Maison du Souvenir

Commémoration de la Bataille de Baulers le 16 mai 2017.

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 COMMEMORATION DE LA BATAILLE DE BAULERS
LE 16 MAI 2017

      

       Depuis sept ans, le village de Baulers commémore la bataille qui s’est déroulée sur son territoire entre Français et Allemands le 16 mai 1940.

       A l’initiative de l’ASBL « DU COTE DES CHAMPS » et, comme le souligne le Bourgmestre dans son discours, en parfaite collaboration avec le Ville de Nivelles, cette manifestation s’est amplifiée et peaufinée au fil du temps.



       Tôt le matin, le soleil est de la partie. Dès six heures, Geneviève ouvre la salle paroissiale et prépare le café pour les invités. Les tasses sont prêtes ainsi que plusieurs assiettes de biscuits.



       Comme d’habitude, les premiers arrivés sont les membres de l’Amicale des Anciens du 43ème R.I. de Lille. Cette année, l’heure de la cérémonie a été retardée d’une demi-heure, afin de permettre à notre ami Roger de prendre la route dans de bonnes conditions.

       Les membres de l’A.S.B.L. sont en place, chacun a reçu une tâche bien spécifique à remplir.



       Daniel, Olivier C. et Raphaël font partie de l’équipe du barbecue. Dès 8 heures, ils ont activé la flamme, il faut cuire plus de cinq cents morceaux de viande.



       Patricia et Louis, l’équipe de la plonge, sont déjà occupés, ils le seront une bonne partie de la journée. La bonne humeur est de mise.




       Les porte-drapeaux représentant leur section locale commencent à arriver ; encore nombreux cette année car ils ne sont pas moins de trente, tant belges que français[1].

       Cette année, la section de Nieupoort de la Fédération Royale des Vétérans et Sympathisants du Roi Albert 1er et celle des (Anciens) Combattants Belges pour une Europe Démocratique, sont présentes.



       L’Escorte d’Honneur est accueillie par le Pharmacien Lieutenant-Colonel André HENRY.



       Madame Valérie DEBUE, Sénatrice, toute de bleu vêtue, s’entretient discrètement avec Joël FERY, Président de l’A.S.B.L. « DU COTE DES CHAMPS »[2] et délégué local du « SOUVENIR FRANÇAIS ».



       Sous l’œil du Président de la Fraternelle des Anciens Militaires Français de Liège, Christian et Joël trient les gerbes au fur et à mesure de leur arrivée et selon leur destination.

       Cette année, deux motards de la Gendarmerie de Nivelles nous accompagnent et veillent sur notre sécurité.




       Dès 9h45, l’Escorte d’Honneur et les porte-drapeaux sont mis en place. C’est un peu tôt, car il fait déjà chaud.



       Benoit, Patricia, Erich et le Commandant de Province se consultent à propos du déroulement de la cérémonie, histoire d’accorder une dernière fois les violons.



       Notre ami Christian GIRODO, Vice-Consul de France Honoraire est de la partie comme chaque année et c’est toujours un grand plaisir de le recevoir. Tandis que Claude MICHEL, Délégué Général du « SOUVENIR FRANÇAIS » n’est plus à présenter.

       A peine arrivés, Roger et Denise sont pris en charge par Jean-Paul et Christian. Le Bourgmestre Pierre HUART reçoit Roger THEVENIN, Citoyen d’Honneur de la ville de Nivelles depuis 2016. Rappelons que Roger a reçu tout récemment la médaille de Chevalier de la Légion d’Honneur.




       La cérémonie peut commencer, quand Jean-Marie annonce que Roger a un besoin pressant. La Musique de la Force Aérienne est en place et Dominique, le Chef de Musique Adjoint propose de jouer quelques airs en guise d’interlude en attendant le retour de Roger, ce qui ravit le public présent.




       Les élèves des 5ème et 6ème années de l’Ecole André HECQ sont présents. Une douzaine d’Entre-eux sont désignés par leur professeur pour porter les gerbes et accompagner les Autorités.




       De retour, Roger en profite pour saluer son ami Joël. Comme à chaque fois ce sont des retrouvailles plus que chaleureuses.



       Une fois installé, Roger salue la foule et en particulier les enfants qui comme chaque année, l’attendent avec beaucoup d’impatience.

       Le Lieutenant-Colonel MICHEL, Délégué Général du Souvenir Français, a distribué aux élèves une cinquantaine de petits drapeaux aux couleurs de la France.



       Les enfants agitent de petits drapeaux français sur l’air de musique qui se termine.



       Après les applaudissements de la foule, le Bourgmestre Pierre HUART salue les Autorités présentes, puis entame son discours :

       « Voilà, j’avais envie de commencer les discours en disant En route nous y allons, mais compte-tenu que nous avons le plaisir et la chance d’avoir un certain nombre de Français parmi nous, je commencerai par En marche.

Madame la 1ère Conseillère de Son Excellence Claude-France ARNOULD, est accompagnée de Laure BRUNEL et l’Adjudant Christophe Duhamel de l’Ambassade de France.
Le Lieutenant-Colonel d’aviation Etienne DEGLUME, Commandant Militaire de la Province du Brabant wallon et le Pharmacien Colonel VAN PARIJS sont présents dans leur bel uniforme.
Madame la 1ère Conseillère de l’Ambassade de France, Madame MERT 
Monsieur le Maire de Bruille St Amand
Madame Bernard, Adjointe au Maire
Les mandataires
Monsieur le Commandant de Province Etienne DEGLUME
Monsieur le Pharmacien Colonel VAN PARYS
Monsieur l’Adjudant de Corps JOLY
Monsieur le 1er Caporal-chef de Corps WIAME
Monsieur le Président Provincial de la FNC
Monsieur le Lieutenant-Colonel Claude MICHEL
Chers collègues du Collège, du Conseil communal et du CPAS
Madame la Sénatrice
Messieurs et Mesdames les Porte-Drapeaux
Cher Roger et Madame THEVENIN
Monsieur le président de l’ASBL « DU COTE DES CHAMPS et ses collaborateurs
Chers enfants
Mesdames et Monsieur les enseignants



En juin 2010, l’A.S.B.L. « DU COTE DES CHAMPS » a répondu à l’appel à projets intitulé « Nos Mémoires Vives ».
Dans ce cadre, l’A.S.B.L. a placé plusieurs panneaux didactiques dans le village. Rappelez-vous le grand panneau placé à la ferme Hanneliquet expliquant la bataille de Baulers et celui sur la tombe de trois soldats français morts en mai 1940, tous deux inaugurés en 2011.
Depuis cette année, en parfaite collaboration avec l’A.S.B.L. « DU COTE DES CHAMPS », la ville de Nivelles commémore la bataille de Baulers.
Cette commémoration nous a permis de bien connaître les faits qui se sont déroulés ici, à Baulers et de se souvenir des RICHE, BAUDOUIN, RAVAUX, CAUDMONT, VANDAELE, PETITNIOT, VAN WEZEMAEL et de rencontrer Roger THEVENIN qui est le dernier soldat français du 43ème RI qui s’est battu chez nous, encore en vie.
Roger est né le 6 août 1914, deux jours après la déclaration de guerre.
Roger a suivi son instruction militaire au 43ème Régiment d’Infanterie de Lille, il était de la classe 34 et une des premières victimes du passage du service militaire d’un an à deux ans.



Le 19 août 1937, alors qu’il lui restait quelques semaines de service à effectuer, il épouse Denise.



Fin août 1939, Roger est mobilisé, la guerre est déclarée le 1er septembre. Il n’assiste pas à la naissance de son fils Jean-Claude le 2 septembre. Ce n’est qu’en février 1940 qu’il a la permission de le voir pour la première fois.

Ensuite, Roger est trimballé sur les routes de France et de Belgique jusqu’à son arrivée l3 mai à Hévillers. Le 15 mai, le caporal-chef LIGOT est blessé par des éclats d’obus et Roger endosse la fonction de chef de pièce du canon anti-char de 25 mm. Le même jour, il échappe à la mort de justesse, alors qu’il porte sur son dos son ami SMAGGHE blessé, jusqu’au poste de secours, et cela sous les balles ennemies.

Le 16 mai, Roger est fait prisonnier à Baulers et envoyé au Stalag IIA pour cinq ans, privé de liberté derrière les barbelés, loin des siens.

Rappelons-nous que lors des combats, Roger THEVENIN a été blessé à la main par un éclat d’obus. Il n’a jamais voulu se faire opérer pour l’enlever, et cela en souvenir de ses camarades blessés ou morts au combat.



En reconnaissance, le Collège communal de la ville de Nivelles a décidé en 2016 d’élever au rang de Citoyen d’Honneur Roger THEVENIN.

Je vous remercie pour votre attention et avant de passer la parole à Madame la 1ère Conseillère de l’Ambassade de France, je voudrais aussi remercier la présence de la Musique Militaire de la Force Aérienne ainsi que la présence de nos policiers qui encadrent l’évènement et particulièrement la présence de la Commissaire qualité LEMPEREUR, Directrice de la Qualité de la zone ».



Monsieur le Ministre,
Monsieur le Commandant de Province,
Monsieur le Bourgmestre,
Monsieur le Maire de Bruille-St-Amand,
Mesdames et Messieurs,
Chers Monsieur Roger THEVENIN et Madame THEVENIN,
Chers enfants de la Commune de Nivelles,



Il y a des évènements qui ne peuvent être oubliés, des journées que l’on ne trouve que dans les livres d’histoire, les journées terribles de la guerre où des destins ont été broyés, où des vies humaines ont été perdues, des 14 jeunes qui ont quitté leur famille trop tôt.
C’est ces [...] de mai et de juin 1940 dont font partie notre mémoire sont inoubliables avec l’invasion de l’armée allemande et la défaite de l’armée française.



C’est ici à Baulers il y a soixante-dix-sept ans, la guerre cela a été le combat acharné d’un petit groupe d’hommes qui a fait une grande histoire, mais une histoire oubliée que nous commémorons aujourd’hui comme chaque année.

Aujourd’hui, à l’occasion de cette cérémonie, nous commémorons ces hommes partis trop jeunes pour défendre leur patrie, pour défendre la démocratie.
Le devoir de mémoire et de transmission c’est de rappeler cela inlassablement, cette résistance des hommes dans ces jours de mai 1940, de cette armée française qui face à l’envahisseur allemand a défendu ces valeurs.

Je tiens tout particulièrement à saluer ces passeurs du Souvenir, ces gardiens de notre Mémoire de ces vies sacrifiées et qui œuvrent inlassablement pour rappeler que des jeunes Français ici à Baulers ont été tués pendant ces combats.

Bien sûr, il faut aussi rappeler ces habitants de Baulers, dont certains ont été tués, dont certains ont résisté, d’autres ont été déportés.



La présence des jeunes aujourd’hui de Nivelles est importante ; nous avons besoin de cette jeunesse pour porter cette Mémoire, pour la transmettre.

Et je salue à cette occasion le rôle de Monsieur FERY qui œuvre inlassablement à l’accomplissement de cette mémoire dont nous avons besoin, dont la Démocratie, les Droits de l’Homme, et nos valeurs ont besoin pour poursuivre inlassablement la défense de la Paix.

Merci Monsieur le Bourgmestre,

Merci Monsieur Joël FERY pour votre travail de mémoire qui permet de garder soixante-dix-sept ans après le souvenir intact de cette journée où des vies ont été perdues. Des jeunes ont perdu leur vie pour défendre ces valeurs qui nous sont importantes.

Ces cérémonies et ces hommages sont aujourd’hui comme hier nécessaires pour rappeler que la Paix, les Droits de l’Homme, la Démocratie sont fragiles.

On l’a vu encore récemment en France ou ailleurs, elles peuvent vaciller à tout instant face à ces extrémismes, des fanatises, face à ces extrémismes rien de tel que la jeunesse.

Merci encore à ces jeunes d’être présents et de poursuivre ce travail de mémoire.

Merci à tous »

C’est merveilleux, à trois mois de mes 103 ans de pouvoir me retrouver quand même ici.
Je manque de respiration, je vais essayer de la retenir ma respiration, pour pouvoir lire ça.
Mais je ne suis pas encore arrivé au bout mais enfin je vais quand même commencer.
Ouf ! Ce serait malheureux quand même de rater sa respiration ici à Baulers laisser ici mon dernier souffle ce sera pour l’année prochaine.
Je tiens à remercier toutes les autorités civiles et militaires ainsi que les enfants et leurs professeurs.
Seul survivant de 1940 au pied de ce mur symbolique.
C’est incroyable
Denise mon épouse qui vient d’avoir 103 ans est là à mes côtés. Nous sommes inséparables et on se demande qui entraîne l’autre au bout de ce très long chemin.
Aujourd’hui, je vais simplement vous avouer combien fut grande l’émotion que j’ai ressentie au cours de la remise de la médaille de Chevalier de la Légion d’Honneur, le 16 mars de cette année.
Les quelques vers qui vont suivre, que j’ai faits, vous livreront les pensées qui sont venues du plus profond de mon cœur. Je vais vous dire la vérité : porteur de la médaille avec le poids de l’âge, je suis épuisé, fatigué, je dois me raisonner et me dis :

Allons tiens bon carcasse,
Il ne faut pas que tu casses
Sous le poids des efforts
Que je vais faire encore
C’est un devoir sacré
Que je dois achever
Je suis le seul sur terre
Ayant droit de le faire
Je viens d’être décoré
Porteur en dernière heure
Vous êtes tous chevaliers
A partager l’honneur
Cette médaille sublime
Dont nous sommes tous dignes
A tous nos rendez-vous
Je la porterai pour vous.
Voilà ».

Une élève de sixième année, très émue, frotte ses yeux rougis, ses lèvres tremblent doucement.

Cécile Engelbienne, Directrice de l’Ecole André HECQ de Baulers, est absente cette année, Dimitri la remplace. Il a rédigé un discours, fidèle à son franc-parler :

« Nous sommes réunis ici comme chaque année qu’il pleuve ou non, dans le seul but d’honorer ceux qui auront sacrifié leur jeunesse, leur innocence pour préserver les nôtres.

La présence ce matin encore des Autorités françaises et belges, des Associations et autres civils, nous montrent combien ça est capital

Ce souvenir empêche d’oublier. Ces temps de guerre semblent bien loin pour certains [...].

Ici à Baulers c’est notamment grâce l’A.S.B.L « DU COTE DES CHAMPS » entreprise dans la restauration du Souvenir que nos élèves perçoivent les évènements de mai 40 ici dans leur petit village.
Français et Belges, en particulier Monsieur Roger THEVENIN qui permet depuis des années de rendre ce souvenir bien concret aux yeux de nos élèves.

Toujours lucide et vaillant, Roger a voulu symboliser son sacrifice par un témoin, ce morceau de bois, façonné de ses mains, porteur d’espérance et aussi de responsabilité, se passe d’année en année. Les sixièmes le cèdent aux cinquièmes qui à leur tour le transmettent l’année suivante.



Si les deux guerres mondiales sont au programme d’histoire, il faut reconnaître que ces temps lointains sont difficile à rendre concrets.

Raviver ce souvenir est une lutte permanente qui est parfois complexe pour nous enseignants.

Puissent ces sombres années ne pas tomber dans l’oubli, ces souvenirs si durs soient-ils laissent une trace dans nos mémoires et sont un frein puissant contre toute forme d’intolérance.
Soyons dignes de cet héritage.

Je vais demander à mes élèves de venir avec le témoin et mes petits lecteurs de s’approcher du micro.

« Rappelons-nous le traumatisme causé par la guerre ».



« Et n’oublions pas les difficultés de cette époque ».



« Notre devoir est de préserver l’amitié entre les gens et les peuples ».



« Nous promettons de protéger et de renforcer notre Démocratie »

Après la lecture des discours et textes, les Autorités sont invitées à se mettre en place pour déposer les gerbes de fleurs aux monuments.



Monsieur le Bourgmestre Pierre HUART, accompagné d’un élève, fleurit le panneau souvenir de PETITNIOT et de VAN WEZEMAEL.

Ensuite sept gerbes sont déposées au pied du Monument 40-45, elles sont offertes par la Ville de Nivelles, l’Ambassade de France, la ville de Bruille St Amand, le Souvenir Français Roger THEVENIN, les Anciens du 43ème RI, la Fraternelle des Anciens Militaires Français de Liège.






La Musique Militaire entame la Sonnerie aux Morts suivie directement par la Marseillaise tandis que les Autorités se trouvent en position de respect face au Monument 40-45 et à la plaque PETITNIOT-VANWEZEMAEL.





Le détachement d’Honneur effectue alors un déplacement, les Autorités font un demi-tour sur place. La ville de Nivelles et le Commandement militaire de la Province du Brabant wallon déposent les gerbes de fleurs au Monument 14-18.



Le Lieutenant-colonel d’aviation Etienne DEGLUME, Commandant militaire de la Province du Brabant wallon, part à la retraite. La cérémonie d’Investiture de son successeur a lieu très prochainement, le 1er juin, au Château de La Hulpe.

Les Autorités rejoignent le centre de la place en position de respect. La Musique Militaire joue le Last Post. Aussitôt après, les élèves chantent la Brabançonne « a capella ».
Les Autorités sont invitées ensuite à regagner leur place. Pendant ce temps, la Musique Militaire nous offre un petit concert.




Dominique, d’un coup de baguette magique fait avancer son orchestre, au pas cadencé. L’Escorte Militaire suit, ensuite les porte-drapeaux, les Autorités, les élèves et enfin la population.



Lors du déplacement vers le cimetière, la Musique Militaire joue Sambre et Meuse.



Pendant ce temps, Roger et Denise rejoignent la voiture de Jean-Paul.











Joël donne quelques explications quant aux mouvements qui vont suivre. Trois gerbes portées par des élèves sont déposées à la sépulture de RICHE-CAUDMONT et VAN DAELE, trois soldats tués en mai 40, il s’agit des gerbes de la ville de Nivelles, de la Mairie de Bruille St Amand, du Souvenir Français conjointement avec l’Ambassade de France et de Roger THEVENIN.

Dès que les Autorités ont reculé et sont position de respect, la Musique Militaire restée sur le parking devant l’église joue Aux Morts, puis la Marseillaise.



Ensuite, trois gerbes de la ville de Nivelles sont déposées par les Autorités. Valérie à la sépulture de BOURGUIGNON, Colette à la sépulture CLAES et Bernard, accompagné de Marie-Thérèse, à la sépulture AVERMAETE.



Roger se souvient de ce mois de mai 1940. Il est chef de pièce d’un canon de 25 mm, placé à la sortie de Baulers. Durant tout l’après-midi, des mouvements de troupes sont détectés. Un de ses hommes, VANDAELE, est envoyé en éclaireur. Il n’en reviendra pas, il est tué à l’arme blanche. Les Allemands encerclent le village et sont tout proches. Si VANDAELE n’avait pas été envoyé en éclaireur ce jour-là, peut-être serait-il encore en vie. Si... Roger est ému.




La Musique Militaire joue Last Post suivi de la Brabançonne.

Ensuite, les participants se dirigent vers la sortie du cimetière où le cortège va se former pour monter jusqu’à la ferme Hanneliquet.



Joël s’y rend immédiatement pour vérifier que tout est bien en place.

Roger, aidé par Jean-Paul, rejoint la voiture garée sur la pelouse de la cure. Denise les y attend.




Cependant, les quelques dizaines de mètres qui les séparent deviennent longs, très longs pour Roger qui s’essouffle. Lors de la remise de la Médaille de Chevalier de la Légion d’Honneur, Roger est resté debout tout le temps de la cérémonie. Ce n’était pas très sage de sa part, mais on peut aussi comprendre que Roger a sa fierté et elle occupe la première place avant sa santé.





Après quelques arrêts, histoire de reprendre son souffle, tout en évitant d’oublier de respirer, Roger atteint enfin la pelouse de la cure en s’écriant : « Ouf ! C’est du vieux, c’est du vieux, normalement d’après mon docteur je suis mort. Si le cœur tient c’est grâce au pacemaker, c’est lui qui le fait aller ».



La Musique Militaire est en place, suivie par l’Escorte d’Honneur, les porte-drapeaux, les Autorités, les élèves et professeurs et la population.

Baguette tendue en l’air, Dominique donne l’ordre de départ sur l’air de la Musique de l’Ecole Royale Militaire. Va-t-on aussi entendre chanter le Pampou ?



Deux bus-navettes de la ville de Nivelles sont mis à la disposition des moins valides.

Il faut compter sept cents mètres de montée pour atteindre la ferme Hanneliquet qui est un des points les plus élevés de Baulers. La musique aidant, le pas reste cadencé même chez les plus anciens.






Mais qu’essaie d’expliquer Laure à l’Adjudant DUHAMEL ?


Le cortège arrive à la ferme Hanneliquet.












C’est contre ce mur que les premières balles traçantes allemandes sont venues s’écraser.

Benoit contrôle ses fiches, tout se passe bien. Pas de couac jusqu’à présent, et même c’était le cas, personne n’a rien remarqué.





Roger est aidé par Jean-Paul et Nicole. Encore quelques mètres et il pourra s’asseoir.



Les enfants l’attendent avec beaucoup d’impatience. Ils ont priorité et Joël les invites à se placer autour de Roger.



Comme chaque année, les enfants lui demandent de leur montrer l’éclat d’obus qui s’est juché dans sa main et qu’il a toujours refusé d’enlever en souvenir de ses camarades blessés ou morts.



Roger s’exécute de bonne grâce et leur propose même de le toucher.



« Paf, il est entré dans ma main et il n’en est plus ressorti ».
Roger leur raconte que c’est un petit éclat et qu’il bouge facilement et il termine par : « Mais s’il m’était arrivé là, c’en était fini. Je suis bien content d’être entouré par la jeunesse, ça me rajeunit un petit peu ».



C’est ensuite au tour de Denise de s’installer. Roger a de petits gestes d’attention pour elle. Denise cherche la main de Roger pour se rassurer.




Les petits porteurs de gerbes et les Autorités se mettent en place.



Joël explique une ultime fois le déroulement du reste de la cérémonie.



Le silence se fait, puis la voix d’Olivier B., membre de l’ASBL « DU COTE DES CHAMPS », résonne dans le micro, mélangée au bruit du vent :



« Mesdames, Messieurs,

Il y a 77 ans, jour pour jour, les soldats du 43e RI se retrouvent à la ferme Hanneliquet, alors abandonnée, ils manquent de sommeil depuis deux jours et n’ont plus mangé depuis la veille.

Nous sommes le 16 mai 1940, les soldats se reposent à tour de rôle dans la grange de cette ferme, quand ils sont réveillés par une volée de détonations. La toiture est traversée par un obus de char. La saleté et la poussière volent de partout, des bouts de tuile tombent. En même temps, des rafales de mitrailleuses crépitent. Des balles traceuses de gros calibres viennent, en sifflant, s’aplatir contre les murs.

Le sergent Lucien CAUDMONT est envoyé en reconnaissance avec sa section, il doit rapporter des renseignements sur les chars ennemis. Il ne reviendra pas de sa mission et sa section sera décimée.

En 1945, Philippe GRIFFART, le meilleur ami de Lucien, adresse une lettre à sa famille et y explique les circonstances de sa mort :




« Le lendemain de la mort de Lucien, j’étais arrêté dans un petit village couché sur un trottoir quand tout-à-coup je me sentis réveiller par un sergent de sa section m’annonçant cette triste nouvelle, je ne pouvais en croire mes oreilles. De suite j’ai été trouvé son chef de section qui était cantonné dans une rue voisine, lui demandant de plus amples détails. Il me répondit ceci : « Nous avions devant nous des chars ennemis qui devaient nous attaquer d’un moment à l’autre, ils étaient dans un petit bois devant nous. Caudmont fut envoyé en reconnaissance avec son groupe avec mission de rapporter quelques renseignements et aussi de se défendre à la grenade contre les chars s’ils se trouvaient en présence d’eux. C’est ce qui se produit. Nous avons vu Caudmont tomber et devant l’attaque imposante de chars nous nous sommes repliés. De son groupe, quelques hommes seulement ont pu rejoindre nos lignes, nous apportant la confirmation des morts […].
Puis je n’ai plus rien su jusqu’au jour où je fus prisonnier dans une espèce de couvent, j’étais couché à côté d’un soldat du 43 et la première chose que je lui ai demandé : quelle compagnie es-tu ? Il me répondit de la 1ère - donc tu connais le sergent Caudmont – je pense bien me dit-il c’était mon chef de groupe. Pour savoir si le malheur était réel car j’en doutais encore un peu, je lui ai demandé : qu’est-il devenu, est-ce qu’il est prisonnier – Il me répliqua : « Non malheureusement il n’est pas prisonnier ; j’étais à côté de lui lorsqu’il est tombé. Nous nous sommes trouvés en présence d’un char et Caudmont en tête de son groupe a ordonné l’attaque du char à la grenade, il a donc couru vers le char pour se mettre le plus rapidement possible dans son angle mort afin de placer une grenade sous les chenilles mais le char manœuvra sa tourelle rapidement et le frappa d’une balle en plein front, la mort fut instantanée, sans aucun cri, aucune plainte, aucune souffrance ».




Les faits se sont passés entre 19 et 21 heures. Ultime hommage à leur chef de peloton, ses camarades ramènent son corps et le déposent dans la cour.

Lucien est né le 9 janvier 1920, il a à peine vingt ans. La veille de sa mort, alors qu’il subit durant toute la journée des tirs de mortier et des bombardements de Stukas, il écrit encore à ses parents :



« Bien chers Parents,
« Tout va bien »
« La santé est bonne »
« Le moral est d’acier »

Dans son portefeuille, transpercé par des morceaux de shrapnel, Lucien gardait précieusement une photo de lui au dos de laquelle sa petite sœur Jacqueline, alors âgée de treize ans, avait écrit un petit texte prémonitoire :

« Petit frère chéri, Lucien,
Cette photo me rappelle mon grand frère comme je l’ai connu
Son regard doux semble me dire « Ne m’oublie pas »
Son regard triste semble comprendre que la vie est de courte durée
Je t’aime petit frère chéri, je pense à toi
» ».



Joël est resté très attentif à la lecture du texte qu’il a rédigé.



La plaque commémorative a été offerte et placée par l’ASBL « DU COTE DES CHAMPS », ainsi que le grand panneau didactique placé sur la grille d’entrée de la ferme relatant les évènements du 16 mai 1940.

Il est maintenant temps de déposer les gerbes de fleurs. Les soldats se mettent au garde-à-vous.





Les Autorités s’avancent vers la plaque commémorative de Lucien CAUDMONT, précédés par les élèves. C’est aussi le moment que choisit Denise pour pousser la chansonnette au grand bonheur des enfants. Les gerbes son déposées par le Bourgmestre de la Ville de Nivelles, l’Ambassade France conjointement avec le Souvenir Français, le Maire de Bruille St-Amand, Roger THEVENIN et l’Amicale des Anciens du 43 RI.



Les Autorités ont reculé sur une ligne, en position de respect. La Musique Militaire joue Aux Morts, la Marseillaise complète et la Brabançonne pour terminer.





A l’avant-plan de la photo, Fred, le Secrétaire du Bourgmestre, qui a largement contribué à la bonne réussite de cette journée.









A la fin de la cérémonie, sur l’air de la Marche du 43ème R.I. les Autorités remercient les porte-drapeaux venus nombreux cette année encore.



Daniel et Benoit, deux complices, toujours efficaces Cette année, Daniel a été opéré de la hanche et n’a pas pu assurer la cérémonie. Benoit l’a remplacé et c’est « comme s’il avait toujours fait cela ». Merci à la Ville, à Dominique et son Orchestre, à Daniel et Benoit, aux Autorités, à l’Escorte d’Honneur, aux porte-drapeaux, aux membres de l’ASBL « DU COTE DES CHAMPS » et à tous les gens présents.




C’est maintenant au tour de Joël et de Roger de remercier les porte-drapeaux. Ça prend un peu plus de temps, car Roger essaie d’avoir un petit mot gentil pour chacun.











La cérémonie est terminée. Les invités sont priés de se rendre dans la cour de la ferme Hanneliquet pour y prendre le verre de l’amitié.







La Musique militaire s’est déplacée au centre de la cour de la ferme pour y jouer un intermède musical : Marche Lorraine - Marche de la 2ème Division Blindée - La Madelon.




Les enfants ne lâchent pas le couple de centenaires et sont aux petits soins avec eux. Pour leur faire un peu d’ombre, plusieurs tiennent un parapluie ouvert.



Au dernier morceau de musique, Dominique s’adresse au public et lui annonce la mise à la pension d’un membre de son orchestre : « Francis MARBAIS, Nivellois d’origine, quittera le service actif de notre musique en janvier prochain. C’est encore bien loin me direz-vous, mais je ne voudrais certainement pas passer devant l’occasion qui m’est donnée aujourd’hui de le remercier sur cet air, chez lui à Nivelles.

Permettez-moi donc pour conclure notre prestation de lui céder la baguette pour le chant si bien connu des Nivellois Aclot toudi. Francis ! A toi, mon ami ».




Francis est chaleureusement applaudi par le public.



Le Bourgmestre s’adresse alors à l’assistance : « Ce que vous ne savez peut-être pas, c’est que nous avons commencé la clarinette ensemble... mais moi, j’ai mal tourné ».



Déjà, on se prépare à refaire le chemin à l’envers. C’est l’heure de la soupe. Il fait chaud et le bar est rapidement investi.






Françoise achève de mixer le velouté de carottes au miel. La Musique Militaire et l’Escorte d’Honneur dînent sur la pelouse de la salle paroissiale, dans le genre La « Dernière Cène » revue et corrigée, les apôtres étant plus nombreux. Geneviève et Olivier F. s’occupent de distribuer les boissons à table.



Les militaires apprécient le potage et finalement le chaudron reste à table.







En cuisine, on s’active, de même qu’en salle et au bar.
Anne-Marie, Jean-Paul, Romano, Christian et Raphaël sont de service dans la salle.












Le repas terminé, Roger lance la chansonnette « Tout le monde l’aime bien, tout le monde l’aime bien... THEVENIN ».



Puis, on prend congé en attendant le 16 mai prochain.



Après un rangement sommaire, les membres de l’ASBL se retrouvent au bar, la plupart n’ont pas dîné. On parle bien évidemment du déroulement de la journée et des projets de l’ASBL pour le reste de l’année. Puis c’est l’heure de se quitter.
Rédacteur : Joël











Nous apprenons le décès de Denise, épouse de Roger THEVENIN, ce 6 juin 2017 à 18h00. 
Sincères condoléances à la famille.

 

 

 

 

 

 

 

 

 



[1] Lors d’une récente cérémonie, où d’habitude une dizaine de porte-drapeaux sont présents, j’ai été témoin d’une pratique étonnante : une quinzaine de drapeaux achetés en brocante par un chineur sont sortis du coffre d’un véhicule et distribués aux élèves présents. Que faut-il penser de cette pratique ? 

[2] Madame DEBUE apprend à Joël que la demande de reconnaissance de « passeur de mémoire » qu’il a introduite pour l’ASBL est refusée pour vice de forme, il aurait fallu désigner deux autres parrains que des membres de l’ASBL, or elle reconnaît que les consignes n’étaient pas claires à ce sujet. C’est vraiment une décision de bureaucrates, bien à l’image de la Wallonie. Cela fait sept ans que l’ASBL est sur le terrain et qu’elle  jalonne l’histoire de sa région. Mais, lui faut-elle vraiment une reconnaissance officielle pour mériter le titre de « passeur de mémoire » ? 



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