Maison du Souvenir

L'extraordinaire Histoire d' « Arthur » et de son Fameux Commando.

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L’extraordinaire Histoire d’ « Arthur » et de son Fameux Commando[1]


Le maréchal de logis de gendarmerie Charles Bastin, premier collaborateur d’Arthur. Mort à Buchenwald.

Un client sérieux.

       En 1943, lorsque « Cœurs Belges » a vu le jour pour la première fois, Chantecler, notre distributeur principal, se trouvait quelque peu embarrassé par le problème de la diffusion de notre journal dans tout le pays. Heureusement différents groupements clandestins voulurent bien se charger d'enlever une partie de nos stocks et grâce à des hommes comme notre excellent ami Ernest Daniel du Service Zéro et de quelques autres, nos tirages s'épuisèrent rapidement. Parmi ces « quelques autres », Arthur venait en tout premier lieu, et quand Chantecler préparait les « rouleaux », le sien était particulièrement volumineux.

       – Diable ! que fait-il de tout cela ? demandai-je un jour.


Les petits chemins de campagne permettaient aux maquisards de Hesbaye de contourner les localités où rôdaient les feldgendarmes.

       – Soyez tranquille, me répondit-on, il a sous ses ordres une bande de gaillards qui lisent « Cœurs Belges » avec enthousiasme et qui le propagent dans toute la Hesbaye.

       En ce temps-là, nous ne savions pas grand' chose d'Arthur, bien que nous entendions souvent prononcer son nom. Parlait-on d'un « coup » bien réussi, de quelque aventure sensationnelle, de maquisards, il n'était pas rare qu'on se glissât à l'oreille : « Ça ce sont les hommes d'Arthur ». Les hommes d'Arthur faisaient fréquemment parler d'eux, toutefois nous avions peine à croire qu'ils étaient très nombreux et surtout qu'ils se tenaient en permanence en Hesbaye. Est-il en effet une région dans toute la Belgique qui se prêtât moins à la clandestinité que la Hesbaye ? Dépourvue de bois et de couverts, sillonnée de routes praticables en toutes saisons, avec ses immenses étendues de champs où, avec de bonnes jumelles, on voit un homme à une distance de dix kilomètres, avec ses opulents villages dont toutes les habitations sont groupées le long de rues où rien ne passe inaperçu, cette région, d'un accès facile, ouverte de toutes parts, ne convient nullement pour abriter d'importants groupes d'hommes traqués et condamnés à vivre dans l'ombre. Ici la dissimulation ne parait même pas possible et enquêtes, recherches, perquisitions, poursuites, semblent pouvoir y être menées sans difficulté. Pendant la bonne saison, dans ces vastes étendues dénudées tout fuyard est promptement rejoint par n'importe quel véhicule motorisé se déplaçant avec aisance à travers champs même en dehors des routes et des venelles.

Une vraie gageure.

       Etablir un maquis dans une région qui se prête si peu à l'action clandestine et dont quelques feldgendarmes peuvent assurer la surveillance, paraît bel et bien une gageure. Cette gageure, un homme l'a tenue. Et cet homme est à présent là devant moi, car je suis venu l'interviewer à Bergilers où il occupe une petite ferme d'un aspect très avenant. Son nom : Arthur Derwa. Son âge : 32 ans. Avant d'entrer en conversation avec lui, je l'ai entendu téléphoner et j'ai immédiatement reconnu les intonations quelque peu grasseyantes du patois de la région. « Arthur » – comme ses hommes continuent à l'appeler – est un Hesbignon de race : son père, son grand-père, son bisaïeul ont habité le même village et exercé la même profession de marchand de bestiaux. Il a fait son école moyenne et, pendant un an, a suivi les cours de l'Ecole de navigation. Sur son bureau je vois toute une série d'ouvrages français sur la Résistance.


Velroux – Etable qui servit longtemps de refuge à treize hommes d’Arthur.

       – Tenez, voilà un beau livre, me dit-il, en me montrant « Le Sacrifice du Matin » du Général de Guenouville. En France au moins, on reconnaît qu'il était nécessaire de supprimer les dénonciateurs et les traîtres, tandis qu'ici en Belgique ...

       Va-t-il s'exalter, se fâcher ou prendre ce ton aigri et désabusé qui est hélas ! celui de la  plupart des résistants d'hier écœurés par les injustices d'aujourd'hui ? Non, voici qu'Arthur, le redoutable Arthur dont la tête a été mise à prix, peut-être le plus redoutable adversaire que la Gestapo de Liège ait vu se dresser devant elle, parle ... Il me parle de ses hommes dont quarante-cinq ont payé de leur vie leur fidélité à notre vieil idéal de liberté. Leurs portraits sont réunis dans un vaste pêle-mêle placé au-dessus du bureau. Ce qui me frappe dans toutes ces figures juvéniles, c'est leur expression toute de franchise et d'énergie.

       – Quels beaux types !

       – Ah ! ça, je puis vous assurer que c'étalent de rudes gaillards, me confie Arthur.


Velroux – Endroit où Arthur, Alfred, Henri II et Alexandre « le Russe » furent mitraillés à une distance de six mètres.

       Et voici que les souvenirs affluent... Pendant qu'il parle, j'observe l'homme qui en 1943 et en 1944 régnait en maître sur vingt et un villages hesbignons, traquait impitoyablement les traîtres et faisait trembler les feldgendarmes. Trapu, solidement bâti, il a une mine débonnaire qui ne révèle rien de son rude tempérament. Un large sourire découvre sans cesse sa forte denture partiellement aurifiée. La tête légèrement inclinée, il évoque les heures palpitantes de la lutte farouche qu'il a menée contre l'ennemi. A aucun moment, il ne hausse le ton qui reste étrangement calme. Ce chef de guérillas a dû, dans les moments les plus critiques, faire preuve d'une extraordinaire maîtrise de soi. Parfois cependant son sourire se fige, sa figure se contracte et de dures lueurs  passent dans son regard bleu. Arthur connaît l'histoire de tous ses hommes et les anecdotes fusent... La plupart tragiques... Certaines cependant franchement drôles et amusantes.


Ferme du Corbeau où était établi le P.C. du Commandant Jean-Louis, chef hiérarchique d’Arthur.

Les calmes débuts d'une grande aventure.

       – Quand avez-vous fait vos débuts dans la clandestinité ? lui demandons-nous.

       – En 1941. Mes premiers collaborateurs furent deux gendarmes de la brigade d'Oreye : Charles Bastin, mort à Buchenwald, et Jean Dominicy, qui est toujours en service. Nous nous sommes mis en devoir de recueillir et de remettre en état les armes abandonnées par l'armée belge au cours de la retraite et nous avons mis tout en œuvre pour contrecarrer par la diffusion de tracts clandestins la propagande acharnée de l'ennemi. A ce moment, nous étions rattachés à la Légion Belge. Mais c'est en novembre 1942 que le grand travail a commencé. Les réfractaires au travail forcé ne tardent en effet pas d’affluer, et pour notre petit groupement de nouveaux problèmes se posent qui menacent de compliquer singulièrement notre tâche. Pour tous ces braves gars qui ont osé dire « non » à l'Allemand, il s'agit de trouver gîte et subsistance. Au début, nous en casons on bon nombre dans les fermes de la région, mais bientôt ils furent si nombreux qu'avec mes deux collaborateurs Bastin et Dominicy, j'envisageai une autre solution. Je résolus donc de constituer avec des volontaires triés sur le volet une sorte de commando composé uniquement de « durs » et que j'appelai au début 6.T.C.3. ou 6e Troupe de Choc, 3e Compagnie.

       – Pourquoi cette dénomination ?

       – Uniquement pour inspirer confiance aux premiers volontaires. Il importait en effet de leur mettre dans l'esprit la certitude qu'ils n'étaient pas isolés et que nous représentions une force redoutable… En réalité, au début nous n'étions que quelques-uns.

       – Et qu'exigiez-vous de ces premiers volontaires ?

       – Habituellement je leur tenais le langage suivant : « Vous pouvez aller travailler dans une ferme où l'on s'occupera de vous : vous serez logé, nourri et vous recevrez régulièrement votre ration de cigarettes ou bien vous pouvez venir avec nous « à la brigade » et là vous recevrez huit cents francs par mois, mais pour ces huit cents francs vous donnerez peut-être votre vie. D'autre part vous ne vous soumettez pas à la discipline de la « brigade », si vous volez, si vous tentez un coup pour votre compte personnel ou si vous vous méconduisez, vous risquez une condamnation à mort en bonne et due forme et je me chargerai de vous faire fusiller.

       – Et quelles étaient les réactions devant de pareilles offres ?

       – Si le réfractaire me répondait : « Je réfléchirai » ou « Je verrai », je renonçais aussitôt à l'enrôler et je le lui disais.

Ce qui s'appelle ne douter de rien.

       Recruter des hommes, les grouper, n'était pas chose bien compliquée, mais il fallait aussi leur procurer un refuge, les ravitailler, les armer, les occuper et surtout les tenir bien en mains. En tout premier lieu, il importait de se procurer des armes.

       – Heureusement, nous confie Arthur, j'ai eu la bonne fortune de faire la connaissance d'Aramis et, avec lui, j'ai mené à bonne fin ma première expédition en vue de récupérer des armes. Nous sommes allés chercher un lot de 22 pistolets entreposés dans une Maison communale des environs de Tongres. C'étaient des armes assez hétéroclites : revolvers à barillet, brownings, etc., mais il y avait aussi quelques G.P. en bon état. Pour nous, c'était une aubaine. Nous nous partageâmes le lot et à partir de ce moment, mon petit arsenal ne cessa de s'enrichir de pièces nouvelles.

       – Et vous êtes toujours resté en contact avec Aramis ?

       – Oui. Aramis, c'était l’as des as... Grand, bien découplé, d'une audace merveilleuse, c'était le type même du maquisard toujours prêt à payer de sa personne dans les coups durs. Il dirigeait le secteur de Huy et comme il avait trop d'hommes, il m'en a souvent envoyé.

       Arthur nous raconte ensuite comment il s'y est pris pour loger ses hommes et les ravitailler. Ce ne fut pas une mince affaire. Il les casa par groupes de dix, quinze ou vingt dans les bâtiments abandonnés, fermes ou maisons particulières. Pour assurer la sécurité des occupants, il fait construire des souterrains, débouchant loin de l'immeuble et permettant, en cas de surprise, d'échapper à fout encerclement. Comme, de par sa profession, il est très connu dans la région, les fermiers lui sont d'un précieux concours pour le ravitaillement de ses hommes. Néanmoins de redoutables difficultés vont surgir : Arthur les surmontera toutes les unes après les autres. Le paiement régulier de la solde – solde que lui-même n'a jamais touchée – nécessitera des « coups » dont certains, entre autres celui de Phénix-Works, faillirent provoquer l'anéantissement total du groupe. Quant à la question discipline, elle était d'une importance capitale.


Defauwes Joseph de Welkenraedt, volontaire du commando d’Arthur – Fusillé à Liège le 14-8-1944.

       – Je me suis toujours rappelé la déclaration d'un général français, nous dit Arthur, qui affirmait que la guerre de 1914-18 avait été gagnée par les « fusillés pour l'exemple ». Aussi me suis-je montré intraitable et lorsqu'il a fallu sévir contre des éléments qui menaçaient de créer un mauvais esprit parmi mes hommes, j'ai sévi avec une impitoyable rigueur. Je me rendais compte que pour maintenir mon maquis en pleine Hesbaye, il fallait que mes gars m'obéissent au doigt et à l'œil.

6. T. C. 3. « Section Punitive » Groupe Zoro.

       Au début de 1943, Arthur a réussi à grouper sous ses ordres environ quatre-vingts bommes. Son « commando » est uniquement formé de gaillards décidés. Rattaché officiellement à l'A.S., il se voit attribuer la mission de faire la guerre aux dénonciateurs, aux indicateurs de la Gestapo et aux traîtres. La G.T.C.3 devient ainsi la S.P.B. (Section Punitive Belge) familièrement dénommée « Groupe Zoro » par ses membres. Son rayon d'action comprend vingt et un villages : Grandville, Bergilers, Oreye, Lens-sur-Geer, Lamine, Hodeige, Remicourt, Pousset, Lantremange, Otrange, Thys, Crisnée, Lowaige, Herstappe, Momalle, Jeneffe, Roloux, Velroux, Hognoul, Kemexhe, Fooz,


Kransvelt Jean de Welkenraedt, volontaire du commando d’Arthur – Fusillé à Liège le 14-8-1944.

       Ces 21 villages constituant le domaine d'Arthur, celui-ci y établit une domination qui, tout en réconfortant les braves gens, va donner de cuisants soucis à l'Obersturmbahnführer Georges Graff, chef de la Gestapo de Liège, et sera pour les « collaborateurs » un perpétuel sujet de crainte et d'épouvante. Car le chef de la S.P.B. va s'acquitter de sa tâche avec la conviction totale de l'homme qui en comprend l'utilité et la nécessité. Malheur aux valets de l'ennemi qui tomberont entre les mains d'Arthur ou de ses hommes, car leur compte sera promptement réglé. Avec certaines formes sans doute ; instruction de chaque cas, conseil de guerre dans une grange, présence d'un aumônier pour assister le condamné, etc. Pour tout délateur, indicateur, gestapiste abattu, le chef de la S.P.B. a eu soin de faire établir un dossier, de sorte qu'il n'a eu aucune peine à justifier ses exécutions. Cette justice expéditive a inquiété certains braves bourgeois qui nous ont dit avec des mines craintives : « Heu, vous savez, Arthur il allait parfois un peu fort. »

       – Dans cette tâche si délicate de justicier, n'avez-vous jamais commis d'erreur ? lui avons-nous demandé.

       – Non, jamais, nous a-t-il répondu. J'étais d'ailleurs en rapport avec des services de police de Liège qui me fournissait des renseignements sûrs et d'après lesquels je pouvais régler mon action.

       Contrairement à ce que pensent d'aucuns cette mission de justicier n'était pas exempte de risques. Les gestapistes belges par exemple étaient toujours armés et se tenaient sur leurs gardes, de sorte que ce n'était pas chose facile de les approcher. Lorsque la suppression d'un traître se présentait comme une opération difficile ou dangereuse, le chef du groupe Zoro s'en chargeait lui-même. C'est ainsi qu'un soir il « révolvérisa » un gestapiste qui faisait le trajet Namur-Liège en chemin de fer. Tout alla bien jusqu'au moment où il fallut sauter du train en marche. Arthur ; qui n'était pas un familier de ce sport, prit contact avec le sol aussi brutalement qu'il l'avait fait avec les Allemands. Une autre fois, l'indésirable qu'il voulait châtier le saisit par les jambes, le fit tomber et une lutte féroce s'engagea au cours de laquelle il réussit – non sans peine – à prendre le dessus.

Un maquis bien organisé.

       Ce maquis de Hesbaye peut passer pour un modèle d'organisation. C'est qu'Arthur a dirigé et administré son groupement en apportant en toutes choses un souci très marqué d'ordre et de précision. Rien de plus intéressant que les archives du groupe Zoro : non seulement toute son activité y est retracée presque au jour le jour dans des documents clairs, mais toute la comptabilité et les fiches matriculaires du personnel y ont été tenues à jour de façon remarquable. Le ravitaillement des hommes était assuré comme celui d'une troupe en guerre au moyen de cartes et de bons : il en était de même pour les cigarettes. Chacun touchait sa ration au jour fixé : pas d'abus, pas de gaspillage, pas de passe-droits. Mais ce qui nous a particulièrement intéressé dans les multiples dossiers d'Arthur ce sont les fiches personnelles de ses maquisards. Car chaque membre du groupe Zoro avait son nom de guerre, son matricule et sa fiche. Ces fiches sont d'un intérêt captivant : le chef qui était un « dur » y ayant parfois, voté en termes lapidaires ses appréciations sur ses hommes. En voici une qui fait tache dans l'ensemble mais qui, à elle seule, permet de juger la qualité d'âme qu'il fallait pour faire figure de soldat dans le commando d'Arthur :

« Marc 236, de son vrai nom C, époux de S..., né à ..., le ..., domicilié à.

» Cet homme, sergent au X chasseurs ardennais, est le type de sous-officier de parade, bon à rien, sans énergie, fort en gueule en temps de paix, toujours en arrière pendant la guerre. Sa couardise n'avait pas d'égale, il ne s'est jamais présenté pour faire quoi que ce soit qu'obligé. Spécialiste artificier, nous dûmes ne pas l'employer, car il mettait la panique chez d'autres. Après le combat de Lamine où il n'était pas, il partit rapidement vers les villages les plus tranquilles et, non content, il demanda sa démobilisation, ce qui lui fut accordé, car il ne nous était d'aucune utilité et était la risée de tous. Enfin ce sera de tels hommes qui se targueront du travail des meilleurs des nôtres et feront dans une armée de parade : un sous-officier d'élite.» (S) Arthur 244. »


Gera Jean de Poulseur, volontaire du commando d’Arthur – Fusillé à Huy le 18-4-1944.

       – Comment avez-vous pu tenir ces écritures si bien en ordre ? demandons-nous à Arthur.

       – C'est bien simple : j'avais deux employés qui ne s'occupaient que de cela. J'ai toujours attaché beaucoup d'importance à ce que mes dossiers fussent bien tenus.

Une vie qui ne manquait pas d'imprévu.

       Comme bien on le pense, les Allemands ne tardèrent pas de s'apercevoir que quelque chose d'anormal se passait dans la région comprise entre Liège, Huy et Waremme. Leurs indicateurs signalèrent rapidement les allées et venues suspectes d'étrangers arrivés depuis peu dans la contrée. Et c'est alors que le groupe Zoro fit ses premières armes. On se représente sans peine ce que va devenir la lutte entre cette poignée d'indomptables maquisards et les feldgendarmes, secondés par les gestapistes, chargés de les anéantir. La première fois que les Allemands font irruption au domicile d'Arthur, ils arrêtent deux réfractaires qu'il héberge, mais lui a la bonne fortune de s'échapper. Trois jours plus tard, ils reviennent en force – une quinzaine d'hommes – heureusement cette fois l'oiseau s'est envolé et les perquisitions ne donnent absolument aucun résultat. Divers incidents ayant mis les gars du groupe Zoro aux prises avec les feldgendarmes de Waremme, ceux-ci connurent bientôt la vraie identité du chef des « terroristes » de Hesbaye. Ils apprirent ainsi qu' « Arthur » n'était nullement un pseudonyme de guerre, mais était bel et bien le vrai prénom d'un habitant de Bergilers : M. Derwa. Alors la chasse à l'homme commença...


Staelmans Jean, volontaire du commando d’Arthur – Mort dans les bagnes hitlériens.

       Mais Arthur n'est pas un adversaire comme un autre : il se paie des coups d'audace qui impressionnent l'ennemi autant que ses hommes eux-mêmes. On le vit bien dans l'affaire Fremder. Condamné à mort et activement recherché pour avoir tué des feldgendarmes à Aywaille, Paul Fremder, un jeune israélite de fière allure dont notre ami Ernest Daniel a raconté la conversion et le baptême en l'église St-Christophe à Liège, avait failli être repris rue St-Gilles. Reconnu par le gestapiste Putzeys qui lui demande sa carte d'identité, il n'hésite pas un instant et, en guise de carte d'identité, pousse son browning sous le nez du traître en pressant deux  fois la gâchette. Il échappe ainsi au misérable qui allait l'arrêter et, peu de temps après, traqué, il se présente à Arthur sur qui il fait dès l'abord une excellente impression.

       – C'était un garçon extrêmement sympathique, nous dit celui-ci, aussi je comptais lui confier d'importantes fonctions dans notre groupement... Malheureusement au cours d'une mission, Paul Fremder fut sérieusement blessé par une rafale de mitraillette tirée par les feldgendarmes et fut transporté à la clinique Joseph Wauters à Waremme.

       A peine eut-il appris la triste nouvelle qu'Arthur décida de délivrer le captif. Des renseignements sûrs émanant du médecin qui soignait le blessé signalaient que celui-ci se trouvait dans une chambrette du 4e étage gardée par trois soldats armés de mitraillettes. Le chef du groupe Zoro n'hésita pas : il fallait tout risquer pour arracher le malheureux prisonnier à ses bourreaux. Avec Aramis il combina prestement le plan de la difficile opération : trois hommes monteraient par l'escalier, tandis que lui-même gagnerait le quatrième étage par l'ascenseur.

Les deux groupes devaient arriver en même temps là-haut et engager l'action sans perdre une seconde. Arthur fit donc appel à des gars décidés et, à 8 heures du soir, une camionnette emmena, en plus des volontaires devant prendre part à l'opération proprement dite, une dizaine d'hommes armés de fusils de guerre, de pistolets, de deux fusils-mitrailleurs et chargés de garder les abords de la clinique, car celle-ci se trouvait à proximité de la feldgendarmerie. Pour la circonstance, certains avaient revêtu une tenue kaki et étaient en casque.


Paul Fremder de Liège, volontaire du commando d’Arthur – Abattu par les Allemands à la clinique Jos. Wauters à Waremme le 9-12-1943.

       Les trois hommes désignés pour gravir l'escalier avaient reçu l'ordre de se déchausser et de ne faire aucun bruit : pendant la journée, on y avait enlevé la sonnette de la porte d'entrée de la clinique mais stupeur ! lorsque, discrètement, le premier gars poussa l'huis, une sonnerie se déclencha... Il n'en fallait pas plus pour alerter les soldats qui gardaient le blessé... Néanmoins chacun se mit en devoir d'exécuter à la lettre le plan adopté... Trois hommes donc gravirent silencieusement l'escalier, tandis que les trois autres, dont Arthur et Aramis, attendirent qu'ils fussent presque arrivés au-dessus pour entrer dans l'ascenseur.

Lorsqu'ils jugèrent que le groupe avait atteint le troisième étage, ils prirent place dans la cage, poussèrent sur le bouton et lentement les trois nommes, mitraillette à la main, montèrent vers le palier où les Allemands montaient la garde. Tout paraissait calme dans le vaste établissement enveloppé d'un pesant silence nocturne. Brusquement, ce que chacun redoutait se produisit : des coups de feu éclatèrent et résonnèrent avec fracas dans le hall. Les Allemands avaient aperçu les trois hommes, chargés d'atteindre le 4e étage par l'escalier, au moment même où ils arrivaient au troisième. Ils avaient aussitôt braqué leurs mitraillettes dans leur direction. Pendant ce temps, l'ascenseur montait toujours : avant même qu'il ne s'arrêtât, Arthur, Aramis et Charles Delvigne firent crépiter à leur tour leurs armes et une fusillade endiablée s'ensuivit.

Pendant ce temps, Paul Fremder, qui avait été prévenu, sortit de son lit, ce que voyant, un Allemand l'étendit raide mort d'une rafale de mitraillette.

       – Dès lors, notre mission n'avait plus de raison d'être, dit Arthur, et nous n'avions plus qu'une chose à faire : battre en retraite, ce qui était d'autant moins facile que les boches nous mitraillaient sans arrêt. Heureusement ils étaient tellement affolés qu'ils visaient très mal. C'est ainsi que nous avons pu redescendre en ascenseur jusqu'au rez-de-chaussée, alors que c'eût été un jeu de nous abattre tous les trois en tirant d'en haut à travers le plafond de la cage. Mes trois hommes qui se trouvaient sur les escaliers purent également se dégager et sortir sains et saufs. L'affaire se soldait par un échec, mais elle fit cependant grosse impression sur les Allemands.

Arthur, l'homme aux nerfs d'acier.

       Il est vraisemblable que les trois soldats allemands qui accueillirent les six maquisards à coups de mitraillette, firent sur cette affaire un rapport qui donna des inquiétudes à leurs supérieurs, car les effectifs de la feldgendarmerie seront bientôt renforcés, une nouvelle brigade sera installée à Fexhe, tandis qu'une section de gestapistes s'établira à Waremme.

Patrouilles plus fréquentes, apparition d'autos suspectes dans le secteur sont des signes peu douteux de la nervosité de l'ennemi.

       Arthur de son côté style ses hommes et organise minutieusement la surveillance de son secteur. Par un système de liaisons et de communications très bien mis au point, il est régulièrement tenu au courant de tout ce qui se passe dans ses vingt et un villages. Si un étranger suspect s'y promène, il est aussitôt « cueilli » et interrogé. Est-il au service de la police ennemie, il n'en sortira pas vivant. Lorsque, la patrouille de feldgendarmes quitte Waremme dans la matinée, elle est suivie sur toute la longueur de sa ronde quotidienne par les hommes d'Arthur qui signalent son passage dans les différentes localités et font part au chef des incidents éventuels,

       Arthur a donné à ses gars les consignes suivantes : en cas d'arrestation en cours de mission, il faut se défendre par ruse en se servant des fausses pièces d'identité dont on est porteur.



Collette Camille dit « Luc » de Malmedy, volontaire du commando d’Arthur – Mort à Buchenwald.

Il en va tout autrement si l'on est armé. Dans ce cas c'est un devoir de se servir de ses armes et de ne pas se laisser prendre… Le délit de port d'armes entraîne toujours une condamnation à mort et, d'autre part, tout « terroriste » capturé peut s'attendre à subir des tortures dont personne ne peut prévoir les effets. Les renseignements que l'on possède en ce moment indiquent qu'il est très difficile de résister indéfiniment aux terribles pressions auxquelles les gestapistes soumettent leurs victimes. Mieux vaut donc périr en combattant que de subir ce sort affreux et de risquer de compromettre par des révélations la sécurité des camarades. Le chef du groupe Zoro veille ainsi à vaincre chez ses hommes le complexe d'infériorité et à créer parmi eux d'ardentes émulations de cran et d'audace. La fraternité d'armes aidant, le commando ne tarde d'acquérir l'allant d'une troupe homogène apte à affronter tous les coups durs. Ceux-ci, on le conçoit, ne manquèrent pas. Accrochages avec feldgendarmes et Gestapo, embuscades, surprises, incidents de tout genre mirent constamment en alerte le secteur d'Arthur. Dans les situations les plus dramatiques, jamais celui-ci ne perd le nord : toujours calme et souriant, il ne se laisse décontenancer par aucune mauvaise nouvelle, par aucun imprévu. Nulle perspective ne l'inquiète, pas même celle d'être pris par les feldgendarmes, car il sait qu'il ne tombera jamais vivant entre leurs mains. Il a toujours deux pistolets dans sa ceinture et, en plus, dans sa poche droite, une grenade dont il lâchera la goupille le jour où les boches lui crieront : « Haut les mains !» Il a au surplus recommandé à ses hommes de le tuer plutôt que de le laisser emmener vivant. Et c'est un curieux spectacle pour les paisibles habitants de la région de voir Arthur se promener en plein jour, armé jusqu'aux dents, et pousser l'audace, jusqu'à venir de temps en temps dîner chez lui.

A deux doigts d’une catastrophe...

       L'entretien d'un commando comportait des exigences auxquelles il fallait faire face à tout prix. C'est ainsi que le ravitaillement et le paiement de la solde ont parfois nécessité des expéditions qui fournirent un semblant de fondement à l'accusation de « terrorisme » et de « banditisme » lancée à la tête de nos maquisards. Le « coup» le plus malheureux tenté par le groupe Zoro fut certes celui de Phénix-Works.

       – Nous avions probablement été mouchardés, raconte Arthur, et lorsque nous arrivâmes sur les lieux, nous fûmes accueillis par les gardes de l'usine qui, armés de fusils de chasse, nous tiraient dessus de tous les côtés.

Quatre de mes hommes furent blessés. Moi-même, je reçus des plombs dans les jambes... Tenez, on les sent, ils y sont encore ... il nous fallut riposter pour protéger notre retraite… Celle-ci fut une opération plutôt compliquée.

Nous devions en effet emporter nos blessés sous le feu des gardes qui continuaient à nous mitrailler comme des forcenés. C'est ce jour-là que nous avons été le plus près de notre anéantissement total, car Phénix-Works avait bel et bien alerté les Allemands qui accoururent en force, mais se trompèrent heureusement d'usine et se rendirent d'abord aux Tubes de la Meuse. Lorsqu'ils arrivèrent sur les lieux nous avions disparu. Un de nos blessés avait perdu un œil dans la bagarre.

Une rafale de mitraillette mal ajustée.

       – Ce fut sans doute la plus chaude affaire à laquelle vous ayez pris part ? demandons-nous à Arthur.

       – Les empoignades avec les boches étaient monnaie courante chez nous, répond-il. Il en est une cependant qui m'a laissé un souvenir tout particulier... C'était à Velroux. J'avais établi un baraquement dans une vaste prairie et j'y avais casé une quinzaine d'hommes : des « durs» s'entend. Ceci afin de les avoir à ma disposition à tout moment pour « rayonner » dans toute la région. Il faisait chaud et nous étions en train de bavarder, lorsque tout à coup une sentinelle vint nous prévenir qu'un civil d'allure suspecte s'était approché d'elle et lui avait demandé où il y avait une baraque derrière l'église. Aussitôt avec Alfred, Henri II et Alexandre « le Russe », je voulus aller me rendre compte moi-même de ce qui se passait. Mais à peine débouchai-je d'une ruelle que le civil en question lâcha une rafale de mitraillette dans notre direction. Il avait heureusement mal visé et sa rafale ne fit qu'emporter mon chapeau, mais moi je ne le ratai pas et après l'avoir abattu d'une première balle je l'achevai au moment où il essayait de se servir encore de sa mitraillette. C'est alors que l'aventure tourna mal : de tous côtés des coups de feu partirent et je me rendis rapidement compte que nous étions bel et bien encerclés par un fort contingent de « gris ». Nous tentâmes de battre en retraite par la seule issue qui nous restait, mais les Allemands avaient mis un fusil-mitrailleur en batterie et balayaient la prairie sans répit. Un, deux, trois de mes hommes s'affalèrent blessés, je retournai en arrière pour les encourager à faire un effort et essayer de les transporter. Comment je n'ai pas été touché ce jour-là c'est ce que je ne comprends pas encore aujourd'hui, car toute la prairie était battue par un feu rasant.



Appeltans Louis de Geet-Bets, volontaire du commando d’Arthur – Tombé à Bergilers le 20-7-1944.

Je reçus trois balles dans ma culotte, mais aucune ne m'atteignit. A un moment donné cependant, je m'affalai à bout de souille et je crus que je ne pourrais plus me relever. « Tue-moi, criai-je à un de mes hommes, je ne saurais plus me relever.» – « Fais encore un effort », me dit-il. Et alors que les Allemands étaient partout sillonnant routes et sentiers, nous avons réussi en rampant à atteindre une ferme à Streel, Chance inouïe, cette ferme était munie d'une cachette où nous pûmes soigner nos blessés. Nous étions tous loqueteux comme des saltimbanques.

Le combat de lamine.

       Ce serait une erreur de croire que les rencontres du groupe Zoro avec la Gestapo se sont toujours terminées par des retraites forcées, dues à l'écrasante supériorité de l'adversaire. Arthur ayant adopté comme, principe de toujours tenter l'impossible pour délivrer de vive force ceux de ses hommes tombés entre les mains de l'ennemi, il y eut à plusieurs reprises des accrochages et des poursuites. Et les poursuivis ne furent pas toujours les maquisards...

C'est ainsi que le 16 juin 1944, alors qu'il se trouvait à Thys, Arthur apprend que deux de ses maquisards du groupe de Jeneffe viennent d'être arrêtés en cours de mission entre Fize et Hodeige. Aussitôt il décide de se porter à leur secours et de les délivrer coûte que coûte.



Beaupain Albert de Stavelot, volontaire du commando d’Arthur – Tombé à Lamine le 16-6-1944.

Il prend avec lui quelques-uns de ses plus rudes gars, chacun se munit des meilleures armes, on se bourre les poches de munitions et hop ! en selle ! A vélo, tout le groupe part à vive allure à la recherche des feldgendarmes et de leurs prisonniers. Après avoir d'abord fait fausse route, ils les retrouvent à Lamine. Quand ils arrivent aux abords de cette localité, la bagarre est engagée et les gendarmes allemands ont déjà fait appel à des renforts. Tout autour de l'église de Lamine où Albert Beaupain de Stavelot, Jules Dehasque, Jules Belleville et leurs compagnons se défendent avec acharnement, la bataille fait rage. C'est Sébastien Doseray qui a été blessé le premier et Jules Dehasque, un distributeur assidu de « Cœurs Belges », est allé le relever et a essayé de le transporter. Malheureusement au moment où l'affaire semblait .prendre bonne tournure, plusieurs camions remplis de soldats allemands arrivèrent sur les lieux ; les « gris » se déployèrent et firent pleuvoir une grêle de balles sur Beaupain, Belleville et Dehasque qui postés dans le cimetière furent surpris par cette averse meurtrière et s'écroulèrent frappés à mort.

       Arthur qui se trouve à l'autre aile a perçu le mouvement de cette importante troupe de quelque deux cents soldats qui contourne l'église et le cimetière pour se rabattre sur lui et ses hommes. Il a eu la bonne inspiration d'appeler des renforts, lui aussi, et de faire amener sur place son précieux fusil-mitrailleur, la plus belle arme de son petit arsenal.

Au moment où les Allemands débouchent de derrière l'église avec l'intention manifeste de contourner le deuxième groupe de maquisards que commande le chef des « terroristes » en personne, celui-ci les prend sous le feu cinglant de son F.M. et en culbute plusieurs. La bataille continue cependant avec acharnement de part et d'autre. Les « gris » lancent maintenant des grenades qui font un vacarme impressionnant.

       Arthur a déployé ses quelque vingt gars et les a échelonnés derrière les haies épaisses des prairies qui recouvrent toute cette partie de la localité. Voici que les Allemands s'avancent vers cette ligne de feu d'apparence plutôt ténue, mais posté au bon endroit, le fusil-mitrailleur les prend de flanc et leur inflige des pertes qui alarment les officiers. L'attaque perd en effet de son mordant. Soudain un puissant vrombissement dans le ciel et voici qu'apparaît un avion de chasse qui plonge vers le champ de bataille et mitraille les maquisards. Ceux-ci cependant ne lâchent pas pied et ripostent avec vigueur aux tirs ennemis.


Dehasque Jules de St-Nicolas, volontaire du commando d’Arthur – Distributeur de « Cœurs Belges » – Tombé à Lamine le 16-6-1944.

       – Et comment avez-vous pu vous dégager ?

       – C'est grâce aux blés qui, à, ce moment de l'année, sont très hauts et nous dissimulaient parfaitement. C'est ce qui a facilité notre retraite. Les Boches n'ont d'ailleurs pas beaucoup insisté. C'est qu'ils avaient subi de lourdes pertes : 17 tués et une vingtaine de blessés. Lorsque nous nous retrouvâmes le soir au refuge, notre joie d'avoir bien tenu tête à l'ennemi fut gâtée par les vides qu'avec un serrement de cœur nous constatâmes dans nos rangs : sept de nos plus chers camarades manquaient à l'appel !

Il nous faut Arthur mort ou vif...

       Après cette chaude affaire, les Allemands réussirent à s'emparer d'un dépôt d'armes du groupe. C'est le traitre Longrée qui, passé au service de la Gestapo, l'avait signalé à l'ennemi. Ce Longrée, Arthur l'avait condamné à mort pour indiscipline. Comme il s'était jeté aux genoux du chef, celui-ci s'était laissé attendrir (c'était la première fois que cela m'arrivait, nous confie-t-il). Le misérable, s'était ensuite empressé de renouveler le geste de Judas. A partir de ce jour, les Allemands emploient tous les moyens pour capturer Arthur mort ou vif. Ils multiplient les embuscades, les coups de surprise, mais le chef du groupe Zoro est sur ses gardes et son service de renseignements fonctionne à merveille, Dès qu'une voiture de la Gestapo entre dans son secteur, elle ne tarde pas de lui être signalée et il arrive que ses  occupants y terminent brusquement leur voyage d'une manière tout à fait imprévue. Aussi les Gestapistes se montrent de plus en plus prudents et, lorsqu'ils s'aventurent dans le domaine d'Arthur, c'est toujours en force et en imposante caravane.


Doseray Sébastien de Beyne-Heusay, volontaire du commando d’Arthur – Tombé à Lamine le 16-6-1944.

       – Un jour cependant, nous dit ce dernier, ils ont été bien près de me pincer. J'étais dans un café à Crisnée et, debout devant le comptoir, j'étais en train de payer le « citronné » que je venais de boire. J'avais tiré un billet de cent francs de ma poche et au moment où la patronne me disait : « Je n'ai pas pour vous rendre, vous paierez bien une autre fois... » j'entends grincer les freins d'une automobile et presque aussitôt après une rafale de mitraillette faisait voler les vitres en éclats. Ils étaient là ! Toute une caravane de voitures transportant une quarantaine d'hommes. Comment avaient-ils su que j'étais dans ce café ?

La veille, ils avaient arrêté un nommé C... de Rocourt qui était venu à Crisnée et m'avait rencontré… Sous la pression des traitements les plus affreux, il avait vaillamment refusé de leur fournir la moindre indication, mais sa fiancée ayant avoué qu'il était allé à Crisnée, ils l'ont amené avec eux et sous les yeux des civils ils l'ont piétiné pour le forcer à dire où je me trouvais. Le brave type s'est laissé tuer à coups de pied, mais a eu le courage de se taire. Ce sont des habitants de l'endroit qui leur ont indiqué le café, sans d'ailleurs savoir que j'y étais. Je me suis précipité derrière le bâtiment, j'ai escaladé un mur et j'ai pu disparaître sans que ces messieurs aient eu le temps de me prendre comme cible de leurs mitraillettes.

       – Je suppose qu'ils ont essayé de vous retrouver dans le village ?

       – Evidemment. Une fois de plus, ils ont perdu leur temps. Je connaissais le pays beaucoup mieux qu'eux et je n'ai eu aucune peine à me mettre hors de leurs atteintes. Malheureusement ils ont arrêté ce jour-là un de mes hommes, le jeune Camille Colette de Malmédy. Il était en train de bêcher dans un jardin lorsqu'ils sont venus le surprendre. Ce brave garçon est mort à Buchenwald. Vers la, fin de l'après-midi de cette journée mouvementée, on m'annonça que les Gestapistes avaient déclaré qu'il leur fallait Arthur mort ou vif. A la suite de quoi je réunis un fort contingent de mes hommes à Fize où je fis amener également mes meilleures armes. J'attendis l'arrivée de la caravane boche, mais en vain... Nous lui aurions réservé, une, réception qui lui aurait, enlevé l'envie de revenir dans le secteur.

Mon plus mauvais quart d'heure...

       Nous posons alors à Arthur la question que nous avons déjà si souvent posée à d'autres résistants :

       – Quel a été votre plus mauvais quart d'heure ?

       L'homme qui a vécu dans une atmosphère d'alertes continuelles et qui a tant de fois risqué sa vie pour donner l'exemple à ses maquisards, n'hésite pas longtemps avant de nous répondre :

       – Mon plus mauvais quart d'heure, c'est à Liège que je l'ai passé : nous répond-il. Je m'étais rendu dans un petit café de la rue Ste-Gangulphe : j'étais seul et je n'étais pas armé. A peine m'étais-je installé que trois gaillards entrèrent, s'attablèrent et se mirent à parler à mi-voix. Je ne fus pas long à me rendre compte que c'étaient des Gestapistes. Ils me regardaient à la dérobée et je crus qu'ils m'avaient reconnu. Moment pénible. Je ne pouvais me faire à l'idée de me laisser prendre sans me défendre, or je n'avais pas d'arme et ils étaient trois... J'étais évidemment prêt à jouer des pieds et des poings, mais je risquais de tomber vivant entre leurs mains et cette perspective n'avait pour moi rien de bien réjouissant, car je savais ce qui m'attendait.

Et voilà pourquoi je n'étals pas à l'aise et pourquoi cette attente est certainement le plus mauvais souvenir de ma vie de maquisard. Combien de temps dura-t-elle ? Il me serait difficile de le dire. Tandis que ces individus me regardaient du coin de l'œil, je me mis à bavarder tranquillement avec la patronne et je restai là bien sage et bien calme jusqu'au moment où ils se décidèrent à vider les lieux.

Mon air placide les avait sans doute rassurés.

A partir de ce jour, je ne sortis jamais plus sans une arme en poche.


Belleville Jules d’Anthisnes, volontaire du commando d’Arthur – Tombé à Lamine le 16-6-1944.

       De mauvais quarts d'heure et des aventures ? Mais notre vie de maquisards n'a été que cela : une suite ininterrompue d'alertes, d'accrochages, de coups durs. Il me suffit de regarder mes hommes pour qu'aussitôt les souvenirs affluent. La vue de chacun de ces quarante cinq braves, dit-il en montrant le pêle-mêle placé au-dessus de son bureau, me reporte à l'une ou l'autre aventure dont ils ont été les héros.

Le plus vaillant : Henri Linchet dit « Alexandre »

       Nous avons demandé à Arthur :

       – Quel est celui de vos braves gars qui a fait sur vous la plus forte impression ?

       – Alexandre, a-t-il aussitôt répondu. Alexandre, de son vrai nom Henri Linchet, était un beau grand gars d'une audace et d'un cran extraordinaires. Un jour, près de Lamine, circulant à bicyclette et en tenue de maquisard, avec un pistolet dans une de ses bottes, il tombe nez à nez avec quatre feldgendarmes... Tirant prestement son pistolet, il les met en joue et leur crie en allemand : « Que pas un de vous ne bouge » sinon je fais feu... » Les quatre hommes baissent le nez et continuent leur chemin sans dire un mot... Alexandre c'était le « dur » par excellence friand de coups durs et de bagarres avec les boches. Tenez voici la dernière lettre qu'il a écrite à sa famille...

       Nous lisons ca document où l'auteur relate les principales expéditions auxquelles il a pris part. Document émouvant, car celui qui l'a signé y a en quelque sorte mis un paraphe de sang : il est en effet tombé face à l'ennemi peu de temps après.


Linchet Henri dit « Alexandre » de Flawine, volontaire du commando d’Arthur – Tombé à Streel le 5-9-1944.

« Bien chers tous, voici quatre mois que je suis parti de chez moi et je crois que, d'ici quelque temps, je vais devoir de nouveau changer de domicile, écrit-il. On nous promet le débarquement pour dans une quinzaine de jours. Que sera ce débarquement ? Dieu seul le sait. Ce que nous savons c'est que beaucoup d'entre nous mourront pour délivrer notre sol de cette vermine. J'ai hésité longtemps avant de vous adresser cette lettre, mais les événements me  forcent à agir... » Après avoir, en style très simple, fait le récit de son activité de maquisard, il finit sa lettre en ces termes :

« Je vais terminer en vous souhaitant beaucoup de chance pour les événements qui vont suivre. J'espère quand même vous revoir après la guerre, mais si par malheur je devais mourir, ne vous en faites pas trop pour moi, j'ai choisi moi-même cette vie, elle ne fut pas toujours belle, mais supportable. Je termine en vous embrassant tous. »

Léon Charlier dit «  Bob »

       Une figure bien sympathique aussi celle de Léon Charlier dit « Bob ». Le 22 avril 1944, il faisait partie d'un groupe qui, chargé d'une mission à Looz, s'était rendu en voiture dans cette localité. Au retour, les six maquisards furent pris en chasse par un camion chargé d'une vingtaine d'Allemands armés de mitraillettes. Ce fut une course fantastique à travers champs et ponctuée par le grincement d'une mitraillade continuelle. De part et d'autre, les balles sifflaient, mais les hommes d'Arthur finirent par semer leurs poursuivants. Malheureusement un mouchard V.N.V. remit ceux-ci sur la bonne voie et, à peine les hommes eurent-ils regagné leur dépôt à Thys, qu'ils y furent encerclés et une nouvelle bagarre s'engagea au cours de laquelle « Bob » fut tué. Le lendemain Arthur faisait enlever le traître V.N.V. et, après l'avoir déféré au conseil de guerre du groupe, donnait l'ordre de le fusiller.


Charlier Léon dit « Bob » de Jauge, volontaire du commando d’Arthur – Tombé à Thys le 22-4-1944.

Une guerre sans merci.

       Entre Arthur et les Allemands, la lutte va se poursuivre jusqu'à la fin avec un âpre acharnement. Les rapports des Feldgendarmes et des Gestapistes à leurs supérieurs signalent le danger que représente pour la sécurité des troupes, la présence en pleine Hesbaye de ce groupement de « terroristes » dont les « attentats » et les actes de sabotage se multiplient de jour en jour et de façon inquiétante. C'est à la suite de ces rapports que les hommes de l'Oberfeldkommandantur de Liège décidèrent d'anéantir le commando d'Arthur. L'opération paraissait pouvoir être menée rapidement à condition d'en confier l'exécution à des effectifs très importants, permettant d'effectuer de vastes encerclements. Le pays semblait se prêter à souhait à la réussite de ce genre d'expédition.


Massart Albert de Namur, volontaire du commando d’Arthur – Blessé à Streel le 5-9-1944 et achevé à Otrange le même jour.

       Un matin donc, des dizaines de camions amenèrent quelque trois cents soldats armés jusqu'aux dents dans un village du secteur d'Arthur et la manœuvre commença... Toutes les issues de la localité furent gardées par des sentinelles échelonnées à courte distance et alors ce fut le grand remue-ménage. Tous les hommes furent parqués à la Maison communale où l'on procéda à un examen minutieux de leurs pièces d'identité. Puis les habitations, les granges, les étables furent fouillées de fond en comble. Cela dura presque toute la journée.

Résultat : pas un seul homme du groupe Zoro ne fut pris. Le lendemain, la même opération fut recommencée dans un autre village, mais Arthur avait donné l'ordre à tous ses hommes de venir s'installer pendant la nuit dans la localité qui avait été fouillée la veille. Et ce petit jeu continua quelque temps sans donner d'autre résultat que la capture de l'un ou l'autre réfractaire dont les papiers n'étaient pas en règle. Le chef de la S.P.B. se transforme ainsi en joueur d'échecs qui déplace ses pions au bon moment.


Cransquin Robert de Gilly, volontaire du commando d’Arthur – Tombé à Otrange le 4-8-1944.

       – Je savais, nous dit-il, qu'il n'avait pas assez d'effectifs pour entreprendre l'encerclement de tout mon secteur, alors, comme j'avais mes hommes bien en mains, je les déplaçais très rapidement pendant la nuit de façon à toujours éviter de se laisser surprendre. Grâce à l'admirable esprit des habitants de ces villages hesbignons, j’ai toujours pu échapper à l'étau qui menaçait de nous écraser. Les boches, malgré leur impressionnant déploiement de forces, s'en retournèrent ainsi chaque fois bredouilles ! Ne me demandez pas s'ils étaient, de bonne humeur !

Parachutages, sabotages ...

       Le commando d'Arthur étant officiellement rattaché à l'A.S., et d'autre part la valeur de son organisation et la qualité de la discipline de ses hommes ayant été reconnue, il eut l'honneur d'être choisi pour d'importants parachutages d'armes dont certains étaient destinés à d'autres sections. C'est que chez Arthur on trouvait des hommes pour toutes les tâches difficiles et périlleuses telles que par exemple le transport en plein jour de quinze containers remplis d'armes et d'explosifs. Malheur aux Allemands qui se seraient avisés de se frotter aux maquisards chargés de la protection du précieux chargement ! Il fallait aussi créer des dépôts, les faire garder, veiller à ce que les armes soient, judicieusement réparties. Depuis mai 1944, les hommes sont dans l'attente du débarquement : ils en parlent comme d'une fête. Après de longs mois de lutte obscure, on va pouvoir enfin affronter l'ennemi à armes égales ! Et voici que de jour en jour les espoirs se précisent. La radio émet des messages qui font battre les cœurs de tous ces vaillants gars qui ont mené jusqu'à présent la dure vie de proscrit. Des ordres arrivent qui stimulent, les ardeurs combatives : ordre de faire sauter les voies ferrées, ordre de couper les câbles téléphoniques, ordre de commencer à harceler l'ennemi. Et les hommes d'Arthur jubilent. Jean-Louis, le grand chef qui transmet les instructions de l'A.S. au groupement de Hesbaye, n'a que des félicitations à adresser à ces hardis volontaires qui accomplissent de façon impeccable les missions de sabotage qui leur sont confiées. Parfois cependant celles-ci donnent lieu à de sanglantes bagarres. C'est ainsi que dans la nuit du 9 et 10 mai 1944, une équipe de sabotage opérant sur la  ligne Liège-Bruxelles entre Pousset et Bléret, fut accueillie à coups de feu. L'avant-garde des maquisards était dirigée par « Alexandre » qui, avec trois de ses compagnons, riposta aussitôt avec vigueur à la fusillade ennemie, ce qui eut pour conséquence la mise hors combat de quatre Allemands (deux tués et deux blessés). Un des quatre gaillards, Pierrot, qui avait reçu l'ordre de sectionner les fils téléphoniques, n'hésita pas à grimper sur le poteau sous le feu de l'ennemi et réussit à exécuter à la lettre l'ordre qu'il avait reçu.


Delhale Jean-Louis dit « Parfait » de Liège, volontaire du commando d’Arthur – Tombé à Momalle le 7-9-1944.

       Jusqu'à la libération, les sabotages ne cesseront de se multiplier et les gars du groupe Zoro iront parfois bien loin de leur secteur accomplir des missions périlleuses. Il en résulta des rencontres avec les feldgendarmes et des hommes continuèrent à tomber de part et d'autre.

Les dernières empoignades.

       On devine ce que furent pour les hommes d'Arthur les journées décisives où, munis de bonnes armes, ils purent « entrer dans la danse » et contribuer à bouter hors du pays les indésirables qui, depuis quatre ans, le souillaient de leur présence. Leur activité de harcèlement au cours des années 1943-44 avait fait de leur secteur une zone dangereuse pour la Wehrmacht aussi, lors de la retraite, les passages de troupes ennemies ne rappelèrent en rien ceux de 1918. Par un document secret, nous avons d'ailleurs appris que le Haut Commandement allemand avait prescrit d'éviter la région liégeoise, signalée comme infestée de « terroristes ». Bien que la crainte d'exposer la population civile à des représailles freinât quelque peu l'ardeur combative des chefs et des hommes, il y eut des empoignades féroces au cours desquelles, grâce à sa supériorité numérique, l'ennemi tenta d'exterminer les maquisards de Hesbaye. Les combats de Momalle et de Streel furent d'une extrême violence et Arthur perdit là quelques-uns de ses meilleurs soldats, entre autres l'intrépide « Alexandre» (Henri Linchet) qui se battit avec un farouche acharnement jusqu'à la mort.


Knaepen Alphonse de Geet-Bets, volontaire du commando d’Arthur – Tombé à Momalle le 7-9-1944.

       Puis ce fut la libération et, en masse, les survivants de la grande aventure de la clandestinité, s'enrôlèrent dans nos premières unités rapidement constituées pour aller forcer l'ennemi dans ses derniers retranchements d'outre-Rhin. C'est là que les hommes d'Arthur donnèrent toute leur mesure en récoltant un nombre impressionnant de citations.

Les Hesbignons à l'honneur.

       Un vieil adage liégeois dit :

« QUI ENTRE PAR LE HESBAIN

EST COMBATTU L'ENDEMAIN. »


Rorive Jean de Namur, volontaire du commando d’Arthur – Tombé à Fologne le 6-9-1944.

       Grâce à Arthur et à son redoutable commando, les Hesbignons peuvent revendiquer l'honneur d'avoir suivi l'exemple de leurs ancêtres et de s'être dressés farouchement contre l'ennemi qu'une agression odieuse avait momentanément rendu maître de leurs riches plaines. « J'ai eu sous mes ordres, nous dit Arthur, des volontaires russes, français, polonais, flamands, ardennais, liégeois, mais  je puis affirmer que le Hesbignon ne le cède à personne pour l'audace et l'ardeur au combat. » La glorieuse garnison de Loncin n'a-t-elle pas été autrefois recrutée dans ces opulents villages de Hesbaye où l'on a vu tant de fois, au cours de cette guerre, Arthur et ses hommes se promener en plein jour, la mitraillette à l'épaule défiant les feldgendarmes avec une intrépidité qui étonnait et inquiétait l'ennemi.


Francou Clément de Lamine, volontaire du commando d’Arthur – Tombé à Lowaige le 27-7-1944.

       Des esprits chagrins diront que cela n'a rien changé à la tournure des événements et que l'initiative d'Arthur et de ses premiers collaborateurs, les maréchaux des logis Charles Bastin et Jean Dominicy de la brigade d'Oreye, a coûté beaucoup de vies humaines et a attiré des ennuis aux habitants de la région. Un tel raisonnement est la négation même du principe de la Résistance. C'est par la Résistance et par elle seule, ne l'oublions jamais, que la Belgique a sauvegardé son honneur et tous ses droits à son indépendance. C'est parce qu'il y a eu des hommes comme ces valeureux maquisards de Hesbaye, prêts à sacrifier leur jeunesse et leur vie, qu'aujourd'hui nous pouvons marcher la tête haute. Ce sont ces gars à l'âme ardente et généreuse qui, par leur sacrifice, ont payé notre tribut à la victoire commune et ont acquitté de leur sang notre dette envers les Alliés.

       Comme nous le faisait remarquer très justement Mr l’Abbé Leyssens, aumônier du maquis d'Arthur, la présence des maquisards dans ces riches villages de Hesbaye où l'aide continuelle des habitants s'avérait nécessaire a créé parmi ceux-ci une émulation de générosité et d'audace. « Que de braves gens ont tout risqué pour nous aider, nous dit Arthur. Je ne peux les citer de crainte d'en oublier, mais qu'ils le sachent, leur dévouement à notre cause m'a rempli d'admiration et c'est de tout cœur que je les remercie de l'aide qu'ils m'ont donnée. »


Dethier Edmond d’Oreye, volontaire du commando d’Arthur – Tombé à Streel le 6-9-1944.

       Pour toutes les tâches périlleuses : transport des containers, recel d'armes ou d'explosifs, hébergement d'hommes traqués, etc., des concours s'offraient. Comment en eût-il été autrement ? L'exemple d'Arthur qui avait abandonné ses affaires personnelles pour mener la lutte contre l'occupant et dont un frère, pris en cours de mission, est mort dans un camp de concentration, était bien fait pour donner du cœur à tous.

       La morale de cette histoire c'est que dans cette terrible guerre, il y a eu deux catégories de citoyens ceux qui ne pensaient qu'à eux-mêmes et ceux qui ont pensé au pays et n'ont pas hésité à sacrifier leurs intérêts, leur sécurité, leur vie pour le salut de la communauté belge. Il y a eu les égoïstes et les magnanimes. Car, ce fut cela la Résistance : une école de grandeur d'âme. Qu'on ne l'oublie jamais !


Dessart Maurice de St-Nicolas, volontaire du commando d’Arthur – Tombé à Momalle le 7-9-1944.

Arthur, le plus dur...

       Pour terminer cet hommage de « Cœurs Belges » à tous les, vaillants maquisards de Hesbaye, morts et vivants, nous aurions voulu reproduire ici, les multiples témoignages que nous avons recueillis sur leur belle tenue dans la clandestinité, leur vaillance, au feu, leur endurance dans les épreuves de la captivité. La place nous faisant défaut, nous nous proposons de, relater un jour sous forme plus détaillée et plus complète, dans notre collection « Cœurs Belges », leur dramatique et glorieuse histoire.

Nous tenons cependant, dès aujourd'hui, à publier le témoignage que JEAN-LOUIS, chef hiérarchique d'Arthur, a porté sur celui-ci :

       « CHEF DE LA BRIGADE PUNITIVE, ARTHUR FUT LE PLUS PUR, MAIS AUSSI LE PLUS DUR OUBLIEUX DE SES INTERETS, SOUCIEUX DE CEUX DE SES HOMMES, IL S'EST TOUJOURS CONDUIT EN VRAI CHEF. JE SUIS FIER D'ETRE CONSIDERE PAR LUI COMME UN AMI.»

       Une telle citation classe un homme : elle se passe de tout commentaire.

 

      



[1] Cœurs Belges du 1 juillet 1946, organe de la Résistance fondé sous l’occupation allemande. Directeur-fondateur, Laurent Lombard.



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