Maison du Souvenir

Le C.A.P.O.R.A.L. du mois de novembre 2015.

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Le Message du C.A.P.O.R.A.L.

NOVEMBRE 2015

« C.A.P.O.R.A.L. » signifie: Comité des Associations Patriotiques d’Oupeye pour le Regroupement des Activités Locales.


Monsieur Hubert SMEYERS, Echevin de l'Etat-Civil, Population, Séniors,

Affaires sociales et patriotiques vous convie à participer :

 

AUX COMMEMORATIONS PATRIOTIQUES DE NOVEMBRE 2015

 

Le mardi 10 novembre 2015 :

Dépôt de fleurs dans tous les villages de l'entité selon l'horaire suivant:

08h45: Hermée - 9h15 : Heure-le-Romain - 9h45 : Houtain St-Siméon - 10h15: Haccourt-

10h45: Hermalle-sous-Argenteau - 11h15: Vivegnis - 11h45: Oupeye

 

Le mercredi 11 novembre 2015 :

11h30 : messe solennelle en l'honneur de tous nos disparus

12h30 : vin d'honneur de circonstance en la salle des mariages du Château d'Oupeye.

Editeur responsable: M. Hubert Smeyers, rue du Rouwa, 10, 4682 OUPEYE

EDITORIAL

Le mot du Secrétaire patriotique



       1914-1918 : la quasi-totalité du monde « civilisé » et « développé » était précipitée dans une des tragédies les plus graves de notre histoire.

       Notre pays n'allait pas y échapper et durant plus de quatre ans il allait être confronté à toutes les horreurs d'une guerre qu'il ne souhaitait pas : plus de 40.000 militaires et résistants faisaient le sacrifice de leur vie ; plus de 60.000 civils étaient sacrifiés et c'est ainsi qu'au total plus de 100.000 êtres humains n'eurent pas la chance de connaître cet armistice tant attendu du 11 novembre 1918 que nous commémorerons ces 10 et 11 du mois considéré.

       A côté de toutes ces malheureuses victimes, ce seront aussi plus d'un million et demi de belges qui seront amenés à fuir cette guerre et les exactions commises par l'envahisseur. C'est ainsi que, pour quelques mois, voire toute la durée du conflit, ils rejoindront un de nos pays limitrophes : les Pays-Bas, le Luxembourg ou la France.

       Plus près de nous, dès le début de la seconde guerre mondiale, un tel exode, précipitera également sur les routes de France, et pour des raisons similaires, quelques deux millions de nos compatriotes.

       Présentement, un autre exode, tout aussi dramatique, est en train de se dérouler, cette fois non plus des nôtres cherchant accueil à l'étranger mais bien de gens venus d'ailleurs souhaitant une vie meilleure et cherchant asile, certainement provisoire, sur nos terres et ailleurs en Europe.

       Ces gens, en majorité syriens, à l'instar de nos aïeux et au risque de leur vie, se voient ainsi contraints à quitter leur pays ravagé par une guerre qui depuis 4 ans oppose le régime présidentiel aux forces rebelles et à l'état islamique.

       Devons-nous rester insensibles à leur situation ? Devons-nous au contraire leur prêter assistance ? Devons-nous en tout point craindre ou pas un tel exode ? Autant de questions auxquelles chacun est libre de donner son point de vue.

       Pour ma part, et cela pourra en quelque sorte refléter mes opinions, je termine par cette citation, assez appropriée, de Nelson Mandela : « un homme qui prive un autre homme de sa liberté est prisonnier de la haine, des préjugés et de l'étroitesse d'esprit ».

Charles DEVOS

Secrétaire patriotiques

Trente millions d'amis aux armées.

       A peine descendus de l'Arche de Noé, nos frères, dits inférieurs, ont enrichi, bien malgré eux, le vocabulaire militaire.

       A tout seigneur, tout honneur : l'aigle. Volant fièrement en tête des armées impériales, voici l'aigle romaine, germanique, russe, française! Mais les grognards de Bonaparte l'appelaient irrévérencieusement le « coucou ». En 1914-1918, on désignera sous ce nom tous les frêles avions. On disait même de « drôles de coucous ».

       L'affreux « alligator » est un véhicule chenillé & amphibie, très utilisé par les marines dans le Pacifique.

       « Alouette, gentille alouette ... ». Coulée dans le bronze, elle orna le casque de légionnaires gaulois recrutés par ... ? César : « La légion de l'Alouette ». Aujourd'hui, elle donna son nom à un hélicoptère.

       « Azor » fut le nom d'un havresac ; en peau de chien, il est vrai.

       Le « Babouin », vous connaissez ? Non le vilain singe, mais un dessin satirique que, par brimade, le bleu devait embrasser.

       Encore une vilaine bête : le « basilic », un serpent fabuleux au regard mortel. C'était jadis un canon, du genre veuglaire[1]. Guère plus aimable, le « barracuda », vorace brochet de mer et avion de combat.

       Nombreux sont les « becs : de corbin[2], de faucon, d'oisel, de perroquet ... », toutes armes d'hast[3] à pic.

       Inoffensif, le « bidet » ? Voire ! Quand il est pistolet de poche ...

       Qui se rappelle encore que le « bourdon » était une lance de cavalerie ?

       A la Renaissance, un plastron d'armure à forte saillie s'appelait un « bréchet » ou encore une « panse d'oie » ou « poitrine d'oie ».

       En argot de caserne, un caporal est un « cabot »; ce qui est tout de même moins déplaisant que « chien de quartier ». A propos de chien, citons le « chien de fusil » et son verrou de maintien, le « loup ».

       Survient le « charognard », pilote de chasse placé en queue de formation, avec mission d'achever l'adversaire déjà mis à mal par son leader.

       Le « chat » a une nombreuse famille. Ce mot désigne d'abord une galerie couverte, en bois, protégeant les assaillants d'un château-fort. Complété par une tour, il devient un « chat-chastel ». Sa compagne, la « chatte », était un élévateur de siège, appelé aussi la « cigogne ». Quant à la « tête de chat », c'était un lance-bombes incendiaires. Le « chat à griffes » ou « chat-hampé », sorte d'écouvillon[4], nettoyait les « bâtons à feu » et les bouches à feu. En anglais, sous la forme du « cat », il qualifiera toute une série d'avions U.S. : « Hellcat », chat sauvage ; « Tomcat », matou ; « tigercat »...

       La « chenille » de nos chars évoque assez bien la rampante bestiole. Mais quel rapport avec son géniteur latin, « canicula » : le petit chien ?

       Etrange ce terme « cheval de frise », traduit du néerlandais « friese ruiter », chevalier de la Frise, pour représenter un certain type de barbelés.

       Une « chèvre d'artillerie » soulevait les canons. La silhouette de l'engin évoquait très vaguement un animal caprin.

       Eternelle est la rivalité entre les paisibles « colombes » et les belliqueux « faucons ».

       Le « crapaud » en est réduit, le pauvre, à servir d'affût de mortier. Mais une « tête de crapaud » était, plus noblement, un certain type de heaume.

       L'abeille prête son « dard » à une javeline ou à un trait d'arbalète. On créa même des diminutifs : « dardelle », « dardille », « dardillon ».

       Les « dents de dragon » des épopées germaniques étaient semées devant les bunkers de la ligne Siegfried, d'où jaillirent, un certain 10 mai, des essaims de « doryphores », grands mangeurs de patates. Mais en notre verte jeunesse, nous ignorions que le mot « doryphore », porteur de lance, avait d'abord désigné le garde du satrape perse.

       En des temps éloignés, une « écrevisse » était une armure à écailles, un « espadon », une forte épée.

       Ces images sont lumineuses.

       Le « faucon » et son petit le « fauconneau » étaient des canons de taille modeste, tout comme la « couleuvrine », la petite couleuvre.

       En argot médiéval, l'archer du guet est un « gigot ». Allez donc savoir pourquoi ! L'innocente « grive » représentait bien des choses : un soldat pillard, la garde, une patrouille, la guerre, le pillage…

       « Corps de givre » : corps de garde.

       « Cribler à la grive » : appeler la garde.

       « Harnais de grive » : l'uniforme.

       En dérivation, un « griveton, grivetot ou grivois » est un mercenaire et une « grivoise » une fille à soldats ou une ... tabatière.

       La « grue » rappelle le « chat-chastel ». Tour mobile en bois, elle était munie d'un pont-volant à jeter sur les remparts. Une forte poutre garnie de pointes défendait les accès : le « hérisson ». Une demi-pique portait le nom étrange de « langue de bœuf ». Quant à l'élégante et fabuleuse « licorne », c'était un canon russe.

       Le « loup » a beaucoup servi. Dans l'Antiquité et au Moyen-âge, c'est une sorte de levier manié par les assiégés pour soulever le « bélier » des attaquants. Pieu aigu dissimulé dans le sol, c'est un « trou à loup ». Sous-marin allemand, « wolf », il guettait les convois alliés, soit en meute, soit solitaire.

       Le « jaguar » est un avion et le « léopard » un char. Simple rappel.

       En italien, « maiale » désigne le cochon. En 1940-1945, il était une espèce de sous-marin de poche ou mieux, de torpille humaine qui connut son heure de gloire à Alexandrie.

       Restons dans la marine. Sur les voiliers de la Royale, la « marmotte » était un baril conservant en permanence une mèche allumée. Un « marsouin » est un soldat de marine française et une « mouche d'escadre » un rapide et léger navire de reconnaissance.

       En fortification, une caponnière[5], autrement dit un « poulailler », se disait aussi un « moineau ». On reste perplexe.

       En argot latin, le légionnaire, écrasé sous le poids de ses impedimenta, était appelé un « mulet de Marius ». La « muscule », le petit rat, était un engin de siège, sorte de grand mantelet incliné, protégeant les assiégeants. Les Romains, toujours, disposaient d' « onagres », ânes sauvages, énormes balistes.

       Faisons un bond dans le temps. Le « Mosquito », alias le moustique, fut un excellent bimoteur anglais en bois, et le sauvage « Mustang » un remarquable chasseur US. Quant au « milan », c'est un engin balistique antichar.

       Et que de « nids » ! « Nid de pie », tout en haut d'un mât de voilier. « Nid de mitrailleuses », « nid de résistance », « nid d'espions », ...

Dans la langue du bidasse, l' « ours » était la salle de police. Son rejeton, l' « ourson », fut la coiffure des grenadiers à la Belle-Epoque. Il est encore porté par les gendarmes à cheval de l'escorte royale.

       « Panthère », en allemand « Panther », fut un char de la Wehrmacht, cousin du « Tigre » et du « Super-Tigre ».

       Pas et pied. Le « pas d'âne » est une garde d'épée. Le « pas de souris » un escalier reliant diverses parties d'un ouvrage fortifié. N'oublions pas le grotesque « pas de l'oie », aussi apprécié Place Rouge qu'il le fit jadis Unter der Linden. Le « pied de biche » servait à tendre une arbalète et le « pied de vache » était la crosse d'un fusil français du XVIIIe siècle.

       « Peau de lapin » disait-on d'un marin puni, d'un disciplinaire de la marine. Le « perdreau » lançait des pierres au Moyen-âge et des bombes aux XVIIe et XVIIIe siècles. En outre, on appelait « perdreau » une grenade double et ramée lancée par un petit mortier. Enfin, un quartier de cavalerie, un cheval de selle était un « poulet ». Quelle honte !

       « Prendre un rat » se disait d'une arme enrayée. Un « rat du désert » était un soldat de la 8ème Armée britannique en Afrique auquel son vieil ennemi le « renard du désert », le maréchal Rommel, en fit voir de toutes les couleurs.

       Un « sabot » garnissait la base d'une lance de cavalerie tandis que le « sabot d'enrayage » était un patin sous la roue d'un affût de canon, et un « sabot de projectile » une pièce de bois entre une gargousse[6] et un boulet.

       La modeste « sardine » orne la manche des caporaux et des sergents.

       Une « sauterelle » était une arbalète lance-grenades et le « scorpion » une formidable baliste lanceuse de traits ou un fléau d'armes.

       Les poilus mangeaient du « singe » tout en suivant le vol des « Taubes », les pigeons en allemand.

       Mais qui m'apprendra ce qu'était un « singe à poudre » ?

       Dans le jargon du renseignement, la « taupe » est un espion inactif, tenu en réserve dans un pays étranger. Mais le mot, par dérivation, a donné « taupin » : sapeur-mineur, poseur de mines, élève en préparatoire de polytechnique, franc-archer... On a le choix. Un « taupier » était un mortier.

       Tête. « Tête de chat » lançait des bombes incendiaires et « tête de veau » désignait un soldat des compagnies disciplinaires.

La « torpille » est un poisson plat redoutable, armé d'une puissante décharge électrique. Il a donné son nom à de terribles engins sous-marins ou aériens.

       En réunissant leurs boucliers, les Romains formaient un toit protecteur, une « tortue ». Le même mot s'appliquait à une tour mobile sur roues, du genre hélépole[7].



       Enfin, la « truie » disgracieuse est la marraine d'un autre abri avec bélier et catapulte.

       Arrêtons cette revue des effectifs. Est-elle complète ? Que nenni ! mais qui ne sait se borner ne sut jamais écrire ...

André Collard (C.R.A.B.(e)

Extrait du « Souviens-toi »

NB : C.R.A.B. signifie Centre de recrutement de l'armée belge

JOURNAL DE RAYMOND DE BOURNONVILLE.

Encore un beau document transmis par une cousine (merci cousine). C'est le journal personnel de Raymond de Bournonville habitant Ougrée à l'époque. Il relate jour après jour son évacuation jusqu'au 16 juin1940.

Vendredi 10 mai : A 5 h ½ du matin, réveillé au son des sirènes, une douzaine d'avions allemands survolent Ougrée. Les écoles sont fermées. La Belgique, la Hollande et le Grand Duché de Luxembourg entrent en guerre. Obligé de partir pour Lobbes. Quitté Ougrée à 13 h 47. Arrivé à Lobbes à 21 h 30 où nous couchons dans une école.

Samedi 11 mai : Eveillé à 4 h du matin. Quitté Lobbes vers 13 heures. Arrivé à Mont-sainte- Geneviève (petit village) vers 16 heures. Très bien installé dans une ferme chez Rossens.

Dimanche 12 mai : Bienheureux jour ! Après-midi, je retrouve parrain, marraine, tante Jeanne avec la famille Steiman.

Lundi 13 mai : Toujours sans nouvelles de papa et maman.

Mardi 14 mai : revu M et Mme Hamels en voiture. Obligé de quitter Mont-sainte-Geneviève vers 11 heures. Mangé à Binche. Arrivé à Habay vers 18 h 30. Couché à la belle étoile.

Mercredi 15 mai : Traversé frontière française à 19 h 15. Un petit peu avant d'arriver à Maubeuge, retrouvé oncle Victor, tante Mariette et Yvonne. Peu avant Berlaimont, chaude alerte et mitraillé par les Allemands. Arrivé à Berlaimont à 19 h 30. Couché à la belle étoile.

Jeudi 16 mai : Je pleure en pensant à mes parents que je n'ai plus revus. Quitté Berlaimont vers 8 heures. Sur le chemin de Locquignol, rencontré M, Mme Putz et Marie-Jeanne. Bombardé et mitraillé par l'aviation allemande, des bombes incendiaires tombent dans le bois. Les autorités nous réquisitionnent pour l'éteindre, alors je fais comme les autres. Arrivé à Hecques à 20 heures. Logé dans le grenier d'une maison. Rencontré là des gens d'Ougrée, M. Lamoline et son frère.

Vendredi 17 mai : Quitté Hecques à 6 h 30. Arrivé à Solesme vers 10 h 15 (bombardement). Arrivé à Cambrai à 16 heures. Perdu Paul Roosels et Hubert Hamels. Fait une partie de la route dans l'auto du maire de Saint-Hilaire. Mes pauvres parents, où êtes-vous ? Moi, cette nuit, je dors dans un abri.

Samedi 18 mai : Parti de Cambrai à 7 h 15. Arrivé à Gouzeaucourt à 16 heures. Là, plus de renseignements. Le service des évacués est en débandade. Où aller ? Nous revenons à Gonnelieu pour dormir dans une grange.

Dimanche 19 mai : Ayant rencontré des troupes allemandes, impossible d'avancer. Nous revenons sur nos pas jusque Villers Guislain. Là, nous trouvons une ferme abandonnée dont on nous donne la garde en échange d'y coucher et d'y manger. Bientôt, je tombe malade, je suis soigné par une bien brave femme, Mme Bartoletti. Où êtes-vous, papa, maman ? Je pense à vous !

Lundi 20 mai : Toujours malade. Nous faisons enfin un délicieux repas: lapin, frites.

Mardi 21 mai : Je vais légèrement mieux. Aujourd'hui, c'est moi le cuistot. Déjeuner: chocolat avec les biscuits qui nous restent. A midi : compote à la rhubarbe. Après-midi, ayant trop présumé de mes forces, je retombe malade et 39,5° de température ! Ma pauvre maman, si tu me voyais, que dirais-tu ? Et ici, il faut que cela passe tout seul, je prie et j'espère.

Mercredi 22 mai : Le matin, je vais mieux, je n'ai plus tant de fièvre. Je ne déjeune pas. A midi, je mange un peu de soupe que Mme Bartoletti ... Soir : soupe puis crème. Je prie pour que Dieu nous réunisse bientôt, mes chers parents, je prie beaucoup et je suis sûr que Dieu nous accordera ce que je lui demande pour nous.

Jeudi 23 mai : Je reste au lit jusqu'à midi puis; dégouté, je me lève; miracle, je vais mieux. Ma petite maman, mon petit papa, je pense à vous toute la journée, je vous aime et vous aimerai toujours. Vous me manquez beaucoup, voilà déjà treize jours que je ne vous embrasse plus, en principe, car je vous embrasse souvent sur la photo que j'ai emportée. Lorsque j'ai des idées noires, vite, je la tire de mon portefeuille, et alors, que vois-je ? Une belle famille unie comme elle le sera à l'armistice ou même le plus tôt possible. Moi aussi je vous manque n'est-ce-pas ? Bah ! On sera tous réunis, vous verrez ! Car si votre corps est loin de moi, je sens que votre esprit, que votre pensée ne me quittent pas et de loin, vous veillez sur votre grand jeune homme. Des parents du propriétaire de la maison où nous sommes arrivent le soir pour coucher.

Vendredi 24 mai : Aujourd'hui, je me sens très faible, mais je n'ai plus de température. Je suis soigné par M. Crombez père qui est pharmacien et par une dame qui est garde-malade. Je n'ai pas beaucoup dormi la nuit et j'ai eu des coliques. A midi, je mange du bouillon et un peu de poulet. Vers 15 heures, la fièvre me reprend : 38,1°. A 19 heures: 37,7°. Si tu me voyais ma petite maman, que dirais-tu ? Toi qui me mets toujours aux petits soins, et toi aussi papa. Aussi vous ne saurez toutes ces petites misères qu'à l'armistice. A 20 h 45 : 37,2°. Je me sens légèrement mieux.

Samedi 25 mai : Les parents de M. Crombez sont partis vers 6 h 30. J'ai passé une très bonne nuit. J'ai dormi du soir au matin. Maintenant je suis encore faible. A 7 h 30 : 36,8°. A 10 h 15 : 37°. Obligé de quitter la maison Crombez. Je vais m'installer chez Mme Bartoletti où je suis reçu bras ouverts. Marcel Evrard et Marcel Jeanhy, mes deux compagnons d'infortune me quittent hier et ne reviennent plus. Où sont-ils ? Mystère ! Me voilà seul, mais en de bonnes mains, celles de Mme Bartoletti et ... à la grâce de Dieu. Je pense toute la journée à vous, papa, maman. Je pense que l'on se reverra bientôt !

Dimanche 26 mai : Toujours dérangé. Je me sens faible, très faible ! Ce qui me fait beaucoup de peine, c'est de ne pouvoir aller à messe, M. le curé étant parti. Enfin, je dis mon chapelet tous les jours pour que le bon Dieu et la Sainte Vierge nous réunissent bientôt, mes chers parents. Ce jour, je crois que je serai fou de joie. Comment est notre petite maison, vos affaires, les miennes ? Enfin, si on a tous la vie sauve, on fera le sacrifice du reste. Pendant toute l'après-midi, on entend la canonnade du côté d'Arras.

Lundi 27 mai : Passé une très bonne nuit. Le matin, je me sens légèrement mieux. Mais j'ai toujours la diarrhée. Ça fait huit jours que je coule. Alors ? J'ai assez bien mangé. Malheureusement, quel pain nous avons ! Il est à ne pas donner à des bêtes. Heureusement que le beurre, les œufs et le lait ne manquent pas. Et puis on remonte le moral d'un coup de (? illisible). Mes chers parents, je pense toujours à vous et je prie beaucoup pour que nous soyons réunis le plus tôt possible.

Mardi 28 mai : J'ai passé une assez bonne nuit. Aujourd'hui matin, il me va mieux. Je ne me sens plus si faible, serait-ce enfin la fin ? Après dîner, mes coliques cessent quelque peu. Pour goûter, je mange quatre crêpes, ces friandises me semblent bien délicieuses. Il est vrai que je n'ai plus eu aucune douceur depuis presque trois semaines. Où êtes-vous, mes parents chéris ? Quand vais-je donc vous revoir ?

Mercredi 29 mai : J'ai eu assez difficile à m'endormir car j'ai eu mal à l'estomac. Je ne me rappelle pourtant pas avoir mangé quelque chose de contraire. Le matin, je fais moi-même mon chocolat. Je pense toujours à vous, mes chers parents. Mais où êtes-vous ?

Jeudi 30 mai : J'ai passé une assez mauvaise nuit. Le matin, j'ai eu mal à l'estomac. Maintenant, c'est passé. J'apprends que je peux retourner en Belgique. J'attends la confirmation de cette nouvelle. Je crois, mes chers parents, que le bon Dieu va nous réunir bientôt. Quel bonheur !

Vendredi 31 mai : je me sens très bien le matin, mes malaises ont disparu. Allé à l' heures à la kommandantur, le commandant n'étant pas là, l'interprète me dit de revenir à 17 h. A 17 heures, plus de succès, je vois le commandant qui me confirme la nouvelle selon laquelle je puis partir quand je veux pour la Belgique. Il me dit de retourner demain à 10 heures pour obtenir de plus amples renseignements. Quel bonheur, enfin je vais bien sûr vous revoir, mes chers parents. Mes prières ont été exaucées. Merci Seigneur ! Fait connaissance de M. Gouverneur, un bien brave homme qui se donne bien du mal pour moi pour m'obtenir les renseignements nécessaires.

A partir d'aujourd'hui, nous avons l'heure allemande.

Samedi 1er juin : Allé trouver le commandant à 10 h 30. Je peux obtenir mon papier pour rentrer en Belgique quand je veux. Je décide de partir mardi 4 juin. Que Dieu tout puissant et la Ste Vierge Marie me protègent sur la route. Je n'ai pas beaucoup dormi pendant la nuit. Aujourd'hui matin, je me sens très bien ; encore un jour ou deux et je serai complètement guéri. Alors en route pour Ougrée et la réunion de la famille car j'espère bien vous retrouver bientôt mes chers parents. Je commence à me préparer pour le long voyage de retour. Comme je ne sais pas si les voies de communication sont rétablies oui ou non, je crois qu'il me faudra faire le voyage à pied ou du moins en grande partie.

Journée du Souvenir et de la Citoyenneté

Dimanche 8 novembre 2015

 

  RAPPEL

 

Au Château d'Oupeye:

- 10h00 : Conférence gratuite : par M. Dujardin.

Aux Ateliers du Château :

- 11h45: Allocutions protocolaires et vin d'honneur

- Buffet du Chef sur réservation et paiement préalable : 25€/pers.

 

Inscription indispensable tant à la conférence qu'au buffet

 

Contact: 04/267 07 05 - relations.publigues@oupeye.be

                                                                                                     



[1] Canon des XVe et XVIe siècles qui se chargeait par la culasse

[2] Corbeau

[3] Arme blanche dont le fer est emmanché au bout d'une longue hampe

[4] Brosse cylindrique à manche pour nettoyer le canon d'une arme à feu

[5] Petit ouvrage dont les armes flanquent les fossés d'une place forte.

[6] Enveloppe contenant la charge de poudre destinée à la propulsion du projectile d'une bouche à feu

[7] Machine de siège romaine permettant d'être à la hauteur des murailles.



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