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La Bataille de la Petite Gette.

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La Bataille de la Petite Gette

10 - 13 mai 1940

Le contexte militaire

       Lorsque le 10 mai 1940 les soldats du Reich envahissent la Belgique, la France et l'Angleterre, garantes depuis 1937 de la neutralité belge, répondent immédiatement à l'appel à l'aide lancé par le Gouvernement de Bruxelles et portent leurs armées à la rencontre de l'envahisseur.

       Dans le cadre de cette vaste opération, il s'agit pour une partie des forces françaises, en l'occurrence la 1ère Armée du Général BLANCHARD, (de la valeur de sept divisions), de venir occuper un secteur entre WAVRE et NAMUR centré sur GEMBLOUX en prenant appui derrière la DYLE entre WAVRE et OTTIGNIES et derrière le chemin de fer BRUXELLES –NAMUR entre OTTIGNIES et NAMUR.
C'est la manœuvre « DYLE ». (Voir planche n° 1).

       Au NORD de la 1ère Armée, le Corps Expéditionnaire britannique (B.E.F.) du Général GORT s'installera derrière la DYLE entre WAVRE et LOUVAIN ; au SUD, la 9ème Armée française du Général CORAP prendra position derrière la MEUSE de NAMUR à DONCHERY ( France ) ; des forces belges tiendront la position fortifiée de NAMUR.



La région

       Le Mouvement de la 1ère Armée française est précédé par celui du Corps de Cavalerie du Général PRIOUX. Cette grande unité, mise aux ordres du Général BLANCHARD, a pour mission « d'assurer la couverture » de la prise de position de la 1ère Armée française, c'est-à-dire de lui donner le temps de s'installer solidement sur sa position et de se préparer à y livrer la bataille d'arrêt. En termes concrets, le Corps de Cavalerie du Général PRIOUX doit empêcher les troupes allemandes d'atteindre la position DYLE – Chemin de fer  OTTIGNIES –  NAMUR  avant le 14 mai à six heures du matin.

       Pour exécuter cette mission, le Général PRIOUX doit avancer ses unités à hauteur de la transversale TIRLEMONT – HANNUT – HUY. Ce sont donc des éléments du Corps de Cavalerie qui, en mai 1940, viendront prendre position sur la PETITE GETTE et sur la MEHAIGNE et qui livreront là, le fait mérite d'être signalé, les premiers combats chars contre chars de la 2ème guerre mondiale.

       En quoi consiste le Corps de Cavalerie PRIOUX ?  D'un effectif d'environ 30.000 hommes, le Corps de Cavalerie PRIOUX comprend pour l'essentiel la 2ème Division Légère Mécanique (2 DLM) du Général BOUGRAIN, la 3ème Division Légère Mécanique (3 DLM) du Général LANGLOIS, le 329ème Régiment d'Artillerie (329 RA) à trois groupes et des unités de génie, de transmission, de transport, du Service de Santé ... Le Général PRIOUX a également sous ses ordres quelques unités rattachées, c'est-à-dire non organiques au Corps de Cavalerie, dont certaines interviendront dans la bataille.

       Le Corps de Cavalerie PRIOUX est l'un des plus beaux fleurons des forces armées françaises en 1940. Les DLM sont des formations blindées, modernes, rapides et bien équipées et le moral de la troupe y est élevé.

       Le Général PRIOUX dont le Quartier Général sera au « Manoir de là-bas » à AISCHE–EN–REFAIL adopte, pour remplir la mission qui lui a été confiée, le dispositif suivant : ( voir planche n° 1 ). Il déploie au NORD la 3 DLM entre TIRLEMONT et CREHEN derrière la PETITE GETTE et le RUISSEAU DE WANSIN et au SUD la 2 DLM entre CREHEN et HUY derrière la MEHAIGNE.

       Examinons d'un peu plus près la composition d'une division légère mécanique. En le faisant, on détaillera les unités de la 3 DLM, car d'une part c'est cette division qui supportera pratiquement seule le choc de deux divisions blindées allemandes, les 3ème et 4ème Panzer Divisionen (PzD), et d'une division d'infanterie, la 18 ID, et d'autre part ce sont les régiments de la 3 DLM qui livreront bataille dans notre région. Le récit qui suit ne parlera donc que des opérations menées par cette division.

       La 3 DLM s'articule en deux brigades légères mécaniques (BLM) ; l'une comporte deux régiments de chars, les 1er et 2ème Régiments de Cuirassiers ( 1 et 2 Cuir ), chacun à deux escadrons de chars SOMUA[1] et de deux escadrons de chars HOTCHKISS[2], chaque escadron alignant vingt chars de rang ; l'autre regroupe un régiment de découverte, le 12 Cuir, à deux escadrons motocyclistes et deux escadrons d'automitrailleuses de découverte équipés de véhicules blindés à roues PANHARD, et un régiment de dragons portés, le 11ème Régiment de Dragons Portés ( Il RDP ) à trois bataillons portés sur véhicules tout terrain à roues LAFFLY, chaque bataillon comprenant un escadron motocycliste, deux escadrons de fusiliers voltigeurs, un escadron de mitrailleuses et engins et un escadron de chars HOTCHKISS.

       La 3 DLM dispose aussi d'un régiment d'artillerie, le 76ème Régiment d'artillerie de Division Légère Mécanique ( 76 RAD LM ) à trois groupes, d'un escadron antichar, d'un bataillon de Génie et d'unités des Services.

       Si on fait le bilan des chars de la 3 DLM, on arrive au total de 239 chars, en ce compris les chars de commandement. A titre de comparaison, la PzD allemande compte 324 chars. Le rapport des forces en présence sera donc de un à trois tant en ce qui concerne le nombre de divisions qu'au niveau du nombre des chars ( 239 contre 648 ) et ceci sans parler de la suprématie absolue de l'aviation allemande.

Le cadre géographique (voir carte de la région et planche n° 1 )



Planche n° 1

       Les premiers combats de la 3 DLM en mai 1940 ont pour cadre géographique le triangle TIRLEMONT (au NORD), HANNUT (à l'EST) et PERWEZ (à l'OUEST), c'est-à-dire la partie occidentale de la HESBAYE.

       La HESBAYE, c'est un plateau légèrement ondulé où émergent l'un ou l'autre bois ou boqueteau clairsemé. Le réseau routier y est dense et les localités larges et étendues avec çà et là quelques grosses fermes isolées. C'est une région particulièrement adaptée aux évolutions des chars, un « charodrome » ainsi que l'ont appelée certains historiens militaires.

       Le plateau de HESBAYE est dans sa partie occidentale à cheval sur un dos de terrain, une crête, qui constitue ligne de partage des eaux des bassins de l'ESCAUT dont fait partie la PETITE GETTE qui coule vers le NORD et de la MEUSE dans laquelle se jette la MEHAIGNE après une course NORD-SUD. Ce dos de terrain constitue donc un axe d'attaque idéal que les PzD ne négligeront pas.

       La PETITE GETTE et le RUISSEAU DE WANSIN sont en fait des modestes ruisseaux coulant par moments au fond d'une cassure de deux à trois mètres. Ils sont franchissables en beaucoup d'endroits par des engins chenillés. En outre, il existe de nombreux ponts et passerelles. Ce ne sont pas ces ruisseaux eux-mêmes qui forment pour l'assaillant un obstacle militaire significatif mais plutôt les vallonnements parfois assez marqués au fond desquels ils coulent.

       Il faut encore ajouter que de nombreuses maisons bordent la PETITE GETTE à ORP–LE–GRAND, à LINSMEAU, à OPHEYLISSEM et à NEERHEYLISSEM, ce qui facilitera l'infiltration ennemie et enfin relever qu'en de nombreux endroits les collines à l'EST de la rivière dominent celles qui sont à l'OUEST, limitant ainsi les vues et les champs de tir.

       En résumé, le terrain offre à l'assaillant venant de l'EST la possibilité d'agir en masse avec ses chars et de s'infiltrer en particulier le long de la PETITE GETTE.

Les opérations proprement dites

       Vendredi 10 mai

       Dès 07Hr30, la 3 DLM reçoit l'ordre d'alerte qui est aussitôt retransmis à toutes les unités dans les termes suivants : « L'ennemi a franchi la frontière belge ; exécutez la manœuvre DYLE ; heure H = 10 heures. »

       A 10Hr, les régiments de la division entament leur mouvement et vers 10Hr15, la tête du Régiment de découverte, le 12 Cuir, franchit la frontière à QUIEVRAIN, sous les acclamations d'une foule enthousiaste.

       Dans l'après-midi les premiers éléments arrivent sur la PETITE GETTE. Le reste de la division est en fin de journée à hauteur de la DYLE et du chemin de fer OTTIGNIES–GEMBLOUX–NAMUR.

      Samedi 11 mai :

       Le 11 mai, compte tenu de la percée allemande sur le CANAL ALBERT, le mouvement de la division est accéléré. Vers midi, les chars du 1 et 2 Cuir arrivent à leur tour sur la PETITE GETTE.
Dans la soirée, les Dragons les rejoignent et prennent position.

       Le dispositif définitif qui sera en place le dimanche 12 mai à l'aube est le suivant : ( voir planche n° 2 ).


Planche n° 2

       Le Commandant de la 3 DLM a partagé son secteur divisionnaire en deux sous-secteurs. Le premier, le sous-secteur NORD, va de ARDEVOOR au lieu–dit LE PARADIS ( environ 11 Km), le second, le sous-secteur SUD, du lieu-dit LE PARADIS à CREHEN ( environ 6 Km ).

       Dans le sous-secteur NORD, le 3ème Bataillon du 11ème Régiment de Dragons Portés ( 3/11 RDP ) tient un front de 6 Km englobant les villages de ARDEVOOR, NEERHEYLISSEM, HAMPTEAU et LINSMEAU, tandis que le 2ème Bataillon du même régiment ( 2/11 RDP ) assure sur la PETITE GETTE la défense des localités de PELLAINES, MARET, ORP-LE-GRAND et ORP-LE-PETIT et occupe dans la profondeur les villages de NODUWEZ et MARILLES.

        Dans le sous-secteur SUD, sur l'axe d'effort principal ennemi, une partie du 1er Bataillon du 11ème Régiment de Dragons Portés ( 1/11 RDP ) défend un front de +/- 2,5 Km centré sur WANSIN et occupe en arrière le village de JANDRAIN alors que le 2 Cuir renforcé des éléments encore disponibles du 1/11 RDP se voit confier la défense du restant du sous-secteur englobant les localités de THISNES et CREHEN en première ligne et celles de JANDRENOUILLE et de MERDORP dans la profondeur.

       Le 12 Cuir est chargé de la couverture du flanc NORD de la division dans la région de TIRLEMONT-ORS MAEL-LAER. Sur le flanc SUD, la liaison avec la 2 DLM est réalisée par des éléments légers des deux divisions au lieu-dit DIEU-LE-GARDE au SUD-OUEST de CREHEN.

       Les trois groupes du 76 RA DLM et un groupe du 329 RA sont chargés d'assurer l'appui feu.

       Le 1 Cuir dont les chars SOMUA et HOTCHKISS occupent respectivement les villages de JAUCHE et de FOLX-LES-CAVES constitue la réserve de la division.

       L'intendance et les services divisionnaires sont déployés vers JODOIGNE, à l'OUEST de la GRANDE GETTE.

       Côté allemand, tandis que la 3 DLM prend position et se prépare à livrer bataille, la 4 PzD qui dès l'aube a franchi la MEUSE et le CANAL ALBERT poursuit sa progression. Vers 15Hr, elle atteint WAREMME et, à la tombée de la nuit, ses premiers éléments arrivent dans les environs de HANNUT.

       Dimanche 12 mai

       Avant-midi

       A 08Hr, les Allemands occupent HANNUT presque sans combats. Dans la foulée et s'élançant de cette localité, une cinquantaine de chars légers, appuyés par de l'artillerie et bientôt renforcés par des chars moyens, se ruent sur CREHEN qu'ils abordent vers 08Hr 30. Le combat est très rude et les Dragons qui combattent à pied sont très rapidement contraints à se replier sur MERDORP. Restés seuls dans la localité, les chars du 2 Cuir résistent jusqu'à la fin de la matinée et se retirent ensuite sur THISNES.

       Dans le sous-secteur NORD, l'ennemi n'a pas encore pris le contact mais son aviation est particulièrement active, bombardant et mitraillant les positions. Vers midi, les ponts sur la PETITE GETTE sont détruits par les sapeurs français.

       Après-midi

       Au début de l'après-midi, des avions de reconnaissance survolent les positions de la division et dès qu'ils ont disparu de violents bombardements frappent les unités du sous-secteur Nord et le village de THISNES. Les premiers éléments ennemis font leur apparition sur le front des 2 et 3/11 RDP.

       A partir de 17Hr, les fantassins allemands montent à l'assaut du point d'appui de WANSIN mais ils sont contenus par les défenseurs.

       Vers 18Hr une opération préparée par les Français pour réoccuper CREHEN doit être décommandée car au même moment les Allemands déclenchent une puissante attaque de chars sur THISNES. Les défenseurs subissent de lourdes pertes et à la tombée de la nuit se replient sur MERDORP et JANDRAIN. Quelques chars allemands tentent de percer jusqu'à JANDRAIN mais ils sont repoussés.

       A WANSIN, les Allemands qui ont reçu du renfort poursuivent leur attaque jusque tard dans la soirée mais sans succès. Vers minuit, ordre est donné à la garnison qui résiste toujours de se replier sur JANDRAIN.

       La position du sous-secteur SUD est donc modifiée à l'issue de cette journée, JANDRAIN et MERDORP sont maintenant en première ligne.

       Compte tenu des pertes enregistrées au cours de la bataille, la 3 DLM reçoit dans la nuit le renfort de deux groupes de reconnaissance de division d'infanterie (GRDI) (cinq escadrons) et d'un groupe de reconnaissance de corps d'armée (GRCA) (quatre escadrons). Le 7 GRDI est déployé dans le NORD sur la gauche du 3/11 RDP pour combler la trouée qui se crée entre ce bataillon et le 12 Cuir, le 4 GRDI est mis en ligne à JANDRAIN pour renforcer la liaison entre les deux sous-secteurs de la division ; le 6 GRCA est gardé en réserve.

       Côté allemand, une fois la nuit tombée, les chars rompent le contact et se regroupent au NORD de HANNUT laissant à l'infanterie le soin de garder le terrain conquis. La 4 PzD a de sérieux problèmes d'intendance. Les réservoirs sont à sec et du carburant devra d'ailleurs lui être amené par avion. Quant à la 3 PzD, elle a, à son tour, franchi la MEUSE et le CANAL ALBERT ce matin. En fin de journée, ses unités progressent entre WAREMME et HANNUT et se préparent à se joindre à celles de la 4 PzD afin de poursuivre ensemble l'attaque le lendemain.

       Lundi 13 mai

       Avant-midi

       Tandis que les 3 et 4 PzD se mettent en place dans leurs positions d'attaque et y achèvent leurs préparatifs, les points d'appui du 3/11 RDP au NORD subissent de violents bombardements, prélude à une attaque qui sera menée à partir de 10Hr de part et d'autre de NEERHEYLISSEM par des éléments de la 18 ID.

       Sur le reste du front, la situation est plus calme. De brefs accrochages ont toutefois lieu avec des patrouilles qui se sont infiltrées dans Je courant de la nuit. L'aviation allemande poursuit par ailleurs son action.

       Entre 11Hr30 et 12Hr JANDRAIN et MERDORP sont à leur tour la cible des aviateurs allemands dont l'action est prolongée par d'intenses bombardements d'artillerie en préparation d'une attaque qu'on sent venir.

       Après-midi

       Pendant qu'au NORD du secteur divisionnaire le 3/11 RDP et le 7 GRDI résistent difficilement à l'attaque de la 18 ID, plus au SUD les 3 et 4 PzD partent presque ensemble à l'attaque.

       Vers 12Hr30, les chars de la 3 PD abordent les points d'appui d'ORP-LE-PETIT. L'action est rondement menée.

       Après avoir franchi la PETITE GETTE sur deux petits ponts que le génie n'avait pas fait sauter, les deux colonnes de chars prennent de flanc ou à revers les points d'appui du 2/11 RDP et les font rapidement tomber. Seuls quelques éléments du 2/11 RDP parviennent à se retirer vers NODUWEZ et MARILLES.

       A la même heure, après une vaine tentative menée par l'infanterie, l'attaque de MERDORP est reprise par une centaine de chars moyens et lourds de la 4 PzD qui pénètrent dans la localité suivis des fantassins. La situation y devient rapidement intenable pour les défenseurs et vers 14Hr leur chef décide de se replier sur JANDRENOUILLE.

       Dans la foulée, une bonne centaine de blindés des 3 et 4 PzD répartis en deux colonnes, l'une venant du NORD, l'autre du SUD, convergent vers JANDRAIN qui dès 14Hr30 est complètement investi. Une contre-attaque menée au départ de JAUCHE par un escadron SOMUA du 1 Cuir connaîtra quelques succès mais elle devra rapidement être stoppée, étant donné l'évolution de la situation.

       Au centre, après avoir bousculé les points d'appui sur la PETITE GETTE à MARET, ORP-LE-GRAND et ORP-LE-PETIT, les chars allemands ont continué leur progression vers l'EST contraignant les Dragons à évacuer MARILLES et NODUWEZ.

       Au SUD, après la prise de MERDORP, fantassins et blindés allemands s'en prennent aux défenseurs de JANDRENOUILLE qui se retirent sur FOLX-LES-CAVES.

       La situation de la 3 DLM est donc vers 15Hr extrêmement critique. Elle est menacée d'un enveloppement par le NORD et son centre est enfoncé. Par ailleurs la trouée béante qui s'ouvre au SUD entre les deux DLM suite à la perte de MERDORP et de JANDRENOUILLE compromet très sérieusement les possibilités de défense du Corps de Cavalerie. Le Général PRIOUX prend en conséquence la décision de replier ses divisions sur une position intermédiaire à hauteur de PERWEZ.

       Le repli s'effectue difficilement; matériels lourds et véhicules doivent pour une bonne part être abandonnés. De JANDRAIN encerclé, seuls sept chars HOTCHKISS et un side-car parviendront à s'échapper.

       Au soir du 13 mai, la bataille de la PETITE GETTE est terminée pour la 3 DLM. Ses unités se regroupent tant bien que mal à l'OUEST de la GRANDE GETTE que les blindés allemands franchiront vers minuit à JODOIGNE entre autres.

       La 3 DLM participera encore dans la journée du 14 mai à des actions retardatrices en avant de la position de la 1ère Armée derrière laquelle elle se retirera à la soirée.

       On peut donc en conclure qu'elle a rempli sa mission. Mais le prix payé est lourd. La 3 DLM a en effet perdu en tués, blessés, disparus, prisonniers, un tiers de son effectif et laissé sur le terrain la moitié de ses chars. Les PzD allemands ont quant à elles perdu 160 engins blindés au cours de ces combats.

       C'est pour perpétuer le souvenir de ces dramatiques journées de mai 40 qu'à l'initiative des « Rescapés du 1 Cuir » la décision a été prise d'élever à JANDRAIN, le long de la grande route JODOIGNE-HANNUT un monument à la Cavalerie française. Inauguré en mai 1957 par le Général LANGLOIS, Commandant de la 3 DLM en mai 1940, représentant le Général PRIOUX, devant un parterre de personnalités françaises et belges, ce monument rappelle aux jeunes générations qu'à l'appel de la BELGIQUE des soldats français sont venus chez nous combattre pour la défense de la liberté et que certains d'entre eux, Cuirassiers, Dragons et Artilleurs, qui avaient quitté leur pays par une belle journée de printemps, n'ont jamais revu le ciel de FRANCE.

P. GENOTTE
Général-Major e.r.
Novembre 1995

 

L’AUTEUR



       Mai 1940. Pierre GENOTTE a sept ans. Il habite avec ses parents à ORP-LEPETIT. Il y vit du 11 au 13 mai la bataille de la PETITE GETTE qui voit les premiers combats de chars de la seconde guerre mondiale.
Au lendemain de cette bataille, son Grand-père lui fera découvrir dans le verger qui jouxte sa maison à JANDRAIN la tombe qu'il a creusée de ses mains pour y donner une sépulture provisoire au Sous-Lieutenant français Yves JOLIBOIS du 13ème escadron du 11ème Régiment de Dragons Portés.

       A l'issue de ses études primaires à l'école communale d'ORP-LE-GRAND, Pierre Genotte rejoint l'Institut Saint-Albert à Jodoigne pour y faire ses humanités gréco-latines.
Il y aura entre autres pour condisciples Eugène Fossoul et Raoul Godard de Jodoigne, Jean Huyberechts de Jauchelette ...
En septembre 1952, il entre à l'Ecole Royale Militaire comme candidat officier à la 92e Promotion « Toutes Armes ». Il en sort Sous-Lieutenant d'Artillerie et rejoint en septembre 1955 les Forces Belges en Allemagne pour être affecté au 19e Régiment d'Artillerie à Cheval d'abord, au 75e Bataillon de Missiles « Honest John » ensuite où il occupe diverses fonctions dont celle de Commandant de Batterie.
En 1967, le Capitaine Pierre GENOTTE entre à l'Ecole de Guerre avec la 85e Division. Breveté d'Etat-Major en juin 1969, le Commandant BEM P. GENOTTE poursuit sa carrière en alternant le service à la troupe et le travail en état-major.
C'est ainsi qu'il sert au 1er Régiment d'Artillerie à Bastogne et au Commandement de l'Artillerie de la 1ère Division à Verviers, puis à l'Etat-Major de la Force Terrestre et à l'Etat-Major Général où il travaille plus particulièrement à la planification à long terme et enfin au Cabinet du Ministre où comme Chef de Cabinet Adjoint il s'occupera pour l'essentiel de la politique de défense et des relations bi- et multilatérales.
Pendant cette période il est successivement promu Major en septembre 1970, Lieutenant-Colonel en mars 1975 et Colonel en décembre 1979.
Six mois après son départ du Cabinet de la Défense il est nommé Général-Major.
Il prend alors le commandement de la Division Instruction des Forces de l'Intérieur et, à ce titre, dirige les centres d'instruction et les écoles d'armes de la Force Terrestre.
Enfin en janvier 1990, il rejoint l'Etat-Major du 1er Corps d'Armée à WElDEN dans la banlieue de Cologne où il sera Commandant de l'Artillerie du Corps d'Armée.
Atteint par la limite d'âge fin mars 1992, il quitte le service actif et se réinstalle à ORP-LE-GRAND, son village natal, où il mène une retraite active qui le voit souvent mettre ses qualités d'organisateur au service de ses autorités communales et de ses concitoyens.
Le Général P. GENOTTE a consacré et consacre toujours une partie de ses loisirs à l'étude de l'histoire de sa région et plus particulièrement du volet militaire récent de cette histoire. Il a publié une plaquette sur La Bataille de la Petite Gette et donne des conférences sur le même sujet.

Le Général-Major e.r. P. GENOTTE est marié et père de deux grands enfants. Il est aussi quatre fois grand-père.



[1] D'un poids de 20 tonnes, le char SOMUA est armé d'un canon de 47 mm, une excellente arme antichar et d'une mitrailleuse. Son blindage maximum a 40 mm d'épaisseur.

[2] Le char HOTCHKISS pèse 20 tonnes. Il est armé d'une mitrailleuse et d'un canon de 25 mm ou de 37 mm. Son blindage maximum a également 40 mm d'épaisseur



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