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Les atrocités à Haccourt-Hallembaye pendant la guerre 1914-1918.

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Les atrocités à Haccourt-Hallembaye pendant la guerre 1914-1918.

point  [article]
Coin du paysage de Haccourt.

Vue d’ensemble du village de Hallembaye qui fut détruit par les Allemands.

Panorama de Hallembaye après la guerre de 1940-1945.

Les atrocités à Haccourt-Hallembaye pendant la guerre 1914-1918[1].

Pas plus qu'à Heure-le-Romain, l'attitude des troupes qui défilèrent à Haccourt et Hallembaye, dans les premiers jours de la guerre ne permit de prévoir les atrocités dont se rendraient coupables celles qui les suivraient. Un jeune homme pendu le 6, deux maisons brûlées le 8, un petit vacher de quatorze ans blessé et maltraité, quelques civils brutalisés, voilà les seuls crimes qu'on put mettre à leur charge dans la première quinzaine du mois.

Dans la soirée du 16, on rassembla les habitants de Hallembaye pour leur montrer le terrifiant spectacle de l'incendie de Visé, qui devait servir d'avertissement à tous ceux qui auraient des velléités de braver l'autorité allemande. Le lendemain, de nouvelles troupes se répandirent en menaces contre les habitants, parce qu'ils avaient vu un cheval allemand tué, sans se demander si la vieille haridelle n'avait pas été abattue - comme c'était le cas - par leurs propres frères d'armes.

Mais on n'en resta pas aux menaces. Les soldats se répandirent bientôt dans le hameau et, après avoir mis à sac la plupart des maisons, ils en incendièrent un grand nombre et tirèrent sur les malheureux habitants qui fuyaient, dix-sept d'entre eux furent abattus parmi lesquels cinq femmes.

Une cinquantaine de villageois, y compris le bourgmestre, docteur Donnay, furent emmenés comme prisonniers de guerre. Le curé, M. Edmond Tielen, fut tué, en même temps qu'un garçonnet de quinze ans, au moment où il allait pénétrer dans la chapelle.

Voulez-vous connaître maintenant la version allemande de ces assassinats? Écoutez M. le professeur docteur Bickel dans le Berliner Tageblatt (10 septembre 1914), c'est-à-dire un personnage considérable écrivant dans un des journaux les plus pondérés de l'Allemagne:

« En traversant Haccourt-Hallembaye, sur la rive gauche de la Meuse, je songe comment - c'était le 18 août - par une des belles journées d'été dont nous jouissions en règle générale à cette époque, nous fûmes brusquement exposés au feu dirigé sur nous, d'une paisible place gazonnée non loin de l'église, par une bande d'habitants; il ne servit de rien qu'une partie de ces gens fût mise à mort par nos fantassins et qu'une autre fût faite prisonnière. Bientôt des coups de fusil partaient de l'église même, si bien que notre artillerie dut intervenir. La tour de la nef flamba aussitôt; à l'intérieur du chœur, nos soldats qui avaient pénétré dans l'église trouvèrent le curé tué par un éclat d'obus et d'autres habitants blessés. Ces derniers furent emmenés avec les autres. C'est le curé qui aurait organisé la résistance des gens, qui le5 aurait fait entrer dans l'église et qui aurait machiné le complot contre nos troupes.

Le lecteur, neutre jusqu'au bout, placé entre ma version et celle de M. le professeur Bickel, hésitera malgré tout, les deux relations émanant de parties intéressées. Aussi vais-je m'empresser de les tirer d'embarras en lui communiquant l'opinion du ministère prussien de la guerre sur le récit de M. Bickel (La réponse datée du 13 février 1915 est adressée au bureau d'informations pax et reproduit par Van Langenhove).

« L'enquête a donné le résultat ci-après: » Le curé de la commune d'Haccourt n'a pas organisé la résistance des habitants; il ne les a pas fait entrer dans l'église et il n'a pas machiné de complot contre nos troupes. Il n'a pas été tué par un éclat d'obus dans l'église de l'endroit. Il n'y a eu absolument aucun combat en ce lieu. Par contre, nos troupes ont essuyé des coups de feu pendant leur traversée d'Hallembaye, qui est situé à un kilomètre au nord de Haccourt. Hallembaye fut incendié par nos troupes.

Le curé de Haccourt, qui, accompagné d'un garçon de quinze ans, marchait à côté d'une colonne de voitures à laquelle il montrait le chemin, entendit les détonations d'Hallembaye et vit le village brûler.

Il s'empressa de gagner avec son jeune compagnon une chapelle qu'il y avait là; c'est à cet endroit qu'une balle perdue l'atteignit, ainsi que le garçon à ses côtés. »

Le ministère prussien aurait au moins dû dire: « deux balles perdues ». Car il est peu probable que la même balle ait tué le curé et son jeune ami!

Divers autres villages de la rive gauche de la Meuse ou des environs immédiats de Liège, Herstal, Lixhe, Fexhe-Slins, Hermalle-sous-Argenteau, Cheratte, Flémalle-Grande, etc., eurent à souffrir cruellement de l'invasion, tant pendant l'attaque des forts qu'à la suite de leur reddition. Mais la relation deviendrait banale, à force de se répéter, car les procédés de la soldatesque étaient partout les mêmes et pourraient se résumer en quatre mots: vols, destructions, incendies, assassinats.

 



[1] Extrait par Joseph PHILIPPART du livre : « La Belgique et la Guerre » - Pages : 129 & 130

II/IV -L’Invasion Allemande par J. Cuvelier, Archiviste Général du Royaume. Préface par Henri Pirenne, Recteur de l’Université de Gand. 2ème édition, revue et corrigée. Bruxelles – Henri Bertels, Editeur, Bd Maurice Lemonnier, 175, en 1924

 



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