Maison du Souvenir

Le message du C.A.P.O.R.A.L. du mois de Novembre 2009

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Le Message du C.A.P.O.R.A.L.

NOVEMBRE 2009

« C.A.P.O.R.A.L. » signifie: Comité des Associations Patriotiques d’Oupeye pour le Regroupement des Activités Locales.


Editeur responsable: M. G. GOESSENS, Av. reine Elisabeth, 35, 4684 OUPEYE – HACCOURT

Le mot du secrétaire patriotique

Je l’ai trouvé en gériatrie, mon brave vieux camarade, il n’y a rien de plus normal puisque tout un étage de l’hôpital est réservé pour les soins aux personnes âgées. On y croise des infirmières avenantes, tout sourire ; elles font entrer dans les chambres le soleil qu’il n’y a même pas au dehors vu qu’aujourd’hui le temps est gris. Un médecin à l’aspect débonnaire, stéthoscope autour du cou, tout de blanc vêtu, pousse une porte, salue chaleureusement un patient alité puis referme l’huis. Je croise des visiteurs qui progressent en silence, dont une femme aux cheveux gris avec un petit bouquet de fleurs à la main. Dans ce long couloir, chacun porte toute son attention sur les pictogrammes et le numéro des chambres. Je frappe à la porte, mais avant de pénétrer, je me remémore l’odyssée de celui à qui je rends visite : son existence, sa guerre, sa captivité, les circonstances qui ont fait que nous avons fraternisé et puis tout ce qu’il m’a raconté au long des nombreuses années de cette amitié qu’il a généreusement accordée à moi, son cadet. J’ai ouvert ! Il est là, dans son lit, assis, le dos bien calé par deux oreillers, un journal à la main. Sa figure est émaciée, il a fortement maigri mais son regard exprime le contentement de me voir. Assez bêtement, je dis : « Ca va ? » Du tac au tac, il répond en wallon : « I n’irait moÿe pû bin ! » L’âge est là, avec toutes les misères qu’il apporte : les douleurs rhumatismales, l’arthrite, l’arthrose, l’asthme, le cœur etc., tous les « méhins ».  « Mes vacances forcées de cinq ans chez les boches n’ont rien arrangé ! » dit-il. Brusquement, il agite sa gazette sous mon nez. « Les petites terreurs de 12-13-14 ans chez nous ! Tu as vu ? Il n’y a plus d’enfants ! » J’étais venu m’enquérir de sa santé, tenter de soutenir son moral, je le craignais moribond et voilà que je me trouvais face à un philosophe, et moralisateur en plus. « Ces gamins-là, il leur faudrait un foyer, pas un foyer d’accueil, un vrai foyer avec un papa et une maman qui les attendent, qui les écoutent, qui les encouragent, qui s’en occupent, qui ASSUMENT. Les couples qui se mettent en ménage, ou qui se marient, doivent tout d’abord réfléchir à la responsabilité de mettre un enfant au monde. Ce n’est pas suffisant de donner la vie, de materner, de chouchouter un bambin, il faut l’élever, éduquer en même temps que nourrir sa marmaille, servir aussi d’exemple et ne pas tout le temps compter sur les autres. » J’ai eu droit aussi à une diatribe sur les familles monoparentales. Il m’a persuadé du fait qu’il faut être deux à la tâche, le père et la mère, pour assurer le bon équilibre des rejetons. Avec un certain humour, il a évoqué les Droits de l’Homme. « On en parle tout le temps à la T.V., mais jamais le mâle du genre humain n’a été autant contesté, par les femmes d’abord, par sa descendance ensuite. Je dirais même qu’on l’a émasculé le pauvre ! On va trop loin, ce n’est pas bon ! » Fataliste, il conclut en revenant à sa situation personnelle : « Je ne crois pas que je vais m’en sortir, mais j’aime autant que ça s’arrête. J’en ai vu assez. Je ne veux pas vivre dans un monde où tout le monde a peur de tout le monde. »

Ce matin, trois petites traînées de cendrées bleue, noire, grise, sont coulées en parallèles sur le gazon vert de la pelouse de dispersion du cimetière, c’est là tout ce qu’il reste de mon vieux camarade. Au cours de ma longue vie, j’en ai déjà perdu des parents, des collègues, des copains et d’autres que j’ai accompagnés par amour, par devoir, par compassion ou parce qu’on m’avait délégué. Regardant les cendres répandues, je pense avec cynisme que sa dernière volonté a été exaucée : il ne voulait pas vivre à nouveau dans la peur. Il n’y aura plus pour lui un monde de brutes. La famille est présente, les amis aussi, une petite poignée de vétérans de la guerre 40 et les drapeaux qui frémissent au vent frais de l’automne. L’employé des pompes funèbres dépose les fleurs en carré. Des sonneries militaires retentissent issues d’un radiocassette. Les drapeaux s’inclinent pour honorer le défunt. Un délégué des Associations patriotiques prononce quelques mots qui rappellent que, soldat au 12e Régiment de Ligne, il a combattu sur la Lys en 40, qu’il a ensuite été emmené Prisonnier de guerre, en esclavage, humilié, affamé, taillable et corvéable mais, disait notre défunt ami, ce n’était rien à côté du sort fait aux Russes et aux Polonais. L’hymne national retentit ainsi que la marche du 12e de Ligne. C’en est terminé. C’est le moment des condoléances. Au sortir du cimetière, j’aide un porte-drapeau à rouler son étendard et à l’introduire dans le fourreau. Une bourrasque soulève ma casquette, je la rattrape in extremis. Du coup, je repense à feu mon ancien camarade, celui qui préconisait surtout la vie de famille en tant que remède aux maux de la société, il s’est sûrement dispersé ici, tout autour !

Mon billet, vous l’avez sûrement trouvé morbide. En cette veille du jour anniversaire de l’Armistice de 1918, j’aurais pu vous parler de la Grande guerre et aussi de la dernière guerre qui laisse encore des survivants parmi nous. Alors j’aurais évoqué les millions et les millions de victimes, et là, c’est vraiment toujours à en pleurer !

Votre dévoué, Georges ANTOINE


Manifestations du Souvenir du 11 novembre 2009

 

Sous le patronage de l’Administration communale d’Oupeye et de son département des Relations publiques, les Associations patriotiques d’Oupeye ont le plaisir d’inviter la population à participer aux cérémonies du Souvenir du 11 novembre.

Le 11 novembre 2009, l’office religieux sera célébré en l’église Jean-Baptiste de Hermée à 10h30, avec le groupe vocal « Méli-Mélo » de Vivegnis.

Le cortège de circonstance prendra ensuite la direction du monument aux morts de la place du Carcan pour les dépôts de fleurs de circonstance.  Un vin d’honneur offert par l’Administration communale dans les locaux de l’école communale clôturera la manifestation.  Il est important de souligner que tous les monuments de l’entité, seront également fleuris le 11 novembre.

C’est ainsi qu’un membre du Collège communal, accompagné des instances patriotiques locales, effectuera le dépôt de fleurs dans chaque village avant de rejoindre la place du Carcan à 10h15 pour le rassemblement général.

 

Rendez-vous dans chaque village à 9h30 aux monuments aux morts suivants :

- Haccourt : place de Hallembaye ;

- Hermalle : place G. Froidmont ;

- Heure : rue François Janssen ;

- Houtain : rue de Slins ;

- Oupeye : rue du Roi Albert ;

- Vivegnis : place des Vignerons.

 

La population est, comme chaque année, invitée à pavoiser en cette circonstance.  Nous vous en remercions d’avance.

 

Le site de la Maison du Souvenir

Bonne nouvelle pour ceux qui possèdent Internet. La Maison du Souvenir d’Oupeye a transformé son site grâce à l’aide efficace de notre camarade Francis De Look d’Heure-le-Romain.  Désormais ; il sera plus vivant, plus souvent remis à jour. Il sera rempli de photos et d’articles que nous espérons intéressants au sujet de notre région durant les deux guerres mondiales. Il vous permettra éventuellement de lancer des appels de renseignements et nous serions heureux si vous acceptiez de signer notre Livre d’Or et d’y indiquer votre avis sur le site. Il sera maintenant possible de le charger sous le nom : http://www.maisondusouvenir.be Pour l’instant, le musée est rouvert aux jours et heures habituels et sur rendez-vous au 0474 466482.  De plus, très important, pour préparer notre prochaine expo sur la femme pendant la seconde guerre, nous avons besoin de photos, documents, vêtements d’époque, objets, témoignages. Contactez-nous au même numéro de téléphone. Merci d’avance !

Le Soldat inconnu

Notre ami Georges Antoine nous a fait parvenir un petit texte issu du trimestriel édité par la Fraternelle de la Légion étrangère française en Belgique : « Honneur et Fidélité ». A-t-il eu une prémonition, notre ami Georges ? En effet, il y a quelques jours, nous avons reçu un cadre contenant une reproduction de l’inauguration de ce monument par le roi Albert et les autorités alliées. Voici cet article :

Le Soldat Inconnu est inhumé au pied de la Colonne du Congrès à Bruxelles. Cinq corps non identifiés tombés à Liège, Namur, Anvers, sur l’Yser et en Flandre, furent amenés en gare de Bruges le 10 novembre 1922 et installés dans une chapelle ardente.

Devenu aveugle à Dixmude en 1917, le soldat (cavalier) Raymond HAEZEBROECK fut amené par Monsieur DEVEZE, Ministre de la Défense nationale, en présence des autorités civiles et militaires, devant les 5 catafalques et désigna au hasard le 4e cercueil à l’aide d’une simple couronne de lauriers nouée d’un ruban rouge, jaune et noir. Le 11 novembre 1922, le cercueil d’acajou du Soldat Inconnu fut embarqué dans un train spécial vers Bruxelles (Gare du Nord). Il gagna ensuite la Colonne du Congrès en passant devant une foule nombreuse. La famille royale assista à la descente du cercueil dans la fosse. Sur la dalle figure l’inscription en néerlandais et en français : «Ici repose un soldat inconnu, mort pour la Patrie 1914-1918». Vingt-cinq ans plus tard, une seconde dalle a été ajoutée et dédiée « aux héros de la guerre 40-45 ».

Entre-temps, deux ans après cette inhumation, le Soldat Inconnu avait hérité d’une flamme, allumée le 2 novembre 1924.

J-P Guillaume. Adjt

Discours prononcé par le Lieutenant – Colonel Charles DEVOS,

Co-Président de l’Amicale des Porte-drapeaux Basse-Meuse, vallée du Geer à l’occasion du 19ème anniversaire de l’Amicale, le dimanche 5 juillet.

Monsieur le Consul, mon Colonel, Mesdames et Messieurs les Echevins et membres du Conseil communal, Monsieur le Président du CPAS, Mesdames et Messieurs les Présidents, porte-drapeaux et membres des diverses associations patriotiques, chers paroissiens,

Le premier dimanche de juillet 1990, conjointement avec la fête paroissiale, et à l’initiative de Mme FROIDMONT, était organisée pour la première fois à Hallembaye une cérémonie du souvenir.

Aujourd’hui, 19 ans plus tard, cette cérémonie rencontre toujours un aussi grand succès et, s’il en est ainsi, c’est grâce à vous tous, venus d’ici ou d’ailleurs.

Je tiens tout particulièrement à remercier Monsieur le Consul honoraire de la République de Slovénie, M. Coch ainsi que notre Commandant de province, le Colonel  Breveté d’Etat-Major Babette qui tous deux aujourd’hui nous honorent de leur présence.

Merci aussi à nos amis de l’Amicale des porte-drapeaux GUEULE et VESDRE - Pays de HERVE qui depuis leur jumelage avec notre Amicale répondent toujours présents à l’appel.

Dat is ook met vrugde en eer dat wij nog eens onze beste Limburgse vrienden ontvangen, vrienden die trots zijn ons driekleurig vlag te dragen en die door hun aanwezigheid tonen dat Belgïe de overhand heeft op het communautair.  Hartelijk bedank aan deze echte patrioten.

Je me dois aussi de remercier ceux qui assurent la partie musicale de cet office : la chorale paroissiale ainsi que le soliste et l’organiste qui l’accompagne.

Et enfin, je tiens non seulement à remercier mais aussi à féliciter Mme DIET, employée à l’Administration communale pour l’engagement, le dévouement et la disponibilité dont elle fait preuve dans l’organisation de toutes les manifestations patriotiques de l’entité d’Oupeye.  Aussi, lors d’une prochaine manifestation similaire, elle sera officiellement faite membre d’honneur de notre Amicale et recevra la médaille et le diplôme en attestant.

Mes remerciements les plus chaleureux, je les adresse également à Madame Hermine WILLEMS pour son implication efficace dans la préparation de notre anniversaire.

Je remercie enfin Monsieur le Curé Yvon REMACLE pour la qualité de cet office.

Aujourd’hui donc, nous sommes, comme chaque année, réunis en cette chapelle Saint-Nicolas pour nous souvenir et rendre un vibrant hommage à nos paroissiens, soldats et résistants, qui lors des deux grands conflits mondiaux du siècle dernier se sont sacrifiés, payant de leur vie leur engagement pour que notre pays recouvre la liberté qu’il avait injustement perdue.  C’est avec respect qu’il nous faut les honorer.

A tous ceux qui ont survécu aux atrocités, qui eux aussi se sont levés pour cette liberté, qui ont combattu et souffert physiquement et moralement, nous ne pouvons également que dire notre admiration.

Cet honneur rendu, cette admiration formulée, nous nous devons aussi de les manifester à l’ensemble de nos compatriotes, flamands et wallons confondus, qui combattant sous un même étendard et en tout lieu du pays, affrontèrent le même feu et défendirent les mêmes valeurs.

Tous sont les artisans d’une paix dont nous pouvons présentement jouir depuis bientôt 65 ans.

Nous ne devons jamais oublier les hauts faits d’arme et le sacrifice de tant des nôtres : le devoir de mémoire ne doit point faillir et le respect dû à nos anciens combattants et résistants doit rester vivant.  C’est pourquoi il appartient à nous tous de donner à nos jeunes générations, qui doutent et s’interrogent, le sens de l’engagement, la passion de la liberté et de la démocratie mais surtout la passion de notre patrie, notre mère chérie, la Belgique.

Puisse nos politiciens eux aussi être animés par cette même passion ; puisse t’il prendre conscience que le problème linguistique n’est qu’un problème superficiel qui ne doit pas conduire au séparatisme, puisse t’il être ou rester convaincu, comme nos combattants jadis, de la vérité dégagée par notre devise nationale et puisse t’il dès lors s’attacher à faire en sorte que la Belgique reste unie, que la Belgique vive.  Vive la Belgique et vive le Roi.

A méditer…


Tissu d’amour aux trois couleurs

Toi qui connus bien des malheurs

Que défendaient nos soldats, nos rois, nos lois,

Mais toujours présent de nombreuses fois,

Grâce à nos Anciens Combattants,

Ceux de Corée, d’Afrique, du Golfe,

A nos militaires de terre, de mer, de l’air,

Symbole de nos sportifs, expositions, congrès, ambassades,

Sur toute la Terre il y a le drapeau,

Notre drapeau rouge, jaune, noir,

C’est encore l’espoir ;

Claque au vent des gendarmes d’escorte,

Pour policiers, gendarmes, armée, pompiers,

Conscients du devoir de servir la Belgique,

Mais combien sont-ils les Belges pour l’unité,

Ne désirant qu’un drapeau, qu’une Belgique, qu’un Roi ?

Toi, cher drapeau,

Pour les braves, aux enterrements,

Pour la vie, des braves gens,

Debout les Belges pour notre emblème,

National, royal, loyal,

Ces trois couleurs dans notre cœur…

L’union fait la force !


Le 21 juillet à Haccourt

C’était en effet à Haccourt que se déroulaient cette année les festivités du 21 juillet. Laissons la parole au Colonel E.R. Devos qui s’exprimait devant les autorités communales et les associations patriotiques :


Comme chaque année nous sommes réunis en ce 21 juillet pour célébrer notre fête nationale. Faut-il le rappeler, c’est en ce jour de l’an 1831 que Léopold, prince de Saxe-Cobourg-Gotha, prêtait serment de fidélité à la constitution et aux lois belges et devenait ainsi notre premier souverain : Léopold Ier.

Il faudra toutefois attendre 1890 pour qu’une loi fixe officiellement ce 21 juillet comme jour de fête, fête de notre pays, fête de notre patrie, fête de notre Belgique.

Notre Belgique est à présent bien différente de celle qu’elle était en 1831 : en raison notamment de problèmes communautaires et d’un clivage linguistique, elle allait, d’unitaire et centralisée à

son origine, progressivement se muer en un état fédéral, reconnu par la Constitution en 1993 et comprenant trois communautés et trois régions.

Par le recours au compromis, spécialité bien belge, nos tensions communautaires sont souvent passées au second plan, mais les élections fédérales de 2007 allaient déboucher sur une crise politique sans précédent, faire naître le spectre du séparatisme et créer un climat d’incertitude quant à l’avenir de notre pays.

C’est pourquoi, en ce jour particulier, jour de liesse et de communion, il nous faut fermement réaffirmer notre attachement au Roi, reformuler notre confiance en l’unité de notre pays et honorer ainsi tous ceux de nos combattants qui au siècle dernier le défendirent vaillamment.

Roi, pays et combattants, tels sont bien les sujets qui aujourd’hui doivent faire l’objet de nos pensées.

Notre roi Albert II d’abord : il règne mais ne gouverne pas. Bien que sa fonction soit avant tout symbolique, elle n’en est pas moins importante : certes, il ne peut ni imposer ni interdire mais au travers de ses discours, de ses messages, de ses rencontres, de ses suggestions ou autres mises en garde, il remplit néanmoins un rôle d’influence non négligeable.

La fonction médiatrice qu’il exerce lorsque les négociations gouvernementales sont dans l’impasse, revêt également toute son importance et c’est le plus souvent à notre souverain que nos hommes politiques s’adressent lorsqu’il s’agit de chercher un avis, une orientation propre à solutionner les problèmes qui se posent.

Notre roi est aussi une personne simple, proche des gens, toujours à leur écoute et sensible à leurs difficultés.

Pour toutes ces raisons, il se doit de rester le garant de notre nation, le ciment de l’union de notre beau pays.

Notre beau pays ensuite : n’est-il pas un pays encore considéré parmi les plus riches de la planète par habitant ? Un pays où règnent  liberté et démocratie, un pays aux grandes qualités de tolérance et de compréhension, un pays où se mélangent langues, religions, couleurs et coutumes diverses.

Aussi devons-nous continuer à croire en son avenir, à croire que nos communautés, malgré leurs propres spécificités, leurs propres aspirations, continueront à vivre en paix comme elles le font depuis maintenant plus de 175 ans.

S’il apparaît quasi inéluctable que notre pays devra subir de nouvelles réformes, il nous faut cependant espérer que ces dernières sauront préserver notre unité et notre équilibre national, qu’elles sauront rétablir la confiance et le respect mutuel. Seulement alors, et comme le suggère notre devise, nous pourrons affronter ensemble de nouveaux défis comme le firent ceux qui, réunis sous un même étendard et venus des quatre coins du pays, luttèrent pour notre liberté et notre indépendance, à savoir nos combattants et résistants.

Nos combattants et résistants enfin : toutes celles et tous ceux qui, lors des deux conflits mondiaux, ont couru le risque de perdre leur propre  vie, voire se sont sacrifiés pour notre patrie, ne peuvent être gommés de notre mémoire mais au contraire se doivent aujourd’hui d’être honorés. Nous ne pouvons pas accepter que nos problèmes communautaires, nos querelles linguistiques décréditent leurs sacrifices.

La crise que nous connaissons aujourd’hui trouve en grande partie sa source dans la cohabitation de communautés parlant une langue différente.

Mais n’y a-t-il toutefois rien de plus superficiel que de se disputer pour une question linguistique ?

Aussi, en ce 21 juillet, comme il est de circonstance, et voulant être belge avant tout, je dirai tout simplement :

Vive la Belgique, leve Belgïe, es lebe Belgien

Vive le Roi, leve de Koning, es lebe der König

Je vous remercie de votre présence et de votre attention et c’est avec optimisme que je vous donne rendez-vous l’année prochaine pour célébrer une nouvelle fête nationale.

Léon Damé, membre du comité de la Maison du Souvenir a créé son musée.

En effet, notre ami Léon Damé de Visé, membre de notre comité, qui nous a prêté de nombreux véhicules pour nos expositions (V1 et V2, Grosse Bertha, …) a transformé son jardin en vrai musée de 1940-1945. Les journalistes du journal « La Meuse » sont passés chez lui. Quelques larges extraits de l’article suivent.

Ce n’est pas parce que tout petit il a été évacué en France que Léon Damé s’est aussi fortement imprégné de la guerre 40. Ce n’est pas non plus parce qu’il vivait à l’hôtel de Liège (dans la cour du casino) et que tous les gens de passage ne parlaient que de la guerre.

« Tout a commencé en 1986 à cause de mon petit-fils Marc. Il avait quatre ans et est rentré d’une fête foraine avec des petits jouets militaires en PVC, explique Léon. Nous avons joué& ensemble. Mais nous n’avions pas assez de sujets. Et puis, ceux de Marc, je ne les trouvais pas beaux. Ils manquaient de détails, de précisions. Je suis allé dans mon atelier et d’un bout de bois et de clous, j’ai ficelé des camions, des canons.

Mais ils n’étaient pas assez jolis à mes yeux. J’ai alors commencé à collectionner des livres, des revues, des photos, des journaux … consacrés à la guerre. Je suis un grand fidèle des brocantes », avoue M. Damé qui a 70 ans.

Bien sûr, Léon est allé en Normandie à plusieurs reprises pour assister aux cérémonies marquant le souvenir du débarquement…

Dans d’anciens hangars rafistolés à l’arrière de la maison s’étendent les 220 m² de son musée ! Des décors surprenants : ici la mer et les bateaux qui vomissent les soldats libérateurs. Là, un village en ruine où circulent des véhicules de l’armée américaine. Une flotte anglaise, une troupe de soldats français, la reproduction du B17G surnommé la « forteresse volante », les canons de Navarone. « Le tube seul faisait 300 tonnes ! Il fallait 5 000 hommes pour le démonter car il était posé sur deux rails qui facilitaient l’orientation de sa position de tir. »

Il y a aussi le village d’Oradour. « 600 personnes y ont perdu la vie. Il est resté tel quel. Un nouveau village d’Oradour a été construit à côté. Et tout ça n’a quasi rien coûté : un peu de peinture, de la colle et des clous. Sinon tout le reste est de la récupération : bois, papier, cartons, napperons, … »

Quelques écoles, dont celle toute proche de Devant-le-Pont, sont déjà venues visiter le « musée » de Léon Damé. « Parce que ce n’est pas encore vraiment un musée, dit Léon. Mais on peut le visiter tout de même, gratuitement. Il suffit de me téléphoner au 0486/29 38 30 et de venir au 58 de la Rue des Ecoles à Visé ».

Article de Michèle Comminette

L’arbre de la science et de la vie.

Notre ami Robert Latet aime faire des recherches sur les conflits mondiaux, mais aussi sur les grades de tous les pays (même en utilisant le japonais, et avec l’accent …) Voici le résultat de l’une de ses recherches.

Il y a quelques années déjà, dans un des « A bride abattue », j’avais fortement apprécié un article intitulé : « L’origine des grades en langue française » paru sous la signature du Colonel Jean-Pierre Guerin.

Je dois bien vous avouer que je suis assez intéressé par les insignes des grades qu’ils soient militaires ou autres.

De même, les marques distinctives de la hiérarchie dans les fonctions civiles ou dans les charges officielles m’intéressent tout autant.

A cette fin, voilà déjà plusieurs années que je rassemble tout ce qui concerne cde hobby ; que ce soit des tableaux de grades ou de la documentation qui s’y rapporte. Je pense, dès lors, que c’est peut-être le bon moment de donner quelques informations dans ce domaine aux lecteurs de notre revue que cela pourrait intéresser.

1917 LA PREMIERE GUERRE MONDIALE

Lorsque les Etats-Unis sont entrés en guerre aux côtés des alliés en Europe, les officiers américains ont donné une curieuse explication de l’échelle de leurs grades, aux officiers européens.  D’après eux, leur échelle des grades aurait été inspirée par « L’arbre de la science et de la vie ».

- A cette époque, les sous-lieutenants portaient la tenue des officiers ; bien entendu, mais ils n’avaient aucun insigne pour désigner leur grade et ce parce qu’ils étaient au pied de l’arbre.

- La barrette d’argent des lieutenants et les deux barrettes d’argent des capitaines représentaient  les premiers degrés d’une échelle qui mène aux feuilles de l’arbre.

- Les feuilles d’or des majors et celles d’argent des lieutenants-colonels marquaient la distinction de ceux qui sont arrivés dans le haut de l’arbre.

- L’aigle d’argent aux ailes déployées qui s’envole du sommet de l’arbre et qui s’élève vers le ciel où se trouvent les étoiles, représente les colonels.

- Les brillantes étoiles argentées qui se trouvent dans le ciel représentent le plus haut niveau : les généraux.

- Une étoile pour le brigadier-général, deux étoiles pour le major-général, trois étoiles pour le lieutenant-général et, enfin, la pointe au sommet de la hiérarchie : quatre étoiles pour le général qui est le commandant de l’armée.

Cette explication qui est d’apparence enfantine, vous en conviendrez, traduit bien le côté pratique des Américains. Cette histoire était en réalité un excellent moyen mnémotechnique.  Et les sous-officiers me direz-vous ? Eh bien, en ce qui concerne les N.C.O. comme on dit aux U.S.A. (Non Commissioned Officer), ma documentation n’en parle pas.  Mais comme vous, j’ai remarqué que la pointe de leurs chevrons était dirigée vers le haut … Il y a peut-être une explication à cela … Ils pourraient indiquer le sens de la hiérarchie (extrapolation de ma part) ; l’explication … je continue de chercher, de me documenter.

Encore un concitoyen à l’honneur

Cette fois, c’est Victor Delcourt, bien connu à Hermalle, qui fait la une de la presse sous le titre « Victor était au fort d’Eben le 10 mai 1940 » En voici le texte du 10 mai 2009 paru dans  « La Meuse » et signé LEM.

A 93 ans, Victor Delcourt est l’un des derniers défenseurs du fort d’Eben Emael encore en vie. C’est le vendredi 10 mai 1940 à 4 h 15 que l’attaque a eu lieu. Le fort imprenable n’a tenu que 15 minutes.

Jamais il ne parlera de « soldat » ou de « chef ». Les hommes, il les appelle par leur nom et leur grade. Et pour cause, ces heures historiques, il les a transcrites, minute par minute, quelque temps après la libération. Ce manuscrit de 20 pages qui n’a pas été édité, Victor compte l’offrir à l’association qui gère aujourd’hui le fort.

Comment vous êtes-vous retrouvé à Eben-Emael ?

J’ai fait mon service militaire comme sous-officier de réserve en artillerie dans les forteresses et notamment à Eben-Emael. Sur la fin de mon service, en 1937, des gradés m’ont proposé de m’engager. Je suis reparti à la batterie école des forteresses au fort de Fléron comme candidat officier. Cette nouvelle fonction permettait de calculer la hausse et le gisement du canon pour tirer sur une cible. Le 13 mai 1940, je devais repartir à l’école militaire de Namur pour obtenir le grade de sous-lieutenant.

Quels étaient les objectifs défensifs du fort ?

En cas d’attaque, les canons devaient détruire les voies d’accès, le pont de Kanne, celui de Lanaye.

Et la vie dans le fort ?

On montait de garde pendant 24 heures puis on se reposait. Pour la garde, l’effectif partait avec armes, paquetage et brouette. Elle était chargée de bois et de charbon pour réchauffer le poste vde garde. Les repas étaient amenés par porteur dans des thermos rudimentaires.

Et l’attaque ?

A 0h30, un soldat m’a réveillé& pour m’annoncer le déclenchement d’une alerte réelle décrétée par le Lieutenant de garde du centre de renseignements avancés de Hasselt. J’ai sauté dans mon pantalon et ai réveillé les soldats dans toutes les chambrées.  Certains n’y croyaient pas puisque la veille, le commandement avait rétabli les permissions. Le commandant est arrivé vers 1 h au fort. Il a ordonné un grand déménagement. Une partie des soldats des casemates qui devaient défendre le massif tout proche ont déménagé le bureau du commandant, rentré des lits supplémentaires pour l’infirmerie, de la nourriture fraîche … C’est malheureux d’avoir utilisé des hommes pour déménager quand on sait qu’ils auraient pu être à leur poste de combat et peut-être entendre les planeurs et tirer dessus.

On aurait pu éviter la prise du fort ?

Je n’irais pas jusque là, mais il y eu des erreurs. Vers 4 h, des soldats voient des avions descendre moteur arrêté. Le commandant ne donne pas l’ordre de tirer parce qu’il ne distingue pas leur nationalité. Pourtant, Léon Sluisman de Wonck affirme qu’il s’agit de planeurs et demande à son officier de déclencher le tir. On aurait dû l’écouter ! Il était déjà un fin connaisseur en aviation. Il avait déjà construit et piloté son propre avion.  Victor a été fait prisonnier, est entré en résistance. Rentré en Belgique en 1941, il travaille à l’administratif des chemins de fer à l’agence en douane de Visé. Puis il a été affecté à la 5ème Brigade d’Infanterie comme lieutenant. Il sera capitaine, au commandement de la batterie d’artillerie de campagne à Aix-la-Chapelle et sera pensionné en 1967. Aujourd’hui, il fait toujours partie du conseil d’administration qui gère le fort.

Une lettre d’un combattant de la guerre 1914-1918 de la région

Parigué, le 29-4-1915

Chère mère,

Voilà seulement qu’on est un peu remis du voyage et capable d’écrire de façon un peu logique. Voici donc, le voyage d’abord.

Nous sommes partis de Sittard à 7 h 20, avons chargé à Borxel et à Breda. Aux environs de Flessingue, nous n’allions pas assez vite de sauter d’une portière à l’autre pour contempler les troupes hollandaises qui manoeuvraient ou se reposaient. Une heure avant d’arriver, quelqu’un crie : «  la mer » et tout le monde de se lever, mais je m’aperçois de suite qu’il ne s’agit que de l’Escaut. Peu après, un garde nous ordonne de fermer soigneusement les portières et le train ralentit au point de ne plus avancer : c’est qu’on passe sur un pont miné. Enfin on arrive à Flessingue à 12 heures. A la descente du train, nous retrouvons Hicken de Devant-le-Pont et un de ses amis de Seraing. A la sortie, Muno et Haway nous attendent. Nous allons donc dîner à cinq dans un petit restaurant et l’après-midi se passe en courses de consulat à consulat, dans les bureaux desquels je retrouve mon copain Willy de Visé, directeur de gymnastique de Cheratte. Celui-ci me dit de demander mon départ pour le soir et me raconte qu’il a été 4 mois prisonnier à Munsterlager et 2 mois à Celles, qu’il est revenu seul de jeune avec les Flamands, qu’il a signé à Visé, mais que le lendemain il passait la frontière à Lanaye. Il était arrivé le jour même de Rotterdam où il était resté dix jours à l’hôpital. Bref, à 8 heures du soir, nous étions tous au pilotage, lieu de rendez-vous. Là, deux Bruxellois agrandissent encore la bande. Vers dix heures, après de nouvelles formalités, l’on part pour le navire « Oranje Nassau » où l’on passe la nuit. Je dois vous dire qu’à ce moment, par suite des diverses formalités dont question plus haut, je ne suis plus âgé que de 17 ans ½. Nous quittons le port vers 6 heures du matin et une demi-heure après nous sommes en mer. Vers 7 heures, nous apercevons un hydroplane ( ?) que nous ne reconnaissons pas ; puis nous traversons une infinité de bateaux de pêche. Vers 9 heures, un deuxième aviateur nous surplombe ; c’est un appareil anglais dont l’observateur nous salue par gestes.

A 11 heures, on approche de la côte anglaise et nous pouvons observer les navires de guerre qui croisent dans ces parages. A 1 h ½, nous apercevons la côte et nous entrons dans la Tamise pour arriver en vue de Tilbury à 4 h ½. On nous transborde dans un plus petit bateau et l’on nous débarque. Nous soupons de tartines fourrées et immédiatement après nous défilons en cortège à travers les rues de la ville, le drapeau anglais en tête ; les habitants nous accueillent chaleureusement. A 7 heures, nous repassons la Tamise et prenons le train à huit heures dans des compartiments de seconde classe, passons par Douvres puis arrivons à Folkestone à 11 heures 20 du soir.  Nous défilons dans les rues obscures, sans lumière, par crainte des zeppelins. Deuxième souper aux tartines et jambon. Encore et toujours des écritures et des renseignements et nous pouvons nous coucher vers 2 heures 40 du matin, les uns parmi les autres dans une salle de cinéma, pour nous lever le lendemain … pardon, le jour même vers 6 heures. Immédiatement, visites médicales et apposition de la dernière signature. Après cette opération, un gradé nous lit le code pénal militaire et enfin, vers 10 h, déjeuner général par escouades au restaurant en face de la salle. Après quoi, l’on nous conduit chercher du linge de corps de rechange. J’insiste en passant sur l’accueil cordial que nous avons reçu de la part des Anglais pourtant si froids de caractère, ainsi que de la « chique » tenue de leurs soldats. De retour à la salle, nous écoutons un discours patriotique développé par un aumônier militaire et au cours duquel plus d’un de nous a les larmes aux yeux. Je dois même à ce propos vous raconter un petit incident. Nous allions partir quand tout à coup, quelqu’un se met à sangloter tout haut. Un officier s’approche et lui demande ce qui cause son chagrin et le petiot de lui répondre qu’il était bien malheureux, qu’il était le seul réformé parce qu’il était trop petit et qu’il voudrait partir avec les autres. L’officier lui promet de s’occuper de lui et console ce brave gamin de son mieux.

Nous partons bientôt pour le navire qui doit nous porter en France et ce paquebot, un anglais cette fois, très bon marcheur, qui ne craint pas les sous-marins, lève l’ancre vers 1 heure de l’après-midi. Traversée d’ailleurs très heureuse, temps à souhait, mer très calme. Nous arrivons donc le samedi même au port français de Dieppe vers 6 heures moins 20. L’on débarque et en route par quatre vers la caserne belge (c’est là que nous avons vu les premiers pantalons rouges). Là-bas, à la caserne, on nous case provisoirement ; nous formons une chambrée de 21 hommes. Vers le soir, on mange la première « ratatouille » proprement dite dans des petits plats de faïence comme « gamelles ». Coucher à 9 heures, lever à 6 heures et immédiatement toilette générale. La toilette faite, je veux faire comme tout le monde, c'est-à-dire chercher le café … Mais pour aller chercher le café, je devais naturellement avoir un plat ; or je n’en avais plus de plat, on me l’avait comme on dit en wallon « refait ». Mais plus naturellement encore, je m’empresse de chiper celui d’un autre. « Œil pour œil et dent pour dent ». Dans notre chambre se trouvaient justement 3 engagés d’Ixelles qui me disent connaître Brahy, un volontaire de Glons. Honhon logeait aussi dans notre chambre.

Nous quittons Dieppe à 6 h ½ du soir dans de fichus compartiments de troisième classe. Nous changeons à Rouen à 8 h ½. Nous arrivons à Serquigny à 2 heures du matin et sommes obligés de dormir dans des voitures de troisième classe glacées et sans vapeur pour nous chauffer. Pour comble de malheur, il gelait cette nuit-là et nous avons eu froid.   Nous partons à 6 heures du matin et arrivons enfin au Mans à 1 h ½. A 2 h ½, nous quittons la ville, mais à pied ce qui va nous faire une promenade pédestre de 13 km, deux heures si vous aimez mieux. Nous arrivons à Parigné à 7 heures du soir. Nous soupons, on nous désigne nos tentes et nous nous couchons vers 8 h ½..  Le lendemain dès 5 heures du matin, le clairon nous réveille et en marche pour la toilette. Permettez que je m’arrête ici ; dans une prochaine lettre, je vous raconterai l’emploi de nos journées et vous décrirai notre campement. D’autre part, j’ai oublié de vous dire que l’on nous avait séparés à Dieppe : Haway et René étaient désignés pour St Loup et l’on avait justement sectionné le peloton dans notre groupe. A ce propos, je vous prie de me faire parvenir leur adresse lorsque vous m’écrirez et de leur envoyer la mienne. Ici par contre, j’ai retrouvé des amis de la fabrique, des copains de Hermalle, de Visé, les fils Bayen de Nivelles, des anciens copains de l’école moyenne ainsi que Raymond Demaret de Hallembaye. En un mot, cela ne va pas trop mal, la santé est bonne et le moral excellent, enfin la nourriture est satisfaisante. Naturellement, ce n’est pas la vie de Beek ou de Hallembaye et par-dessus tout surnage la discipline, implacable, mais cela compte pour peu lorsqu’on a un gramme de réflexion et de volonté.  Inutile de vous dire que j’espère qu’à Beek tout se passe normalement, que là-bas tout le monde est en bonne santé et particulièrement ma chère mère ; que vous n’avez pas trop d’ennuis pour les pains.

Nous avons lu ici que des troupes nombreuses sont passées par Visé les derniers temps. J’espère que cela n’aura pas trop troublé nos populations et que d’autre part il règne là-bas une tranquillité relative. Quelles sont les dernières nouvelles venant de ce côté ?  Avez-vous bien reçu toutes mes cartes ? Quel temps fait-il là-bas ? Ici, l’on cuit car je dois vous dire que nous sommes presque dans le midi de la France ; nous sommes éloignés de Paris de la moitié du chemin de Paris à Beek. Le camp d’Auvouss où les premiers partis de Hallembaye ont fait leur instruction est éloigné du nôtre de huit kilomètres.  Ici, à Parigué, village de 3 000 habitants, tout est excessivement cher ; c’est pourquoi je vous prie de dire à Olivier qu’il se renseigne du prix du port d’un colis de 5 kilos et si ce n’est pas trop cher de m’en envoyer un ; je crois que cela coûte 1 franc 50 pour l’étranger, mais pour bien faire il faudrait le faire assurer (colis postal valeur assurée comme on dit à la gare) d’où léger supplément. Je vous prie de le composer comme suit : 1 ½ kg de chocolat ou 2 kg, un peu de tabac, ma boite de pilules Walthery si vous la retrouvez et quelques cigarillos. Lambert ou Olivier pourra arranger le paquet en demandant une boite en carton dans un magasin quelconque, solide. Je vous demande du sirop parce que le matin nous n’avons que du café et du pain, or c’est un peu sec.. A midi et le soir, nous avons de la viande à discrétion. Ici, le petit pot de mauvaise confiture se vend 1 franc 60 ; mais jusque maintenant j’ai profité des approvisionnements de Kicken qui avait apporté du beurre et de la confiture.  En fin de compte, ma tante est-elle revenue, n’avez-vous plus reçu de correspondance à mon adresse ? Comme vous pourrez le remarquer, ma lettre a été commencée dimanche et je la termine aujourd’hui mercredi ; c’est que les moments de loisirs sont rares maintenant que la compagnie n’est pas encore convenablement organisée et je ne puis que profiter de quelques minutes que de temps en temps, écrivant tantôt sur mes genoux, tantôt dans l’herbe, tantôt sur mon lit de camp. Pardonnez-moi donc mon écriture !  Comme on discute ici, il est probable que la Belgique sera nettoyée vers la mi-juin. La grande action commencera d’ici deux, trois semaines ; comme je ne suis pas Joffre, je ne puis vous renseigner plus exactement. Permettez maintenant que je finisse, j’ai presque écrit un journal. Faites bien les compliments aux Dalhemois, chez Lemmens, chez M. Colben et aux connaissances. Dites aussi à Michel Delvooz qu’une lettre suivra demain ou après pour lui et que je le remercie de nous avoir accompagnés jusqu’à Sittard.

Je ne puis vous dire quand ma deuxième missive suivra, mais soyez certaine que ce sera le plus tôt possible.  En attendant, Frans embrasse tendrement sa maman de loin et espère que d’ici 2 ½ mois à 3 mois, il sera à nouveau près d’elle à Hallembaye

Frans Pournay

9ème Centre d’Instruction belge

9ème Compagnie

En Sarthe (France)

C’est inutile d’ajouter Parigné l’Evêque

Compliments de Nicolas.



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