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Dieudonné Drisse, cheminot patriote et courageux.

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Dieudonné Drisse,  cheminot patriote et courageux[1]

par Jackie Pinckers et Antoine Léonard.

 

Voici l’histoire d’un machiniste visétois qui s’est distingué pendant les deux premières années de la guerre par sa bravoure et son patriotisme.


Dieudonné était né en Tunisie aux environs des années 1900. Il se rendit d’abord en France avec son père puis vint en Belgique et travailla comme chauffeur de locomotive sur la ligne de chemin de fer Montzen – Visé. Bien qu’originaire d’un pays musulman, il était catholique et devint visétois par son mariage avec  Hermine Michiels, la fille de Victor Michiels, assassiné sauvagement par les Allemands le 14 août 1914 lors de la destruction de Visé. De ce mariage naquit un fils Victor et une fille Flore.

Dès le début de la guerre, il permit à plusieurs dizaines de prisonniers de s’évader des camps allemands en cachant ceux-ci dans le tender à charbon ou encore sous le plancher du wagon des contrôleurs. C’est ainsi qu’au cours d’un de ses voyages, un des prisonniers évadés, avant de le quitter lui demanda son nom et son adresse pour, lui dit-il, « le remercier après la guerre. »  Il s’agissait du général Giraud[2]  qui, de juin à novembre 1943 a été, avec le général de Gaulle, co-président du Comité français de la Libération nationale (CFLN).

Celui-ci tint sa promesse comme nous allons le constater par la suite.

Au cours du deuxième trimestre 1942, de nombreuses arrestations de résistants eurent lieu. Se sachant recherché, Dieudonné se cacha un certain temps puis, le 12 décembre 1942, il rentra chez lui pour y mourir d’un infarctus. Il fut enterré le 17 décembre, jour des vingt ans de son fils Victor. Une plaque déposée sur sa tombe rappelle sa bravoure face à l’occupant.


De nouvelles arrestations eurent lieu en mars 1943. Parmi les résistants arrêtés, il y avait Henri Syben emmené notamment avec les deux pères de Val-Dieu. Quelques jours plus tard, sa femme vint le voir à la prison st Léonard où il était enfermé. Elle lui annonça que Dieudonné Drisse était décédé trois mois plus tôt.

Henri  Syben n’hésita pas une seconde et pour que cessent les recherches de la gestapo en vue d’arrêter le chef de son groupe, il dénonça Dieudonné Drisse aux Allemands comme étant celui qu’ils pourchassaient.

Aussitôt, les Allemands se rendirent chez Dieudonné pour l’arrêter car ils n’étaient pas au courant de son décès. Son épouse, Hermine Michiels eut bien du mal à prouver qu’il n’était plus en vie et ce n’est qu’après avoir montré aux soldats une copie de l’acte de décès de son mari qu’ils comprirent qu’ils arrivaient trop tard.

Malheureusement, à ce moment, Victor arriva chez sa mère et fut aussitôt arrêté et envoyé en Allemagne comme travailleur obligatoire jusqu’en mai 1945.

En 1946, le facteur apporta un recommandé pour Dieudonné mais comme celui-ci était décédé il refusa de le donner à sa veuve. C’est son fils Victor qui le reçut. Il s’agissait d’un diplôme décerné à son père en reconnaissance des services rendus au Général Giraud lors de son évasion en 1942 ainsi que pour l’évasion d’autres détenus Français.


Ainsi, Giraud avait tenu parole et n’avait pas oublié cet humble machiniste.

Victor conserva précieusement ce diplôme et en fit don à sa fille avant de mourir en juin 2009, lui demandant de transmettre ce document au musée des Anciens Arquebusiers de Visé.  Victor repose au cimetière de Lorette dans la pelouse d’honneur.




[1] Article parut dans « Le Papegaie » le journal des Anciens Arquebusiers de Visé.

[2] Le général Giraud avait été capturé par les Allemands à Wassigny le 19 mai 1940 et interné près de Dresde. Il parvint à s’échapper le 17 avril 1942 et, après un périple rocambolesque de 800 km en chemin de fer, il arriva en Alsace deux jours plus tard. C’est au cours de ce voyage invraisemblable qu’il fut aidé par Dieudonné.

 



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