Maison du Souvenir

Alphonse Mackels, gendarme et résistant.

point  Accueil   -   point  Comment nous rendre visite   -   point  Intro   -   point  Le comité   -   point  Nos objectifs   -   point  Articles

point  Notre bibliothèque   -   point  M'écrire   -   point  Liens   -   point  Photos   -   point  Signer le Livre d'Or   -   point  Livre d'Or   -   point  Mises à jour   -   point  Statistiques


 ALPHONSE MACKELS



 Gendarme et résistant

Par Joël Fery

 Cet ouvrage est dédié à ses enfants Renée et Roger

LES ANNEES AVANT LA RESISTANCE

Alphonse MACKELS est né à Wirtzfeld, sa naissance est déclarée à Bullange (Liège) le 5 mars 1909. Il est le fils de Nicolas MACKELS et de Gertrude MACKELS.

Il entre au service de la Gendarmerie d’abord à la Calamine à Liège, puis à Bruxelles. Là, il rencontre Hélène CHAVET, née à Wirtzfeld, déclarée à Bullange (Liège), le 17 mai 1916, fille de Joseph CHAVET et de Rosa SCHULZEN. C’est donc une ancienne connaissance issue de son village natal, elle travaille comme gouvernante chez un médecin, et s’occupe des enfants.

Sur la photo ci-dessous, on retrouve Alphonse au mariage d’Agnès MACKELS, sa sœur et de Louis CHAVET, frère d’Hélène CHAVET.









Depuis le 31/13/1936, Alphonse a le grade de maréchal des logis 2e classe à cheval. Le 15/12/1941, suite à la réorganisation de la Gendarmerie, il passe à la Compagnie d’Ixelles.

Après leur mariage, le couple MACKELS-CHAVET installe leur résidence à Nivelles le 15 avril 1941, il habite à la rue Général LEMAN au numéro 13.

Le 1/07/1943, Alphonse passe d’office à la Compagnie de Nivelles.

Le 31 mars 1944, Auguste obtient le grade de Maréchal des logis 1ère classe à cheval, cependant cette nomination sera considérée nulle car intervenue sous l’occupation ennemie postérieurement au 30/06/1941.

LA RESISTANCE – UNITE REFUGE PANTHERE ZONE IV 3ÈME CIE

Depuis le 20 novembre 1940, Alphonse fait partie de la Résistance et appartient d’abord à la Légion Belge[1], puis à l’unité refuge Panthère zone IV 3e Compagnie de l’Armée Secrète (A.S.). Il est adjoint au commandant de Compagnie.



« A peine arrivé à Nivelles dans la Résistance qui crée ses trames souterraines, MACKELS est au premier rang. On cache des armes, on constitue des dépôts d’essence, on recrute des hommes, on crée des lignes d’évasion, des réseaux d’espionnage. MACKELS est dans toute la cheville ouvrière. Il est l’homme de confiance de tous ceux qui ont pris des responsabilités dans les œuvres de la Résistance.

Pour rendre plus de services, il capta la confiance des Allemands de la Kommandantur de Nivelles. Que de renseignements parviennent par son truchement ! Que de documents - dénonciations anonymes, ou autres - détournées par lui au péril de sa vie. Y a-t-il un chef, à un quelque échelon que ce soit, qui n’ait eu recours à MACKELS en des circonstances difficiles !

Et puis viendront les parachutages, les sabotages, les missions armées – MACKELS participera à leur préparation et le plus souvent à leur exécution avec celui qui est devenu son grand ami René BURION[2]. »

En 1941, plusieurs groupes de résistants se mettent en place : le groupe CAROL, le groupe G., le service MILL, le MNB (Mouvement National belge), la Légion Belge et le Front de l’Indépendance.

A la même époque, un groupe indépendant voit le jour, il est composé de Burion, Pardonche, Mackels, Pierard, Blaes et Voituron H. Ils feront partie de l’A.S. en 1943.

En 1941, la résistance Nivelloise compte ses premières victimes. Jean DUBOIS, Léon MAQUE et Robert MICHEL sont arrêtés et fusillés au tir national.

Les actions des résistants sont variées : aides aux réfractaires et aux juifs, fabrication de faux papiers, récupération d’armements et d’explosifs,… lors de parachutages, vol des Registres de la Population et de l’Etat-Civil, récupération d’aviateurs, diffusion de tracts, sabotage des installations ferroviaires, attaque de bureaux de poste (700.000 francs le 7 avril 1944), vol de sceaux communaux, de timbres de rationnement, vol de tissus et de draps lors de l’attaque du château Hennin, ayant permis la confection des salopettes et des brassards, arrestation de collaborateurs, attaque du Q.G. général de la Gestapo à Nivelles le 1er septembre1944 avec l’arrestation du gestapiste Dero, etc. Durant la nuit du 10 au 11 novembre 1943, les résistants étaient parvenus à placer un drapeau au bout d’un tuyau à gaz dans la main de Jean de Nivelles.[3]






LE MARIAGE

Le 15 mars 1941, Alphonse et Hélène s’unissent pour la vie à Ixelles.



HEUREUX PARENTS

Le 24 janvier 1942, Alphonse et Hélène ont un premier enfant, Renée.



Le 28 juin 1943, suivra un second enfant, Roger.



L’ARMEE SECRETE


L’Armée Secrète compte 54.000 membres dont 4.000 sont morts lors d’une action (1.068), exécutés (657), dans un camp de concentration (2.195) ou accidentés en service commandé (12).[4]

Elle est la seule formation purement militaire encadrée par des officiers de carrière. Ce caractère militaire est nécessaire pour que ses membres ne soient pas considérés comme des francs-tireurs, ils bénéficient ainsi protégé par la Convention de Genève au titre de combattant, d’où le port de l’uniforme qui est la salopette.

« Fin 1942, Londres reconnaît officiellement les Troupes secrètes et leurs chefs. L’A.B. (Armée de Belgique) avec son commandant Bastin est considérée comme armée régulière sans couleur politique […] C’est dans les directives de base « Le cheval de Troie » (août 43) qu’on parle pour la première fois de l’Armée secrète (A.S.) pour désigner l’A.B. Ce ne fut cependant que le 1er juin 1944 que l’A.B. reçut son appellation définitive d’A.S. »[5]

En octobre 1943, de nombreux membres de l’A.S ont pris le maquis. Dix-sept A.S. ont été arrêtés suite au parachutage de Baudémont.


Le 20 octobre 1943, vers 4 heures du matin, un Lancaster largue une douzaine de containers au-dessus du lieu-dit « le Bon Dieu qui croque », à Haut Ittre. Le terrain a été choisi par André DELESTIENNE. La récupération des containers est une réussite, ceux-ci contiennent deux colis de pigeons voyageurs et trois tonnes d’armes et d’explosifs. Joseph TAMIGNEAU, chargé de cacher les armes est étonné du poids et du volume des containers, il est bien obligé d’improviser et fait déposer les containers à l’entrée du château de Baudémont où ils furent recouverts de fagots.

Le lendemain, dix containers sont descendus dans un caveau situé au milieu du potager en entente avec la Comtesse, le Comte et leurs deux fils. Deux containers seront emmenés par le camion de Coco PARDONCHE qui les stockera dans une cabine à gaz au boulevard des Arbalétriers à Nivelles.

En novembre, suite à des indiscrétions, les Allemands découvrent un dépôt d’armes à Waterloo. Un combat s’est engagé entre les Allemands et les résistants qui gardaient le dépôt. Parmi ceux-ci, deux sont tués et quatre sont capturés.

Plusieurs transferts d’armes et d’explosifs vont se faire de novembre à décembre du château de Baudémont.

Suite à l’infiltration du traître Prosper DE ZITTER, le réseau est brûlé et la plupart des résistants choisissent la clandestinité. Jules GIGOT est pris à Haversin ; sous la torture, il parlera du stock d’armes caché au château.

Le 5 décembre, le château est encerclé et perquisitionné par les Allemands. Ceux-ci trouvent un container vide, la famille de Lichtervelde est arrêtée, sauf le cadet qui a pu être averti de ne pas rentrer.

La Comtesse est relâchée, mais d’autres arrestations vont suivre le 10 décembre : Joseph TAMIGNEAUX, José BONNENGE et Camille DEJASSE. Deux jours plus tard, ce sera le tour de Jonhy VAN PELT. Ils seront condamnés à mort en mai 44, et envoyés en Allemagne. Seuls VAN PELT et TAMIGNEAUX en reviendront.[6]

« Le 4 juin 1944, l’état-major du secteur Sud [de l’A.S.] s’était constitué à Sart-Dames-Avelines et installé, après un premier déménagement, à Marbais à la ferme de la Jouerie appartenant aux Dumont de Chassart.

Le secteur Sud comprenait cinq refuges :

- Le refuge Goujon (Ours) avec 3 compagnies – Waterloo, Braine l’Alleud ;

- Le refuge Hareng (Panthère) avec 4 compagnies – Nivelles, Genappe – qui a pour commandant le lieutenant Descampe à Villers-la-Ville, Alphonse MACKELS faisait partie de la 3e Cie ;

- Le refuge Ichtus (Lynx) avec 4 compagnies – Wavre ;

- Le refuge Jarvan (Jaguar) avec 2 ( ?) compagnies – Gembloux ;

- Le refuge Requin (Puma) avec 1 compagnie – Marchovelette. »[7]



Le 8 juin 1944, l’ordre de déclencher les sabotages sur tout le territoire national était lancé sur les ondes de la B.B.C., les équipes de l’A.S. se mirent à l’ouvrage.

Alors que les Allemands battent en retraite, la section nivelloise de l’A.S. sort de l’ombre.

Pendant quatre jours, elle fut « sur la brèche, engagée à Baulers, Bois de Nivelles, Monstreux, Lillois et Nivelles où elle eût trois échauffourées avec les Boches. Le bilan de ces quelques journées se traduisit, du côté allemand par 17 morts ou blessés graves et environ 250 prisonniers, chiffre dans lequel est inclus celui des blessés légers »[8]. Du côté de l’A.S., sept membres ont été tués. A cela il faut ajouter un FFI (mort accidentelle) et deux nivellois Albert DUPIERREUX et Maurice SCUTTENAIRE décédés des suites de leurs blessures.

A l’aube du 3 septembre, l’A.S. s’attaque à un cantonnement allemand situé à l’Enfant Jésus, qui était un grand dépôt d’armes et de munitions de la Luftwaffe. L’ennemi avait déjà réalisé la mise à feu et s’était retiré. Six hommes avaient entre temps atteint le dépôt et éteint un premier foyer d’incendie, sauvant 50 fusils mitrailleurs, un millier de fusils et quelques mitrailleuses, ainsi que de nombreuses munitions. Le second foyer d’incendie a été éteint et quelques dizaines de kilos d’explosifs récupérés.[9]

Le 2 septembre, Ernest ROBERT, Edouard DESCAMPE et Jean-Pierre DESMET capturent un convoi allemand comprenant trente-trois soldats, cinquante chevaux et beaucoup d’armement.[10]

Les 3 et 4 septembre, les résistants de l’A.S, de la 3ème Cie du groupe Panthère de Nivelles procède aux opérations de nettoyage de la ville de Nivelles, au départ du dernier blindé allemand et avant l’arrivée des Américains.

Le 4 septembre, Alfred BOUDART, commandant de la brigade de gendarmerie de Nivelles dirige les opérations de Nivelles – il avait dû prendre le maquis en mars 44 suite au parachutage de Baudémont, il procède à l’arrestation des inciviques et participe aux guérillas de la libération.

CIRCONSTANCES DE LA MORT D’ALPHONSE MACKELS

« Depuis le dimanche 3 septembre 1944, à midi, heure H de l’offensive de la Résistance, le maréchal de logis de gendarmerie Alphonse MACKELS et l’officier de marine René BURION étaient sur la brèche.

Après la libération de Nivelles, l’Armée Secrète cherchait l’ennemi partout.

C’est ainsi que leur destin les amena à Lillois. Là, ils apprennent qu’un petit groupe d’Allemands vient de passer et a pris la direction d’Hulencourt. Ils vont les poursuivre. N’écoutant que son ardeur trop longtemps réfrénée, Pierre DE VISSCHER se joint à eux et l’auto fonce, conduite par Richard HAVAUX. Et bientôt, c’est la tragédie.

Des Allemands à vélos progressent vers le Trou du Bois. MACKELS et BURION, sur le capot de la voiture, les tiennent au bout de leur mitraillette. Vont-ils tirer et abattre ces hommes dans le dos ?

MACKELS leur crie en Allemand de se rendre. Mais l’ennemi vaincu et en déroute avait encore des réactions brutales. L’Allemand le plus proche descend de vélo, lève les bras en l’air, comme s’il se rendait, se retourne, saisit la mitraillette en sautoir sur sa poitrine et fauche nos amis surpris. Les autres soldats reviennent en arrière et tirent. »[11]

*                    *

*

TEMOIGNAGE DE Mme FRANÇOISE DAUBIOL

Un témoignage de Madame Françoise DAUBIOUL, encore en vie et habitant Genappe, semble contredire ce qui s’est passé.

En 1944, Ernest DEHOUX fils, né le 22/04/1924 à Lillois-Witterzée, habite au Trou du bois à Vieux-Genappe. Il est membre de l’Armée Secrète commandée par le professeur SIREAU de Lillois.

Le 4 septembre, René BURION, Alphonse MACKELS (tous deux chefs de peloton de l’A.S.) et Ernest DEHOUX, notamment, ont pour mission d’attaquer un transport de fonds destinés à la paye des soldats allemands.

Ernest ne se sent pas bien et reste à la maison, il se fait remplacer par Pierre DE VISSCHER (né à Zevenheken le 14/05/1916, ouvrier agricole, domicilié à Lillois, Boulevard des Déportés, 22), membre de la 3e Cie du Refuge Panthère et du Mouvement des Affranchis.

L’attaque se passe vers minuit[12]. Les résistants sont trahis et attendus par les Allemands, cachés derrière la haie de la prairie DEFALQUE (où est situé le golf actuel).

Le camion des résistants arrive de Lillois et est pris entre deux feux. Les résistants n’ont que le temps de plonger dans un fossé proche.

Les Allemands ne leur laissent aucune chance et s’acharnent ensuite sur les cadavres à la mitrailleuse.

Durant toute la nuit, Me DAUBIOUL entend les pas des Allemands résonner autour de la maison. Une infirmière appelée sur les lieux pour soigner les blessés est venue frapper à la porte, Me DAUBIOUL lui a ouvert, elle lui a raconté qu’il n’y avait plus rien à faire.

Le matin, sa fille Françoise[13], alors âgée de huit ans, se rend seule, en cachette sur les lieux du massacre, là elle aperçoit au fond du fossé ce qu’il reste des corps des résistants, les Allemands s’étaient acharnés sur ceux-ci à la mitrailleuse, Françoise dira qu’ils étaient « troués comme des passoires ».

Durant la journée, les résistants viennent occuper la maison. Me DAUBIOUL craignant pour ses enfants, les envoya chez Madame LEJOUR Gustave qui élevait deux enfants handicapés.

Cependant, à la vue des tanks allemands qui repassaient, les enfants prirent peur et retournèrent à la maison. Il devait être midi.

Deux heures plus tard, les Américains débouchaient de Lillois vers Promelles à la poursuite des Allemands.

*                    *

*

D’un extrait intitulé « Le Monument de Lillois », on peut lire : « Une rencontre eut lieu ici le 4 septembre 1944 entre soldats allemands et membres de la Résistance. M. Jacqmin, de Lillois, chef des « Affranchi » croit que les troupes ennemies arrivaient d’Ittre et de Bois-Seigneur-Isaac, sans doute aussi de Tubize. Des soldats avaient pénétré dans la ferme Defalque et des Résistants de Nivelles voulaient les en déloger (Alphonse Mackels, qui devait y perdre la vie, était interprète à la kommandantur et renseignait la Résistance ; Gaston Pasture, de Lasne, le cite en exemple). Un combat s’en suivit. Des Allemands, cachés derrière un talus, cernèrent le camion des Résistants, les firent descendre et les massacrèrent : les noms qui figurent sur le monument… M. Jacqmin et ses Affranchis se portèrent au secours de leurs camarades et y laissèrent un des leurs… Selon lui, ce ne sont pas ces Allemands-là qui passèrent par Maransart. Il y en avait un peu partout, en déroute ; les Américains en capturèrent 150 dans le bois de Nivelles. Ceux qui massacrèrent les otages du Croissant ne traversèrent pas le centre de Lillois, dit encore M. Jacqmin, mais ils prirent par le côté méridional, empruntant la route dite militaire qui les mena vers la chapelle au Caillou et la route espagnole, longeant le hameau des « Flamandes » et rejoignant au Croissant la route de l’Etat Genappe-La Hulpe. Ils appartenaient à des unités disparates qui furent reprises en main par un chef qui « parlait français ».

*                    *

*

AUTRES DOCUMENTS

La libération et ses conséquences à Nivelles septembre 1944-janvier 1945, Xavier Pierre Dusausoit, Mariana Blanco-Rincon, Edition Rif Tout Dju, Nivelles 1990, p. 43.

Papiers privés de Mr André Grégoire, hommage du capitaine Boudart aux défunts le 11 septembre 1944, L. GENTY, 1944-1984, Chronique d’une Libération, RTD, septembre 1984, p. 47. AAS, dossiers René Burion et Alphonse Mackels, Le Peuple, en septembre 1944, affirmait que les Allemands avaient achevé les blessés en leur plaçant une cartouche de dynamite sous le menton, ce qui pourrait expliquer leur état (Le Peuple, 21/9/1944, p. 2. « A l’aube du 4 septembre […] Entretemps, un peu plus au Nord, aux limites de Baulers, Vieux-Genappe et Lillois, un groupe A.S. et Affranchis (petit mouvement de résistance implanté à Braine l’Alleud) de Nivelles et de Braine alerté par la résistance genappoise de la présence d’un fort parti d’Allemands, arriva en camion. Vers 16h00, leur véhicule tomba dans une embuscade tendue par ces mêmes Allemands. Le maréchal des Logis Mackels et René Burion, tous deux chefs de peloton de l’A.S., et un résistant brainois furent tués, d’autres furent blessés. Les survivants battirent en retraite en désordre en abandonnant les corps. Hélas, des détrousseurs de cadavres dépouillèrent ceux-ci »


Sur les actes de décès de René BURION, de Pierre DE VISSCHER et de Alphonse MACKELS, l’heure et l’endroit du décès sont clairement indiqués : « à neuf du soir, est décédé à Vieux Genappe, Ferme d’Hulencourt ». En marge de l’acte de décès, il est indiqué : « 35 ans. Membre de l’armée blanche tué à Hulencourt en combattant. Mort pour la Patrie. L’acte de décès n° 18 ci-contre a été rectifié en ce sens qu’il portera la mention « Mort pour la Belgique » conformément aux dispositions de la loi du 28.7.1948. Vieux-Genappe, le 15.10.52. L’officier de l’Etat-civil. [Signé]. »


FUNERAILLES D’ALPHONSE MACKELS





















A la sortie de l’Eglise du Saint Sépulcre, le cercueil est porté par des gendarmes. Un drapeau aux couleurs nationales le recouvre. L’uniforme du défunt a été déposé par-dessus. Les résistants armés présentent les armes et les gendarmes sont au garde-à-vous. Le cortège funèbre se reforme pour continuer son parcours.






Nous émettons des réserves sur les noms en commentaires des photos, un ancien de l’A.S. du groupe PANTHERE, âgé de nonante ans aujourd’hui, a fait l’effort d’essayer de reconnaître certaines personnes « après tant de temps ».




Le corps d’Alphonse MACKELS repose à la morgue du cimetière pendant un an, par manque de place.

Attendu que son épouse, à sa mort, désire rester à ses côtés, Alphonse ne peut pas occuper la pelouse d’Honneur. Ils seront alors enterrés tous deux à une des extrémités de l’actuelle Parcelle des Etoiles. Avec le nouveau Décret de la Région Wallonne, celle-ci a été réaménagée et les restes humains du couple ont été déplacés à proximité de la pelouse d’Honneur (dos à l’ancienne gendarmerie, à l’extrémité droite de la pelouse d’Honneur), à côté d’un abri et au pied d’un grand sapin.

DISCOURS PRONONCÉ PAR LE CAPITAINE BOUDART, COMMANDANT LE DISTRICT DE NIVELLES,

LORS DES FUNÉRAILLES

« Mesdames, Messieurs !

Au moment même où s’achevait la libération de notre district et 18 heures avant l’arrivée de nos libérateurs, un de nos meilleurs gendarmes, le Mdlis MACKELS, Alphonse partait pour une opération de nettoyage dont il ne devait plus revenir.

Réunis autour de son cercueil pour un suprême hommage, je voudrais passer en revue, les faits saillants de sa trop brève carrière.

Issu de nos marchés de l’Est, il nourrissait pour son pays d’adoption des sentiments d’ardent patriotisme. Les quelques semaines de campagnes de 1940 l’ont déjà vu à l’œuvre. Venu à Nivelles le 1er juillet 1940, il refusa la proposition de rentrer dans son canton annexé par l’Allemagne.

Au 1er août 1940, il formait avec nous la Légion Belge. Depuis lors son activité ne fait que croître. Chaque nouvel effort de l’ennemi le trouve prêt à la riposte. Dès le début de la déportation, il espionne la « WEBERSTELE » et sert de guide pour cacher les réfractaires et pour pourvoir à leur entretien.

Lorsque nos vaillants alliés font appel aux volontaires pour le sabotage, MACKELS est le premier à répondre à l’appel. Depuis lors sa maison devient un véritable arsenal où avec la précieuse collaboration de son épouse on peut trouver à tout moment le matériel qui retardera les convois et harcèlera l’ennemi.

Dans les coups les plus dangereux il fait généreusement don de sa personne.

Au moment où l’armée belge fut reconstituée clandestinement, il fut inscrit à l’E.M. du groupe de Nivelles, sa mission fut celle de recruter le personnel, et, pour clore cette énumération trop rapide d’une activité si débordante et si périlleuse il détourna la correspondance destinée à la Feldgendarmerie et à la Kommandantur.

Que de personnes lui doivent de n’avoir pas été fusillées ou [avoir] subi l’incarcération et le tortures de la Gestapo.

Cette vie toute consacrée au service du pays, cette ardeur si longtemps contenue devait aboutir au drame de Vieux-Genappe.

Emporté par le désir de nettoyer au plus vite le pays des traînards dangereux qui pillent nos campagnes, il partait à l’attaque d’un groupe lorsqu’une balle l’atteignit et ses camarades qui voulaient le relever et l’emporter il eut ces simples mots qui résumaient toute sa vie : « Non, en avant ». C’est ainsi qu’il a exprimé son dernier et sublime sacrifice, celui de sa vie.

Aujourd’hui, nous pleurons celui qui était pour nous non seulement un subordonné et un camarade mais un ami fidèle.


Que nos larmes apportent un peu de consolation à celle qui perd en lui un époux aimé et un soutien. En nous recueillant pour un dernier « Au revoir » nous élevons notre pensée vers Dieu, qui accorde la récompense à ceux qui dans un acte de charité héroïque offrent leur vie pour leur patrie, vers Celui qui est le meilleur consolateur des souffrances humaines et en chrétiens confiants nous lui demandons d’accorder le repos et la gloire à celui qui a fait si généreusement le grand sacrifice. Nous lui demandons aussi d’être le consolateur de ceux qui ont perdu en lui un époux et un père.

Cher ami du bon combat, votre mort est pour nous la plus grande des leçons, nous vous promettons de la retenir.

Au nom de notre Corps d’Elite, au nom de ceux qui ont collaboré à notre travail patriotique, je vous assure de notre fidèle souvenir.

Adieu !

Le Capitaine BOUDART[14], Commandant le District de Nivelles. »

ET LA VIE CONTINUE





On se rend bien compte sur les photos qu’Hélène ne trouve plus le sourire, la mort d’Alphonse est encore proche.



QUELQUES SOUVENIRS DE RENEE MACKELS

Renée MACKELS se souvient du caveau d’attente dans lequel son papa a été placé à la morgue du cimetière de Nivelles. A l’époque, elle n’avait que trois ans, elle s’imaginait la pièce très grande avec de très nombreux caveaux. Cette image du cercueil de son papa l’a fort marquée. Récemment, elle y est retournée, en réalité, il n’y avait que six logettes et la pièce lui paraissait bien petite, mas il est vrai qu’entre temps, Renée avait grandi.

Lorsque l’habitation que ses parents occupaient a été détruite, de nombreuses armes destinées à la Résistance ont été retrouvées entre le plafond et le plancher (selon le témoignage du Dr MAHIEU).

Selon qu’une fenêtre était ouverte ou fermée, son papa savait s’il pouvait rentrer sans danger chez lui.


INAUGURATION DU MONUMENT A LA GLOIRE DES RESISTANTS

Un monument a été érigé à la place d’une chapelle devant la maison de Me DAUBIOUL, au coin d’un chemin qui mène vers Baulers. Il a été inauguré le 25 septembre 1949.


On peut y lire l’épitaphe suivante :

« ILS SONT TOMBES POUR LA PATRIE LE 4 SEPTEMBRE 1944. RENE BURION ET ALPHONSE MACKELS DE L’ARMEE SECRETE ET PIERRE DEVISSCHER DES AFFRANCHIS, GARDEZ-LEUR UN PIEU SOUVENIR »

« Lillois – Manifestation patriotique – Le 25 septembre eut lieu à Lillois l’inauguration d’une stèle au pied d’une petite chapelle campagnarde, à la mémoire de trois Héros de la Résistance tombés sous les balles ennemies, lors des opérations de nettoyage des journées de septembre 44. Ce sont les membres de l’Armée Secrète de la 3e Cie du Refuge Panthère : les chefs de peloton Mackels et Burion, et un membre du mouvement des Affranchis, Devisscher.

Au courant de la cérémonie organisée principalement par M. L’abbé Gossart, révérend curé de Lillois et ancien aumônier de la 3e Cie A.S., ce fut la remise des distinctions honorifiques par le major de gendarmerie Warignet à la famille des héros précités et à trois autres dont le fils fut tué à Nivelles aux journées libératrices : Dupierreux, Lambillotte et Scutenaire.

Le représentant du général Pire, M. M. Bastin fit ressortir le sens de la Résistance et celui de service dans la paix par ses fraternelles, tandis que M. L. Charlier, président de la Fraternelle du Refuge Panthère, glorifiait les hauts faits clandestins des trois victimes du Devoir Patriotique.

La cérémonie fut rehaussée par la présence du représentant du major Tromme, fondateur des Affranchis, de Mme Lombart, veuve du commandant de la 3e Cie, de l’adjudant Carrels, commandant en second, du délégué du service social de l’A.S. du secteur Sud M. H. Demanet qui fit l’émouvant appel des 32 morts du Refuge Panthère, d’un grand nombre de délégations patriotiques tant locales que régionales avec leurs drapeaux, des enfants des écoles et des autorités communales, de la fanfare de la commune « Les Amis du Progrès » et d’une très nombreuse assistance. »[15]

DISCOURS DE M. CHARLIER LE 25 SEPTEMBRE 1949 PRONONCE A L’OCCASION DE L’INAUGURATION DU MEMORIAL

« Le 25.9.1949.

Mesdames, Messieurs,

Il y a cinq ans et quelques semaines tombaient à quelques pas d’ici le maréchal des logis de gendarmerie Alphonse MACKELS, l’officier de marine René BURION, tous deux de l’A.S. et Pierre DE VISSCHER, du mouvement des affranchis.

Depuis le dimanche 3 septembre à midi, heure H de l’offensive de la Résistance, MACKELS et BURION étaient sur la brèche. Après la libération de Nivelles, déçus d’avoir trouvé si courtes les heures de la revanche, ils cherchaient partout l’ennemi. Et c’est ainsi que leur destin les amena à Lillois.

Là, ils apprennent qu’un petit groupe d’Allemands vient de passer et a pris la direction d’Hulencourt. Ils vont les poursuivre. N’écoutant que son ardeur trop longtemps réfrénée, DE VISSCHER se joint à eux et l’auto fonce, conduite par Richard HAVAUX. Et bientôt, c’est la tragédie.

Des Allemands à vélos progressent vers le Trou du Bois. MACKELS et BURION, sur le capot de la voiture, les tiennent au bout de leur mitraillette. Vont-ils tirer et abattre ces hommes dans le dos ?

MACKELS leur crie en Allemand de se rendre. Mais l’ennemi vaincu et en déroute aurait encore des réactions brutales. L’Allemand le plus proche descend de son vélo, lève les bras en l’air, comme s’il se rendait, se retourne, saisit la mitraillette en sautoir sur sa poitrine. Les autres soldats ennemis reviennent en arrière et tirent.

Ainsi trouvèrent leur destin des hommes qui avaient échappé à tant de dangers dans la lutte clandestine. Jamais ils n’avaient reculé devant aucune mission, si périlleuse soit-elle. Ils avaient scellé dans le sang une collaboration étroite de plusieurs années au service du pays.

Une voix plus autorisée que la mienne dira l’ardeur, l’enthousiasme patriotique de DEVISCHER.

Il me revient de signaler à larges traits les états de service de MACKELS et de BURION.

En juin 1940, quand le monde s’écroule devant nos yeux stupéfaits, Alphonse MACKELS fait un acte de foi en sa patrie la Belgique.

Né dans les cantons que nous avions perdu au siècle passé et que l’héroïsme de notre armée nous avait racheté en 1918, MACKELS aurait pu opter pour la victoire et profiter de la complaisance du vainqueur.

Et alors que tant de trouble agite les esprits de tant de Belges, MACKELS choisit la défaite, les difficultés, l’expulsion sommaire hors des lieux qui ont été le cadre de toute sa vie. Il ne craint pas le ressentiment de l’ennemi à l’heure où tant d’autres sentent vaciller toute dignité.

Et c’est ainsi qu’à peine arrivé à Nivelles dans la Résistance qui crée ses trames souterraines, MACKELS est au 1er rang. On cache des armes, on constitue des dépôts d’essence, on recrute des hommes, crée des lignes d’évasion, des réseaux d’espionnage. MACKELS est dans toute la cheville ouvrière. Il est l’homme de confiance de tous ceux qui ont pris des responsabilités dans les œuvres de la Résistance.

Pour rendre plus de services, il capte la confiance des Allemands de la Kommandantur de Nivelles. Que de renseignements parviennent par son truchement ! Que de documents, dénonciations anonymes, ou autre, détournées par lui au péril de sa vie. Y a-t-il un chef à quelque échelon que ce soit, qui n’ait eu recours à MACKELS en des circonstances difficiles !

Et puis viendront les parachutages, les sabotages, les missions armées. MACKELS participera à leur préparation et le plus souvent à leur exécution avec celui qui est revenu, son grand ami René BURION.

René BURION, officier de marine, avait été surpris par l’avancée allemande et n’avait pas pu rejoindre son bâtiment. Cet homme qui avait un tempérament de guerrier ne s’abîma pas dans l’inaction. La notion qu’il a de son devoir est simple, mais c’est la seule juste.

Il servira quand même. Les circonstances n’ont pas voulu qu’il servit son pays à la place qui eut été la sienne, sur mer, bravant les sous-marins et les navires de course.

Mais là où le destin l’a placé, il fera à l’ennemi tout le tort possible en attendant de le frapper à visage découvert quand l’heure aura sonné.

Et parmi les tout premiers, il est à la Légion Belge, il recrute un V[illisible] très important.

Il sabote à la métallurgique, il est de tous les coups de mains. Il est un des piliers de la Résistance dans cette région.

Que d’honneurs, que de considération, attendait ces hommes, s’ils avaient survécu !

Hélas, ils sont morts laissant leur place vide dans leur foyer et dans le cœur de leurs amis.

Le mémorial qui va être inauguré aujourd’hui lui rappellera leur sacrifice.

La vie moderne trépidante, le découragement provoqué par les déceptions de l’après-guerre, l’égoïsme foncier des hommes qui les rive [sic] à l’immédiat, font oublier trop vite que la liberté et le bonheur des nations ne s’achètent que dans les larmes et le sang.

Tantôt sur cette pierre découverte vous pouvez lire trois noms

MACKELS

BURION

DE VISSCHER

Un de nos frères rédimés,

Un wallon,

Un flamand,

Aux confins du village de Lillois des hommes des trois familles de la communauté belge ont donné leur vie pour leur commune patrie.

Ce monument est la réalisation d’un vœu du regretté Cdt de l’A.S. de Nivelles, le capitaine LOMBARD.

Au nom du Refuge Panthère de l’Armée secrète, je salue les familles de ces héros et de tous ceux qui sont tombés dans les combats de la libération.

Je remercie l’abbé GOSSART, aumônier de la 3e Cie du Refuge, à l’initiative et au dévouement auquel nous devons ce mémorial.

Je remercie chaleureusement la famille DAUBIOUL qui nous a autorisés avec générosité de la placer sur sa propriété et je la prie d’en accepter la garde. »

DECES DE HELENE CHAVET

Le 11 avril 1983, Hélène CHAVET décède. Elle a accompagné courageusement son époux durant ses années de résistance, prenant des risques qu’aujourd’hui on qualifierait peut-être d’insensés, alors qu’elle avait deux enfants à charge.


ANNEXE I

DISTINCTIONS HONORIFIQUES D’ALPHONSE MACKELS

LIVRET MATRICULE ET MUTATIONS

CAMPAGNES – BLESSURES – DISTINCTIONS - CHEVRONS –FOURRAGERES

DISTINCTIONS HONORIFIQUES D’ALPHONSE MACKELS :

La Médaille de Résistance

La Médaille Commémorative de la guerre 40-45                                                                          

La Croix du Prisonnier Politique

La Croix de Chevalier et l’Ordre de Léopold II avec palme

Croix de guerre 1940 avec palme

Diplôme de gratitude pour l’aide rendue aux évadés alliés










EXTRAIT DE LA MATRICULE – MUTATIONS

Au service actif au 3e Régiment d’Artillerie le 15/10/1929

En congé illimité le 15/10/1930

Passé au Corps de Gendarmerie d’étant rengagé pour quatre ans le 21/01/1931

Gendarme à pied le 21/01/1931

Gendarme à cheval le 23/03/1931

Brigadier à cheval le 31/03/1934

Rengagé pour trois ans le 21/01/1935

Maréchal des logis de 2e classe à cheval le 31/12/1936

Rengagé pour trois ans le 21/01/1938

Prisonnier de guerre en Belgique le 28/05/1940

Rengagé pour trois ans le 21/01/1941

Passé par réorganisation de la Gendarmerie à la Compagnie d’Ixelles, suite O.C. n° 151 bis du 2/12/1941 le 15/12/1941

Passé d’office à la Compagnie de Nivelles le 1/17/1943

Rengagé pour trois ans le 21/01/1944 Maréchal de logis de 1ère classe à cheval le 31/03/1944 Tué à l’ennemi à Vieux-Genappe le 4/09/1944

Campagne en Belgique : 1940.1941.1942.1943.1944.

Replacé maréchal des logis de 2e classe à cheval (Les nominations intervenues sous l’occupation ennemie postérieurement au 30/06/1941 sont considérées comme nulles.) Note du Corps n° 1905/V… du 14/03/1945 Rédigé à Bruxelles le 10/01/1946 par le Capitaine en 1e d’Administration RINCHON, Trésorier du Corps.

CAMPAGNES – BLESSURES – DISTINCTIONS - CHEVRONS –FOURRAGERES

Admis à 1 chevron d’ancienneté le 1/01/1934

Admis à 2 chevrons d’ancienneté le 1/01/1938

Campagne en 1940. Cité à l’Ordre du Corps n° 168 bis du 27/07/1948 pour le motif suivant : « Avec un sous-ordre, s’être énergiquement opposé à un vol de timbres de ravitaillement que tentaient de commettre la nuit trois malfaiteurs en abattant résolument l’un d’entre eux qui n’obéissait pas sur le champ aux sommations et en procédant à l’arrestation des deux autres .» Cité à titre posthume à l’ordre du jour de l’armée secrète pour : Glorieusement tombé pour le Roi et la Belgique face à l’ennemi au sein de l’armée secrète (Note du Cdt de l’A.S. G.Q.G. n° 3092 du 26/02/1945)

Médaille de la Résistance à titre posthume par arrêté du Régent n° 3138 du 7/11/1946 (O.C. bis 130 du 30/07/1947)

Croix de Chevalier de l’ordre de Léopold II avec palme et attribution de la Croix de guerre 1940 avec palme, à titre posthume A la base du 15/11/1944 pour : « Glorieusement tombé à l’ennemi le 4 septembre 1944 à Vieux-Genappe au cours d’une embuscade dirigée contre les troupes allemandes. Arrêté du Régent n° 2667 du 15/07/1946 » O.C. 146 bis du 5/09/1947.

ANNEXE II

TEMOIGNAGES

Selon le discours de Monsieur Charlier de Lillois, Alphonse MACKELS était très actif. Il livrait des armes aux résistants, notamment de Bornival dont la section locale a été créée le 27 octobre 1943.

Marie-Thérèse DECOSTER qui faisait partie du réseau « COMET », avait l’habitude de garder des armes, envoyées pour la plupart par la gendarmerie et à destination des résistants. Alphonse MACKELS en était un des livreurs.


Sa fille Anne-Marie DUMONT se souvient qu’en 1944, un officier allemand a pénétré au domicile de Marie alors qu’elle était occupée à couper du pain. Il l’a directement accusée de cacher des armes. Sans se démonter, elle lui a répondu « Des armes ? Mais des armes c’est pour tuer des éléphants. Qu’est-ce que vous voulez que je fasse avec ça, je suis seule avec mon ouvrier ».

Elle a déposé le pain et le couteau et s’est levée. Après avoir ouvert la porte, elle a invité l’Allemand à visiter les autres pièces. Ce dernier a aussitôt tourné les talons alors que la maison était pleine d’armes.

Quant à l’instituteur GILSON, il avait aménagé un trou dans le mur derrière le tableau. Cette cache était encore visible bien après-guerre.[16]

*                    *

*

« Le 27 octobre 1943, il est procédé à la création de la résistance locale. Celle-ci manœuvre dans la clandestinité, soustrait les livres de l’état-civil aux Allemands qui déjà prévoyaient la déportation pour le travail obligatoire de la jeunesse, même des jeunes filles. Le 5 juin 1944, la résistance fit sauter la voie du chemin de fer entre Nivelles et Arquennes, conformément aux ordres d’immobiliser et d’enrayer tous convois allemands au jour du débarquement des Alliés en Normandie »[17]

Francis DERNIE raconte :

« Ainsi de nombreux faits de résistance tels que cacher des réfractaires au travail obligatoire en Allemagne et des résistants armés furent l’apanage de plusieurs Bornivalois qui participèrent ainsi à la victoire finale.

Voici un exemple parmi d’autres : l’ancien légionnaire français Georges HOUBAILLE[18], frère de « Mimie », DUMONT-HOUBAILLE, auteur de plusieurs actes de résistance dans le Nord de la France et traqué par la Gestapo, entra dans le maquis ardennais.

Après de nombreux coups de main, il venait se réfugier à Bornival chez sa sœur Mimie. Il était aidé en cela par le gendarme MACKELS qui lui fournissait les faux-papiers.

De retour au maquis de Maibelle (près de Ciney), le 25 juin 1944, à l’aube, lui et quarante autres maquisards sont encerclés par la Gestapo accompagnée de troupes allemandes. Ils se battent courageusement, cependant seulement vingt d’entre eux échapperont aux Allemands.

Georges est grièvement blessé, il est conduit par erreur à l’hôpital allemand de Ciney. Reconnu, il est conduit à la S.I.P.O. de Dinant. Là, il est torturé par le Commandant allemand SCHUBRING qui le tue d’une balle dans la tête.

Georges est enterré dans un charnier au cimetière de Jumet. Il est formellement reconnu par sa maman le 19 mars 1946.

Quant à SCHUBRING, lors de son procès qui a lieu devant le Conseil de Guerre de Namur, il est condamné à mort le 14 octobre 1949 et fusillé à Namur.

Le procès est paru dans le journal « Vers l’Avenir » des 20-24 septembre et 5-10 octobre 1949.

Georges HOUBAILLE, résistant reconnu est titulaire de nombreuses médailles à titre posthume : « Membre de l’Armée secrète, dévoué et courageux, se consacra sans réserve à la lutte opiniâtre contre l’ennemi. Est tombé glorieusement au combat de Maibelle (Ciney) en juin 1944. Signé F. DERNIE »



ANNEXE III

INCULPATIONS DE COCO PARDONCHE ET ANNA HARCQ

Coco Pardonche et Anna Harcq sont inculpés dans des affaires de résistance, ils sont auditionnés au bureau de police Judiciaire et chez le juge Nyssens. Dans le cadre de l’enquête, M. Jules Bonnenge, domicilié au Bois du St Sépulcre à Nivelles et Me Mackels, habitant faubourg de Mons sont entendus.

Un article de journal signé de R. Rosart, du Rappel de Charleroi, daté de décembre 1944 et intitulé « L’affaire Rinchard On cherche des faux témoignages ! », indique que ;

« Quant à Mme Mackels elle perdit son mari à la libération. Ce dernier, ainsi qu’un certain Burton et un habitant de Lillois, furent abattus dans cette localité alors qu’ils attaquaient un convoi allemand en retraite. Atteint gravement à la carotide, M. Mackels, un sous-officier de gendarmerie, agonisa durant toute la soirée du 4 septembre sur la route de Lillois. Ce n’est que très tard qu’on se décida à le chercher. Il était mort ! Son corps fut transporté au garage Pardonche… Il y avait là, notamment, le capitaine Boudart et Mme Mackels dont on devine aisément sa douleur.

M. Mackels devait remettre à M. Jules Bonnenge, une somme de 9.000 frs que ce dernier lui avait prêtée. Dans le portefeuille qu’on découvrit sur le corps, on trouva une somme de 12.000 frs. Le capitaine Boudart se les fit remettre. Qu’est devenu cet argent ?

M. Mackels et son épouse étaient originaires des cantons rédimés. Leur connaissance de la langue allemande rendit d’appréciables services à des patriotes du Brabant wallon.

DES BOCAUX ONT DISPARU !

Cependant, M. Mackels avait, à maintes reprises, exprimé la déception qu’il éprouvait en apercevant que des résistants de son groupe se livraient à des activités intéressées sous le couvert du patriotisme. Il avait dissimulé dans des bocaux à stériliser, enfouis dans son jardin, des documents que l’on disait accablants pour certains de ses concitoyens.

Après le décès de son époux, Mme Mackels rendit visite à sa famille dans l’est du pays. Durant cette absence, le capitaine Boudart pénétra dans son habitation et enleva les fameux bocaux… trop gênants peut-être ?...

Dans la suite, des compagnons de résistance de M. Mackels entreprirent différentes recherches dans le jardin. On ne retrouva rien ! Et, jamais, ni les documents ni même les bocaux ne furent remis à Mme Mackels par le capitaine Boudart.

TRAFIC D’ARMES

D’autre part, après l’arrestation des comtes de Lichtervelde et de certains Nivellois, en décembre 1943, une partie des armes parachutées à Ittre furent entreposées au garage Pardonche ainsi que chez M. Jules Bonnenge.

A la libération, les armes ainsi placées chez M. Bonnenge furent enlevées et déposées chez Anna Arcq (sic). Que sont devenues ces armes ? On sait, en tous les cas que le M. le docteur Hecq de Nivelles mobilisé, peu après la libération dans un bataillon de fusiliers partant pour l’Allemagne émit le désir de posséder une arme. Les membres du service sanitaire de l’armée en étaient démunis. Le docteur Hecq – on le comprend facilement – aurait aimé posséder un revolver pour se rendre en Allemagne occupée.

Il mit le capitaine Boudart au courant… Rien de plus facile, lui répondit l’officier de gendarmerie qui l’emmena chez Anna Harcq.

La femme Tilman lui fit choisir un revolver… parmi sa collection. Le docteur s’en montra très satisfait. Par politesse, il demanda « s’il ne devait rien ».

– Deux mille francs ! lui répondit froidement la compagne de résistance du capitaine Boudart. Révolté contre un tel procédé, le docteur Hecq refusa l’arme qui lui était présentée…

UN AUTRE VOL

Nous avons signalé, dans de précédentes éditions qu’on reprochait à Coco Pardonche et Anna Harcq, d’avoir profité trop largement de certains coups de mains opérés par la Résistance. Nous avons évoqué les deux prélèvements commis à la poste de Nivelles. Une somme de 465.000 frs n’a pas été retrouvée. Des 62.500 frs, enlevés à Baulers, le 3 février 1944, au sous-chef de gare Renaud, 40.000 frs furent effectivement versés à un autre groupement de résistance. Qu’est devenu le reste ?

La Police Judiciaire a examiné une autre affaire.

Le 6 juin 1944, entre les gares de Nivelles-Est et de Baulers, trois cheminots étaient attaqués par trois individus. Ils enlevèrent une somme de 66.500 frs au chef-garde Roland, une autre somme de 80.000 frs au comptable Neuwelz. Le troisième cheminot, M. Cornet, était porteur de 33.500 frs. Les assaillants ne disposèrent pas du temps nécessaire pour les lui prendre. Les sommes ainsi enlevées devaient servir à payer le salaire d’ouvriers et d’employés de La S.N.C.F.B. Or, M. Roland croit avoir reconnu un de ses assaillants. Il s’agirait du lieutenant Pierard, actuellement en garnison à Tournay. Convoqué au Palais de Justice de Nivelles, l’officier y arriva, hier, vers 14 h. Il fut confronté ave M. Roland. M. Pierard aurait déclaré avoir agi sur ordre de ses supérieurs. C’est donc aux instigateurs de ce coup de main qu’il faudrait réclamer des comptes, s’il y a lieu.

DANS LES DEUX CAMPS

On est littéralement bouleversé ! Depuis les arrestations de Coco Pardonche et d’Anna Harcq, les plaintes affluent au Palais de Justice de Nivelles. Le Parquet est à ce point noyé de documents, qu’il doit remettre à plus tard l’examen de différentes affaires concernant les activités de résistants nivellois. Bruxelles a envoyé de volumineux dossiers au juge Nyssens. En effet, depuis plusieurs semaines, M. l’avocat général Stryckmans a entendu plusieurs dizaines de témoins. On a laissé enfler l’abcès avant d’arrêter Coco Pardonche

Les enquêteurs sont bien résolus à faire toute la lumière, comme nous n’avons cessé de le réclamer depuis plusieurs mois. Il paraît même que M. Nyssens et ses collaborateurs ne prendront aucun repos durant ces derniers jours de l’année. On travaille d’arrache-pied… Dans l’autre camp aussi. Il est établi que des amis de Coco Pardonche travaillent, de leur côté, avec autant d’ardeur que les enquêteurs. Il en existe, certes, parmi eux, qui croient toujours en l’innocence du fils du commerçant nivellois. D’autres, par contre, s’occupent ACTUELLEMENT de récolter de FAUX TEMOIGNAGES en faveur de Coco Pardonche… Un petit jeu dangereux !

EN CHAMBRE DU CONSEIL

Le juge Nyssens a également entendu jeudi matin, M. Jean Antoine, instituteur communal, demeurant boulevard de la Dodaine à Nivelles. Ce dernier a mis le magistrat au courant de ce qu’il savait sur l’affaire Pardonche-Timan-Boudart.

Signalons qu’aujourd’hui, vendredi, Désiré Vienne, Maurice Wautier, Lucienne Burton, Fernand Carlot, René Loiseau et Edouard Pardonche comparaîtront devant la Chambre du Conseil du tribunal de 1ère instance de Nivelles.

Samedi, ce sera au tour d’Anna Harcq

Interrogée le matin déjà et confrontée à Me Mackels et M. Bonnenge, Anna Harcq a été mise au début de la soirée, en présence de Coco Pardonche et du sous-commissaire de police Mathieu. On ne connaît pas les résultats de cette nouvelle confrontation.

A LA LOUVIÈRE

D’autre part, la Police Judiciaire de Nivelles s’est rendue, mercredi soir, à La Louvière.

A la suite de certaines déclarations de témoins entendus au cours de la journée ? C’est fort possible ! Il ne faut, en tous les cas, pas oublier que l’affaire Deberghe est le nœud de l’affaire Rinchard. Les récentes arrestations opérées à Nivelles n’ont pour principal but que d’acculer le capitaine Boudart aux aveux. »

 

Un second article signé R.H. daté du 22 décembre et intitulé « Autour de l’affaire Rinchard La Résistance a bon dos » retrace les larcins commis par ce qu’elle appelle le gang Rinchard.

« Nivelles, 22 décembre. – L’affaire Rinchard paraît, pour l’instant, dévier de son objectif principal pour se consacrer à l’épluchage des comptes de la Résistance, d’une Résistance dont le capitaine Boudart et le substitut Harcq tiraient les ficelles.

C’est au nom d’une pseudo-fraternité d’armes que le juge d’instruction se heurte à une véritable conspiration du silence faite autour des coupables par les inculpés aussi bien que par les témoins ; mais il viendra à bout des dénégations et des réticences comme des refus de témoigner.

La journée de jeudi a été employée à élucider certaines affaires de vol à main armée qui n’étaient pas trop orthodoxes.

Il y a eu le vol à la gare de Baulers où, sur 62 .500 frs, un mouvement de résistance a reçu 40.000 frs, et celui de la poste de Nivelles, où les exécutants n’apportent de justification que pour 625.000 frs sur 900.000.

Ce dernier « coup dur » fut une sorte de mascarade où Edouard Pardonche, dit « Coco « et Anna Tillman, dite « Anna Saint-Roch », se travestirent en échangeant mutuellement leurs vêtements.

A 11h. du matin, les « résistants » opérèrent dans le cul-de-sac de la poste de Nivelles, entre les deux « kommandantur », sans que les Allemands eussent esquissé une réaction : on eût dit qu’ils étaient dans le coup.

Maintenant, on rappelle que « Coco » recevait la visite de son cousin, l’Allemand Prins, un des manitous de la Gestapo de Bruxelles, vainement recherché Outre-Rhin par la « Field Security » britannique, et qui est présumé enseveli sous les ruines d’Aix-la-Chapelle.

UNE TROISIÈME AFFAIRE

Et ainsi vient au jour une troisième affaire, celle du 6 juin, quand trois cheminots qui étaient venus chercher la paye du personnel de la gare de Baulers furent attaqués près de la gare de Nivelles-Est par trois résistants.

Le premier, le comptable Neuwelz, fut délesté de 80.000fres, le second, le chef-garde Rolland, de 60.000 frs, quant au troisième, les agresseurs durent prendre la fuite sans avoir eu le temps e s’occuper de lui : c’était M. Cornet, qui était porteur de 33.000 frs.

Un des membres du trio avait été reconnu, et si leurs victimes estimèrent qu’il convenait de n’en rien dire sous l’occupation, ils estiment aujourd’hui que leur devoir civique est de ne rien céder devant une magistrature belge, puisque si le coup était régulier, il sera homologué comme tel.

Cette attitude courageuse mérite d’être signalée en un moment où les amis d’autres inculpés se mettent en campagne pour solliciter des témoignages de complaisance.

Heureusement que la loi arme les juges d’instruction contre les faux témoins.

L’auteur reconnu du coup de main a été retrouvé à Tournai, où il est en garnison et convoqué jeudi matin à Nivelles. Ayant raté son train, il n’est arrivé que l’après-midi et il a été longuement interrogé dans les bureaux de la police judiciaire pour justifier de l’emploi des fonds soustraits et identifier ses compagnons.

De son côté, Edouard Pardonche a fourni la liste de tous les participants aux « coups durs » qu’il a commandés.

UNE VEUVE DE HÉROS

Le magistrat instructeur a encore entendu Mme Mackels, la veuve du gendarme tombé à Lillois le 4 septembre 1944 et qui fut un authentique héros de la Résistance.

Celle-ci est venue déclarer qu’elle n’a jamais reçu d’argent du capitaine Boudart, ni d’Anna Tilman, et qu’elle ne leur en a jamais réclamé.

Ce sont eux qui firent la toilette du mort et qui lui prirent son portefeuille qui contenait 12.000 frs, dont 9.000 que Mackels devait remettre à M. Bonnenge, cultivateur au Mont-Saint-Sépulcre. Les 3.000 francs restants ne lui ont jamais été remis, pas plus que portefeuille ni les papiers personnels qu’il contenait.

Elle a confirmé que, profitant d’un voyage qu’elle faisait dans les cantons rédimés où réside sa famille, le capitaine Boudart était venu dans son jardin déterrer des bocaux à stériliser dans lesquels Mackels avait constitué des dossiers concernant la collaboration et certaines déviations de la Résistance.

Le capitaine Boudart n’a pas caché cette intervention insolite, mais il a fait taire les scrupules de Mme Mackels en lui disant que les pots ne contenaient rien d’intéressant.

MANDATS À CONFIRMER

Et ainsi les affaires du gang Rinchard et consorts font tache d’huile et promettent un procès-fleuve.

Ce vendredi matin, la Chambre du Conseil aura à statuer sur la confirmation des mandats d’arrêt des époux Carlos-Burion, de Vienne, de Wauthier, de Loiseau et de Pardonche.

Et samedi, ce sera au tour d’Anna Tilman. R.H. »

RAPPORT DE COCO PARDONCHE

« 3-1-44 : Rapport sur l’attaque, à 10h30, du sous-chef de gare RENAULT, en gare de Baulers.

Participants : Edouard PARDONCHE, Henri VOITURON, Albert PATERNOTTE, Tony BALES. Groupe informateur : Emile DELVAILLE, greffier au Palais de Justice, Jules HICQUET, employé à la gare de Baulers, MEUNIER de Nivelles.

But : Prendre l’argent destiné au paiement des hommes du chemin de fer, au profit du groupe informateur. Donner une leçon à RENAULT, accusé d’avoir fait expédier sept cheminots en Allemagne.

« Nous devions enlever une somme de trois à quatre cent mille francs. L’attaque fut du grand style mais faillit tourner au tragique. En effet, nous dûmes d’abord enlever une camionnette à la Laiterie de Nivelles, dans le but d’emporter avec nous les porteurs d’argent. Pour ce, je me mis en rapport avec René TABURIAUX, chauffeur-mécanicien à la Laiterie. Comme convenu, Simon MEUNIER téléphona de la gare de Nivelles pour avertir qu’un camion était en panne à Baulers et demandait que la camionnette de dépannage vienne. Près du champ d’aviation, nous stoppions le véhicule dépanneur et nous ligotions TABURIAUX, qui fut emmené avec nous. Aux abords de la gare de Baulers, après une heure d’attente, RENAULT arrive, non par le chemin indiqué par HIQUET, mais longeant les voies du chemin de fer venant de Nivelles-Est. De plus, il était seul, alors qu’il avait été signalé comme devant être accompagné. Toutefois, nous attaquons. Je stoppe la camionnette entre la gare de Baulers et quelques mètres du pont de chemin de fer, masqués, revolver au poing, nous franchissons le talus et nous nous mettons à la poursuite du sous-chef de gare, à travers les voies. L’homme, n’ayant pas la conscience tranquille et ne pensant plus qu’il était porteur d’argent, crut sa personne en danger et se sauva vers l’arsenal, qui était gardé par les Allemands. Plus rapides que lui, nous parvenons à l’attraper, plus mort que vif, et le transportons vers le véhicule prêt à l’embarquer. C’est à ce moment que, venant de l’arsenal, un Allemand tire sur nous et qu’une de ses balles transperce la camionnette, à deux centimètres de l’épaule de TABURIAUX. A fond de train, je conduis le véhicule entre Lillois et Bois-Seigneur. Nous déposons RENAULT après l’avoir délesté de 60.000 francs ? A notre grand désappointement, le risque couru avait été trop important pour la somme récoltée qui ne correspondait pas à ce que les informateurs avaient indiqué. La camionnette fut abandonnée dans les plaines de Baudémont avec son chauffeur. Comme convenu, nous avons remis l’argent au groupe « informateurs ». Ceux-ci nous cédèrent 20.000 francs, dont 5.000 furent remis au chauffeur TABURIAUX, après son emprisonnement par les Allemands qui le soupçonnèrent de complicité. Les 15.000 francs restants constituèrent notre premier fond de résistance ».

Edouard PARDONCHE Lieutenant à la 3ème  compagnie du groupe Panthère de l’A.S. »[19]

RETRACTATION DE ROSART

« [...] M. Rosart, qui avait mené cette campagne odieuse dans le Rappel, se rétractait et démentait toutes les fausses accusations portées contre Pardonche et son groupe.

Après un mois d’instruction, Pardonche fut libéré. Mais le mal était fait. Son honneur était définitivement atteint […] Par arrêté royal du 10 janvier 1952, n° 485, Edouard Pardonche s’est vu octroyer, par le Ministère de la Défense Nationale, la Croix de guerre avec palmes et la Médaille de la Résistance pour : « Membre de l’Armée secrète depuis septembre 1942, recruta des membres, prit part à des coups de main et s’empara des registres de la population, de dossiers de déportation ainsi que du sceau communal lui permettant la confection de quatre cents pièces d’identité. Participa à de nombreux sabotages de voies ferrées, causant d’importants retards aux transports ennemis ; convoya des aviateurs alliés en détresse. Transporta des explosifs ? Prit part aux opérations libératrices à Nivelles, où il fut blessé le 3 septembre 1944, au cours d’un engagement. »

Il reçut également un Diplôme de gratitude du Général Eisenhower pour les services rendus aux aviateurs américains ainsi qu’en « Certificat de reconnaissance de l’Armée britannique », pour avoir aidé des soldats anglais. »[20]

CARNET DE BORD DE LA Iᴱᴿᴱ CIE. REFUGE PANTHERE ZONE IV DE L’ARMEE SECRETE, TENU DU 2 AU 16 SEPTEMBRE 1944 PAR LEON CHARLIER, HENRI ANDRE ET EMILE JOSSART

La première phrase enregistrée dans le carnet de bord indique « mettre en cage le hareng ». Ce message fut diffusé par la B.BG.C. le 2 septembre 44 à 19h15 et donna l’ordre de mobilisation du refuge Hareng (Panthère).





Léon CHARLIER était professeur à l’Ecole Normale de Nivelles. Lieutenant de réserve en 1940, il se rend le 10 mai à Bruges et est versé au 54e de ligne (54 RI).

Du 24 mai au 3 juin, il se trouve avec son unité en Aveyron. Le 3 juin, il prend la route de la Bretagne pour reconstituer la 7e DI. Le 18 juin, il doit battre en retraite vers la Loire. Les officiers français ont l’obligation de séjourner à Assérac jusqu’au 14 juillet et à Ste Marguerite jusqu’au 19 juillet. Ensuite, ils seront cantonnés à Saint-Nazaire dans un camp de prisonniers.

Le 10 août 1940, il est libéré et rentre en Belgique où il doit signer un document l’engageant à ne rien entreprendre contre l’occupant.



Cependant, dès 1941, il entre dans la Légion Belge, et devient Commandant de la 1ère Cie du Refuge Panthère de la zone IV de l’A.S., il participe à la plupart des actions de l’A.S.

Il a été cité à l’ordre du jour n° 22 de la zone IV de l’A.S. : « Charlier, lieutenant : lors d’un important enlèvement d’armes, a attaqué seul, armé d’un revolver, une voiture SS, empêchant l’arrivée de ce véhicule sur les lieux de l’enlèvement ». Cela s’est passé au Hameau de Bon Air à Baisy-Thy le 4 septembre 1944 à 10h15.[21]





ERLA Maschinenwerk avait un atelier à La Bruyère-Le Culot-Beauvechain qui s’occupait de révision globale et de réparations d’avaries, celui-ci avait déménagé à la papeterie de Limal en 1944.

Le sous-lieutenant Henri ANDRE fait quelques annotations en date du 7 septembre. En 1943, il devient l’adjoint de Léon CHARLIER. Il recrute de nouveaux agents et héberge des clandestins et des maquisards.










GENEALOGIE MACKELS


LES MEMBRES DE L’A.S. REFUGE PANTHERE

ZONE 4 3e CIE 2e 4e SS

1940-1945


















 

Témoignage de Monsieur Pierre Eddy Jossieaux, membre de la famille d’Edouard Pardonche, envoyé au Président de la Maison du Souvenir.

Cher Président,

C’est avec grand plaisir et émotion que j’ai découvert sur votre site web les faits d’armes de mon oncle Edouard PARDONCHE dit ‘Coco’. Ma mère, Marthe PARDONCHE est sa sœur. Mon père Paul JOSSIEAUX.
Je suis né en 1948 et bien entendu enfant, j’ai eu écho par bribes et morceaux qu’il avait été acteur de faits de résistance à Nivelles et environs. Plusieurs noms repris dans cet historique refont surface dans ma mémoire.
Un paragraphe m’a interpellé et voudrais apporter quelques précisions :
« Maintenant, on rappelle que « Coco » recevait la visite de son cousin, l’Allemand Prins, un des manitous de la Gestapo de Bruxelles, vainement recherché Outre-Rhin par la « Field Security » britannique, et qui est présumé enseveli sous les ruines d’Aix-la-Chapelle. »
Peter PRINS est bien le cousin de mon oncle Coco et de ma mère.
C’est à la fois une belle histoire d’amour et un boulet historique traîné par la famille.
Ma grand-mère Marie Coulon avait une sœur. Pendant la guerre 14-18 ou après elle a fait la connaissance d’un diplomate en poste à l’ambassade d’Allemagne. Elle a épousé ce diplomate et Peter est le fils de cette union.
Durant toute cette période 14-18 et 40-45, avoir épousé un allemand était la honte suprême.
La famille PARDONCHE a toujours traîné ce boulet alors que rien dans les faits du papa ni de Peter PRINS ne prouvent qu’ils étaient pro nazis ou un manitou de la Gestapo de Bruxelles.
Ce sont des accusations gratuites sans fondement mais qui dans la période d’après-guerre font mouche lorsque Coco PARDONCHE était accusé d’avoir détourné des fonds lors des différents braquages destinés à financer les réfractaires au travail obligatoire.
Après la guerre Peter PRINS a été directeur des câbleries d’Eupen et je me souviens qu’il nous rendait visite régulièrement et fort attaché à son cousin Coco.
Merci encore pour votre initiative de perpétuer la mémoire de la résistance, continuez, je vous encourage.
Bien cordialement,
Pierre Eddy JOSSIEAUX,




BIBLIOGRAPHIE

BERNARD, (H.), L’Armée Secrète, 1940-1944, sous le patronage de l’Union des fraternelles de l’A.S, Editions Duculot Gembloux, 1986.

CHARLIER, (L.), ANDRE, (H.), JOSSART (E.), Carnet de bord de la Ière Cie. Refuge Panthère Zone IV de l’Armée Secrète.

CAPITAINE, (Y.), Le Cheval de Troie, éditions Baconnier Alger, Août 1941.

CHARLET, (Th.), photos et documents.

CHARLIER, discours rédigé par Monsieur CHARLIER de Lillois à l’occasion de l’inauguration du Mémorial inauguré le 29.04.49.

DERNIE, (Fr.), documents et photos, témoignages.

DE TROYER, (Fr.), L’impossible oubli, Edité par le Cercle d’Education Populaire de Rixensart et par le groupe « Mémoire collective » du Brabant Wallon.

DE TROYER, (Fr.), Tenace Mémoire, édité par le Cercle d’Education Populaire de Rixensart et par le groupe « Mémoire collective » du Brabant wallon.

DUFER, (M.), ancien A.S., témoignage.

FERY, (J.), Inventaire des sépultures d’intérêt historique local de Bornival, 2013.

JENET, (V.), Bornival Histoire d’une commune brabançonne, 2e édition.

MACKELS, (Re.) et (Ro.), photos et documents.

PYGMALION, N° 11, novembre 1949.

SAMPOUX, (O.), photos.

STUDIO R, Armée secrète 1940-1945, refuge Panthère Z.4 3e Cie 2r 4e S.S., Agent générale Gpe Neufcoeur, 24 rue de la Colline, Namur.

VERHELST, (M.), livret matricule et punitions de MACKELS.

 

 



[1] Edifiée par le capitaine-commandant Charles CLASER à partir d’août 40.  

[2] « René BURION, officier [mécanicien] de marine, avait été surpris par l’avance allemande et n’avait pas pu rejoindre son bâtiment. Cet homme qui avait un tempérament de guerrier ne s’abîma pas dans l’inaction. Il est parmi les tout premiers à faire partie de la Légion Belge. Il sabote à la métallurgie, il est de tous les coups de mains. Il est un des piliers de la Résistance dans cette région ». Discours rédigé par Monsieur CHARLIER de Lillois à l’occasion de l’inauguration du Mémorial inauguré le 29.04.49. René BURION est né à Trivières le 12/02/1909 et domicilié à Villers-Perwin rue Warchais au n° 32, il était membre de la 3e Cie du Refuge Panthère de l’Armée Secrète.  

[3] L’impossible oubli, François DE TROYER, Edité par le Cercle d’Education Populaire de Rixensart et par le groupe « Mémoire collective » du Brabant Wallon, pp. 161 à 175.  

[4] Le Cheval de Troie, Capitaine Y., Août 1941, Editions Baconnier Alger, p. 21. 

 

[5] L’Armée Secrète, 1940-1944, livre écrit par plusieurs auteurs sous la direction de Henri Bernard et sous le patronage de l’Union des fraternelles de l’A.S., 196, Editions Duculot, Gembloux.  

[6] L’impossible oubli, François de Troyer, édité par le Cercle d’Education Populaire de Rixensart et par le groupe « Mémoire collective » du Brabant wallon, pp. 167 et 168.  

[7] L’Armée Secrète, 1940-1944, sous la direction de Henri Bernard et sous le patronage de l’Union des fraternelles de l’A.S., 1986, Editions Déculotté Gembloux.  

[8] Tenace Mémoire, François de Troyer, édité par le Cercle d’Education Populaire de Rixensart et par le groupe « Mémoire collective » du Brabant wallon, pp. 265et 266.  

[9] Tenace Mémoire, François de Troyer, édité par le Cercle d’Education Populaire de Rixensart et par le groupe « Mémoire collective » du Brabant wallon, p. 265.  

[10] Tenace Mémoire, François de Troyer, édité par le Cercle d’Education Populaire de Rixensart et par le groupe « Mémoire collective » du Brabant wallon, p. 259.  

[11] Extraits du discours rédigé par Monsieur CHARLIER de Lillois à l’occasion de l’inauguration du Mémorial inauguré le 29.04.49.  

[12] En réalité, les trois résistants sont morts à 21 heures selon leurs actes de décès respectifs. 

[13] Elle épousera Ernest DEHOUX fils. Ce dernier décèdera à Genappe le 6/04/2008 à l’âge de 83 ans.  

[14] « Né le 18 juillet 1909, commandant de la brigade de gendarmerie, membre de l’A.S. de 1940 à 1944 (groupe Panthère). En novembre 40 : organise les premiers noyaux de la « Légion belge » à Nivelles (DEMASY), à Braine l’Alleud (BALIS), à Waterloo (COLLE), à Wavre (PATIGNY), à Jodoigne (LEBLICQ). Recrute des dizaines de gendarmes.

Fin 41 : formation des dossiers d’inciviques. Recherche de plaines de parachutages.

1942 : organisation des départs pour l’Angleterre des spécialistes du champ d’aviation (major DEBOCK).

1943 : formation d’une équipe de saboteurs ; hébergement et paiements de 350 réfractaires ; liaison avec la ligne Carol (Emile DELVAILLE) ; diffusion de tracts et circulaires du groupe Nola, vers toutes les régions précitées ; réceptionne deux parachutistes belges ; distribue la presse clandestine (La Libre Belgique, le Peuple, La voix des Belges) ; héberge des aviateurs américains (ROCATI, PAOLAN, SAKARIAS, GINLEY).

Le 8 janvier 1944 : organise l’enlèvement des documents de la Weberstelle ; ordonne l’enlèvement des registres de la population.

Mars 1944 : entre dans le maquis après la vague d’arrestations consécutives au parachutage de Baudémont, en octobre 43 (17 A.S. arrêtés).

Le 4 septembre 44 : rejoint Nivelles et dirige les opérations de Nivelles ; arrestations des inciviques ; participe aux guérillas de la libération ; assure la garde d’un avion anglais descendu au champ d’aviation le 5 mars 1944. » Extrait de : Tenace mémoire, François DE TROYER, édité par le groupe « Mémoire collective du Brabant Wallon » et par le « Cercle Local d’Education Populaire » de Rixensart, p.256.  

 

[15] Supplément au « Pygmalion » n° 11, novembre 1949, p. 8 

[16] Inventaire des sépultures d’intérêt historique local de Bornival, FERY Joël. 

[17] Bornival Histoire d’une commune brabançonne, 2e édition, V. Jenet, p. 54.  

[18] Sa maman s’appelait Marie-Barbe de RENARD.  

[19] Tenace Mémoire, François de Troyer, édité par le Cercle d’Education Populaire de Rixensart et par le groupe « Mémoire collective » du Brabant wallon, p 263.  

[20] L’impossible oubli, François de Troyer, édité par le Cercle d’Education Populaire de Rixensart et par le groupe « Mémoire collective » du Brabant wallon, pp 182 et 183  

[21] Biographie de Léon CHARLIER par Henri VETS, p. 3. 



© Maison du Souvenir. Tout droit réservé. ©