Maison du Souvenir

Le message du C.A.P.O.R.A.L. du mois de Novembre 2012

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Le Message du C.A.P.O.R.A.L.

NOVEMBRE 2012

« C.A.P.O.R.A.L. » signifie: Comité des Associations Patriotiques d’Oupeye pour le Regroupement des Activités Locales.

Editeur responsable: M. Laurent Antoine, rue de Hermalle, 131, 4680 OUPEYE


Madame,

Monsieur,

Vous trouverez ci-dessous, Le programme des manifestations organisées à Haccourt à l'occasion du 94ème anniversaire de l'Armistice - ce programme a été établi en concertation avec tous les comités patriotiques Locaux.

Nous vous remercions vivement de venir les rehausser de votre présence.

Dans cette attente, nous vous prions de croire, Madame, Monsieur, en l'expression de notre considération distinguée.

Le Secrétaire communal,  Le Député-Bourgmestre,  L’Echevin des Relations publiques,

P. BLONDEAU                  M. LENZINI                                   L. ANTOINE

Manifestations patriotiques du mois de novembre

Dimanche 11 novembre

  • 8 h 30/8 h 45 : dépôts de fleurs à Hermalle, place G. Froidmont ; à Hermée, rue Haie Martin et place du Carcan ; à Heure, rue François Janssen ; à Houtain, rue de Slins ; à Oupeye, au Château ; à Vivegnis, place Communale ;
  • 9 h 15 : réunion sur le parvis de l’église de Haccourt ;
  • 9 h 30 : office de circonstance en l’église Saint-Hubert ;
  • 10 h 30 : dépôt de fleurs aux monuments de la place Communale puis du Square Pire ;
  • 11 h 15 : école communale – vin d’honneur et discours de circonstance.

La population est, comme de tradition, invitée à pavoiser.

Relation des événements survenus au fort de Battice du 9 mai au 22 mai 1940

(suite)

De nombreux mouvements ennemis semblent se produire dans le fond de Stockis. A notre demande, le fort de Héron y exécute un tir. Les coups tombent trop au nord, nous avisons Héron de notre observation. Coups sur région Chapelle Ste Cécile et Fond de Stockis est épargné.

La nuit arrive sans apporter grand changement dans le déroulement des tirs d'interdiction et d'entretien des destructions.

Cependant le tir sera repris à la demande du fort de Neufchâteau sur le bois de Loo avec coupoles de 120. Dès la nuit tombante, notre PO MN 29 sera attaqué. Cette action restera sans résultat positif pour l’instant grâce à la rapide intervention de nos pièces de 75.

Au cours de la journée, une pièce 120 de la coupole B sud subit une grave avarie : chemise fêlée de la culasse à la volée, ce qui met cette pièce pratiquement hors de service. Aux autres pièces, le chargement se fait à la main, le fonctionnement automatique étant avarié.

Dimanche 12 mai

Au cours de la nuit, le BVII signale que la position des MI A AV du massif semble être occupée par l'ennemi ; l'embrasure de la cloche Nord est presque sous un feu continuel. Nous demandons au fort de Héron un tir contre infanterie sur le massif (cordonnées communiquées). Plusieurs projectiles arrivent près du BVII sur l'alle ...

Dès 5 h30, nous subissons un violent bombardement à obus de gros calibres. Le rectangle de dispersion paraît être orienté suivant l'alignement BSud BIV. il s'agit de calibre au moins égal à du 280 et d'obus de semi rupture dont l'éclatement fait littéralement sauter les coupoles et les B sur leur base.

Le Cdt de groupement nous annonce de bonnes nouvelles. Situation des forts de Liège est bonne, les ouvrages résistent toujours et les Français sont à Boncelles.

Tandis que ces nouvelles nous parviennent, nous captons à la TSF une émission de l'INR au cours de laquelle le premier ministre Pierlot communique. Les Allemands ont franchi le canal Albert sur deux ponts dont la destruction n'a pu être opérée. Les officiers qui en étaient chargés ayant été surpris et tués. Les Allemands ont lancé une colonne motorisée jusque Tongres. La situation est grave mais pas désespérée. Les troupes françaises et anglaises ont pris contact avec les nôtres.

La guerre a revêtu une cruauté plus grave encore que les précédentes, des villes ouvertes ont été bombardées, des colonnes de réfugiés civils mitraillées par l'aviation allemande.

Le Cdt de groupement nous signale l'existence du PC ennemi dans l'immeuble du Bourgmestre de Herve et nous donne ordre d'exécuter un tir sur cet objectif.

Il est 12 heures, un tir de 60 coups est exécuté.

Vers 13 heures, alors que le calme est revenu, une colonne ennemie venant d'Henri-Chapelle débouche au carrefour de la Baraque se dirigeant vers Battice. Il s'agit d'un convoi du génie avec des ? et passerelles qui vient sans doute à la BAT.

Pris immédiatement sous le feu de nos coupoles de 75, le convoi s'arrête ; dispersé, il s'éparpille dans les couverts au sud de la route à hauteur de la chapelle St Roch et gagne le sud-ouest par Gareyé (?).

D'autres unités allemandes passent à Froidthier, Merschoff, Clermont. Il s'agit d'unités montées, elles subissent le feu de notre artillerie.

La nuit, une grande vigilance de nos hommes sera de rigueur car les tirs ennemis reprendront dans les embrasures de différents bâtiments comme au cours des nuits précédentes.

Lundi 13 mai

Vers 2 h 30, le chef du BI signale que des tirs ??? sont exécutés dans les embrasures de son ??? puis annonce des mouvements d'approches, une action ennemie est incontestablement dirigée contre son ouvrage. Les C.60 tirent, les Mides casemates du BVI ! ainsi que celles de la casemate 0 du BI ! barrent le bâtiment.

La position des MVD qui n'est pas occupée en permanence peut constituer pour l'ennemi une sérieuse protection. Des grenades sont lancées du BI avec succès, car on entend des cris de douleur chez l'assaillant.

Le sous-lieutenant Renaux qui se trouve au BI nous apprendra par après que l'attaque a été repoussée et que l'ennemi a laissé quelques cadavres sur le terrain. Ceux-ci seront enlevés à la pointe du jour. La position des MVD et sa tranchée de communication permettent à l'ennemi de s'approcher de nuit du BI presque à l'insu des défenseurs.

Le jour vient, nos observateurs scrutent le terrain ; ils ne découvrent aucun mouvement suspect. Ils s'étonnent que l'assaillant semble n'avoir effectué aucun travail dans les environs immédiats. De ci de là, certains croient apercevoir de petits travaux de terrassement (emplacements de tir pour armes automatiques). Une longue et minutieuse observation ne fera toutefois déceler que des trous d'obus.

Dès 7 heures, le fort est soumis aux bombardements d'obus de gros calibre. Cadence lente et régulière. Nous tirons sur Charneux, sur la route d'Henri Chapelle où des troupes ennemies sont signalées. Nous tirons aussi sur la ferme César, où un va-et-vient de motos et d'autos fait présumer qu'un PC est installé à cet endroit.

Vers 10 heures, la coupole B sud est coincée, une tôle gouttière tordue a penché entre la cuirasse et la contre cuirasse. Sous la direction du Lt. Barthélemy, qui s'est rendu sur les lieux, le 1er M d Logis Noël remet la coupole en état en allant sous les voussoirs (ou voussures?) non sans péril alors que le bombardement se poursuit.

La radio nous apprend que le repli sur la ligne WK s'est effectué en bon ordre, que les unités françaises et anglaises ont eu liaison avec nos troupes contre attaquent du côté de Gembloux. La bataille fait rage sur la route entre Dinant et Sedan. Des relations du combat corsent le communiqué.

Après-midi, alors que le temps est radieux, l'ennemi tente un coup de main sur le BII. Il tient sans doute à se rendre compte de la rapidité de réaction des nôtres.

Un soldat se dresse à 20 mètres du BI ! et tire dans une embrasure. Il est abattu par la Mi de casemate Est. Une petite pièce est en batterie dans la coupole au sud du chemin de fer tandis qu'une mitrailleuse installée 100 mètres plus loin entre en action.

D'autres pièces sont repérées aux abords de la ferme Queruette. Le périscope de la cloche observatoire du BI ! particulièrement visé est percé de deux balles.

Cependant le C.60 et la Mi de casemate Est ont ouvert le feu sur ces objectifs... Les Allemands abandonnent la partie.

Le Commandement du fort de Neufchâteau demande un tir sur les ruines de ses baraquements où les Allemands ont installé des Mi. Le tir exécuté sans retard donne des résultats : une Mi est détruite.

Peu après, le Cdt du fort de Pepinster a recours à nous pour dégager son abri de la route Pepinster - Tancrémont qui est l'objet d'une attaque de blindés ennemis. Toujours dans le courant de l'après-midi, nous détruisons une pièce installée dans le fond de Vaucouvert. Du bâtiment Jonckay, nos observateurs voient deux camions automobiles montant la route venant d'Aubel. Ils ouvrent immédiatement sur cet objectif le feu de leurs FM. Les camions sont abandonnés par l'ennemi qui s'enfuit. Cet incident se passe à la fin du jour. Dès que la nuit est tombée, le chef du BII, mdl Jorissen, annonce qu'il entend des bruits suspects au pied du bâtiment, face à l'est. Il semble que l'ennemi ait entrepris un travail de sape à la jonction du bâtiment et du mur barrant le fossé. Le canon de coupole est tire à l'inclinaison minimum et une coupole de 75 tire fusant.

Du BII, on signale que le bruit a cessé mais il reprendra dans la nuit.

Au BI, une pièce est venue s'installer soit dans la position des MVD, soit à la crête derrière ou dans le réseau des barbelés et tire sur le BVII. Jusqu'au 17, elle s'installera dans cette région toutes les nuits malgré nos tirs de Mi et de coupole 75. Est-ce de la ténacité de l'adversaire ? Est-ce sûreté de protection ?

La nuit, une batterie ennemie se décèle par les lueurs aux abords du cimetière de Battice ; elle est neutralisée par les coupoles de 75 des BIV et VI. La position des MiA.Avi. semble à nouveau occupée par l'ennemi et le tir est repris pour le déloger.

Un contrôle de cet incident qui s'est déjà produit est ordonné. On n’en conclut que les tirs ennemis signalés dans l'embrasure de la cloche N du BVII ne proviennent pas de la position de MiA.Avi. comme cru, mais bien des ruines et abords de la ferme Donéa.

Le pavillon Closset en ruines sert également à abriter l'ennemi pour des actions contre la cloche centrale.

Le PO MN29 subit plusieurs attaques, il est chaque fois dégagé par nos tirs spécialement prévus.

Le PO 303 est à son tour attaqué. Notre A aérien le dégage assez rapidement.

Le PO MN 12 a connu les jours précédents ses embrasures battues par des armes automatiques installées très près.

Au cours de la journée, les forts de Boncelles et de Flémalle ont lancé des SOS, nous sommes dans l'impossibilité de leur prêter l'appui de nos feux (hors de portée).

Lundi 14 mai

Matinée calme. Le PO MN 12 demande à être ravitaillé, nous apprenons que son effectif, prévu normalement à 4, est de 5 et les provisions sont fortement entamées.

L'officier des services extérieurs, le Lt Poncelet (?) qui est en relation téléphonique presque constante avec les postes extérieurs, a appris que MN 29 a encore des vivres à suffisance (l'effectif à ravitailler est réduit) 303 et VM 23 n'ont pas encore entamé leurs vivres stockées (ils parviennent à se ravitailler à l'extérieur).

Si le moral du MN 29 subit un rude coup par l'agonie d'un de leurs, le soldat Maertens, le courage ne lui manque à aucun moment, malgré les nombreuses actions ennemies qui sont et seront encore dirigées contre le fort.

La radio nous apprend que l'armée hollandaise a capitulé.

La Meuse est franchie par les Allemands au sud de Dinant, la colonne ennemie se dirige vers Rocroi. La situation n'est pas désespérée et dans la région de Sedan, l'ennemi est maintenu et en certains points refoulés.

Profitant du calme, le Cdt du fort décidé de tenter le ravitaillement du PO MN 12. Une patrouille sous les ordres du S Lt Renaux et comprenant le brigadier Delhougne et les soldats Dandrifosse, Gillard, Bouchet, Collis J. tous volontaires, vont par le BI, toutes précautions prises. A peine franchi le réseau normal en fil de fer, elle est prise sous le feu des mitrailleuses ennemies installées dans la gare de Battice. Alors que sur ordre de l'officier le gros de l'effectif rebrousse chemin, les soldats Bouchet et Collis J. qui au moment de l'incident avaient franchi le chemin de Stockis continuent vers le MN12.

Les canons de 60 du BI et la coupole 75 AN entrent en action dès que la patrouille se trouve à l'abri des MVD et neutraliseront et détruiront les armes automatiques ennemies repérées vers la gare de Battice et au nord de celle-ci. Ordre est donné à la patrouille de renoncer provisoirement) la mission, elle rentre dans le fort par le BI sans autre incident.

(à suivre)

CIRCUITS des Champs de Bataille de France

(suite)

Durement éprouvée au centre, la 4e armée, le 22 au soir, ne peut plus compter remplir sa mission qui est de déboucher vers Saint-Hubert. Heureusement, l'aile gauche est intacte, et peut maintenir solidement la liaison avec la droite de l'armée Lanrezac. Mais voici qu'entre en ligne l'aile gauche de von Hausen. En hâte, il a défilé d'est en ouest par Saint-Hubert et Rochefort. Le 23, il arrive sur la Meuse. Son XIXe corps installe ses avant-postes à Bourseigne Neuve. Mais après un vif combat à Bièvre, le 9e corps réussit à se maintenir sur la Semois. La retraite dès lors s'exécute en bon ordre. A gauche la solide liaison assurée entre la 5e et la 4e armées et la tenace résistance opposée, nous l'avons vu, à Onhaye comme à Haybes, par les arrière-gardes, contiennent les tentatives de von Hausen et écartent tout danger immédiat de rupture. Le 24 au soir, l'armée s'est repliée derrière le Chiers, le 25 derrière la Meuse.

Le 26 août, la situation est la suivante : au nord, la 5e armée, après son échec de Charleroi, bat en retraite vers le plateau de Marlois ; von Bülow débouche de la Sambre et la suit ; von Hausen ayant franchi la Meuse se glisse par la rive gauche et essaye encore une fois de couper la 5e armée de la 4e. Celle-ci, établie derrière la Meuse, décroche en flanc garde vers le nord son 9e corps qui surveille ce mouvement et maintient la liaison avec l'armée Lanrezac. A l'est, tous les corps reconstitués derrière la Meuse ont fait sauter les ponts et s'apprêtent à en interdire le débouché. Laissons de côté pour le moment la manœuvre de von Hausen et le rôle, très important, que joue au nord le 9e  corps. Gagnons, comme l'ont fait les gros de la 4e armée, la ligne de la Meuse. Passons par Florenville, puis par Sainte-Cécile et la route en lacets qui franchit au sud de Bouillon le plateau boisé d'entre Semois et Meuse, gagnons par Givonne les environs de Sedan.[1]

Les combats de la Sambre (août 1914). Avant le choc.

Maubeuge, après avoir fait en toute sécurité pendant trois semaines ses préparatifs de défense, a été subitement jetée, le25 août, dans la plus sanglante des batailles. Sur La presque totalité du front, en ces premières semaines de guerre, il en fut de même.

Jusqu'au 20 août, de chaque côté, dans le secret, les masses s'apprêtent. Le 22 août, la nouvelle se répand dans le pays qu'une grande bataille est engagée. Où ? A Charleroi. Et, tout à coup, après l'obscurité de ces longues semaines d'attente, c'est le coup de massue brutal du fameux communiqué : « De la Somme aux Vosges », - « Les Allemands aux portes de Paris ». Quel réveil ! Pour l'opinion, un seul mot résume toute cette première partie de la guerre : Charleroi ! A travers les communiqués d'alors, plus emphatiques que précis, le sens des événements n'apparaît pas. L'obscurité redouble l'angoisse et peu à peu l'idée se répand d'une bataille mystérieuse où des choses extraordinaires se sont produites : Charleroi, la réalité est plus complexe et nous le verrons, plus claire. Avant de suivre sur le terrain ces combats de la Sambre que l'on appelle d'une façon étroite et inexacte bataille de Charleroi, il nous faut les replacer d'abord dans l'ensemble dont ils font partie. Le plan de concentration français comportait, on le sait, un dispositif orienté surtout à l'Est : on compte sur la neutralité belge et surtout in ne veut rien faire qui puisse paraître la mettre en doute.

D'ailleurs, à côté de l'hypothétique danger venant par la Belgique, il y a un certain péril lorrain : les événements le prouvèrent. Ce n'est pas à dire que l'offensive par la Belgique n'avait pas été envisagée. Pour y parer, une « variante » a été prévue au plan de concentration et est mise, dès le 4 août, en exécution : par une « marche en crabe », à gauche, les armées échelonnées de Belfort au Luxembourg s'étendent vers le nord et la quatrième, d'abord en réserve près de Commercy, vient s'intercaler entre la troisième qui tient Longwy et la cinquième qui glisse vers Maubeuge. Le projet de l'Etat Major français est de manœuvrer au plus tôt par la Lorraine et l'Alsace, la droite au Rhin. Résolu à respecter la Belgique, c'est pour lui le seul débouché. Cependant, tout en montant sa manœuvre, il surveille celle de l'ennemi. La cavalerie du général Sordet a battu tout le pays wallon sans rencontrer autre chose que cette « poussière de cavalerie » dont l'ennemi masque ses mouvements. Mais le 15 août, un fait précis vient apporter quelque lumière : les troupes de couverture de la IIIe armée allemande (général von Hausen) ont tenté de forcer la Meuse à Dinant. Le danger se manifeste donc de plus en plus au nord. Pour y parer, des mesures immédiates sont prises.

A cette aile droite allemande qui se révèle redoutable, on va opposer une force égale composée de l'armée belge qui tient toujours sur la Gette, de l'armée anglaise qu'on espère en ligne pour le 21, et de la 5e armée française renforcée du 18e corps et des divisions d'Algérie. Tandis que les gros des forces allemandes défileront dans la plaine belge d'est en ouest, cette masse imposante en liaison avec la 4e armée, dans les Ardennes, avec l'offensive de Lorraine, se portera du sud au nord dans le flanc des colonnes d'invasion que l'armée belge, pendant ce temps, prendra à revers.

Enfin, pour parer à toute éventualité, un groupe de divisions territoriales, sous les ordres du général d'Amade, établira de Dunkerque à Maubeuge un barrage contre les incursions possibles de l'ennemi.

(à suivre)

Et voici encore un extrait intéressant de cette petite revue du Stalag XIIIB de 1979, cette fois consacré à l’aide de la Croix-Rouge.

La Croix-Rouge auprès de nos P.G.

NOVEMBRE 1940

Dans la baraque surpeuplée, les prisonniers de guerre belges discutaient les derniers « bobards » ramenés au camp par deux d'entre eux, occupés au-delà des barbelés, à des travaux de terrassement.

L'atmosphère était quasi irrespirable ; cela sentait les vieilles loques, l'humidité et tout ce que peut dégager la misère.

De la petite fenêtre qui jetait dans ce milieu la lumière fade d'une pluvieuse journée d'automne, on apercevait la plaine immense et sablonneuse d'où s'étiraient ci et là quelques maigres bouleaux.

On aurait eu une certaine consolation à contempler la nature, si elle n'eût été abîmée à nos yeux par une portée de fils barbelés, derrière lesquels, à intervalles réguliers, passait une sentinelle ennemie puissamment armée.

Presque tous les occupants de la vaste chambrée profitaient de quelques heures de répit et, étendus sur le dur plancher qui constituait une litière, laissaient errer leurs pensées vers la Patrie lointaine, vers leur foyer, épouse, enfants et vieux parents.

Ils étaient affaiblis physiquement par les lourds travaux auxquels ils n'étaient pas préparés, affamés, humiliés, mais surtout affligés moralement par l'absence de toute nouvelle des êtres aimés, dont le sort les avait si brutalement arrachés.

La soirée s'annonçait plus morne que jamais et les retardataires se disposaient à rejoindre leur lugubre grabat, lorsque bruyamment la porte s'ouvrit, laissant apparaître la mine antipathique du sous-officier allemand, chef de baraque. Un « achtung » lancé à contrecœur retentit et chacun se mit immobile au pied de sa couchette, se demandant ce que ce geôlier de malheur allait encore inventer pour nous rendre la vie plus insupportable.

Mais après quelques instants, des noms retentirent ; les appelés durent s'approcher de leur gardien ; celui-ci leur remit un petit carré de papier, portant l'insigne de la Croix-Rouge, lequel, aussitôt déplié, emplit de larmes les yeux des heureux bénéficiaires ; c'étaient les premiers messages venant de Belgique, adressés à nos prisonniers par leur famille, sous le couvert de la Croix-Rouge.

Du coup, la glace était rompue, tout le monde était gai ; les nouvelles brèves, mais combien précieuses, furent transmises de mains en mains et commentées jusque tard dans la nuit.

Désormais, la liaison était établie entre la Belgique et ses enfants : ce fut pour nous un réconfort immense.

Mais personne, à ce moment-là, ne se doutait des réalisations aussi heureuses qu'humaines qui allaient succéder à cette première apparition de la Croix-Rouge.

Dans les années qui suivirent, le Directeur Général de la Croix-Rouge de Belgique, entouré d'une puissante équipe de collaborateurs, et de la délégation de la Croix-Rouge de Belgique à Lausanne (M. et Mme BIART), se dépensèrent sans compter pour l'amélioration de la situation tant matérielle que morale de nos prisonniers.

Dès le début de 1941, nous vîmes arriver tout d'abord une forte et précieuse quantité de produits pharmaceutiques destinés à nos nombreux malades.

Ensuite s'amenèrent régulièrement les envois de vivres et vêtements.

Des milliers de livres scientifiques et littéraires nous furent expédiés de Belgique et de Suisse grâce auxquels il fut possible d'organiser des cours et monter des petites bibliothèques de campagne jusque dans les kommandos les plus lointains.

Et que dire des centaines de tonnes de vivres qui nous furent distribuées ? Tout simplement que sans l'aide de la Croix-Rouge, la plupart des nôtres n'auraient jamais revu le pays. Et nous tenons à souligner que de tous les prisonniers des diverses nationalités qui peuplaient les nombreux camps allemands, les Belges, grâce à leur Croix-Rouge, furent les plus choyés.

Nos malades, rapatriés par trains sanitaires, se souviennent avec reconnaissance de l'accueil et des soins touchants dont ils furent l'objet durant leur voyage et lors de la rentrée au pays.

Nous ne pouvons non plus passer sous silence les services rendus à nos captifs par les délégations de la Croix-Rouge Internationale qui, à chaque occasion, n'hésitèrent pas à protester énergiquement auprès des autorités allemandes contre les traitements inhumains infligés à nos compatriotes, en rappelant à ces autorités les prescriptions de la Convention de Genève.

OUBLIER les immenses bienfaits dont la Croix-Rouge combla les ex-prisonniers de guerre serait de la part de ceux-ci un véritable sacrilège.

Grandis par la souffrance et fortifiés par l'expérience de cinq longues années de captivité, mes anciens compagnons de bagne se doivent, à leur tour, de contribuer à cette œuvre de miséricorde, la plus belle, la plus noble de toutes :

LACROIX-ROUGE DE BELGIQUE

G. SMETS I/A

Si vous disposez de bulletins d'autres stalags ou oflags, il nous intéresserait d'en publier certains articles intéressants. Merci d'avance !

Ce document paru dans un des bulletins du XIIIB est de la main de notre ancien président FNC Vivegnis, Monsieur Mélard, que certains d'entre vous ont bien connu. C'est en examinant les documents transmis par sa fille Maria (merci Maria) que nous avons pu retrouver ce témoignage. Nous vous le livrons aujourd’hui, apportant la preuve, si besoin en était, que certains anciens prisonniers de guerre désiraient revoir le lieu de leur détention !

Du Parkstein 1127, juin 1940, au Parkstein (Weiden OPF.) juillet 1979

Juin 1940 : 50 prisonniers belges débarquent à Neustadt a/w. Vingt d'entre eux sont expédiés vers Oberstdorf.

Trente, en majorité des « rayeus d'armas », sont dirigés vers Parkstein. Mardi 24 juillet 1979 : trois anciens de Parkstein, Victor LEUNIS, Lucien STALON et Henri MELARD, accompagnés de leur épouse, suivent le même itinéraire. Parkstein, c'est là ! Gigantesque bloc erratique de basalte, énorme butte verdoyante supportant une chapelle, point de vue ayant les honneurs du guide Shell, maisons semées ça et là le long d'étroites routes qui enserrent le vaste cône : c'est cela Parkstein ! Ce site aurait pu nous ravir si le moindre rai de soleil avait caressé ce coin pittoresque. Hélas ! Un rideau sombre cache l'horizon, un couvercle gris ardoise tient lieu de ciel. Un crachin glacé lustre nos anoraks et, complice, un petit vent frisquet nous glace les os. Assez pour nous rappeler qu'en ce pays, les jours chauds étaient, et sont toujours, rares, même en juillet.

Nous voici à l'entrée du village. Qu'allons-nous y retrouver ? Car la mémoire est oublieuse et, jour après jour, les souvenirs s'estompent et puis s'effacent. Se reporter quarante ans en arrière, « on a beau faire le malin, ça vous fait quand même quelque chose », ainsi que le chantait bien souvent notre ami Lucien.

Halte ! Voici le Gasthof, là où œuvrait Pierre DUBOIS (Pieter HOLZ pour les autochtones) et à côté, les logis des patrons de Regnier OLIVIER et Victor LEUNIS. Celui-ci, volubile, s'ingénie à nous retracer maints épisodes de ses algarades avec son employeur. Notre ami s'étonne aussi du contraste entre certaines maisons et d'autres, plus désuètes. En effet, il avait quitté notre kommando pour Vohenstrauss en 41 et ignorait qu'en avril 1945, vers l'heure de midi, des avions américains avaient lancé des plaquettes incendiaires sur cette partie de la commune. Pourquoi ? Une compagnie composée d'anciens prisonniers russes, mais portant l'uniforme SS « allaient à la soupe » à la roulante installée dans la cour bien dégagée de la poste. Feuer ! Feuer ! Le feu, attisé par un vent soufflant vers Neustadt, se propagea, de telle sorte qu'en quelques instants, maisons, granges, récoltes formèrent un immense brasier depuis la grange du Gasthof jusqu'à la petite ferme occupant Léopold WARGNIES, RaouL LEGAZ et Albert LOURDAUD,  travaillant à Hammerless, remontèrent subito presto au kommando, craignant le pire et décidés à sauver leurs maigres effets.

Face au Gasthof, voici l'église. Telle elle était en 1940, telle  elle est restée : grisâtre, au teint délavé, abritée sous des arbres qui en paraissent encore plus verts. Le coup de badigeon lui a toujours été refusé et, un peu gênée, elle tient, seule avec un petit temple protestant, compagnie au monument aux morts de 14-18.

Entrons au Gasthof. Un Gasthof, c'est à peu près le « café de la place » chez nous. Nouvelles et potins : ici tout se raconte, tout se redit ; c'est en somme l'agence Belga villageoise et bavaroise. Un seul cri et la glace est rompue : « Cougni ! » (c'est le prénom de la patronne actuelle). Rousse flamboyante au teint laiteux, elle au moins daignait sourire aux prisonniers, et ce sourire prenait pour eux la valeur d'une aumône. Aujourd'hui, triste et vaguement absente, elle reconnaît pourtant « Victor », regrette Pieter HOLZ et se souvient de Régnier.

Son frère Sepp, le boucher ? Gefallen ! L'adjudant et sa femme ? Décédés ! Le tailleur ? Gefallen ! Gefallen ! verstorben ! Defallen ! Gefallen !... Beaucoup d'autres sont partis à la ville, ou travaillent dans la Ruhr. Un Belge, nous confie-t-elle, est resté ici ; qui cela pourrait-il être ? Cependant, Victor piaffe. C'est le kommando qu'il veut montrer. Par ici ! Non, par là ! Mais non ! Tout en cheminant, j'observe. Pas une âme en route. Un village au visage hermétique et anonyme. Un vieil homme s'avance ; il voudrait savoir qui sont ces inconnus. Seule dans un silence pesant, une scie circulaire, en un leitmotiv grinçant et monotone, nous rappelle la campagne du bois, ce bois qu'il fallait amasser et ne jamais gaspiller... Quelques maisons repeintes au crépi rose bonbon ou ocre clair ; beaucoup de demeures abandonnées, aux yeux clos par des volets délavés. Pas une fleur aux fenêtres, dans un pays où géraniums et pétunias ornent à profusion fenêtres et balcons. En bref, une impression d'abandon, de lassitude et d'ennui... comme en 40. Enfin, voici notre kommando, notre home, notre « chez nous ». Brave petite école de village à classe unique, vous êtes encore là ! et malgré tout, grande est notre joie de vous revoir !

Certes, vous avez conservé votre crépi vert pomme (bien sale, avouez-le !) et les trois marches crevassées sur lesquelles Pierre DUBOIS claironnait : « Oh Lîdge vi r'vèye ! ». Vous souvenez-vous encore des trente premiers Belges présentés aux employeurs, ici, devant la maison de l'instituteur. Tâtés, palpés, questionnés, choisis ou refusés, vous les avez vus partir et revenir, jour après jour, semaine après semaine, au long d'années qui n'en finissaient pas. La première porte est restée ouverte, mais la seconde résiste. Un voisin se présente aimablement pour quérir la clef chez le bourgmestre. Regardez Mesdames ! Voici notre ancien havre de paix après les harassantes journées d'un labeur épuisant, surtout les premières années. Bien sûr, dans son état, le kommando ne sert plus d'école, mais de dépôt de planches pour le service communal. Doubles fenêtres (sans barbelés cette fois), doubles portes avec traverses au pied, murs aux teintes incertaines comme en 40-45, et même l'assise noircie du poêle, tout est encore là ! Tiens ! Le couvent derrière l'école a été fermé.

Chacun égrène ses souvenirs. Ici « logeait » Victor (entre le Christ et Adolf) ; Là, Marcel BOLOGNE, Emile LAMBERT, et puis... et puis... Lucien et Carlier. Près de la fenêtre, Maurice HERMAN, Pierre DUBOIS, Régnier OLIVIER, Walther HALLEUX et moi-même... Et plus tard, au hasard des circonstances, Jean BOULANGER, Raoul LEGAZ, Armand VERSTRAETEN, Léopold WARGNIES, Ernest BOUQUELLE et son frère… Edmond ADAM et Albert LOURDAUD. Des détails infimes que nous croyions enfouis dans les sables mouvants de la mémoire ressurgissent avec acuité.

En route vers le berg, gloire de Parkstein et but touristique ! Pendant La guerre, les soldats allemands y avaient installé un observatoire en édifiant une passerelle au-dessus de la toiture de la chapelle. L'accès de ce domaine militaire était rigoureusement interdit.

Cependant, après l'arrivée des troupes libératrices, les ex-prisonniers ne se privèrent pas de la joie de gravir enfin les 600 escaliers en colimaçon qui menaient tout là-haut : « An Berg affi » (au-dessus de la butte). De là, vraiment, la vue était imprenable car par de là les vastes forêts bavaroises, Amberg, Bamberg, Weiden et même Bayreuth se marquaient à l'horizon. Hélas, nous avons dû renoncer cette fois à escalader le berg ouaté de nuages menaçants. Réchauffons-nous plutôt dans ce nouveau Gasthof ; décidément, on n'arrête pas le progrès : au menu des frites (mais oui) ou des knöedel.

Descendons maintenant vers le hameau de Hammerles : une dizaine de maisons semées au bord d'un ruisseau, à 3 kilomètres seulement de Parkstein, mais 3 kilomètres dévalant par une route jadis rocailleuse à forte pente.

Sacrée route ! elle vous permettait de vous gonfler les poumons d'air pur chaque matin, tout en se confiant les anecdotes et les « bouteillons » ! Sacré raidillon! le soir, par tous les temps ses derniers kilomètres vous alourdissaient les jambes, nouaient vos mollets et appesantissaient vos godillots crottés... Actuellement, asphaltée, elle traverse d'abord un nouveau Parkstein : une cinquantaine de villas crépies aux tons de pastel allant du vert clair à l'ocre pâle en passant par le rose tendre et le blanc cassé, enchâssées dans l'écrin vert foncé des forêts voisines, véritables maisons de poupées aux balcons et appuis fleuris. Quel contraste avec le vieux Parkstein ! Nous voici enfin à Hammerles ! Là se séparaient et se retrouvaient ceux qui avaient encore à parcourir plusieurs kilomètres jusque Niederdorf, Haagen Mühle et même au-delà jusqu'à ces fermes esseulées dans le lointain. Hammerles d'aujourd'hui : dix ou quinze maisons tout au plus. Quelques constructions nouvelles parmi d'anciennes violemment fardées de peinture agressive sur un fond lézardé, ou abandonnées, comme la forge. Tout se passe très vite dans un si petit hameau. Qui sont ces étrangers ? Les yeux trouent les rideaux, les oreilles se tendent... Heinrich ! Heinrich !

Ceux et celles qui, à l'époque, comptaient huit ou dix printemps, pour qui le prisonnier, toujours au poste, paraissant à jamais attaché à la glèbe et à son bauer, représentait l'homme encore jeune, alors que le hameau ne pouvait plus aligner que des vieillards, des femmes et des enfants, ceux et celles-là me reconnaissent. Est-ce le mince rayon de soleil qui, d'un pinceau hésitant, éclaire la scène ? Mais tout me semble plus coloré et me réchauffe le cœur... Heinrich ! Le fils de mon ex-employeur (quatre ans de captivité en Russie) me reconnaît immédiatement, m'affirme qu'il ne m'a jamais oublié, donne des nouvelles, appelle sa femme et les voisins, me supplie d'entrer, me montre fièrement ses étables modernisées, son tracteur, ses machines agricoles... et même, me prie de revenir bientôt. Jamais il ne m'avait traité de la sorte !... Dire que c'est ici, en ce lieu isolé que, pendant trois interminables années, j'ai trouvé, Dieu sait comment, le force de survivre, de vivre, et parfois même de rire... malgré tout. Le comprenez-vous, chères épouses ? Nous occupions nos bras, mais notre esprit voguait sans cesse vers le pays... Haagen Mühle, « patrie » de Victor et Niederdorf « patrie » de Lucien, c'est loin, encore plus loin... Fermes esseulées au milieu de champs de seigle court et de froment souffreteux ; prés gorgés d'eau ; solitude et silence pesant... Au moulin et à la ferme voisine, Victor est intarissable : les souvenirs jaillissent. Là il avait décliné de porter des sacs trop lourds pour lui, ici... là... et puis ... Alertée par cette intrusion, la fermière sur le pas de la porte ne souffle qu'un mot : « Fictor ! ». Décidément, le nom de Fictor a été conservé pieusement dans les annales et les mémoires bavaroises ! Tout comme ce fameux Belge resté en Bavière, qui, d'après les informations recueillies, était en fait un Français qui a regagné son doux pays après peu de temps... Et tandis que Lucien, noyé dans ses pensées, ne parvient pas à situer exactement le lieu de ses premières expériences de cultivateur chevronné (il n'a, en effet, travaillé à cet endroit que quelques mois) nous nous décidons à rentrer à Weiden. Par la nouvelle route à deux bandes reliant Weiden à Bayreuth en passant par Pressath, en dix minutes nous nous retrouvons au centre de la ville.

Notre valise aux souvenirs est pleine à craquer : souvenirs en 40-45 de Parkstein, Hammerles, visions actuelles de ces villages bavarois... Grand sera notre plaisir de les déballer à nouveau lors du banquet du XIIIB où j'espère rencontrer les autres témoins de cette page d'Histoire que nous avons vécue tous ensemble, de l'été 40 au printemps 45.

Peut-être avez-vous aussi dans vos archives des témoignages tels que celui-ci. Cela nous intéresserait au plus haut point de les reproduire. Nous recevons souvent des demandes d'enfants ou de petits-enfants de prisonniers qui recherchent des renseignements au sujet de la vie dans les stalags et les oflags. Nous pourrions ainsi les satisfaire ! Merci d'avance !

Nous écrivons rarement au sujet de nos prisonniers de guerre en 1940-1945. Voici un extrait du bulletin du Stalag XIIIB qui y remédie en partie. Si de votre côté, vous avez d'autres témoignages de ce genre, confiez-les nous s'il vous plait ! Un grand merci d'avance.

Souvenirs... Souvenirs

Les prisonniers de guerre qui séjournèrent au camp de Grafenwëhr garderont toujours, pensons-nous, le souvenir de ces vastes installations militaires avec le champ de tir encadré par les communes de Grafenwôhr, Kirchentumbach, Eschenbach, Benreudt et Vilseck.

Le champ de tir, déjà bien grand avant l'arrivée au pouvoir du régime hitlérien, fut agrandi par Hitler et ses satellites par l'expropriation forcée d'une cinquantaine de villages et hameaux avec tout ce qu'ils contenaient.

Les anciens de l'A.K. 1003 ont encore en mémoire les noms des lieux les plus connus pour les avoir fréquentés davantage, comme Papenberg, Haag, Stegentumbach, Langenbruck, Zeltenreuth, Thomasreuth, Ernsfeld, Kaltenbruin, Hamerganlas, etc... etc... Pour eux aussi, bien des souvenirs se rattachent à ce camp. En désirez-vous quelques-uns ? En voici sans qu'il y ait exclusivité.

Ce sera toujours pour nous un plaisir d'accueillir d'autres souvenirs que des anciens du 1003 voudraient avoir la gentillesse de nous adresser.

Un rexiste

Ceci se passe le 18 juin 1941. Ce jour sont arrivés dans le camp civil voisinant le camp des P.G. un contingent de sept Belges venus travailler pour la kommandantur locale. Au nombre de ces Belges figure un rexiste qui ose venir parader en tenue rexiste à nos barbelés. A sa vue, les épithètes fusent : « Vendu... Tu as fait la guerre comme Léon ! Est-ce le carnaval que tu t'affiches en pareille tenue ? Donne-nous ta chemise, nous en manquons ! ». A la question : « Les prisonniers de guerre rentrés passent-ils au rexisme ? » « Presque tous » répondit-il. A cette réponse, un cri général de désapprobation sortit des barbelés. Nous étions en effet certains du contraire. Le croiriez-vous mais ce rexiste par après n'a plus eu le culot de se présenter à nous dans la tenue de parade des émules de Degrelle. Avait-il compris nos réactions ?

Des Espagnols

Le camp de Grafenwôhr a vu défiler toutes les divisions de la Wehrmacht, des Waffen SS, les SS Wallonie comme les SS Langenmark. Le 11 juillet 1941 y arrivèrent les premiers contingents de la division espagnole qui s'étaient mis à la disposition de Hitler. A cette occasion, la gare de Grafenwëhr était abondamment pavoisée de drapeaux espagnols qui voisinaient les croix gammées.

Le gros des volontaires espagnols arriva quelques jours plus tard. Comme toutes les casernes du camp étaient occupées jusque dans les combles, il fallut loger les Espagnols dans les écuries transformées temporairement en dortoir. Les chevaux trouvèrent place dans les bois de sapins situés dans l'enceinte du camp.

Ces Espagnols étaient loin d'être de bons soldats. Ils ne laissaient pas non plus une impression de bonne santé.

Souvent, ils donnèrent lieu à des incidents tant avec les militaires allemands que les civils.

Beaucoup furent renvoyés dans leur pays après une visite médicale attestant leur mauvais état de santé ?

Il y avait un monde entre leur discipline et celle du soldat allemand. Faut-il rappeler l'assaut, par l'extérieur, de la chambre à coucher d'une jeune Allemande au village de Grafenwëhr par treize Espagnols ! Oui, treize, rien que cela ! Ces espagnols manquaient de tenue. Ils circulaient déguenillés, sales, ce qui contrastait avec la tenue toujours réglementaire du soldat allemand.

Un bain de jouvence

Le 12 juillet 1941, il fait beau temps. Ce jour, je suis désigné pour un travail à la carrière de sable. La chaleur est éreintante, ce qui ne s'était plus produit de longue date. En cours de travail, je parviens à me défiler et à aller prendre un bain dans la rivière serpentant derrière la carrière. Quel délice que de se baigner totalement dans l'eau fraîche et limpide. Je me sentais doublement libre en tenue du père Adam ! Aujourd'hui, j'y pense encore, mais je n'oserais plus récidiver sans risquer de créer un attentat à la pudeur !

Accidents

Le 21 juillet 1941, notre kommando de Grafenwôhr connut une forte émotion. L'équipe travaillant à une route, en partant le matin sur le chantier, eut un accident qui aurait pu entraîner des conséquences graves, et même dramatiques. Dans la pente aboutissant à l'ancienne brasserie de Hamerganlas, les freins du camion de marque Buising transportant les prisonniers au travail, cédèrent. Le camion prit rapidement de la vitesse, cette vitesse ne fit que s'accentuer. Finalement ce fut son écrasement contre un arbre, à l'extrémité de la pente. Par miracle, six prisonniers de guerre seulement furent blessés. Parmi eux les camarades Robert VAUTHIER, Victor GRAINDORGE, Roméo GULICKERS, François RENSON et André MORAY. Triste fête nationale pour le 1003 !

Chasse aux renards

Régulièrement, des équipes de P.G. étaient constituées pour ramasser les éclats d'obus dans les champs de tir.

La mitraille est précieuse pendant la guerre, surtout à une époque où on manque de matières premières.

Collecter ces éclats était un travail fatigant. Il fallait marcher sur un front d'une centaine de mètres, alignés en tirailleurs, depuis 4 h 1/4 jusque vers 13h, et ce à travers tous terrains. Au cours de la progression, des renards étaient surpris dans leur tanière. C'était alors la poursuite pour les atteindre, les tuer, les dissimuler et rentre au Kommando pour les dépouiller, les cuire et... les manger. En captivité, il le fallait bien pour ne pas mourir de faim, toute chair était comestible !

 

 

 

 



[1] Rappelons que ce livre est un itinéraire de promenades à la découverte des lieux de batailles de 1914 à 1918. Nous ne reprenons ici que les événements qui se sont produits sur le territoire belge.



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