Maison du Souvenir

Le message du C.A.P.O.R.A.L.

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Le Message du C.A.P.O.R.A.L.

NOVEMBRE 2014

« C.A.P.O.R.A.L. » signifie: Comité des Associations Patriotiques d’Oupeye pour le Regroupement des Activités Locales.


Toute la troupe salue les spectateurs

Enorme succès pour la représentation mettant en scène les événements qui se sont déroulés à

Oupeye en août 1914. Félicitations à tous les participants.

Ce samedi l3 septembre à Heure-le-Romain est à graver dans les annales de notre commune...

Cérémonies du 11 novembre 2014

Ces cérémonies se dérouleront le mercredi 12 selon l'horaire suivant:

08 h 45 : Hermée

09 h 15 : Heure-le-Romain

09 h 45 : Houtain

10 h 15 : Haccourt

10 h 45 : Hermalle

11 h 15 : Vivegnis

11 h 45 : Oupeye

12 h 00 : Célébration de la messe du Souvenir en l'église Saint-Martin d'Oupeye suivie du vin d'honneur de circonstance en la salle des mariages du Château d'Oupeye

Editeur responsable: M. Hubert Smeyers, rue du Rouwa, 10, 4682 OUPEYE

Le mot du Secrétaire patriotique

Editorial de novembre 2014


       Alors que la St Sylvestre et 2015 se profilent déjà à l'horizon, nous aurons encore d'ici là l'occasion de nous rassembler pour commémorer l'armistice de la grande guerre, cette « drôle de guerre » déclenchée il y a juste 100 ans et qui continue à donner lieu à diverses manifestations patriotiques comme la commémoration de la Bataille de l'Yser qui se déroula ce 28 octobre.

       Après plus de 4 années de combats héroïques, durant lesquels nos vaillants soldats réussirent à contrer l'ennemi pourtant plus fort en nombre et en armement, arrivait enfin ce jour tant attendu : le 11 novembre 1918 qui sonnait le glas des envahisseurs et marquait le retour à une paix retrouvée au prix de lourds sacrifices.

       Cet armistice, comme ce fut déjà le cas l'an dernier, nous le commémorerons avec un jour de retard pour permettre à toutes nos écoles, jour férié oblige, de participer à cet évènement. C'est donc tout naturellement qu'il me faut remercier Monsieur le Bourgmestre et ses échevins d'avoir accepté ce décalage et ainsi permettre l'implication de nos plus jeunes, eux qui se doivent d'être et continuer d'être nos passeurs de mémoire.

       Ce 12 novembre, et suivant un programme bien établi à consulter dans ce périodique, nous irons donc nous recueillir sur le monument principal de chaque entité et rendre ainsi hommage à tous les nôtres tombés durant les deux conflits mondiaux, eux dont les noms sont gravés dans la pierre pour qu'on ne les oublie jamais.

       Je serais incomplet si après cette projection sur un futur proche, je ne faisais pas un retour sur un passé récent et plus particulièrement sur la journée des retrouvailles qui, le 5 octobre, connut un franc succès en rassemblant plus de 60 participants (auxquels malheureusement, et pour raisons médicales, je n'ai pu m'associer).

       J'ajouterais tout simplement : merci Mme DIET, merci Mr BROLET et merci à tous ceux qui se dévouèrent pour la circonstance.

Il ne me reste plus, chers lecteurs, qu'à vous dire à l'année prochaine et, même si cela peut paraître bien prématuré, vous souhaiter à tous mes meilleurs vœux de bonheur, santé et prospérité pour l'année 2015.

Charles DEVOS

Lt-Col Hre

Le Colonel de Thierry[1], 35 ans au service de la Belgique,

de la France, et des Pays-Bas

L'histoire de l'un de nos concitoyens a franchi nos frontières. Le Colonel honoraire Baux a en effet réalisé un très beau travail au sujet du Colonel de Thierry, enterré dans le cimetière de Hermalle, paru dans la revue « LE MERITE », Organe officiel de l'Association nationale des membres de l'ordre national du mérite (français bien sûr). En voici la reproduction, autorisée par son auteur.

Qu’il en soit remercié :

Mémoire

Par Jean-Pierre Baux*, compagnon du Val-de-Marne


       C'est en bon connaisseur de l'histoire de mon pays que le colonel Jean-Pierre Baux relate avec élégance la carrière de l'officier d'élite que fut Charles-Ferdinand de Thierry. Une carrière brillante, très représentative du parcours, parfois malaisé moralement, des officiers issus des provinces belges, qui servirent avec honneur et bravoure les puissances dominantes successives, et la France en particulier, jusqu'à la création en 1830 du Royaume de Belgique.

       Je suis certain que ce récit passionnant contribuera à mieux faire connaître et comprendre de nos amis français leur petit voisin septentrional microcosme de l'Europe par sa complexité qui, après en avoir été maintes fois le champ de bataille, peut s'enorgueillir d'abriter aujourd'hui la principale capitale institutionnelle de l'Union Européenne

                                                        Signé : Baron Henri Beyens

                                                        Ambassadeur honoraire de Sa Majesté le Roi des Belges

       Les hommes qui sont nés à la fin de l'ancien régime et dans les premières années de la République ont vécu des épreuves surhumaines et connu, pour certains, des destins exceptionnels. On oublie souvent aujourd'hui que beaucoup de ces hommes étaient nés sur des terres devenues françaises du fait des guerres victorieuses de la Révolution et de l'Empire. Les citoyens de la France des cent trente départements la servirent avec courage et dévouement. C'est le cas de ceux qui étaient originaires des provinces qui constituent aujourd'hui la Belgique et notamment de Charles-Ferdinand de Thierry, né sujet des Habsbourg, qui devient successivement Français en 1795, citoyen des Pays-Bas en 1815 et enfin citoyen Belge en 1831.


Arrivée du 1er peloton – du détachement du 1er Lanciers. (Photo Lem)

       On connaît mal en France l'histoire de la Belgique, ce pays voisin et ami, et moins encore le destin de ses habitants qui furent nos compatriotes pendant vingt ans, de 1795 à 1814.

       La vie du colonel de Thierry illustre le destin de ces hommes, ballotés par des évènements qui les dépassaient et contraints à des fidélités successives qui posèrent à ces hommes d'honneur de graves problèmes de conscience. Les évènements qui touchèrent son pays natal le conduisirent donc à servir successivement avec courage, honneur et distinction, la France, les Pays-Bas et la Belgique.

       Le souvenir de cet officier supérieur a été honoré le 25 mai 2012 à Hermalle-sous-Argenteau, commune d'Oupeye, région Wallonne, province de Liège, par une très belle cérémonie rehaussée par la présence de deux pelotons du 1/3 Lanciers, de l'étendard du 1er Lanciers qui fut remis au colonel de Thierry par le Roi Léopold 1er ainsi que de deux lanciers vêtus de l'uniforme d'époque ! avec lances et oriflammes ce qui a donné un cachet supplémentaire à cette manifestation,

Au service de la France : le temps des combats

       Charles-Ferdinand de Thierry nait le 14 mars 1788 à Neufchâteau, cité des Pays-Bas autrichiens dans la province de Liège. C'est le fils de Jacques de Thierry, issu d'une famille de bonne noblesse de Neufchâteau[2] et de Louise Julienne d'Omalius, originaire de Maastricht[3]. La Révolution françaises amène la famille à quitter Neufchâteau et à s'installer, très probablement, en Basse-Meuse à proximité de Maastricht.

       Sa province devient française alors qu'il a tout juste 7 ans et il vivra à l'ombre du drapeau tricolore sous les différents régimes[4] qui se succèdent jusqu'à la chute de l'Empire en 1814. Il a 16 ans en 1804 quand est proclamé l'Empire et sa jeunesse est rythmée par les exploits des armées révolutionnaires puis impériales.

Aussi, dès l'âge de 18 ans, le 30 mars 1806, le jeune Charles-Ferdinand s'engage-t-il comme chasseur de 2ème classe aux vélites des Chasseurs à cheval de la Garde impériale. Sous-lieutenant au 5ème Hussards en 1811, il est capitaine en 18l3. Il participe à toutes les campagnes de l'Empire et sert notamment en Prusse et en Pologne en 1806-1807, à Naples puis en Espagne en 1808, en Autriche en 1809. Il effectue la campagne de Russie en 1812, celle d'Allemagne en 1813 et enfin celle de France en 1814. Il est blessé cinq fois: un coup de sabre à la bataille d'Eylau, un coup de feu en Italie, un autre coup de sabre en Espagne ainsi que des coups de lance et un dernier coup de sabre devant Vitebsk pendant la campagne de Russie.


Accueil de l’Etendard du 1er Lanciers. (Photo Lem)

       L'invasion des alliés qui occupent Paris entraine le retour de Louis XVIII et les adieux de Napoléon à Fontainebleau. Négocié habilement par Talleyrand qui joue des dissensions des alliés, le traité de Paris ramène la France à ses frontières de 1789. Aussi, informé des dispositions du traité de Paris relatives à son pays natal qui devient une province du Royaume des Pays-Bas, le rejoint-il fin 1814.

Au service des Pays-Bas : le temps des cas de conscience

       La capitaine de Thierry passe le 13 décembre 1814, au service du Roi des Pays-Bas auquel il prête serment. Il est alors, selon le terme employé à l'époque, « démissionné » de l'armée française sur sa demande. Il rejoint alors le 8ème régiment du Hussards, unité composée presque entièrement de compatriotes belges[5]. Le colonel Salpeteur, auteur d'une biographie qui fait autorité, précise que « Rien n'indique qu'il fut présent à Waterloo, sans doute les cadres des escadrons de guerre étaient-ils complets » Si tel est le cas, on peut imaginer qu'il fut soulagé de ne pas avoir à lutter contre ses anciens compagnons d'arme[6]. Un ouvrage du général Renard[7] rappelle en effet que les Belges, en 1815, ne se battaient pas pour une cause exaltante « Etait-ce pour l'indépendance de la patrie ? Non, car leurs vœux à ce sujet avaient été déçus : cette indépendance, l'Angleterre elle-même venait de la leur ravir, pour river le sort de leurs belles provinces à un Etat qu'elles avaient appris à haïr et dont, depuis, deux siècles, elles n'avaient reçu que des affronts ou de mauvais procédés. » et « Vu les conditions dans lesquelles les troupes belges eurent à prendre part à la campagne : organisation imparfaite et précipitée, indifférence pour la cause que l'on défendait, et chez quelques-uns même, des vœux pour l'armée rivale, on aurait pu s'attendre à des fuites ou des défections, ce qui n'eut pas lieu ». Renard poursuivit « Les Belges restèrent fidèles à l'honneur militaire et au drapeau. Et s'ils le furent, c'est dû au corps des officiers : presque tous (les officiers) étaient des hommes d'élite : un grand nombre portaient sur la poitrine la croix des braves, gagnée sur les champs de bataille de la République et de l'Empire ».


Le Colonel BEM Jean-Paul Deconinck passe le détachement en revue. (Photo Lem)

       Quoiqu'il en soit, Charles-Ferdinand de Thierry poursuit une honorable carrière dans l'armée des Pays-Bas. En 1826, il est major au 4ème régiment des Dragons-légers. C'est avec ce régiment, spécifiquement hollandais qu'il se trouve à Bruxelles pour le maintien de l'ordre dans la seconde moitié de septembre 1830. Il y reçoit sa sixième blessure.

       Le colonel Salpeteur, précité, indique « On ne peut lui reprocher, à mon sens, de s'être trouvé à Bruxelles où ce régiment avait été envoyé rétablir l'ordre dans les provinces du sud. Il justifie ce jugement par cette citation[8]. « Les prodromes de la Révolution n'avaient pas eu un tel accent d'impérieuse nécessité que les officiers belges de carrière y pussent voir un évènement prévisible et inéluctable abolissant en droit le serment prêté au Roi des Pays-Bas. Plus significatif encore d'un certain état d'âme est le cas d'un officier dont le nom est lié aux annales de l'Armée naissante : Capiaumont.

       Blessé dans les rangs hollandais à Bruxelles, il écrira en 1865, devenu général belge. Ma conduite en 1830 est connue, et la révolte n'a pas gagné un pouce de terrain là où je me trouvais. Mais aussi je fus le seul qui a fait tirer sur les factieux plutôt que de laisser insulter ma cocarde ».

       Conscient des problèmes de conscience vécus pas ses officiers des Pays-Bas du sud, le Roi des Pays-Bas délie en octobre 1830 les officiers belges de leur serment. C'est alors que Charles-Ferdinand de Thierry passe au service de la Belgique.

Au service de la Belgique

       Nommé lieutenant-colonel, Charles-Ferdinand de Thierry est d'abord affecté à la Gendarmerie Royale belge qui s'organise sous l'impulsion du colonel Louis G. M. Brixhe[9]. Ce dernier le juge très favorablement ce qui lui vaut de prendre en septembre 1831, avec le grade de colonel, le commandement du 1er régiment de Lanciers, qui s'était très bien comporté pendant ce que l'on a appelé « la campagne des dix jours » en août 1830[10] et avait obtenu les félicitations du Roi. Il reçoit l'étendard du régiment à Malines des mains du Roi Léopold 1er le 3 janvier 1832. Il commande ce prestigieux régiment pendant sept ans jusqu'à sa retraite en 1838.


Les porte-drapeaux au garde à vous. (Photo Lem)

       L'exercice de son commandement ne fut pas chose facile. D'une part le régiment, du moins les premières années, manquait de cohésion malgré sa belle attitude au feu. Le colonel Salpeteur explique cette déficience par la « Nostalgie du régiment batave, jalousies créées par des promotions inconsidérées, infiltrations dans le corps d'officiers d'aventuriers dont le Gouvernement provisoire n'avait pu éclaircir suffisamment les antécédents ».

D'autre part, l'Armée belge reste sur pied de guerre face à la Hollande hostile jusqu'en 1839 ce qui impose souvent l'éclatement du régiment en avant-postes par escadron à la frontière.

       Les circonstances l'amènent donc à commander fermement et à mettre plus d'une fois sa démission en balance soit pour défendre ses décisions, soit pour défendre ses subordonnés. Toussaint Pirotte, précité, rapporte à ce propos l'anecdote suivante : en juin 1833, chef de corps du 1er Lanciers depuis deux ans et demi, il refuse à l'un de ses sous-lieutenants un congé. Cet officier, en court-circuitant la voie hiérarchique, s'adresse alors au ministre de la guerre qui accorde le congé sollicité. Le colonel de Thierry s'adresse alors au ministre par la voie hiérarchique, lui, pour lui faire savoir que son ordre avait été exécuté. Mais il ajoute : « j'ai aussi l 'honneur de vous représenter que puisqu'aucune observation ne peut être prise « en considération de la part d'un chef de corps qui connaît ses officiers et qu'un sous-lieutenant peut le braver avec succès en s'adressant après refus, directement au Département de la Guerre sans passer par la voie hiérarchique, ce chef de corps ne peut, sans se déshonorer et sans encourir les plus funestes conséquences, rester au commandement ...



Le Député-Bourgmestre Mauro Lenzini entouré du Général Yvon Brunin, du Président de Cérémonie et du Président de la Fraternelle du 1er Lanciers. (Photo Lem)

Chaque fois que je refuserai quelque chose qui ne me paraîtra pas dans l'intérêt du service, la marche est tracée pour donner tort au colonel... J'ai l 'honneur, Monsieur le Ministre, de vous demander de bien vouloir me placer en disponibilité en attendant ma retraite ».

       Le colonel de Thierry fut chaudement défendu par ses supérieurs : le sous-lieutenant fut déplacé et de Thierry resta à la tête de son régiment. La durée de son commandement montre que son caractère fut sans nul doute apprécié en haut lieu.

       Ses mérites sont particulièrement reconnus en 1833. La Légion d'honneur qui lui est attribuée par Louis Philippe, Roi des Français, récompense certes ses beaux services comme officier de gendarmerie pendant la campagne menée en commun avec l'armée française en 1831 mais aussi celles menées pendant plus de 10 ans avec l'armée impériale. Il est nommé la même année chevalier de l'Ordre militaire de Léopold.

       Le colonel Charles-Ferdinand de Thierry se retire en 1838 à Hermalle-sous-Argenteau où il décède le 9 février 1842. Sa tombe où repose également son épouse, née Augustine Perennet du Battu, morte en 1853, est découverte en 1969 par Raoul Chevalier, membre de la Fraternelle 40/45 du 1er Lanciers.


Les élèves de l’école communale de Hermalle. (Photo Lem)

       Le colonel Salpeteur, précité, nous apprend que ce dernier « S'arrêta devant une tombe, quasiment abandonnée, dont la stèle retint son attention. Sculptée en bas-relief, elle présentait un schapska du 1er Lancier accompagné d'un sabre et de deux décorations.

       L'inscription, également taillée, lui apprit qu'il s'agissait de Charles-Ferdinand de Thierry, colonel au 1er régiment de lanciers, décédé à Hermalle-sous-Argenteau le 9 février 1842. La Fraternelle fut alertée. Sous l'impulsion du Président de l'époque, Eugène Proost, l'assemblée générale annuelle fut organisée avec hommage à la mémoire de notre ancien. La relation parue dans la presse liégeoise permit à une descendante du colonel, Mlle Body de Clermont, habitant Liège de se faire connaître. Elle offrit à notre président un sabre à charge pour lui de le remettre au régiment ».

       Honoré et reconnu en Belgique pour l'ensemble de sa carrière militaire, il a semblé opportun que sa vie soit aussi connue en France dont il a jusqu'au bout défendu les couleurs et porté, comme commandant de l'un des plus beaux régiments de cavalerie belge, les insignes de la Légion d'honneur.


Les enfants désignés pour porter les gerbes de fleurs. (Photo Lem)

Quelques rappels historiques

       Des Pays-Bas autrichiens à la Belgique.

       La frontière actuelle entre la France et la Belgique est à peu près dessinée par le traité des Pyrénées (1659) entre la France et l'Espagne. Au traité d'Utrecht, en 1713, les Pays-Bas du sud, l'actuelle Belgique, reviennent aux Habsbourg d'Autriche mais restent un Etat fédéral d'une dizaine de provinces semi-autonomes.

       En 1789, les réformes centralisatrices que veut imposer le nouveau souverain, Joseph II, conduisent à l'insurrection. Le soulèvement, connu sous le nom de Révolution brabançonne, donne lieu, après la défaite des troupes autrichiennes à Turnhout, à la proclamation d'indépendance des différents Etats constituant les Pays-Bas autrichiens qui deviennent le 11 janvier 1790 la République des Etats-Belgique-Unis. La discorde entre les partis catholique et libéral favorise le retour des troupes autrichiennes dès octobre de la même année mais pour peu de temps car les armées de la 1ère République française envahissent le pays qui est annexé dans sa totalité. La France unifie pour la première fois la principauté de Liège et les Pays-Bas du sud administrativement découpés en départements. Dès lors, ce qui deviendra la Belgique va suivre pendant vingt ans le destin de la France sous la République puis l'Empire.

       En 1814, à la chute de l'Empire, le souverain des Pays-Bas, Guillaume 1er  d'Orange, hâte la réunion projetée de la Belgique et de la Hollande et le 16 mars 1815, se fait proclamer par les Etats Généraux « Roi des Pays-Bas et Grand-Duc du Luxembourg ». Dans sa proclamation, « Portant déclaration que tous les pays qui sont sous gouvernement forment le Royaume des Pays-Bas », Guillaume rappelle que ce sont les puissances assemblées au congrès de Vienne qui se prononcent pour la réunion de la Hollande et de la Belgique.


Dépôt de la gerbe de la commune d’Oupeye par Monsieur le Député-Bourgmestre et Monsieur L’Echevin des Associations Patriotiques. (Photo Lem)

       Après Waterloo, les alliés confirment au congrès de Vienne la reconstitution des anciens Pays-Bas réunissant les territoires des Pays-Bas autrichiens, future Belgique, à ceux des anciennes Provinces-Unies, les Pays-Bas du nord, pour constituer un Etat tampon au nord de la France. Guillaume 1er des Pays-Bas est placé à sa tête. Toutefois, la majeure partie de la population de la future Belgique, catholique, est très hostile à la Maison d'Orange et à la fusion avec un Etat majoritairement protestant. Des raisons religieuses mais aussi économiques ainsi que l'autoritarisme du gouvernement conduisent au soulèvement des Pays-Bas du sud à l'occasion de la vague de révolutions en Europe qui prend naissance en juillet 1830 à Paris. Bruxelles s'insurge le 25 août et un gouvernement provisoire proclame l'indépendance de la Belgique.

       Les grandes puissances européennes réunies en novembre à la conférence de Londres reconnaissent le 20 décembre la séparation de la Belgique et de la Hollande et proclament le 20 janvier 1831, la neutralité du nouvel Etat belge. La couronne d'abord proposée par le Congrès national au Duc de Nemours, fils de Louis-Philippe qui la refuse craignant des réactions anglaises, est alors offerte à Léopold de Saxe-Cobourg Gotha, qui devient Roi de Belgique sous le nom de Léopold 1er. La Hollande refuse toutefois de reconnaître le Royaume belge et reprend les armes. Une intervention franco-anglaise est nécessaire pour amener la chute de la citadelle d'Anvers qui tombe aux mains des Belges en décembre 1832. Il faut toutefois attendre le 18 avril 1839 pour que soit signé à Londres le traité définitif entre la Hollande et la Belgique reconnaissant l'indépendance du Royaume belge.

Le 1er régiment de Lanciers

       Formé le 24 octobre 1830 avec des militaires belges de trois régiments du royaume des Pays-Bas, il est engerbé dans l'armée de l'Escaut en août 1831, il connait le baptême du feu à l'occasion de la « campagne des dix jours » contre les hollandais où il se distingue.


Le Lieutenant-Colonel BEM Marc Semal et les enfants s’apprêtent à déposer . (Photo Lem)

       Toussaint Pirotte rappelle que « l'un de ses escadrons fut attaché à l'avant-garde qui livra la bataille de Boutersem et, le 12 août, trois escadrons protégèrent la retraite de l'Armée de l'Escaut, de Boutersem jusqu'au-delà de Louvain. A l'issue de ce même jour, Léopold 1er passe devant le 1er Lanciers rangé en bataille et dit, tourné vers l'Etat-major : « Si tout le monde s'était conduit comme le colonel du 1er Lanciers et son régiment, nous n'en serions pas réduis à la situation actuelle ». Le souverain remet le 3 janvier 1832 l'étendard du 1er Lanciers au colonel de Thierry. Le régiment participe ensuite à la surveillance de la frontière hollandaise. Le régiment est mobilisé sur pied de guerre en 1870 à l'occasion de la guerre franco-allemande. Il tient garnison après la guerre à Namur qu'il quitte le 1er août 1914 pour entrer en guerre. Le régiment se distingue sous les murs de Namur dont le nom figure sur son étendard, et lors de la retraite qui l'amène sur la rive gauche de l'Yser où il combat le plus souvent à pied à la défense des retranchements. En 1918 le régiment se dédouble pour former avec des renforts cyclistes et motorisés deux groupements légers de reconnaissance qui participent à la reconquête de la Belgique. Pendant l'entre-deux guerres, le 1er Lanciers participe pendant dix ans sans discontinuer à la « Garde au Rhin » avant de s'installer en 1931 à Spa où il est motorisé à partir de 1934 et placé aux ordres du commandant de la position fortifiée de Liège. En 1939, à l'entrée de la guerre de ses deux grands voisins, la Belgique se mobilise et le 1er lancier est à nouveau mis sur pied de guerre. C'est l'un des éléments de renseignement et de surveillance de la position de couverture Canal Albert-Meuse. La percée allemande le 10 mai 1940 entre Houx et Sedan entraine l'Armée Belge à une retraite qui le conduit face à l'Ile de Walcheren puis sur la Lys où il se bat avec acharnement ce qui lui vaut les félicitations du Roi Léopold III et la citation « La Lys ». La campagne du 1er Lanciers se termine le 28 mai et son étendard est caché à l'abbaye de Loppem. Il compte trente morts pendant les 18 jours de campagne, et cinquante autres dans les camps de prisonniers et dans la Résistance. Dès le 6 mai 1946, le 1er Lanciers est recréé et devient le régiment de reconnaissance de la 1ère Division d'Infanterie. Rééquipé avec du matériel américain, il prend ses quartiers à Liège. Son vieil étendard est remis à son chef de corps le 9 novembre 1946 par le ministre. En janvier 1947 il fait mouvement vers Spa et, équipé de tanks Sherman et de M24 Chaffee, devient régiment de chars. C'est dans le cadre du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) qu'en janvier 1952, le 1er Lanciers quitte Spa pour Düren, en Allemagne, où il reçoit ses nouveaux chars M47 Patton. Il aura l'honneur de recevoir le Roi en 1959, le couple royal en 1961. En 1960, le régiment détache un escadron de marche au Rwanda Burundi et participe la même année à la protection des installations sensibles du pays lors de la « Grève du siècle » qui paralyse le pays. Dix ans plus tard, le 1er Lanciers abandonne ses M47 Patton pour des chars Léopard. Il s'enorgueillit de mériter l'appréciation de « Damned best tank battalion of the Nato » à l'issue de manœuvres en 1977.



La tombe du Colonel de Thierry après les dépôts de fleurs. (Photo Lem)

Trois ans plus tard, il regagne la Belgique et prend ses quartiers à Marche-en-Famenne. Les restructurations de l'armée belge après la chute du mur de Berlin amènent la fusion des 1er et 3ème Lanciers qui deviennent 1/3 Lanciers. Ce régiment effectue en quinze ans de multiples opérations extérieures (OPEX) notamment en Croatie, quatre missions de 1992 à 1997, Somalie, deux missions en 1993, Kosovo, cinq missions en 1999-2000 et trois missions en Afghanistan en 2006-2008. Il s'en acquitte à son habitude avec honneur et efficacité.







Références

Le colonel Charles-Ferdinand de Thierry et le premier Lanciers. 2012, Toussaint Pirotte avec la précieuse collaboration du lieutenant-colonel honoraire BEM Willy Brabant. Editions de la Maison du Souvenir d'Oupeye. Un chef de corps du 1er Lanciers par le Colonel (er) J. Salpeteur - Le milieu militaire belge de 1831 à 1914 E. Wanty - Emblèmes et citations des unités, Bruxelles, 1971, de Lecleir L.A. Dictionnaire d'histoire de France, Alain Decaux et André Castelot, Perrin, 1981 - l'Europe, Histoire de ses peuples, Jean-Baptiste Duroselle, Perrin, 1990. Remerciement à la Maison du Souvenir d'Oupeye, pour les illustrations



[1] Un reportage très détaillé et magnifiquement illustré peut être consulté sur le site de la Maison du Souvenir d'Oupeye à l'adresse : Le Colonel Charles-Ferdinand de Thierry mis à l'honneur à Hermalle s/Argenteau.

[2] Il pourrait s'agir du Neufchâteau qui, en 1788, faisait partie du Duché du Luxembourg, devenu département des forêts en 1795, puis Province du Luxembourg et non pas de celui de la Province de Liège. (Source André Pirson).

[3] La ville ne faisait pas partie de la principauté de Liège. C'était un condominium entre le Duc de Brabant et le Prince-évêque de Liège (Source André Pirson).

[4] Directoire, Consultât, Empire.

[5] Les lettres de Goblet, jeune officier tournaisien sortant de l'armée française, montrent que, si ses sentiments de fraternité vont vers la France, il n'en a pas moins une conscience nationale belge, et que l'union avec la Hollande est plutôt perçue comme mariage de raison.

[6] Tel ne fut pas le cas de bien d'autres officiers de l'Empire embrigadés dans la « Légion belge » qui comptait 1700 hommes sur les 4000 des forces du Roi des Pays-Bas.

[7] « Réponse aux allégations anglaises sur la conduite des troupes belges en 1815» Bruxelles, 1855

[8] Le milieu militaire belge de 1831 à 1914. E. Wanty.

[9] Né à Spa le Il novembre 1787, il est issu de l'Ecole Militaire de Fontainebleau. Sa carrière suit un cours parallèle à celle de Charles-Ferdinand de Thierry. Il sert l'empire comme sous-lieutenant, lieutenant et capitaine au 13ème Dragons jusqu'en janvier 1815 où il rejoint l'armée des Pays-Bas comme major. Le 17 octobre 1830, il rallie l'armée belge. Membre de la commission de la guerre le lendemain, il est promu colonel et commandant de la gendarmerie presque aussitôt. Il est placé en disponibilité comme général en 1832 et prend sa retraite en 1835.

[10] Refusant l'indépendance de la Belgique, le Roi Guillaume 1er des Pays-Bas l'envahit le 2 août 1831. Le fort d'Anvers est pris le 4 août et les forces belges sont défaites, notamment à Boutersem où s'illustre le 1er régiment de Lanciers que commandera plus tard le colonel de Thierry. Le 8 Août, le Roi Léopold 1er appelle à l'aide la France, garante avec l'Angleterre de l'indépendance belge. L’Armée néerlandaise évacue la Belgique sauf la citadelle d'Anvers et un cessez le feu intervient le 12 août.



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