Maison du Souvenir

Le message du C.A.P.O.R.A.L. du mois de Novembre 2011

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Le Message du C.A.P.O.R.A.L.

NOVEMBRE 2011

« C.A.P.O.R.A.L. » signifie: Comité des Associations Patriotiques d’Oupeye pour le Regroupement des Activités Locales.

Editeur responsable: M. Laurent Antoine, rue de Hermalle, 131, 4680 OUPEYE


Oupeye, le 26 octobre 2011

A tous les membres du Conseil communal et du CPAS

A Messieurs les Représentants de la Police fédérale

A Messieurs les Représentants du Service d'Incendie

A Mesdames et Messieurs les Président(e)s des Associations patriotiques de l'entité

A Mesdames et Messieurs les membres des comités patriotiques de l'entité

A Mesdames et Messieurs les Directrices et Directeurs des établissements scolaires de l'entité

A Mesdames et Messieurs les Représentants des Mouvements de Jeunesse de l'entité

Madame, Monsieur,

Vous trouverez en annexe le programme des manifestations organisées à Oupeye à l'occasion du 93ème anniversaire de l’Armistice – ce programme a été établi en concertation avec tous les comités patriotiques locaux.

Nous vous remercions vivement de venir les rehausser de votre présence.

Dans cette attente, nous vous prions de croire, Madame, Monsieur, en l'expression de notre considération distinguée.

Le Secrétaire communal,  Le Député-Bourgmestre,  L’Echevin des Relations publiques,

P. BLONDEAU                  M. LENZINI                                   L. ANTOINE

Manifestations patriotiques du mois de novembre

Vendredi 11 novembre

9h30 : dépôts de fleurs à Haccourt, à partir de la place de Hallembaye ; à Hermalle, place G. Froidmont ; à Hermée, rue Haie Martin et place du Carcan ; à Heure, rue François Janssen ; à Oupeye, rue du Roi Albert ; à Vivegnis, place Communale ;

10h15 : rassemblement général sur le parvis de l’église Saint-Siméon à Houtain ;

10h30 : office de circonstance ;

11h30 : dépôts de fleurs officiels aux monuments aux morts rue de Slins et Place de la Station

Vers 11h45 : vin d’honneur au local paroissial, rue Saint-Siméon.

La population est, comme de tradition, invitée à pavoiser.

Houtain Saint-Siméon - Discours du 11 novembre 2011

Prononcé par Monsieur Laurent ANTOINE, Echevin

Monsieur le Président du CPAS,

Madame la Conseillère provinciale,

Mesdames, Messieurs les Présidents et Représentants des Associations patriotiques,

Madame, Messieurs les Echevins,

Mesdames, Messieurs les Conseillers du Conseil communal et du CPAS,

Mesdames, Messieurs les représentants des écoles de notre entité,

Messieurs les représentants de la Zone de Police Basse-Meuse et du Corps des Pompiers,

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,

Pourquoi commémorer un armistice qui remonte à près d’un siècle, alors qu’il ne reste plus aujourd’hui officiellement d’anciens combattants connus de la première guerre mondiale? Pourquoi rappeler cette guerre et celle qui l’a suivie alors que l’Europe, exception faite du récent conflit en ex-yougoslavie, est en paix depuis des décennies?

Parce que cette paix dont nous profitons, nous la devons à tous ces combattants qui ont sacrifié leur jeunesse et, souvent, leur vie pour défendre leur patrie, pour assurer la liberté de leurs concitoyens et donc la nôtre.

Parce que la mémoire humaine est courte et que nous devons rester vigilants : une cérémonie comme celle qui nous rassemble ici rappelle l’importance de la transmission de l’Histoire et de la Mémoire.

Parce que la paix ne va jamais de soi, qu’elle n’est pas donnée une fois pour toutes.

Certes, la violence, dans nos pays occidentaux à la différence de d’autres régions du monde, ne parle plus par les armes et la guerre, mais elle n’est pas éradiquée pour autant .Elle prend d’autres formes: incivilités, agressions, terrorisme…

Aujourd’hui, le sens de l’autre ne représente plus une valeur essentielle : on peut déplorer une tendance au repli égoïste sur soi, sur son milieu proche, au repli frileux sur sa communauté.

La difficulté rencontrée pendant plus de 500 jours, dans la formation d’un gouvernement en atteste de façon inquiétante et laisse présager des lendemains « communautaires » difficiles.

Commémorer le 11 novembre 1918, c’est accomplir notre devoir de mémoire à l’égard de celles et de ceux qui nous ont légués les valeurs de courage pour la défense de la Belgique dans son intégrité actuelle. C’est aussi, à travers nos engagements, non plus espérer, mais exiger un avenir que l’on veut toujours meilleur et solidaire.

Veillons au quotidien à opposer nos réponses de paix et de progrès à tous ceux qui voudraient nous engager dans une dangereuse marche arrière de l’Histoire. C’est ce combat qui représente le véritable hommage à ceux de "la Der des Der".

Avant de terminer, je tiens, au nom du Conseil Communal et du CPAS, à vous remercier toutes et tous pour votre présence à cette cérémonie annuelle. J’ajouterai à ces remerciements, des remerciements plus spécifiques à Monsieur le Curé pour l’office religeux, à Monsieur PIRSON et aux petits « passeurs de mémoire » pour leur présentation lors de l’office et à Monsieur Pierre DEPUIS et ses musiciens pour nous avoir accompagnés en musique.

Je vous remercie.



L’échevin Laurent Antoine explique, aux enfants le « pourquoi ? » d’un dépôt de fleurs au monument le 11 novembre.


Les enfants sont bien attentifs


Les drapeaux dans le choeur de l'église de Houtain Saint-Siméon


Après l’office religieux, les enfants, des écoles de l’entité d’Oupeye, ont présenté et commenté le diaporama réalisé suite à leur visite de la citadelle de Huy organisée par la Maison du Souvenir


Après l’office religieux, les enfants, des écoles de l’entité d’Oupeye, ont présenté et commenté le diaporama réalisé suite à leur visite de la citadelle de Huy organisée par la Maison du Souvenir


Les enfants avec leurs notes en mains.


Le cortège se rend au monument. (photo Bernard Jacqmin)


Dépôt d’une gerbe au monument. (photo Bernard Jacqmin)


Dépôt d’une gerbe au monument. (photo Bernard Jacqmin)


Le cortège rentre au local. (photo Bernard Jacqmin)


L’échevin Laurent Antoine lors de son allocution


Nous voilà réunis pour le vin d’honneur offert par l’administration communale


Les échevins

Le mot du Secrétaire patriotique

Se conformant aux premières strophes de notre hymne national, ce 11 octobre 2011, pas tellement loin de la Toussaint, alors que les ouvriers communaux s’affairent dans les cimetières et que nos concitoyens s’apprêtent, c’est la tradition, à se recueillir sur les tombes de nos chers défunts, on a vu, ou plutôt imaginé : « Le Belge sortant du tombeau ! ». Ce n’est pas cette fois « Après des siècles d’esclavage », mais après 495 jours de palabres souvent oiseuses. On désespérait !

Les nationalistes du nord du pays se sont réjouis un peu tôt du séparatisme qui leur a paru imminent et même de la fin de la Belgique avec son régime monarchique qui s’en suivrait.

Nous devons à un réflexe de survie, à un retour à la raison d’un certain partenaire politique important, à la volonté d’aboutir du formateur ; sa patience, son sang-froid et, soulignons-le, à l’intervention ferme, lors de son discours annuel à la veille du 21 juillet, du souverain, notre bon Roi Albert II, d’avoir enfin abouti à un accord sur la réforme de l’Etat, et donc aussi sur Bruxelles – Hal – Vilvorde.

Lorsque les représentants des autorités civiles et militaires, ainsi que ceux des Associations patriotiques iront fleurir les monuments aux morts des deux guerres mondiales, le 1 novembre, je pense que la Chambre et le Sénat auront trouvé une majorité pour avaliser l’accord, mais que l’on sera encore en discussion pour la formation d’un gouvernement à 6 partis.

Pour l’Armistice, le 11 novembre, on peut, ce ne serait pas une utopie, avoir à la tête du pays, un gouvernement de plein exercice, doté de toutes ses compétences pour gérer un Etat réformé. Monsieur Yves Leterme, notre ex-premier ministre, qui a forcément été maintenu au 16, rue de la Loi, plus de 500 jours à la tête d’un gouvernement provisoire après que la défection du VLD d’Alexandre De Croo l’a eu contraint à la démission du précédent gouvernement, mérite un hommage. Il pourra se rendre sereinement à Paris où l’attend une fonction de secrétaire général adjoint à l’O.C.D.E. En France, il pourra, sans susciter de commentaires narquois, entonner, s’il le veut, « La Marseillaise ».

C’est intentionnellement que j’ai utilisé, plus avant, le mot PALABRES. Mon enfance et mon adolescence datent évidemment de la première moitié du vingtième siècle.

J’écoutais avec la plus grande attention des amis de mes parents en visite. Ils nous parlaient de leurs séjours dans la colonie. On se gaussait des Congolais qui n’en finissaient pas de discourir avant de se décider à se mettre au travail. A l’école, l’instituteur nous parlait des guerres tribales auxquelles la civilisation que nous leur avions apportée avait mis fin. Les événements à l’Université de Louvain, les « Leuven vlaams », les « Walen buiten » et lorsque les Fourons ont été rattachés au Limbourg, le déferlement de violence de milliers de flamingants passés par les Pays-Bas, qui ont malmené les francophones partisans du Retour à Liège et rossé les gendarmes de la nation venus à pied, à cheval, en camion, de toutes les casernes du Royaume, font que selon moi, on peut parler de guerre tribale au pays de ceux qui revendiquent la pacification du Congo belge devenu le Zaïre, puis de nouveau le Congo, pays souverain du centre de l’Afrique.

La décision d’Arcelor Mittal de fermer la phase à chaud de la sidérurgie liégeoise nous concerne en premier. D’abord il y a la fermeture inéluctable du site de Chertal. Fini la coulée continue, le laminoir, le train à large bande ne sera plus alimenté par l’amont.

Chertal, c’est Oupeye. C’est le chômage pour près de 600 travailleurs de chez nous, donc des répercussions pour les familles et d’autres milliers de gens. Les finances communales sont compromises pour une grande part et même obérées dans un proche avenir. Nos élus devront adopter une politique : services sociaux et CPAS pour venir en aide à nos concitoyens touchés par les effets de la crise sidérurgique. Comme à chaque fois qu’il y a un manque de liquidités, on va comprimer les dépenses et revoir les priorités, ça va faire mal à tout le monde !

Nous, les Anciens Combattants, nous sommes âgés, nous en avons tellement vu et voilà un drame de cette importance qui vient troubler ce qui devrait n’être que de la quiétude. Nous ne pouvons que nous émouvoir ! Tout près de chez nous, à notre porte, ce grand malheur frappe nos proches concitoyens, nos descendants, notre famille, nos voisins.

Il y a aussi l’affaire DEXIA qui trouble ceux qui ont mis de l’argent de côté. Mais ce serait trop long d’en parler.

Conclusion :

Il nous faut un gouvernement de toute urgence, un gouvernement composé d’hommes et de femmes de bonne volonté, un gouvernement compétent qui s’occupe de régler les vrais problèmes.

N.B. Voyez ici et dans l’Echo d’Oupeye les dispositions prises pour le déroulement des fêtes patriotiques en novembre sur le territoire de la commune d’Oupeye.

Ensemble, souvenons-nous !

Votre dévoué Georges Antoine

Evasion de Belgique occupée pour rejoindre les Forces Belges en Grande-Bretagne

(suite)

Samedi 16 : Gîte DENRIE : cuisine à l’huile (va-vite) olives, oignons, riz, salade, tourson (?), cigarettes Horba. Arrivée GIGOT (prêtre) – LOMBART samedi ou dimanche

Dimanche 17 au dimanche 31 : gîte DENRIE ; toujours enfermés appartement, prend air frais la nuit sur le toit (plate-forme) visite Antonio apporte cigarettes, illustrés

Dimanche 31 : prévenus pour départ lendemain 20 heures : LEDENT, LEROY, VERMEIRE, COLL

Lundi 1 juin : Quitté gîte après-midi, convoqués consulat : affiche mariage du ? reçu par don Pedro, cadeau 1 cigarette anglaise et 500 pesetas. Mot de passe pour ORENSE, hôtel LION D’OR, U.L.B.

Présentés au guide qui reste avec nous jusque frontière.

Partis pour la gare, places réservées dans train, deux groupes, Ledent et Hubert même compartiment, COLL et VERMEIRE dans un autre.

20h départ, chaleur, tunnel interminable, petit monsieur…. (illisible) Voyagé toute la nuit.

Mardi 2 : changé de train à SORIA, direction VALLADOLID très tôt le matin ; arrivés à destination après-midi, guide parti pour restaurant marché noir, nous attendre dans parc, retour guide souper fin et fin souper, duré trop longtemps, raté train 22 h 30. Dans ce train, brigade « AZUR » retour front russe ; attendre train de 1 h 30 ; de nouveau dans parc, caché buissons.

Mercredi 3 : train direction frontière portugaise, départ 1 h 30 (restant brigade « AZUR » ; voyagé restant de nuit, toute la matinée ; après-midi de nouveau montagne, pont saboté, train 22 h 30 de la veille fond ravin ; pont de fortune, de nouveau changé de train à ??? Arrivés à ORENSE début soirée. Hôtel LION D’OR, mot de passe, mauvaise nouvelle, ligne brûlée, faut attendre, passé nuit hôtel, 1 lit pour nous quatre, 2 sur matelas à terre, Henri et Hubert sur grille du lit. Pendant la nuit, Vermeire drap de lit et tout le paquet.

Jeudi 4 : Restons hôtel, en ville, fête de Franco, journal 4 Belges arrivés la veille.

Vendredi 5 : Quittons hôtel après-midi en taxi, 40 km, stop milieu montagne, cachés sous la route dans tuyau d’égout, taxi parti, paysans et ? sur la route. Ici dans le tuyau le « PET », rire malade. Arrivée guide, costume velours, ombrelle, de nouveau commencer montagne (plus dur que Pyrénées). Henri indigestion, très malade, veut être abandonné ; enfin dégagé, repartis, monter, descendre, monter, descendre, guide pas très sûr, souvent trompé, torrents, chiens, jardins, cavaliers, mur sans mortier, toujours marcher.

Samedi 6 : marché toute la nuit, lever jour, soleil très fort, enfin fond vallée, moulin en pierre, renfermés, guide parti, plus mangé depuis la veille ; dans courant après-midi, femme apporte pain, sardines, bouteille de vin, toujours attendre.

A la tombée de la nuit, retour guide, sortis moulin, remis en mains douaniers portugais, guide parti, mais toujours en Espagne. Grand route, pont gardé par carabiniers, descendre dans la rivière, passages très difficiles, enfin passés en dessous pont gardé, repris la route un peu après. A minuit, arrivés au poste de douane et territoire portugais.

Dimanche 7 : Continuons la route avec un douanier (sergent) nous conduit village chez lui. A 1 h. du matin souper, 5 autour de la table, 1 grand plat (lapin, salade, oignons, olives, riz, huile) départ avec douanier + un couple de Belges vers 2 h 30. Marcher jusque 6 heures.

Voiture venue de Braga pour nous prendre, montons à 6 + chien dans voiture pour 4. Arrivés à Braga vers 9 h, grande propriété, patron originaire Verviers. Lavés, déjeuner, après-midi directives pour continuer, sans guide, partis de Braga à 19 heures, changé train à PORTO à 23 h. Continué voyage à 4.

Lundi 8 : Arrivés à Lisbonne à 9 h. Café de la gare, dégusté café crème, taxi pour consulat Belgique, interrogatoire, argent, conduits chez Anglais, nouvel interrogatoire, après-midi conduits au gîte. Retrouvé GIGOT, soir promenade, cireurs, mendiants, nuit au gîte.

Mardi 9 : De nouveau conduits Anglais, nouvel interrogatoire. Embarquons le jour même à 14 h 30. Midi dîner pension anglaise. 14 h, port, vedettes, embarqués sur « CONRAD », 19 Belges, 9 Polonais, 2 Tchécoslovaques, ainsi que des civils anglais avec famille. Formalités (juifs).

Mercredi 10 : A bord CONRAD, restés en rade de Lisbonne.

Jeudi 11 : Très tôt (à l’aube), levé l’ancre, 3 cargos (anglais) mal de mer.

Vendredi 12 : Continuons à 3, direction plein Atlantique, alertes avions.

Samedi 13 : Pendant la nuit rencontré convoi (24 navires) faisant route vers l’Angleterre, venant d’Amérique du Sud. Alerte avions.

Dimanche 14 : belle journée, mer très calme. Alerte avions.

Lundi 15 : 1 h du matin, forte détonation, tout le monde sur le pont, pétrolier à notre gauche (en avant) atteint d’une torpille, coule en 4-5 minutes. Convoi prend de la vitesse, 2e torpille navire sur notre gauche (en arrière) atteint, coule aussi vite. Par suite vitesse, convoi disloqué, manquent 6 unités, continuons voyage.

Mardi 16 : Continuons à 21, calme revenu : Major DEMEYER, frousse, cordes, bouée, radeau, valises, documents, nourriture.

Mercredi 17 : Calme, même situation, change direction, canal St Georges impraticable (sous-marin) contourner Irlande.

Jeudi 18 : Toujours le même, contre-torpilleurs ramené naufragés, convoi scindé.

Vendredi 19 : Côtoyé l’Ecosse, serons bientôt au but.

Samedi 20 : Tard dans l’après-midi, arrivons dans un port de guerre du nord. Débarquement remis au lendemain, nouvelles formalités avec douane et administrations.

Dimanche 21 : Débarqués de bonne heure sur petit bateau de plaisance, restés environ une heure à bord, ensuite accosté. Attendus au débarquement par officier écossais + 2 soldats (2 autobus) jusque PERC ? , conduits dans un hôtel gardé militairement ; dîner, passer à la gare, train pour LONDRES environ 13 heures, cinq évadés par compartiment + 1 soldat anglais. Paniers repas, cigarettes, thé, passer par le port de GLASGOW, rouler toute la nuit.

Lundi 22 : Arrivés à Londres vers 8 h. Gare de PADDINGTON, de nouveau autobus avec escorte, conduits à PATRIOTIC-SCHOOL, pour être tamisés.

Du 23 au 29, interrogatoires avec sortie d’Henri le 26 et de Hubert le 29.

Ici s’arrête le journal rédigé par Hubert LEROY.

Suit la copie d’un manuscrit d’Henri LEDENT.

Je soussigné LEDENT, Henri, Hubert, Sylvain, époux Piérard Olga, né à Vivegnis le 13-02-13, agent à la Sûreté de l’Etat, de nationalité belge, domicilié à Vivegnis, rue de Cheratte, n° 40, déclare résumer mon activité durant la guerre 1940-1945 comme suit :

Soldat milicien classe 34 au 3e Régiment du Génie, 1er Bataillon, 1ère Compagnie.

Mobilisé en 1939 au 8e Bataillon du Génie, 1ère Compagnie, Matricule 176.145.40 et fait la campagne des 18 jours. Blessé à la Lys en service commandé, jambe gauche ouverte par shrapnell, jamais soigné parce que nous étions le 27 mai et le lendemain la Belgique capitulait. Prisonnier jusqu’au 21-08-40 dans un bataillon belge de démineurs.

Rentré dans mon foyer, j’ai fait de la résistance individuelle jusqu’en février 1941. Pendant cette période, j’ai accompli divers sabotages contre l’occupant. En 1941, je pris contact avec le Service Cleveland Clarence sous le n° 6344. J’étais avec le groupe Clokers fusillé. D’autre part, à la même époque, je commençai également avec les partisans armés dans le groupe Hans, Rasquinet, Dehareng et Grosjean, comme sabotage et actes de soi-disant terroriste.

A la suite de tous ces actes de résistance, les Allemands s’étaient mis à ma recherche et je fus prévenu par des amis, entre autres Hans et Grosjean, à la suite des recherches infructueuses de l’ennemi, ma tête fut mise à prix. Devant cet état de choses, et pour échapper à la justice allemande, je fus conseillé par un responsable de notre groupement d’essayer de rejoindre l’Angleterre aux fins de  donner une appréciation exacte (de la situation dans notre région).

En avril 1942, je me décidai de partir pour l’Angleterre. Ayant gagné ce pays en un temps record, au mois de juin 1942, je prenais du service à Londres dans les agents secrets parachutés en Belgique.

En mars 1943, au cours d’un service commandé, je fus blessé gravement : amputation de la main gauche et blessure sérieuse à la main droite, ce qui me valut 1 an et demi d’hôpital et 2 interventions chirurgicales. A l’ouverture du second front en 1944, à la suite d’un saut en parachute, je me fracturai le pied gauche, je porte appareil.

Lors de l’avance Von Rundstedt, j’ai quitté l’hôpital pour accomplir une mission derrière les lignes allemandes, et jusqu’en septembre 1944, je fus attaché au Service de Rapatriement des prisonniers politiques jusqu’en zone russe.

Je joins au présent les attestations des groupements auxquels j’ai appartenu.

Je suis en possession de la carte S.S.A.-OSS au grade de sous-lieutenant.

Reconnu agent ARA (adjudant en date du 01-03-43)

A l’heure actuelle, je suis porteur des distinctions honorifiques suivantes :

Chevalier de l’Ordre de la Couronne avec Palme et Croix de guerre avec palme.

Croix des Evadés

Défense Médaille (anglaise)

Commémorative 1939-1945 (Angleterre)

Médaille France – Allemagne (Angleterre)

Médaille de la Résistance (Belgique)

Médaille Commémorative (belge) avec couronne, sabres entrecroisés et les 2 éclairs.

Médaille de Volontaire de guerre (belge)

Démobilisé à Bruxelles de SSA le 01-09-1945 et repassé à la Sûreté de l’Etat à Liège le 01-09-1945 où je suis toujours occupé



Certifié sincère et véritable.

 

Ma camionnette et moi

(suite)

Souvenirs de guerre d’un cycliste frontière 1940

Par Charly Wesmael - 1er Régiment 1er Bataillon 6ème Compagnie

Chapitre V. La Lys

Dans un petit village, nous sommes restés trois jours. Nos chefs en ont profité pour rééquiper le régiment en armement, munitions et matériel. Le lendemain de notre arrivée, je reçois l’ordre de me rendre avec Joséphine à Thourout où, dans une fabrique de vélos, je devais faire l’acquisition de pièces de rechange.

Cette mission nous valut quelques heures de délassement. J’avais comme convoyeur un chauffeur qui, naguère, avait échangé des serments d’amour avec une jeune fille de Thourout.

« Quelle chance, mon vieux, me dit-il, ça va barder ! »

Nous arrivons chez elle ; lasse d’attendre, elle s’était mariée. Elle avait épousé quelqu’un de l’endroit et tenait un café-restaurant lequel ne manquait pas d’allure. Nous y fûmes accueillis avec les marques de la plus vive sympathie. Elle nous présente son mari et nous invite à dîner. Nous ne refusons pas, oh non ! Apéritif, potage bien conditionné, œufs à la russe, rumsteck, pommes-frites, compote, dessert. Le tout arrosé de deux bouteilles de Bourgogne. Quelle noce ! Quel festin ! Ah ! J’en garderai longtemps le souvenir. Avant le départ, elle nous sert encore des Fine Champagne et des cigares. Brave femme, va, je t’ai élevé un monument dans mon cœur. Et on viendra dire que la reconnaissance du ventre est un vain mot ?

Vers la soirée, nous rejoignons notre cantonnement où nous sommes accueillis non plus avec les marques de la plus vive sympathie, mais par une engueulade soignée du premier chef.

Quelle douche ! C’était le revers de la médaille. Mais nous lui servons trente-six balivernes. Tout, sauf la vérité. Il gobe nos explications ou paraît les accepter et ainsi tout doucement la tempête se calme.

Pendant ces journées, je m’occupe surtout de la santé et de la toilette de Joséphine. Elle fut nettoyée des pieds à la tête, les dégâts réparés, et ma foi, sauf les vitres brisées, les phares contusionnés et un panneau enlevé, elle ne manquait pas d’allure.

Il y avait là aussi une jeune liégeoise, très avenante, avec laquelle nous avons vécu des heures agréables à nous entretenir de la vieille cité mosane.

A la messe du dimanche, pensant à la maison et aux miens, je pleurai comme un enfant. Notre aumônier nous remonta le moral et pendant l’offertoire, les orgues jouèrent la « Brabançonne ».

Ces trois jours passés dans ce village des Flandres, loin de toute canonnade, furent pour nous un réel repos. Là, j’eus enfin la satisfaction d’enlever mes bottes pour la première fois et je pus me coucher dans un bon lit, mais je dormis mal, j’avais perdu l’habitude de la laine.

Hélas, les bons jours passent trop vite et le matin du quatrième, le clairon de malheur vient nous arracher à nos beaux rêves. Un ordre du Grand Quartier Général nous ordonne le départ immédiat. Où allons-nous et qu’allons-nous faire ? Très tôt le matin, nous arrivons dans une localité située au sommet de l’angle formé par la Lys et le Canal de Roulers. La Lys était un mot qui nous disait peu de chose et pourtant c’était là qu’allait se jouer le sort de notre Armée. Nous prenons position à Hulste. Pendant l’après-midi, nous vérifions nos nouvelles armes, les munitions et amorçons les grenades.

Vers la soirée, nous assistons au repli d’un régiment anglais. Ce fut pour nous une amère déception. Nous espérions beaucoup en eux. Ils étaient magnifiquement équipés et ils nous p… dans la main !

A la tombée du jour, un régiment d’artillerie belge vint s’installer près de nous et tira toute la nuit. Le lendemain, nous repartons vers Oyghem ; le charroi reçoit l’ordre de se replier derrière la canal de Roulers, à quinze kilomètres de nos positions, sauf Joséphine qui, une fois de plus, fut désignée pour rester avec mon bataillon. Que voulez-vous ?

On avait pris l’habitude de la voir et on ne pensait plus qu’à elle. Pauvre camion, que vas-tu encore souffrir ? Périrons-nous dans la tourmente ou en sortirons-nous encore ?

Le premier chef partit à la recherche d’une ferme pour nous caser. Nous devions, paraît-il, y demeurer quelque temps. Pendant cette journée, nous distribuons les munitions, creusons des tranchées et installons le téléphone. Je dus encore ravitailler nos positions le long de la Lys.

Dans l’après-midi, l’aumônier vint me faire visite et m’apporta des cigarettes. Ce fut pour moi une bonne aubaine : depuis plus de trois jours, nous ne fumions plus que le cigare, dans tous les villages où nous passions, il n’y avait plus de tabac.

Comme je savais que l’aumônier avait ses grandes et ses petites entrées à l’état-major, je lui demande quelle était notre mission et ce que nous allions faire.

« Tu vois la Lys, eh bien, tous les régiments de l’Armée belge doivent se replier derrière cette rivière et c’est ici que nous devons arrêter l’armée allemande. Si l’ennemi réussit encore à percer, ce sera fini pour nous. Tu te rends compte, d’ici deux ou trois jours ce que ça va chauffer. »

A mon tour, je lui dis : « Monsieur l’Aumônier, je vous remercie beaucoup, mais quand je vous demande des renseignements, vous n’avez jamais que des pareils à me donner. »

Il partit en riant et en nous souhaitant bon courage. Puisque j’étais là pour plusieurs jours, je pris mes dispositions pour me loger le plus confortablement possible, je me liai d’amitié avec le fermier et m’arrangeai une couchette dans la grange.

Vers la soirée, le fermier vint m’inviter à un souper, il me raconte que lui aussi, pendant la guerre 14-18, il avait eu un fils aux armées. Son jeune homme avait disparu et, avec des larmes dans les yeux, il ajouta : « Je ne sais même pas où il est… »

Après le souper, je vais retrouver mes amis qui avaient pris position dans les tranchées. Je les surpris en train de déguster un gros poulet qu’ils avaient fait cuire chez un cultivateur voisin. En causant, nous avons ainsi passé une partie de la nuit et, plus l’heure avançait, plus la canonnade se rapprochait. Nous nous décidons enfin à prendre quelques heures de repos car, vu l’avance de l’ennemi, demain peut-être n’en aurons-nous plus l’occasion. Nous nous dirigeons vers la grange pour y dormir un peu.

Quand j’étais gamin et que je lisais des histoires de guerre, bien souvent, je me demandais si certains faits contés par l’auteur étaient possibles. Eh bien oui, et à ce propos, je vais vous raconter une histoire peut-être invraisemblable, mais réelle puisque je l’ai vécue. Nous étions à notre troisième nuit sans sommeil, les déplacements et les travaux de la journée nous avaient accablés de fatigue.

Dans notre secteur, depuis notre arrivée, l’artillerie ne s’était pas tue. Pendant toute la journée et toute la nuit, nos braves artilleurs crachaient, suivant l’expression pittoresque de notre premier chef. Cette canonnade était devenue pour nous un bruit tout à fait normal. Nous préparons donc nos couchettes et nous installons.

Alors que le sommeil alourdissait nos paupières, Vandamme, ordonnance du lieutenant Van Compenhout, nous arrive avec un gros réveil sous le bras. Comme il devait se lever à cinq heures, il avait pris ses précautions. Il installe son réveil sur une poutre et se couche. Un quart d’heure plus tard, alors que la canonnade continuait de plus belle, nous nous tournions et retournions dans nos couchettes. Impossible de dormir. A cet instant, un de nos camarades se lève, empoigne son soulier, le lance sur le réveille-matin et, après avoir proféré un gros juron : « Voilà près d’une heure que ta sale horloge m’empêche de dormir ». Puis il se lève, prend le réveille-matin et le lance dans la fosse à purin.

Nous fûmes unanimes à approuver cette exécution sommaire, sauf, bien entendu, le brave Vandamme. C’était un cadeau de sa femme !

Ce remue-ménage fini, tout rentra dans le silence, sauf le bombardement qui redoublait d’intensité. Dix minutes après, tous les gardes-frontière dormaient comme des loirs.

A l’aube, nous sommes réveillés par une forte explosion. Un obus de gros calibre vient de défoncer la route. Il était cinq heures du matin. L’ordonnance se lève, se frotte les mains et, se retournant vers ses camarades : « Ca, c’est autre chose qu’un réveille-matin hein ! » Il possédait sa vengeance.

Leur toilette terminée, les hommes se dirigent vers leurs emplacements. Le fermier vient me trouver et m’offre à déjeuner. Pendant que je mangeais une savoureuse « fricassée », il me fit part de ses intentions de partir. « J’ai l’impression, me dit-il, qu’ici ça va devenir dangereux. » Je le laissais parler, ne voulant rien lui conseiller, car les routes étaient devenues aussi peu sûres que le reste ?

Après le déjeuner, je remercie mon hôte et me rends au poste de commandement. Je salue le major Viatour qui, malgré sa blessure, n’avait pas voulu quitter ses soldats.

J’y parle au lieutenant Boulanger, qui m’offre une excellente cigarette, m’interroge sur mon moral et me demande si j’ai bien dormi et bien déjeuné. Il sort avec moi du bureau – c’était  une cave – et m’indique toutes les positions à ravitailler. « Tu vas d’abord passer chez le commandant Marlier et lui remettre des grenades D.B.T., chez le lieutenant Biver lui porter des balles perforantes, puis chez le lieutenant Van Compenhout y déposer des fusées et un pistolet. Après cela, tu reviendras ici chercher ta récompense. »

Je demandai pourtant un acompte. C’est ainsi que je m’enfilai deux bonnes grandes gouttes de genièvre. Et je pars chercher Joséphine. A travers champs, je gagne le P.C. du commandant Marlier. J’y dépose les munitions puis je repars. A peine arrivé chez le lieutenant Biver, j’entends une formidable explosion. C’était le P.C. du commandant Marlier qui volait en morceaux. Je me retourne vers le lieutenant Biver et lui dis : « Pourvu que je ne sois pas un oiseau de mauvaise augure ! » Je décharge les balles perforantes et pars en lui recommandant, par blague, de prendre ses précautions. A peine étais-je arrivé chez le lieutenant Van Compenhout que le poste du lieutenant Biver était démoli par un obus de gros calibre. Je regarde le lieutenant Van Compenhout qui se demandait si je lui apportais, en même temps que les fusées, le sort réservé à ses deux collègues. A peine étais-je sur la route que je me sens projeté dans le fossé avec mon camion. Etourdi, je sors de l’auto et m’aperçois que le lieutenant Van Compenhout n’avait pas été épargné.

De mon côté ; j’essaie en vain de remettre Joséphine d’aplomb. Je me décide alors de me rendre à pied au P.C. du major Viatour y chercher du secours. Le major et le lieutenant Boulanger m’attendaient sur le pas de la porte et me reçoivent très mal.

Furieux, ils me montrent le ciel « Vous ne voyez pas que l’on vous repère ? ». Je regarde et aperçois une saucisse qui se balançait au-dessus de nos lignes. L’observateur qui s’y trouvait communiquait les endroits où je m’arrêtais. Je m’excusai et avec trois hommes je me rendis auprès de mon camion pour le dégager.

Une heure plus tard, je reviens à la ferme où le propriétaire se hâtait de charger tout ce qu’il possédait de plus précieux sur une charrette. Il craignait que le même sort lui fût réservé. Il m’appelle et me confie sa maison.

« Voici du beurre, des œufs et du jambon. Vous pouvez disposer de ma maison, je vous la confie. Tâchez seulement qu’on ne vienne pas la piller. » Je lui promis que je serais un gardien fidèle et intransigeant.

Après le départ du fermier, je me dirige vers les différents P.C. qui avaient été bombardés. Quelle ne fut pas ma joie d’apprendre que personne n’avait été blessé. Je pris mes jambes à mon cou et m’empressai de porter cette bonne nouvelle au lieutenant Boulanger. « Vous avez de la chance, me dit-il, si jamais un malheur était arrivé, je ne sais ce que je vous aurais réservé. »

A cela près, je lui réclamai quand même le reste de ma récompense. Il me le versa en riant et en me disant que malgré tout j’étais un veinard.

A la suite de ces différents bombardements, il fut décidé que je resterais cloîtré dans la ferme avec mon camion.

Ma nouvelle mission m’y attendait. Je devenais cuisinier. Aucune auto ne pouvant plus circuler, il fallait faire la popote sur place.

C’est ainsi qu’on m’apporta deux cents boîtes de corned-beef, de la purée de tomates, du lard, du vermicelle. J’y joignis des légumes du jardin et y versai le tout dans une grande marmite qui avait servi à cuisiner les épluchures de pommes de terre pour la nourriture des porcs.

Je préparai une soupe aux tomates, puis je la distribuai aux hommes de notre compagnie.

Après la distribution, je nettoyai les bidons et allai m’asseoir dans ma camionnette pour me consoler. De chauffeur, être ravalé au rang de cuisinier. Quelle déchéance ! Mais je ne remplis qu’une seule fois ces fonctions.

Sur ces entrefaites, la nuit était tombée. L’artillerie belge et l’artillerie allemande faisaient rage ; déjà quelques éléments ennemis s’étaient avancés jusqu’au bord de la Lys.

Le 1er régiment de ligne qui se trouvait devant nous avait engagé le combat. De tous côtés, les obus éclataient. Le secteur devenait un véritable enfer. La nuit se passa ainsi, dans un effroyable bombardement des positions adverses, comme des nôtres. Au lever du jour, le secteur rentra dans le calme.

Nous scrutons le ciel, pas d’avions ennemis, mais la saucisse qui, depuis deux jours, observait nos mouvements, était toujours là ! Elle nous mettait mal à l’aise. Nous ne nous sentions pas chez nous. A plusieurs reprises, le P.C. réclame l’aide de l’aviation. Peine perdue, on ne répond pas !

Enfin, comme il y avait une accalmie, nous décidons, quelques camarades et moi, de faire un bon dîner. Un des nôtres étrangle une poule, la plume et se charge de la cuire.

Un second va chercher des salades dans le jardin, deux autres épluchent des pommes de terre et les mettent au feu. Quant à moi, je leur dresse une sauce mayonnaise qui m’eut fait embaucher comme marmiton dans un restaurant de premier ordre. Nous nous mettons à table dans la salle à manger de la ferme et faisons honneur à notre plantureux repas. Nous allumons un cigare, puis lourdement, nous nous levons et rejoignons nos emplacements dans les tranchées.

A peine étions-nous dehors que le corps de logis de la ferme est anéanti par deux obus allemands. Cinq minutes plus tôt, nous n’en serions pas sortis. Tout-à-coup, je me rappelle : le jambon, les œufs et le beurre ! Sacrebleu qu’est-ce-que tout cela est devenu ? Avec le convoyeur, nous fouillons les décombres et, dans la cave, nous retrouvons le tout que nous transportons dans ma camionnette. J’y pends le gros jambon qui, tout fier, se balançait au-dessus des œufs et du beurre.

Cependant, l’heure avançait et l’ennemi faisait preuve d’activité. Il fut rapidement aux prises avec le 1er régiment de ligne et la bataille se développa avec intensité. Notre artillerie tirait à bout portant. Aussi loin qu’on pouvait voir, on n’apercevait que des maisons en flammes. On entendait les gémissements des blessés et les hurlements des bêtes qui rôtissaient dans les écuries en feu.

Alors que le 24ème et le 25ème de ligne maintenaient leurs positions, à notre grande stupéfaction, nous voyons le 1er de ligne se retirer en débandade. L’ordre formel était cependant de résister à outrance. Nous communiquons cette nouvelle au Grand Quartier Général…qui répond : « Ce recul est inadmissible et même au prix de la vie des fuyards, il faut renvoyer les soldats dans leurs positions. » Ce qui fut fait. Nos fusils-mitrailleurs sont mis en batterie et arrêtent ce repli, mais à quel prix ! Hélas, ce sont les lois de la guerre. Tout qui abandonne son poste sans en avoir reçu l’ordre est considéré comme déserteur.

Mais les Allemands avaient pénétré dans nos lignes et une contre-attaque fut lancée. Le premier chef m’avertit que je dois la suivre avec ma camionnette. Tout le monde est au poste, nos officiers se mettent à la tête de leurs troupes et baïonnette au canon, la bataille s’engagea sur les bords de la Lys. Ce fut effroyable. Les deux adversaires luttaient corps à corps. Il n’est pas de mots assez éloquents pour raconter avec quel courage les nôtres se battirent.

Voyant que l’ennemi franchissait la Lys, le 25ème de ligne craignant d’être fait prisonnier ordonne le repli. A ce moment, notre artillerie se tait. Les canonniers ont épuisé leurs munitions. Que faire ? Déjà l’ennemi menace de nous encercler. Il ne nous reste qu’un pont pour traverser le canal de Roulers. Pour l’atteindre, il faut passer dans le feu de l’ennemi. Notre état-major reçoit du Grand Quartier Général l’ordre de retraite derrière le 6ème de ligne. Nos officiers, jugeant la situation très grave, nous ordonnent de regagner nos positions de repli par nos propres moyens.

A ce moment, je me trouvais dans une tranchée avec des camarades et l’un de ceux-ci, pour savoir si nous étions repérés, met son casque au bord de son fusil et l’élève un peu au-dessus du parapet. Une balle siffle et perce le casque de part en part. Ce que voyant, il décide de ne pas bouger. Le sergent Lemoine, pour donner l’exemple, se lève, enjambe le parapet et s’écroule. Il est touché au cœur. Il n’a même pas le temps de nous dire un mot, il meurt dans nos bras. Nous le couchons au fond de la tranchée.

Le secteur devenait intenable et nous voulions à tout prix en sortir. Comme une limace, je grimpe, sors de la tranchée et, à plat ventre, rampe jusqu’à la ferme où m’attendait Joséphine. Que faire ? Devais-je l’abandonner, elle qui faisait partie de moi-même, ne serait-ce pas lâche de partir sans elle ?

Et mon fourbi et le jambon, le beurre, les œufs ! Allais-je laisser tout cela aux mains de l’adversaire ? Ah non ! J’appelle mon convoyeur et lui dis de prendre place. Il me regarde stupéfait, me traite de fou, mais consent quand même à m’accompagner. Je mets mon moteur en marche et à toute vitesse, la tête baissée, cachés derrière le tablier, nous traversons les différents feux de barrage. A plusieurs reprises, nos toiles sont percées de balles.

Arrivés près du pont et comme je m’engageais dans la rampe, le génie me fait signe de m’arrêter. Les explosifs étaient amorcés, il était trop tard pour passer. Je saute du camion, me couche dans le fossé et attends l’explosion. Ces quelques secondes me parurent des heures. J’entendis la déflagration qui fut suivie d’une dépression formidable. Je fus collé au sol. J’y restai combien de temps ? Je n’en sais rien. Quand je revins à moi, ma première pensée fut pour Joséphine. Avait-elle survécu à cette nouvelle épreuve ?

Couvert de poussière, je me relève et que vois-je ? Ma camionnette est là ! Dédaignant les balles qui sifflent à mes oreilles, je cours vers elle, je m’introduis avec peine dans la voiture, m’installe au volant, actionne le moteur et, par un brusque mouvement de marche arrière, je parviens à la dégager des décombres. Joséphine était défigurée : capot défoncé, portière arrachée, garde-boues disparus ! Mais elle marchait toujours !

De l’autre côté, on me crie que deux kilomètres plus loin, dans la direction de Roulers, je pourrai franchir le canal sur un pont que le génie ne fera sauter que dans quinze minutes. A travers champs de blé, à travers la mitraille, je gagne ce pont sauveur. A cheval sur le capot, mon convoyeur agitait un drapeau blanc pour signaler notre arrivée. Le génie nous voit, nous fait signe de passer. Nous étions sauvés !

Pendant que le pont sautait, j’embrassais mon convoyeur. Mes amis étaient là pour me féliciter. Comme des curieux, ils faisaient le tour du camion et ne savaient que dire pour lui témoigner leur admiration.

Le lieutenant Boulanger vint me trouver, me serra les mains et ne put me dire que cette phrase, tant il était ému : « Je commençais à être inquiet !! »

Cette bataille fut terrible, aucune image ne peut représenter ce que fut cet enfer. Ceux-là seuls qui l’ont vécue pourront la raconter et encore … Les pertes de notre régiment paraissaient considérables. Il nous était impossible de reprendre le combat. Aussi nos officiers nous dirigèrent-ils vers Lichtervelde où nous avons attendu pendant toute la nuit notre état-major et ce qui pouvait rester d’hommes.

Vers huit heures du matin, à la grande joie de nos chefs, les trois quarts de notre régiment répondirent à l’appel. Parmi les hommes présents, il y avait beaucoup de blessés qui, très courageux, n’avaient pas voulu se faire évacuer.

C’est ainsi que pour nous, finit cette bataille de la Lys. Malgré l’échec que notre Armée a pu subir là-bas, à chaque soldat qui vous dira : « J’ai vécu les cinq jours de la Lys », vous témoignerez votre respect et votre admiration.

(à suivre)

De nombreux monuments importants sillonnent notre pays pour rappeler à notre population combien nos anciens se sont dévoués pour permettre à notre pays de rester indépendant et uni. Il serait peut-être temps que certains de nos compatriotes s’en souviennent et en tiennent compte.

Ainsi le Monument à la Résistance situé à Liège.

Dans La Libre Belgique du 7 février dernier, Lily Portugaels écrivait :

« Le Monument National à la Résistance est un monument national ayant le même statut que le Soldat Inconnu. Dans le reliquaire repose un résistant inconnu. Par conséquent, il est soumis aux mêmes droits et devoirs que le monument de Bruxelles.

Malheureusement, de monument ne jouit pas de la même reconnaissance que son homologue bruxellois. Nous voulons restaurer l’image de ce symbole de la résistance. »

C’est en ces termes que le conseil d’administration de l’asbl Monument national à la Résistance (MNR) lance un appel à la reconnaissance de l’ensemble de sculptures qui évoque la Résistance pendant la deuxième guerre mondiale. Lors du cinquantième anniversaire de la libération des camps de prisonniers, le regretté Pierre Clerdent, président du Conseil d’administration du MNR, avait rappelé que ce Monument national, installé à Liège, était le fruit d’une décision unanime de tous les groupements de résistance belges. Liège avait été reconnue comme le lieu symbolique de la mémoire de la lutte clandestine contre l’occupant. Le 8 mai 1955, le Monument national à la Résistance en hommage à l’action des civils dans la lutte contre l’Allemagne nazie est inauguré dans le parc d’Avroy, à hauteur des Terrasses. Un monument simple et impressionnant dû à l’architecte Paul Etienne et au sculpteur Louis Dupont.

D’un côté, un groupe monumental évoque la Résistance armée ; de l’autre, deux personnages dont une femme (ce qui est exceptionnel dans ce genre de monument), évoque la résistance intellectuelle. Entre les deux groupes, une volée de marches descend vers une urne reliquaire en bronze qui contient des cendres de résistants inconnus recueillies au camp de Flossenburg. Sur les flancs du reliquaire, des figures gravées évoquent la presse clandestine et les services de renseignements.

Sur le socle soutenant l’urne sont gravés les blasons des neuf anciennes provinces belges. Il est vrai que lorsqu’on interroge des Belges du Nord ou du Sud, et même des Liégeois, ce monument, malgré son caractère national, est fort méconnu. On peut donc se réjouir de la volonté du nouveau conseil d’administration mis en place après la mort de Pierre Clerdent, de mettre tout en œuvre pour mieux faire connaître cet ensemble et ce qu’il représente. Notons que le président actuel est Paul Brusson (président national de l’Union des prisonniers politiques), le vice-président francophone, Paul Tasset (avocat et président national de l’Inter-fraternelle des Brigades d’Irlande) et le vice-président néerlandophone, le Colonel (Hre) BEM Guido Van Poucke (président de la Fondation Armée Secrète  1940-1945).



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