Maison du Souvenir

Le C.A.P.O.R.A.L. du mois de mai 2019.

point  Accueil   -   point  Comment nous rendre visite   -   point  Intro   -   point  Le comité   -   point  Nos objectifs   -   point  Articles

point  Notre bibliothèque   -   point  M'écrire   -   point  Liens   -   point  Photos   -   point  Signer le Livre d'Or   -   point  Livre d'Or   -   point  Mises à jour   -   point  Statistiques

Le Message du C.A.P.O.R.A.L.

MAI 2019

« C.A.P.O.R.A.L. » signifie: Comité des Associations Patriotiques d’Oupeye pour le Regroupement des Activités Locales.



Madame Cindy CAPS, Echevine de l’Etat-Civil, Population, Seniors, Affaires sociales et patriotiques vous convie à participer

AUX COMMEMORATIONS PATRIOTIQUES  DE MAI 2019

LE MERCREDI 8 MAI 2019 : Dépôt de fleurs dans tous les villages de l'entité selon l'horaire suivant:

→ 08h35 :                                                            Hermée

→ 09hOO:                                                           Heure-le-Romain

→ 09h25 :                                                            Houtain St Siméon

→ 09h50:                                                             Haccourt

→ 10h15 :                                                            Hermalle

→ 10h40:                                                            Vivegnis

→ 11h05 :                                                            Oupeye

11h30:                                                             Messe en l'Eglise d'Oupeye

→ 12h15-12h30                                                   Vin d'honneur offert par l'administration communale au Château d'Oupeye

Le samedi 11 mai

10 h 30: cérémonie au cimetière de Rhées, suivie d’un dépôt de fleurs au monument du fort de Pontisse puis du square Cdt Pire à Vivegnis

Le dimanche 7 juillet

Journée des porte-drapeaux à Hallembaye

Editeur responsable: Cindy CAPS, rue de Tongres, 66, 4684 OUPEYE

EDITORIAL

Le mot du Secrétaire patriotique



 

       Alors que l'an 2018 arrivait doucement à son terme, nous commémorions, le 11 novembre, le centième anniversaire de l'armistice mettant fin à un conflit qui, entamé 4 ans plus tôt, allait faire plus de 18 millions de victimes civiles et militaires.

       La paix était revenue et allait être officialisée par la signature, le 28 juin 1919 du Traité de Versailles, imposant entre autre aux vaincus des clauses territoriales (restitutions de territoires), militaires (réduction des armements) et économiques (paiement des dommages subis par les alliés).

       Cette paix hélas allait toutefois être de courte durée : 20 ans plus tard, le 1er septembre 1939, l'invasion de la Pologne par les armées du Führer, ambitionnant une expansion territoriale de son Allemagne nazie, allait être l'élément déclencheur d'un second conflit, trois fois plus meurtrier que le premier et qui allait se prolonger jusqu'à la reddition du 8 mai 1945.

       D'ici peu, nous aurons l'occasion de célébrer ce dernier et, si les combattants de cette époque se font de plus en plus rares, je ne peux toutefois me réjouir que, grâce surtout à la participation volontaires de toutes les écoles de notre entité, le « devoir de mémoire » reste bien vivant.

       Je me dois également de me montrer satisfait de la proposition formulée par notre échevine, entre autre des affaires patriotiques, Mme Cindy CAPS, d'inclure notre C.A.P.O.R.A.L. dans l'Echo d'OUPEYE et permettre ainsi, non plus à quelques « privilégiés » mais à l'ensemble de la population d'avoir accès à notre périodique.

       Espérons que par cette initiative (re)naisse auprès de nos citoyens une « fibre patriotique » et qu'ainsi ils aient à cœur, malgré le temps passé, de se souvenir, par leur présence, de tous nos compatriotes qui ne survécurent pas à ces deux conflits meurtriers.

                                                                                             Lt-Col Hre Charles DEVOS

                                                                                                   Secrétaire patriotique

L’Union Fait la Force

Dans « La Meuse» du mardi 22 août 2017

LES BELGES DANS LA DERNIERE BATAILLE POUR LIBERER L'IRAK.

       On savait déjà qu'il y avait des Belges qui pilonnaient avec leurs F-16 les derniers bastions de l'Etat islamique en Syrie et en Irak. Lundi, des photos impressionnantes de Belges ont été publiées dans la presse anglo-saxonne. Cette fois, nos compatriotes ne combattent pas depuis le ciel mais bien sur terre. Ils sont une cinquantaine à avoir rejoint les forces de la coalition internationales qui sont dirigées par les Etats-Unis.

       Ces photos prises par l'agence Associated Press nous montrent des militaires blessés portant un foulard et posant à côté de lance-missiles. Ils se trouvent à 6 kilomètres à peine du front. Située à 70 km à l'ouest de Mossoul, TaI Afar a été prise par l'E.I. en 2014. Elle comptait 200 000 habitants à l'époque, à majorité turkmène, mais beaucoup ont fui la folie des djihadistes de l'E.I. La reprise de cette ville historique, estiment les autorités irakiennes, rendrait encore plus difficile tout passage d'armes et de djihadistes entre la Syrie et l'Irak.



Drone

       Le colonel US Ryan Dillon, le porte-parole de la coalition, a expliqué que les forces alliées avaient récemment repris 250 km2 aux terroristes de l'E.1. Le problème, c'est qu'ils utilisent les civils comme boucliers humains. 49 000 personnes ont fui la région depuis le mois d'avril. Des tracts ont été largués dans la nuit de dimanche à lundi sur la ville proche de Hawija. Ils appellent les habitants à se préparer car les forces armées ont fait de leur ville leur prochain objectif.

       Sur d'autres photos diffusées hier, on voit des militaires appartenant aux forces spéciales lancer un drone d'observation près de TaI Afar. Ces clichés ont été pris le 20 août. Sur une autre photo, on constate que les militaires belges sont en phase d'observation sur un toit dans le village d'Abu Ghaddur (est de TaI Afar).



Dingo

       Il y a quelques jours, dans une question posée à la Chambre par le député Marco Van Hees (PTB-GO !), le ministre de la Défense avait répondu que notre contribution à la coalition internationale était composée de 40 militaires déployés en Irak. Une contribution renforcée de 14 militaires et de blindés militaires du type Dingo. « Le coût total de cette extension est estimée à 1 202 555 € », a précisé Steven Vandeput (NVA). « La situation en Irak évolue très vite. Le nettoyage des mines et bombes des zones reconquises par les troupes irakiennes sur Daech prend beaucoup de temps et les unités doivent progresser dans les zones qui n'ont pas encore été nettoyées. »

Pierre Nizet

Les 11 jours de résistance d'Aubin-Neufchâteau en 1940

       Le 10 mai 1940, alors qu'Eben-Emael était neutralisé en quelques minutes et envahi en un jour, 10 km plus au sud, les Allemands rencontrent une désagréable surprise. Avec l'aide de son voisin de Battice, le fort d'Aubin-Neufchâteau réserve à l'ennemi une longue et coûteuse résistance.

       Bâti en triangle de 230 mètres de côté, entouré de larges fossés secs, le fort est parcouru par 2,5 km de galeries souterraines à une profondeur de 30 mètres par lesquelles on accède aux 9 postes de combat dont 3 avec tourelles amovibles sur le massif central de +/- 2 hectares. Il est armé et défendu par 4 canons de 75 mm, 14 cloches cuirassées pour Mi (mitrailleuses Maxim) et FM (fusil mitrailleur), 5 canons antichars de 47 mm, 7 casemates pour Mi et FM, 5 goulottes lance-grenades, 3 mortiers de 81 mm. Il est protégé par 1 300 tétraèdres en acier bétonné qui l'entourent et dispose aussi de 4 postes d'observation (PO) sous abri, dans la campagne environnante, équipés pour être occupés plusieurs jours, reliés au fort par réseau téléphonique enterré. Il abrite une caserne souterraine et un hôpital. Sous les ordres du Commandant (Cdt) Oscar d'ARDENNE (1897-1968), la garnison compte 566 hommes dont 2 médecins.



Vendredi 10 mai

Extrait journal de campagne de Cdt d'Ardenne :

« 00h52 - Garnison en alerte - Evacuation des bâtiments de surface et préparation à leur destruction. 05h25 - PO signale : Fusées rouges et combats en Hollande - Explosions et fortes fumées direction Fouron St Martin - Parachutistes sur Eben Emael, malgré la brume on distingue les taches blanches des parachutes - Ponts de Guindhal et de Warsage sautent (génie belge) »

Les troupes allemandes vont vite occuper les environs : Aubel, Warsage ... Grâce aux PO et relevés des autres forts, leurs déplacements sont signalés et en ce premier jour, Aubin- Neufchâteau exécute de nombreux tirs de destruction ou de neutralisation.

Samedi 11 mai

Extrait journal du Cdt :

« 00h05 - Mitrailleuses nous tirent dessus depuis les ruines de la maison Rosalies (habitation voisine du fort que le génie belge a fait sauter pour dégager la vue et le champ de tir). Mi du fort répliquent et tirs ennemis cessent.

01h00 - Lumières mobiles sur glacis (surface plane du fort) - Poste B3 entend coups de marteau dans le béton. Déclenchement de tirs en série des tourelles et des Mi-FM des défenses fossés. Bruits et lumières disparaissent.

05h07 _ De nombreux stukas piquent et lancent des bombes sur le fort - Les coupoles sont éclipsées et tirs suspendus.

06h45 - 15 coups de mortier et tirs des 47 font taire Mi allemandes qui nous canardaient depuis le ravin qui longe mur et haie au bloc P.

08h31 - Fort violemment bombardé par une batterie allemande depuis St Jean Sart. Coupoles restent éclipsées et aide de Battice demandée. Ses tirs font mouche et retournent une pièce ennemie.

14h00 - Tirs de neutralisation de Battice sur ferme Goffard et Bois de Canelle. Très ajustés, ils retournent deux fois les canons. Abandonnant définitivement l'endroit, les servants qui peuvent fuir sont engagés par nos pièces.

15h51 - Tirs fusants (qui explosent en l'air) de protection du fort de Barchon sur postes BO et BP.

Plusieurs fois dans la journée, des groupes de combats qui tentent de prendre pied sur le glacis sont tous dispersés par les Mi. Pour masquer leur progression, ils utilisent des fumigènes.



Témoignage du Mdl (maréchal des logis) Joseph Bartholomé chef de poste du PO MN11 (isolé entre Margarins et Neufchâteau)

« L'encerclement s'est resserré, les Allemands sont arrivés dans la prairie de l'abri. Des grenades sont lancées. Ils tirent de 3 directions et s'approchent en s'abritant derrière les arbres. Nous ripostons au mieux, le FM tire sans arrêt. Le fort téléphone régulièrement. (... ) l'ennemi se lance à l'assaut en courant dans la prairie. Nous parvenons à les repousser. Vient une légère accalmie. Soudain, un éclatement se produit à la fenêtre de la cloche, un éclair et je me retrouve à terre. Mathieu Nyssen, la tête sur l'avant-bras replié semble endormi contre le hublot, il n'a rien dit. Je tente de le soulever mais il tombe comme une masse, le sang coule de son crâne ouvert. Il est mort et tient toujours son fusil.

(... ) Le fort a tiré sur l'abri pour le dégager, pour quelque temps, tout est devenu calme. (... ) Je demande au Cdt ce qu'il peut faire. Ne pouvant pas toujours nous couvrir suite aux autres missions à accomplir, il répond de nous défendre au mieux. Une demi-heure plus tard, nous recevons du fort l'ordre du Lieutenant Evrard de nous rendre. (... ) Quand nous sommes sortis,

les Allemands ont surgi de partout. Ils avaient, comme nous, un regard terrible. »

Dimanche 12 mai.

Bombardements et tentatives d'assauts se poursuivent toute la journée. Tout en continuant ses tirs de neutralisation, le fort subit des dégâts qui paralysent l'une ou l'autre pièce et c'est alors les spécialistes du matériel qui effectuent des réparations, souvent au péril de leur vie.

Témoignage du brigadier Goffard.

« J'ai recoupé les tubes du canon du BI avec le Mdl Idon. Une des pièces a pu reprendre le tir le 11 à 21 h 45, l'autre le 12 au matin. La rentrée en batterie a exigé, au début, l'emploi d'un cric, par la suite, un levier suffisait. »



Lundi 13 mai.

Extrait journal du Cdt : « Bombardement du fort devient terrible, tout vibre, même dans le fond. Résistons bien, armement en état, tiré 4 376 coups. Battice est également bombardé. »

En soirée, l'antenne d'émission est coupée lors d'un bombardement. Vers 22 h, le Sgt (sergent) Elias et ses hommes la réparent sous le feu de l'ennemi.

Mardi 14 mai

Extrait journal du Cdt :

« 00h37 - Ennemis traversent les tétraèdres et se dirigent sur CI. BM ouvre le tir 20 coups. Cadavres allemands sur mur de contrescarpe (mur extérieur du fossé) face au B3 côté nord. L'un d'eux pend en équilibre au-dessus du fossé.

07h00 - Bombardement du fort par gros calibres. » Dans l'après-midi, nombreux mouvements ennemis, mais les tirs précis du fort les dispersent.

Les canons 47 antichars du coffre 2 sont utilisés qui, par ricochets sur le mur de contrescarpe, arrivent à balayer une partie du massif central. Il y a peu de répit: la nuit les combats continuent à la lueur de puissants phares.

Mercredi 15 mai

Nouvelle suite de bombardements et d'assauts successifs repoussés.

Jeudi 16 mai

Peu avant midi, le bloc P signale des parlementaires à la grille: 3 Allemands et 3 otages belges, Mr Antoine Belleflamme, échevin de Neufchâteau, son frère et un neveu de celui-ci, Mr hensen. Avant toute discussion, le Cdt demande le renvoi des otages. Les yeux bandés, le colonel et un capitaine sont amenés au bloc P où ils demandent la reddition que le Cdt d'Ardenne refuse en rappelant sa parole d'officier de résister jusqu'à épuisement de ses défenses. Le colonel déclare: «Je vous comprends et permettez-moi de vous tendre la main ». Poigne de mains entre les deux officiers. Une heure de répit est accordée à la garnison mais l'attaque sera sans précédent si le drapeau blanc n'est pas hissé à 13 h 30. Que vont-ils nous envoyer comme dégelée ?

Dès l'après-midi, les bombardements reprennent et s'intensifient.

A 19 h 00, le Cdt note :

« Tout va bien, 7 854 coups tirés. » Toute la nuit, l'horizon flamboie, les coups pleuvent à une

cadence infernale. C'est l'orchestre complet des 88 et des 37. En veux-tu? En voilà ! Et cela vient de partout.



Vendredi 17 mai

Toute la journée et la nuit suivante se passent au même rythme des bombardements continus.

Samedi 18 mai

A l'aube, enfin, une accalmie se produit. Durant 36 heures, le fort a encaissé 1 000 tonnes de bombes. Profitant du brouillard, les ordures sont évacuées et 165 mines antichars sont placées autour du fort. Le massif est complètement labouré et, à certains endroits, les fossés presque comblés mais les structures blindées, certes endommagées, ont relativement bien tenu.

L'armement est, dans son ensemble, toujours opérationnel. Le contact téléphonique direct avec Battice est rompu et les communications (par radio ou ligne publique) se font en wallon pour perturber l'ennemi à l'écoute. Battice s'appelle « L'collèbeu = le colombophile » et Neufchâteau « Maïtè = vieux pigeon »

Témoignage du Mdl Troupin chef du bloc B2

« A 17 h 25, nous remarquons un convoi de 6 limousines et une voiture à bagages qui circule au niveau du carrefour des 3 cheminées. Je fais tirer d'initiative et BI enchaîne. Engueulade du Cdt pour avoir tiré sans ordre, suivies de félicitations car les véhicules sont en feu, retournés ou démolis. il y a des tués et ceux qui fuient sont pris par nos Mi. Le jour de la reddition, nous apprendrons que ces véhicules transportaient 1'état-major de la feldengendarmerie qui croyait que tous les forts étaient tombés. 24 officiers y perdent la vie.

Le colonel allemand Rünge me félicita en me confiant qu'il ne supportait pas les feldgendarmes... ! »



Dimanche 19 mai

Malgré son arrosage régulier, le fort continue ses tirs précis et destructeurs et le Cdt note :

« 00h50 - consommation totale 9 967 obus (75 et 81).

11h31- 50 coups de 75 sur batterie allemande arrosant le fort d'Evegnée. Les 2 pièces sont détruites.

13h15 - Mouvement d'infanterie dans ferme du chemin des Waides. Distance 500 m – 75 coups au but - ennemis en fuite.

Mais la situation générale devient de plus en plus difficile. Les forts de Pontisse et Barchon sont bombardés par les stukas et tombent, puis, peu de temps après, c'est celui d'Evegnée. Les 75 de Battice, fatigués, rentrent mal en batterie. Si, à Aubin-Neufchâteau la structure résiste, les dommages se multiplient.

Lundi 20 mai

A 06h00, arrivée de parlementaires allemands avec un abbé de l'abbaye du Val Dieu comme

otage. C'est la troisième demande de reddition, le Cdt avait proprement ignoré la deuxième. Une nouvelle fois, il répond par la négative.

La réponse ne tarde pas. Les bombardements et mitraillages intenses se concentrent plus précisément sur tous les organes de tirs. Deux coups au but détruisent une cloche du bloc P.

Le soldat Louis Scmetz est tué. Dans une autre cloche, on emporte deux blessés graves. Par prudence, on entame des barrages de poutrelles destinées à bloquer le passage dans les sas qui conduisent aux galeries.

Vers midi, au bloc 3, les bombardements sont si intenses que les portes blindées sont fermées et le personnel descendu à l'étage inférieur. Peu après mêmes dispositions sont prises au bloc

1. La cloche nord du B3 est canardée par les Mi allemandes. Les balles pénètrent à l'intérieur et le soldat Rogister est blessé par l'éclatement de sa lunette de visée.

Après 8 heures de bombardements et mitraillages d'une violence inouïe, à 14h 55, c'est un nouvel assaut d'infanterie, le 22ème• Le coffre C2 est pris et nos artificiers le détruisent de l'intérieur avec 280 kgs de TNT. L'explosion enterre les ennemis qui s'y trouvaient. Après cette destruction, des milliers d'hommes attaquent les fossés. Les coupoles le sont au lance-flammes.

Témoignage du Lt (Lieutenant) Luyssen :

« Les fantassins allemands, en rangs serrés, torses nus, arme au poing et grenades aux bottes, avec un entrain incroyable qui force l'admiration, arrivent jusqu'aux fossés. Nos tirs font des ravages. Il en tombe à n'en plus finir, d'autres les remplacent. L'ennemi est chaque fois repoussé avec pertes énormes. Des camions avec drapeau blanc viennent les ramasser. »

En défense passive, derrière la grille d'entrée de B3, se trouve un pont escamotable qui découvre une fosse de 3 m de profondeur. Les bombardements ont fait sortir le pont sur une largeur d' 1 m permettant le passage des assaillants. Des combats rapprochés s'y déroulent. Un

Allemand abattu portait une mine qui en explosant détruit la moitié de la barrière. La Mi qui défend le « goulot d'entrée » est arrachée et inutilisable. Il faut constituer une embrasure de fortune avec sacs de sable et petite tôle de blindage pour installer un FM. Tranquillement, le Mdl Scheider fait sa besogne comme à l'exercice. Le fort tient toujours.

Mardi 21 mai

Dès les premières minutes, l'intense pilonnage reprend sur B3, CI, BI et C3. Au milieu de la matinée, violent bombardement aérien. De grosses bombes avec retard à l'éclatement. Le Cdt fait sauter la coupole B2, la tourelle et les cloches sont inutilisables. La tête de la prise d'air du bloc P est démolie, ventilation arrêtée, l'ennemi jette des explosifs par le dessus dans la cheminée. Les cloches des blocs P et 0 attaquées au lance- flammes sont devenues inutilisables. On détruit 0 après son évacuation. Début d'après-midi, c'est le bloc mortier qui est hors service. 5 260 coups ont été tirés sur la dotation de 6 000 obus. La coupole BI est calée, lance-flammes sur CI et B3 qui se défendent au FM et à la grenade mais le stock de B3 est épuisé. La situation est maintenant désespérée et Battice ne répond plus. Alors que les soldats arrivent maintenant à pénétrer plus facilement dans le fort, son conseil de défense refuse la proposition de Cdt de le défendre à outrance dans un ultime combat de galeries ... A 16 h 45, par le truchement du lance-grenades du B3, le Cdt demande à parler à un officier allemand.

A la grille du B3, le Cdt d'Ardenne rencontre le colonel Rünge qui a commandé l'attaque du fort. Le Cdt lui demande d'accepter 3 conditions pour que le fort se rende immédiatement :

1. Que les soldats du fort tués puissent recevoir une sépulture.
2. Que les blessés puissent être soignés.
3. Que la garnison puisse se reposer 24 heures avant de partir en captivité.

Le colonel lui répond : « Vos conditions sont toutes acceptées. Le général Koerner va arriver. Il saura apprécier la conduite de votre ouvrage. Vous avez été un ennemi loyal et chevaleresque. Que vos hommes se préparent à sortir. Leur sortie se fera en armes, vous pourrez ainsi les voir défiler une dernière fois. »

Cette bataille de 11 jours est qualifiée de « plus dur combat d'artillerie du front ouest en mai 1940 ». Compte tenu de l'intensité des échanges d'artillerie et des 24 assauts de l'infanterie ennemie, c'est à peine croyable, mais sept soldats belges seulement y perdent la vie. Du côté allemand, les pertes n'ont pas pu être exactement déterminées. Les tirs efficaces et redoutables du fort (14 827 projectiles-canons et mortiers) sur les troupes assaillantes, les bombardements de Battice sur le massif central, la défense acharnée des Mi et FM ou encore la destruction des blocks occupés par les ennemis... tous ces éléments permettent de parler d'un nombre élevé de tués.

Emile Antoine



Source : première partie de « DALHEM 1940 &, 1944/45- Premiers et Derniers JOURS DE GUERRE» 118 pages de récits-photos d'époque – témoignages de combattants du fort et population.
Site du fort Aubin-Neufchâteau
Repris du Journal des Combattants de juin-juillet 2017
Photos provenant d'Internet.



© Maison du Souvenir. Tout droit réservé. ©