma vie pour le salut de tous, pour ma patrie et pour
vous tous. Emile Blondeau. Emile Gustin de Grand-Halleux Fusillé
à la Citadelle de Liège, le 3 août 1943 Emile Gustin Jésus,
Marie, Joseph. Liège-Citadelle, le 2 août 1943. Chers parents bien-aimés, Chère
maman, le Bon Dieu a voulu que je sois un de Ses élus. Il m’a donné la force de
supporter le fardeau qui m’incombait et je suis persuadé qu’il fera de même
avec vous. Chère
maman, ne pleurez surtout pas, ne vous faites pas du mauvais sang ; ne
négligez votre santé en rien que ce soit, priez pour nous et bientôt nous
prierons pour vous avec la très Sainte Vierge
et tous les Saints. Cher papa,
je viens d’apprendre à l’instant que mon recours en grâce est rejeté, ainsi que
pour André et mes camarades Emile Blondeau et Fernand François de Stavelot. Je
vous prie de croire que c’est avec résignation que nous acceptons la volonté de
Dieu, et c’est demain 3 août, à 6 heures du matin, que Dieu veut que nous
prenions le chemin du paradis ; que Sa très sainte volonté soit faire sur
la terre comme au ciel. Cher papa,
soyez fort courageux, et, si vous ne l’êtes pas assez, le Bon Dieu vous en
donnera la force. A vous aussi, je demande pardon de toutes les peines que j’aurais
pu vous faire pendant ma courte vie. Cher Jean,
le Bon Dieu a voulu me reprendre, il ne me reste rien d’autre à faire que de me
résigner et de lui donner toute confiance. C’est un peu tôt pour mourir, mais
je reconnais que c’est une grâce que le Bon Dieu m’envoie, car c’est la plus
belle et la plus sainte mort que l’on puisse avoir, ayant eu tout le temps de
se préparer, de se confesser et de se mettre dans les bonnes grâces du Bon
Dieu. Mourir à 25
ans, c’est jeune, mais c’est la volonté de Dieu et je me résigne
courageusement. Il ne me reste plus qu’à Le remercier de Ses bonnes grâces, de
Ses bienfaits et du courage qu’il me donne, car en aucun moment, je ne me suis
laissé aller ; même en écrivant cette lettre, ma main ne tremble pas. Je vous
embrasse bien fort. Emile
Gustin. Pour la dernière fois. André Gustin de Grand-Halleux. Fusillé
à la Citadelle de Liège, le 3 août 1943. André Gustin Jésus, Marie, Joseph. Liège-Citadelle, le 2 août 1943. Bien chère famille, cher
papa, chère maman, chère Adèle, cher Jean, chère Lucie et cher Raymond, Aujourd’hui,
2 août 1943, le juge allemand est venu à 7 h.30, nous annoncer que notre
recours en grâce est rejeté et que demain 3 août, à 6 heures du matin, je serai
fusillé ainsi qu’Emile, Emile Blondeau, Fernand François et trois autres
camarades. Nous sommes bien courageux et bien résignés devant la volonté de
Dieu. Jugez-en : ma main ne tremble pas. Que
personne ne perde de vue que j’ai agi en Belge, en bon patriote, en bon
chrétien. Je suis fier de moi ; qu’à leur tour, tous ceux que je viens de
citer ci-dessus soient fiers de nous et à notre tour nous serons fiers de vous
tous Là-haut près du Bon Dieu. J’ai dit
ci-dessus que j’ai agi en Belge, et que jamais je n’ai eu le moindre repentir,
car j’ai lutté pour que la Belgique soit libre, qu’elle soit pure pour
revendiquer nos droits ; pour venger nos camarades envoyés et tués
bêtement pour les beaux yeux et le portefeuille des traîtres. J’ai lutté aussi
pour que la Belgique reste chrétienne, car mon désir c’était de lutter jusqu’à
la dernière goutte de mon sang contre le bolchevisme qui voudrait un jour
troubler la tranquillité et la chrétienté de la Belgique. Je passe la
nuit avec un aumônier allemand qui ne cesse de m’encourager et de me donner les
moyens d’être digne d’entrer au ciel près de Dieu, de la Très Sainte Vierge et
des Saints.
Voudriez-vous faire part de ma lettre à tous les parents et camarades
attristés et leur dire que nous prierons pour eux, que nous sommes morts en chasseurs ardennais, en bons Belges, en
Patriotes. Cher papa,
chère maman, chère Adèle, cher Jean, chère Lucie et cher Raymond lorsque la
tristesse vous accablera, reprenez courage et dites-vous bien que vous avez
deux élus et heureux, et qu’un jour, nous nous reverrons tous ensemble et que
nous serons très heureux. Je vous
embrasse bien tous. Au revoir,
adieu et à bientôt. André Gustin. Armand Blondeau de Stavelot. Fusillé
à la Citadelle de Liège, le 20 septembre 1943. Armand Blondeau Citadelle, le 19 septembre 1943. Ma petite chérie, Ainsi Dieu
n’a pas voulu que je retourne près de vous. Que Sa Sainte volonté soit faite ! Ma chérie, si vous n’aviez pas été là, ce
serait la plus belle nuit de ma vie, car mourir pour sa Patrie n’est pas une
chose dont on doit être triste. Dans
quelques heures je serai au ciel, près d’Emile ; je veillerai sur vous
tous et je vous garantis le bonheur. Elève notre
petit Yves en bon Belge comme son père. Pendant que j’y pense, ne change pas
son nom, c’est ma volonté. Petite
chérie, plus tard si tu veux refaire ta vie, tu es libre. Ne pleure
pas trop, car je vais directement au Ciel. Si tu peux te procurer le livre que
l’aumônier a donné à Gustave, tu te rendras mieux compte de mon état d’esprit. Mon petit cœur,
ce n’est pas le moment des grands discours. Je ne puis que te dire :
Courage ! Pas de regrets ! Je pars
complètement en règle avec le bon Dieu. Reçois plus
de baisers que je ne saurais le dire. Vive la Belgique ! Adieu ! Armand. |